Indignation ou complaisance? Vers une révolution diplomatique?

Michèle Alliot Marie, seule face à l'assemblée ce vendredi, bientôt seule face aux bancs haineux d'une opposition prête à relever avec mépris chaque erreur. Et erreur, il y a eu. Et Michèle Alliot Marie en est coupable. Lorsqu'elle emprunta l'avion de son riche tunisien mesura-t-elle alors les conséquences de son geste ? Certainement pas et personne à vrai dire ne pouvait prédire le formidable élan démocratique qui gagna le pays quelques heures plus tard. Ce serait de la mauvaise foi d'affirmer avoir prédit avec certitude cette révolution si soudaine et si inattendue

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Car à vrai dire là où le bas blesse c'est l'indigence totale des affaires françaises dans celles des dictatures tunisiennes et même dans une moindre mesure égyptienne. La plus crapuleuse des alliances, la plus ridicule des bavures diplomatiques, le plus gros bourbier politique. L'affaire MAM ne révèle pas qu'une défaillance politique de plus. Elle est une maladresse certainement, mal vue et scandaleuse. Scandaleuse non pas pour la Tunisie en elle-même mais pour l'attitude diplomatique qu'elle révèle. La honte est ici, dans cette diplomatie complaisante qui a trahi l'âme de la France. Voilà cinquante ans que la colonisation est finie et son spectre nous hante toujours. Parce que les vieilles âmes bien pensantes de la société ont gardé tout leur intérêt. Nous avons trahi l'idéal démocratique. Nous sommes fiers de notre révolution mais nous ne supportons pas celle des autres. Car elle révèle la fin du Magreb français, l'émancipation méritée de ces peuples qui cherchent encore la démocratie. On a continué de leur vendre nos armes, nos voitures. Cette complaisance à l'égard des dictatures qui ont pioché allégrement dans notre prospérité est honteuse, plus que scandaleuse, outrageante. Elle nous montre combien nous avons vendu notre drapeau pour des intérêts politico-économiques ! Voilà quarante ans que nous ne bronchons pas sur des dictatures africaines et sur des pratiques infâmes. Nous avons abandonné ces peuples que nous avons colonisé au nom de la démocratie. En partant nous ne leur avons pas rendu la liberté. Et tout nos idéaux sont vains. Je dis alors que c'est la démocratie qui doit être première, primer devant tout, dans un pays comme le notre et que jamais au nom d'une peur ou de quelques intérêts nous ne devons accepter la tyrannie chez nos voisins. La France se doit d'être à jamais ferme, envers et contre tous. Ce n'est donc pas une politique gouvernementale que nous devons critiquer mais la diplomatie française qui fait de nous les troisième plus gros vendeurs d'armes, un état assassin et soutenant les régimes les plus odieux. Et la maladresse du gouvernement actuel et d'ailleurs de tout les autres de droites et de gauche est révélatrice de l'inextricable situation dans laquelle par inertie et complaisance et surtout intéret la France à laisser non seulement filer tout son empire, mais perdre tout crédit, préférant acquiéscer de manière malhabile les pratiques les plus honteuses et les régimes les plus corrompus au lieu de se révolter et de s'indigner, ou si peu!

C'est toujours faiblement, mollement que la France crie au scandale. Faut-il attendre un coup de trique pour nous rappeler que nous sommes le pays des droits de l'homme? Où sont donc partis les combattants de la liberté ? Combien d'africains avons-nous laissé mourir ? Combien encore de fusils donneront nous à des barbares pour égorger leur peuple ?