Antoni Gaudi, ou l'architecture d'un visionnaire

S'il fallait choisir un emblème de la singularité architecturale barcelonaise, ce serait sans nul doute Gaudi

Antoni Gaudi y Cornet naît à Reuss (Catalogne) en 1852

Fils d'un chaudronnier, il quitte sa ville natale à 16 ans pour suivre des cours d'architecture à Barcelone

Les voyages ne le tentent guère, et toute sa vie, il travaillera dans la capitale catalane

Ainsi subit-il surtout l'influence de son pays, dont la lumière met en valeur la qualité sculpturale de l'objet

L'Art Nouveau lui permet de se libérer des réminiscences historiques

Il s'intéresse aux formes naturelles, c'est pour lui un stimulant vers une liberté plus grande de la structure et l'expérimentation des matériaux et des formes nouvelles

Selon lui, la décoration doit être incorporée à l'architecture en tant qu'expression finale de sa structure

Quand il parle d'un bâtiment, il dit que le squelette doit être habillé de muscles et de peau, que l'ensemble de la construction doit être plastique jusque dans les éléments habituellement cachés

Artiste mystique à l'inspiration populaire, à la fois peintre, urbaniste, ingénieur, ébéniste, ferronnier et sculpteur, il pense que seul un univers poétique est habitable, car seul il permet à l'imagination de se manifester

Incompris et admiré, fêté comme un génie mais seul, Gaudi fut après sa mort à Barcelone en 1926, très décrié

La Sagrada Familia, son chef-d'¿uvre, échappa de peu au massacre

Mais quelques artistes saluèrent très tôt son talent : Garcia Lorca, Salvador Dali qui le considérait comme le père du surréalisme, et, plus étonnant, Le Corbusier ont su déceler l'extraordinaire modernité de ce visionnaire

Les grandes ¿uvres de ce génie d'inspiration naturaliste à l'imagination débordante, derrière lesquelles se cachent d'étonnantes innovations structurelles, se concentrent sur Barcelone, grâce au mécénat d'Eusébi Güell

Les ¿uvres majeures de Gaudi s'y succèdent, de la Sagrada Familia à la Pedrera, en passant par le Parc Güell

Une petite visite en images :

le Temple de la Sagrada Familia - commencée en 1883, inachevée à la mort de Gaudi, Lorca l'appelait le "Tintamarre religieux"

la Sagrada Familia: détail de la façade de la Nativité

la forêt de colonnes de la Sagrada Familia

la Pedrera (1906-1912) immeuble de logements à l'origine, aujourd'hui siège d'une fondation et lieu d'expositions, comporte 3 façades, qui en réalité n'en font qu'une, définie par les ondulations improbable d'une houle de pierre

la Casa Batllo: immeuble pré-éxistant, Gaudi la modifia, en décorant sa façade d'éléments organiques - os, végétaux, sauriens - et artificiels

la Casa Batllo: détail: sa toiture évoque la peau squameuse d'un dragon

la salle hypostyle à colonnes divergentes du Parc Güell

le Palau Güell: il possède des écuries souterraines, aux colonnes de briques monumentales, mais un de ses bijoux architecturaux est sa coupole parabolique perforée laissant passer la lumière comme une vision céleste

la Casa Comalat (1909-1911)

crypte de Colonia Güell: l'architecture de cette crypte à la morphologie capricieuse révèle le travail novateur et rigoureux de Gaudi, qui en étudia les forces et les charges à l'aide de maquettes faites de ficelles et de plombs

c'est un univers fantastique ou s'harmonisent la brique, le basalte, la céramique, le fer, les vitraux et le mobilier de Gaudi

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l'ébénisterie de Gaudi: on y retrouve l'exotisme mujédar, les racines orientalistes de l'Espagne et l'art gothique revisité, Gaudi étant un admirateur de Viollet-Leduc

Pour ses constructions, Gaudi fait réaliser son mobilier par des artisans: sièges, tables, bancs, miroirs, jusqu'aux poignées de portes que Gaudi sculpte en enfonçant ses doigts dans l'argile fraîche et qu'il envoie telle quelle au bronzier

ses sièges ont l'air de squelettes, aux articulations semblant s'emboiter comme des rotules, mais l'assise est parfaite et le confort absolu

la ligne droite est bannie, tout est pensé en courbes, comme son architecture

dans la Casa Mila, Gaudi a peuplé les pièces de paravents se déployant comme des vagues, en chêne et verre martelé

une banquette de Gaudi: l'articulation des bras et les attaches sur le dossier évoquent une ossature

fastueux et baroque, les fauteuils du Palau Güell, aux décors de feuilles d'acanthe dorées font référence au rococo, mais les lignes sont absolument nouvelles, et le confort des sièges est parfait

bureau de la Casa Mila: Gaudi avait une vision très ergonomique du mobilier, , les courbes permettant une meilleure mobilité

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voilà, pour mon premier topic sur Ffr, j'ai choisi de vous faire entrer dans le monde fantasmatique et coloré d'un artiste que j'aime passionnément

j'espère que vous goûterez ce petit aperçu sur Antoni Gaudi, et si vous passez par Barcelone, arrêtez-vous le temps de le découvrir mieux, vous ne serez pas déçus

j'ajoute un petit codicille à mon post précédent:

Gaudi a fait couler beaucoup d'encre

on aime, on n'aime pas...

je suis ouverte aux commentaires et aux critiques

je n'ai pas fait le panégyrique de Gaudi pour que vous le preniez comme un incontournable, mais pour avoir vos avis sur son travail et sur sa vision de l'art

je vous laisse la parole...

Je trouve celà à la fois très recherché mais aussi très "chargé", ca donne beaucoup de lourdeur à ces oeuvres. C'est assez particulier....

Par contre j'ai bien aimé la Casa Batllo, pour son originalité.

c'est vrai, c'est particulier

pour détailler, je dirais que ce j'aime chez Gaudi, c'est la même recherche sans formalisme qu'on trouve dans l'art roman, il n'y a pas de règles, c'est une expérience dans le temps, un tâtonnement semé de trouvailles

merci, Savannah, pour ton commentaire