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le déboulonnage des idoles


fouchtra

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FRANCE ¿ Des barricades de 68 aux bonnes affaires de 2008

Après les célébrations de Mai 68, le correspondant à Paris du quotidien espagnol Público se demande qui a le plus profité des événements survenus il y a quarante ans.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Mai 68 fut un excellent placement pour certaines de ses figures marquantes. Il suffisait d'être un peu futé et d'être prêt à jouer le jeu des médias. Daniel Cohn-Bendit, par exemple, n'a pas hésité à poser pour Paris Match chez lui, avec ses amis, tranquillement, alors que les barricades étaient encore fumantes. Après un parcours sinueux, il obtient en 1994 un emploi à vie (ou presque) en devenant député vert au Parlement européen. Son nom ne restera sûrement pas gravé dans les mémoires pour la portée de son engagement révolutionnaire ni pour son combat écologique, mais plutôt pour sa pérennité dans le cénacle de la politique européenne.

André Glucksmann n'a rien à lui envier. Rares sont les universités de la planète à reconnaître sa contribution à la philosophie et, pourtant, dans le petit monde de la rive gauche, il est techniquement impossible d'entrer dans une librairie sans tomber sur l'un des livres dont le philosophe nous abreuve sans discontinuer. Glucksmann jouit par ailleurs d'une excellente santé médiatique et il ne se passe pas une semaine sans que son nom ne soit mentionné dans les journaux, à la radio ou à la télévision.

Ces deux noms sont symptomatiques d'un phénomène plus généralisé : le fait que Mai 68 ait été une excellente rampe de lancement non seulement pour les carrières professionnelles, mais surtout pour les marques commerciales. Nombre d'entre elles sont nés des cendres de la révolution avortée : l'agence de voyages Jet Tours, la lessive Ariel, le café Jacques Vabre, le camembert Président et les marques Calvin Klein et Sonia Rykiel sont toutes des entreprises fondées par des soixante-huitards.

Le bilan commercial des commémorations de ce mois des barricades est cependant plus contrasté. Quelques-uns de ses produits fétiches se vendent bien et d'autres beaucoup moins bien. Dans les ventes aux enchères, les graffitis politiques de Mai 68 se sont arrachés à prix d'or. A la salle des ventes Drouot, début avril, une pancarte où était inscrit "La beauté est dans la rue" ¿ l'un des nombreux slogans inventés en 68 ¿ est partie à 4 000 euros et le célèbre "Nous sommes tous des Juifs allemands" à près de 3 000 euros. Quelques jours plus tard, l'étude Artcurial retirait de la vente une collection de 300 affiches datant de 1968 : le vendeur a préféré attendre, estimant que les prix allaient encore grimper.

Selon de nombreux libraires parisiens, la bulle spéculative des quelque 400 livres mis en vente ces dernières semaines sur Mai 68 s'est dégonflée promptement. "Il y a une telle compétition qu'aucune de ces publications ne se vend bien, explique un libraire. D'après lui, seules les personnes d'un âge avancé s'intéressent à ces ouvrages commémoratifs¿ et encore seulement s'il y a des photos."

André Pérez à Paris

PUBLICO

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