
Après quoi, je me souviens de mon arrière-grand mère qui m'appelle: "Pilaõ, anda ca!" (ce qui, littéralement, signifie: Grosse bite, viens ici... Mon arrière-grand mère était une personne extrêmement pieuse et très peu vulgaire. C'était probablement le seul gros mot quelle s'autorisait, mais elle le savourait comme un bonbon. Chaque fois qu'elle le disait, elle arborait un sourire malicieux qui, à défaut de montrer ses dents, mettait en évidence l'espièglerie qu'elle avait conservée et nourrie durant près d'un siècle.)
Je sors de l'eau immédiatement, parce que chaque fois que mon arrière grand-mère m'appelle, je sais que ce qui suit sera doux. Le plus souvent, elle me parle de sa foi, parfois de son histoire. Très rarement, elle me prodigue ses conseils, mais c'est toujours un plaisir. Alors je trotte plus que je ne cours en direction de la maison, quand, en chemin, je vois mon père qui arrive, tout sourire. Il a beau transpirer la douceur, il a ce charisme des bad boys des vieux films américains qui l'ont toujours fait rêver. Mon papa c'est le meilleur!
Cela fait 3 ans que je n'ai pas vu mon père, alors j'explose de joie, ce qui a pour effet de faire accourir mon frère. Là, il se tourne vers moi et provoque la douleur la plus intense que j'ai connue de toute ma vie, me disant le plus innocemment du monde: "C'est qui ce monsieur?"
Aujourd'hui encore, je pries pour que ces mots ne soient jamais arrivés aux oreilles de mon père. J'use de toute l'énergie à ma disposition pour ne rien laisser transparaître et je lui réponds simplement: "c'est papa."
C'est à cet instant que je comprend que les mots possèdent une magie singulière et qu'il suffit parfois de dire pour que les choses soient. Alors qu'un instant auparavant, il ignorait tout de la personne qui s'avance, là, il court et pleure et hurle: "Papa, je t'aime!"
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