Luchik

Pourquoi est-ce resté virtuel, et pourquoi ça a pris fin ? (Tu n'es pas obligé de répondre si c'est trop indiscret).

Ma tendre amie, ma complice, décédée en décembre dernier alors qu'elle allait avoir 49 ans. Nous ne nous sommes jamais vus (non par manque de volonté...) mais ces 4 années où nous avons été omniprésents l'un dans la vie de l'autre m'auront profondément marqué. Elle m'impressionnait par son intelligence, son érudition, son humour, sa générosité, sa sensibilité, sa simplicité, et le fait qu'une personne comme elle recherche ma compagnie et m'accorde sa confiance m'a apporté une confiance en moi que je n'avais jamais eue auparavant. A son contact j'ai changé ma façon de voir la vie. Auparavant j'avais dans l'idée que ce qui comptait le plus dans ma vie c'était mes projets perso, où je me fixais des objectifs tellement ambitieux que je ne pouvais jamais y trouver satisfaction. Elle, elle n'avait pas de projets. Elle m'avait dit qu'elle avait pour seul objectif dans la vie d'apprendre. Une vie heureuse pour elle c'était pouvoir lire, procrastiner, goûter l'instant présent, voyager de temps en temps. Parfois dans nos échanges, pour rire, elle reprenait les formulations de Maître Yoda. Mais en réalité elle en avait vraiment à mes yeux la sagesse. Contrairement à moi c'était quelqu'un qui semblait ne pas avoir d'égo, et donc pas non plus tous les défauts qui lui sont associés et que je me maudis parfois de traîner. C'était quelqu'un de très stoïque, optimiste dans l'âme, qui ne se plaignait quasiment jamais alors même que les épreuves l'éreintaient. Elle minimisait systématiquement ses souffrances et lorsqu'elle les racontait elle parvenait toujours à le faire sous une forme humoristique et légère. Je ne l'ai pour ainsi dire connue qu'en dépression, et pourtant je crois bien que c'est la personne la plus drôle que j'ai croisée dans ma vie - son mental d'une grande force résistait à sa dépression, par contre celle-ci se manifestait sur son corps, elle somatisait. Je sais que, de par mon tempérament, je ne serai jamais comme elle, mais quand je ne vais pas bien du fait se son absence, j'essaie de penser à la pudeur et à la dignité avec lesquelles elle gérait les coups bas de la vie. Elle restera pour moi un modèle de l'être humain dans ce qu'il a de meilleur, et je tiens à ce que la personne que je suis aujourd'hui et que je serai demain ne la déçoive jamais si elle était encore là pour me voir.

Mais se priver de le vivre par peur de le voir s'éteindre (quelque chose qui ne serait peut-être même pas arrivé) c'est tout de même triste . Surtout qu'il y a des alternatives entre la non-rencontre et la vie commune. Par exemple je suis assez séduit par le chacun chez soi, qui induit que chaque visite de l'un chez l'autre est une retrouvaille, un moment privilégié, alors qu'à deux sous le même toit on peut finir par perdre de vue la chance que l'on a de se réveiller auprès de l'être aimé. Ca peut aussi être un mode de vie transitoire avant de choisir de vivre ensemble.

Merci pour la mention Elisa Je vais y répondre .

Vous n'avez pas souhaité vous rencontrer afin de le préserver ? Je connais la distinction, par contre je ne me souviens jamais lequel est lequel.

Juste pour lui donner une "existence" concrète, voilà un exemple des tranches de vie avec son fils qu'elle venait souvent partager (là publiquement) : "Je suis en train de regarder, et outre le fait que je trouve le doc très intéressant, j'ai pu aussi, honteusement, me moquer de mon fils . Une fresque murale rénovée, je fais arrêt sur image, et appelle Junior (qui sort de sa chambre en grommelant, comme d'hab). "Tu vois quoi là ? - Un gars qui tient une balance. - Oui, c'est un priape. (gros silence, de toute évidence ça ne lui parle pas du tout) Il a mis quoi sur la balance ? - Un chat mort ? -.... Regarde mieux. - Oh mais c'est dégueulasse !!! Tu regardes quoi là ? Non mais t'es pas bien !!!!" Fuite éperdue du fragile vers sa chambre, ils sont hyper faciles à choquer ces petits qui croient avoir inventé la fertilité, le sexe et la pornographie. Je rigole toute seule (et je lui ai envoyé la définition du priapisme sur son téléphone ), il va me détester au moins jusqu'à demain !" C'était la personne la plus drôle que je connaissais... alors qu'elle était pourtant en dépression depuis 4 ans. Merci d'avoir lu

J'utilise souvent l'expression "ma complice". C'est vraiment ce qu'elle était.

Avortée en tout cas.

Je pensais que c'était un acronyme connu de tous sur un forum. Moi non plus il ne me satisfait pas mais je ne vois pas d'autre mot pour désigner la sphère "non virtuelle" (qui n'est en fin de compte pas plus "réelle" que l'espace "virtuel"). Salut Elisa. J'espère que ça va pour toi C'est moins aigü que ça l'a été. J'arrive à parler d'autre chose. Mais il y a des moments plus durs que d'autres. "Tendre amie" j'aime beaucoup. Merci pour le hug

Magnifique ce texte Amdis. C'était une "amie spéciale" et un amour spirituel oui, nous étions tous deux attirés par la personnalité de l'autre. Il y a eu des hauts et des bas (du fait qu'elle était en dépression) mais quand nos échanges étaient réguliers cette relation 100% intellectuelle suffisait à me combler. Et je sais qu'elle fonctionnait de la même façon que moi. Elle était autiste, et moi possiblement aussi selon ma psy, ce qui explique peut-être cette moindre importance que nous accordions à tout l'aspect contact physique. Merci. Initialement j'envisageais le sujet dans l'absolu, mais la réponse de Phylou m'aura amené à exposer mon expérience personnelle.

Son cercueil qui me faisait face n'était pas une illusion, pas plus que les kilomètres d'échanges que nous avions eus quatre ans durant. J'ai échangé avec elle en quatre ans plus qu'avec n'importe quelle personne IRL au cours des 20 dernières années.

pour laquelle on a eu des sentiments (et qui en avait aussi), mais qu'on n'aura jamais pu rencontrer IRL ? Amie ? Ex ? Presqu'ex ? C'est assez frustrant cette convention sémantique qui conditionne le statut amoureux à la réalisation d'une relation sexuelle, comme si le sexe était plus déterminant que les sentiments. Il y a des femmes qui ont beaucoup moins compté dans ma vie que je peux appeler des ex, alors qu'elle, techniquement, non...

Se faire confiance c'est la base, relation à distance ou non. Quelqu'un qui va voir ailleurs dans le cadre d'une relation à distance trouvera aussi le moyen d'aller voir ailleurs un jour où l'autre dans le cadre d'une relation classique. Après les relations à distance ce n'est pas fait pour tout le monde. Celle que j'ai vécue au cours des trois dernières années m'a rendu très heureux - du moins tant que les échanges sont restés très réguliers -, sans aucune frustration physique, mais parce que le côté charnel est secondaire à mes yeux et que je savais qu'il l'était aussi pour elle. J'avais une totale confiance en elle et elle savait qu'elle pouvait avoir la même pour moi. Pour des personnes pour qui l'amour physique est important je suppose que ça doit être plus difficile.

Tout dépend de l'histoire et des conditions de la rupture. Avec mon ex d'il y a 20 ans, avec laquelle la rupture a été très dure, je n'ai plus jamais eu aucun contact. J'ai une autre ex qui, elle, est restée une amie, parce que j'ai intégré avec le recul qu'on n'était pas du tout faits pour être ensemble. Tant qu'on n'est pas soi-même convaincu de l'incompatibilité, l'amitié avec l'ex me semble être une façon de maintenir l'espoir d'une reprise de la relation.

J'avais préféré ne pas le mentionner dans mon post d'origine afin de ne pas donner trop d'indices permettant de l'identifier (le monde des forums est petit), mais à présent cela n'a plus d'importance : mon amie était autiste, et en dépression depuis 3 ans. Ni l'un ni l'autre de ces troubles n'était facilement perceptible pour qui la côtoyait. Son autisme, il n'apparaissait guère que dans ces comportements que j'avais décrits et qui m'avaient conduit à ouvrir ce topic (sans même avoir conscience qu'ils en étaient probablement une manifestation), pour le reste elle adorait échanger, débattre, plaisanter, s'intéressait aux problèmes des autres... Sa dépression, elle n'en parlait quasiment jamais, et arrivait à la dissimuler totalement grâce à un optimisme à toute épreuve : même dans les pires situations elle parvenait toujours à trouver un petit quelque chose qui lui donnait envie de sourire, plaisanter, "dérisionner" (un mot qu'elle revendiquait avaoir inventé), et de là la force de continuer. "La légèreté est la bouée de ceux qui se noient" m'avait-elle dit une fois. Elle avait une force mentale exceptionnelle, je l'admirais vraiment pour ça, mais tous ces soucis accumulés qu'elle intériorisait finissaient par se traduire physiquement sous la forme de divers accès psychosomatiques, les derniers plus graves que les autres. Elle cachait ou minimisait ses tourments tellement bien que même moi qui échangeais beaucoup avec elle, je n'en ai probablement pas pris la réelle mesure, et ses autres ami(e)s non plus. Ce "non dit" permanent, ce réflexe qu'elle avait de tout intérioriser, ont probablement contribué à cette terrible issue.

Merci Élisa.

Cette amie que j'évoquais dans ce topic est décédée le 4 décembre dernier. Elle allait avoir 49 ans. Même si ne nous nous étions pas (encore) rencontrés IRL, je peux le dire maintenant, elle était pour moi bien plus qu'une amie, et je sais que je comptais beaucoup pour elle aussi. Elle illuminait mon existence depuis maintenant 3 ans. J'étais revenu vers elle au début du mois d'août, après avoir appris qu'elle avait eu un gros problème de santé. Elle m'avait dit avoir été heureuse d'avoir de mes nouvelles, et moi que j'étais heureux de la retrouver. Hélas son problème de santé, qui semblait s'arranger très progressivement, s'est aggravé au début du mois de novembre. Et fidèle aux traits de personnalité sur lesquels je m'interrogeais dans ce topic, elle n'en a parlé à quasiment personne et minimisé la gravité de son état de santé. "Tu me manques beaucoup" c'est le dernier message que je lui au envoyé, qu'elle n'a pas ouvert (elle ne répondait plus à personne), alors que j'imaginais encore qu'elle était en train de remonter la pente, comme elle me l'avait dit dans son dernier message. J'étais loin d'imaginer en écrivant ce message à quel point il allait être vrai, et qu'il le serait indéfiniment.

Ben comme les autres partis, fais pas semblant de ne pas comprendre, c'est une question qui revient très souvent, et dont j'interroge justement la pertinence, sans a priori. La "haine de l'autre" c'est encore un cliché... Et c'est un peu puéril de se contenter de le contrer en le retournant contre l'autre non ?

Et sinon @versys, qu'est-ce que l'extrême-droite, c'est une excellente question. Je constate qu'autant l'extrême-gauche est tout à fait à l'aise avec son appellation, autant l'extrême-droite semble chercher à la réfuter de toutes ses forces, en inventant d'autres vocables tels que "droite nationale" ou "droite souverainiste" ou "vraie droite", comme si l'appellation "extrême-droite" était honteuse.

Le RN lui aussi prétend faire évoluer notre société, on n'est plus dans le simple vote de contestation comme dans les 80, 90, 00's ! Ils arrivent même maintenant à se positionner (tant bien que mal) sur des questions qui doivent pourtant bien les gonfler, comme l'écologie (mais bien obligés s'il veulent râtisser large). Pas un parti comme les autres, mais en quoi concrètement ? Sur des considérations morales ? Autant ça me semblait évident du temps du FN de JMLP, autant je peux comprendre que pour, par exemple, un trentenaire qui n'a pas en tête cet historique, ce haro sur le RN soit difficile à comprendre et alimente l'impression d'une ostracisation injuste et par là même celle d'un "establishment" qui cherche à se protéger (ce n'est pas ce que moi je pense, mais je me mets à la place du trentenaire en question). Je ne suis en aucun cas séduit par le RN. je suis de gauche, et le seul point commun que j'ai avec ce parti est la détestation de la macronie, un parti escroc qui réunit en son sein des opportunistes qui, avant Macron, passaient leur temps à faire croire qu'ils ne pensaient pas la même chose ! La seule raison pour laquelle je pourrais (peut-être ?) glisser un bulletin RN serait si E. Philippe, l'artisan du mensonge d'Etat sur les masques se retrouvait au second tour. Et je n'ai aucun avis sur l'immigration, un sujet dont je me fous éperdument.

Contrairement à toi je pense que la politique de l'épouvantail (de gauche ou de droite, mais en l'occurrence surtout de droite) fonctionnera encore en 2027, avec un successeur de Macron qui pourra toujours rassurer en s'affranchissant de l'arrogance de ce dernier, et jouer plus que jamais la carte du "rempart contre les extrêmes", puisqu'il n'y aura plus le frein que représentait la personnalité ultraclivante de Macron. Je pense qu'aujourd'hui beaucoup de gens ne voient plus trop le lien entre le FN de JMLP et le RN actuel au discours relativement policé, dont le programme ne se résume plus à une déclinaison sur le thème de l'immigration (comme c'est encore le cas de Reconquête). Moi-même je l'avoue, je n'arrive pas à avoir peur du RN actuel et ne le considère a priori ni plus ni moins irrespectueux de la démocratie que le parti qui nous gouverne (qui, lui, a montré pour le coup le peu de cas qu'il faisait de l'opinion des Français à l'occasion de la réforme des retraites). Quelle différence fais-tu entre idéologie et valeurs ?

Et on peut évidemment élargir la question à Reconquête, dont le leader a été condamné pour provocation à la haine raciale...

La question se pose régulièrement, et encore la semaine passée avec la polémique sur la participation des représentants de ce parti à la manifestation contre l'antisémitisme. Pour ma part j'avoue que j'ai du mal à comprendre ce questionnement. Soit on considère que ce parti défend des idées incompatibles avec les principes républicains et on le déclare inconstitutionnel, soit on considère que ses idées sont compatibles (ou on ne parvient pas à démontrer qu'elles ne le sont pas) et dans ce cas rien ne justifie de le traiter différemment d'un autre parti. Compte tenu du pédigrée de ses créateurs, la question de la compatibilité aurait, à mon sens, dû se poser il y a bien longtemps. Mais aujourd'hui qu'en est-il ? Autant le vieux Le Pen était un dictateur en puissance, autant sa fille ne semble a priori pas plus dangereuse pour la démocratie qu'une Meloni ou même qu'un Macron. Je trouve par ailleurs très hypocrite cette posture de nombreux responsables politiques consistant à établir un distingo entre le parti et ses électeurs. Genre on vomit les représentants et leurs idées mais on drague sans vergogne ses électeurs, en s'appropriant pour ce faire certaines idées du parti honni (n'est-ce pas LR ?) où en qualifiant sa représentante de "top molle" (n'est-ce pas Renaissance ?) Question subsidiaire : la gauche ne se perd-elle pas en se désignant pour ennemi n°1 le RN ? Refuser de défiler avec les représentants du RN mais pas avec ceux de Renaissance, c'est admettre que le premier est pire que le second. Dans un contexte de lutte entre trois blocs, n'est-ce pas une façon de se placer, de fait, dans le rôle de vassal de Renaissance, et donc d'éternel troisième ?

Que les médias aient beaucoup parlé de lui c'est certain. A partir de sa sortie du chapeau en 2014, il a suscité de nombreuses réactions par ses prises de positions et ses sorties provocatrices. Il a su faire le buzz de façon à focaliser l'attention sur lui (tout comme on tenté de le faire un Zemmour ou une Rousseau en 2022). En plus il présentait bien, etait inhabituellement jeune pour un politique et pas trop mal fait de sa personne, soit le client idéal pour les médias, pas tant pour le faire élire que pour profiter du phénomène bankable du moment.

Dans une configuration Fillon vs Macron au second tour, toute la droite se serait reportée sur Fillon alors que Macron aurait eu bien du mal à faire figure de candidat par défaut de la gauche avec son ultralibéralisme revendiqué. Fillon l'aurait emporté à coup sûr. Ca amène d'ailleurs à s'interroger sur cette révélation des casseroles de Fillon à ce moment précis de la campagne, si l'on s'en réfère au bon vieux principe du "à qui profite le crime ?" qui conduit presque toujours à son auteur dans les affaires criminelles.