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Tout ce qui a été posté par I.Thomas-Gil
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“désir du désir. Le désirable, c'est un désir. Qu'il y ait un désir, c'est ce que je désire. Est-ce alors un désir éprouvé par telle personne ? est-ce un désir qui me vise ? je désire telle personne et je désire que cette personne me désire : mon désir est déclenché par sa beauté et il vise ce qui est désirable, espéré, anticipé : son désir. C'est le moment de l'aliénation. Je dépends d'un autre, de son caprice, de son humeur. Tant que sa beauté causera mon désir je serai aliéné à son désir, je serai à sa merci. C'est la situation de tout humain. Chacun cherche à maîtriser ce désir : l'un flatte les autres pour qu'ils le désirent, d'autres deviennent forts pour que les autres le désirent, certains font de l'amour une obligation, d'autres nient que cela soit le but à poursuivre ...Cette maîtrise relative permet à chacun de se réaliser, de se donner une substance factuelle, d'apparaitre ... "
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“Ce qui est premier dans l'ordre de l'être est dernier dans l'ordre de la connaissance. Je me connais en dernier : après avoir été le produit d'un processus que je reconstitue par des hypothèses. Au commencement de mon existence, il y a le désir sans objet. Puis il y a ... causé par l'opération culturelle ... un objet. Cet objet est inter-dit, soustrait (il y a une loi, un mythe), il y a le refoulement de sa représentation. Cela produit un retour du refoulé, une explosion d'objets désirables, n'importe bout de quelque chose fait l'affaire. Le monde des objets est l'objet aimé explosant en une multiplicité d'éclats. Je deviens moi-même un objet. Je me connais comme existant. J'ai un nom, une forme, une substance, un entendement, une perception, une volonté : je vis dans l'instant, je suis fini, limité par la présence à moi-même et je tente alors de me représenter dans le temps, ce que j'ai été, comment tout cela a commencé.”
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“je crois qu'il pleut. J'ai l'impression qu'il pleut. Il me semble qu'il pleut. Je n'en suis pas sûr. Je sais qu'il pleut, tu peux me faire confiance. Je l'ai vu par la fenêtre. Lorsque je dis que je crois et lorsque je dis que je sais, il y a une différence dans ma manière de me rapporter à un fait : dans un cas j'ai une certitude basée sur une preuve, dans l'autre, j'ai des indices mais pas de certitude car pas de preuve. Je crois en Dieu, je n'ai pas de preuve mais je conserve ma confiance en l'existence de cet être que je nomme ainsi. Est-ce que si tout le monde dit : c'est faux, c'est une illusion, une superstition due à la peur, ... je vais continuer à croire, à me fier à des indices ? Qu'est-ce que dit de moi la confiance en une personne comme mon garagiste ? est-ce que j'ai une preuve, est-ce que je dis que je sais qu'il est digne de confiance ? je saute le pas : je choisis d'avoir confiance en lui sans avoir de preuve de sa fiabilité. Cela reste dans le cadre d'une expérience où je fais preuve d'attention, d'observation, de perspicacité. Mais à un moment je saute le pas et je fais confiance."
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“les poissons dans l'eau ne savent pas de quoi l'eau est faite. Elle est conçue par eux comme un ensemble de petites billes qui elles-mêmes sont pleines d'une matière dont ils cherchent la composition et le fonctionnement. Mais dans la mesure où il leur est impossible de voir à ce niveau de petitesse, les poissons se demandent si cela a un sens de dire que la réalité objective existe. Ils observent des faits comme Holmes et interprètent comme lui. La vérité du réel est objet de conjecture, de certitude, de doute. La réalité objective de l'eau est mystérieuse dès lors qu'on se demande ce qu'elle est au-dedans d'elle-même.”
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“la pensée est intégration, éros. Le discours philosophique, scientifique ... est sans fin, un schéma qui se renouvelle en cherchant à établir la nature de ce qui sous nos yeux se produit. L'oeuvre achevée, c'est l'oeuvre divine, une et indivisible, ou bien celle de l'artiste à laquelle rien ne peut plus être ajouté, qui se suffit dans son éternité, son identité, sa perfection, sa forme. Elle est le monde et fige le temps. La vie de chacun est une et se renouvelant, comme une rivière. C'est une intégration qui se défait souterrainement afin de se refaire autrement, sous nos yeux. Des éléments nouveaux surgissent en effet et eros les intègre dans notre immanence qui ne peut jamais se refermer sur l'identité, car l'avenir est notre être, ce dont provient le désirable. C'est un enfant qui joue, fait feu de tout bois, transforme tout ce qui lui tombe sous la main en éléments signifiants, construisant l'unité perdue et la défaisant sans se lasser. ”
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"Il pleut. Je sais qu'il pleut. Je dis à quelqu'un qu'il pleut. Il pleut et je ne sais pas qu'il pleut. Quelqu'un peut me l'apprendre. Je peux ne pas le croire. J'ai des raisons de ne pas le croire. Je crois qu'il veut se venger de moi. Je crois qu'il ment comme il respire. Il a besoin que les autres pensent quelque chose de lui. La présence de cette pensée qui le prend comme ce dont il y a quelque chose à penser, est une condition absolue dont il n'a pas conscience. Comment peut-on savoir que quelque chose dont on n'a pas conscience, existe? C'est une hypothèse. Comment peut-on vérifier qu'une hypothèse est vraie ? En faisant des expériences. Comment peut-on savoir qu'il existe des dieux ? une loi "morale" ? un amour ? une haine ? Est-ce que tous ces mots sont des hypothèses ?"
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"Quel sens a le mot miel ? j'imagine une coulée de miel, je descends à la cuisine, j'ouvre un placard, j'ouvre un pot, j'aspire voluptueusement l'odeur d'un miel de lavande. La pensée est une puissance et un acte, elle rend ainsi présent le miel, elle est la présence de ce qu'elle désire, elle est à la fois désir du miel et présence du miel. L'erreur est de se dire que ce qui est actif, c'est un seul mot, une seule image, une seule odeur : en réalité, c'est toute une culture. Non pas une relation terme à terme (pensée, réel) mais un système de croyances se superposant à un autre système (pensée, nature)"
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“la pensée est représentation, elle est une manière de se rendre-présent à volonté ... ce qui nous importe, ce que nous avons vu, ce que nous nous attendons à voir ....etc. Nous ne sommes pas ce qui nous est extérieur, il nous est donc possible de nous relier à cet Autre, soit pour l'aimer et le haïr, soit pour le dévoiler et le connaître.”
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“qu'est-ce qui se passe lorsque quelque chose semble sacré ? je m'approche d'une falaise, de nuit, et j'ai l'impression très soudaine qu'elle se détache d'une manière inhabituelle, je me souviens alors de ce que me racontait mon oncle à propos de cet endroit, je découvre alors qu'elle m'apparait conforme à ce récit. Le sacré dont les savants cherchent à élucider l'apparition serait le produit de notre pensée concernant notre environnement : nous pensons et nous voyons avec des sortes de films qui ne cessent de se reprendre et de se projeter.”
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I.Thomas.Gil est parti sur son vieux rafiot avec quelques amis en direction d'une île perdue au milieu de l'Atlantique Sud et pour rejoindre d'autres amis qui y demeurent toute l'année, élevant des moutons, se déplaçant en vélo sur des pistes balayées par les vents, survolées par les goélands. Il m'a passé sa piaule en attendant son retour. J'ai trouvé une clé : Bob Dylan, Léonard Cohen, des chants flamenco, du jazz de la New-Orléans et quelques notes. “Si nous pensons sérieusement que nul ne peut nous imposer quoi que ce soit, que nous sommes capables de juger par nous-mêmes du cours de notre existence et que personne à notre place ne peut venir en décider ... alors nous sommes dans le coup et toi papa t'es pas dans l'coup : the time are changing ”
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L'essence est invisible, elle est ce que la pensée doit supposer et reconstituer pour comprendre le visible auquel elle a affaire puisqu'elle est pensée humaine, désirant, sentant. Autrement dit les hommes pensent ce qui est Autre : il y a un désirable, il y a un "je", il y a un Autre dans un logos, un mythe, un monde. Il y a la parole pour dire, chercher, nommer, articuler, schématiser ce qui est, pour se l'approprier, c'est le "je" que chacun est, en cours d'élaboration du sensible, regard que porte sans cesse Don Quichotte en quête des géants. Un humain recherche, c'est un logos investissant dans du sensible, dans ce qui est visible, pour en faire l'être, car étrangement pour l'humain l'être manque et l'humain soupire et désire ... tant la présence du désirable lui manque ("je") et cela de façon essentielle, car sans cette quête il n'est rien. Il est cela ("je"), le mouvement du logos qui s'approprie par lambeaux des éclats de la verité, de la présence qui se dérobe mais qui revient pour autant que l'humain reste actif. C'est comme la chatte qui habite cette villa, elle transporte chaque jour ses chatons dans un endroit différent. Tout en mangeant la pâtée qu'on lui a préparé, elle se dit : où vais-je les mettre ? C'est une pulsion : il faut que je fasse ...La pensée surgit ..c'est ce qu'on appelle : la psyché, le psychisme, l'âme, le dialogue de l'âme avec elle-même, avec l'Autre, le corps, la vie ...De même les humains déplacent sans arrêt les limites, il faut que je déplace les limites ...il n'y a d'être humain que déplaçant les limites, que libre (poser une limite pour la déplacer).
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Les filles de la ville arrivent et les gars aussi. Il y a de l'électricité dans l'air. La saison a commencé et les trottoirs, les arcades, les chemins, les ruelles, les plages, les dunes ... grouillent de monde, d'un monde plein de vie, d'apostrophes, de cris d'enfant ..venus d'ailleurs .. qu'on n'avait pas oubliés, qui nous font sourire .. c'est reparti ! Plus aucun endroit à l'abri. Où vais-je griffonner mes réflexions sur le psychisme ? Quel psychisme me demande Minouchka. Que veut-on dire quand on parle du psychisme de quelqu'un ? On veut dire qu'il est un être qui a une âme et que cette âme a des états, des pensées, des sentiments, des désirs. On veut dire qu'un caillou n'a pas tout ça. On veut dire que soi-même on a tout ça bien qu'on ne sait pas trop à quoi tout ça correspond exactement .. alors qu'on voit clairement que les autres sont tristes ou heureux mais qu'on ne sait pas trop ce qu'ils pensent ... alors qu'on sait ce qu'on pense soi-même ... bien que ça aille très vite et qu'on n'a pas le temps de comprendre le sens de ce qu'on pense et encore moins la raison. Toutes ces réflexions sont-elles de vraies réflexions ou bien sont-elles une sorte de fiction, une parole adressée aux autres dans un but mystérieux ? Et puis, cette question : comment les hommes s'accordent aussi bien, se comprennent-ils si bien ? ils ne sont pas des psychismes isolés dans des îles corporelles et s'envoyant des signes. Ils s'accordent si bien, comme des horloges synchrones, c'est parce qu'ils pensent quasiment la même chose à quelques nuances près. Et comment ce prodige peut avoir lieu ?
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La fin justifie les moyens, telle serait l'opinion de toute notre époque, d'après Arsène avec qui nous avons un peu discuté via WhatsApp avant qu'il ne nous raconte ses déboires avec les émeus : ils auraient pendant la nuit éventré ses serres, mangé toutes ses salades. La vérité, la réalité doit être assumée avant toute chose. On ne peut réellement se faire la dupe de nos désirs de grandeur sans que la réalité ne nous inflige un vif coup de patte comme maman chatte à son chaton insouciant. Croire que la fin justifie les moyens, c'est croire que nos désirs produisent la réalité. Or, c'est oublier que nous voulons la vérité, certes pas comme fin, ni comme moyen mais comme condition nécessaire de notre bien être. Celui qui se sent bien dans sa peau pense que ce qu'il fait est véritablement une bonne chose. Seulement, il peut penser cela avec mauvaise foi, c-à-d en sachant très bien qu'il se ment à lui-même puisqu'il sait que ce qu'il fait n'est pas véritablement une bonne chose. La vérité est une condition nécessaire au bien être : se mentir, c'est inventer la vérité. Ainsi, si je dis que ce qui compte pour moi, c'est que ma joie demeure, je fais l'autruche, je sais que c'est faux, je ne veux rien savoir de ce qui est vrai : croire que ma joie est indépendante de la vérité et qu'une joie causée par un mensonge ne va pas s'inverser en souffrance et donc en haine et en vengeance. J'ai ensuite tenté de distinguer plusieurs conceptions de la vérité au 17° s. Celle qui est une lumière instantanée, vérité une et venant en personne éclairer une essence éternelle pour un “je”, substance pensante, lieu où peut surgir la vérité. Le “je” sait avec certitude qu'il est en présence de la vérité et il sait que ce qu'elle éclaire est un être particulier rendu visible et qui n'est donc pas le tout de ce qui existe. Une autre conception fait de la vérité ce que seul un dieu peut comprendre car elle a besoin pour apparaitre à la pensée de la totalité de ce qui existe. Si je connais l'ensemble des faits qui ont eu lieu, qui ont lieu et qui auront lieu, alors je comprends la vérité une et indivisible. Active, processuelle. Une autre conception repose sur la pensée qui dévoile la réalité en agissant sur elle. La vérité n'apparait pas en tant que telle car ce n'est qu'un mot pour nommer la réalité sensible dont on s'efforce de mathématiser les régularités. Si nos schémas sont vrais alors la réalité sensible sera anticipable en partie.
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La philosophie du 17° s. est un tournant pour tous les hommes : elle annonce la bonne nouvelle. Il y a de la progressivité : chaque homme peut progresser dans la connaissance du monde, à la condition de renoncer à ce qu'il est, de renoncer à la vie qui, elle, est désespérément sans progrès. La philosophie du 17° s. annonce l'accomplissement du rêve de tous les hommes à qui est parvenue la mauvaise nouvelle : ils vont mourir. Comment vivre avec ce savoir désespérant ? On le peut si on pense que le temps qui nous rapproche inéluctablement de notre disparition, est un bon temps, un temps qui nous accroit, nous enrichit, nous rend plus beau. Or, qu'est-ce que cette beauté qui s'accroit? C'est, selon la philosophie (qui se sépare ainsi de la religion) celle de notre essence. L'idée d'essence est l'idée grecque, platonicienne ...etc, selon laquelle, il ne faut pas désespérer de ce que nous voyons, car ce que nous voyons n'est pas l'essence. Mais est-ce que cela existe vraiment ce que l'on nomme : l'essence ? Ce que La philosophie du 17° s. montre, c'est que l'homme peut par sa pensée construire efffectivement l'essence et s'évader de ce qu'il voit. La science est l'accomplissement de ce rêve : chaque jour elle renonce à la culture, à la nature, à la vie, à la personne pour construire, à partir d'elle-même, mathématiquement, la structure du monde qui nous environne et que nous voyons certes, mais en nous trompant sur son essence comme Don Quichotte se trompe sur la nature véritable des moulins à vents qu'il prend pour des géants. Mais ! me dit Lise, si la philosophie du 17° s. a compris qu'il existe bel et bien de l'essence et que les hommes de science vont le démontrer chaque jour, pourquoi n'y a-t-il pas une essence (cachée sous ce que l'on voit) de la vie et de l'homme ? Il y a de l'essence chez l'homme, que je lui réponds, voilà le rêve des hommes, mais sur cette voie c'est déjà un miracle qu'ils soient parvenus à se représenter un peu de la vérité du "réel". Pour ce qui est de la vérité de l'homme, c'est là ce que cherchent la phénoménologie, la sociologie, la psychologie ...
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Nous sommes allés faire un tour en avion malgré le temps orageux. Les nuages se sont vite refermés sur nous, nous caressant sans cesse puis on a paru sauter dans un autre monde, dans un bleu parfaitement immobile. Minouchka a coupé les moteurs et nous sommes partis chacun dans un trip, ouvrant l'oeil de temps à autre dirigé tantôt vers le bas, l'orage tantôt vers le haut, le cristal. Cette division est-elle celle de la philosophie moderne ? Oui, entre l'homme ordinaire occupé par sa personne et ses passions, et le savant qui se tourne vers la réalité en se contraignant à ne regarder qu'elle. Les règles pour la direction de l'esprit, au 17°s, imposent au savant de se contenter de ce qui est simple, facile, évident et de renoncer à l'obscur, au confus.
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L'imagination nous présente les choses sans qu'on y soit pour rien ni dans le choix de ce qui nous apparait ni dans le jugement qui s'y trouve entendu. Je pense à un bout de tissu sale ou à une personne moche. Qu'est-ce qui est moche chez cette personne ? C'est le fait qu'elle soit là, qu'elle ne soit pas avec les autres, qu'elle ne parvienne pas à s'intégrer en une unité où elle disparaitrait en tant que personne s'affirmant on se demande bien pourquoi. La personne en tant que telle est moche car horriblement vide. Les personnes sont moches parce qu'elles monologuent. Si quelqu'un leur parle alors, elle disent : ah didonc, qu'est-ce qu'il pleut ! Elles lui coupent rageusement la parole. Ah didonc, il y a une maladie des sangliers ..blablabla...elles ne regardent rien ...elles ne voient rien ...elles existent uniquement dans l'énorme chose qu'elles racontent ...les autres doivent impérativement dire oui, oui, oui, ah bon, extraordinaire, tu m'en diras tant ...et si, par aventure, elles contredisent le propos, c'est l'effondrement, la rage, le repliement sur le silence qui se montre outré, boudi, bouda, c'est la vengeance qui enfle et montre son visage hideux. Les personnes qui apparaissent belles sont en train de s'intégrer dans un tout, elles sont de bonne volonté. C'est cette volonté qui recherche l'unité avec l'autre qui est belle dans l'autre.
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Comment interprétez-vous le conte du briquet, nous a demandé Lise, hier soir, lors de notre veillée un peu arrosée avec les matelots du Konk-leon. Je résume nos propos décousus: un soldat démobilisé tue une sorcière pour qui il est allé chercher un briquet. Il va tuer ensuite grâce à ce briquet le roi et devenir roi à sa place. Le soldat obéit à la sorcière dans un premier temps. Il reçoit sa solde. Il lui apporte son briquet. Il veut savoir le secret de ce briquet. Un soldat doit se contenter d'obéir. Lui, il questionne. Il a raison car s'il avait donné le briquet, la sorcière s'en serait peut-être servi pour le tuer. Car rien ne résiste à ce briquet. Morale : les hommes sont enrolés par les Rois pour leur obtenir les moyens de leur puissance. Ils peuvent s'emparer de ce moyen lorsqu'il est en leur possession. Ils deviennent alors roi. Mais quelle est cette puissance? pour cela il faut descendre dans le conte. C'est la possession de la puissance qui fait le roi. Lorsque le roi a perdu cette puissance, il se transforme en sorcière qui demande aux hommes d'aller combattre ceux qui détiennent la puissance et de se payer sur place. Lorsque les hommes reviennent de l'enfer où ils sont descendus, de l'endroit où la mort les a regardés de ses grands yeux mortels (telle la méduse), ils rapportent au roi la puissance de la mort. Mais il ne faut pas la leur donner car cette puissance est infernale. Tant que l'homme ignore à quoi sert ce briquet, il dépense sa solde. Pauvre, il ne lui reste que ce briquet. Il le bat et la mort apparait et lui dit : ordonne-moi et je t'obéirai. La mort qui obéit à l'homme : c'est le soldat qui obéit au roi. Celui qui la possède devient roi. Un roi est celui qui possède le pouvoir de tuer. En termes modernes du 20° siècle, on parle de la "violence légitime" des Etats.
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Les canards patrouillent sur les bords de l'étang ou bien dorment la tête sous l'aile. On ne voit plus les canes, elles couvent sans doute bien cachées dans les grandes herbes, parmi les iris jaunes. Une odeur de marais portée par le vent d'ouest se mêle aux coin coin. Lise est avec moi, nous écoutons un cours sur le célèbre morceau de cire. Pas facile de comprendre ce que les philosophes tentent de prouver : ce qui apparait avec évidence (ce morceau de cire extrait d'une ruche), est-ce que nous en connaissons l'essence, la vérité, la nature, ce qu'il est ...en le regardant, en le touchant, en le sentant, en l'imaginant étendu, maléable, en mouvement ..? Si nous faisons disparaitre ces qualités qui nous permettent d'identifier ce morceau de cire, est-ce que nous faisons disparaitre la chose elle-même ? nous cessons de la percevoir par nos sens, elle a cessé d'être sentie, imaginée .. elle n'est plus rien, désormais, que chose pensée mathématiquement. C'est elle qui commence lorsque nous percevons une chose, c'est elle qui est voilée, habillée par ce que nous sentons, imaginons. Mais, me dit Lise, comme être sûr que cette chose pensée existe vraiment et ne vient pas de notre imagination ? On n'en est pas sûr, que je lui réponds. Les physiciens comme Copernic, Kepler, Galilée ont dû renoncer au système ancien basé sur la sensation du mouvement des astres dans le ciel. Ils ont dû contruire un modèle purement mathématique pour expliquer les mouvements des astres à partir de la rotation de la terre sur elle-même (que nous ne sentons pas) et autour du soleil et à partir de la rotation des planètes autour du soleil.
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Oui, c'est juste une question de temps. Elle le pourra dans une certaine mesure et pour autant que le marché mondial tiendra, que la confiance dans la reprise de la consommation "nous" fera faire le gros dos. C'est une question de discipline et de ne pas céder à la panique. C'est donc une question fondamentalement poltique et c'est donc sur le quidam de base que tout repose : comment va-t-il encaisser ? (prenons comme exemple l'arritude des anglais sous le bombardement nazi). Tenir bon et réfléchir à la leçon à tirer au cas où on s'en sorte indemme. En voici une qui me semble frappée au coin du bon sens (cartésien) : Imaginons une entité politique de la taille de Monaco. En assemblée le peuple déciderait de ceci dans notre situation actuelle : primo : toute personne entrant est testée. secondo : tant qu'il n'y a pas de cas intra-muros : la vie normale. tertio : dés qu'il y a un cas : branle-bas. Confinement général jusqu'à ce qu'on repère qui a contaminé le cas. Dès qu'on le repère, on repère tous ceux qui ont été contaminés. Pendant 12 jours, on attend. Si aucun cas n'est déclaré : retour à la vie normale. Pour cela il faut : primo : une économie souple, adaptée à ce type d'éventualité, secondo : une sécurisation parfaite des rencontres interhumaines au cas où (on met les équipements ant-virus), tertio : un système de connaissance des déplacements de chacun qui soit dans la vie normale non utilisé mais qui peut en cas de virus permettre de savoir qui a contaminé qui.
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Discussion ce soir, dans un fort vent d'Ouest. Nous sommes, nous humain, en train de penser. Que puis-je dire d'autre que cela : je pense ... "je" pense. Tiens voilà que je sais aussi que je suis....Cela fait deux choses dont je suis certain sans savoir d'où je les tiens : je pense, je suis. Il ya l'être qui se donne à moi qui pense, moi qui me sais exister chaque fois que je pense ceci ou cela. Et non seulement moi, mais l'être aussi existe, cela s'impose à moi sans que je sache, là encore, en quoi cela consiste. Voici mes limites, ce à quoi je viens buter : la pensée, moi qui suis, dieu (l'être) qui est. Le savoir discursif vient après, l'exploration commence avec la diversité de mes pensées. Je me contente d'abord de ce qui apparait avec clarté puis le doute lié à la confusion est vaincu par la démonstration puis les données corporelles peuvent être interprétées à partir des idées claires. Je suis certain de la validité objective de ce savoir. Mais on peut m'objecter que je rêve, que ce qui me parait certain n'est pas nécessairement vrai. Don Quichotte est certain mais il se trompe. Le monde qu'il interprète n'est pas tel qu'il le dit. Or, à ce niveau, nous fait remarquer Francesca, on peut se demander si le monde de don Quichotte, n'est pas le vrai monde humain, le monde humain qui s'élabore dans la relation à l'objet "vu", pensé ... car fantasmé. Est-ce que le monde mathématisé du 17°s, celui qui permet l'appropriation des objets et leur modification, ne devient pas un monde vidé de toute pensée humaine ? Et, ce virus qui vient peut-être d'une modification des objets réels par la pensée mathématique, n'est-il pas l'irruption d'un élément que la pensée échoue à voir car elle ne sait plus le penser humainement. Ce qui la fait rouler, ce qui la met à la merci des mauvaises vagues, c'est qu'elle a perdu cette stabilisation, cette relation au monde que Don Quichotte maintient paradoxalement et que le savoir objectif nous dispense d'élaborer.
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l'économie libérale repose sur la suppression des modes de vie anciens : on prend des libertés avec ces modes de vie et on s'habitue à cette liberté prise et on ne revient plus en arrière, on est devenu un autre, intégré dans une autre culture, on est rentré dans un autre mode de vie et cela définitivement : car on ne transmet plus que notre nouvelle culture, et les générations suivantes sont adaptées à cette nouvelle culture. C'est cela l'acculturation, telle que je l'évoque. Or, le virus nous impose une interruption de ce processus d'intégration : on doit fermer les frontières aux personnes qui sont suceptibles d'être infectées. Si on les laisse ouvertes, à quoi bon éradiquer la présence du virus ?
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Le gros, très gros, incontournable problème que nous pose le virus, c'est ceci : l'économie mondiale, la prospérité mondiale, la dynamique qui intègre les populations et les acculturent définitivement repose sur la liberté de circuler. Si l'on interrompt ce processus, c'est la catastrophe : des masses de gens intégrés vont se retrouver jetées dans les rues, mendiant pour manger. Or, ce virus, tant qu'il n'y a pas de vaccin, ou bien tue et estropie des millions de gens, ou bien est arrêté par des mesures simples : se tenir à deux mètres de quiconque jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de virus qui circule. Mais, cette méthode d'éradication (la seule efficace à 100%) suppose que l'on ferme ses frontières : ce qui va bloquer la vitalité de l'économie, le mode d'être propre sur lequel repose cette économie. Comment fermer ses frontières aux personnes physiques sans les fermer aux biens économiques ? telle est l'équation que nous impose le virus.
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Nous avons remis en marche le tacot. Il suit la côte et va jusqu'à la gare de la ville tous les jours. C'est pour éviter les bagnoles des citadins qui bientôt vont arriver mettre un peu d'animation, de couleur criarde, d'altérité bizarroïde. Le tacot qu'on appelle aussi la micheline traverse l'arrière pays, chemine dans les marais, entre les haies de sureaux et les aubépines, enjambe la rivière sur une arche majestueuse (que l'on dit romaine), coupe les routes avec autorité, pousse un cri lugubre provenant de la sirène de notre ancienne manufacture transformée aujourd'hui en IUT informatique et génie mécanique. Précisément, j'ai joué tout aujourd'hui, au mécanicien, pour remplacer Christophe qui va assurer l'essentiel de la saison. J'ai profité de l'attente en gare pour écouter la suite de la philosophie du 17°s. Donc, il y a dualisme, c'est-à-dire, la séparation qui permet de comprendre le désir et la connaissance. L'homme est un mixte de pensée (il se découvre à lui-même en train de penser) et de corps. Ce corps qu'il est, n'est pas de la pensée, il est Autre. Il relève d'une substance autre que celle qui pense. La pensée est pour elle-même une intuition et elle se découvre le reste du temps chargée de pensées diverses, confuses. Tout ce qui concerne le corps est confus et doit être clarifié au moyen de la géométrie. La géométrie est ce que la pensée a appris à concevoir au moyen de raisons s'imposant à elle comme certitude (les raisons sont saisies dans l'intuition). Le corps est abordé partes extra partes : du dehors. C'est l'Autre. Les animaux, les machines, le monde extérieur ... relèvent des mathématiques. On peut dire que cette philosophie du 17° s constitue un tournant : la vérité objective est dévoilée par la pensée mais cela se paye d'une perte dont on n'a pas idée (tout le champ de la pensée qui faisait de sa relation avec ce qui est là, dehors, pour elle, la vie intime, profonde de son être mystérieux).
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Tout est noyé dans la bruine. Sortir. Ne pas rester confiné. J'aime être dehors. Vite, vite, je m'échappe des quatre murs des chambres et des maisons, des villes, des voitures. Qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il neige, ou que tout soit noyé dans un nuage comme ce matin, je me trouve toujours un coin, une cabane de chasseur, jamais très loin de l'océan, de son grondement régulier, de sa respiration. Bon, le soir tombe, je vais rentrer : je laisse l'agitation frénétique des fourmis, le bourdonnement des abeilles malgré l'absence de soleil, les grandes araignées pressées traversant la véranda. Je viens d'écouter le Collège de France en podcast. La philosophie au 17°s. La phrase que je vais proposer ce soir, si mes amis le veulent bien (Lise s'est jointe à nous, elle semble avoir envie de parler de peinture, on verra) : le bon sens est partagé par tous les hommes. Cela signifie non pas que les hommes pensent la même chose et que ce qu'ils pensent est pertinent. Cela veut dire que les hommes sont capables d'être pertinents. Mais la vérité est cachée dans le fatras de nos pensées. Le chemin est difficile pour la voir. La grande idée : tout le monde est capable de ce miracle et le cogito est ce qui le montre à l'évidence. Ce qui rend le chemin difficile, ce n'est pas la difficulté de la chose pensée, ni les capacités de pensée qui seraient faibles : c'est la liberté qui nous permet de nous détourner de la vérité et tel le lièvre de nous imaginer déjà savant. Seule la tortue accède à la vérité.
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Insomnie. Regardé un débat houleux télévisé : des femmes faisant le compte des souffrances subies par les femmes, faisant le tour de l'abjection des pseudo hommes qui n'ont pour la plupart rien dans le pantalon (tous les hommes sont décevants). J'ai changé de chaîne et je suis tombé sur un débat houleux : cette fois, des hommes, des mâles écumant de rage, non pas contre les femmes dont ils n'ont rien à faire, mais contre ceux qui, de toute évidence, ne leur ressemblent pas assez, et par ailleurs, visiblement torturés, obsédés par tous ces bicots qui surgissent comme des virus (hic) et dont ils recherchent la présence invisible afin de l'éradiquer avec de la javel. J'éteins le poste. Cette rage est-elle la vapeur qui sort de notre confinement ? est-ce que l'inconscient freudien existe ? d'où viennent ces gens, hommes et femmes souffrants, quelle est cette souffrance qu'ils ne peuvent que distiller à longueur de temps, contaminant leur entourage, dans quel pays vivent-ils ? Je cherche en streaming une comédie : celle-ci fera l'affaire. Enfin un peu de distance, un peu d'air respirable, c'est un vieux film avec Tom Hanks, irrésistiblement drôle.