rphbin
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Qu'aurait-il fallu corriger?
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Je ne pense pas que les Pirahã ne veulent pas croire en dieu ou être convertis. C'est plutôt qu'ils sont incapables d'en voir l'intérêt. Daniel Everett, qui voulait leur parler du Christ, a dû comprendre que, pour un Pirahã, n'est réel qu'un individu qu'il connaît personnellement, ou que quelqu'un qu'il connaît a rencontré lui-même, ou qui connaît quelqu'un qui l'a rencontré, etc. Le Christ, perdu dans les temps historiques, leur est absolument incompréhensible. Être convertis, pour eux, ne peut être refusé parce que, justement, cette possibilité les dépasse complètement, ne les atteindra jamais. (C'est Daniel Everett qui, plutôt, fut d'une certaine manière converti par les Pirahã puisqu'à leur contact sa propre foi se dissipa...) Pour ce qui est du rapport entre ce que sont les Pirahã et le Surhomme Nietzschéen, j'aimerais vous poser une question: est-ce que la notion d'«esprit» a un sens pour vous (je ne parle pas ici des esprits ou de l'Esprit Saint...)? Ou encore pour Nietzsche, d'après ce que vous en savez? Si je comprends bien, le contraire de se repérer dans le temps, c'est vivre dans son passé ou dans la peur de l'avenir. Je crois commencer à deviner ce que vous entendez par "penser" au temps. Il s'agirait surtout par là d'une façon d'éviter d'être piégé par le temps lui-même. Suis-je dans la bonne voie?
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Serait-il possible que vous m'en disiez plus sur le rapport que vous établissez entre le peuple Pirahã et le Surhomme Nietzschéen? Par rapport à la possibilité de "bien" se repérer dans le temps et l'oubli des Pirahã, je n'y vois toujours pas plus clair: en quoi les Pirahã, par l'oubli, savent-ils bien (ou mieux?) se repérer dans le temps?
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La narration à laquelle je pense est un événement dans l'évolution du genre humain qui doit être en même temps considéré comme un moment dans l'élaboration du langage. Cet événement ne se reproduit pas. C'est à partir de lui que nous pouvons nous-mêmes (chacun de nous, à chaque naissance) nous constituer comme sujets dotées d'une intériorité. Le «fait de penser et parler dans sa propre tête avec soi même» n'est qu'illusoirement intime. En fait, c'est tout le genre humain (du moins celui dont dépend notre propre culture) qui s'exprime à l'intérieur de nous. Le Je pense donc je suis de Descartes est-il intime ou pas? Qu'il en rende compte sur papier le rend-il davantage public? Et peut-il faire autrement que de mettre à l'épreuve les possibilités du penser de son temps? Le secret de nos pensées existe, bien sûr. Mais ce secret lui-même n'est réel, en tant que secret, que parce que nous pouvons lui donner de l'importance, c'est-à-dire le situer dans une histoire de nous-mêmes qui est à voir comme un écho lointain de la narrativité première. Ça serait bien si vous pouviez élaborer sur le rapport entre faculté de l'oubli et pouvoir de se repérer dans le temps.
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Malgré que vous vous sentiez d'accord avec moi, je ne suis pas sûr que nous pressentions les choses de la même façon. De mon côté: mémoire comme résultat de l'acte volontaire qu'est le rappel. Ce qui signifie que la mémoire apparaît à cause du rappel, et le passé qui va avec. Et par là le temps lui-même en tant qu'apparent (auquel donc il devient possible de se référer et de penser). La volonté est en cause en tant que c'est par elle que la mémoire peut faire sens pour nous, c'est-à-dire exister comme quelque chose qui garde la passé présent pour nous (en nous). Cette de cette façon qu'elle peut semble contenir, conserver, stocker des souvenirs. Mais en retenant que ceux-ci ne sont eux-mêmes tels que parce que nous avons l'expérience de les rappeler alors qu'ils n'ont pas de préséance sur le rappel lui-même. Que fait l'oubli là-dedans? Rien parce que rien ne peut être oublié. N'existe que l'intention du rappel. Que signifierait ici "se souvenir d'oublier"? Pas grand-chose de plus que mettre de côté l'effort de se rappeler. S'il y avait moyen d'oublier volontairement, ce ne serait qu'en choisissant la manière de distribuer cet effort. Je ne pense pas que c'est ce à quoi vous pensez de votre côté.
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«Toute action exige l'oubli.» Je penserais, de mon côté, à la confiance qui, dans l'action, précède le savoir, comme aussi l'expérience. Toute l'existence, dans la mesure où elle se poursuit, est basée sur un pari, un abandon «originel» dont dépend aussi toute l'affectivité. Cet abandon, je le conçois comme un acte de foi, celui du soi qui «veut» être moi quand il rencontre le langage. Qu'est-ce que le soi, ici ? Ce serait la part animale de l'homme. (Nietzsche parle de l'animal vivant sans souvenir et heureux. Qu'en sait-il? Il en sait ce qu'il s'imagine être déjà lui-même sans le langage…). Qu'est-ce que le moi? C'est la part du sujet qui évolue dans le récit (forme du moi) et dont l'existence se passe tout entière dans l'imagination. (Ce moi, je l'ai fait correspondre au Dasein de Heidegger, alors qu'au Je, j'ai fait correspondre l'«être-jeté»...) Je ne sais si vous avez entendu parler des Pirahã. Il s'agit d'une société assez particulière. Ce qu'elle met en évidence (particulièrement à travers les yeux de Daniel Everett qui les a rendus célèbres), c'est le rapport direct entre temps, langue et bonheur, celui-ci pouvant être vu comme résultant de l'oubli qu'implique un perpétuel enfermement dans le présent. Je vous recopie ci-dessous le lien d'une vidéo intitulée "Pirahã : La Langue Cachée D'Amazonie": https://www.youtube.com/watch?v=C3-zLWdcQec Leur oubli (celui des Pirahã), il est volontaire et par choix dans la mesure où ils connaissent très bien notre monde développé et le refusent... Nietzsche parle d'un «degré» qui finit par détruire le vivant. La question peut être posée: comment décider du degré? Je me la suis posée à ma façon. Je vous recopie ci-dessous ce questionnement: Collectivement, un choix est fait, pour ou sans la science. Admettons que, comme conséquence d'un tel choix, le confort des hommes n'en soit pas affecté. Il reste seulement à décider, une fois déjà au courant de ce qui est maintenant connu, si je serais prêt à m'en passer et à tout oublier. Il ne me reste, à moi mis pour Nous, qu'à vivre ma nouvelle vie de contemplatif dans une ignorance naïve et pleine de bonne volonté, jusqu'à la fin de mes jours. Imaginons comme cadre une nature qui n'a pas été dégradée par l'activité de l'homme et une société dont les mœurs n'auraient pas à souffrir des effets d'une ignorance généralisée. C'est à partir d'ici qu'il faut se demander si la seule raison pouvant faire hésiter à franchir le pas, ce n'est pas la perte du savoir dont la science nous a déjà gratifiés. Mais pourquoi, peut-on alors se demander? Quelle valeur peut bien avoir ce qui serait perdu? Fin du passage. Ici, je parle surtout du savoir scientifique alors que Nietzsche pense au savoir historique. La différence ne compte peut-être pas tant. Il s'agit tout simplement de l'importance que nous accordons à nos repères.
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J'ai essayé de vous répondre hier mais on dirait que ça n'a pas marché. Je me reprends: Votre remarque sur le rapport entre oubli et temps (comme ce à quoi on peut penser) m'oblige à réfléchir. Je commencerais par noter dans ce que vous dites trois affirmations: que l'oubli est une faculté, que celle-ci est nécessaire pour penser au temps, et qu'elle est signe de bonne santé (mais s'agit-il de l'oubli, de la faculté, ou de penser au temps grâce à elle? on supposera que c'est ici de l'oubli). Et j'ajouterais quelques questions pour, disons, mettre de l'atmosphère: Comment sait-on que l'on oublie? D'où vient qu'oublier puisse nous préoccuper? Du passé ou du rappel (de l'acte de se rappeler), lequel précède? Un souvenir peut-il s'effacer à jamais? Si oui, comment le savons-nous? Aux deux dernières questions (celles portant sur le souvenir), personnellement, je réponds non. Ce qui me fait considérer la «faculté» de l'oubli comme une simple circonstance, celle de ne pas retrouver un souvenir. Sans cet effort, l'oubli n'est pas. Et n'étant pas en tant que tel, ne peut constituer un pouvoir. Pourtant, il peut toujours être invoqué en ce sens. Peut-être est-ce ce que votre troisième affirmation laisse entendre… Votre affirmation principale, selon laquelle c'est grâce à l'oubli qu'il est possible de penser au temps, me laisse perplexe. Sans la comprendre, je ne peux douter qu'elle ait un sens. C'est pourquoi j'y réfléchis. Pour l'instant, j'y réagirais de deux façons. En notant d'abord que le «penser» auquel vous pensez en le mettant en rapport avec l'oubli ne semble pas avoir le même sens que celui auquel je pense quand je parle de «travail» de pensée, de «s'occuper» du temps, de penser «sur» le temps, d'«outil» pour penser au temps, ou de «discipline». Ce qui me pousse à mettre en rapport votre sens du «penser» avec mon paragraphe sur la mémoire (qui apparaît dans mon texte de départ) que je recopie ici: Quelle que soit la façon d'aborder le temps, il ne pourrait faire sens pour nous s'il n'y avait la mémoire. À cause de celle-ci comme fait, c'est-à-dire comme résultat d'un acte volontaire, la symétrie passé-avenir est annulée (non avenue). Comprendre que c'est à cause du rappel que le passé peut apparaître comme fond sur lequel se détache le présent et donner ainsi le temps dans son effectivité, c'est-à-dire le rendre lui-même apparent. Après seulement peut apparaître l'avenir comme faisant partie du temps. Il y a beaucoup de sous-entendus là-dedans. Pour faire court, disons qu'ils consistent dans l'imagination d'une communauté primitive qui sort de l'animalité grâce au langage. Le «rappel», ici, c'est celui qui est mis en œuvre dans le cadre de la communication entre membres de cette communauté. Le «temps dans son effectivité», le fait que, grâce à la communication et au langage (et, en fait, à la narration), le temps est rendu «apparent», c'est cela qui, pour moi, peut se rapporter au type de «penser» auquel vous pensez. Pour vous, ce serait à partir de l'oubli que le temps devient apparent (et devient ainsi ce à quoi il est possible de penser), pour moi, ce serait à partir de la narration (qui est rappel en acte mais non réfléchi), alors qu'elle rapporte ce qui a eu lieu et met ainsi en scène le passé (c'est-à-dire ce qui n'est plus, ou qui est terminé). La phrase de Nietzsche, je ne la comprends pas. Manque de contexte. Personnellement, cet oubli sain, je le rattacherais au «fait» du présent. Et, plutôt que de la faculté de l'oubli, je parlerais du «pouvoir» du présent. Le présent en question, ici, ce n'est pas celui qui le distingue du passé ou de l'avenir auxquels renvoient les verbes. C'est celui que son contraste avec la totalité de la causalité menant du big bang jusqu'à aujourd'hui fait ressortir. Quel rapport y a-t-il entre la vie de tous les jours et cette totalité aveugle de l'événementialité cosmique passée (reconstruite par la science)? Plus jeune, j'ai lu «Les trois premières minutes de l'univers» (S. Weinberg) et «Des astres, de la vie et des hommes» (R. Jastrow). Ça m'a impressionné même si je ne comprenais pas grand-chose au premier livre. C'est là que j'ai été frappé par le contraste en question, puis me suis demandé comment la perception pouvait naître d'une matière qui s'organise d'elle-même dans l'ignorance parfaite de notre arrivée subséquente. Jacques Monod a écrit «Le hasard et la nécessité». Dans un sens, ça semble aider à mieux comprendre. De toute façon, plutôt qu'au mystère de la naissance de la perception, je pense maintenant «tout simplement» à celui de la possibilité pour un assemblage de particules (ou de molécules) de se mettre à «percevoir» (!) le temps…
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Il ne s'agit pas de la perception du temps par l'humain, mais plutôt de penser le temps, de se servir de ce travail particulier de pensée consistant à s'occuper du temps, pour poser, entre autres, la question de la perception des choses par l'humain et, en particulier, celle de l'idée même qu'il s'imagine percevoir le temps. Car est-il sensé de penser que le temps se perçoit? Si, ici, penser sur le temps et l'humain ont un rapport possible, ce serait parce que ce travail de pensée qui a le temps pour objet implique nécessairement une transformation, ou une recréation (qui est aussi une récréation…) de qui y pense. Ce qui est au moins affirmé dans le texte proposé par moi au début, mais qui ressort peut-être mieux dans ma réponse à Niou qui a suivi (en parlant d'un 'outil pour penser au temps de la façon la plus globale possible'), c'est que pour penser au temps convenablement, ce que l'on est soi-même doit être mis en jeu. Penser au temps, c'est à voir comme une discipline de la pensée pour laquelle le temps est la discipline elle-même. Le problème, lorsqu'on parle de la perception du temps par l'humain, c'est de s'imaginer soi-même comme un témoin qui pourrait, à distance, tout en restant identique à lui-même, se faire une idée, en s'y appliquant patiemment, de ce à quoi il assiste. À quoi assiste-t-il alors? À ce que la science nous dit du temps? Pourquoi? Posez vous la question. Pourquoi ce que la science vous dit du temps vous fascine-t-il? Je n'ignore pas le point de vue de la science. J'ai lu par exemple deux livres d'Étienne Klein, 'Les tactiques de Chronos' et 'Le temps', qui présentent les choses autant du point de vue philosophique que scientifique. Très abordables et utiles pour garder une vue d'ensemble. Mais j'ai aussi lu, par exemple, Lee Smolin, 'Time Reborn - From The Crisis Of Physics To The Future Of The Universe' ou Carlo Rovelli, 'Par-delà le visible - La réalité du monde physique', ou assisté par vidéo à un cours d'astrophysique tout public d'Aurélien Barreau. Ça, ça vaut (partiellement) pour mes dernières tentatives de familiarisation avec la vision scientifique du monde et, en particulier, du temps. Je vous laisse là-dessus. Au plaisir.
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Le fil se perd, c'est le moins qu'on puisse dire. La salle commence à se vider. Ma visite aura été courte.
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Je ne dis pas ici que je vous ai perdu (que vous ne ME saisissez pas) mais que VOUS m'avez perdu (que MOI je ne vous saisis pas). Ne pas saisir semble en effet dans vos cordes.
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Là, vous m'avez perdu ! Désolé.
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Se peut-il que votre remarque soit un peu courte? En tout cas, j'apprécie quand même. Si je parlais d'orientation dans le temps, ce n'était pas pour poser la question du comment. C'était pour souligner le comportement lui-même. Simplement pour indiquer à partir de quoi avant-après, durée et maintenant pouvaient être vus comme un ensemble, saisis comme un tout: le temps.
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Temps circulaire, temps qui passe différemment en fonction d'où on se trouve dans l'espace. Il se peut que pour affirmer de telles choses, vous vous inspiriez beaucoup de ce que la science nous apprend du fonctionnement de la nature. En pensant par exemple à la théorie de la relativité. Personnellement, je n'y vois pas grand intérêt, du moins en tant que sujet pensant. Le temps n'est pas figé, n'est pas une entité. Je suis parfaitement d'accord avec vous. Les termes ont été placés entre guillemets. Ils sont là à défaut de meilleur vocabulaire et pour en rester à une manière non technique de s'exprimer. Le paragraphe sur le temps figé parle de beaucoup de choses en même temps, qui sont aussi importantes les unes que les autres, et qui chacune implique une mer de réflexions. Je dirais que pour qu'il fasse sens, il faut avoir un peu une âme de phénoménologue. Je retiendrais ici, pour en justifier l'intérêt, la notion d'«espace d'évolution du moi» (qui est une composante du sujet) et le renvoi à la «signification» opposée, ici, à l'«orientation». Je vous recopie ci-dessous ce à quoi m'a fait penser la question de l'orientation dans le temps. Ceci parce qu'ainsi apparaît pourquoi le temps peut être présenté comme «entité» (du moins tel que détaillé dans le paragraphe correspondant). Mais aussi en quoi, comme entité toujours, il renvoie en dernière analyse au corps. Ce qui permettrait du même coup de faire ressortir en quoi le temps «figé», rapporté à la signification, pourrait pour sa part renvoyer à l'esprit... Quelques éléments, donc, de ma réflexion sur l'orientation dans le temps: Qu'est-ce que s'orienter dans le temps? À première vue, et peut-être seulement ainsi, c'est savoir (retrouver) quand on est. C'est aujourd'hui, dans une semaine, cette année, etc. Selon ce qu'on a à faire, ce qu'on attend, ce qu'on ne peut plus corriger, etc. Le temps est présenté comme une dimension. C'est-à-dire comme quelque chose qui se mesure, une grandeur. Elle est une, à la différence des dimensions de l'espace, et on la donne comme si c'était une ligne le long de laquelle se retrouvent les différents moments en fonction desquels il y a (peut y avoir) orientation. Une position entre des avants et des après qui se modifient sans cesse selon notre propre avancement dans le temps ou qu'il passe lui-même. Peut-on vraiment parler de dimension, de grandeur? Le temps se mesure-t-il? C'est ce qu'il pourrait sembler à première vue. Pourtant, tout ce qui peut être mesuré pendant que l'on s'oriente, ce sont des possibilités d'actions envisagées et à accomplir selon leurs conditions de réalisation (c'est-à-dire compte tenu de la coïncidence d'événements à venir…). C'est parce qu'il y a orientation qu'avant-après, durée et maintenant font un et que le temps peut apparaître comme «entité». Cette orientation elle-même, qu'est-elle? Un réflexe, c'est-à-dire un comportement dont nous sommes le centre (dont chacun est le sujet, l'agent concerné) et qui ne dépend pas d'abord (pas seulement) de notre décision. Qui renvoie au corps tel que déjà actif avant que nous l'ayons décidé. C'est dans le fait de cette action avant la décision (qui pourtant n'est pas elle-même réflexe...) que réside le réflexe d'orientation. Et le temps comme entité. A propos de l'orientation comme comportement, comme façon d'agir, on pourrait y voir comme équivalent dans le temps «figé», dans le monde de la signification, la raison. Celle-ci serait à voir comme le réflexe d'orientation dans le récit. Fin des extraits rapportés. A propos du temps qui passe différemment en fonction d'où on se trouve dans l'espace, je vous dirais qu'il n'en est rien. Les deux jumeaux qui, après que l'un des deux a voyagé dans l'espace, se retrouvent sur terre en n'ayant plus le même âge, n'ont pas vécu le passage du temps différemment. Pour chacun d'eux, le parcours d'une vie jusqu'à la mort se passe à la même vitesse… (Manière de dire que le passage du temps sans personne pour le vivre n'a pas de sens.)
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Je profite de votre intervention pour préciser en quoi j'ai trouvé utile de soumettre mon petit texte. D'abord, c'est un outil pour penser au temps de la façon la plus globale possible, c'est-à-dire sans perdre de vue tout ce qui est mis en jeu à chaque fois que la question du temps est posée. Ensuite, une fois le texte compris de cette façon, sa présentation sur un forum pourrait s'envisager comme une matière première à partir de laquelle élaborer en commun une pensée originale, ou à nouveaux frais, sur le temps. Enfin, comme outil, il serait d'abord à prendre comme une suite de mots suggestifs dont l'agencement compte plus que le sens précis auquel ils renverraient. Son intérêt est avant tout dans sa capacité d'inspirer. Votre remarque sur l'entropie me permet de dire un mot sur la place que j'accorde à la science dans ma réflexion sur le temps. Elle est quasi nulle. Du point de vue «scientifique», le temps n'est jamais plus qu'une variable. Et parce qu'il en est ainsi, on peut en arriver jusqu'à simplement déclarer qu'il n'existe pas du tout. Dans le texte soumis par moi, le renvoi à la version scientifique du temps apparaît quand je parle de l'extérieur du temps (opposé à son intérieur), de la durée et de la fixité du déroulement des phénomènes. Je vous recopie ci-dessous la façon dont j'ai voulu synthétiser le mieux possible l'esprit du texte. Vous allez voir que c'est plutôt aventureux mais en même temps instructif. 2019-03-01 - Dans ce résumé, on remarque que le temps apparaît sous quatre jours: 1) comme «substance» (entité ou figé), 2) comme ce dont on parle (différemment selon l'échelle), 3) en tenant compte de la mémoire (par laquelle il devient apparent), 4) en tant qu'il passe (prise en compte du sujet-témoin). A quoi sert une telle notation sinon à décider que le temps est «quaternaire», c'est-à-dire qu'il n'est pas, ne peut être conçu si ces «quatre jours» ne sont pas considérés en même temps. 2019-03-02 - En fait, le temps «dont on parle», ce serait plutôt le temps selon son fonctionnement, ou sa mécanique (qui, elle-même, serait triple, à savoir sociale, physiologique et physique). Le temps compte tenu de la mémoire serait pour sa part à voir comme le temps selon la temporalité… Celui-ci, comme le temps qui passe (ou, pour le dire d'une autre manière, selon son écoulement), aurait en propre de dépendre du sujet (ou de se rapporter d'abord à lui, de le viser lui-même). Deux manières subjectives du temps qui renverraient, pour ce qui est de la temporalité, au temps figé du récit et, pour ce qui est de l'écoulement, au temps comme entité. On en arriverait donc à la formule simple que le temps est selon sa substance, son fonctionnement, la temporalité et l'écoulement. Et puis, si l'on voulait rendre le tout ternaire, les deux derniers éléments pourraient être rassemblés comme composant le temps selon la subjectivité. 2019-03-03 - Les titres seraient à reprendre encore une fois. C'est qu'en fait le temps apparaît plutôt substantiel quand il est visé dans son fonctionnement. On aura donc, à la place, en 1 le temps selon le concept, en 2, selon la substance, et en 3, selon le sujet.
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On aurait le temps comme «entité». C'est celui auquel la conscience a été assimilée, qui a un intérieur et un extérieur, un avant-après et une durée, lequel, moyennant sujet, passe, est perçu ou senti. On pourrait y ajouter le maintenant par lequel il y a synchronisation et coordination. << Orientation. On aurait le temps «figé», celui du récit, des verbes, du passé et de l'avenir, de la mémoire et de l'imagination, espace d'évolution du moi. On pourrait peut-être ajouter que ce temps fonctionne grâce à la raison ou à l'«intrigue». << Signification. Selon l'échelle, il peut être parlé du temps de différentes façons. Par exemple, à l'échelle d'une société, seraient opposables synchronie et diachronie (vues de l'«intérieur»...). Dans le cas de la première, il s'agit du présent. Retenons en particulier, dans ce cas, la question de la communication. Celle-ci englobe tout ce qui dans l'activité humaine en cours la relie à ce qui n'est pas encore terminé. L'étendue de cette communication pourra être indiquée comme l'ensemble des «processus sociaux» en cours. La diachronie renverrait, pour sa part, à ce qui, au sein d'une société, la rend explicable et orientée. C'est ce que lui offre le langage et, en fait, la narration, ce qui nous renvoie au récit. Notons que c'est dans ce contexte que la causalité trouve sa place (pendant que l'histoire se sépare du mythe). Et aussi, puisqu'il s'agit de récit, que c'est par le biais du Moi que le Nous peut effectivement évoluer dans le temps. À l'échelle du corps, on rencontrerait un temps anonyme, sans histoire, gratuit. À son niveau, doivent être mis en rapport volonté, intention et choix. Ceci, compte tenu de ses paramètres fondamentaux, à savoir la sensibilité et la motricité, hors desquels il n'y a rien. En indiquant peut-être que c'est par l'intention que le temps obtient plus particulièrement une «valeur», comme donné spécifique auquel se rapporter. Noter que le choix est aussi ce dont dépend la synchronie. À l'échelle cosmique le temps est essentiellement celui de la causalité. Se présenterait ici la question de la directivité (et de l'information) pouvant, pour sa part, être reliée au «conatus», c'est-à-dire au «calcul» et à l'«intérêt», et mettant en cause la notion d'«incarnation» (dont la face subjective serait l'émotion, qui dote le calcul d'un pour-qui). Pourrait, dans ce contexte, y être ajoutée celle de finitude: la vie (individuelle) comme instant dans le cours (cosmique) dont elle fait partie. Quelle que soit la façon d'aborder le temps, il ne pourrait faire sens pour nous s'il n'y avait la mémoire. À cause de celle-ci comme fait, c'est-à-dire comme résultat d'un acte volontaire, la symétrie passé-avenir est annulée (non avenue). Comprendre que c'est à cause du rappel que le passé peut apparaître comme fond sur lequel se détache le présent et donner ainsi le temps dans son effectivité, c'est-à-dire le rendre lui-même apparent. Après seulement peut apparaître l'avenir comme faisant partie du temps. (Tout en considérant qu'avant le pour-nous et la mémoire, il y eut la projection, condition de naissance du signe.) Quant au temps qui passe, on notera, entre autres, le temps qui sépare de la mort, celui de l'ennui ou de l'attente, celui de la synchronisation. Et, dans tous ces cas, sa malléabilité selon les affects, c'est-à-dire selon les récits en cours dans l'esprit (ou les situations). Plus particulièrement, il faudrait penser au passage du temps selon qu'il se rapporte au monde ou bien au sujet. Dans le premier cas, il s'agit essentiellement de la «fixité» du déroulement des phénomènes, en retenant qu'aussi objective soit-elle, son statut n'a de sens que si le passage du temps lui correspondant est pour un sujet (besoin d'un témoin dans le cadre de la synchronie). Dans le second, on a ce qui met en cause la subjectivité elle-même, c'est-à-dire sa définition en fonction du pour-qui le temps passe (ou de son comment).
