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épixès

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Tout ce qui a été posté par épixès

  1. tu as parfaitement raison et je te remercie de signaler mon erreur. L'esprit tout occupé à tenter de faire de jolies phrases et j'en arrive à écrire le contraire de ce que je souhaitais exprimer. Pour ce qui est de la dureté de ce que j'ai énoncé, j'étais tout jeune homme et assister impuissant au déclin d'un être cher est une épreuve qui m'a profondément marqué et il m'est pénible de l'évoquer sans qu'un peu d'amertume ne teinte un discours résumant une réalité bien plus brutale.
  2. Il ne me semble pas avoir exprimé cela, bien au contraire. Ma phrase dit "non parce qu'il avait abjuré son athéisme" De plus je ne dis pas que je considérais qu'il n'était plus mon père mais que j'avais le triste sentiment d'avoir perdu ce qui le caractérisait, à savoir son esprit critique, sa capacité à argumenter rationnellement et une ouverture d'esprit qui permettait d'aborder tous les sujets dans un dialogue sans forme aucune de dogmatisme. L'amour que je lui portais ne s'est jamais démenti, ni mon respect d'ailleurs: j'ai continué à m'occuper de lui jusqu'à l'heure de son trépas mais la belle époque de nos conversations endiablées (si j'ose dire) était révolue. Si jamais j'ai laissé entendre autre chose, j'en suis navré.
  3. Comme je l'indiquais dans mon post de la page précédente, des expériences ont démontré que les croyants attribuent à dieu leurs propres opinions, ce qui tendrait à nous faire conclure que non, il n'y a pas de différence entre servir dieu et se servir de dieu. Il y a juste des croyants s'étalant sur tout le spectre allant de la modération à l'extrémisme, comme il en va des non croyants à propos d'autres types d'idéologies. Pour le reste je présume que l'un de nous à tort, si c'est vous nous le saurons une fois mort, si c'est moi personne n'en saura jamais rien.
  4. "Savoir", outre que cela puisse apparaître comme légèrement présomptueux j'estime que c'est une attitude dangereuse à plusieurs égards. Au regard de la connaissance tout d'abord. En effet avant même que l'épistémologie n'existe en tant que discipline, nombre de penseurs (croyants ou non) ont formulés l'idée du danger de la certitude. Il fut une époque où lorsque l'on ne savait pas expliquer un phénomène il convenait de dire que la réponse était dieu et gare à celui qui remettait cela en cause. Il faut ajouter que lorsqu'on est certain on ne cherche plus, raison pour laquelle le doute est philosophiquement considéré comme préférable. En second lieu je suis d'avis que la certitude est le ferment de tous les fanatismes, religieux ou autres. Celui qui se croit dépositaire de la vérité se sent fondé à utiliser tous les moyens pour parvenir à ses fins "pour le bien même de sa victime". Les inquisiteurs qui torturaient les hérétiques souhaitaient sauver leurs âmes, la plupart des dictateurs et leurs armées commettent nombre d'atrocités au nom d'une société meilleure. Nul n'agit en pensant faire le mal, au contraire c'est lorsque l'on est certain qu'il existe une morale "objective" et donc supérieure que l'extrémisme prend naissance. Mon père fut athée plus de 50 ans et je repense avec tendresse aux nombreuses discussions passionnées que nous eûmes naguère. Nous spéculions sur l'hypothétique existence d'une transcendance, les vertus de telle ou telle idéologie, l'origine de l'univers….puis un jour il a "ressenti" dieu. Lui, le bouffeur de curé ! Interloqué je tentai de comprendre et lui demandai de me relater son expérience mais elle était semble-t-il de l'ordre de l'ineffable. A ce stade je dois préciser qu'il était malade et que ses facultés étaient amoindries, je lui ai donc demandé s'il lui semblait possible que les 40 cachets quotidiens qu'il ingurgitait ou ses précédents AVC pouvaient éventuellement expliquer cette manifestation qu'il disait avoir expérimenté. La réponse tomba, définitive: non ! Ce jour là je sus que j'avais perdu mon père. Non pas l'homme ou le géniteur mais la belle intelligence qui m'avait éduqué, l'esprit critique et aiguisé qui avait affuté mon scepticisme . Non parce qu'il avait abjuré son athéisme mais parce que la discussion était close. Parce qu'il savait.
  5. Tout dépend de ce qu'on veut faire dire au mot spiritualité. Personnellement je m'attache à l'acception qui évoque la vie de l'esprit ou une certaine quête de sens et non pas la relation avec une quelconque transcendance ou la recherche du salut. Et donc suivant cette définition j'estime avoir une spiritualité riche et plurielle malgré ma qualité d'athée et agnostique. La philosophie, les arts, les sciences sont autant de territoires à explorer si grands qu'une vie humaine suffit à peine à en effleurer la surface. Je suis matérialiste (philosophiquement parlant) et j'aurais tendance à me qualifier d'humaniste pour ce qui concerne mes valeurs. Je me défie des traditions en règle générale et n'ai guère d'ouvrages "principaux" tant mes lectures sont multiples et tant je ne veux pas être "l'homme d'un seul livre" (ou de peu de livres) mais je peux néanmoins préciser que je suis fasciné par la nature de la réalité, l'origine de l'univers, l'histoire des idées et la pensée humaine ce qui oriente mes lecture principalement (mais pas exclusivement) vers la philosophie, la physique, l'histoire des sciences, la psychologie, la sociologie et l'anthropologie.
  6. Bonjour à tous, Tout d'abord je pense qu'il convient de rappeler qu'aucune explication mono causale ne saurait rendre compte de l'effroyable complexité du réel. La vérité, si une telle chose existe, nous est définitivement inaccessible et nous ne pouvons que tenter de s'en approcher de façon asymptotique grâce à la nature cumulative du savoir. Il y a néanmoins un fait intéressant concernant non pas la croyance en dieu mais plutôt les convictions que les croyants entretiennent concernant dieu: en 2008 grâce à l'imagerie cérébrale, Nicholas Epley (professeur en science du comportement) a mené des expériences qui tendent à démontrer que les croyants attribuent à dieu leurs propres opinions sur des sujets de société tels que mariage homosexuel, avortement ou peine de mort. En effet, penser à dieu active une zone précise du cerveau connue comme siège de la pensée auto-référentielle. Cette zone s'active quand on parle de soi, qu'on exprime son opinion ou qu'on développe ses analyses, mais reste silencieuse lorsqu'on évoque les autres. Dans le cerveau des croyants, ce sont les mêmes zones qui s'activent quand ils pensent à Dieu ou à eux-mêmes. Il semblerait donc que les croyants créent dieu à leur image ou divinisent leur sens moral. Conclusion qui me semble concorder avec la première cause de l'apostasie: le doute qui le plus souvent survient suite à un conflit axiologique résultant des incompatibilités entre le sens moral du croyant et la doctrine enseignée par sa religion. Concernant la croyance en dieu elle même, des travaux en neurosciences, anthropologie, sociologie, psychologie cognitive et évolutionniste proposent des explications très convaincantes. Il serait malheureusement trop long d'entrer dans les détails mais pour ceux qui souhaiteraient approfondir la question je conseille avec enthousiasme de consulter 2 ouvrages: -Et l'homme créa les dieux, de Pascal Boyer -L'empire des croyances, de Gérald Bronner
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