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satinvelours

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Tout ce qui a été posté par satinvelours

  1. Au travers de l'existence de Don Juan se spécifie ce refus du choix. Choisir impossible, c'est exclure l'infinité des autres, c'est s'assigner des limites dans lesquelles on trouvera des formes mais dans lesquelles il nous faudra abandonner cette quête de l’infini. Dans le stade esthétique c'est la seule façon, pour l'instant, que l'existence ait trouvé pour s'éprouver et s'assurer d'elle-même. Or elle va s'assurer d'elle-même d'une façon très paradoxale puisque c'est dans l'informe, dans l'incapacité de s'arrêter, de soutenir la moindre limite qu'elle va se comprendre et se réfléchir. Caractéristique de l'existence esthétique telle que Don Juan nous la propose. L'existence esthétique est jeu avec les possibles. Elle ne peut donc s'accomplir au travers du caprice, de la désinvolture. L'esthète est non seulement celui qui accueille en lui tout ce qui est susceptible d'accroître son désir, de flatter ses plaisirs, mais il est aussi totalement dépourvu de préoccupations d'ordre esthétique, moral. D'où un conflit entre préoccupations d'ordre esthétique, la recherche de la jouissance du Beau, et de l'autre côté les préoccupations morales qui nous font descendre dans le fini. D'un côté une existence esthétique qui nous promet l'infini, de l'autre des soucis éthiques. L'esthète ne se préoccupe pas des questions morales il est seulement traversé par le mouvement même de son désir. Huysmans : "A rebours", toute la littérature esthétique et décadente. Vivre esthétiquement c'est produire sa vie non comme œuvre mais comme esquisse sur une scène. L'esthète joue sa vie, il est en représentation, mais ce faisant il accomplit une chose dont il n'a pas toujours bien conscience lui-même. Il va faire pénétrer la vie dans l'art et inversement il va pouvoir importer l'art dans la vie. L'art est plus que toute autre activité, pour l'être humain, ce qui exprime l'élément subjectif. L'artiste doit assumer sa subjectivité et souvent il ne peut le faire que dans la solitude, dans l'absence de communication. Il va investiguer au moyen des arts la promesse de dépassement de cette subjectivité. C'est pour cela que l'art produit ce que l'on pourrait appeler des figures archétypales, souvent tragiques, dont se nourrissent les mythes : Œdipe, Antigone, Phèdre, Médée, Don Juan, Faust. L'art est contraint à réfléchir sur les formes multiples que peut prendre l'existence pour un homme. Ce qui intéresse Kierkegaard dans la figure de Don Juan (Alternative- partie 1- paragraphe 82) est que Don Juan est un mythe qui apparaît et se développe dans toute l'Europe au moment où le christianisme réussit dans son implantation à imposer la scission entre le domaine du corps, la chair, et le domaine de l'âme, l'esprit. L'idéal de vie qui s'impose c'est l'idéal monastique où il n'y a plus de combat entre la chair et l'esprit. L'esprit a gagné. Se retirer dans un couvent ou un monastère c'est faire le deuil de son corps, le deuil de la chair, faire passer une muraille entre le monde où ces choses là existent, et ce monde où seul l'esprit va pouvoir s'occuper de ses idées sur Dieu. Cette scission étant bien établie le champ est libre pour la chair. Le désir a le champ libre et Don Juan est cette consécration de ce monde là, un monde qu'il faut investiguer dans cette totale liberté. Don Juan est pour Kierkegaard le désir livré à lui-même. Le désir est désir de domination. Ce désir illimité n'a pas de consistance, il est obligé d'éprouver la forme des objets qu'il rencontre : femmes mais peut-être aussi hommes, dans les grandes figures masculines, le Commandeur, objet sur lequel se cristallise la pulsion d'Eros, car le désir ne peut s'éprouver qu'en rencontrant la loi.
  2. L’idée de révolution, telle que nous la connaissons aujourd’hui semble être née avec l’industrialisation. A l’origine il y eut une formidable résistance contre ce mode de production. Rappelons-nous les enrôlements de force dans les manufactures des personnes venues du monde agricole. Qui vivaient pauvrement, mais qui préféraient leur liberté. Le capitalisme est né dans la violence, l’une des pires qui fut. Mais les choses sont ce qu’elles sont aujourd’hui. Elle existe toujours cette résistance, cet espoir de vivre autrement que comme des chiens asservis à la consommation de masse, même si les nouvelles conditions de la production de masse a tendance à la faire disparaître cette résistance : il ne s’agit plus de violenter le salarié ou le petit producteur, il s’agit de le séduire. La séduction a remplacé la violence. Mieux vaut acheter la femme ou l’homme que de le violenter. Parce que l’idée révolutionnaire est d’abord l’effet d’une résistance elle ne parvient pas à s’incarner dans un projet concret. Nous résistons. Mais quel monde désirons-nous faire advenir ? L’impossibilité dans laquelle nous sommes de concevoir un autre monde finit par ravoir raison de notre résistance. Nous nous laissons séduire : une promotion, une augmentation, une reconnaissance sociale affective, c’est emballé, nous cédons. Ceux qui ne peuvent pas être séduits parce qu’ils ne peuvent pas nourrir comme il le faut le Moloch qui règne sur les conditions de la production de masse nous les oublions, nous les nions. Et nous leur donnons cent euros lorsque soudain ils exigent d’exister. Nous leur donnons cent euros, puis nous les oublions. Nous sommes tous devenus des monstres. Nous avons perdu notre humanité. Les conditions de la production de masse font ployer jusqu’au plus brave, car le plus brave sait contre quoi il se bat mais il ne parvient pas à concevoir ce pour quoi il pourrait se battre, il ne parvient pas à concevoir un nouveau monde qui réunisse l’assentiment de tous. Notre manque de créativité nous asservit à la société de consommation.
  3. Voici un post publié dans sciences-relativité, mais qui a aussi sa place ici. « Ce qui empêche aussi de comprendre certaines théories de la physique c’est notre persistance à faire de l’espace et du temps des objets extérieurs. Nous avons tous des perceptions intérieures, que nous appelons sentiments, et parmi ces perceptions intérieures nous en avons certaines que nous appelons espace et temps. Mais quand nous projetons ces sentiments dans le monde extérieur (celui que nous appréhendons par les cinq sens) et que nous en faisons des objets réels indépendants de nous, de notre complexion d’êtres humains, alors nous nous empêchons de comprendre les théories actuelles des physiciens. Il n’est pas nécessaire pour démontrer cela de s’appuyer sur la théorie de la relativité. La croyance que l’espace et le temps sont des objets extérieurs à nous, qui s’imposent à nous par le biais de notre perception extérieure, croyance qui est d’ailleurs pire qu’une croyance, puisqu’il s’agit le plus souvent de certitudes conduit à des paradoxes, à des apories (contradictions insolubles) qu’il est possible d’illustrer par des exemples simples. J’en donne un dans un post qui suit. Il faut bien faire attention de pas confondre l’espace-temps des mathématiciens avec ces sentiments. Ce que nous appelons espace temps en mathématiques c’est tout simplement un système de coordonnées spécifiques, un ensemble de quatre axes perpendiculaires les uns aux autres, ayant une même origine, arrimé à un « objet » une réalité extérieure, un référentiel. La convention est d’appeler cette construction : espace temps, termes qui n’ont rien à voir avec l’espace et le temps en tant que « sentiments » (perceptions intérieures) »
  4. Ce qui empêche aussi de comprendre certaines théories de la physique c’est notre persistance à faire de l’espace et du temps des objets extérieurs. Nous avons tous des perceptions intérieures, que nous appelons sentiments, et parmi ces perceptions intérieures nous en avons certaines que nous appelons espace et temps. Mais quand nous projetons ces sentiments dans le monde extérieur (celui que nous appréhendons par les cinq sens) et que nous en faisons des objets réels indépendants de nous, de notre complexion d’êtres humains, alors nous nous empêchons de comprendre les théories actuelles des physiciens. Il n’est pas nécessaire pour démontrer cela de s’appuyer sur la théorie de la relativité. La croyance que l’espace et le temps sont des objets extérieurs à nous, qui s’imposent à nous par le biais de notre perception extérieure, croyance qui est d’ailleurs pire qu’une croyance, puisqu’il s’agit le plus souvent de certitudes conduit à des paradoxes, à des apories (contradictions insolubles) qu’il est possible d’illustrer par des exemples simples. J’en donne un dans un post qui suit. Il faut bien faire attention de pas confondre l’espace-temps des mathématiciens avec ces sentiments. Ce que nous appelons espace temps en mathématiques c’est tout simplement un système de coordonnées spécifiques, un ensemble de quatre axes perpendiculaires les uns aux autres, ayant une même origine, arrimé à un « objet » une réalité extérieure, un référentiel. La convention est d’appeler cette construction : espace temps, termes qui n’ont rien à voir avec l’espace et le temps en tant que « sentiments » (perceptions intérieures).
  5. Sur un rond-point des Gilets jaunes ont choisi de brûler leur cabane plutôt que d’être délogés par la police. Une femme âgée, digne, peut-être 80 ans, exprime son désespoir. Je me sens écrasé par sa douleur. Cette vieille dame a renoué pendant un mois avec l’espérance. Mais ni elle ni personne ne parvient à concevoir ce en quoi elle espéra. Sa douleur est là. Son désespoir je le prends en moi. Pourquoi sommes-nous incapables de concevoir un monde où l’humain pourrait vivre dans toute sa gloire ?
  6. Votre remarque me conduit à publier ce texte suivant, que j’ai écrit hier, mais que j’avais renoncé à éditer : « Cette difficulté à accepter qu’un même événement puisse par exemple avoir deux durées différentes ne provient pas de la seule théorie de la relativité. Elle provient de l’inconscience dans laquelle nous sommes que tout ce que nous percevons physiquement nous le referons à nous : nous sommes nous-mêmes le référentiel de référence ; nous positionnons tous les événements physiques par rapport à nous. Nous pensons qu’il existe un point de vue sur le monde qui ne dépend d’aucun référentiel. Mais seul Dieu, s’il existe, peut avoir un tel point de vue, car il pourrait, s’il existait, tout voir en étant partout et non pas arrimé à un référentiel. Nous ne pouvons pas, nous, être partout et tout voir dans son ensemble en occupant tous les points de l’univers en même temps »
  7. Je ne trouvais pas le mot hier pour faire le lien entre les Gilets jaunes et la jeunesse de 1968, celle née après 1945. Ce mot c’est : spontanéité ». C’était cela qui caractérisait cette jeunesse qui avait 20 ans en 1968, quelle fût étudiante ou salariée : la spontanéité. Je retrouve cette spontanéité. Qui avait disparu depuis 50 ans. Cette fraîcheur. Cette spontanéité réfère à l’aurore, à la naissance, à l’émergence. Il y a là un phénomène spirituel émouvant, beau aussi. La révolution c’est la naissance. Il est nécessaire que je garde en mémoire cette splendide émergence de la simplicité. Avant qu’elle ne meure. Mais peut-être ne va-t-elle pas mourir. Mais, si elle vient à mourir, il est nécessaire que je garde cela en mémoire : la révolution, comme naissance, c’est possible. Un enfant qui meurt reste un enfant qui a réussi tout de même à naître. Naître, en politique, la politique en tant que maîtrise du destin collectif social, naître est possible. C’est cela que j’avais fini par oublier.
  8. C’est étonnant ce mouvement des Gilets jaunes. Un autre discours surgi apparemment de nulle part. Une parole nouvelle, une façon de voir positive, une générosité touchante, une simplicité sans fard... Ils annoncent une façon d’être dont je n’ai perçu d’équivalence qu’il y a 50 ans, chez la jeunesse de 68. Bien sûr la crainte c’est que cette naissance d’un nouvel esprit ne meurt aussitôt. Mais il y aura eu au moins cette émergence, cette existence. Il est possible de penser autrement, de vivre autrement, d’espérer autrement, il est possible d’être honnête, d’être soi, il est possible de former une communauté réelle de citoyens. Les Gilets jaunes réintroduisent l’espoir. Ils sont la révolution de l’esprit. Une révolution dans la simplicité. Ils réaniment ma façon de voir qui était devenue excessivement pessimiste. Il existe des Français, venus d’où nul les attendaient, qui portent en eux le désir simple de vivre, de vivre tous ensemble. La révolution c’est leur simplicité.
  9. Je pense que vous abordez la science, ici la physique, avec des préjugés. Vous n’êtes pas le seul. Et je comprends aussi que vous ayez de tels préjugés. Trop de physiciens, quand il sortent de leur labo, s’adonnent à la vulgarisation de leur science avec des intentions religieuses : convertir le quidam à leur vision du monde. Pourtant la science n’a rien de religieux. La science, la physique ici vise l’action. Quand elle pose des postulats ce n’est pas avec des intentions religieuses. Elle pose des postulats et elle regarde si cette pose permet l’action. Je regrette que, quand un intervenant pose l’existence de l’éther, il se voit répondre avec hauteur « l’éther n’existe pas », ce n’est pas là l’attitude d’un authentique physicien. Ce dernier vous dira : « l’existence de l’éther m’est inutile dans mon travail actuel de recherche ». Il ne vous dira pas avec mépris : l’éther n’existe pas. Vous avez vos convictions. Mai vos convictions ne permettent pas l’action. Le physicien vise l’action. Si les modèles qu’il retient permettent l’action, il s’appuiera sur ces modèles. Vous pouvez rétorquer « ces modèles sont faux ». Vous pouvez avoir raison mais les modèles que vous retenez ne permettant pas l’action le physicien ne les retiendra pas. L’esprit humain a ceci de fantastique : il peut penser l’existence de réalités non certaines, et même l’existence de mythes, et la pose de ces existences peut permettre l’action, même si ces existences sont de purs imaginaires. Quand je cite Einstein je ne le cite pas parce qu’il serait pour moi équivalent d’un Moise, d’un Jésus ou d’un Mahomet. Je le cite parce qu’il me permet d’avancer dans ma compréhension du monde physique, uniquement physique. Le jour où ses théories ne me permettront plus d’avancer dans cette compréhension je ne le citerai plus ! Il est pour moi un simple homme, comme vous, comme tout un chacun. Vous avez d’ailleurs raison de ne pas vous aplatir devant un Galilée, devant un Einstein : ainsi vous vous respectez.
  10. Il va falloir pallier la déperdition du qualitatif par le quantitatif. On entre vraiment dans le donjuanisme, la multiplication des conquêtes. Don Juan est un principe, le principe même de la séduction. Un principe n'a en soi aucune limite, la séduction est mouvement vers, sans fin, sans terme. La conception donc que Kierkegaard propose de la femme : un être sans existence véritable, médiation pour l'homme qui puise en elle son inspiration et va découvrir ses possibilités de création. La femme est l'être pour « autre chose » (vocabulaire hégélien) est une expression qui exprime véritablement ce que l'on appelle l'aliénation. Quand on est aliéné on ne dépend pas de soi, on dépend d'une autre instance que soi-même. On ne s'appartient pas à soi, on n'est pas un sujet on n'est pas un être souverain. Quelle catégorie la penser ? Il faut la penser comme un être totalement aliéné, qui n'est pas un sujet. Cet être qui existe toujours pour autre chose, entre autre pour l'homme, est un être qui par l'illusion de son charme crée des formes qui font miroiter l'existence de l'infini. Mais sa réalité est d'être un être naturel. L'esprit ne peut pas créer à partir de rien, il lui faut être fécondé par la nature. La rencontre avec le féminin est incontournable. Elle ne vit que d’une vie végétative, elle est privée de liberté et elle n'est justifiée que par le mariage, la maternité. C'est un thème romantique : « Mon cœur mis à nu » Baudelaire, texte très cru. « La femme a faim et elle veut manger, soif et elle veut boire, elle est en rut et veut être foutue. Le beau mérite. La femme est naturelle, c’est-à-dire abominable. » Ce thème rapport femme-nature est un terme récurrent du romantisme et d'une façon générale des arts. Sous cette assimilation apparemment anodine de la femme et de la nature se cache le ressort le plus redoutable de l'oppression sexiste puisque cette assimilation renvoie à l'opposition nature-culture, et la philosophie nous a appris que toute culture ne peut s'édifier, s'élaborer qu’en niant la nature, dont elle ne peut, par ailleurs, se dispenser. Autrement dit la naturalité de la femme est une idée très dangereuse puisqu'elle nous habitue à l'idée que, puisque toute culture, toute civilisation, le concept, l'idée, la spiritualité, l'idéalité que nous vénérons tant dans nos cultures, ne peuvent s'édifier qu'en niant la nature. Il est donc tout à fait justifié, donc naturel, en un mot normal que la femme soit dénigrée, exploitée. Que va nous révéler Don Juan par rapport à l'ensemble de ces idées ? Si Don Juan représente pour Kierkegaard l'un des aspects du stade esthétique c'est qu'il cristallise, ce qu'en terme hégélien nous pourrions appeler le dialectique fini-infini. Don Juan représente la finitude du désir qui ne peut se concrétiser. Le séducteur au terme de chacune de ses conquêtes ne peut que découvrir la souffrance du désir et découvrant cette limitation, il tente de s'arracher de ce fini pour repartir vers la quête en tant que telle, la quête elle-même. En se confrontant aux limites du fini, c'est-à-dire à chaque femme séduite, Don Juan éprouve la nécessité de dépasser ses limites. L'infini ici c'est ce qui s'engendre éternellement au travers de l'épreuve du fini. L'infini n'est pas à l'extérieur du fini mais il est la concrétion même d'une certaine expérience de notre finitude au travers de la quête donjuanesque. L'infini c'est l'infinité des possibles et l'esthète est celui qui ne peut soutenir son existence qu'en refusant en permanence de s'enfermer dans l'un des possibles.
  11. La musique est insaisissable. Elle nous installe dans l’écoulement du temps. Quand les mots ne sont plus, la musique prend le relais.
  12. satinvelours

    Matériaux

    Les seules actions qui valent, qui prennent sens, ce sont les actions sociales. Les actions où l’autre est celle ou celui, celles ou ceux vers lesquels nous orientons tout ce qui en nous est désir, amour, espoir, attente. L’action pour soi est insensée. L’action pour l’autre est la voie. Ce sont ces heures données parfois jusqu’à l’épuisement avec l’intention, le désir, la détermination d’enseigner ces enfants en déshérence qui donnent sens à ma vie. Pour d’autres ce sont d’autres actions. A la fin c’est renoncer à la vie pour soi pour donner vie à l’autre qui illumine notre destin. Il est nécessaire de savoir mourir afin que les autres puissent continuer de diffuser dans le monde, ce que, en eux, en moi, j’appelle : la vie.
  13. Einstein note ensuite la relation entre t’ (temps du référentiel inertiel k, lequel se déplace à la vitesse v par rapport au référentiel inertiel K) et t (temps du référentiel inertiel K) donnée par les transformations de Lorentz. On suppose que l’horloge qui donne le temps t’ d’un événement ayant lieu dans k est située sur l’origine O’ du référentiel k. x est la coordonnée de O’ dans le référentiel K. Nous avons t’ = (t-vx/c²)/ racine de 1- (v/c)². Mais x = vt , d’où t’ = (t-v²t/c²)/ racine de 1- (v/c)² = t(1-(v/c)²/racine de 1- (v/c)² = t x(racine de 1- (v/c)²). t’ est donc plus petit que t, ou t est plus grand que t’ (d’un facteur égale à 1/(racine de 1- (v/c)²). La durée d’un événement ayant lieu dans k, mesurée à partir de K est plus grande que celle mesurée par l’observateur en k (dans lequel a lieu l’événement considéré). Il y a dilatation des durées. Il reste à formaliser tout cela, contraction des longueurs, dilatation des durées, de manière précise. Mais comme toutes les conclusions d’Einstein proviennent de l’étude des transformations de Lorentz appliquées à la mécanique, il convient de regarder d’où viennent ces formules et comment elles ont été établies.
  14. Le désir aspire à sa pérennité car il a toujours su qu'au travers du plaisir qu'il fait semblant de poursuivre, il poursuit sa propre mort. D'où le lien occulté par la culture occidentale : désir-mort. En saisissant l'objet susceptible de me procurer du plaisir c'est bien ma propre mort que je poursuis, en tout cas la mort de l'être désirant que je suis, la mort, au fond, du désir. C'est pour cela que l'une des figures privilégiée du stade esthétique ne peut être que Don Juan, car Don Juan n'est pas un jouisseur, il en est même la figure la plus opposée. Don Juan est le séducteur, et l'aventurier du désir, celui qui essaye de ne se tenir que dans le désir. Désir et plaisir ouvrent sur la mort selon deux modalités totalement opposées, plutôt jouissance que plaisir. Le plaisir se définit comme étant marqué par l'organicité, la sensation, alors que dans le terme jouissance il y a place pour la représentation symbolique du plaisir. La jouissance est cet au-delà du plaisir. Je continue à fantasmer au-delà même précisément du plaisir réel que je peux tirer de telle ou telle expérience. C'est comme si, au sein même de cette expérience, qui est une expérience de plénitude, un creux indicible se formait et indiquait que l'objet susceptible de conférer un plaisir absolu était posé comme impossible et toujours absent. La jouissance dit quelque chose de l'absence. Même dans l'étreinte, même dans la présente la plus « présente » quelque chose d'absent est toujours absolument là. Mais justement c'est le mystère de la jouissance, il n'y a pas que frustration ou désespoir, il y a cette projection permanente, cette fantasmatisation d'un objet idéal qui ne peut pas exister, à la poursuite duquel nous sommes tous individuellement, qui à la fois alimente le plaisir et en même temps donne la possibilité strictement humaine d'avoir du plaisir de notre propre plaisir. La jouissance est cette promesse d’un plaisir toujours autre vers lequel nous tendons et qui est susceptible en retour de faire que nous soyons non pas totalement emprisonnés dans la sensation du plaisir, mais au-delà de cette sensation, nous élever au plaisir du plaisir. Comme cet objet de la jouissance n'existe pas, c'est un objet que nous devons poser symboliquement mais c'est à ne pas exister qu'il peut nous tirer vers l'avant toute notre vie. La jouissance ne peut ouvrir que sur la mort puisque rien ne viendra la donner, elle ne pourra rien habiter qui soit limité donc elle finit par se confondre avec la mort. La jouissance nous voue à la mort et le désir poursuit sa propre vie au travers du plaisir qui nécessairement le nie, mais également dans tout désir se poursuit le désir de l'autre (Hegel). Ce n'est pas l'autre que je désire, ce que je désire c'est le désir de l'autre. Quand ce désir vient à manquer, j'ai l'impression de ne plus véritablement exister. Sous les thèmes de jouissance et de désir qui nous semblent tout à fait positifs se cache du négatif et ce négatif se manifeste au travers de la figure de la mort : la figure du Commandeur pour Don Juan. En ce sens Don Juan ne peut que mourir non pas pour des raisons morales, mais pour des raisons d'économies libidinales. Il ne peut que convoquer, provoquer la mort. La dimension métaphysique de Don Juan est gommée chez Molière c'est pour cela que Kierkegaard choisit le Don Juan de Mozart, le mythe : le livret de Da Ponte et l'opéra de Mozart lui-même. La scène de l'invitation à souper et le souper avec le Commandeur figure métaphoriquement le moment où se révèle la vérité en même temps que la réalité du désir. Et ce moment de révélation où le désir est révélé à lui-même, où il saisit sa propre essence, c'est le moment où il est foudroyé c'est-à-dire le moment où il bascule dans la mort. « La femme est le fini…donc un être collectif, toute femme est légion, voilà ce que seul comprend l'érotique ». La femme doit être ici utilisée comme un terme générique. La femme ne réside en aucune femme particulière mais chacune exprime la femme d'une façon déterminée, particulière et contingente. Conséquemment l'homme éveillé à l'idéalité poursuivant la Beauté, l'Amour, le Plaisir, la femme n'existant nulle part, elle ne leur être que légion.
  15. Si je tente une reconstitution des évolutions historiques de notre société je constate en remontant vraiment très loin, que les Français ont cédé aux sirènes de la société de consommation quand ils se sont aperçus que celle-ci leur permettait de se libérer des autres, de ne plus fréquenter les autres. Ainsi, avant même que la société de consommation soit, les Français n’avaient déjà plus envie d’être ensemble. La consommation n’a pas provoqué la dislocation de notre société, non le désir de dislocation préexistait. La consommation a révélé ce désir inconscient. Les Français ne s’aiment pas entre eux. Ils ne se détestent pas non plus. Mais l’autre, en ce qu’il peut mobiliser l’attention, le don de son temps, l’autre est de trop. Les Français ne veulent pas être obligés de fréquenter l’autre. Toute opportunité de consommation permet de se débarrasser de la sollicitation possible de l’autre. L’autre est souhaité être rien. Macron : dans les gares il y a ceux qui ont réussi et il y a les autres : rien. Pour Macron les autres sont rien. Macron est Français. Il dit la parole du Français moyen et aisé. Mais considérer que les autres sont rien rend aveugles. Ceux qui considèrent que les autres, les humbles, sont rien, finissent par prendre des décisions qui blessent violemment les riens. Alors les riens s’éveillent. Les Gilets jaunes. En s’éveillant les riens prennent conscience de leur pouvoir : début de la révolution. Les riens veulent le pouvoir, pas tout le pouvoir ! Mais ils veulent communier dans le pouvoir ( décider de leur histoire sociale). Mais là les riens vont rencontrer une résistance terrible. J’ai entendu un journaliste dire qu’un vrai Gilet jaune ne peut pas avoir des revendications portant sur le pouvoir. Pour ce journaliste les Gilets jaunes doivent continuer d’être « rien ». Ce que découvrent aussi les riens, les Gilets jaunes, c’est qu’être ensemble, s’occuper de l’autre est soudain plus excitant que de nier l’autre. Si ce mouvement se consolide alors c’est un mouvement de négation de l’autre qui dure depuis 50 ans qui serait inversé.
  16. @holdman Il n’ y a pas de réalité au sens où vous l’entendez. Je pense que vous tendez vers une vision unifiée du monde qui vous empêche de discerner la manière dont le physicien travaille. Prenons l’exemple du train. Vous pensez que le train, quand il est animé d’une vitesse v, va au devant de B, point qui se trouve dans le train. Mais le point B se déplace avec tous les points du train, donc le train ne peut pas se rapprocher de B. Il me semble que vous vous mettez dans la peau d’un observateur extérieur au train. Du coup, bien sûr vous ne voyez plus les choses comme l’observateur qui se trouve dans le train et qui est emporté par le train. Votre « tension » c’est de fusionner en un seul personnage deux observateurs différents. Cette tension vers l’unité est une caractéristique, à mon avis, de l’esprit européen formé dans le principe d’Unité. Que ce principe vienne de la philosophie grecque ou du christianisme, là, je ne sais pas. Mais vous avez du mal à délier les choses. Idem pour la réalité. Vous tendez vers une conception de la réalité qui est l’Un, l’unité. Dans le cas de la relativité, un même événement, une même réalité est mesurée de deux manières différentes selon la position et la condition physique particulière de l’observateur. Il y a deux observateurs et ces deux observateurs ne trouvent pas les mêmes mesures pour un même événement. Vous tendez à unifier les deux points de vue. Vous n’ y arriverez pas. La tendance occidentale c’est de s’identifier avec un dieu qui aurait une connaissance immédiate de tout quelle que soit sa position spatiale ou temporelle. Vous vous mettez à la place de ce dieu et vous vous dites : puisque j’embrasse tout dans son unité, quelle est la durée exacte de l’événement considéré (ou sa longueur exacte) ? Le dieu en question verra pourtant deux mesures différentes non pas pour lui mais pour les observateurs. Et lui que verra t il ? s’il embrasse tout ? Si l’éternité pour lui est le temps néantisé ? Si l’espace pour lui ce sont des distances néantisées ? Peut être verra t il tout dans un état d’immobilité totale. A vrai dire je n’en sais rien ; ce type de question est propre à la culture européenne occidentale. A la philosophie occidentale. Mais il est possible que votre questionnement tienne tout simplement à une conception de l’espace et du temps qui vous égare. L’espace et le temps n’existent pas en tant qu’objets. En leur donnant une existence objective, en en faisant des objets, vous pratiquez des voies qui mènent dans des impasses. Einstein passe son temps à dés-idéaliser l’espace et le temps. Il renvoie sans cesse à des mesures de longueur, à des durées relevées sur des horloges (le physicien est quelqu’un qui mesure tout le temps, qui utilise tout le temps des instruments de mesure, règle graduée, chronomètre, multimètre etc, le physicien n’est pas dans les étoiles, et son travail est souvent pénible, surtout quand il mesure, quand il doit évaluer les erreurs de mesure, c’est d’un chiant d’ailleurs ! ). Tout cela pour inciter à sortir de l’idéal, tout cela pour inviter à se concentrer sur le coté éminemment pratique, voire trivial des choses. Lui est dans le concret, le pratique. Pas dans la philosophie, ni dans l’idéalisation. Son but c’est agir sur la réalité. Cela l’oblige à être sans cesse terre à terre, comme l’exige toute action réelle. Et si ce principe d’action le conduit à découvrir des choses « étranges » il passe outre. Il accepte l’étrangeté du monde, sans se poser de question, car il est animé que d’une seule intention : agir sur le réel. Agir. Pas philosopher.
  17. Toute révolution ne ne sait pas révolution quand elle commence, sauf peut-être les révolutions bolchevique ou maoïste car elles ont été longuement construites, sur le plan des actes, par Lénine et Mao. Sinon la révolution démarre le plus souvent par une révolte contre l’injustice. Quand il n’existe qu’une souffrance physique la révolte prend fin dans l’obtention de mesures qui apaisent cette souffrance. Quand, au-delà des problèmes matériels, règne l’injustice sociale, alors la révolte peut devenir révolution. La révolution ouvre sur la conquête espérée du pouvoir, du pouvoir de décider de son destin. En demandant le referendum initiative citoyenne les Gilets jaunes donnent une incarnation à leur désir de décider de leur destin. Les Gilets jaunes ont d’abord subi l’injustice couplée aux difficultés matérielles. Mais c’est l’injustice qui a d’abord motivé leur colère. L’injustice peut, au-delà de la colère, engendrer la violence. Celle ou celui qui subit l’injustice depuis trop longtemps, de manière répétée peut choisir de mourir : alors elle ou il devient dangereux. Celle ou celui qui n’a plus peur de mourir devient une bombe latente.
  18. La révolution est imaginée comme un lieu spirituel de rencontre sociale dans lequel chacun collaborerait avec chacun pour déterminer un destin commun. C’est l’idée qu’il puisse exister un destin commun qui a aujourd’hui disparu. La collaboration de chacun avec chacun est désormais perçue comme une contrainte, pas comme un choix libre. Nous coopérons ensemble parce que nous y sommes obligés pour des raisons pratiques, économiques. Mais cette coopération ne répond pas à un désir. Le désir d’être ensemble et de construire un destin commun n’existe pas, n’existe plus. Les Gilets jaunes dans leur revendication d’un referendum d’initiative populaire tentent de reconstruire cet espoir d’une communauté de destin désirée. Eux-mêmes vivent des moments qui leur resteront inoubliables, ils communiquent entre eux, font la fête entre eux, et cette ambiance de fête est nourrie par cet espoir de construire un avenir commun, sous l’effet de leurs volontés individuelles conjugués. Ils rêvent d’un avenir construit ensemble par désir, non par nécessité.
  19. Einstein continue son développement par ce titre : « La signification physique des équations obtenues par les corps rigides et les horloges en mouvement » Il prend deux référentiels inertiels, l’un au repos K, l’autre k qui se déplace à une vitesse v par rapport à K. Soit une sphère rigide liée à k. Chaque point M de la surface extérieure de cette sphère, de coordonnées x’, y’ et z’, satisfait l’équation suivante : x’² + y’² + z’² = R² (R : rayon de la sphère). Il s’agit ici de l’équation d’une sphère. Supposons que le centre O’ de cette sphère coïncide avec l’origine O du référentiel K au temps t=t’=0. L’équation x’² + y’² + z’² = R² devient en remplaçant x’, y’ et z’ par leurs valeurs dans le référentiel K (transformations de Lorentz vues précédemment) : (x -vt)² / (racine de 1 – (v/c)²)² + y² + z² = R². Mais vt = 0 au temps t = t’ = 0 et on trouve l’équation suivante : x² / [ 1 - (v/c)² ]+ y² + z² = R². Il s’agit ici de l’équation d’un ellipsoïde dont les demi-axes mesurent R x racine de 1-(v/c)², R et R. Einstein conclut ainsi : « Alors que les dimensions en y et z de la sphère ne sont pas modifiées par le mouvement, la dimension en x est raccourcie selon le rapport racine de 1-(v/c)². Le raccourcissement est d’autant plus grand que la vitesse v est grande. Pour v = c tous les corps en mouvement lorsqu’observés depuis un système au repos se réduisent à des plans [ici le plan Oy, Oz ] » Ainsi le jeune Einstein vient d’établir et de quantifier le coefficient exprimant la contraction des longueurs (longueurs dans le système en mouvement, observées et mesurées dans le système au repos, les longueurs dans le système en mouvement, vu par l’observateur lié au référentiel en mouvement, ne sont pas raccourcies) tel que nous l’employons aujourd’hui.
  20. [¡ Ay voz secreta del amor oscuro !] Ay voz secreta del amor oscuro ¡ ay balido sin lanas! ¡ay herida ! ¡ ay aguja de hiel, camelia hundida ! ¡ ay corriente sin mar, ciudad sin muro ! ¡ Ay noche inmensa de perfil seguro, montaña celestial de angustia erguida ! ¡ ay perro en corazón, voz perseguida ! ¡ silencio sin fin, lirio maduro ! Huye de mí, caliente voz de hielo, no me quieras perder en la maleza donde sin fruto gimen carne y cielo. Deja el duro marfil de mi cabeza, apiádate de mí, ¡ rompe mi duelo ! ¡que soy amor, que soy naturaleza ! Traduction André Belamich Voix secrète Ô voix secrète de l’amour obscur ! ô bêlement sans laine ! ô vive plaie ! ô aiguille de fiel, fleur étouffée ! torrent loin de la mer, ville sans murs ! ô nuit immense avec un profil sûr ! cime céleste d’angoisse dressée ! cœur aux abois et voix persécutée ! silence sans limite et iris mûr ! Fuis loin de moi, brûlante voix de glace. Tu ne veux pas me perdre au labyrinthe où gémissent sans fruit et la chair et l’espace. Laisse le dur ivoire de ma tête et prends pitié de moi, mets un terme à mes larmes : je suis amour, je suis nature vierge !
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