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satinvelours

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Tout ce qui a été posté par satinvelours

  1. Pour Jaspers cette idée qu'il n'y a pas de pensée véritable sans qu'on n'ose aller jusqu'aux confins de ce qui fait l'homme, c'est-à-dire sa raison, et que l'on essaye de voir les méandres de cette raison, voire ce qu'elle devient lorsqu'elle vole en éclats, c'est quelque chose qui est central dans sa pensée. Pour lui on ne peut aborder l'existence si on ne mène pas cette expérience. Ceci permet, pour les lecteurs, de bien faire comprendre combien la rationalité doit se comprendre comme une construction. Non pas comme quelque chose qui est acquis, donné. La raison est une donnée qui nous est livrée dès notre naissance, mais c'est une construction qui est le produit d'une histoire, celle de notre culture. Et pour Jaspers tenter de prendre en charge, non pas forcément de connaître, notre existence exige, en tout cas c'est une nécessité pour le philosophe, de prendre la rationalité comme le fruit d'une construction, que donc au travers de l'expérience de la folie on la déconstruise, de façon que l'ayant déconstruite, on s'attache alors à la reconstruire. Il y a là comme un double mouvement déconstruction–reconstruction de la rationalité et c'est ce travail qu'il assigne à la philosophie, qu'il va essayer de conduire lui-même, qui lui permettra non pas d'embrasser l'existence comme totalité, idée tout à fait contraire à Jaspers, mais de prendre en charge chacun d'entre nous notre propre existence et d'en voir à la fois la fragilité, puisqu'elle risque d'éclater, et de l'autre côté avec ce qu'elle peut conserver de force et de mystère. Nous sommes ici dans une pensée un peu comme Kierkegaard où l'idée d'un noyau dur, impénétrable, c'est-à-dire dans laquelle la pensée purement logique, la pensée philosophique et encore moins la pensée scientifique peut pénétrer. Nous sommes, aussi bien avec Kierkegaard, Jaspers que Gabriel Marcel, probablement liés au fait que ce sont des pensées qui posent Dieu et qui essaient de relier de toutes les façons l'existant à Dieu, dans des pensées du mystère. Il y a un mystère de l'existence, n'essayons pas de l'éclairer mais au contraire nourrissons nous de ce mystère, car c'est ce mystère qui fait de chaque existence quelque chose d'unique, quelque chose que nous éprouvons, qui se donne à vivre et, il faut souhaiter, que nous ayons envie de vivre. Si nous arrivions à faire totalement la lumière sur ce mystère, pour quelqu'un comme Jaspers, l'existence perdrait son sens et nous serions tous dans le risque de devenir mélancolique pour reprendre le terme de Kierkegaard. Il faut donc mettre à l'épreuve cette existence, lui faire subir des pressions, au risque de l'éclater. Et pour Jaspers la philosophie ne doit pas s'installer dans une seule forme de rationalité mais doit varier justement les éclairages. On peut dire que l'œuvre de Jaspers montre assez bien cette variété d'éclairage posée sur l'existence.
  2. Paris, le 12 février 2019 Bon anniversaire Samuel, Quinze ans déjà, un immense chemin parcouru depuis tes dix ans lorsque tu rencontras Nicole et moi. Tu étais alors un tel rebelle que nul ne pensait que tu aurais pu entrer en sixième. Nous avons deviné que ta marginalité de l’époque masquait un esprit original et créatif. Nous t’avons transmis nos savoirs. Tu es venu à nous et nous avons compris ce que tu attendais de nous. Et nous te transmettons aussi notre amour. Aujourd’hui tu étudies à New-York, en septembre tu continueras tes études à Moscou. Tel les Radhanites tu sillonnes le monde, tu connais déjà quatre langues, le français, l’anglais, le russe et l’espagnol. Qui sait si, après Moscou, tu n’iras pas étudier ailleurs. Ton avenir reste ouvert. Tu excelles en maths, tu excelles en tout. Cela grâce à ton tempérament actif qui te pousse à toujours progresser. Garde cette exigence elle te portera au plus haut. Tu fais des rencontres qui toujours te permettent d’aller plus loin. Tu nous a rencontrés à Paris, tu as rencontré Zak à Harlem, il t’a appris la musique comme les Noirs savent y accéder sans le secours du solfège. A Moscou tu as rencontré le maître de danse sur la place Rouge, il t’a intégré au Bolchoï pour septembre, le Bolchoï, le temple de la danse où tu vas apprendre à manier le sabre que je t’envoyais dans ton sommeil éveillé pour te permettre de vaincre les ombres. Il existe une réalité, dont nul ne sait rien, qui te pilote. N’oublie pas que les rencontres que tu fais tu ne les décides pas. Le mystère des rencontres est un mystère piloté par un Autre. Exploreras-tu demain les forêts de Sibérie, y rencontreras-tu la Fée ? Garderas-tu un œil sur la voûte céleste pour y vérifier que Jupiter est toujours là pour toi ? Va ton chemin Samuel, les dieux, les esprits des ancêtres, veillent sur toi. Je t’aime.
  3. Qu'est-ce donc que l'englobant ? L'englobant chez Jaspers est cette « totalité » à jamais achevée, c'est la réconciliation de deux choses nécessaires à notre pensée : d'une part l'existence d'un sujet qui pense, et de l'autre côté un objet qui s'offre à cette pensée. Toute la philosophie de Jaspers commence par l'idée d'une scission nécessaire. Il rappelle que depuis Platon penser revient en effet à se donner ou à poser un objet qui est nécessairement autre, différent de notre pensée et la pensée ne va pouvoir s'effectuer, c'est-à-dire accomplir sa tâche de pensée, qu'en se saisissant de cet objet et en s'opposant à lui. On appelle donc pensée analytique la pensée occidentale qui ne peut procéder que par division successive sujet-objet. Mais tout se passe comme si Jaspers nous faisait comprendre qu'on ne peut diviser qu'à partir d'une unité préconstituée. C'est-à-dire si je dois diviser c'est que nécessairement j'ai à ma disposition quelque chose qui ne l'est pas encore. Il nous faut admettre que préside à la pensée analytique, celle qui va diviser en sujet-objet, les choses pour pouvoir penser, puis ensuite construire des catégories de pensées différentes et précises, que préside à cette pensée quelque chose qui est un et qui un peu comme un horizon, ce que Heidegger appelle l'horizon de toute pensée, l'être, permettrait cette pensée et que Jaspers va nommer comme étant l'englobant. L'intérêt de l'englobant et cette tâche aveugle de la pensée, nécessaire à ce mouvement de la pensée et néanmoins jamais pensable en tant que telle. Il y a dans le terme englober l'idée que l'on va rassembler quelque chose et maintenir ces choses, néanmoins distinctes, ensemble et les protégeant d'autres choses. C'est cette dimension chaleureuse et véritablement humaine qui va caractériser la pensée de Jaspers. Cette pensée de l’englobant est centrale dans la pensée de Jaspers. Au travers de cette idée d'un englobant, pour Jaspers la tâche véritable de la pensée qui se confond avec la philosophie est paradoxale, cela explique qu’il va entrer lui aussi dans le champ philosophique et d’une façon paradoxale, puisqu'il s'agit de malmener la pensée, c'est-à-dire de la confronter sans cesse à ses propres limites. Ses propres limites qui sont, dans la philosophie occidentale, dans la culture occidentale, celles de la raison. Malmener la pensée, la confronter à ses limites c'est la confronter aux limites de la raison, de la rationalité et de ce point de vue là il faut se rappeler une chose, c’est la formation de médecin puis de psychiatre de Jaspers. Il a une expérience professionnelle de ce qu'on appelle la folie, plus exactement la maladie mentale dont on peut considérer qu'elle représente une brèche dans la raison, et, de l'autre côté, cette expérience là l'amènera à travailler sur certains auteurs qui ont été frappés par la folie, Strindberg, Van Gogh, Swedenborg et Hölderlin, quatre créateurs dont on sait qu'ils ont sombré un moment, parfois très jeunes pour certains, dans la folie en général, dans la schizophrénie puisque le diagnostic commun à ces quatre penseurs et créateurs c'est le diagnostic de schizophrénie.
  4. Il est nécessaire d’abord d’évacuer cette question du ton professoral. J’utilise le forum comme un instrument, une sorte de miroir. Je ne cherche donc pas le contact humain (sauf exception, comme le tour que prend par exemple notre dialogue). Avec le forum comme scène privée je fais des allers retours avec moi-même, la scène publique, celle que je vis en réel, étant d’une autre nature. Bien sûr aucun objet physique n’est directement accessible. C’est la question de la chose en soi. Les sens captent les effets des objets réels, pas les objets eux-mêmes. Néanmoins tout commence par la perception sensible et tout y revient. Nous ne nous interrogeons pas sans cesse sur « mais qu’est-ce que je perçois? » Quand l’enfant naît nous le prenons d’abord dans nos bras et nous le prenons tel qu’il est sans penser qu’il pourrait n’être qu’un effet. C’est qu’il s’agit de vivre aussi, d’aimer, d’éprouver de la joie, du plaisir, etc. Je fais la différence entre l’objet perçu et l’objet conçu. C’est pour moi nécessaire. Je ne peux pas mettre sur le même plan l’espace-temps qui est un objet conçu par moi (par les hommes) et le sol que je foule qui est peut-être interprété par moi (en tant qu’être humain) comme étant un sol mais qui s’impose aussi à moi comme étant un sol. Je dois tenir les choses que je perçois pour des objets réels, sinon je ne vis pas longtemps et j’ai tôt fait de mourir dans le premier incident venu. Je peux réfuter l’existence de l’espace-temps je ne peux pas réfuter le sol sur lequel je marche. Il en va de l’espace-temps comme il en va de Dieu, ce sont des êtres conçus par les hommes. Cela ne signifie pas qu’ils sont des néants. Cela signifie qu’ils désignent autre chose que ce que l’on finit par croire qu’ils signifient, que ces êtres sont eux-mêmes des messagers de quelque chose d’autre que je ne perçois pas, ni que je puisse intellectualiser. Pour la relativité j’avance lentement. Je vois qu’Einstein, en1905 pour démontrer la désynchronisation des horloges utilise une quantité formée par la somme de la vitesse de la lumière et de celle du référentiel sont il s’agit. Pour moi ça ne va pas, c’est incohérent. Il est impossible d’additionner ces vitesses si je tiens pour vrai la théorie de la relativité. Je vois ensuite qu’il écrit que le rythme des horloges est une fonction du mouvement relatif du référentiel sur lequel elles se trouvent. Pour moi ça ne va pas. C’est insensé. Cela rentre en contradiction avec le principe de relativité. Quelque chose cloche. Je sais, je suis en train de contester Dieu. Et bien oui Jacob se bat aussi contre l’Ange, il ne se satisfait pas de lui lécher les pieds. Il est vrai que cela n’a pas vraiment d’importance finalement. Mais il me fallait étudier de près ces nouveaux prophètes devant lesquels les masses d’aujourd’hui s’agenouillent. Ces nouveaux prophètes ne sont que des hommes, ils avancent sans comprendre ce qui se passe. Ils nous donnent des moyens d’action sur le réel (celui qui s’impose à nous) [c’est pour ça que nous les admirons ils contribuent à notre jouissance terrestre!] mais ils ne nous éclairent pas le moins du monde sur la réalité des choses.
  5. Jaspers ou l'existence comme possible Rapidement présenté : Karl Jaspers est un psychiatre et philosophe allemand 1883-1969. Un problème permettra de comprendre sa conception de l’existence : il naît avec un problème bronchitique sévère s'accompagnant de troubles cardiaques très graves. Dans son autobiographie il dit très clairement que c'est la maladie qui a déterminé la totalité de son existence, ses choix politiques, ses études de médecine et son entrée en philosophie. Son opposition au régime nazi le désigne comme déporté potentiel. En 1931 il obtient un poste d'enseignement philosophique à l'université de Heidelberg où Kant a officié toute sa vie. Il se fait retirer ce poste en 1937, il est mis à pied par les nazis, et interdit de publication. 1958 : La bombe atomique et l'avenir de l'homme sera son dernier grand texte. La position de ce philosophe s’enracine totalement dans l'histoire. Il y a une relative continuité entre Kierkegaard et Jaspers, puisque pour lui également l'existence n'est pas objectivable, n'est pas véritablement conceptualisable, véritablement pensable. Jaspers partage avec Kierkegaard son horreur, le même mépris du système et, d'autre part, de toute philosophie savante. En effet c'est de l'existence et particulièrement ce qu'on appelle l'existant qu'il va falloir partir. La première question que l'on pourrait se poser : Peut-on penser l'existence ? Non, on ne peut penser l'existence. C’est une des premières raisons que Jaspers va expliquer pour justifier le fait que l'existence est à la fois ce qui nous est donné et ce qui nous est retiré dans cette expérience existentielle qui est la nôtre. Toute existence renvoie à ce que Jaspers appelle l'englobant. Il faut partir de cette notion pour peu à peu pénétrer dans sa pensée. Ce terme d'englobant est un terme qui pourrait être synonyme de totalité, de tout, mais néanmoins on peut observer deux choses : 1) Ce ne sont pas ces termes que Jaspers utilise. Cette non-utilisation peut être assimilée à un refus car effectivement les termes de tout, de totalité que l'on trouve dans la grande philosophie spéculative allemande font trop référence à l'idéalisme et aux abstractions propres aux philosophies idéalistes (Hegel). Parler de totalité eut été trop hégélien. 2) L'utilisation du participe présent qui induit une idée d'un processus qui n'est pas achevé, qui est en train de se faire et dément totalement l'idée d'une totalité absolument achevée. Si cette totalité existe quelque part, en tout cas l'homme et la pensée discursive de l'homme ne peuvent absolument pas la penser.
  6. Madrugada Pero como el amor los saeteros están ciegos. Sobre la noche verde, las saetas, dejan rastros de lirio caliente. La quilla de la luna rompe nubes moradas y las aljabas se llenan de rocío. ¡Ay, pero como el amor los seateros están ciegos! Traduction : Pierre Darmangeat Petit jour Mais comme l’amour ceux qui lancent la saeta sont aveugles. Sur la nuit verte, les saetas laissent des traces d’iris chaud. La quille de la lune fend des nuées violettes et les carquois s’emplissent de rosée. Ah ! mais comme l’amour ceux qui lancent la saeta sont aveugles ! Le poète joue avec les mots. dans le poème apparaissent les archers qui, tels des cupidons, lancent leurs flèches les yeux bandés. https://www.youtube.com/watch?v=3DjsjISeJn8
  7. C'est beau ! La sonorité rappelle le luth. Mais l'instrument avec lequel Julian Bream interprète "La canción des emperador" semble être une vihuela ?
  8. Lettre 51 10 février 2019 Samuel, Vers la fin du X ème siècle l’Empire abbasside a créé un monde islamique uni par la religion (l’islam), la langue (l’arabe) et l’économie (les relations commerciales). Mais ce monde a perdu son unité politique. Trois monarques revendiquent le titre de calife, celui de Bagdad, celui du Caire et celui de Cordoue. L’Empire abbasside était trop vaste et les structures administratives et militaires trop lâches pour que le calife de Bagdad pût maintenir l’unité d’une telle étendue géographique. Après la mort de Haroun al-Rachid en 809 la Perse et la Mésopotamie connurent des troubles politiques constants qui finirent, en 945, par porter au pouvoir une famille perse et chiite : les Bouyides. Ils laissèrent au calife son titre mais ce fut désormais eux qui régnèrent sur la partie orientale de l’Empire. Dans le centre de l’Empire une branche radicale des chiites, les Ismaéliens, réussit à installer en Tunisie en 908 l’imam Ubaydallahn premier calife d’une nouvelle dynastie, les Fatimides, lesquels finirent par régner sur l’ Afrique du Nord, l’Égypte, la Syrie, la Palestine et l’Arabie occidentale (le Hedjaz). La capitale de leur territoire était al-Qahira, la Triomphante (Le Caire aujourd’hui). A l’ouest, l’Espagne, al-Andalus en arabe, sous l’impulsion d’un descendant des Omeyyades prit son indépendance vis-à-vis de Bagdad en instituant son propre califat à Cordoue. [Note. Les chiites sont des arabes musulmans qui considèrent que le califat aurait dû revenir au fils d’Ali (le quatrième calife) lorsque mourut le cinquième calife : Muawiya, le fondateur de la dynastie omeyyade. Mais ce dernier désigna Yazid, son fils, comme successeur. Hussein le fils d’Ali refusa de se soumettre. Ce différend donna lieu à une bataille armée dans laquelle Hussein et les siens furent massacrés. Les vaincus constituèrent une dissidence musulmane : les chiites. Les autres, ceux qui gardèrent le pouvoir, furent appelés : sunnites. Au cours des années les chiites nommèrent parmi eux ceux qu’ils considéraient comme les califes légitimes : les imams. Puis ils se scindèrent en deux branches. La première arrêta la pratique de nomination au douzième imam : Mohammad. Celui-ci « disparut » en 940 et devint un personnage mythique: le Mahdi, qui réapparaîtra quand Dieu le décidera pour sauver le monde (il s’agit donc d’une variante du Messie chrétien ou juif). La deuxième s’arrêta au septième imam, Ismaël, lequel fonda une secte : les ismaéliens, politiquement actifs et violents. Cette secte finit par prendre le pouvoir avec la dynastie des Fatimides.] En Espagne (voir lettres 46 et 47-2) Tariq ibn Zyad débarqua à Gibraltar en 711 et chassa les Wisigoths libérant du coup les Juifs des persécutions menées contre eux. L’Espagne, ou al-Andalus devint une province omeyyade. En 750 les Abbassides prirent le pouvoir en massacrant les Omeyyades. Un rescapé des massacres l’Omeyyade Abd al-Rahman s’enfuit en Espagne où il fut reconnu comme chef. En 756 il s’installa à Cordoue, se nomma émir, reconnut l’autorité religieuse de Bagdad mais affirma son indépendance politique. Bagdad était trop éloignée de Cordoue pour pouvoir intervenir. En 929 un des descendants de Abd al-Rahman, Abd al-Rahman III prit le titre de calife rompant ainsi définitivement avec Bagdad. La population sous contrôle de Cordoue était composée d’Arabes, de Berbères, de chrétiens, de Juifs et de Wisigoths. Le pouvoir choisit la tolérance comme mode de gouvernement. Le mélange des populations et des cultures créa dans cet « extrême occident » du monde musulman un univers raffiné, avec l’édification de monuments qui forcent encore aujourd’hui notre admiration, avec le développement des arts, dont celui des jardins botaniques, celui de la poésie, celui de la musique, la recherche du plaisir de vivre et celui des relations intimes, préfigurant l’amour courtois occidental. Dans ce monde-là les Judéens s’intégrèrent avec bonheur. Ils créèrent de nouveaux cadres de référence culturels juifs en puisant abondamment dans les avis du babylonien Saadia mais aussi en s’inspirant des textes néo-platoniciens et des textes d’Aristote, textes diffusés et commentés par les philosophes musulmans : al-Farabi, Averroès et Avicenne. Ainsi créèrent-ils un modèle juif héritier de Babylone mais emprunt aussi de particularités propres au monde musulman dans lequel ils vivaient. A l’exemple du modèle babylonien le modèle juif d’Espagne se construisit autour d’une classe de Juifs très influents à la cour de l’émir puis à celle du calife : conseillers politiques, financiers, diplomates, dont la figure emblématique au dixième siècle fut celle de : Ibn Shaprut (905-975). Promu par le calife Abd al-Rahman III (dont il devint le médecin) président de la communauté juive d’Andalousie il fut un grand commis du royaume musulman, fin diplomate traitant avec l’empereur byzantin Constantin VII ou l’empereur germanique Otto 1er. Il organisa la première visite en Andalousie d’un prince chrétien espagnol, il entretint avec toute la diaspora une correspondance soutenue. Il transforma Cordoue en un grand centre autonome de savoir juif, y recueillant des manuscrits philosophiques et religieux en provenance des bibliothèques juives de Babylonie, de Palestine, d’Italie et de Byzance. En cela il fut influencé par les califes arabes d’al-Andalous, lettrés, poètes, aimant s’entourer de savants et de livres. Ibn Shaprut introduisit la métrique arabe dans la poésie hébraïque en écrivant des poésies profanes, une première dans le monde juif dont le génie poétique était jusque là surtout lié au domaine religieux. Il favorisa le développement du commerce entre al-Andalus et le monde occidental et moyen-oriental. A son époque Cordoue était la plus grande ville d’Europe comptant entre 300 000 et 500 000 habitants alors que Paris n’en comptait que 20 000. Ainsi se constitua en al-Andalus, un deuxième centre de mémoire juive, faisant pendant à celui de Babylone, influencé par le savoir-vivre et la culture propres aux Arabes andalous. J’espère que tu vas bien, Je t’embrasse avec amour,
  9. N’oubliez pas que, concernant la physique je ne suis pas un sachant mais un « apprenant ». Ma méthode personnelle (pour apprendre) est de toujours tout resituer dans l’histoire des idées. Les contradictions que vous relevez dans mes exposés tiennent à ceci : j’expose les idées de la physique selon leur ordre chronologique d’apparition. Si nous mettons sur la même position temporelle telle ou telle idée bien sûr ça ne va pas. Les concepts d’espace-temps, de force etc. sont bien sûr des objets mais ce sont des objets mentaux Je fais la différence entre l’objet physique dont la perception relève des sens (confer l’esthétique transcendantale de Kant) et l’objet mental dont la source est l’entendement (confer la logique transcendantale de Kant). Au passage vous voyez combien la philosophie irrigue la pensée scientifique. Non la relativité n’est pas réfutée. Mais je conduis ma pensée en ne me soumettant qu’à ma compréhension personnelle des faits. Tant que je ne comprends pas je questionne, je mets en doute. Je ne mets pas en doute la théorie elle-même pour cette simple raison qu’elle est vérifiée par les faits, certainement pas parce que j’aurais fait d’Einstein un prophète. Ne jamais baisser la tête devant personne, pas même devant Dieu, que Dieu soit l’Éternel ou la Convention Universelle de la pensée humaine. (Confer le combat de Jacob contre l’ange). Comme vous le voyez non seulement la philosophie irrigue la pensée scientifique mais aussi la culture religieuse. J’en reviens à la relativité. Les explications données par Einstein pour expliquer ce simple fait : le retard des horloges ne me convainquent pas. Il y a des contradictions dans son raisonnement, du moins dans son raisonnement avant que n’apparaisse l’espace-temps. J’observe d’ailleurs que les seules explications qui finalement valent ce sont celles données par le modèle mathématique de l’espace-temps. Cela ne me satisfait pas. Il est probable que je finirai par tomber sur un mur, tant que je ne recourrai pas à l’espace-temps, le même mur (le mur de la logique, pas celui de l’intuition ou de l’imagination créatrice) que celui sur lequel est tombé Einstein avant que l’espace-temps ne déboule sur la scène grâce à Minkowski. Mais je veux, moi aussi, affronter ce mur. Comme vous pouvez le constater, et vous allez vous en irriter, j’introduis des notions culturelles dans mon exposition, philosophiques et religieuses. Pourquoi ? Parce que que tout scientifique, tout homme (même vous) est lui aussi piloté par des conditions culturelles dont souvent (mais pas toujours) il ne prend pas conscience.
  10. Gauss est le premier à exposer la représentation géométrique des nombres complexes. Il souligne la correspondance entre les nombres complexes et les points du plan. Les nombres complexes sont représentés par les points d’un plan formé par l’axe des réels (en pratique : l’axe horizontal des x) et par l’axe des i (en pratique l’axe vertical, perpendiculaire à l’axe des x). Ainsi à chaque nombre complexe d’écriture générale a + ib il est possible de faire correspondre un point et un seul dont l’abscisse sera égale à a et l’ordonnée à b. Après les travaux de Gauss les mathématiciens vont élaborer le concept de vecteur. Les objets mathématiques : a + ib ; le point M du plan de coordonnées a et b ; le segment OM ; le couple ordonné de nombres (a,b) ont en commun des propriétés identiques à la fois d’ordre géométrique et d’ordre algébrique. Ce sont des objets différents qui réfèrent à une même propriété mathématique profonde. Cet objet mathématique abstrait se concrétise dans l’objet mathématique : vecteur.
  11. Lettre 50 8 février 2019 Samuel, L’enseignement et l’autorité des rabbins des yechivot babyloniennes vont être contestés par l’apparition d’un nouveau mouvement religieux : le karaïsme. Vers 830-860 Benjamin ben Moïse de Nehavend (ville située au nord-est de Bagdad) précise la doctrine karaïte fondée en 761 par Anan Ben David à Bagdad (ce dernier s’était vu refuser le titre d’exilarque au profit de son frère cadet ce qui le conduisit à contester l’ordre établi) : l’autorité de la Torah orale est rejetée (donc est rejetée l’autorité des rabbins) seule compte la lecture directe, indépendante et critique de la Torah écrite. Il est également exigé de revenir en Israël dans l’attente de la venue du Messie, celui qui doit sauver Israël et lui rendre sa gloire. Les karaïtes vont aussi être appelés « scripturalistes » car ils ne reconnaissent que l’écriture des textes bibliques. En Israël même la conquête de la Palestine par les Arabes (voir lettre 47-2 ) a permis aux Judéens de revenir à Jérusalem. Ce qui restait de l’autorité religieuse en Palestine, la yeshiva de Tibériade en Galilée, dite yechiva d’Eretz Israël (ce qui signifie : terre d’Israël) s’installe à Jérusalem. Les Judéens abandonnent progressivement l’agriculture exercée en Galilée pour rejoindre les villes où ils peuvent développer une activité commerciale et artisanale. L’autorité d’Eretz Israël tient en ce que cette yechiva organise chaque année un pèlerinage à Jérusalem ouvert à toute la diaspora ; elle proclame aussi le calendrier des fêtes religieuses. Enfin de nombreux Juifs continuent de demander à être ensevelis au mont des Oliviers à Jérusalem dans l’attente de la résurrection. Le mouvement karaïte tend donc à redonner un rôle d’importance à la communauté juive d’Israël. Cependant les chefs des yechivot babyloniennes vont réagir et réaffirmer leur autorité sur l’ensemble de la diaspora. L’un de leurs chefs les plus influents, Saadia ben Joseph (882-942) devenu chef de la yechiva de Soura, va attaquer la doctrine karaïte et réduire l’autorité d’Eretz Israël en transférant aux autorités religieuses babyloniennes le droit de fixer le calendrier des fêtes. Il va continuer d’affirmer son autorité en faisant un effort de diffusion mondiale de la culture juive, notamment en se lançant dans la traduction en arabe de la Torah afin que ce texte soit accessible à tous les citoyens de l’empire abbasside, juifs et non-juifs. Cette traduction est toujours récitée de nos jours par toute les communautés juives arabophones du bassin méditerranée. La contre offensive de Saadia va casser le développement des karaïtes bien que leur doctrine aient plu à beaucoup de Juifs. Ce mouvement marquera tout de même les esprits car il préfigure, dans son exigence du retour à Sion (nom d’une colline de Jérusalem), le mouvement du même nom, le sionisme, qui se développera dans la diaspora beaucoup plus tard, à partir du 19 siècle. En Europe Charlemagne continue de favoriser l’installation des Juifs. Un brillant savant babylonien, le rabbin Makhir va s’installer à Narbonne et diffuser dans le royaume franc la culture talmudique babylonienne, supplantant ainsi la culture juive palestinienne qui à travers le talmud de Jérusalem (les recommandations des rabbins palestiniens) continuait d’inspirer les communautés juives européennes. Son fils Louis le Pieux (814-840) va poursuivre cette politique. Des rabbins, des médecins, des marchands juifs s’installent à Aix la Chapelle, à Augsbourg (ville située dans l’actuelle Allemagne, en Bavière), à Lyon. Leur sécurité personnelle et leur liberté religieuse sont garanties, ils peuvent voyager librement dans tout l’Empire et s’installer où ils veulent. Passant outre les directives de l’Église catholique Charlemagne et Louis le Pieux autorisent les Juifs à posséder des esclaves, à employer des nourrices et des domestiques chrétiens. Ils leur accordent des avantages fiscaux. Tout cela en raison de leur caractère actif et industrieux qui contribue ainsi à l’enrichissement du Royaume. Juifs et chrétiens vont finir par nouer des relations conviviales et par créer une véritable mixité sociale. Ils partagent les mêmes quartiers et bientôt les mêmes métiers, de nombreux Juifs s’installant comme agriculteurs et comme viticulteurs par exemple à côté des métiers traditionnels de commerçants et d’artisans. Cette entente va engendrer l’hostilité de plus en plus intense du clergé catholique contre les Juifs d’autant plus que de nombreux chrétiens, dont des ecclésiastiques, finissent par se convertir au judaïsme. Je t’embrasse, Je t’aime et tu sais combien je pense à toi,
  12. Concernant la physique je ne suis pas un sachant. Je suis un découvreur, je m’intéresse à la relativité par curiosité personnelle. Concernant la constance de la vitesse de la lumière, la poser comme postulat, c’est faire référence à l’histoire de la genèse de l’élaboration de la théorie de la relativité. Dans les faits ce postulat se déduit du premier postulat (si cette vitesse est constante dans un référentiel inertiel elle l’est dans tous les référentiels inertiels) et de certaines propriétés autres. Je suis d’accord avec vous quand à l’exagération du mot « postulat » employé dans la présentation de la relativité . Notons que ce mot « postulat » est toujours employé dans la présentation de la relativité, dans l’enseignement supérieur. Ce postulat est rédigé ainsi qu’il suit « Deuxième postulat [après celui du principe de relativité] le module de la vitesse de la lumière dans le vide est indépendant de l’état de mouvement de la source » Mais votre question porte plutôt sur le caractère démontrable d’une propriété physique. Est-ce possible qu’une propriété physique soit démontrable ? Mon premier mouvement c’est de répondre non. Pourtant tout se passe comme si certaines propriétés physiques étaient démontrables. A mon avis ce qui se passe c’est que nous avons d’un côté des faits observés, notés, mesurés etc. des principes formulés, comme celui de la relativité, celui de la conservation de la quantité de mouvement, etc. et d’un autre côté des modèles mathématiques construits à partir des faits observés et mesurés et des principes généraux propres à la physique. Dans le cadre du modèle mathématique nous pouvons démontrer telle ou telle propriété. Reste tout de même que nous devons sans cesse revenir à l’expérience pour vérifier que ces démonstrations mathématiques correspondent bien aux faits observés. Nous n’avons jamais la certitude que l’observation va vérifier nos démonstrations mathématiques car nous n’avons jamais la certitude que nos modèles coïncident absolument avec la réalité décrite. Cette réflexion conduit à cette autre réflexion : le modèle mathématique n’est jamais identique à la réalité observée. Même si le modèle mathématique nous permet d’être prédictif quand aux événements physiques nous devons sans cesse vérifier ces prédictions par l’expérience. L’habitude de constater qu’un modèle mathématique permet de rendre compte sans cesse de certains événements physiques finit par nous faire croire que le modèle mathématique est la réalité physique. Du coup certaines personnes vont finir par croire que le modèle agit sur le réel. Non le modèle n’agit pas sur le réel. Du moins sur le réel des objets identifiables en tant qu’objets. Dans le monde vivant, le monde humain, l’imaginaire, donc les modèles que nous créons, peuvent modifier le réel social. Jusqu’à un certain point tout de même. Dans cet espace-là, l’espace des esprits, oui l’imaginaire peut modifier le réel. Mais dans l’espace des objets physiques, pour moi, non, le modèle n’agit pas sur le réel. L’espace-temps par exemple reste un modèle mathématique, il n’est pas la réalité observée. Je reviendrai plus tard sur la question du paradoxe qui surgit dès lors que l’on met face à face la constance de la vitesse de la lumière et le principe de relativité.
  13. On en retire deux idées riches pour l'existentialisme : - Exister c'est tendre indéfiniment vers notre identité à jamais refusée, à jamais impossible. Aucune existence n'est totalisable pour quiconque. - Exister c'est faire le pari de notre liberté, à défaut de la connaissance que nous pouvons avoir de nous-mêmes. C'est dans cette brèche que l'existentialisme athée va s'engouffrer. Dans les chapitres de L'être et le néant sur autrui Sartre écrit, ce que je vise en l'autre quel que soit le mode relationnel qui est le mien à cet autre, c'est sa liberté. C'est l'autre comme conscience libre que je reconnais dans le travail de la reconnaissance. La relation amoureuse ne fait que dévoiler la contradiction dans laquelle tout un chacun se débat, c'est-à-dire cette nécessité qui me pousse à confisquer la liberté de l'autre. En lui conférant sa liberté je me mets en danger. De la même façon que l'autre m'a choisi librement, gratuitement, il peut parfaitement m'abandonner librement, gratuitement. Symétrie des positions. Et pour essayer de me rassurer sur cette question je vais tenter par tous les moyens de choséifier l'autre, comme dira Sartre, c'est-à-dire le déposséder de sa liberté. L'humain, le monde c'est la liberté c'est-à-dire la transcendance. Et de l'autre côté je ne supporte pas d'être aimé par une chose. Donc je veux à la fois déposséder l'autre de sa liberté, et en même temps je dois poser cette liberté car je ne peux attendre la moindre reconnaissance de quelqu'un à qui je ne confère pas la liberté. aux yeux de Sartre, toute relation lorsqu’elle est intense, et plus elle est intense, nous fait expérimenter cette contradiction.
  14. Je trouve qu'il est difficile en physique de parler de démonstration. Ce mot me parait plus approprié dans le cadre des mathématiques. Ce que vous remettez en cause c'est le mot postulat, qui, par définition, qualifie toute proposition que ne peut pas être démontrée. Lorsqu'il apparut que le principe de relativité et que la loi de propagation de la vitesse de la lumière dans le vide conduisaient à des contradictions beaucoup remirent en question la validité de la loi de la vitesse de la lumière. Mais Lorentz montra que les expériences sur les phénomènes électromagnétiques et optiques conduisaient à des théories dont la conséquence inéluctable était bien la constance de la vitesse de la lumière dans le vide. Est-ce que cette conséquence inéluctable a le caractère d'une démonstration ? Le mot "conséquence" accrédite l'idée qu'il s'agit d’une démonstration. Mais ici la conséquence dérive de théories dont on peut se dire qu'elles peuvent toujours être démenties par une expérience à venir (ou peut-être pas) tandis qu'en maths une conséquence dérive de lois de compositions logiques de base posées comme vraies par décision humaine. Il y a une différence. Mais c'est un fait que la loi de la propagation de la lumière est une conséquence (démonstration) dès lors que l'on tient pour vraies les théories dont elle découle. Finalement je pense que le mot postulat affecté à la loi de la propagation de la lumière est en effet contestable. D'autant que l'emploi du mot postulat met sur le même plan principe de relativité et loi de propagation de la vitesse de la lumière, alors que le principe de relativité est lui absolument non déductible de quelconques théories. D'ailleurs lorsque les théoriciens s'aperçurent que la loi de la propagation de la lumière était une conséquence inéluctable des théories électromagnétiques et optiques, ils cessèrent de contester cette loi et se mirent à mettre en doute le principe de relativité.
  15. je ne comprends pas bien votre question : le second postulat (vitesse de la lumière) ne serait pas nécessaire à quoi ?
  16. Ce n’est pas symétrique ici (la question de prendre tel ou tel référentiel au repos et l’autre en mouvement). Car nous devons d’abord synchroniser les horloges. Mais pour les synchroniser nous devons choisir le référentiel par rapport auquel nous rapportons les horloges. Mettre trois horloges sur le talus implique que nous devons choisir comme stationnaire le référentiel constitué par le sol. Si nous avions placé les horloges dans le train nous devrions choisir ce référentiel comme stationnaire. Le choix ici obligé d’un référentiel stationnaire s’explique par la nécessité de synchroniser les horloges. Bien sûr ce que je donne comme décalage de temps est un ordre de grandeur (le décalage entre les horloges). Selon que vous venez de l’est, de l’ouest, selon votre vitesse, etc. le décalage final sera différent. Bien sûr aussi le référentiel choisi ici est le référentiel terrestre (pour l'axe New York - Paris- Moscou) avec toutes ses imperfections mais dans le cas qui nous occupe peu importe, l'important ici c'est de bien voir qu'il y aura retard des horloges mises en mouvement par rapport à l'horloge restée fixe sur son référentiel. Si bien sûr c’est détectable cette différence ! Mais pas par nos instruments usuels. Il existe aujourd’hui des instruments de mesure (des « horloges » adaptées) pour mesurer d’infinitésimaux changements de temps. C’est nécessaire d’ailleurs de posséder de tels instruments de mesure car lorsque nous abordons le monde atomique par exemple nous abordons aussi des vitesses qui sont proches de celle de la lumière. Dans ce cadre-là (mais aussi dans le cadre de l’astronomie, où là aussi nous avons à faire avec des conditions extrêmes, comme les distances ou les vitesses des particules dans l’espace) nous avons besoin de tenir compte de ces décalages de temps. Dans votre vie quotidienne, dans les applications techniques usuelles nous n’avons en effet pas besoin de tenir compte de ces modifications dans la mesure du temps. C’est pour cela que l’humanité a pu vivre et continuera de vivre sans tenir compte de la relativité. Cette théorie en revanche est nécessaire pour gérer la physique des particules, en astronomie, etc.
  17. Supposons que nous disposions de trois horloges synchronisées situées respectivement à New-York, à Paris et à Moscou, puis que nous transportions l’horloge de New York à Paris, celle de Moscou à Paris. Alors les horloges ne seront plus synchronisées (elles n’indiqueront plus la même heure). Mais bien sûr la différence entre leurs indications sera infinitésimale et non détectable, à moins de transporter les horloges dans des astronefs allant à des vitesses proches de celle de la lumière. Votre question est traitée dans l’article d’Einstein de 1905 (de l’électrodynamique des corps en mouvement) [l’article est publié sur internet et vous pourrez lire ce que je recopie ci-après en page 23 de cet article). Je cite : « De ceci découlent des conséquences remarquables. Supposons qu’en deux points A (par exemple New York) et B (par exemple Paris) lorsqu’observées depuis le système stationnaire se trouvent deux horloges synchronisées. Supposons que l’horloge en A est mise en mouvement à la vitesse v (on la transporte dans un avion) sur une ligne qui rejoint B, les deux ne seront plus synchronisées, mais l’horloge qui s’est déplacée de A à B aura un retard sur l’horloge toujours demeurée en B de la quantité 1/2 t x v²/ c², où t est le temps pris pour accomplir le déplacement de A à B. [Einstein ensuite écrit que cela est vraie si la ligne qui rejoint A à B est une courbe]. En l’occurrence, si le voyage dure 9 heures, si la vitesse de l’avion est de 1000 km/heure, l’horloge A retardera de 1,4 x 10^-8 seconde, ce qui est difficilement détectable (la différence est détectable pour de très grandes vitesses et sur de longues distances
  18. Kierkegaard médite longuement sur le fait que ce qui est éternel a cherché à se manifester dans une existence précise, singulière, individuelle et limitée dans le temps. Ce qui existe vraiment doit exister au travers de ce qu'on appelle l'existant. L'existence ne peut être pensée d'une façon générale, abstraite. C'est de son expérience à soi comme existant que nous devons partir et non pas nous réfugier dans les sphères hégéliennes. Nous sommes des êtres en situation dit Sartre c'est-à-dire que nécessairement nous nous déployons dans l'histoire, nous apparaissons dans un moment d'histoire, nous sommes pétris d'historicité, et en même temps notre existence n'est pas détachable de l'ensemble des événements qui constituent notre environnement. Cet ensemble d'événements constitue ce que Sartre appelle « être en situation ». Il faut toujours partir de cet être concret, incarné, désirant, en situation, pour pouvoir tenter de ressaisir ce qui pour nous est exister. Ce saut dans la foi nous révèle notre transcendance, autre thème cher à l'existentialisme. Pour Sartre ce ne sera pas le saut dans la foi, ce sera notre liberté, le fait que jamais rien ne nous est imposé. « Nous sommes condamnés à être libres » c'est-à-dire que même dans les situations les plus invraisemblables où j'éprouve des contraintes, néanmoins face à ces contraintes j'éprouve ma liberté puisque, de ces contraintes, je puis choisir de vivre ou de mourir. Dans l'absolu nous avons toujours le choix mais nous voulons ignorer que c'est un choix. Cette transcendance sera renommée de façon différente. Pour Kierkegaard elle se révèle à nous dans sa pureté et dans sa force au travers de ce saut dans la foi, mais pour les existentialistes athées ce sera dans l'épreuve de la liberté, ou la tentation du suicide chez Camus ou la révolte. Ce pouvoir de dire non manifeste et ma liberté et ma transcendance. Ce refus profond de me laisser enfermer, déterminer par telle situation, configuration d'événements extérieurs qui me bloqueraient, me figeraient, moi, et anéantiraient ma liberté. C'est cette élévation vers Dieu qui nous révèle à nous-mêmes, qui nous permet de nous sentir justifiés, ce qui nous permet de vivre notre existence intensément, avec foi, avec passion, avec détermination. On retrouvera le même propos chez Sartre dans « L'être et le néant » à propos de l'amour. Ce que nous cherchons dans l'amour dit Sartre c'est à être justifié, à exister par l'autre. Sans le désir de l'autre, sans l'amour de l'autre, sans le regard de l'autre sur moi, je n'éprouve aucune justification, puisque je m'éprouve au contraire comme radicalement contingent, donc n'ayant aucune nécessité. J'existe mais j'aurais très bien pu ne pas exister, et cette justification je vais la chercher dans l'amour, sous toutes ses formes et plus particulièrement dans la relation amoureuse. Exister c'est éprouver la nécessité de sa liberté. Mais mettre en acte ou en œuvre sa liberté c'est renoncer à l'idée que nous pourrions donner de nous ou obtenir de nous une vérité unique, suprême. C'est renoncer à l'objectivité. Nous ne saurons jamais, et certainement pas à l'instant de notre mort, ce que nous sommes. Renoncement à la vérité, renoncement à la connaissance objective de soi puisque nous sommes irrémédiablement en situation. C'est ce que nous dit Kierkegaard dans son post-scriptum définitif aux miettes philosophiques, la subjectivité, c'est la non vérité.
  19. Paysaje ( Poème de la seguiriya gitana) El campo de olivos se abre y se cierra como un abanico. Sobre el olivar hay un cielo hundido y una lluvia oscura de luceros fríos. Tiembla junco y penumbra a la orilla del río. Se riza el aire gris. Los olivos están cargados de gritos. Una bandada de pájaros cautivos, que mueven sus larguísimas colas en lo sombrío. La campagne d’oliviers s’ouvre se ferme comme un éventail. Sur l’olivette, un ciel écroulé et une pluie obscure d’étoiles froides. Au bord de la rivière Tremblent jonc et pénombre. L’air gris se froisse. Les oliviers sont lourds de cris. Une troupe d’oiseaux captifs, qui remuent leurs très longues queues dans l’obscurité. C’est un paysage musical. Dans sa brochure théorique, Lorca témoigne d’une insistance particulière à associer le chant à une forme de musique naturelle, qui « se rapproche du trille de l’oiseau » ; il exprimerait ainsi son adéquation avec le monde. Dans le paysage du cante la nature est en effet toute bruissante de sons. Le son lorquien est un son dense, qui traduit sa profondeur par son poids ; les arbres en sont lourds, l’olivier en est « chargé ». https://www.youtube.com/watch?v=nbGzYYdjbU0
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