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  1. Gacela del amor imprevisto Nadie comprendía el perfume de la oscura magnolia de tu vientre. Nadie sabía que martirizabas un colibrí de amor entre los dientes. Mil caballitos persas se dormían en la plaza con luna de tu frente, mientras que yo enlazaba cuatro noches tu cintura, enemiga de la nieve. Entre yeso y jazmines, tu mirada era un pálido ramo de simientes. Yo busqué, para darte, por mi pecho las letras de marfil que dicen siempre, siempre, siempre: jardín de mi agonía, tu cuerpo fugitivo para siempre, la sangre de tus venas en mi boca, tu boca ya sin luz para mi muerte. Traduction : Claude Couffon et Bernard Sesé Gacela de l’amour imprévu Nul ne comprenait le parfum du magnolia sombre de ton ventre. Nul ne savait que tu martyrisais un colibri d’amour entre tes dents. Mille petits chevaux perses s’endormaient sur la place baignée de lune de ton front, tandis que moi, quatre nuits, j’enlaçais ta taille, ennemie de la neige. Entre plâtre et jasmins, ton regard était un bouquet pâle de semences. Dans mon cœur je cherchais pour te donner les lettres d’ivoire qui disent toujours, toujours, toujours : jardin de mon agonie, ton corps fugitif pour toujours, le sang de tes veines dans ma bouche, ta bouche sans lumière déjà pour ma mort. « Le Diván del Tamarit est un recueil de poèmes intitulés « Gacelas et casidas » en hommage aux poètes arabes de Grenade. Bien qu’il soit possible que l’idée ait été développée à l’avance, c’est en 1934 que la première mention du livre, en tant que projet, est disponible. En 1934, l’Université de Grenade commence le processus d’impression par un prologue écrit par Emilio García Gómez, une édition publiée à titre posthume en 1940 à Buenos Aires. On appelle casida en arabe tout poème assez long doté d’une certaine architecture interne. Gacela - utilisée principalement dans les paroles persanes- est un court poème de préférence érotique. » Autre interprétation, tout à fait différente, de ce poème
  2. Ce gouffre pour une parole qui n'est pas évidente, penser à Parménide et Héraclite, n'a rien d'étonnant. Cette parole nous dérobe des significations, ce qui veut dire que ce qui est à chercher est ailleurs. Soit nous refermons nos livres, et si nous ne les refermons pas nous sommes transformés de facto en herméneutes c'est-à-dire des gens qui ne sont pas des récipiendaires d'un sens, ce sens n’est pas préfixé, mais sont les artisans de ce sens. Cesser de faire de la réception de quelque chose, quelque chose de passif. Recevoir quelque chose a un sens. La réception est dynamique. Dans l'acceptation qui est la mienne de la chose que je reçois, je dis dans ma façon de recevoir tout un rapport au monde. Par ma façon de recevoir je reconfigure les choses. Nous ne sommes pas dans la pure passivité. Recevoir un sens indique une structure intime, profonde, la mienne, de quel sillon je suis intérieurement traversé, pour savoir quel sens se dépose dans ce sillon, décante de telle façon et voir ensuite ce qu'il va faire dans ma chair parce que cela va au plus profond de mon corps. Cette chair, dont Merleau-Ponty parlera, agit comme quelque chose qui décante. C'est un peu métaphorique. C'est aussi l'idée chez Jaspers et c'était encore plus évident chez Gabriel Marcel "De l'usage pmermanent de la métaphore". Certains philosophes, dans la ligne très universitaire, se sont récriés en disant quand on fait de la philosophie on renonce à la métaphore. Ce sont deux stratégies. Nietzsche dit que l'on commence à faire de la philosophie quand on entre dans la métaphore. Méraphorer c'est se déplacer de côté, une sorte de translation. On veut dire quelque chose mais on ne le dit pas frontalement, on se déplace dans autre chose, on le dit latéralement. C'est ce rapport entre la chose latérale et la chose que l'on n’a pas nommée, dont on n'a rien dit directement, c'est ce rapport indirect qui travaille la signification par du sens. La métaphore, le recours à cette translation de la pensée, dit quelque chose et ce quelque chose fait partie intégrante du sens. Le langage n'est jamais neutre. La forme est indissociable du fond. Je ne dis pas la même chose quand je recours à la métaphore que quand j'essaie de conceptualiser, de rester dans ce que Hegel appelait la pureté du concept.
  3. Merci de rappeler la célèbre berceuse " Duerme, negrito " interprétée par l’incomparable Atahualpa Yupanqui. J'aime aussi celle de Mercedes Sosa, que je propose ici, différente bien sûr, mais très belle aussi.
  4. Ce sont précisément ces situations limites (souffrance–mort–culpabilité) qui nous révèlent l'existence comme tâche à accomplir. Cette transcendance de l'homme Jaspers la voit également dans le langage et dans la recherche du sens qui pourrait se définir comme l'au-delà de la signification. Le langage ne s'épuise jamais simplement dans la signification. Ce que j'ai dit a une signification, mais la signification de ce que je dis a un sens. Et ce sens il incombe de le dégager systématiquement. Donc il n'y a pas un mot, il n'y a pas un acte, il n'y a pas une pensée, dans la mesure où la pensée se sert du langage, qui fabriquent de la signification et au-delà de la signification qui libèrent un et, en général, plusieurs sens possibles. La dernière philosophie de Jaspers est une philosophie qui s'attache à la méditation du langage car le langage est un moyen, un vecteur riche pour exprimer cette ouverture, cette transcendance qui est la nôtre, donc cette transcendance de l'homme. D'où l'intérêt de Jaspers pour la poésie et particulièrement une poésie dite hermétique, telle d'un Hölderlin par exemple. L'instance du religieux est l'instance qui nous rappelle que nous sommes des êtres voués au sens, rien n'est plus mortifère que le non-sens, très grand thème camusien, la déréliction, la perte du sens qui conduit au suicide philosophique. La recherche d'un sens de l'existence humaine, non pas forcément de la sienne propre, et en même temps l'impossibilité de la trouver d'une façon ou d'une autre peut conduire au suicide : deux attitude philosophiques pour Camus, le suicide, la révolte. Nous sommes voués à cette recherche du sens. Nous tenons uniquement par du sens. Dès que nous pouvons conférer un sens à quelque chose, nous pouvons surmonter les choses les plus insupportables. L'histoire en est une preuve permanente. Encore faut-il que nous puissions frayer cette loi du sens. Le religieux d'une façon générale nous a accoutumé à cela. Ce qui se donne au travers du religieux c'est précisément la recherche d'un sens à trouver c'est-à-dire que la parole divine est moins signification que sens, et nous devons tout le temps y revenir pour faire jaillir un autre sens, des sens nouveaux qui vont travailler les sens plus anciens. C'est l'herméneutique. Parce que nous sommes dans une ère postindustrielle nous sommes assujettis à la technique, la production. Nous gérons la planète comme une marchandise, et ceci est incompatible avec une recherche du sens que nous avons laissé dépérir, s'enfermer dans les limites du religieux et que nous ne comprenons plus. En dehors du religieux le domaine particulier où nous avons affaire au sens c'est le domaine de la poésie. Pour Jaspers, Gabriel Marcel, Heidegger, la poésie, la parole poétique est la parole du surgissement, la parole où un sens advient à l'être. Et toute la poésie est recherche de cela. A partir du moment où l'on a cette conception du poétique, forme un peu mystique, alors on peut parfaitement s'accommoder d'une relative obscurité.
  5. Cancion de cuna para Mercedes muerta Ya te vemos dormida. Tu barca es de madera por la orilla. Blanca princesa de nunca. ¡Duerme por la noche oscura! Cuerpo de tierra y de nieve. Duerme por el alba, ¡duerme! Ya te alejas dormida. ¡Tu barca es bruma, sueño, por la orilla! Traduction : André Belamich Berceuse pour Mercédès morte Te voici donc endormie avec ta barque de bois au bord de la rive, blanche princesse de jamais ! Dors dans la nuit profonde, corps de terre et de neige ! Dors dans la blancheur de l’aube ! Dors ! Et voici que tu t’éloignes endormie sur ta barque de brume et de songe le long de la rive ! La voix épurée de Marta Gómez pour la berceuse...
  6. A Mercedes en su vuelo ¡Una viola de luz yerta y helada eres ya por las rocas de la altura. Una voz sin garganta, voz oscura que suena en todo sin sonar en nada. Tu pensamiento es nieve resbalada en la gloria sin fin de la blancura. Tu perfil es perenne quemadura, tu corazón paloma desatada. Canta ya por el aire sin cadena la matinal fragante melodía, monte de luz y llaga de azucena. Que nosotros aquí de noche y día haremos en la esquina de la pena una guirnalda de melancolía. Traduction: André Belamich A Mercedes envolée Violon de froide lumière figée tu fuis déjà vers les rocs de l’azur, voix sans gosier, voix doucement obscure chantant partout sans jamais résonner. Ton souvenir est de neige écroulée dans la gloire sans fin des blancheurs pures. Ton profil est sans trêve une brûlure ton cœur une colombe déliée. Elle chante dans l’air, libre de chaîne, la matinale et tendre mélodie, douleur de lys et comble de lumière. Nous cependant ici-bas, jour et nuit, nous te ferons aux croisées de la peine une guirlande de mélancolie. Ce poème fut écrit par Lorca pour Mercedes, jeune adolescente d'un couple d'amis. L’émotion, la mélancolie, la tendresse tout cela est entendu dans la délicate et poignante interprétation de Amancio Prada.
  7. Lettre 55 6 avril 2019 Samuel, XII siècle En Espagne à partir de 1147 les Almohades autre dynastie berbère venue du Maroc remplacèrent les Almoravides. Ils abrogèrent le régime de reconnaissance et de protection des religions du Livre et imposèrent l’adoption de l’islam (les religions du Livre sont le judaïsme et le christianisme, le Livre est la Bible). Les Juifs furent encore plus nombreux à fuir devant cette nouvelle invasion que devant celle des Almoravides. Ils trouvèrent refuge dans le royaume chrétien d’Espagne, en Provence, en Italie ou en Égypte. Ceux qui restèrent durent afficher leur conversion à l’islam mais dans la réalité ils continuèrent de pratiquer leur religion en cachette. Mais au fil des ans les Almohades accentuèrent leur pression sur les convertis juifs afin de les forcer à abandonner toute trace de leur identité religieuse. Les Juifs ne purent plus exercer des activités commerciales ni jouir des biens reçus en héritage de leurs ancêtres. Toutes ces dispositions les poussèrent à partir définitivement d’Andalousie ainsi que du Maghreb alors dominé par les Almohades. Feignant d’ignorer le passé antijuif de l’Espagne wisigothique les souverains espagnols les accueillirent à bras ouverts. Ils virent en eux des alliés dans leur lutte contre les musulmans. Ils leur accordèrent en échange d’un impôt leur protection en même temps qu’une entière autonomie interne en matière religieuse et judiciaire. Ils leur octroyèrent des avantages matériels : champs de blé, oliveraies, vignobles, esclaves, échoppes, maisons pour les encourager à s’établir chez eux et contribuer ainsi au repeuplement des zones reprises aux musulmans. S’imposant par leurs compétences intellectuelles et leur caractère industrieux les Juifs furent nombreux à être cultivateurs, interprètes, médecins, collecteurs des impôts, trésoriers et fournisseurs des princes. Ainsi une élite de grands commis parlant et écrivant l’espagnol, l’arabe et l’hébreu accumulèrent richesses et privilèges, disputant aux nobles les faveurs des rois et des princes chrétiens. Cette concurrence vaudra aux Judéens de solides jalousies qui, parfois, engendrèrent des actes de persécution. Nous retrouvons là la violence des petits aristocrates français et allemands lors de la première croisade, qui, s’appuyant sur le peuple qu’ils endoctrinaient, finirent par massacrer les Juifs. A l’origine donc les violences perpétrées contre les Judéens relèvent surtout de la jalousie nourrie contre eux par des classes moyennes, furieuses d’être supplantées par une élite plus compétente qu’eux donc plus appréciée des barons, des princes et des rois. Il convient de comprendre pourquoi tant de puissants dans nombre de Royaumes dans l’Histoire appelèrent les Juifs pour les épauler. Les Judéens étaient certes compétents grâce à leur inclination puissante pour l’écrit, mode privilégié de transmission des connaissances et des valeurs, mais aussi ils ne pouvaient pas s’appuyer sur un royaume qui leur fut propre puisqu’ils avaient perdu leur patrie d’origine, enfin, ils n’étaient pas nombreux. Ainsi ils ne risquaient pas d’être dangereux et les rois pouvaient toujours se dire qu’ils pourraient sans danger se séparer d’eux en cas de problèmes. En Égypte, toujours dominée par les Fatimides la communauté juive connut une période de tranquillité grâce à sa bonne entente avec les dirigeants. Nombre de Juifs d’Espagne s’y réfugièrent afin de pouvoir pratiquer leur religion à ciel ouvert. Menacés par Amaury Ier, roi latin qui régna à Jérusalem de 1162 à 1174, les Fatimides appelèrent à l’aide les Zangides installés à Alep en Syrie. Les Zangides étaient une dynastie fondée par le turc Zangi, un vassal des Seldjoukides. Les Zangides envoyèrent à leur tour l’un de leur vassal, le kurde Chirkuh Asad al-Din « le Lion de la religion » épauler les Fatimides. Les troupes d’Amaury se retirèrent. En 1169, à la mort d’ Asad al-Din, devenu vizir d’Égypte, son neveu Salah al-Din al-Ayyubi, dit Saladin, devint lui-même vizir. Il parvint à s’affranchir des Zangides et des Fatimides et il fonda sa propre dynastie, celle des Ayyubides, Nous avons vu, lettre 51, que les Fatimides étaient une branche chiite de l’islam. Saladin rétablit l’autorité de la branche principale de l’islam, branche appelée : sunnisme (lettre 51). Malgré ces évènements la communauté juive d’Égypte ne fut pas inquiétée. Un homme se distingua en Égypte : Maïmonide l’un des plus importants savants juifs du Moyen Age. Il naquit à Cordoue en 1138. Pour répondre à l’exigence des Almohades sa famille se convertit à l’islam mais elle continua de pratiquer le judaïsme en cachette. En 1166 la famille arriva à Alexandrie, reprit sa religion, puis Maïmonide s’établit à Fustat (vieux Caire). Il devint médecin à la cour du vizir puis en 1199 il devint le médecin personnel d’Al-Afdal le fils de Saladin. En 1204 il mourut à Fustat. Maïmonide est l’auteur d’un commentaire de la Michna écrit en arabe : « Mishné Torah » qui récapitule toute la législation rabbinique dans le cadre d’un exposé de consultation commode, plus accessible que le Talmud. Il a écrit aussi « le Guide des Égarés » effort le plus abouti de synthèse entre la tradition spécifiquement juive et le savoir scientifique, essentiellement aristotélicien. Il systématisa les dogmes du judaïsme (les principes fondamentaux) et il sut montrer un esprit d’ouverture que les libéraux reprendront plus tard à leur compte. Il a ainsi relativisé les règles de la cacherout (pensant que certaines règles n’avaient été édictées que par opposition à des rites idolâtres) et, comme médecin, il lui arriva de conseiller des aliments interdits par la religion. Il démontra là un esprit libre capable d’interprétation et de nuance et non d’asservissement aveugle à la lettre de la Loi. En Palestine, dans le royaume latin, les barons européens et leurs troupes s’y plurent. Ils s’acclimatèrent à la région et allèrent jusqu’à prendre femme parmi les Arméniennes, les Syriennes ou les Galiléennes. L’islam fut toléré, le judaïsme aussi même si, nous l’avons vu, les Hébreux ne pouvaient plus s’installer à Jérusalem. Mais face aux Francs va s’élever Zangi, le vassal des Seldjoukides. Les Zangides prennent les armes et reprennent Edesse aux croisés. Ils s’attaquèrent à Jérusalem mais ne parvinrent pas à la conquérir. Cette attaque provoqua l’organisation de la deuxième croisade. Elle prit corps en 1146, menée par Louis VII, roi de France et Conrad III, roi de Germanie. Mais sur 25 000 chevaliers, 5000 seulement arrivèrent à Jérusalem, décimés par les Turcs. Les survivants ne s’entendirent pas entre eux, trop occupés à vouloir conquérir de nouvelles terres plutôt que de défendre la ville sainte. Ils furent mis en déroute et ils revinrent chez eux. Saladin dont nous avons vu qu’il avait pris le pouvoir en Égypte, se donna le titre de sultan et attaqua à son tour Jérusalem. En 1187 il s’empara de la ville mais ne commit aucune exaction : il n’ y aura pas d’effusion de sang. Puis il commença à reprendre les villes côtières. Du coup, en 1190 une troisième croisade fut organisée, conduite par Philippe Auguste, roi de France, Richard cœur de lion, roi d’Angleterre et Frédéric Barberousse, empereur germanique. Ce dernier mourut juste avant d’affronter Saladin en se noyant dans un fleuve d’Anatolie. Les croisés reprirent Saint-Jean-d’Acre sur quoi Philippe Auguste revint en France. Richard assiégea Jérusalem mais il ne put la reprendre à Saladin. Une paix de compromis fut signée le 3 septembre 1192. Les Francs conservèrent la zone côtière de Tyr à Jaffa en passant par Saint-Jean-d’Acre, qui devint la nouvelle capitale du royaume croisé. Saladin garda Jérusalem et les terres intérieures. Les communautés juives purent mener leurs pratiques religieuses et leurs activités de marchands et d’artisans dans le nouveau royaume latin de Saint-Jean-d’Acre. Dans les montagnes de Galilée les anciens Hébreux qui s’y étaient réfugiés (voir lettre 43) continuaient de mener leurs activités agricoles. Une petite communauté vivait toujours à Tibériade, capitale de la principauté de Galilée. Par ailleurs Saladin autorisa et encouragea les Juifs à revenir à Jérusalem ce qui permit la reconstitution d’une communauté. Saladin mourut en 1193. En Europe après la flambée de violence aveugle exercée par des foules en proie à un antijudaïsme exacerbé par des prédicateurs enflammés les Juifs reprirent leur place. Beaucoup avaient en outre été sauvés par les représentants du pouvoir en place, qu’ils furent politiques ou religieux. C’est ainsi qu’Henri IV et ses évêques permirent à ceux qui s’étaient convertis pour se sauver du massacre de revenir à leur foi antérieure. Les Juifs furent rétablis dans leurs droits et ils reconstituèrent leurs communautés aussi bien en France qu’en Allemagne. Dans le midi de la France affluèrent aussi les Judéens venus d’Espagne, fuyant devant les Almohades. Ils créèrent de brillantes communautés, toutes d’origine séfarade (c’est-à-dire originaires d’Espagne). L’attitude conciliante des puissants vis-à-vis des Juifs fut incarnée par Bernard de Clairvaux le moine qui encouragea la deuxième croisade et qui déclara : « Montons vers Sion au tombeau de notre Sauveur, mais gardons nous de parler aux Juifs ni en bien ni en mal, car les toucher c’est toucher à la prunelle de l’œil de Jésus, car ils sont ses os et sa chair » Mais, progressivement, les Judéens durent quitter leurs activités, d’abord celle d’agriculteurs car il leur fut interdit d’utiliser de la main d’œuvre chrétienne, puis celle de marchands, supplantés par les marchands italiens qui avaient repris à leur compte le commerce mondial à l’occasion de la première croisade et enfin celle d’artisans car ils furent rejetés des corporations désormais réservées aux seuls chrétiens. Du coup ils se concentrèrent sur la seule activité qui leur fut permise : le prêt d’argent. L’Église rejetait les prêts d’argent surtout lorsqu’ils étaient destinés à l’acquisition de biens de consommation, elle considérait le prêt avec intérêt comme un péché, l’intérêt exigé par le prêteur lui paraissant injustifié. Mais cette activité n’avait rien d’infamant au regard de la Halakha. Néanmoins en se saisissant de cette activité les Juifs se firent mal voir. Progressivement Juif et usurier vont finir par ne faire qu’un ce qui affectera beaucoup l’image du Juif. Je pense à toi, mon attention est toujours éveillée pour toi, Je t’embrasse très fort, Je t’aime,
  8. Muerte de Antoñito el Camborio Voces de muerte sonaron cerca del Guadalquivir. Voces antiguas que cercan voz de clavel varonil. Les clavó sobre las botas mordiscos de jabalí. En la lucha daba saltos jabonados de delfín. Bañó con sangre enemiga su corbata carmesí, pero eran cuatro puñales y tuvo que sucumbir. Cuando las estrellas clavan rejones al agua gris, cuando los erales sueñan verónicas de alhelí, voces de muerte sonaron cerca del Guadalquivir. Antonio Torres Heredia, Camborio de dura crin, moreno de verde luna, voz de clavel varonil: ¿Quién te ha quitado la vida cerca del Guadalquivir? Mis cuatro primos Heredias hijos de Benamejí. Lo que en otros no envidiaban, ya lo envidiaban en mí. Zapatos color corinto, medallones de marfil, y este cutis amasado con aceituna y jazmín. ¡Ay Antoñito el Camborio digno de una Emperatriz! Acuérdate de la Virgen porque te vas a morir. ¡Ay Federico García, llama a la Guardia Civil! Ya mi talle se ha quebrado como caña de maíz. Tres golpes de sangre tuvo y se murió de perfil. Viva moneda que nunca se volverá a repetir. Un ángel marchoso pone su cabeza en un cojín. Otros de rubor cansado, encendieron un candil. Y cuando los cuatro primos llegan a Benamejí, voces de muerte cesaron cerca del Guadalquivir. Traduction : André Belamich Mort d’Antoñito el Camborio Des voix de mort s’élevèrent aux abords du Guadalquivir. Des voix anciennes qui cernent une voix d’œillet viril. Il plantait à leurs bottines de vrais crocs de sanglier. Dans la mêlée il faisait des sauts de dauphins huilés. Il baigna de sang adverse sa cravate cramoisie, mais, devant quatre poignards, à la fin il dut fléchir. Comme les astres plongeaient leur pique dans l’onde grise et que les taureaux rêvaient de « véroniques » fleuries, des voix de mort s’élevèrent aux bords du Guadalquivir. Antonio Torres Heredia, Camborio de toison riche, au teint brun de verte lune, à la voix d’œillet viril, qui t’a enlevé la vie aux bords du Guadalquivir ? Mes quatre cousins Hérédia, les fils de Benameji. Ce qu’ils n’enviaient aux autres chez moi leur faisait envie. Mes souliers rouge cerise, mes camées d’ivoire fin et jusqu’à mon teint pétri à l’olive et au jasmin. O Antoñito el Camborio, digne d’une Impératrice ! Rappelle-toi à la Vierge, car tu vas bientôt mourir. O Federico Garcia, préviens la Garde Civile ! Ma taille s’est brisée comme une canne de maïs. Saisi de trois coups de sang, il succombe de profil. Vive monnaie qui jamais ne sera plus reproduite. Un ange glorieux pose sa tête sur un coussin. D’autres aux rougeurs fanées lui ont allumé un cierge. Et quand les quatre cousins eurent joint Benameji les voix de mort s’effacèrent aux bords du Guadalquivir. Ce poème est tiré du Romancero gitan. Le recueil le plus connu de Lorca, dont certains verts, éclats détachés du puissant ensemble, sont entrés dans la légende et dans une moderne tradition orale, doit son immense popularité à l’extraordinaire cohésion du narratif, du lyrique et de la stylisation sensuelle et sensorielle, plastique et symbolique, d’une Andalousie de montagne et de mer, de ravines et de sentiers, intensément belle et tragique, qui incarne les paysages intérieurs de l’autre scène l’iraquienne. Aguilar. Poésies II Le poème raconte la mort du gitan Antoñito el Camborio aux mains de ses quatre cousins, lors d'une bagarre nocturne, numériquement inégale (4 contre 1). La beauté et la distinction d'Antoñito doivent avoir motivé l'embuscade. De plus, son caractère à la fois élégant et hautain se manifeste dans la manière de se battre, dans sa grande résistance (les coups de poignard violents de ses agresseurs, sa longue endurance ...). Les éléments magiques typiques de la poésie de Lorca apparaissent également : la présence des anges, qui viennent pour le repos de l'âme d'Antoñito, à une heure magique, celle du passage de la nuit au jour.
  9. Lettre 54-2 30 mars 2019 Samuel, La première croisade : suite et fin La croisade des barons fut beaucoup mieux préparée que celle des « pauvres » gens. Quatre groupes convergèrent vers Constantinople. Godefroi de Bouillon commandait les chevaliers de France du Nord et de Basse Lorraine, Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse et le légat (représentant) du Pape, Adhémar de Monteil, commandaient les troupes du Midi de la France, Bohémond de Tarente commandait les Normands de Sicile, Étienne de Blois et Robert de Normandie commandaient les troupes venues du centre de la France. Les croisés étaient donc essentiellement des Francs. Ils arrivèrent tour à tour à Constantinople. Ils assurèrent Alexis Comnène de leur loyauté et de leur soutien non sans lui opposer leur propre autonomie d’action. Puis ils partirent vers Jérusalem afin de libérer les Lieux saints. En fait ils eurent vite fait de se livrer à des opérations de conquêtes de territoires ce qui les brouilla avec les Byzantins. L’armée franque arriva devant Jérusalem le 7 juin 1099. La ville résista mais elle fut rapidement débordée. Le 15 juillet 1099 les croisés rentrèrent dans Jérusalem. L’horreur s’abattit sur la ville. La garnison musulmane fut exterminée, des centaines de Juifs furent brûlés vifs dans les synagogues. Godefroi de Bouillon devint « l’avoué » du Saint-Sépulcre (le tombeau du Christ) c’est-à-dire le nouveau roi de Jérusalem même s’il déclina le mot « roi » au profit de celui « d’avoué ». Mais il vint à mourir pendant le siège d’Acre (une ville côtière). Le 25 décembre 1100 son frère Baudouin fut sacré premier roi de Jérusalem. Les villes de la côte tombèrent progressivement sous la domination des croisés si bien que le nouveau roi devint le suzerain d’un royaume qui comprenait la ville sainte, des villes côtières et des territoires de l’intérieur des terres. Il devint aussi le suzerain de petits États latins créés par des princes à Antioche, à Edesse (à l’est d’Antioche) et à Tripoli (ville côtière). Ce royaume latin de Jérusalem devait durer jusqu’en 1187 date à laquelle arriva un nouveau conquérant venu de l’Est : Saladin. Les Juifs furent à nouveau interdits de résidence à Jérusalem mais dans les autres villes et territoires ils furent traités de la même manière que les autres populations locales, ils purent continuer d’exercer librement leur culte. Cette lettre courte te permettra de compléter la lettre précédente et de tenir ta prochaine conférence à l’atelier. Je t’aime, je suis fier de ta capacité à transmettre à ton auditoire tout ce que dont je t’informe. Je pense à toi, toujours,
  10. Avec Jaspers il y a l'idée qu'il y a plus de souplesse avec le temps et qu'il nous appartient de remettre en perspective à savoir notre passé. Le repositionner sur un autre horizon de vie qui nécessairement a évolué par rapport au moment où j'ai commis tel ou tel acte, de telle façon que cet acte que j'ai réellement commis je me donne une chance de le choisir à nouveau, de le faire mien, de l'assumer, de l'intégrer à mon existence. C'est cette démarche là qui me permet d’ouvrir à nouveau le futur puisque je peux, au moins partiellement, me décharger de la culpabilité liée à certains actes dans le passé. On retrouve cette analyse dans le livre de Jaspers « La culpabilité allemande ». Cette idée que rien ne nous fige véritablement en dehors de la mort, c'est vraiment le noyau dur de l'existentialisme. Cette affirmation y compris dans les situations limites sera la réaffirmation de notre liberté. A défaut de pouvoir assumer notre passé nous nous empêchons de devenir, d'où le risque de répétition, voire de compulsion qui conduit même à ce que la psychanalyse appelle la névrose d'échec, c'est-à-dire la possibilité de pouvoir se réapproprier des choses qui, sur le plan inconscient, sur le plan psychique, déclenche cette répétition.. L’authenticité de cette existence dépend de cette acceptation de la confronter au possible. Il n'y a pas chez Jaspers l'idée d'une liberté absolue, radicale et totale comme il y a chez Sartre. Jaspers construit sa philosophie par l'expérience de la souffrance et de la mort. C'est de la mort que l'on part, alors que chez Sartre on a affaire à un être lumineux. Chez Jaspers liberté oui dans cette gestion intime du temps et ce rapport à notre passé, chose qui se retrouvera chez Sartre mais néanmoins il y aura une différence, l'idée d'une liberté radicale, imprescriptible chez Sartre. Tel n'est pas le cas chez Jaspers dont il montre que cette expérience de la souffrance que tout le monde a d'une façon ou d'une autre, cette certitude de la mort, cette expérience de la culpabilité constituent une sorte d'horizon indépassable qu'il appelle les situations limites. Nous ne pouvons les dépasser. En revanche en prendre conscience conditionne notre entrée en philosophie mais aussi conditionne notre existence. Aucune véritable existence ne peut faire l'économie d'une réflexion sur la mort, la souffrance, la faute et donc de la culpabilité. Ces situations ne se laissent jamais objectiver. Nous ne pouvons en faire de véritables objets neutres de pensée. Mais pour Jaspers au contraire ces situations limites « révèlent l'existant à l'existence ».
  11. El amor duerme en el pecho del poeta Tú nunca entenderás lo que te quiero porque duermes en mí y estás dormido. Yo te oculto llorando, perseguido por una voz de penetrante acero. Norma que agita igual carne y lucero traspasa ya mi pecho dolorido y las turbias palabras han mordido las alas de tu espíritu severo. Grupo de gente salta en los jardines esperando tu cuerpo y mi agonía en caballos de luz y verdes crines. Pero sigue durmiendo, vida mía. ¡Oye mi sangre rota en los violines! ¡Mira que nos acechan todavía! Traduction : André Belamich L’amour endormi sur le sein du poète Tu ne sauras jamais combien je t’aime, parce que tu dors en moi, que tu es endormi. Moi, je te cache en larmes et poursuivi par une voix dont l’acier me pénètre. La loi qui fait frémir l’astre et la chair transperce désormais mon cœur meurtri et les troubles paroles de l’envie ont mordu l’aile de ton esprit sévère. Ils ont sauté dans nos jardins, les gens, à l’affût de ton corps et de mon agonie montés sur des chevaux aux verts crins flamboyants. Mais continue à dormir, ô ma vie. Entends mon sang brisé dans les violons, cependant qu’alentour on nous épie ! « Dans les onze sonnets de l’amour obscur écrits moins d’un an avant sa mort en 1936, García Lorca se concentre sur certaines préoccupations. Écrits comme des lettres à son jeune amoureux Rafael Rodríguez Rapún, ces sonnets montrent la torture provoquée par l’absence prolongée du partenaire, le désir de le retrouver dès que possible, la peur d’une mort prématurée et annihilante, le harcèlement d’une société intolérante et homophobe. »
  12. Je me demandais justement s’il fallait porter du crédit à ce que j’avais lu, à savoir que Lorca n’avait retenu que quelques strophes de ce chant populaire. L’interprétation de Antonio Pucherete me rappelle singulièrement les chants que j’allais écouter dans les tablaos à Séville et Cordoue. Je parle beaucoup de ces tablaos intimes, mais ils sont pour moi des souvenirs impérissables. Soudain, par ces chants, il me semblait pénétrer un peu de l’âme flamenca. Merci pour toutes ces précisions sur ce cante.
  13. Zorongo gitano Tengo los ojos azules, tengo los ojos azules, y el corazoncito igual que la cresta de la lumbre. De noche me salgo al patio y me jarto de llorar de ver que te quiero tanto y tú no me quieres ná. Esta gitana está loca, loca que la van a atar, que lo que sueña de noche quiere que sea verdad. Cette version chantée par la Argentinita accompagnée au piano par Lorca est la version originale, le texte initial. Le Zapateo, le claquement des talons, les claquettes de la Argentinita, les castagnettes suivent le rythme et accompagnent le poète au piano Une autre version, très flamenca, que j’écoute et regarde avec grand plaisir, interprétée par la magnifique Carmen Linares. Cette versioin a été enrichie de strophes supplémentaires qui, paraît-il, n'ont pas été retenues par Lorca. Je la reproduis ici. Las manos de mi cariño te están bordando una capa con agremán de alhelies y con esclavinas de agua. Cuando fuiste novio mío por la primavera blanca, los cascos de tu caballo cuatro sollozos de plata. La luna es un pozo chico las flores no valen nada; lo que valen son tus brazos cuando de noche me abrazas. Tengo los ojos azules, y el corazoncito igual que la cresta de la lumbre. De noche me salgo al campo y me harto de llorar de ver que te quiero tanto y tú no me quieres nada. La luna es un pozo chico las flores no valen nada; lo que valen son tus brazos cuando de noche me abrazas. Veinticuatro horas del día, veinticuatro horas que tiene; si tuviera veintisiete, tres horas más te querría. Està gitana está loca, loca que le van a matar; que lo que sueña de noche quiere que sea verdad. La luna es un pozo chico las flores no valen nada; lo que valen son tus brazos cuando de noche me abrazas.
  14. La grande philosophie française du moment c'est Bergson. Avec Bergson c'est une réflexion sur l'élan vital, sur les processus de la vie, sur le fait que ce que l'on appelle conscience n'est pas autre chose que la manifestation, l'expression d'un certain état de l'évolution de la matière, donc il n'y a pas de coupure entre la matière et l'esprit, et enfin grande méditation sur le temps et particulièrement la durée. Ce temps intérieur les philosophes ne s'y étaient pas intéressés. Quand ils ont parlé du temps sans le savoir c'était toujours ce temps quantifiable, ce temps de la science, ce temps objectivable, ce temps qui sert comme paramètre dans les calculs. Le temps propre à l'homme est un terme qui n'est pas dégagé. On peut le comprendre pour plusieurs raisons. Il a fallu beaucoup d'efforts pour commencer à construire des instruments de mesure du temps, cela va occuper une partie de notre histoire. Ceci nous a détourné d’un temps intérieur. Tout s'est passé comme si ce temps intérieur n’existait pas. N'oublions pas que le XIXe siècle est l'explosion des sciences humaines et en particulier la sociologie. Et avec la sociologie se dégage l'idée d'une sorte de stratification du temps. L'homme vit immergé non pas dans le temps mais dans plusieurs temps qui sont des temps à grande échelle, temps de l'histoire, temps géologique qui est un temps très abstrait, et nous arrivons au temps que la sociologie découvre. Notre vie quotidienne en tant qu'individu est rythmée par un temps collectif, propre aux communautés dans lesquelles nous vivons et ce temps, qui est un temps artificiel, découpe nos vies : temps de la journée du travail, chaque journée est ponctuée par des pauses qui sont autant de rituels. Cette réflexion sur le temps de l'homme, ce rapport au temps est dans la deuxième partie du XIXe siècle un moment où l'on découvre ce problème avec des perspectives qui excèdent un peu la philosophie. Bergson va choisir de s'enfermer dans ce temps intime, temps propre à la conscience qui est un temps dilatable, non mesurable, totalement soumis aux règles de nos affects. Selon l'urgence de nos attentes ou la violence de nos appréhensions nous contractons ou au contraire nous diluons ce temps-là. Ce qui se découvre avec Bergson c'est cette possibilité, non pas d'échapper mais de récupérer une certaine souplesse avec ce temps intérieur. Les philosophes existentialistes s'engouffreront par rapport au temps dans cette brèche ouverte par le bergsonisme et vont travailler cela.
  15. Lettre 54-1 24 mars 2019 Samuel, La première croisade A partir du milieu du XI ème siècle l’Église catholique (l’Église dirigée par le Pape, installé à Rome) entreprit d’établir plus fermement son autorité spirituelle en Europe. La réforme grégorienne de l’Église inspirée par le pape Grégoire VII (1015/1020-1085) imposa aux prêtres un dévouement exclusif à leur sacerdoce leur interdisant le mariage afin qu’ils ne s’occupent que de leurs fidèles. L’autre but de cette interdiction était d’éviter l’héritage dû au conjoint et aux éventuels enfants du mariage et de permettre ainsi la transmission des biens acquis (ou offerts par les seigneurs) à la seule Église. L’autre versant de cette réforme fut l’affirmation de l’autorité du Pape quant à la nomination des ecclésiastiques, nomination jusque-là exercée le plus souvent par les seigneurs et les Empereurs déterminés à assujettir les religieux à leurs intérêts. Cette offensive religieuse fut favorisée par l’angoisse et la recherche d’identité des Européens qui se sentaient menacés par l’offensive musulmane à l’est et au sud du continent. Rappelons qu’à l’est les Seldjoukides, convertis à l’islam, bien qu’ils laissassent le calife exercer un pouvoir spirituel sans effet pratique, étaient en train de conquérir des territoires repris à l’Empire romain d’Orient et aux Fatimides. Au sud de l’Europe la reconquête chrétienne en Espagne était stoppée par les Almoravides. Face à cet expansionnisme musulman l’Europe se sentait menacée, et la réponse idéologique comme arme de défense spirituelle fut assurée par la chrétienté. Les premiers concernés par l’offensive menée par les Seldjoukides étaient les Byzantins (l’Empire romain d’Orient). Byzance se trouvait sur le front des luttes d’expansion territoriale depuis l’offensive arabe menée par les armées de Mahomet. Mais bien avant cette offensive cet Empire avait connu de sérieux revers. Rappelons que Constantin fonda la ville de Constantinople le 11 mai 330 et il en fit la capitale de l’Empire romain à la place de Rome. Ses successeurs ne parvinrent pas à maintenir l’unité de l’Empire et celui-ci fut divisé en 395 en deux territoires : l’Empire romain d’Occident centré sur Rome et sur Milan et l’Empire romain d’Orient centré sur Constantinople. Pendant que l’Empire romain d’Occident luttait contre les tribus germaniques jusqu’à finir par céder sous les offensives des Wisigoths, l’Empire romain d’Orient parvint à maintenir son intégrité et à s’imposer aux pays limitrophes. Étendant son pouvoir jusqu’en Italie c’est là qu’il subit ses premiers revers. Le nord de l’Italie fut conquis en 572 par les Lombards. Vers 580 les Balkans tombèrent sous la domination des Slaves. Sous le règne d’Héraclius (610-641) l’Empire dut affronter ses ennemis les plus dangereux : les Perses puis les Arabes. La guerre contre les Perses, les Sassanides, fut faite de défaites et de victoires. Jérusalem passa sous le pouvoir alterné des uns et des autres. Puis les Arabes occupèrent la Palestine et la Syrie, et ils assiégèrent Constantinople en 717. Ils durent lever le siège mais les Empereurs byzantins se sentirent désormais en danger. Ils tentèrent de réactiver la puissance fédérative du christianisme mais ils sombrèrent dans des polémiques religieuse épuisantes. A l’époque les chrétiens d’Orient croyaient dans la toute puissance des images saintes : les icônes. Cette croyance était si puissante que les croyants n’accordaient plus aucun rôle religieux aux Empereurs ce qui diminuait leur autorité. Ces derniers attaquèrent le culte des images. L’iconoclasme posa comme principe que vénérer une image était une superstition condamnable, il fallait donc détruire les icônes. L’iconoclasme eut pour effet d’appauvrir l’iconographie de l’art byzantin mais aussi de susciter des violences entre adorateurs des icônes et les iconoclastes. Consciente du danger de cette interdiction pour la cohésion de son royaume Irène (752-803), impératrice de Byzance, condamna l’ iconoclasme et préféra tenter de nouer des alliances politiques pour se protéger de l’expansion arabe. Elle se rapprocha de Charlemagne, chef de la chrétienté occidentale, lui proposant de réunir les deux Empires chrétiens pour contrer la puissance des Abbassides. Elle lui proposa même de se marier avec lui. Mais Charlemagne n’avait en vue que la lutte contre l’émirat espagnol des Omeyyades. Il préféra s’entendre avec les Abbassides. Irène se retrouva seule. Ses successeurs réussirent néanmoins à restaurer l’autorité spirituelle de l’Empereur tout en reconnaissant le pouvoir des icônes. Ainsi une nouvelle unité fut créée entre le peuple et ses dirigeants. Il s’ensuivit une renaissance intellectuelle qui se traduisit par la reprise de l’expansion territoriale. Les Byzantins reprirent aux Arabes une partie de la Syrie, puis ils reprirent le contrôle de la Grèce aux Slaves lesquels furent hellénisés et christianisés. Les Byzantins continuèrent leur offensive prosélyte vers le nord, christianisant la Crimée, la Hongrie et la Pologne. Cette christianisation fut menée par deux frères Méthode et Constantin, lequel prendra le nom de Cyrille (827-869). Ce dernier traduisit en slavon les Écritures et pour ce faire il inventa avec son frère un alphabet, le « glagolitique » auquel Cyrille laissera son nom : l’alphabet cyrillique. Ainsi Cyrille guida les Slaves vers une culture d’expression propre, rompant avec la langue grecque qui jusque là prévalait. L’alphabet russe actuel est issu de l’alphabet glagolitique de Cyrille et de l’alphabet grec. Mais c’est le nom de Cyrille qui qualifie désormais l’alphabet russe (alphabet cyrillique). Basile II (976-1025) consolida ensuite la conquête de la Syrie puis il conquit la Bulgarie. De nouveaux troubles d’ordre spirituel surgirent. Le christianisme de Byzance entra en conflit avec celui de Rome chacun se disputant la suprématie sur la chrétienté. Cette rivalité se termina par le schisme grec de 1054 (schisme signifie en grec : cassure). Depuis ce schisme l’Église catholique est séparée en deux Églises rivales : l’Église catholique romaine et l’Église d’Orient appelée aussi Église grecque ou encore Église orthodoxe (c’est ainsi que les Russes sont des orthodoxes, non des catholiques). A partir de 1070 les Turcs seldjoukides attaquèrent. Ils volèrent de victoire en victoire. Ils s’emparèrent de l’Asie mineure et envahirent la Palestine. L’empereur de Constantinople Alexis Comnène (1058-1118), malgré le schisme, appela à l’aide la papauté : il s’agissait de défendre la chrétienté contre l’islam. Les Turcs en outre menaçaient d’empêcher l’accès aux Lieux saints de Palestine, lieux de pèlerinages sacrés pour les chrétiens. Le 17 novembre 1095 à Clermont-Ferrand le pape Urbain II (1042-1099) invita les chrétiens d’Occident à se porter au secours des chrétiens d’Orient et à libérer le tombeau du Christ. Cet appel renouvelé à Nîmes le 28 novembre connut un retentissement considérable. Mais alors que cette invitation était adressée surtout aux nobles et aux chevaliers, des gens du peuple de toutes conditions répondirent en masse à l’appel, galvanisés par des prédicateurs errants. L’un de ces derniers Pierre l’Ermite se déplaçait de village en village et adjurait la population de tout abandonner pour prendre la croix. Sans attendre la formation de l’armée de barons voulue par le Pape, une croisade de « pauvres » s’organisa, rassemblant en quelques mois des milliers de petites gens qui durant le printemps 1096 se regroupèrent en Rhénanie avant de tracer leur chemin à travers l’Europe jusqu’à l’Empire byzantin et la Palestine. Bien qu’Urbain II n’eut pas stigmatisé les Juifs dans son appel, toute une propagande anti-juive fut diffusée par de petits aristocrates jaloux de la protection accordée par les puissants aux Hébreux. Ainsi Godefroy de Bouillon (1061-1100) déclara : « Nous parcourons de grandes distances pour trouver notre sanctuaire et pour nous venger des musulmans. Or voyez ici des Juifs parmi nous dont les ancêtres ont tué et crucifié Jésus sans aucune raison. Vengeons-nous d’abord d’eux et éliminons les du sein des nations pour qu’on ne se souvienne plus du nom d’Israël ou bien qu’ils soient comme nous et qu’ils croient dans le fils de Marie » Conscient du danger encouru par les Juifs, Henri IV, l’Empereur de l’Allemagne, demanda à Godefroy de Bouillon de se rétracter et il demanda aussi aux chefs religieux chrétiens (les évêques) de protéger les Juifs. Mais rien n’y fit. Dès les premiers jours du printemps 1096 les Juifs de Metz furent massacrés ou convertis de force. Deux personnages entrèrent alors en scène, deux nobles illuminés, le comte Emicho de Flonheim et le comte Voilkmar. Emicho de Flonheim le 3 mai 1096 fit irruption à Spire et il réclama la mise à mort ou le baptême des Juifs. Une dizaine de Juifs furent massacrés mais le reste de la communauté put se réfugier dans le palais épiscopal et échapper au massacre. Le 18 mai 1096 il se rendit à Worms où les Juifs furent massacrés. Quelques-uns échappèrent à la mort en se retranchant dans le palais épiscopal. Mais assaillis de toute part ils choisirent de se donner la mort plutôt que de se convertir. C’est ainsi que commença une série de suicides collectifs, les Juifs choisissant de mourir plutôt que d’abjurer leur foi. Emicho de Flonheim pénétra à Mayence le 25 mai 1096 et massacra la population juive : la grande métropole israélite de Rhénanie fut alors rayée de la carte. Deux jours plus tard il rentra à Cologne d’où les habitants juifs étaient partis, dispersés à temps dans plusieurs bourgades par l’évêque Hermann. Mais Emicho parvint à retrouver leurs traces et il les massacra de village en village. Ainsi, pendant tout le mois de juin, Emicho et ses troupes exterminèrent tous les Juifs qu’ils purent trouver dans tous les villages et villes qu’ils traversèrent. Arrivé en Hongrie Emicho fut arrêté par les autorités du pays qui obligèrent les croisés à se disperser. Il fut remplacé par le comte Woilkmar qui, parti de Rhénanie, choisit une route qui passait par la Bavière et la Bohême. Il entra à Prague dont il extermina la population juive. Il fut à son tour arrêté par les Hongrois. Les croisés arrivèrent enfin devant Constantinople. Alexis Comnène horrifié par cette foule fanatisée ferma les portes de la ville. Livrée ainsi aux Turcs cette première vague de pauvres hères fut exterminée par les Seldjoukides. Mais une autre vague de croisés, composée de chevaliers et de vrais guerriers, était déjà en route vers la Palestine. Toujours ma pensée est avec toi, comme ta pensée aussi m’accompagne Je t’aime
  16. Du tout ! Tu ne squattes pas ce sujet. Je suis allée écouter la vidéo que tu as postée sur ton fil, elle n’aurait en rien dépareillé du sujet proposé ici. Très belle voix que celle de cette soprano Victoria de los Ángeles interprétant certaines chansons de Lorca. Néanmoins c’est avec La Argentinita et Anda jaleo que va ma préférence. J’ai découvert La Argentinita grâce à ce fil (@tison2feu) et de savoir sa proximité avec Lorca me l’a rend encore plus attirante. De plus dans cet enregistrement " Anda jaleo " les castagnettes scandent le rythme et l’accompagnement orchestral, exécuté brillamment, accentue le texte de Lorca. Superbe interprétation. Anda jaleo Yo me alivié a un pino verde por ver si la divisaba, y sólo divisé el polvo del coche que la llevaba. Anda jaleo, jaleo: ya se acabó el alboroto y vamos al tiroteo. No salgas, paloma, al campo, mira que soy cazador, y si te tiro y te mato para mí será el dolor, para mí será el quebranto Anda, jaleo, jaleo: ya se acabó el alboroto y vamos al tiroteo. En la calle de los Muros han matado una paloma. Yo cortaré con mis manos las flores de su corona. Anda jaleo, jaleo: ya se acabó el alboroto y vamos al tiroteo.
  17. Je ne connaissais pas cette version de Miguel Póvola. Merci. Cette interprétation très flamenca fait ressentir la « douce plainte » ô combien plus douloureuse.
  18. Soneto de la dulce queja Tengo miedo a perder la maravilla, de tus ojos de estatua, y el acento que de noche me pone en la mejilla la solitaria rosa de tu aliento. Tengo pena de ser en esta orilla tronco sin ramas; y lo que más siento es no tener la flor, pulpa o arcilla, para el gusano de mi sufrimiento. Si tú eres el tesoro oculto mío, si eres mi cruz y mi dolor mojado, si soy el perro de tu señorío, no me dejes perder lo que he ganado y decora las aguas de tu río con hojas de mi otoño enajenado. Traduction : André Belamich Sonnet de la douce plainte J’ai peur de perdre la merveille De tes yeux de statue et cet accent Que vient poser la nuit près de ma tempe La rose solitaire de ton haleine. Je m’attriste de n’être en cette rive Qu’un tronc sans branche et mon plus grand tourment Est de n’avoir la fleur– pulpe ou argile – Qui nourrirait le ver de ma souffrance. Si tu es le trésor que je recèle Ma douce croix et ma douleur noyée Et si je suis le chien de ton altesse Ah, garde-moi le bien que j’ai gagné Et prends pour embellir ta rivière Ces feuilles d’un automne désolé. Intitulé « Sonnet de la douce plainte » dans l’édition d’André Bellamich, le poème appartient au groupe des Sonnets de l’amour obscur que Lorca commence à composer en 1935, et dont il projetait de faire un livre, un jardin, qui les aurait associés à des sonnets anciens (de 1925). La version qui figure ici a été publié à Valladolid, en 1943, par J. Gómez de la Serra, dans la revue Cancionero. Aguilar. Poésies III Deux interprétations différentes de ce sonnet.
  19. Ici, et c'est une tendance de l'existentialisme, il y a le poids de l'histoire. Je suis bien sûr un produit historique, que ce soit la grande histoire, l'histoire collective, histoire de ma nation, du pays dans lequel je vis et, ou, mon histoire personnelle. Mais, c'est à cela que s'indique l'originalité de l'existentialisme, à chaque instant il m'incombe de choisir ou de refuser, d'assumer cette histoire. Or en choisissant de l'assumer, ou au contraire en choisissant de ne pas l'assumer, je continue à faire mon histoire. A chaque instant de par mes choix, choix et liberté sont des notions impliquées l'une par rapport à l'autre, je continue à me produire. Cela veut dire que je ne suis pas figé, prédéterminé par une quelconque essence. Cette pensée va se radicaliser chez Sartre, cette déclaration qui ouvre le manifeste de l'existentialisme à savoir que pour un véritable existentialiste l'existence précède l'essence. Nulle essence nous fige, nous détermine, l'existence est à vivre. Et dire que notre existence est à vivre veut dire que j'ai à me construire, et je le fais à chaque instant. D'où l'idée que l'affirmation de soi est essentiellement choix de soi et que l'affirmation de soi est invention de soi, liberté créatrice. D'où toute une longue méditation de la part de Jaspers sur le temps dont il montre que le temps n'est pas notre ennemi. Il nous appartient, non pas bien sûr d'inverser l'ordre du temps qui ne cesse de couler du passé vers l'avenir, et là il s'agit du temps des horloges, du temps objectif du temps qui est quantifiable. Si nous regardons le temps de la conscience, le temps tel que nous le vivons, force est de constater, dit Jaspers, que nous disposons d'une liberté beaucoup plus grande qu'il n'y paraît. Cette souplesse que Jaspers reconnaît au temps se marque par le fait qu'en choisissant d'assumer notre passé nous libérons notre futur. Pour pouvoir se projeter dans le futur il convient de faire de son passé un projet. Mais comment faire de son passé un projet ? La première chose qui nous vient à l'esprit et que seul le futur, temps de ce qui n'existe pas encore, de ce qui n'a pas encore eu lieu, peut être évidemment le lieu du projet. Oui, mais cela ne concerne que le déroulement objectif du temps.
  20. J'ai écouté les cinq propositions offertes. La Tarara est une très belle chanson, très harmonieuse. Deux, de ces cinq propositions, ont retenu notamment mon attention et m'ont particulièrement impressionnée.
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