-
Compteur de contenus
3 006 -
Inscription
-
Jours gagnés
1
Type de contenu
Profils
Forums
Blogs
Calendrier
Vidéos
Quiz
Movies
Tout ce qui a été posté par satinvelours
-
« Boire un grand bol de sommeil noir... »
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
Troubadour, prends ton luth ou ta guitare et mets en musique ce poème que tu viens de traduire en langue provençale. Allez, on attend! -
Naissance du concept d’existence
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Philosophie
Cette dette marxiste on la trouve dans l’ensemble de la philosophie sartrienne, dans tout ce qui concerne la grande pensée de la liberté. Et de l’autre côté cette vie à penser et à s’engager, et donc à pousser plus loin sa pensée, pourrait passer pour l’illustration de la 11e thèse sur Fuerbach que travaille Marx. « Jusqu’à présent les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde, il s’agit maintenant de le transformer » Marx Fuerbach était un idéologue du XIXe siècle, durement critiqué par Marx, surtout connu par un ouvrage majeur « L’essence du christianisme » dans lequel Fuerbach, qui pourtant était quelqu’un de progressiste, essayait de démontrer qu’il y avait des valeurs dans le christianisme qui étaient susceptibles de faire évoluer les sociétés. Marx va critiquer Fuerbach en montrant que tant que l’on reste dans des perspectives religieuses, ce progrès trouve assez rapidement une limite, notamment parce qu’il y a certains types d’actions et un devenir de l’homme qui échappent à l’homme. Par définition une opposition religieuse suppose que l’on s’en remette à la décision divine quant à son destin. C’est ce qui, aux yeux de Marx, il faut effacer. Cette 11e thèse, comme la dernière, montre que certes la philosophie a une utilité, puisque c’est une activité qui consiste à penser le monde, mais penser le monde n’est pas suffisant. Il s’agit de le transformer. La pensée ne sert à rien si elle ne se concrétise pas, et si elle ne libère pas une modalité d’action. -
« Boire un grand bol de sommeil noir... »
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
Madrigal â cibdá de Santiago Chove en Santiago meu doce amor. Camelia branca do ar brila entebrecida ô sol. Chove en Santiago na noite escura. Herbas de prata e de sono cobren a valeira lúa. Olla a choiva pol-a rúa, laio de pedra e cristal. Olla no vento esvaído soma e cinza do teu mar. Soma e cinza do teu mar Santiago, lonxe do sol. Ãgoa da mañán anterga trema no meu corazón. Madrigal de la ciudad de Santiago Llueve en Santiago mi dulce amor. Camelia blanca de aire brilla temblorosa al sol. Llueve en Santiago en la noche oscura. Yerbas de plata y de sueño cubren la nueva luna llena. Mira la lluvia por la rúa lamento de piedra y cristal Mira el viento descolorido sombra y ceniza de tu mar. Sombra y ceniza de tu mar Santiago, lejanía del sol. Agua de la mañana antigua tiembla en mi corazón. Traduction : André Belamich Madrigal à la ville de Saint-Jacques Il pleut sur Saint-Jacques mon doux amour. Dans le ciel brille et frissonne le camélia blanc du jour. Il pleut sur Saint-Jacques dans la nuit obscure. L’herbe d’argent du sommeil recouvre l’aride lune. Voilà pluie dans la rue, plainte de pierre et de verre. Vois dans le vent évanouie l’ombre cendrée de la mer. L’ombre cendrée de la mer Saint-Jacques loin du soleil. L’eau de tes matins mouillés au fond de mon cœur ruisselle. Ce poème est le premier des six poèmes écrits en galicien par Lorca (celui que je préfère)."Lorca se rend plusieurs fois en Galice et ses impressions sur ce pays se reflétent dans différentes pièces de son travail. Son premier contact avec la communauté galicienne a lieu en 1916, jeune étudiant de 18 ans, lors d’un voyage avec ses camarades étudiants, guidé par un professeur.Il revient en Galicie à trois autres occasions au cours de la décennie des années 30, alors qu’il était déjà un écrivain reconnu. Grand ami, grand admirateur du recueil de chants médiévaux galiciens et de la figure de Rosalia de Castro, il dédie son premier poème, Madrigal assez á cibda de Santiago, à la ville de Compostelle, qui suscite en lui de nombreuses passions." -
Lettre 59-2 9 juin 2019 Samuel, XVI siècle Evolution générale en Europe (partie 2) L’Italie, foyer de l’humanisme et de la Renaissance (voir lettre 58-1), fascinait l’Europe par son rayonnement culturel et sa richesse financière (qu’elle devait à ses républiques tournées vers le commerce maritime). Ses grands maîtres, Léonard de Vinci (1452-1519), Raphaël (1483-1520), Michel Ange (1475-1564) et Titien (1477-1576) enchantaient le public européen. Elle était divisée en sept États principaux qui se faisaient occasionnellement la guerre : le duché de Savoie-Piémont (Turin), la république de Gênes, le duché de Milan, la république de Venise, la république de Florence, les États de l’Église et le royaume de Naples. Les rois de France, pays alors le plus peuplé et le plus puissant, rêvaient de fédérer ces États sous leur autorité, de se poser en monarques dominants de l’Europe ainsi qu’en défenseurs de la chrétienté. Ils projetaient de faire de l’Italie une base de départ pour aller reprendre les Lieux Saints de Jérusalem aux Mamelouks avant d’aller combattre les Turcs. Les esprits étaient alors enfiévrés, pas seulement en Europe, mais aussi dans les pays musulmans qui pensaient que le fait de fêter le dixième anniversaire de l’Hégire (voir lettre 47-1) précédait l’arrivée d’un mujaddid (revificateur) qui viendrait restaurer l’islam dans sa pureté originelle. Les rois français, Charles VIII (1483-1498), Louis XII (1498-1515) et enfin François Ier (1515-1547) passèrent à l’acte et envahirent l’Italie. Mais ces guerres tournèrent court et les rois durent se replier en France. Jules Michelet (1798-1874), historien français, écrivit : « La découverte de l’Italie eut plus d’effet sur le XVI siècle que celle de l’Amérique. Cette barbarie [les Français étaient réputés se conduire en barbares] étourdiment heurte un matin cette haute civilisation [l’Italie] ; c’est le choc de deux mondes, mais bien plus de deux âges qui semblaient si loin l’un de l’autre ; le choc et l’étincelle ; et de cette étincelle, la colonne de feu qu’on appelle Renaissance ». Michelet fait allusion à l’émergence de la Renaissance française grâce aux guerres d’Italie au cours desquelles les Français s’imprégnèrent de l’esprit de l’humanisme et de la Renaissance italiennes. Les humanistes européens créèrent une culture nouvelle qui fut diffusée par les livres et par de nombreux échanges entre nationaux de tous pays. Malgré les routes peu praticables et peu sûres, étudiants, pèlerins, marchands, lettrés et artistes ne cessaient de sillonner l’Europe pour se rencontrer. Leur état d’esprit, appelé esprit critique ou encore esprit de libre examen, les portait à ne rien croire sur parole, à tout examiner et à ne rien accepter pour vrai qu’ils ne puissent prouver. Les humanistes continuaient de s’inspirer du christianisme mais ils estimaient qu’il fallait découvrir la religion dans la lecture des textes et non dans le respect des traditions, des dogmes ou des rites. Cela les conduisit à étudier les langues anciennes, à les enseigner, à traduire les livres religieux et à diffuser leurs traductions grace à l’imprimerie. Ils s’inspirèrent aussi des écrits de l’Antiquité dans l’élaboration de leur pensée. De telles études firent d’eux des érudits et des savants dans toutes les disciplines. Sous l’ influence des œuvres antiques ils célébrèrent la vie, la beauté, la gloire alors que les prélats catholiques professaient le dédain du corps, l’humilité et l’obéissance. D’une manière générale les humanistes s’insurgeaient contre les injustices de leur époque et contre les comportements des ecclésiastiques qui profitaient de leur autorité morale pour s’enrichir et s’adonner à toutes sorte de plaisirs. Les humanistes favorisèrent ainsi l’émergence du renouveau chrétien appelé : la Réforme (voir lettre suivante). Parmi les humanistes les plus connus citons Érasme et Thomas More. Érasme naquit à Rotterdam en 1467, il fut ordonné prêtre en 1492. Il édita : « l’Éloge de la folie » en 1511. Il estimait que la piété ne se jugeait pas à partir de rôles et de signes extérieurs mais à partir de la foi intérieure. Il critiqua les ecclésiastiques qui selon lui trahissaient le message évangélique. Il désirait établir une société fraternelle centrée sur le message d’amour de Jésus. Il mourut à Bâle en 1536. L’Anglais Thomas More (1478-1535) écrivit :« l’Utopie ». Il dénonça lui aussi les désordres moraux des responsables de son époque. Il imagina dans l’Utopie une société idéale : égalité totale, abolition de l’argent, les richesses sont propriété de l’État qui les distribue, six heures de travail seulement par jour, gouvernement dirigé par un prince soumis au peuple (démocratie), la famille est la cellule de base, les filles se marient à 18 ans, les garçons à 22 ans, ils s’épousent par inclination, droit au divorce, tâches partagées entre les époux, un Utopien victime d’une maladie incurable peut abréger ses jours par suicide (le suicide était expressément condamné par l’Église). Signalons dans le domaine des sciences l’étude « De revolutionibus orbium coelestium libri VI » que Copernic (1473-1543), polonais, ne dévoila que quelques jours avant sa mort en 1543. Il suggéra que la Terre tournait autour du soleil en un mouvement circulaire et uniforme. Il eut la prudence de présenter son travail comme une simple hypothèse (pour l’Église la Terre était le centre de l’Univers, affirmer le contraire n’était pas alors toléré). Je t’embrasse
-
Naissance du concept d’existence
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Philosophie
J’ai omis en effet cet épisode de la vie de Sartre, geste assez inhabituel pour être rapporté. Merci de l’avoir souligné et d’avoir fait figurer le lien où il explique les raisons de son refus. Sartre est très déconsidéré, mais ne brûle-t-on pas ce que l’on a adoré ? Je savais que Frédéric Mistral avait obtenu le prix Nobel, mais j’ignorais à quoi il l’avait destiné. -
Lettre 59-1 8 juin 2019 Samuel, XVI siècle Evolution générale en Europe (partie 1) Les peuples européens continuèrent de s’affirmer en tant que nations, développant le sentiment d’appartenir à des communautés fondées sur une histoire et une mémoire communes, et sur des traits culturels communs : modes de vie, langue, territoire, religion, système politique construit autour de la royauté. A la fin du XV siècle l’empire mamelouk musulman détenait la clé des routes commerciales avec l’Orient. Les Européens voulaient trouver des routes alternatives afin de se libérer de l’influence musulmane. La voie terrestre paraissait impraticable vu l’émergence de l’empire ottoman. Restait la route maritime. Leur recherche était motivée aussi par l’espoir de trouver de nouvelles terres riches en gisements d’or et d’argent. Le développement économique européen avait provoqué une pénurie d’espèces monétaires à l’époque composées de métaux précieux (on ne connaissait pas encore la monnaie papier). Les Européens pensaient qu’un même océan entourait la terre et qu’en outre celle-ci était une sphère de faible rayon. Il suffisait donc de tenter de contourner l’Afrique par la mer ou encore de voguer vers l’ouest pour attendre aisément l’Inde et la Chine. Ce furent d’abord les Portugais qui mirent en acte cette idée. Sous l’impulsion de l’Infant Henri le navigateur (1394-1460) ils commencèrent par explorer la côte occidentale africaine et à y installer des comptoirs (des relais commerciaux). Puis en 1488 le portugais Barthélemy Diaz doubla la pointe extrême de l’Afrique du sud qu’il appela cap des Tempêtes avant que son souverain le rebaptise cap de Bonne Espérance. En 1497 le portugais Vasco de Gama doubla à son tour le cap de Bon Espérance, remonta la côte orientale africaine et finit par accoster en Inde à Calicut le 21 mai 1498 guidé par un pilote arabe : la route des Indes était ouverte. Ce fut ensuite le génois Christophe Colomb qui, pour le compte des rois d’Espagne, partit à la recherche d’une voie maritime passant par l’ouest. Nous avons vu comment il accosta sur la côte de San Salvador le 12 octobre 1492 (voir lettre 58-2) pensant avoir trouvé l’Inde. D’où le nom d’Indes occidentales donné aux Antilles et le nom d’Indiens donné aux habitants de l’Amérique. Après Christophe Colomb les explorations de Cabot, de Cabral et d’Amerigo Vespucci à la fin du XV siècle et au début du XVI siècle convainquirent les Européens qu’ils avaient trouvé un nouveau continent situé entre l’Europe et l’Orient. En l’honneur d’Amerigo Vespucci un géographe appela l’Amérique du sud « America », nom qui fut ensuite donné au nouveau monde. Entre 1519 et 1522 le portugais Magellan, pour le compte de l’Espagne, longea les côtes d’Amérique du sud, s’engagea dans le détroit qui porte aujourd’hui son nom et déboucha dans l’Océan pacifique (il lui donna ce qualificatif car il le découvrit par temps calme). Il fut tué aux Philippines mais l’un de ses bateaux regagna l’Espagne après avoir traversé l’océan Indien et doublé le cap de Bon Espérance. Il était désormais possible d’atteindre l’Inde et la Chine par des voies maritimes hors contrôle de l’empire égyptien. Les Portugais établirent sur la côte occidentale de l’Inde des comptoirs dont le plus important fut Goa. Dans le même temps ils exploitèrent les richesses de la côte occidentale africaine. Ils en rapportèrent de l’or ( jusque là acheminé par caravanes jusqu’aux ports algériens de la méditerranée), des esclaves et des épices (le poivre de Guinée). En Amérique du sud ils colonisèrent le Brésil après que l’un des leurs, Cabral, l’eut découvert en 1500. Ainsi se construisit vers 1550 le premier empire colonial qu’ait possédé un État européen. En 15 ans, entre 1520 et 1533 les conquistadors espagnols, Cortés au Mexique et Pizarro au Pérou contrôlèrent l’Amérique centrale et une partie de l’Amérique du sud construisant eux aussi un empire colonial. Cette conquête rapide, au détriment de deux empires pourtant bien organisés et civilisés, fut la conséquence de la crédulité des Amérindiens. Les Aztèques comme les Incas prirent les Espagnols pour des Dieux ce qui permit à ces derniers de profiter de leur naïveté et de les massacrer. De plus les Espagnols amenèrent avec eux des maladies qui décimèrent les populations locales. Ils détruisirent ainsi deux civilisations millénaires, puis ils asservirent leurs populations. Les Indiens furent astreints à travailler sur leurs terres confisquées et à exploiter les mines d’or et d’argent pour le compte de leurs oppresseurs. Ils furent cruellement traités et beaucoup moururent. Pour remplacer les Indiens les Espagnols firent venir d’Afrique des esclaves noirs plus robustes. Ce commerce des esclaves, appelé traite, poussa les roitelets africains à se faire entre eux des guerres pour se procurer des prisonniers et les livrer comme esclaves aux négriers blancs. Un dominicain Fra Bartolomé de Las Casas, tenta de prendre la défense des Indiens. Dans la controverse de Valladolid il soutint que les Indiens étaient des êtres raisonnables, qu’ils avaient donc une âme et qu’ils devaient être respectés. Face à lui les défenseurs des colons estimaient que les Indiens étaient des êtres inférieurs qui n’avaient donc pas le droit d’être traités avec humanité. Las Casas n’arriva pas à s’imposer et les Indiens continuèrent d’être exterminés. Beaucoup de plantes d’Amérique : maïs, tabac, haricot, tomate, cacao, vanille, quinquina, manioc, ananas furent introduites en Europe. Les métaux précieux affluèrent ce qui contribua à l’essor économique du continent grâce à l’abondance de monnaie propre à faciliter les échanges. Je t’embrasse
-
Naissance du concept d’existence
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Philosophie
Quelques repères biographiques de la vie se Sartre 21 juin 1905 - 15 avril 1980 Dans ces 75 années Sartre aura connu les deux guerres mondiales. Il participe d’une drôle de façon à la seconde. Mobilisé il va travailler dans le service météorologique, c’est-à-dire qu’il ne fait pratiquement rien et ce sera une occasion d’écrire, pendant cette période, « Carnets de la drôle de guerre ». Cette immobilité lui sera fortement reprochée par Simone de Beauvoir. En 1940 il est fait prisonnier à Padoux puis déporté dans un stalag près de Trêves et libéré. À partir des années de la fin de la guerre, au moment où il fait cette célèbre conférence sur l’existentialisme, Sartre va commencer une vie de voyages. 1946 : USA - Canada 1954 : URSS - mais rompt rapidement avec le PC lors de l’insurrection soviétique en Hongrie en 1956 1957 : Écrit des textes contre la torture lors de la guerre d’Algérie et s’oppose violemment au général De Gaulle 1958 : il se rend à Cuba puis au Brésil et milite contre la guerre du Vietnam. 1966 : accepte de participer au tribunal fondé par Bertrand Russell. Tribunal chargé d’enquêter sur les crimes de guerre au Vietnam 1967 : séjour en Égypte, en Israël. Milite pour favoriser un dialogue Moyen-Orient 1968 : participative activement aux événements et s’insurge contre l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie C’est à partir de ce moment que commence la grande période gauchisante, carrément gauchiste de Sartre, jusqu’en 1973 où il prend la direction de la « Cause du peuple » 1974 : visite au terroriste Andreas Bader dans sa prison de Stuttgart 1979 : reçu par Giscard d’Estaing à l’Élysée avec Raymond Aron pour soutenir la cause des boat people. Puis Sartre va participer à une série d’émissions télévisuelles qui lui sont consacrées et paraîtront après sa mort. Cet homme qui a tellement écrit, tellement produit, a été tout le temps sur tous les fronts en faisant réellement bouger les choses. Au travers de cette vie passée à s’engager pour des causes jugées importantes, l’on aperçoit une dette marxiste, dette qu’il n’a jamais contestée. Sartre est un penseur marxiste pour les trois quarts de ses écrits. Mais ce que Sartre retient de Marx, c’est le Marx théoricien, dialecticien qui essaie de faire travailler les contradictions de l’histoire pour accélérer le processus de libération des hommes. Ce n’est pas le Marx idéologue et fondateur du PC. D’ailleurs il se désolidarise relativement rapidement du PC ce qui lui vaudra des attaques féroce de celui-ci. -
« Boire un grand bol de sommeil noir... »
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
El poeta llega a La Habana A don Fernando Ortiz Son de negros en Cuba Cuando llegue la luna llena iré a Santiago de Cuba, iré a Santiago, en un coche de agua negra. Iré a Santiago. Cantarán los techos de palmera. Iré a Santiago. Cuando la palma quiere ser cigüeña, iré a Santiago. Y cuando quiere ser medusa el plátano, iré a Santiago. Iré a Santiago con la rubia cabeza de Fonseca. Iré a Santiago. Y con la rosa de Romeo y Julieta iré a Santiago. Mar de papel y plata monedas. Iré a Santiago. ¡Oh Cuba! ¡Oh ritmo de semillas secas! Iré a Santiago ¡Oh cintura caliente y gota de madera! Iré a Santiago. Arpa de troncos vivos. Caimán. Flor de tabaco. Iré a Santiago. Siempre he dicho que yo iría a Santiago en un coche de agua negra. Iré a Santiago. Brisa y alcohol en las ruedas, iré a Santiago. Mi coral en la tiniebla, iré a Santiago. El mar ahogado en la arena, iré a Santiago. Calor blanco, fruta muerta, iré a Santiago. ¡Oh bovino frescor de cañaveras! ¡Oh Cuba! ¡Oh curva de suspiro y barro! Iré a Santiago. Traduction : André Belamich Le poète arrive à La Havane Chant nègre de Cuba Quand viendra à la pleine lune j’irai à Santiago de Cuba, j’irai à Santiago, dans une calèche d’eau noire. J’irai à Santiago. Chanteront les toits de palme. J’irai à Santiago. Quand le palmier peut-être cigogne, j’irai à Santiago. Et quand veut être méduse le bananier j’irai à Santiago. J’irai à Santiago. Avec la tête blonde de Fonseca. J’irai à Santiago. Avec la rose de Roméo et Juliette j’irai à Santiago. O Cuba ! O rythme de graines sèches ! J’irai à Santiago. O ceinture chaude et goutte de bois ! J’irai à Santiago. Harpe de troncs vivants. Caïman. Fleur de tabac. J’irai à Santiago. J’ai toujours dit que j’irais à Santiago dans une calèche d’eau noire. J’irai à Santiago. Brise et alcool dans les roues, j’irai à Santiago. Mon corail dans la ténèbre, j’irai à Santiago. La mer noyée dans le sable, j’irai à Santiago. Chaleur blanche, fruit mort, j’irai à Santiago. O bovine fraîcheur des champs de canne ! O Cuba ! O courbe de soupir et de boue ! J’irai à Santiago. Ce poème est tiré de Poète à New York. A la Havane Lorca ressent un sentiment de liberté. Il écrit à ses parents : « Cette île est un paradis. Cuba. Si je me perds que l’on me cherche en Andalousie ou à Cuba. » C’est sur une explosion de joie que s’achève ce livre terrible : le poète salue dans la jubilation son arrivée à La Havane, sa remontée au monde des humains. D’un extrême de lui-même il s’est précipité à l’autre, déployant une prodigieuse amplitude. Jamais il a été si grand ni si vrai. Tous ces paroxysmes de colère, de pitié, de terreur et d’amour ont été vécus et fixés sur le papier sans aucune outrance... Tout le second versant de l’œuvre de Lorca est illuminé par les feux multiples de cette étoile géante. André Belamich- Poète à New York. -
Lettre 58-4 2 juin 2019 Samuel, XV siècle chapitre 4 En Égypte l’ostracisme anti-dhimmi atteignit son paroxysme sous le sultan mamelouk Jaqmaq qui, en 1448, alla jusqu’à interdire aux médecins juifs et chrétiens de soigner des musulmans. Mais les mamelouks ne tombèrent pas dans l’extrémisme chrétien d’Occident, ils n’expulsèrent pas les Juifs de leur territoire. En Palestine, appelée Eretz-Israël par les Judéens, sous domination mamelouk, la communauté juive vécut sans être notablement inquiétée. Les rapports avec les communautés chrétiennes et musulmanes restèrent toutefois difficiles. En 1428 les Judéens tentèrent de s’emparer d’un site du mont Sion (une colline qui domine Jérusalem) connu pour être le tombeau du roi David mais les Franciscains (catholiques) qui tenaient le site résistèrent. En 1474 les musulmans détruisirent la synagogue de Jérusalem mais le sultan mamelouk ordonna aussitôt sa reconstruction. Tout au long du XV siècle un courant d’immigration élitiste, composé de juifs persécutés en Occident, enrichit les communautés juives locales. En 1456 le dirigeant de la communauté de Jérusalem invita les Juifs persécutés de la diaspora à monter en Palestine. Après l’édit d’expulsion signé par les Rois catholiques d’Espagne en 1492 cette immigration fut essentiellement de source espagnole, ce qui marqua le judaïsme palestinien qui resta, jusqu’au XIX siècle, de nature essentiellement séfarade. En Asie mineure, Tamerlan, dit « le Cruel » (il fit ériger des minarets composés de crânes humains), après sa victoire sur Bajazet, le fit enfermer dans une cage dans laquelle ce dernier expira. Tamerlan au lieu d’entrer en Europe attaqua la Russie ainsi que l’Inde. Mais il mourut en 1405 et ses héritiers laissèrent tomber en ruine son empire, se contentant de créer des dynasties en Perse, en Transoxiane et en Afghanistan. Une guerre de succession éclata entre les fils de Bajazet ce qui stoppa temporairement les menées conquérantes des Ottomans. Les Empereurs byzantins profitèrent de cette accalmie pour tenter de nouer des alliances. L’Anatolie et une partie des Balkans étaient déjà sous la domination des Ottomans, l’empire byzantin n’était donc plus que l’ombre de lui-même. Manuel II Paléologue qui régna sur Constantinople de 1391 à 1425 demanda l’aide des Occidentaux. En vain. Les Turcs se regroupèrent sous la poigne d’un nouveau chef Murad II. Celui-ci reprit les conquêtes. Les ports de la mer Noire (au nord de l’Anatolie) puis Thessalonique (port de le mer Égée) tombèrent sous sa domination. Le successeur de Manuel, Jean VIII Paléologue, partit en Italie en 1437 pour demander assistance au Pape. Il accepta d’acter la réunification de la chrétienté latine et de la chrétienté grecque en 1439. Mais cet accord ne servit à rien. D’abord il fut rejeté par la population byzantine qui n’avait pas oublié comment les Croisés de la quatrième croisade avait saccagé leur capitale (voir lettre 56, deuxième partie) ensuite parce que, sous l’impulsion du Pape, l’armée qu’envoya l’Occident pour contrer les Turcs ne fit pas le poids. Conduite par un Jagellon (voir ci-dessus le chapitre sur la Pologne) roi de Pologne et de Hongrie, cette armée franchit le Danube en 1443, prit Sofia (Bulgarie) mais fut anéantie par Murad en 1444, à Varna (Bulgarie). Constantinople fut abandonnée à elle-même. En 1453 le successeur de Murad, Mehmed II mit le siège devant la ville. Le 29 mai les troupes ottomanes pénétrèrent dans la ville, tuèrent l’empereur Constantin XI Draganes, le successeur de Jean VIII, et soumirent la ville au pillage. Puis Mehmed II entra dans la ville et en fit sa capitale. En 1456 le duché d’Athènes se soumit, en 1460 la Morée (Péloponnèse) tomba à son tour : ainsi la Grèce devint ottomane. Puis la Bosnie fut conquise entre 1462 et 1466, ainsi que l’Herzégovine en 1481. Au final les contours de l’empire ottoman épousèrent les contours de l’ancien empire byzantin. Mehmed II apporta la stabilité dans ce nouvel empire, créant un État fort et centralisé, ce qui favorisa la mise en culture de nouvelles terres et développa le commerce. Cet essor de l’ économie impériale mais aussi la tolérance du sultan turc qui laissa tous ses sujets libres de pratiquer leur religion et de parler leur langue, explique la faible émigration balkanique. Seule une partie des élites partit et alla alimenter la renaissance italienne grâce à l’apport de leur culture grecque. L’autre versant de l’ancienne culture byzantine, la religion orthodoxe, fut revendiquée par la Russie qui estima, après la chute de Constantinople, qu’elle était la seule héritière de l’empire romain d’Orient. L’empire ottoman fut le pays d’accueil par excellence des réfugiés juifs d’Espagne qui affluèrent dès la prise de Constantinople. Ils se posèrent en concurrents des sujets ottomans de confession chrétienne apportant avec eux des savoir-faire précieux. Un chroniqueur écrit : « [les Juifs] ont des ouvriers en tous arts et manufactures excellents, spécialement des marranes, il n’ y a pas longtemps bannis d’Espagne, lesquels au grand détriment et dommage de la chrétienté, ont appris aux Turcs plusieurs inventions, artifices et machines de guerre, comme à faire artillerie, arquebuses, poudres à canon, boulets et autres armes. Semblablement ils y ont dressé une imprimerie, jamais auparavant vue en ces régions ». Installés en premier lieu à Constantinople, les réfugiés ibériques arrivèrent encore plus nombreux à partir de 1492. Ils trouvèrent dans la ville une communauté de Romaniotes d’origine byzantine (les Juifs de Grèce) nouvellement implantée là par les Turcs à la suite de déplacements de population organisés par ces derniers afin que ces Romaniotes concourent au développement de leur nouvelle capitale. Ainsi les Juifs furent associés, dès l’origine, au renom naissant de l’empire turc. [Les Romaniotes désignent d’une manière générale des Juifs de culture grecque installés autour de la Méditerranée orientale et autour de la mer Noire]. Je t’embrasse
-
« Boire un grand bol de sommeil noir... »
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
Canzón de cuna pra Rosalía Castro, morta ¡Erguete, miña amiga, que xa cantan os galos do día! ¡Erguete, miña amada, porque o vento muxe, como unha vaca! Os arados va e vên dende Santiago a Belén. Dende Belén a Santiago un anxo ven en un barco. Un barco de prata fina que trai a door de Galicia. Galicia deitada e queda transida de tristes herbas. Herbas que cobren téu leito e a negra fonte dos teus cabelos. Cabelos que van ao mar onde as nubens teñen seu nídio pombal. ¡Erguete, miña amiga, que xa cantan os galos do día! ¡Erguete, miña amada, porque o vento muxe, como unha vaca! Canción de cuna para Rosalía Castro, muerta ¡Levántate, niña amiga, que ya cantan los gallos del día! ¡Levántate, mi amada, porque el viento muge, como una vaca! Los arados van y vienen desde Santiago a Belén. Desde Belén a Santiago un ángel vienen en un barco. Un barco de plata fina que traía dolor de Galicia. Galicia tumbada y queda transida de tristes hierbas. Hierbas que cubren tu lecho con la negra fuente de tus cabellos. Cabellos que van al mar donde las nubes tiñen sus nítidas palmas. ¡Levántate, niña amiga, que ya cantan los gallos del día! ¡Levántate, mi amada, porque el viento muge, como una vaca! Traduction : André Belamich Berceuse pour Rosalia Castro, morte Éveille-toi, ma mie, Entends chanter les premiers coqs ! Éveille-toi, ma mie, Le vent pousse déjà son meuglement ! Les charrues vont et viennent de Saint-Jacques à Bethléem. De Saint-Jacques à Bethléem un ange vient en navire en navire d’argent fin lourd des douleurs de Galice de la Galice endormie frissonnant sous l’herbe triste. Et l’herbe couvre ton lit et ta chevelure qui s’épanche en un flot noir jusqu’à la mer où les nuées ont leur nid de colombes. Éveille-toi, ma mie, Entends les premiers coqs ! Éveille-toi, ma mie, Le vent pousse déjà son meuglement ! Lorca a écrit, en 1935, six poèmes en galicien dont Canzón de cuna pra Rosalía Castro, morta. Le plus bel hommage que le poète fait à la poétesse. -
« Boire un grand bol de sommeil noir... »
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
Je reviens sur le poème précédent Norma y paraíso de los negros. Évidemment ce n’est pas n’importe quoi. C’est un texte difficile et abstrait. Si l’on veut en faire une analyse très succincte on s’aperçoit qu’il fourmille de symboles et de métaphores ce qui, à mon sens, rend la lecture difficile à comprendre. L’ombre et la lumière se heurtent. . Pour comprendre les poèmes noirs de Lorca, il faut savoir que dès son arrivée à New York c’est Harlem qui le fascine - Harlem comme centre de libération de la population noire- avec tout particulièrement une attirance et une passion pour la musique noire et le jazz. Aussi dans ses poèmes apparaissent les problèmes de discrimination, de pauvreté, de différences culturelles que subit le noir américain. D’ailleurs Lorca dit lui-même à propos de ses poèmes qu’il a voulu faire des poèmes pour les noirs et souligner leur douleur, car rejetés et toujours esclaves de toutes les inventions de l’homme blanc… -
Lettre 58-3 1 juin 2019, Samuel, XV siècle chapitre 3 En Europe occidentale une succession d’évictions, d’autodafés et d’incarcérations collectives fut menée contre les Juifs après la fin de la période de la Peste noire. De 1450 à 1520 quelques quatre-vingt-dix villes allemandes procédèrent à des expulsions en chaîne. En Suisse les Juifs durent quitter Zurich en 1436 puis Genève et Lausanne en 1490. Lorsque la Provence fut rattachée au royaume de France en 1481 les Juifs provençaux furent à leur tour expulsés. D’une manière générale, en Europe occidentale, ils furent tous progressivement bannis ou cantonnés dans des ghettos. Seule l’Italie les accueillit avec bienveillance. Bien intégrés, ils participèrent activement à la Renaissance et celle-ci influença à son tour les études juives. Quelques noms de la communauté juive se distinguèrent. Dans le domaine de la musique : Salomone de Rossi, dans celui de l’histoire : Azaria de Rossi, dans celui de la philosophie : Elyio Delmedigo et Jean Alemanno qui fut le professeur d’hébreu de Pic de la Mirandole (1463-1494), chrétien hébraïsant, kabbaliste et philosophe majeur de la culture européenne. Mais l’Italie finit par être rattrapée par la vague hostile aux Juifs. Dans le pays même une propagande anti-juive initiée par les franciscains se développa dans la seconde moitié du XV siècle. En 1475, à Trente, une première accusation de meurtre rituel fut portée contre la communauté. Cette date indiqua le début de l’enfermement et de l’expulsion des Juifs d’Italie. Cette hostilité s’accrut encore quand les rois d’Espagne, qui possédaient alors la Sicile et la Sardaigne, décidèrent d’expulser les juifs d’Espagne, y compris donc ceux de ces deux régions. Seules Rome, Ancône, Ferrare et Venise conservèrent une population juive notable, pourtant formée de « nouveaux chrétiens », mais acceptés en raison de leurs capacités à établir des relations commerciales avec l’empire ottoman. Dans le même temps l’Europe ne s’ intéressa jamais autant aux Juifs quant à leur histoire, à leur langue et à leurs textes sacrés. Un nombre croissant d’humanistes et de savants chrétiens s’adonnèrent à l’étude de l’hébreu et de l’Ancien Testament, l’hébreu étant considéré comme la clé de compréhension des textes juifs, textes censés, aux yeux des chrétiens, conserver les secrets de l’Univers, les preuves de la divinité du Christ et le mystère de l’attachement des Juifs à leur religion. En Pologne où de nombreux Juifs avaient trouvé refuge (voir lettre 57-chapitre 1) la vague anti-juive eut des effets limités. L’héritière du trône du pays se maria en 1386 avec le grand-duc Jagellon de Lituanie (vaste région située à cette époque entre la Pologne et la Russie) ce qui ouvrit le duché à l’immigration juive : en effet, en 1388, des droits économiques identiques à ceux acquis par les Judéens de Pologne leur y fut accordés. D’une manière générale les Juifs durent faire face à l’offensive des autorités catholiques menée par l’archevêque de Cracovie ce qui leur valut de subir quelques persécutions mais ils bénéficièrent de la protection des Jagellons ce qui leur permit de rester dans le pays. Je t’embrasse
-
Naissance du concept d’existence
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Philosophie
Facticité ouvre sur contingence. Nous ne sommes pas des êtres nécessaires. Nous sommes là, mais nous aurions très bien pu ne pas être là, avec toutes les implications qu’il faudra tirer. Mais de l’autre côté facticité, parce que justement induisant l’idée d’une construction de soi, d’une élaboration de soi, et donc un choix de soi, s’articule nécessairement sur le concept de liberté. On ne peut comprendre l’existentialisme sartrien si on désimplique facticité et liberté. L'une conduit nécessairement à l’autre. Ce qui n’est pas évident d’un certain point de vue car on pourrait dire que si nous sommes des êtres factuels, si nous somme de l’ordre du fait, nous n’avons pas la liberté d’être là. C’est la seule liberté que l’on n’ait pas : d’avoir été mis au monde. Cela nous n’y sommes pour rien. Mais à partir du moment où nous sommes là, tout découle de nous. À partir du moment où notre développement permet un certain degré d’autonomisation il nous appartient d’orienter notre existence. Et notre existence sera totalement traversée, occupée, « préoccupée » à découvrir la liberté et en faire quelque chose. D’en faire quelque chose peut aussi être négatif. Cela veut dire aussi ne pas vouloir l’assumer, ne pas vouloir la considérer, tenter de la fuir et donc, chez Sartre, le « salaud » c’est celui qui se fuit lui-même. Facticité et liberté sont deux termes absolument centraux dans la philosophie sartrienne. On pourrait dire que l’étude de ces thèmes, de ces concepts et de leurs liens constitue l’étude de l’existentialisme en tant que tel. « L’existence est un humanisme » ed. Nagel coll. Pensées Sartre fait figure de géant de son siècle sur tous les plans : plan de la pensée bien sûr, plan littéraire – abondance de l’œuvre littéraire y compris de la critique littéraire. En même temps l’homme est incontournable par ses engagements politiques. -
Lettre 58-2 28 mai 2019 Samuel, XV siècle chapitre 2 En Espagne les Juifs furent de plus en plus discriminés : obligation de vivre dans des quartiers isolés et fermés, de porter un signe distinctif ; interdiction d’exercer une fonction d’autorité, de soigner des chrétiens ou de leur vendre des produits alimentaires ; interdiction d’employer du personnel chrétien, interdiction de faire des prêts d’argent. Les conversos intégrèrent l’élite dirigeante, certains devenant même évêques (hauts ecclésiastiques de l’Église catholique). Ceux-là argumentèrent et démontrèrent à leurs anciens coreligionnaires que Jésus était bien d’essence divine et humaine et qu’il était bien le Messie attendu. Le catholicisme à leurs yeux venait donc réaliser l’attente messianique du judaïsme, dépassant cette religion. Les conversions continuèrent. A la fin du XV siècle il y avait autant de « nouveaux chrétiens » (de convertis) que de Juifs (entre 150 000 et 200 000 personnes). Économiquement appauvris du fait des interdictions précitées la plupart des Juifs étaient désormais de condition modeste : artisans, petits commerçants, maçons, forgerons… bien que certains parvinrent grâce à leurs compétences à rester médecins des rois ou encore trésoriers de leurs finances. Certains conversos continuèrent d’observer dans l’intimité de leur famille les prescriptions du judaïsme tout en s’affichant catholiques à l’extérieur, parvenant ainsi à pratiquer les professions désormais interdites aux Juifs. Les catholiques finirent par s’en rendre compte, ce qui engendra une forte animosité contre ces conversos. Les catholiques les appelèrent : les marranes (en espagnol marranos signifie : porcs). Le 17 janvier 1449, à Tolède, des émeutes dirigées contre les marranes éclatèrent. Le 5 juin le conseil de Tolède adopta un statut établissant qu’aucun converso d’origine juive ne pourrait obtenir ou conserver aucune fonction dans la ville. Le 24 septembre le Pape condamna ce statut arguant que tous les baptisés, y compris les conversos, formaient un même corps. Ce statut fut ensuite condamné par un avis royal estimant que les mariages mixtes entre membres de l’aristocratie et familles conversos étaient si nombreux qu’il était illusoire de prétendre écarter les lignages d’origine juive au risque de remettre en cause l’ensemble des élites. Mais ce furent les ecclésiastiques extrémistes qui eurent le dernier mot. Le franciscain Alfonso de Espina publia en 1460 un ouvrage dénonçant les marranes. Il en conclut que si l’Espagne chrétienne voulait rester espagnole et catholique elle n’avait pas d’autre choix que celui d’expulser les Juifs et de sévir contre leurs frères « camouflés ». En 1474 Isabelle régna sur la Castille puis en 1479 Ferdinand régna sur l’Aragon. Grâce à leur mariage en 1469 les deux régnants réunirent ainsi les deux plus grandes provinces d’Espagne. Pour affermir leur nouvelle puissance et réaliser l’unité du royaume, ils mirent au pas la noblesse, assainirent les finances et décidèrent d’assurer l’homogénéité religieuse du pays, ce qui impliquait la disparition du royaume de Grenade, dernier bastion musulman de la péninsule, et la mise au pas des Juifs et des marranes. En 1478 le Pape Sixte IV établit à la demande des Rois catholiques l’Inquisition qui disposa d’un pouvoir absolu sur les « hérétiques ». En 1482 la Pape ratifia la nomination de sept inquisiteurs, tous dominicains, parmi lesquels Thomas de Torquemada qui présida le Conseil (dit Conseil suprême du Saint-Office). L’Inquisition s’attaqua aux marranes. Des tribunaux furent créés dans les grandes villes d’Espagne. Si les marranes se dénonçaient eux-mêmes la conséquence en était la confiscation de leurs biens et ils évitaient le bûcher. Les non-repentis, s’ils étaient démasqués, risquaient le bûcher. A Séville 700 « nouveaux chrétiens » furent brûlés vifs et 5000 autres furent « réconciliés » c’est-à-dire condamnés à des peines diverses. A Tolède 200 marranes furent brûlés et 7000 autres « réconciliés ». Les Inquisiteurs finirent par estimer qu’ils ne pourraient jamais vraiment extirper l’hérésie juive des « nouveaux chrétiens » si les Juifs continuaient de vivre en Espagne. En effet ces derniers, selon eux, ne cesseraient d’influencer les « nouveaux chrétiens » et de les aider à pratiquer le judaïsme en cachette. Les Inquisiteurs fabriquèrent un procès pour convaincre les Rois. A la fin de 1490 six Juifs et cinq conversos furent accusés du meurtre rituel d’un enfant disparu dont personne n’avait jamais retrouvé le corps. Torturés les prévenus durent avouer avoir arraché le cœur de l’enfant et l’avoir mélangé avec une hostie consacrée pour en fabriquer un poison destiné à détruire la chrétienté et assurer la victoire du judaïsme. [Une hostie consacrée, chez les catholiques, consiste en une pastille de pain sans levain censé incarner le corps du Christ]. Condamnés au bûcher ils furent exécutés le 16 novembre 1491. Ce procès public et retentissant convainquit les Rois d’ordonner l’expulsion des Juifs. Le 2 janvier 1492 les Rois catholiques prirent Grenade et y firent une entrée solennelle : c’en était fini de la présence musulmane en Espagne. Le 31 mars Isabelle et Ferdinand signèrent dans le palais de l’Alhambra l’édit d’expulsion des Juifs. Divulgué le 1 mai 1492 cet édit donnait quatre mois aux Juifs pour liquider leurs affaires et prendre le chemin de l’exil. Par le hasard des dates, ce fut la même année que Christophe Colomb, pour le compte des Rois catholiques, croyant accoster aux Indes, débarqua le 14 octobre 1492 sur une petite île de l’archipel des Bahamas (au sud-est de la Floride) qui fut baptisée San Salvador ( le Saint Sauveur, par référence au Christ). Au cours de l’été 1492, 150 000 à 200 000 Juifs durent quitter l’Espagne. Quelques-uns allèrent en Navarre, 50 000 à 80 000 allèrent au Portugal, 20 000 à 40 000 au Maghreb, 20 000 en Italie, 40 000 à 60 000 dans l’empire ottoman. Beaucoup moururent sur la route de l’exil. « En quelques mois raconte le chroniqueur Andrès Bernaldez les Juifs vendirent tout ce qu’ils purent ; ils donnaient une maison pour un âne, une vigne pour une pièce de tissu...Ensuite ils se mirent en route, les uns tombant, les autres se relevant, les uns mourant, les autres naissant, d’autres encore tombant malades et il n’ y eut pas de chrétiens qui les plaignit » Je t’embrasse
-
« Boire un grand bol de sommeil noir... »
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
La aurora La aurora de Nueva York tiene cuatro columnas de cieno y un huracán de negras palomas que chapotean las aguas podridas. La aurora de Nueva York gime por las inmensas escaleras buscando entre las aristas nardos de angustia dibujada. La aurora llega y nadie la recibe en su boca porque allí no hay mañana ni esperanza posible. A veces las monedas en enjambres furiosos taladran y devoran abandonados niños. Los primeros que salen comprenden con sus huesos que no habrá paraíso ni amores deshojados; saben que van al cieno de números y leyes, a los juegos sin arte, a sudores sin fruto. La luz es sepultada por cadenas y ruidos en impúdico reto de ciencia sin raíces. Por los barrios hay gentes que vacilan insomnes como recién salidas de un naufragio de sangre. Traduction : André Belamich L’Aurore L’aurore de New York a quatre colonnes de vase et un ouragan de noires colombes qui barbotent dans l’eau pourrie. L’Aurore de New York gémit dans les immenses escaliers cherchant parmi les angles vifs les nards de l’angoisse dessinée. L’aurore vient et nul ne la reçoit dans sa bouche parce qu’il n’y a là ni matin ni possible espérance. Parfois les pièces de monnaie en essaims furieux percent et dévorent des enfants abandonnés. Les premiers qui sortent comprennent dans leurs os qu’il n’y aura ni paradis ni amours effeuillées ; Ils savent qu’ils vont à la fange des nombres et des lois, aux jeux sans art, aux sueurs sans fruit. La lumière est ensevelie sous les chaînes et les bruits en un défi impudique de sciences sans racines. Il y a par les faubourgs des gens qui titubent d’insomnie comme s’ils venaient de sortir d’un naufrage de sang. Poème extrait de Poète à New York Le livre, déroutant, violent, difficile, est animé d’une puissance visionnaire qui en fait une clameur grandiose, individuelle et universelle. Le combat, perdu d’avance, de l’instinct vital et des forces obscures du sang contre les puissances glacés de la mort... On a souvent rangé le livre dans le vaste tiroir surréaliste : c’est faire peu de cas de la puissante orchestration symphonique qui maîtrise les zébrures métaphoriques et les fulgurances irrationnelles et les organise en un langage halluciné et cohérent, structuré et onirique, dont les réseaux d’associations, les constellations de mots et d’images rencontrent les structures permanentes de l’imaginaire lorquien. Nous lui appliquerons la conclusion pénétrante d’André Belamich : « Jamais Lorca n’a été si grand que dans Poète à New York ; c’est là seulement qu’il manifeste pleinement sa puissance épique et visionnaire… Le Romancero gitan le mettait au premier rang des poètes espagnols ; Poète à New York le met au premier rang des poètes universels. » Aguilar- Poésies III.
