-
Compteur de contenus
3 006 -
Inscription
-
Jours gagnés
1
Type de contenu
Profils
Forums
Blogs
Calendrier
Vidéos
Quiz
Movies
Tout ce qui a été posté par satinvelours
-
Lettre 60 13 décembre 2019, Samuel, XVII siècle Evolution générale en Europe A ) La guerre de Trente ans. 1) De 1618 à 1635 Cette guerre commença en 1618 en Europe centrale, puis elle s’étendit à toute l’Europe occidentale. Elle fit suite aux guerres de religion du XVI siècle, aux guerres entre la Réforme et la Contre-réforme (voir lettre 59-3 et 59-4). En Allemagne appelée alors le Saint Empire romain germanique, la paix d’Augsbourg de 1555 (lettre 59-3) maintenait un équilibre fragile entre catholiques et protestants. Les princes, ou Électeurs, imposaient leur religion à leurs sujets. Le Saint Empire était dirigé depuis 1452 par la maison de Habsbourg (ou maison d’Autriche) deconfession catholique (elle régna jusqu’en 1740). L’empereur était élu à la tête d’une mosaïque de 350 États regroupés en partie (l’autre partie restait autonome mais soumise à l’Empereur) sous sept Électorats (territoires) gouvernés chacun par un Électeur : les archichanceliers de Mayence, de Cologne et de Trèves, le roi de Bohème, le comte palatin du Rhin, le duc de Saxe, le margrave de Brandebourg. Ce sont ces sept Électeurs qui élisaient l’Empereur. En 1617 Ferdinand de Styrie, un Habsbourg, catholique donc, devint souverain de Bohème (composante de la République tchèque actuelle). C’était un territoire à majorité protestante qui devenait gouverné par un souverain catholique résolu à faire triompher sa religion dans son Électorat. Le 23 mai 1618 une délégation de protestants du royaume se rendit à Prague, la capitale, pour exiger des explications au gouvernement à propos des mesures de plus en plus rigoureuses prises à leur encontre. Le ton monta, les délégués réformés précipitèrent par une fenêtre dans les fossés du château deux conseillers catholiques (Martinic et Slavata) ainsi que Fabricius un secrétaire impérial (ils tombèrent sur un tas de fumier ce qui les sauva). Cet événement resta dans l’Histoire sous le nom de : Défenestration de Prague. Puis les révoltés protestants formèrent un gouvernement insurrectionnel provisoire composé de 36 membres. Le 31 juillet 1619 ils proclamèrent la fédération de Bohème. Ils recrutèrent une petite armée. Ils déclarèrent ne plus reconnaître Ferdinand comme roi et ils offrirent la couronne à un prince protestant, l’Électeur Palatin Ferdinand V qui accepta et devint roi de Bohème le 26 août 1619. L’Empire dans un premier temps ne réagit pas. Les forces en présence étaient les suivantes : « L’Union évangélique » constituée en 1608 regroupait les États protestants dirigés par l’Électeur du Palatinat Frédéric V. Cette Union se rapprocha de Henri IV, le roi de France (voir lettre 59-4), ce qui exaspéra les catholiques français. Un exalté, Ravaillac, décidé à défendre la catholicisme, assassina le roi de deux coups de couteau en 1610. « La Sainte Ligue allemande » constituée en 1609 regroupait les États catholiques dirigée par Maximilien, le duc de Bavière.Cette Ligue se rapprocha de l’Espagne. Elle était en outre protégée par les Empereurs catholiques. Le 28 août 1619 Ferdinand de Styrie succéda à Matthias 1er comme Empereur du Saint Empire sous le nom de Ferdinand II (il régna jusqu’en 1637). Cette élection déclencha la réaction de l’Empire. L’armée catholique, dirigée par le comte de Tilly, sous l’autorité de Maximilien le bavarois, soutenue par l’Espagne et par le Pape, attaqua l’armée des insurgés près de Prague, le 8 novembre 1620. Cette bataille resta dans l’Histoire sous le nom de bataille de la Montagne Blanche. Les protestants furent écrasés. Frédéric V dut s’enfuir, son Électorat fut occupé par des troupes bavaroises et espagnoles et Maximilien reçut la dignité électorale jusque là détenue par l’Électeur Palatin. La couronne de Bohème revint à la famille Habsbourg qui en fut déclarée régnante héréditaire (alors qu’auparavant le roi était élu). L’Empereur Ferdinand II administra donc le pays. Il entreprit une sanglante répression et une campagne de conversions forcées au catholicisme. La langue allemande remplaça la langue tchèque. Ce fut une grande victoire pour le catholicisme car il n’ y avait plus désormais en Allemagne que deux Électorats protestants ceux de Saxe et de Brandebourg. Le roi du Danemark (qui à l’époque comprenait le Danemark actuel, la Norvège, l’Islande et le Groenland, voir carte), Christian IV, protestant, craignant une hégémonie catholique en Allemagne qui aurait pu menacer ses possessions dans ce pays, (il y possédait le duché de Holstein), rentra dans la guerre. Ferdinand II fit appel à un chef de guerre Wallenstein. Ce chef de guerre s’était considérablement enrichi et s’était constitué une armée privée en sous-traitant avec l’Empereur : contre la liberté de lever le tribut dans les territoires protestants occupés, Wallenstein offrait les services de son armée à l’Empire. L’armée du roi du Danemark fut vaincue par les mercenaires de Wallenstein, Christian IV se retira après avoir signé la paix de Lübeck en 1629. Alors Ferdinand II n’ayant plus d’adversaire sérieux contraignit les protestants de son Empire, par l’édit de restitution (1629) à rendre toutes les terres catholiques que certains princes régnants s’étaient appropriées depuis 1555 en faisant valoir leur appartenance protestante. Toujours allié avec l’Espagne catholique il se rapprocha de la Pologne pour monopoliser le commerce dans la mer Baltique. Il s’attaquait ainsi aux intérêts économiques de la Suède qui contrôlait largement le commerce de cette mer. Les monarchies bordant la Baltique formaient alors un ensemble de territoires de première importance pour l’Europe. Elles fournissaient du blé en quantité (ce qui permettait de faire face aux disettes), des fourrures, du miel, du bois, des métaux, du goudron (essentiel pour la calfatage des bateaux) du poisson (harengs notamment). De leur côté elles avaient besoin de produits tels que l’huile, l’alun, les épices, le sel, le vin qu’elles trouvaient surtout en Europe du sud. Aussi la mer Baltique était-elle un lieu de commerce intense et vital qu’il était important de contrôler. L’espace géopolitique de la région était complexe. Son unité s’était brisée lorsque le système des trois couronnes qui maintenait toute la Scandinavie sous l’hégémonie danoise fut démantelé. Ce système appelé Union de Kalmar dura de 1397 à 1523. La Suède se retira de la confédération en 1523 tandis que le Danemark et la Norvège restèrent unis dans une entité politique nommée Danemark-Norvège jusqu’en 1814. Le contrôle de la Baltique faisait périodiquement l’objet de guerres entre les pays limitrophes de cette mer, Danemark, Suède, Pologne, Russie. Les lieux stratégiques convoités étaient la Scanie et le détroit de Sund pour le contrôle de l’accès à la mer du Nord et le golfe de Finlande pour l’accès à la Baltique (carte). Entre toutes ces puissances la Suède se distingua par ses succès et sa croissance territoriale. Depuis 1611 Gustave-Adolphe, protestant, régnait sur un royaume qui comprenait la majeure partie de la Suède actuelle, la Finlande et l’Estonie. Voyant la défaite du Danemark il décida de profiter de la situation pour renforcer sa puissance. Il s’empara de Stettin en Poméranie en 1630 puis il tenta de se présenter comme le champion des libertés germaniques c’est-à-dire des libertés protestantes allemandes. Mais il n’obtint le ralliement des Électeurs protestants de Saxe et de Brandebourg qu’après le terrible sac de Magdebourg en Saxe par le comte de Tilly. En mai 1631 celui-ci attaqua la ville peuplée de 30 000 habitants. Pratiquement tous furent tués. Cet événement provoqua l’indignation dans toute l’Europe. Les protestants en appelèrent à la vengeance divine. Du coup Gustave-Adolphe fut considéré comme le guerrier de Dieu chargé de foudroyer l’armée de Tilly. Gustave Adolphe affronta Tilly le 17 septembre 1631 à Breitenfeld, il écrasa son armée. Puis il poursuivit son avancée vers le sud, combattant à plusieurs reprises l’armée impériale reconstituée. Les pays sillonnés furent dévastés, les Suédois atteignirent l’Alsace et les pays rhénans puis ils se dirigèrent vers Munich en Bavière. Ferdinand II rappela Wallenstein. Ce dernier affronta les Suédois à Lützen au sud-ouest de Leipzig. Les Suédois gagnèrent la bataille mais Gustave Adolphe fut tué. Sa mort désorganisa le commandement de l’armée suédoise. L'héritière du royaume, Christine de Suède, âgée de six ans, laissa gouverner le régent Axel Oxenstierna qui poursuivit la politique allemande de Gustave Adolphe De son côté, Wallenstein commença à travailler pour son propre compte dans le but de se constituer son propre royaume. Ferdinand II, informé de sa trahison, le fit assassiner le 25 février 1634. Les catholiques menés désormais par l'archiduc Ferdinand, le fils de Ferdinand II, aidés par les Espagnols commandés par Ferdinand d’Autriche, l’un des fils de Philippe III d’Espagne (dont l’épouse était la sœur de Ferdinand II) en route quant à eux vers les Pays-Bas, battirent les Suédois à Nördlingen le 6 septembre 1634. Les Suédois subirent ainsi un revers mais ils ne furent pas anéantis pour autant et ils continuèrent à intervenir en Allemagne jusqu’à la signature des traités de Westphalie de 1648. Samuel, Du 22 décembre au 30 décembre 2019 ce sera la fête de Hanouka ou Fête des Lumières dont je t’ai parlé dans la lettre 1 et dans la lettre 28. Je suis fier que tu saches incarner l’âme russe comme te l’a confirmé ton maître de danse du Bolchoï. Félicitations aussi pour ta rapidité à apprendre à jouer de la balalaïka et savoir monter un cheval au galop. Tu apprends vite. Maintenant tu sais incarner l’âme des Cosaques. Dans ce restaurant, ce vieil homme ému par les chansons du patrimoine russe que tu lui a jouées, t’a rendu hommage. En te serrant contre lui, en te confiant comment sa mère l’éleva quand son père mourut au front, il t’a communiqué toute la douleur russe. Tu as su gagner la confiance de ce grand peuple. Je t’aime, Je pense chaque jour à toi
-
-
Pas de réponses à la question, pas de conseils. Simplement une histoire qui n’est, sans doute, aucunement en rapport avec ce que vous cherchez, juste un témoignage. Cette non envie de vivre avec impossibilité de mourir, cette souffrance, c’était la désespérance. La désespérance davantage dans la non envie de vivre. Alors on végète, jour après jour, on décide, mais est-ce vraiment une décision car on est au fond d’un gouffre, dans l’incapacité de penser ! on « décide » de ne plus se nourrir, ce n’est pas compliqué puisque l’impression est que la vie n’est plus en soi, jusqu’à ce que l’on tombe dans la rue et, là, direction l’hôpital, car on est en état d’urgence. Plusieurs mois à l’hôpital avec séances de psychothérapie. Eh oui il y avait aussi un travail psychique ! Et puis on ressort, mais avec une béquille. Et là, détermination : retrouver la vie, évidemment une autre vie, décider, car maintenant c’est une volonté, décider que la vie, après tout, est digne d’être vécue. Alors jeter sa béquille et vivre la vie comme elle se présente, pas toujours facile, essayer de ne plus se concentrer sur soi, pas évident, mais sur les autres. Ce fut la meilleure des thérapies. La mienne.
-
Lettre 59-11-5 17 novembre 2019, Samuel, XVI siècle La saga des Juifs 10) Les Juifs au Maghreb Les Juifs de la péninsule Ibérique commencèrent à émigrer au Maghreb dès 1391, essentiellement au Maroc et dans l’ouest algérien (Oran). Appelés megorashim ils furent bien accueillis par les autorités musulmanes, moins bien accueillis par les Juifs autochtones, appelés toshavim, qu’ils finirent par dominer socialement. En août 1415 les Portugais débarquèrent à Ceuta puis ils installèrent leurs comptoirs le long de la façade atlantique du Maroc (voir lettre 59-7). L’arrivée des Portugais créa des tensions et des conflits avec la population musulmane, conflits qui rejaillirent sur les Juifs, notamment ceux de Fès qui, sous le pouvoir des dynasties des Mérinides puis des Idrissides, furent confinés à partir de 1438 dans un quartier spécial, le mellah, avant d’être massacrés en 1465. Pourtant en 1492, lors de l’expulsion des Juifs d’Espagne le nouveau souverain du Maroc, Mohammed al-Shaykh (1471-1505) de la dynastie des Wattassides, dynastie qui régna de 1471 à 1554, leur accorda l’ hospitalité. Pendant tout le XVI siècle les marranes émigrèrent au Maroc et dans l’ouest algérien où ils purent reprendre leur religion d’origine. A partir de la deuxième moitié du XVI siècle la nouvelle dynastie régnante, celle des Saadiens (lettre 59-7) reprit progressivement aux Portugais leurs comptoirs.Le Portugal perdit même son indépendance lorsque Philippe II l’annexa au royaume d’Espagne. L’émigration en provenance de la péninsule Ibérique alors s’atténua puis s’arrêta. A la fin du XVI siècle puis lors du siècle suivant cette émigration fut remplacée par une émigration venue de Livourne (Italie, port de la côte Tyrrhénienne). Les megorashim s’imposèrent rapidement et réunirent sous leur autorité les toshavim en raison de leur haut niveau culturel mais aussi en raison de leur nombre. Ils occupèrent des fonctions économiques de haut vol : gros commerçants, exploitants du sucre de canne, activité que les Saadiens développèrent dans le sud marocain, orfèvres, interprètes, diplomates…) 11) Les Juifs dans l’Empire ottoman L’attitude des Juifs resta empreinte de chaleur à l’égard de la Turquie pendant tout le XVI siècle (voir lettre 58-4). Les émigrés en provenance de la péninsule Ibérique s’installèrent en premier lieu, dès 1492, à Constantinople. Ils y retrouvèrent des communautés juives issues de l’ancien empire byzantin : les Romaniotes, mais aussi des communautés venues des Balkans (après la conquête de cette région par Mehmet II) et d’Égypte (après la conquête de ce pays par Sélim Ier). Puis Soliman le Magnifique (voir lettre 59-6) conquit l’Île de Rhodes en 1522. Il y envoya les Juifs de Salonique (Grèce) afin qu’ils la développent. Après sa victoire militaire à Mohacs en 1526 (lettre 59-6) il transféra une partie des Juifs de Hongrie dans plusieurs villes ottomanes dont Safed en Palestine. Appréciés par les Ottomans les réfugiés ibériques s’imposèrent à toutes les communautés juives de Constantinople. En 1535 la communauté juive de la ville comptait 40 000 habitants soit 10 pour cent de la population totale. A la même époque Salonique comptait environ 18 000 Juifs ce qui en faisait la seconde métropole juive de l’Empire. D’autres réfugiés auxquels s’associèrent des ashkénazes fuyant les persécutions en Europe (notamment en Allemagne) s’établirent dans des villes périphériques de Turquie, mais aussi en Syrie, en Palestine et en Égypte. Exerçant librement toutes les professions, parlant plusieurs langues, dont les langues européennes, ces réfugiés se taillèrent rapidement une place privilégiée dans le commerce maritime de l’Empire. Salonique par exemple devint l’une des cités marchandes les plus dynamiques des Balkans ottomans.Elle commerçait avec l’Égypte, le golfe Persique, avec Venise et Ancône. C’est à Ancône, appartenant alors aux États pontificaux, que le Pape Paul IV brûla 25 marranes et en emprisonna une trentaine d’autres (lettre 59-11-3). La conséquence fut un bras de fer entre les commerçants juifs de l’Empire épaulés par le Sultan et Paul IV. Le Sultan adressa une lettre de protestation injurieuse au pape exigeant la libération immédiate des marranes sous menace d’arrêter toutes relations commerciales avec Ancône. Le Pape céda, les marranes furent relâchés et le Pontife mit un terme à ses menées exterminatrices. Les réfugiés juifs ne devinrent pas seulement commerçants mais aussi orfèvres, tailleurs de diamants, tisserands, parfumiers, marbriers, menuisiers, chaudronniers, potiers, cordonniers tailleurs, etc. Ils exercèrent aussi dans le métier de médecin. La Palestine, après sa conquête par Sélim Ier (lettre 59-6, la Palestine est entendue dans cette lettre comme partie de la Syrie) reçut à son tour des expulsés d’Espagne. Soliman y encouragea le développement du commerce et de l’artisanat. Les Juifs s’installèrent surtout à Safed (ville de Galilée) tandis que les musulmans s’installèrent surtout à Jérusalem. Safed qui comptait près de 5000 juifs à la fin du XVI siècle, riche de l’apport culturel des séfarades (les Juifs d’Espagne et du Portugal), s’imposa comme l’un des plus grands centres d’érudition juive du monde. Réunissant l’étude et la contemplation, les écoles de mystique de Safed donnèrent naissance à quelques-uns des plus grands noms de la kabbale tels Shlomo Elkabetz (1505-1584), Moshé Cordovero (1522-1570) et surtout Itshaq Louria (1534-1572). Ce dernier redéfinit certaines notions centrales de la pensée juive relatives à la « fin de l’exil », au messianisme, à la rédemption d’Eretz Israël conférant ainsi une signification plus terrestre, plus temporelle à l’attachement des Juifs à la Terre sainte. Enfin le rabbin Jospeh Caro (1488-1575) termina en 1555 son ouvrage Choulhan Aroukh (La Table dressée) recueil succinct de toutes les lois juives. Ce livre devint un ouvrage de référence dans toute la diaspora juive mondiale. L’Égypte, conquise en même temps que la Syrie-Palestine par Sélim Ier reçut également des réfugiés séfarades qui s’installèrent surtout au Caire et à Alexandrie mais aussi dans quelques villes du littoral et de l’intérieur. Occupant des fonctions identiques à celles des autres communautés juives de l’Empire (commerce international notamment), ils furent en outre employés dans la frappe de monnaie ce qui les conduisit à se spécialiser dans les opérations de change. 12) Les Juifs en Perse La Perse ne fut pratiquement pas affectée par les bouleversements démographiques et culturels provoqués par l’expulsion des Juifs de la péninsule ibérique. Tout se passa comme si l’aire d’expansion séfarade en Méditerranée (à laquelle s’associa une minorité d’ashkénazes) s’était arrêtée le long de la ligne de partage séparant l’islam sunnite de l’islam chiite. Je t’embrasse, Je t’aime
-
Lettre 59-11-4 14 novembre 2019, Samuel, XVI siècle La saga des Juifs 8) Les Juifs en Pologne Nous avons vu (lettre 59-8) que la Pologne et la Lituanie sous l’impulsion d’abord des Jagellons puis d’Étienne 1er Bathory, réunies en 1569 sous le nom de République des Deux Nations étaient devenues un grand État, à l’apogée de sa puissance au XVI siècle, prospère, célébré par Érasme et les humanistes pour son modèle de tolérance et de liberté religieuse. C’était un pays multi-ethnique comprenant des Polonais, des Lituaniens, des Biélorusses, des Russes, des Cosaques, des Lettons, des Allemands des Arméniens, des Italiens, et multi-confessionnel avec des catholiques, des orthodoxes, des juifs, des protestants (voir lettre 59-3), des calvinistes (voir lettre 59-3), des ariens et des musulmans (rappel : les ariens sont des chrétiens qui pensent que Jésus n’est pas Dieu, ils ne croient pas à la Trinité, ils pensent que Jésus est un simple prophète). Dans cet ensemble chaque groupe, chaque « nation » gérait ses affaires elle-même, préservait son identité, et parlait même sa propre langue, pour les Juifs, le yiddish. Les Juifs étaient répartis en communautés locales administrées par une direction, le kahal, un syndic d’une vingtaine de dirigeants élus, des laïcs en majorité. Le kahal nommait le grand rabbin, le président du tribunal, les juges, les officiants, ainsi que les shtadlan intercesseurs chargés de plaider la cause des membres de la communauté auprès des administrations locales de l’État. Le kahal avait aussi pour fonction de lever les impôts dus par les Juifs auprès des pouvoirs publics. La loi en vigueur était la halakha. Un Conseil central dit Conseil central des Quatre Pays regroupait l’ensemble des kehalim (pluriel de kahal). Les quatre pays étaient la Pologne, la Lituanie, la partie russe de l’État et la Volhynie (nord-ouest de l’Ukraine actuelle). Ce conseil représentait l’ensemble de la « nation » juive. Il était composé d’une trentaine de membres élus (dont six rabbins) choisis parmi les notables (riches commerçants et gros fermiers). Il se réunissait deux fois l’an et traitait tous les grands sujets : lois, rapports sociaux, discipline, répression des fraudes, instruction des enfants, gestion des yeshivot. Il gérait également les relations entre la « nation » d’un côté et les pouvoirs publics et la société non juive de l’autre. Comme les Juifs constituaient la source principale de financement de l’État les souverains s’appuyaient sur ce Conseil pour la collecte de l’impôt, l’organisation juive étant nettement plus efficace que l’organisation étatique de perception de l’impôt. Vers la fin du XVI siècle, en butte à l’hostilité croissante des corporations de métiers et à la bourgeoisie urbaine qui leur reprochaient un comportement commercial hyperactif, en butte aussi aux menées des Jésuites qui étaient devenus les conseils de Sigismond III Vasa (1586-1632) le successeur de Bathory ( voir lettre 14 sur la Russie, le Temps des troubles, 4) le désordre final) lesquels Jésuites, catholiques militants (voir lettre 59-4 ) entretenaient un certain antijudaïsme dans les villes, les Juifs se transplantèrent en grand nombre dans les vastes latifundia (propriétés agricoles de grande superficie) nobiliaires dont ils devinrent les régisseurs. Les nobles se déchargèrent ainsi de la gestion de leurs terres pendant qu’ils s’adonnaient à leurs loisirs ou à leurs guerres. Notons que ce système quasi-féodal (les nobles dirigeaient en fait l’État, tandis que le souverain ne disposait que d’une autorité réduite sur eux) peu centralisé, allait affaiblir plus tard la Pologne-Lituanie dans ses rapports avec des États voisins beaucoup mieux structurés. 9) Les Juifs en Russie En 1471 à Novgorod, province encore indépendante du pouvoir moscovite, une hérésie religieuse prit forme et se répandit. Novgorod était à l’époque en rapports commerciaux étroits avec l’Europe occidentale et ouverte aux influences humanistes qui tendaient à réformer le christianisme (voir lettre 59-2). Cette hérésie fut appelée hérésie des Judaïsants car elle aurait été lancée par un marchand Juif, Zakhar. Nul ne put confirmer que ce fut bien un Juif qui lança cette hérésie mais cette hypothèse fut finalement retenue par les Russes. Cette hérésie consistait en ceci : rejet de la vie monastique et de la hiérarchie ecclésiastique, refus de se prosterner devant les icônes, négation de la Trinité et du caractère divin de Jésus. Ivan III (1462-1505) qui régnait à l’époque sur la Moscovie ne s’opposa pas à cette hérésie si bien qu’elle se développa à Moscou. Les autorités orthodoxes s’y opposèrent alors en la personne de Joseph de Volok (1439-1515) dont nous avons parlé dans la lettre 12 sur la Russie, première partie : l’œuvre d’Ivan III, 2) la troisième Rome. Un moine s’opposa à Volok : Nil de la Sora (1433-1508). Ce dernier alla dans le sens de l’hérésie estimant que les monastères avaient pris trop d’importance, qu’ils s’étaient trop attachés aux biens matériels ce qui corrompait leur spiritualité. Il voulait que les moines fassent vœu de pauvreté et se séparent de leurs biens. Cela ne déplaisait pas à Ivan III qui espérait ainsi mettre la main sur les terres des monastères. Mais Volok qui, lui, défendait le pouvoir foncier des monastères (ils géraient le tiers du territoire russe) parvint à rallier derrière lui l’Église orthodoxe et le Tsar. L’hérésie fut stoppée, ses tenants furent persécutés et exécutés. Du coup une certaine suspicion retomba sur les Juifs en général. Ceux-ci furent désormais tenus à l’écart du territoire russe. Ivan le terrible et ses successeurs reconduisirent cette interdiction de séjour. Je t’embrasse, Je t’aime
-
Lettre 59-11-3 13 novembre 2019, Samuel, XVI siècle La saga des Juifs 6) Les Juifs aux Pays-Bas Après la mise en place de l’Inquisition au Portugal en 1536 des marranes partirent pour Anvers devenu un entrepôt du trafic maritime entre la péninsule Ibérique et les Indes occidentales et orientales. Les frères Francisco et Diogo Mendes s’y rendirent entraînant avec eux des centaines de marranes dont ils organisèrent l’évasion. Les 17 Provinces des Pays-Bas alors sous domination espagnole se révoltèrent contre Philippe II en 1576 (lettre 59-5). Mais les Provinces ne s’entendirent pas entre elles et leur opposition tourna en guerre de religion (catholiques contre calvinistes). Cette guerre insécurisa les Juifs d’Anvers qui partirent progressivement de la ville portuaire pour rejoindre Hambourg puis Amsterdam. En 1581 les dix Provinces du Nord proclamèrent leur indépendance sous le nom de République des Provinces-Unies. Leur capitale, Amsterdam, s’engagea à respecter la liberté d’opinion de ses habitants ce qui provoqua un afflux d’étrangers. Une communauté juive s’y implanta entre 1595 et 1600. Elle prit un essor important au XVII siècle. 7) Les Juifs en Italie Certains marranes, toujours après l’établissement de l’Inquisition au Portugal choisirent d’atteindre les Balkans et la Turquie en passant par l’Italie. Certains voulurent s’y établir mais l’atmosphère s’alourdit considérablement lorsque la Contre-Réforme prit son essor (lettre 59-4). Dès 1541 les Juifs furent expulsés de l’Italie méridionale alors sous domination espagnole. En 1553 le pape Jules III (pontificat :1550-1555) ordonna que le Talmud soit brûlé à Rome et partout ailleurs en Italie. En 1555 Paul IV ( pontificat : 1555-1559) ordonna la ghettoïsation des juifs romains. Il les força à vivre reclus dans une rue unique fermée la nuit, à ne plus posséder de biens immobiliers et à réduire le nombre de synagogues. Obligés de porter un chapeau jaune pour les hommes et un voile jaune pour les femmes, il leur fut interdit de travailler les jours de fêtes chrétiennes et de vendre tout produit alimentaire à des chrétiens. Ces dispositions furent étendues à la plupart des villes italiennes. En 1556 Ancône condamna au bûcher des marranes. En 1569 Pie V (1566-1572) expulsa les Juifs des États pontificaux à l’exception des communautés de Rome et d’Ancône. Mais il autorisa l’impression des livres hébraïques à condition qu’ils ne contiennent pas de références blessantes à l’égard de la foi chrétienne ; par prudence les communautés juives d’Italie imposèrent d’elles-mêmes la censure sur leurs livres. La création des monts de piété permit aux Italiens de se passer des prêteurs juifs. Pourtant en 1533 le duc de Milan demanda au Pape l’autorisation d’accueillir à nouveau des Juifs sur ses terres pour faire concurrence aux chrétiens, qui, ayant désormais le monopole de prêteurs, s’étaient mis à pratiquer des taux usuraires excessifs. Mais Philippe II d’Espagne ordonna en 1597 l’expulsion des Juifs du duché de Milan. Cet appel aux Juifs fut aussi lancé dans les ports italiens de l’Adriatique afin de dynamiser le commerce avec la Turquie et les Balkans. Le cas de Venise à cet égard est intéressant. La ville envisagea plusieurs fois d’expulser les Juifs mais le projet soumis au sénat vénitien par le marrane Daniel Rodriga, préconisant l’ouverture d’un port franc à Split (aujourd’hui en Croatie), en Dalmatie, face à Venise, permit de sauver le commerce de la ville et convainquit les autorités de garder leurs marranes. En 1589 une charte autorisa les « nouveaux chrétiens » appelés là-bas ponentini (occidentaux) à habiter librement avec leurs familles dans la ville et à y pratiquer leur religion d’origine. Ils furent toutefois tenus de vivre dans le ghetto nuovissimo et de porter un chapeau jaune. Les marranes revinrent ouvertement au judaïsme et fondèrent leur propre communauté appelée Talmud Torah. En l’espace de quelques années ils acquirent une place prépondérante dans la vie économique de la cité concentrant entre leurs mains la majeure partie du commerce italien avec Salonique, Constantinople et la mer Noire. Ils construisirent leur synagogue, la très belle Scuola Spagnola, ou Ponentina édifiée en 1584 (puis agrandie en 1635). En 1593 à l’invitation de Ferdinand Ier de Toscane des marranes portugais fondèrent la communauté juive de Livourne ( la côte de la mer Tyrrhénienne) qui deviendra plus tard la première communauté d’Italie. Grâce à eux la cité portuaire bénéficia d’un essor remarquable. Je suis de près ton approche du cheval du Don. Je sais que sauras l’apprivoiser et bientôt, lui et toi, ne formerez plus qu’un lorsque vous courrez ensemble. Tels les Mongols ou les Cosaques mais aussi tels les Arabes à la conquête de la Méditerranée tu connaîtras ainsi le sentiment de liberté que connurent jadis les nomades. Sentiment incomparable, inconnu des sédentaires. Tu ajouteras ainsi à ta connaissance du monde une expérience inestimable. Je t’embrasse, Je t’aime
-
Lettre 59-11-2 10 novembre 2019, Samuel, XVI siècle La saga des Juifs 3) les Juifs en France Nous avons vu (lettre 57-Chapitre 1) que les Juifs furent définitivement expulsés de France en 1394 (le 17 septembre sur décision de Charles VI). Lorsque la Provence fut rattachée au royaume de France en 1481 ils furent d’abord expulsés d’Arles en 1493 puis de Tarascon en 1496. Enfin en 1500-1501 ils furent expulsés de toute la Provence. Il y eut tout de même une exception. Louis XI, en 1472, permit à des marranes ibériques de s’établir à Bordeaux dévasté par la guerre de Cent ans afin de contribuer au redressement de la ville. Ils furent ensuite rejoints par de «nouveaux chrétiens» portugais après l’établissement de l’Inquisition au Portugal. A partir de la moitié du XVI siècle l’attitude des autorités françaises vis-à-vis des Juifs changea. Ainsi en août 1550 les lettres patentes de Henri II accordèrent aux « nouveaux chrétiens » portugais le droit de s’installer en France. Henri III renouvela ces lettres en1574 autorisant les conversos à exercer librement leurs « trafics » et toutes autres « manufactures ». Néanmoins les conversos étaient toujours officiellement convertis au catholicisme . Aussi par prudence ils continuèrent de faire baptiser leurs enfants, de célébrer leurs mariages à l’église et de faire bénir leurs enterrements par les curés (qui parfois étaient eux-mêmes des conversos). Nombre de ces conversos, comme en Espagne et en Italie, finirent par assumer leur identité chrétienne sans pour autant couper leurs liens avec leurs parents et amis revenus au judaïsme. Ce fut le cas de la mère de Montaigne Antoinette de Lopez. Les marranes (ou conversos ou « nouveaux chrétiens », tous ces mots sont synonymes) utilisèrent aussi la France comme escale provisoire avant leur installation définitive à Amsterdam, Anvers ou Hambourg. Ainsi ils s’installèrent dans plusieurs localités du sud-ouest : Saint-Jean-de-Luz, Biarritz, Labastide-Clarence, Peyrehorade, Bidache, Bayonne, ou des localités portuaires telles La Rochelle, Nantes, Le Havre, Rouen, Marseille mais aussi dans des villes telles Paris ou Toulouse. Parfois certains firent souche dans ces villes. Ainsi Élie de Montalto (1567-1616), médecin de la reine Marie de Médicis s’installa à Paris où il eut même la possibilité de revenir à la pratique officielle du judaïsme (il fut considéré comme le seul Juif autorisé de la cour royale). Alfred de Vigny dans sa " Maréchale d'Ancre " mit en scène son histoire sous le nom de Samuel Montalto. 4) Les Juifs en Angleterre Les Juifs étaient bannis d’Angleterre depuis 1290 et les rares marranes qui s’y installèrent au début du XVI siècle ne manifestèrent pas leur identité juive. Henri VIII s’appuya sur des érudits juifs pour justifier son divorce d’avec Catherine d’Aragon et son mariage avec Anne Boleyn (voir lettre 29-3). Une centaine de marranes s’installèrent à la cour d’Élisabeth I. Hector Nunes médecin et commerçant qui informa la cour d’Angleterre de la concentration à Lisbonne de l’invincible armada (voir lettre 59-5) sut bien s’intégrer. En revanche Roderigo Lopes médecin de la reine (c’était un marrane portugais) parvint à déchaîner contre lui une violente campagne anti-juive à cause de ses sympathies espagnoles (il est vrai que les relations entre l’Angleterre et l’Espagne étaient à l’époque plutôt houleuses (lettre 59-5)). C’est lui qui aurait inspiré à Shakespeare le personnage de Shylock dans le Marchand de Venise. Il finit par être accusé de complot contre la reine en 1594 avant d’être exécuté. Du coup la petite communauté fut dispersée et ses membres allèrent se réfugier aux Pays-Bas déguisés en sujets catholiques romains de la péninsule ibérique. Il faudra attendre le siècle prochain pour que les Juifs puissent revenir en Angleterre. 5) les Juifs dans le Saint-Empire romain germanique Nous avons vu qu’en Allemagne après la fin de la période de la Peste noire quantité de villes allemandes procédèrent à des expulsions des Juifs (lettre 58-3). Il en fut de même en Suisse. Ces expulsions se poursuivirent tout le long du XV siècle et au début du XVI siècle. Beaucoup de Juifs se réfugièrent dans de petites localités rurales. Quelques villes gardèrent leurs communautés mais elles les cantonnèrent dans des ghettos notamment à Francfort-sur-le-Main et à Worms. En revanche en Bohème et en Moravie (république tchèque) les communautés juives se maintinrent. Le ghetto de Prague doubla sa population entre 1520 et 1540 atteignant 6000 âmes. L’apparition de Luther (lettre 59-3) laissa envisager un retour en grâce des Juifs. Ainsi en 1523 il publia un pamphlet « Jésus est né Juif » dans lequel il s’attaqua à tous ceux (surtout les papistes) qui persécutaient les Juifs. Il écrit : « si j’avais été Juif j’aurais préféré me faire porc plutôt que chrétien. Les Juifs sont les parents de sang...de Notre Seigneur [Jésus]. Ils appartiennent à Jésus-Christ bien plus que nous. Je prie donc mes chers papistes (ceux qui obéissent au pape et contre lesquels Luther va développer sa nouvelle foi) de me traiter de Juif » Changement de ton dès 1526 quand Luther se rendit compte qu’il ne parviendrait pas à convertir les Juifs à sa réforme religieuse. Il écrivit « le Christ n’a pas d’ennemis plus venimeux que les Juifs ». Du coup il voulut faire disparaître le judaïsme et mettre le feu aux synagogues. Après la victoire des protestants en Basse-Saxe, dans le duché de Brunswick, à Hanovre Luxembourg et à Berlin les Juifs furent expulsés en 1560 puis en 1573. Même comportement dans le duché de Silésie en 1589. Dans d’autres régions gagnées par les protestants (duché de Hesse notamment) ils ne furent pas expulsés mais ils furent soumis à l’interdiction d’édifier des synagogues et à l’interdiction d’étudier le Talmud. Ils durent aller à l’église écouter des prêches de conversion. Seules les communautés situées dans des villes dominées par les catholiques furent épargnées, elles furent même protégées. Après la signature en 1555 de la paix d’Augsbourg établissant le principe cujus regio, eius religio, tel prince telle religion, chaque région devant prendre la religion de son prince, les Juifs se retrouvèrent soumis à l’arbitraire du régnant. Un homme remarquable, le rabbin alsacien Joselmann de Rosheim, né vers 1480, parvint à défendre sa communauté en réussissant par la persuasion à obtenir des arbitrages favorables près des Empereurs. En 1507 lors de l'expulsion des Juifs de Colmar, il fit appel avec succès à Maximilien qui annula cette décision. Il obtint le même succès pour empêcher l’expulsion des Juifs d’Augsbourg, de Nassau, de Worms, de Francfort. Sa communauté le choisit pour chef et guide. Devenant progressivement connu comme défenseur des communautés juives pour les matières religieuses et légales, Joselmann acquit le statut de chef de tous les Juifs de l'Empire allemand. Peu après l'ascension sur le trône de l'empereur Charles Quint, à Aix la Chapelle, en 1520, il obtint une lettre de protection (charte) de l'Empereur pour tous les Juifs d'Allemagne. A plusieurs reprises, il intercéda avec succès auprès du roi Ferdinand, frère de l'Empereur, en faveur des Juifs de Bohème et de Moravie. Une action importante de Joselmann fut l'établissement de règles pour les prêts effectués par ses coreligionnaires : il leur fut désormais interdit d'exiger un taux d’intérêt trop élevé. Il défendit les Juifs contre les attaques de Luther. Ainsi il réfuta les affirmations du prédicateur dans une pétition volumineuse qu'il fit parvenir au bourgmestre de Strasbourg, et ce dernier, à la suite, interdit une nouvelle réédition des écrits haineux de Luther. Autant qu’il put le faire Joselmann défendit sa communauté obtenant dans les cas les plus cruciaux l’aide impériale. Il mourut en 1554. Si aucun successeur n’atteignit son envergure il faut noter l’action du rabbin Juda Löew Bezalel plus connu sous le nom de Maharal de Prague (1525-1609). Talmudiste, moraliste, cabaliste, mathématicien, astronome et alchimiste il devint le chef de la communauté juive de Bohème-Moravie. Bien que resté fidèle à la Torah il eut recours à la science profane dans son enseignement et il fit appel à la philosophie occidentale dans son interprétation de la Aggadah (lettre 44). Son nom est lié au golem de Prague, la créature d’argile à laquelle il avait insufflé la vie à l’aide d’inscriptions cabalistiques. Selon la légende le Maharal aurait décidé de le détruire après qu’un vendredi soir il eut échappé à son contrôle (voir correspondance 1). Je t’embrasse, Je t’aime
-
Lettre 59-11-1 8 novembre 2019, Samuel, XVI siècle La saga des Juifs 1) Introduction Lisons ce qu’écrit Michel Abitbol dans son livre « Histoire des Juifs », page 271 : « A l’heure de l’absolutisme et du mercantilisme triomphants, tous séfarades et ashkénazes prennent une part active dans les nouveaux circuits d’échanges qui relient l’Europe à l’Afrique, à l’Asie et aux Amériques, et qui enjambent l’Atlantique, la mer du Nord, la Baltique, la Méditerranée, l’Adriatique, le golfe Persique et l’océan Indien. Au hasard des migrations et des expulsions, leurs chemins se croisent à Istanbul, Salonique, Smyrne, Alep, Safed et Jérusalem ou à Venise, Pise, Livourne, Amsterdam, Hambourg, Londres et même à Cracovie, Vienne et Budapest. S’enflammant pour les mêmes utopies messianiques et s’efforçant de mettre en harmonie leurs codes rituels ils accourent les uns au secours des autres pour sauver de la captivité leurs coreligionnaires faits prisonniers ou vendus en esclavage loin de leur pays. Ils veillent ensemble au bien-être des Juifs de Terre Sainte et à l’entretien des yeshivot de Jérusalem, Hébron, Safed et Tibériade. Ne cessant d’échanger entre eux hommes, livres et idées, ils ont le sentiment de partager la même histoire et le même vécu.» 2) Les Juifs dans la péninsule ibérique Nous avons vu, lettre 58-2, qu’au cours de l’été 1492 après l’édit d’expulsion pris par les Rois catholiques d’Espagne le 1 mai 1492, entre 50 000 à 80 000 juifs partirent d’Espagne pour gagner le Portugal. Ils y furent d’abord bien accueillis mais le roi du Portugal arrivé au pouvoir en octobre 1495, Manuel Ier, du fait de la clause de son contrat de mariage avec Isabelle d’Aragon, l’héritière du trône d’Espagne, qui stipulait que le pays de son époux ne devait être peuplé que de catholiques, publia un arrêté d’expulsion en 1496. Puis se ravisant, désireux d’intégrer une population d’immigrés juifs dont les savoirs pouvaient dynamiser l’administration de son pays, en 1497 il commua cet édit d’expulsion en conversion forcée et interdit dans la foulée aux Juifs de quitter le pays (fermeture des ports). Il ordonna le baptême forcé des enfants âgés de moins de 14 ans puis il fit baptisé les moins de 25 ans et enfin il baptisa la communauté toute entière. Afin de permettre aux nouveaux chrétiens (cristaos novos) de s’habituer progressivement à leur nouvelle condition il leur accorda une période de transition de 20 ans pendant laquelle il les laissait libres de leurs pratiques religieuses. Ce qui produisit finalement de nouveaux conversos, ou marranes, les Juifs continuant de pratiquer le judaïsme dans leur vie privée. La population vit d’un mauvais œil arriver ces exilés. Lors d’une épidémie de peste, en 1506, ces derniers furent pris comme boucs émissaires : deux milliers d’entre eux furent massacrés. Manuel Ier réagit en donnant sa protection aux Juifs en 1507. Mais au fur et à mesure que ces derniers prenaient des places de choix dans la société (banques, commerce extérieur, marchés du sucre, des esclaves et des épices) les anciens chrétiens (les Portugais) s’en prirent à eux. Quand Jean III succéda à son père Manuel en 1521 il demanda au pape Paul III l’établissement d’une Inquisition au Portugal. Le pape accéda à cette demande en 1536. Il s’agissait de traquer les Juifs qui, bien que convertis, continuaient de pratiquer leur culte. Les «nouveaux chrétiens» quittèrent alors par milliers le Portugal pour chercher refuge ailleurs. Beaucoup émigrèrent dans le sud-ouest de la France, dans les Flandres et en Italie, ou encore dans l’empire ottoman ou dans les communautés du sud de la Méditerranée. D’autres allèrent s’établir dans l’archipel de Madère ainsi qu’ à Sao Tomé puis au Brésil où ils développèrent la culture de la canne à sucre grâce à des techniques apprises à Sao Tomé et à Madère. Mais d’autres choisirent de retourner en Espagne. En principe plus un seul Juif n’habitait en Espagne depuis l’expulsion de 1492 les derniers conversos s’étant en principe totalement assimilés. Mais l’afflux massif des « cristaos novos » ranima la fibre juive chez ces assimilés tout en ranimant aussi l’Inquisition espagnole et les débats sur la « pureté de sang » (la limpezia de sangre). En juillet 1547 l’Église catholique de Tolède promulgua un statut de pureté de sang en interdisant les mariages entres vieux chrétiens (les Espagnols) et les nouveaux venus du Portugal, les « nouveaux chrétiens ». Certaines professions leur furent en outre interdites (médecine, chirurgie, pharmacie). Certaines provinces leur interdirent leurs territoires ou ils furent confinés dans des quartiers spéciaux. Après l’union du Portugal et de l’Espagne réalisée par Philippe II en 1580 (voir lettre 59-5) nombre de marranes (nouveaux chrétiens) partirent au Brésil, au Mexique, à Cuba, au Pérou. D’autres formèrent une nouvelle communauté à Amsterdam. C’est ainsi qu’en expulsant les Juifs et les marranes de la péninsule ibérique les gouvernants et l’Inquisition contribuèrent à l’expansion du judaïsme dans le monde entier et à son renforcement dans les communautés moribondes du sud de la Méditerranée. Ils permirent aussi le retour des Juifs dans les pays européens comme la France et l’Angleterre. Le sort des marranes durant les siècles suivants (jusqu’au XVIII siècle) resta incertain dans la péninsule. Les souverains, lorsque la situation économique se dégradait, se rendant compte de l’apport précieux d’une communauté au dynamisme commercial incomparable, cherchaient à les garder ou à les rapatrier. Mais sans cesse, d’une manière erratique, l’Inquisition intervenait pour les persécuter. J’espère que la rentrée s’est bien passée, Je t’embrasse, Je t’aime
-
Lettre 59-10 7 novembre 2019, Samuel, XVI siècle : La Perse Nous avons déjà eu affaire avec la Perse lors de l’exil des Judéens à Babylone (voir lettre 24). En 539 avant l’E.C. Cyrus II dit Cyrus le Grand conquit Babylone et occupa la Palestine. C’est lui qui autorisa les Judéens à revenir en Israël. Il fonda le premier Empire perse dont le territoire allait de la Méditerranée jusqu’à l’Inde. Avec lui s’installa la dynastie des Achéménides d’origine indo-européenne. Nous avons retrouvé l’Empire perse quand Alexandre le Grand se mit en tête de le conquérir (lettre 26). Alexandre déposa le dernier Empereur perse Darius III après l’avoir vaincu en 331 avant l’E.C. Ce furent alors les Séleucides, dynastie grecque issue de Séleucos l’un des diadoques d’Alexandre (diadoque : général et compagnon du conquérant), qui régnèrent sur la Perse. Au troisième siècle après l’E.C. une nouvelle dynastie s’imposa : les Sassanides (voir lettre 45). Ils restaurèrent la puissance de l’ancien Empire sur un territoire qui correspond à peu près à l’Irak et à l’Iran actuels. Mais en 636 un nouveau peuple surgit sur la scène : les Arabes. Ils vont submerger les Perses dont l’Empire va s’effondrer et disparaître. Les Perses vont alors devenir les administrateurs des Empires arabes dirigés par les Omeyyades puis par les Abbassides(lettre 49-1). Vers la fin du X siècle l’Empire abbasside se fracture, une nouvelle dynastie, les Bouyides, d’origine perse et de confession chiite prit le pouvoir. Au XI siècle les Turcs Seldjoukides venus d’Asie centrale renversèrent les Bouyides et imposèrent un islam sunnite (lettre 52). Au XIII siècle les Mongols de Gengis Khan, à leur tour, déferlèrent sur la région. Ils s’emparèrent de la Perse et installèrent à la tête du pays Houlagoukhan, le petit-fils de Gengis-khan. Ce dernier fonda la dynastie des Houlagides qui régna jusqu’au début du XIV siècle. Ce furent ensuite les hordes menées par Tamerlan qui occupèrent le pays. Tamerlan devint empereur de la Perse en 1381. Ses descendants les Timourides régnèrent sur la Perse jusqu’en 1501. Vers 1500 des milliers de partisans d’origine turque convertis au chiisme, menés par leur chef Ismaïl prirent le contrôle de la Perse. Ismaïl en devint le Chah (le roi) et fonda la dynastie des Séfévides. Son petit-fils Abbas Ier le Grand qui régna de 1587 à 1629 stabilisa les frontières du royaume qui correspondent pratiquement à celles de l’Iran actuel. Il réussit à imposer une centralisation de l’État. Sous son règne les arts et les lettres furent à l’honneur, Ispahan la capitale s’embellit de monuments ( la place Royale, la mosquée de l’Imam avec un dôme de faïence bleu turquoise), l’art de la miniature connut une période faste. La Perse devint également une grande puissance commerciale entretenant avec l’Europe un important trafic centré sur la soie. Bravo pour ton récital de trompette à Moscou ! Je t’embrasse, Je t’aime
-
Lettre 59-9 6 novembre 2019 Samuel, XVI siècle La Russie La Russie apparut de manière déterminante dans l’histoire de l’Europe occidentale avec la guerre de Livonie menée par Ivan IV le Terrible. Cette guerre fut certes perdue par le Tsar mais l’Occident prit alors conscience qu’une nation puissante était née à l’Est. Après la création de la Rus’ de Kiev en 882 par le Varègue Oleg, lui-même successeur de Rurik, le premier Varègue de la dynastie des Riourikides [qui régna en Russie de 882 à 1598 avant d’être remplacée par la dynastie des Romanov], établit lui à Novgorod, d’incessantes guerres de succession provoquèrent l’effondrement du jeune État. L’apparition des Mongols-Tatars au XII siècle provoqua la sujétion des Russes aux chefs mongols, les khans, qui s’établirent sur un vaste territoires appelé la Horde d’Or (capitale : Saraï) situé en Russie méridionale. Les Mongols dominèrent la Russie jusqu’en 1480 avant que leur territoire éclate en khanats, celui de Crimée, celui de Kazan, celui d’Astrakhan et celui se Sibir. Sous la domination des Mongols-Tatars les Russes construisirent au XII siècle un nouvel État à Novgorod avant que s’affirme, à partir du XIV siècle la principauté de Moscou. Les souverains successifs de la principauté surent progressivement accroître le territoire de la Moscovie sans parvenir toutefois à reprendre en totalité l’ancien territoire de la Rus’ de Kiev passé sous le contrôle de la Pologne-Lituanie. C’est surtout Ivan III le Grand (1462-1505) qui fit de la petite principauté un immense territoire de 2 000 000 km², comprenant à la fin de son règne : la Moscovie (Moscou, Vladimir, Souzdal), le territoire de Novgorod, comprenant les métropoles de Pskov et de Viatka, le territoire de Riazan comprenant les principautés de Rostov, Iaroslav et Tver. En outre la possession des terres de Novgorod ouvrit une route d’accès à la Sibérie, par le Nord. Ivan III parvint également à reprendre à la Pologne-Lituanie les régions de Smolensk et de Polatsk ainsi qu’une grande partie de celle de Chernigov qui faisaient jadis partie de la Rus’ de Kiev sans néanmoins pouvoir reprendre Kiev. C’est sous Ivan III également que la Russie devint la premiere représentante de la religion orthodoxe dont le centre géographique situé à Constantinople était passé sous le contrôle des Turcs musulmans en 1453. La chute de l’Empire romain d’Orient donna légitimité aux Russes pour s’en sentir les héritiers et leur permettre de considérer Moscou comme l’incarnation d’une troisième Rome. Le règne d’Ivan le Terrible (1533-1584) marqua les esprits de toute l’Europe tant son autorité fut dévorante. Sacré premier Tsar de toutes les Russies, descendant non seulement de Rurik mais aussi des Paléologues, les Empereurs de Byzance, par sa grand-mère paternelle, il s’estima l’héritier et même le descendant de l’Empereur romain Auguste ce qui, dans son esprit, faisait de lui le souverain de tout l’Occident. Il s’empara du khan de Kazan puis celui d’Astrakhan puis il soumit le khan de Sibir qui lui fit acte d’allégeance. S’appuyant sur les Cosaques, cavaliers aventuriers issus de toutes les nations, vivant dans les marches sud (les frontières sud) de la Russie, guerriers intrépides et invincibles, il commença la conquête de la Sibérie. Il fut moins heureux dans sa guerre contre la Livonie. La Livonie était un ancien territoire conquis par l’Ordre teutonique entre Novgorod et la mer Baltique. Cette région était très convoitée par la Suède, la Pologne et la Russie car elle permettait l’accès à la mer Baltique. Ivan essaya de s’emparer de cette zone stratégique mais il s’enlisa dans une guerre qu’il perdit. Néanmoins pour la première fois de son histoire la Russie fit ainsi irruption dans l’espace territorial européen. Sous le règne de Féodor, le fils du Terrible, le patriarche de Constantinople accepta de créer à Moscou en 1589 un cinquième patriarcat (après ceux de Jérusalem, Antioche, Alexandrie et Constantinople) ce qui conféra à la Russie, déjà considérée comme l’héritière de l’Empire romain d’Orient un rayonnement spirituel considérable. Je te félicite pour avoir obtenu de tes enseignants l’ouverture d’un nouvel atelier à Moscou où tu vas pouvoir à ton tour enseigner tes auditeurs. J’espère que tu vas bientôt apprendre à conduire un cheval. Alors armé de ton sabre, transporté par ton destrier tu sentiras de l’intérieur même de ton esprit ce que vécurent les Cosaques. Je t’embrasse, Je t’aime
-
Vous me faites connaître des cultures que je ne connais pas, merci.
-
Lettre 59-8 4 Octobre 2019 Samuel, XVI siècle La Pologne-Lituanie Nous avons cité la Pologne pour la première fois dans la lettre 57- Chapitre 1. Elle constituait au quatorzième siècle un royaume dirigé de 1333 à 1370 par Casimir-le-Grand. Ce souverain sut faire du petit pays créé vers le huitième siècle par les Polanes, une tribu slave, un état influent sur la scène européenne. Il doubla la superficie du territoire en repoussant notamment les Allemands qui le menaçaient à l’ouest. Rappelons que sous la pression de tribus nomades venues d’Asie centrale les Slaves se divisèrent en trois groupes dès le septième siècle : les Slaves de l’est, ceux de l’ouest et ceux du sud. Les Slaves de l’ouest sont les ascendants des Polanes. Ces derniers passèrent sous l’influence de l’Europe de l’ouest en se convertissant en 966 au christianisme. Lors du schisme de 1054 (voir lettre 54-1) les Polonais restèrent soumis à l’autorité de Rome, ils devinrent catholiques. [Les Russes, descendants des Slaves de l’est avec les Ukrainiens et les Biélorusses, basculèrent sous l’influence de Byzance, l’Empire romain d’Orient, ils devinrent orthodoxes. Nous voyons que la cassure culturelle entre Polonais et Russes remonte à loin. Quant aux Slaves du sud ils occupèrent les Balkans, ce sont les ascendants des Slovènes et des Serbes]. L’héritière du trône de Pologne, Hedwige, se maria en 1386 avec le Grand-Duc Jagellon de Lituanie, ainsi commença l’union politique entre la Pologne et la Lituanie. Le Grand-Duc, après s’être converti au catholicisme, prit le nom de Ladislas II Jagellon. Il gouverna la Pologne avec sa femme, jusqu’à la mort de celle-ci en 1399, puis seul, jusqu’à sa mort en 1434. Il gouverna la Lituanie de 1377 à 1387 date à laquelle il confia le gouvernement à un tiers (Skirgaila) jusqu’en 1392. Jagellon était le fils du Grand-Duc de Lituanie Olgerd lequel régna sur le duché de 1345 à 1377. Olgerd avait profité de l’effondrement de la Rus de Kiev (suite à d’incessantes guerres de succession et à l’irruption des Mongols et des Tatars) pour conquérir l’ancienne Russie kiévienne. En1392 l’union politique Pologne-Lituanie fut mise à mal : le cousin de Jagellon, Vitovt (converti lui aussi au catholicisme) prit le pouvoir en Lituanie et mena sa propre politique. Il s’attaqua à la principauté naissante de Moscou et au khan de la Horde d’Or [La Horde d’Or était le nom donné au territoire occupé par les Mongols-Tatars. Il comprenait la Russie méridionale (la Crimée, la région de Kazan et celle d’ Astrakhan) ainsi que le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et le Turkménistan actuels]. Mais Vitovt fut écrasé par le khan lors de la bataille de Worskma en 1399. Il ne réussit pas plus à briser Moscou. Du coup il renoua avec la Pologne pour s’attaquer aux Allemands (l’Ordre teutonique) qui bloquaient l’accès à la Baltique grâce à leurs conquêtes territoriales : Prusse orientale et Livonie (incluse dans la Lettonie et l’Estonie actuelles). Les Polonais et les Lituaniens à nouveau réunis vainquirent les Allemands en 1410 lors de la bataille de Grunwald (Tannenberg en allemand). La domination de l’Ordre teutonique dans la région fut brisée et l’accès à la mer assuré. Vitovt mourut en 1430 ce qui permit à Jagellon de reprendre le pouvoir en Lituanie et d’installer à la tête de l’union la dynastie des Jagellons qui régna jusqu’en 1572. En 1569 sous le règne de Sigismond II Auguste, le dernier des Jagellons, fut signé le traité de l’Union de Lublin qui réunit le royaume de Pologne et le Grand-Duché de Lituanie en un seul État. Cette Union fut encore appelée : République des Deux Nations. L’ensemble couvrait un territoire qui allait de la mer Baltique à la mer Noire jusqu’aux portes de Moscou. Sa capitale fut d’abord Cracovie puis Varsovie à partir de 1596. [Ce territoire correspond à peu près aujourd’hui aux territoires de la Pologne, la Biélorussie, l’Ukraine, la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie]. Ce traité donna ainsi naissance au plus grand État jamais connu en Europe (à l’exception de la Russie), d’une superficie de 800 000 km² et d’une population de 7 500 000 habitants. Sous le règne du successeur du dernier des Jagellons, Étienne 1er Bathory qui régna de 1576 à 1586, l’Union connut son âge d’or. Dans la lignée de Sigismond Auguste il ouvrit son pays aux influences occidentales : l’humanisme et la Renaissance. La production céréalière s’accrut, de nouvelles terres furent défrichées. Surtout il promut la liberté religieuse. Bien que catholique, soucieux de ne pas provoquer dans son royaume des guerres de religion, il permit l’exercice de tous les cultes. Les minorités religieuses, protestants et juifs, ne furent pas inquiétées. Déjà Sigismond en 1573 avait proclamé la liberté de conscience. La Pologne-Lituanie apparut ainsi comme un havre de paix : les persécutés, en raison de leur confession, vinrent s’y réfugier. Enfin Étienne Bathory consolida l’étendue de son territoire en prenant en 1582, à Ivan le Terrible, la Livonie. Mais l’Union était fragile. La noblesse exploitait de vastes territoires travaillés par une paysannerie de serfs asservis sans retenue. Cette même noblesse tentait avec succès de limiter le pouvoir royal en sacrifiant l’intérêt général à leurs intérêts provinciaux. Elle refusait de participer à l’effort financier de guerre, empêchant la création d’une armée nationale ce qui obligeait le roi à recourir à des mercenaires pour défendre les frontières. Or face à ce pouvoir royal affaibli, la Russie au même moment prônait l’autocratie et la toute puissance du pouvoir tsariste. La Pologne-Lituanie se préparait ainsi à des lendemains difficiles. J’espère que tu as passé une bonne fête de Roch Hachana. C’est en principe l’an 5780, que tu peux aussi interpréter, puisque la création du monde remonte à bien plus loin, comme le temps passé depuis le début de la création continue de la mémoire juive. Toujours, je pense à toi, Je t’aime,
-
Naissance du concept d’existence
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Philosophie
[Ainsi le rêve n’est pas une activité de la conscience, c’est une activité d’une autre partie du psychisme que la psychanalyse appelle l’inconscient. La conscience est forclose. Tout discours par définition, même explicatif, c’est la nature même du concept, c’est de découper les choses qui en soi se donnent d’une façon informe et diffuse. Penser c’est découper, d’où la métaphore du boucher chez Platon. Toute théorie découpe le réel, une certaine réalité. Nous avons besoin de cela pour penser les choses. La psychanalyse va découper le psychisme, va opposer des instances, l’inconscient, le conscient, pour nous permettre de comprendre une réalité vécue d’une façon diffuse. Est-ce que cela veut dire que dans la réalité ces barrières étanches existent ? Certainement pas. Donc notre très grande habitude de découper, d’analyser, de relier les choses d’une façon logique, du moins dans notre culture, ne peut pas ne pas induire des effets en retour dans des couches beaucoup plus profondes, c’est-à-dire dans des couches inconscientes. Bien sûr que dans la réélaboration du rêve il y a des choses logiques. Mais si l’on se réfère vraiment à la psychanalyse on sait aussi de ce fait que la logique du rêve, plus exactement les moments du rêve qui nous apparaissent comme étant logiques ne sont pas le rêve primitif. Ce sont le fruit du travail d’une réélaboration du rêve. Le contenu patent du rêve, ce dont nous pouvons avoir mémoire, a retravaillé, réaménagé, réélaboré, donc bien souvent en réinjectant des exigences logiques, ce qui est le rêve primitif, c’est-à-dire le contenu latent qui, lui, étant au plus près de la fiction n’a rien de logique. Donc toujours ce travail de réélaboration des choses à l’intérieur même de la théorie psychanalytique.] -
Naissance du concept d’existence
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Philosophie
Pour-soi signifie donc conscience, conscience positionnelle, être une conscience est par définition ne jamais pouvoir être de l’ordre des choses. C’est donc se saisir non pas sur le mode de l’en-soi, mode des choses, mais sur le mode justement opposé qui sera le mode du pour-soi. Pour-soi signifie donc conscience, conscience positionnelle, c’est-à-dire toute conscience est conscience de quelque chose. La conscience vide n’existe pas. Toute conscience se saisit au travers de son activité de représentation, c’est ce que signifie la célèbre phrase de Husserl « Toute conscience est conscience de quelque chose ». Nous ne pourrons en définitive nous saisir que comme conscience, c’est-à-dire comme des pour-soi et comme une conscience qui n’est pas en-soi, qui n’est pas une chose, qui n’est pas comme le voudrait Descartes une substance, mais comme le veulent les phénoménologues une activité incessante. Ma conscience n’est pas autre chose que l’ensemble des processus conscients qui la constituent. Si ces processus viennent à être suspendus, par exemple dans le sommeil, on peut dire littéralement que j’ai perdu ma conscience ou que je n’ai plus de conscience. -
« Boire un grand bol de sommeil noir... »
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
El poeta dice la verdad Quiero llorar mi pena y te lo digo para que tú me quieras y me llores en un anochecer de ruiseñores, con un puñal, con besos y contigo. Quiero matar al único testigo para el asesinato de mis flores y convertir mi llanto y mis sudores en eterno montón de duro trigo. Que no se acabe nunca la madeja del te quiero me quieres, siempre ardida con decrépito sol y luna vieja. Que lo que no me des y no te pida será para la muerte, que no deja ni sombra por la carne estremecida. Traduction : André Belamich Le poète dit la vérité Je veux pleurer ma peine et te le dire pour que tu m’aimes et pour que tu me pleures par un long crépuscule de rossignols où poignard et baisers pour toi délirent. Je veux tuer le seul témoin, l’unique, qui a pu voir assassiner mes fleurs, et transformer ma plainte et mes sueurs en éternel monceau de durs épis. Fais que jamais ne s’achève la tresse du je t’aime tu m’aimes toujours ardente de jours, de cris, de sel, de lune ancienne, car tes refus rendus à mes silences se perdront tous dans la mort qui ne laisse pas même une ombre à la chair frémissante. Il est évident que le temps a manqué au poète assassiné pour donner plus d’ampleur à sa dernière œuvre en vers. Les Sonnets sont le dernier éclat, poignant, de son génie créateur. André Belamich. Poésies IV