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  1. Cervantes Marinero soy de amor : Il s’agit d’un "romance" qui ouvre le chapitre de la première partie de Don Quichotte. C’est en le chantant que don Luis prévient doña Clara, –sa claire étoile – qu’il est arrivé à l’auberge où elle fait étape et où se trouve don Quichotte. Marinero soy de amor y en su piélago profundo navego sin esperanza de llegar a puerto alguno. Siguiendo voy a una estrella que desde lejos descubro, más bella y resplandeciente que cuantas vio Palinuro. Yo no sé adónde me guía y, así, navego confuso, el alma a mirarla atenta, cuidadosa y con descuido. Recatos impertinentes, honestidad contra el uso, son nubes que me la encubren cuando más verla procuro. ¡Oh clara y luciente estrella en cuya lumbre me apuro! Al punto que te me encubras, será de mi muerte el punto. Traduction : Jean Canavaggio Je suis un marin de l’Amour Et, sur son océan profond, Je navigue sans espérance De parvenir à aucun port. Je vais poursuivant une étoile, Que je découvre du plus loin, Plus belle et plus resplendissante Que celle que Palinure. J’ignore où elle me conduit, Ainsi, je navigue incertain. Mon âme l’observe, attentive, Mêlant l’abandon au souci. Une importune retenue, Une pudeur inusitée Me la voilent comme une nue, Plus je m’efforce de la voir. Ô claire et brillante étoile, Lumière en qui je me consume ! L’instant où tu te voileras Ce sera l’instant de ma mort. Jordy Savall, le père de Ferran, l’interprète de la mélodie, explique dans le livret qui accompagne l’album (Don Quijote de la Mancha : Romances y Músicas) : « La musique n’était pas connue, nous avons eu recours aux techniques de contrefact en sélectionnant la musique la plus appropriée correspondant au personnage et à la métrique de l’époque. » Dans ce cas il s’agit d’une mélodie séfarade.
  2. Pourquoi honte ? A chacun son style ! Néanmoins ce poème dédié à son épouse m’a fascinée. Il a fallu que je me renseigne sur l’Ageronia atlantis. C'est le nom savant d’une plante, l’algérone, appartenant aux asclépiadacées. L’asclépiade est aussi appelée « ouate soyeuse » ou « plante à soie ». Quant à l’orichalque, ou cuivre des montagnes, très connu dans l’Antiquité, c’est un métal qui atteignait le prix de l’or.
  3. Carlos Edmundo de Ory né à Cadix en 1923- mort à Thézy-Glimont en 2010 Inventive, expérimentale, pleine d’humour, sa poésie connaît un succès tardif mais croissant en Espagne. Le poème a été écrit à Paris, en 1956. G.Correa, Antología Descripción de mi esposa con acompañamiento de timbales Ella es mi escarabajo sagrado. Ella es mi cripta de amatista. Ella es mi ciudadela lacustre. Ella es mi palomar de silencio. Ella es mi tapia de jazmines. Ella es mi langosta de oro. Ella es mi kiosko de música. Ella es mi lecho de malaquita. Ella es mi medusa dorada. Ella es mi caracol de seda. Ella es mi cuarto de ranúnculos. Ella es mi topacio amarillo. Ella es mi Anadiómena marina. Ella es mi Ageronia atlantis. Ella es mi puerta de oricalco. Ella es mi palanquín de hojas. Ella es mi postre de ciruelas. Ella es mi pentagrama de sangre. Ella es mi oráculo de besos. Ella es mi estrella boreal Traduction : Nadine Ly Description de mon épouse avec accompagnement de cymbales Elle est mon scarabée sacré Elle est ma crypte d’améthyste Elle est ma cité lacustre Elle est mon pigeonnier de silence Elle est ma murette de jasmin Elle est ma sauterelle d’or Elle est mon kiosque à musique Elle est mon lit de malachite Elle est ma méduse dorée Elle est mon escargot de soie Elle est ma chambre de renoncules Elle est ma topaze jaune Elle est mon Anadyomène marine Elle est mon Ageronia atlantis Elle est ma porte d’orichalque Elle est mon palanquin de feuilles Elle est mon gâteau de prunes Elle est ma portée de sang Elle est mon oracle de baisers Elle est mon étoile boréale
  4. Lettre 60-41 17 mai 2020, Samuel, Les empires coloniaux du XV au XVII siècle L) XVII siècle : la Nouvelle-France La « Nouvelle-France » est le nom donné aux colonies françaises de l’Amérique du Nord. Il s’agissait d’une vice-royauté du royaume de France instituée par François 1 er en 1534. Son premier gouverneur fut Jacques Cartier. Au XVII siècle la monarchie française, stabilisée dans son pouvoir grâce à l’action de son roi Henri IV, s’intéressa à nouveau à la Nouvelle-France laissée en sommeil pendant toute la seconde moitié du XVI siècle (voir lettre 60-36). 1) Le Saint-Laurent Un jeune navigateur Samuel de Champlain (1567-1635), en 1608, remonta le Saint-Laurent et créa près du village de Stadaconé (voir carte lettre 60-36) la ville de Québec qui devint la capitale de la Nouvelle-France. (Québec signifie en langage indien : l’endroit où la rivière se rétrécit). Il entreprit d’installer là une colonie de peuplement dont l’activité, outre le commerce des fourrures avec les Indiens, s’orienta vers une mise en valeur des terres. Les Français qui vinrent s’installer relevaient de trois catégories : Les pionniers-agriculteurs : la Compagnie des Cent-Associés (Richelieu créa cette société en 1627) chargée par l’État de mettre en valeur ce territoire leur octroya des parcelles de terre. Vers 1635 ils étaient environ 300, à la fin du siècle ils étaient environ 3000. Ils reçurent des parcelles de 180 hectares environ tracées en lamelles à partir des rives du fleuve. Le colon recevait en outre un petit capital et des vivres pour tenir le temps de défricher la terre et de la cultiver. Les militaires : Ils étaient chargés de protéger la colonie. Ils s’employèrent à pacifier la vallée en menant une guerre contre les Iroquois qui capitulèrent en 1667. Un vaste réseau de forts fut édifié s’étendant toujours de plus en plus loin vers le sud jusqu’aux abords des Grands Lacs. Les filles à marier : De 1663 à 1673 environ 700 filles âgées de 12 à 30 ans furent envoyées plus ou moins de force au Canada. Elles venaient d’orphelinats ou de maisons religieuses Les divers : Il s’agit de toutes les autres professions : administratifs, commerçants, chasseurs, pêcheurs, bûcherons (exploitation du bois). Trois villes se développèrent. Québec créée en 1608, ville la plus importante, qui atteignit 6000 habitants en 1750, Trois-Rivières, fondée en 1634, qui atteignit 1000 habitants en 1750 et Montréal (près de Hochelaga, voir carte lettre 60-36 ), fondée en 1642, qui atteignit 4000 habitants en 1750. La colonisation fut difficile : à la fin du XVII siècle il n’y avait environ que 8000 colons au Canada (mais la croissance démographique s’accéléra à partir de la fin du siècle). Les conditions de vie le long du Saint-Laurent étaient rudes, avec des hivers très froids. Les indigènes ne fournirent aucune main d’œuvre, au contraire. Ils étaient rares dans la région après l’hécatombe provoquée par les maladies importées par les Européens le siècle dernier et ils ne se laissèrent pas embrigader par les prêtres catholiques venus pour les convertir. Beaucoup de Français, manquant de femmes, choisirent de prendre des Indiennes comme épouses. Si certaines femmes finirent par se convertir, la plupart du temps les Français allaient vivre avec les autochtones qui gardèrent leurs coutumes. A côté de ce peuplement difficile les Anglais eux ne cessaient d’arriver sur la côte ouest de l’Amérique du Nord. La démographie, défavorable aux Français, conduisit parfois ces derniers à s’entendre avec les Indiens pour faire face aux Britanniques. 2) La Louisiane En 1673, le gouverneur Louis de Buade de Frontenac souhaita étendre les colonies vers le sud. Il chargea un colon et aventurier René Robert Cavelier de la Salle (1643-1687) qui avait déjà exploré le sud en 1670, d’ouvrir une nouvelle route commerciale. En 1674, la Salle établit le fort Frontenac sur le lac Ontario, puis en 1679, après avoir fondé le fort Niagara (près des chutes) il appareilla sur un navire, le Griffon et il découvrit les Grands Lacs, premier européen à réaliser cette découverte. Il construisit le fort Saint-Joseph sur le lac Michigan, puis il remonta le fleuve Illinois, où il établit, en 1680, le fort Crèvecoeur. De là, en 1682 il atteignit le Mississippi, il descendit droit vers le sud et il atteignit le 6 avril 1682 le rivage du golfe du Mexique. Le 9 avril, il prit possession des territoires qui bordaient le golfe au nom de la France et leur donna le nom de Louisiane en l’honneur du roi Louis XIV qui, peu reconnaissant, écrivit au gouverneur que cette découverte était fort inutile et qu’il faudrait par la suite empêcher de pareilles découvertes. La Salle retourna en France pour vendre au roi un projet d’établissement en Louisiane qui, selon lui, formerait une base intéressante pour envahir le Mexique, colonie espagnole. Louis XIV, à qui l'Espagne venait de déclarer la guerre en octobre 1683 (voir lettre 60-10, la guerre des Réunions), lui apporta finalement son soutien en avril 1684. La Salle quitta La Rochelle le 24 juillet 1684 avec le titre de gouverneur de la Louisiane, à la tête d’une expédition composée de quatre bateaux (le Joly, la Belle, l’Aimable et le Saint-François) et près de 300 personnes parmi lesquels des soldats, des artisans, six missionnaires, huit commerçants, et plus d'une douzaine de femmes et d'enfants. L’expédition fut malmenée par des attaques de pirates, elle accumula des erreurs de navigation. Le Saint-François tomba aux mains de corsaires espagnols au large d'Hispaniola. Le 25 novembre, les trois navires restants accostèrent finalement sur la côte du golfe du Mexique. Mais la Salle ne reconnut pas l’endroit où il se trouvait. La navigation de l'époque était imprécise et si la détermination de la latitude était à peu près correcte, celle de la longitude, en l'absence de chronomètres précis qui n'apparaîtront qu'au XVIIIe siècle, était très déficiente. L'explorateur était à 600 kilomètres à l'ouest de l'embouchure du Mississippi, alors qu’il croyait avoir dérivé vers l'est. En accostant il perdit l’Aimable qui s’échoua sur un banc de sable puis coula. Son second le commandant Tanguy Le Gallois de Beaujeu se mutina et repartit vers la France avec le Joly. La Salle n’avait plus qu’un navire, la Belle, et 180 personnes. Ils construisirent le fort Saint-Louis (endroit situé aujourd’hui au Texas). La Salle essaya de retrouver le Mississippi. En vain. Il se heurta à des Amérindiens hostiles, aux désertions, à la malnutrition. En février 1686, son dernier navire, la Belle s'échoua à son tour. Après deux années difficiles au cours desquelles la colonie passa de 180 à 40 personnes, la Salle décida de remonter vers le Nord, espérant retrouver le Saint-Laurent. Mais des hommes se mutinèrent et la Salle fut assassiné le 19 mars 1687. Un homme, Henri Joutel, ayant survécu à la mutinerie, accompagné de 6 hommes, retrouva le Mississippi à pied, puis il remonta jusqu'à Québec. Le roi qui craignait que les Anglais ne cessassent de s’étendre sur la côte Américaine (ils commençaient à avancer en Floride au détriment des Espagnols) chargea Pierre Le Moyne d'Iberville et d’Ardillières (1661-1706) navigateur, militaire, corsaire et explorateur français, de retrouver l'embouchure du Mississippi et de coloniser la Louisiane. Le 2 mars 1699, d’Iberville réussit là où Robert Cavelier de La Salle avait échoué : il retrouva, par voie de mer, l’embouchure du Mississippi. Il y construisit le 1er mai 1699 le fort Maurepas et il fonda la ville de Biloxi puis le 3 mai, il retourna en France, laissant une garnison de 81 hommes. Ainsi une implantation coloniale effective commença à partir de 1699 en Louisiane. Bonne fin de week-end à Moscou, Je pense à toi toujours avec tendresse, Je t’aime,
  5. Antonio Machado Ce poème fait partie des Soledades (Solitudes) écrites entre 1899 et 1907. Ensueños Yo voy soñando caminos de la tarde. ¡Las colinas doradas, los verdes pinos, las polvorientas encinas!… ¿Adónde el camino irá? Yo voy cantando, viajero a lo largo del sendero… -La tarde cayendo está-. “En el corazón tenía la espina de una pasión; logré arrancármela un día; ya no siento el corazón.” Y todo el campo un momento se queda, mudo y sombrío, meditando. Suena el viento en los álamos del río. La tarde más se oscurece; y el camino que serpea y débilmente blanquea, se enturbia y desaparece. Mi cantar vuelve a plañir; “Aguda espina dorada, quién te pudiera sentir en el corazón clavada.” Traduction : Bernard Sesé Rêveries Je m’en vais rêvant par les chemins du soir. Les collines dorées, les pins verts les chênes poussiéreux ! … Où peut-il aller, ce chemin ? Je m’en vais chantant, voyageur Le long du sentier… -Le jour s’incline lentement-. «Devant mon cœur était clouée l’épine d’une passion ; un jour j’ai pu me l’arracher : Je ne sens plus mon cœur.» Et toute la campagne un instant demeure, muette et sombre, pour méditer. Le vent retentit dans les peupliers de la rivière. Mais le soir s’obscurcit encore ; et le chemin qui tourne, tourne, et blanchit doucement, se trouble et disparaît. Mon chant recommence à pleurer: «Epine pointue et dorée, Ah! si je pouvais te sentir Dedans mon cœur clouée.»
  6. Fleur desséchée cela va aussi puisqu’il y a la prééminence de l’expression littérale : (chevelure, front blanc, lèvres, gorge ) sur les fleurs : (lis, œillet). Et pourquoi en place de Goza: « Profitez », mettre quelque chose de plus brutal, par exemple « Jouissez » ?
  7. Miguel de Cervantes Saavedra né à Alcalá de Henares en 1547- mort à Madrid en 1616 Ce poème est tiré du deuxième acte des Bagnes d’Alger, une autre des comédies publiées en 1615. Ce chant d’un captif chrétien, qui exprime sa nostalgie de liberté est un zéjel, forme strophique d’origine arabe qui remonte au Xe siècle et dont la tradition s’est maintenue au Moyen Âge et au Siècle d’or. Le poème s’ouvre sur un couplet de deux octosyllabes, suivi d’une quintilla que conclut, en manière de refrain, le deuxième vers du couplet initial. Jean Carnavaggio. Aunque pensáis que me alegro, Conmigo traigo el dolor. Aunque mi rostro semeja Que de mi alma se aleja La pena, y libre la deja, Sabed que es notorio error: Conmigo traigo el dolor. Cúmpleme disimular Por acabar de acabar, Y porque el mal, con callar, Se hace mucho mayor. Conmigo traigo el dolor. Traduction : Jean Carnavaggio Bien que vous me croyez en joie, En moi je porte la douleur. Alors que mes traits laissent croire Qu’à présent la peine s’éloigne De mon âme, enfin délivrée, Sachez que c’est erreur notoire : En moi je porte la douleur. Il me faut bien dissimuler, Pour que désormais j’en finisse, Et, puisque le poids du silence Rend le malheur encore plus lourd, En moi je porte la douleur.
  8. Luis de Góngora y Argote né à Cordoue en 1561- mort à Cordoue en 1627Inventeur de la poesía nueva (nouvelle poésie), objet, de son vivant, d’exégèses savantes et de vives et féroces controverses, rival redouté et intensément admiré de Lope de Vega, modèle absolu de perfection conceptiste pour Gracián, ostensiblement rejeté par Antonio Machado et secrètement présent dans ses Campos de Castilla (Champsde Castille); emblème des jeunes poètes de la génération de 1927 Luis de Góngora, « le Cygne du Bétis », porte l’écriture poétique à une hauteur exceptionnelle. Comme Cervantes et comme Lorca, Góngora est aujourd’hui l’un des des très rares écrivains espagnols pour lesquels le public et les critiques puissent encore se passionner, en Espagne certes, mais aussi en France et en Europe. Le poème ci-dessous, rempli d’éléments métaphoriques, déconstruit pas moins subtilement le code analogique en usage pour imposer la beauté du visage féminin (Claude Esteban- poèmes parallèles).Mientras por competir con tu cabelloOro bruñido, el sol relumbra en vano, Mientras con menosprecio en medio el llano Mira tu blanca frente el lilio bello; Mientras a cada labio, por cogello, Siguen más ojos que al clavel temprano, Y mientras triunfa con desdén lozano Del luciente cristal tu gentil cuello; Goza cuello, cabello, labio y frente, Antes que lo que fue en tu edad dorada Oro, lilio, clavel, cristal luciente no sólo en plata o víola troncada se vuelva, mas tú y ello juntamente En tierra, en humo, en polvo, en sombra, en nada.Traduction : Claude Esteban Tandis que pour lutter avec ta chevelure,Or bruni au soleil vainement étincelle,Tandis qu’avec mépris au milieu de la plaineContemple ton front blanc la fleur belle du lis, Tandis que pour cueillir chacune de tes lèvresTe poursuivent plus d’yeux que l’œillet du printemps,Et que superbement dédaigne, triomphantDu cristal lumineux, ta gorge souveraine ;Cette gorge et ce front, ces cheveux, cette lèvreCueille-les dès avant que ce fut hierEn ton âge doré, lis, œillet, or, cristal,En argent ne se charge, en violette fanée,Mais plus encore, et toi avec eux mêmement, En poussière, en fumée, en cendre, en ombre, en rien.
  9. Lettre 60-40 14 mai 2020, Samuel, Les empires coloniaux du XV au XVII siècle K) XVII siècle : le Brésil Au début du XVII siècle profitant de l’affaiblissement du Portugal rattaché à l’Espagne sous le nom : l’Union Ibérique, depuis 1580, la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales, fondée en 1621, mit en place une colonie hollandaise brésilienne de Sao-Luis à Recife (rebaptisé Mauritsstad) en 1624 [voir carte lettre 60-35 pour localiser l’endroit]. Ce choix géopolitique des Hollandais était clair : le sucre devenait l’enjeu majeur de l’entreprise coloniale aux Amériques et la Hollande n’ayant obtenu qu’une très maigre part du partage des Antilles le dévolu sur le Brésil sucrier se voulait une compensation. En 1654 profitant de l’affaiblissement des Provinces-Unies lors de la première guerre anglo-néerlandaise (1652-1654) que les Provinces perdirent (voir lettre 60-6) les Portugais parvinrent à chasser les Hollandais et à garder intacte leur colonie qu’ils continuèrent d’exploiter pendant tout le siècle. L’Espagne les laissa libres d’administrer le pays (le Portugal retrouva son indépendance en 1640). Je t’embrasse, Je t’aime
  10. Lettre 60-39 13 mai 2020, Samuel, Les empires coloniaux du XV au XVII siècle J) XVII siècle : la Nouvelle-Espagne Au XVI siècle Charles Quint divisa les territoires conquis en Amérique latine par l’Espagne en deux principautés administratives : la Nouvelle-Espagne, créée en 1536, (capitale : Mexico) qui comprenait tous les territoires allant du Panama jusqu’au Mexique (y compris les Antilles) et le Pérou, créé en 1542, (capitale : Lima) qui comprenait tous les territoires situés au sud du Panama (cette vice-royauté comprenait aussi la Nouvelle Grenade des cartes). Au XVII siècle la vice-royauté du Pérou consolida la présence espagnole sans acquérir de nouvelles terres. La carte de cette vice-royauté correspond à la carte jointe à la lettre 60-37 ( Ni le Chili ni l’Argentine n’avaient encore été conquis dans leur totalité). En revanche la Nouvelle-Espagne poursuivit sa conquête territoriale en annexant des territoires qui correspondent aujourd’hui à la Basse-Californie, à la Californie, à l’Arizona, au Nouveau-Mexique et au Texas. Malgré la perte d’une partie des Grandes-Antilles et de la quasi-totalité des Petites-Antilles (voir lettre 60-38 et carte ci-dessus) l’Espagne augmenta donc considérablement son influence dans le sud de l’Amérique du Nord. Notons néanmoins qu’elle ne put s’opposer à deux implantations britanniques l’une au Belize, l’autre sur la côte des Mosquitos (actuel Nicaragua), régions teintes en rouge dans la carte ci-dessus. (Les possessions hollandaises, en jaune, ne sont pas trop visibles : se reporter à la carte de la lettre 60-38 pour visualiser ces possessions). La carte qui suit porte sur la Nouvelle-Espagne. Ce royaume fut le joyau de la monarchie espagnole dans les Indes occidentales. Organisé administrativement dès le milieu du XVIe siècle autour d’une capitale où résidaient vice-roi et archevêque, et d’une série de villes où siègaient les tribunaux du roi (Audiencias), ce territoire couvrait donc un vaste espace qui allait de l’isthme panaméen jusqu’au nord de la Californie. La Nouvelle-Espagne regorgeait de mines argentifères, situées au nord du Mexique. Cette richesse se manifesta dans les paysages urbains par la construction de magnifiques églises aux façades somptueuses. Mais si la Nouvelle-Espagne fut aussi riche, ce fut non seulement en raison de ses activités minières mais aussi en raison de sa position géographique. À l’échelle mondiale, ce vice-royaume était le point de jonction entre les flux commerciaux atlantiques et pacifiques. À partir des Philippines (voir carte lettre 60-37), des produits de luxe (tissus, porcelaine, épices, laque) étaient acheminés depuis Acapulco via Mexico jusqu’au port de Veracruz et c’était de Veracruz, port d’entrée des produits européens, que partaient les galions chargés d’argent jusqu’à Cadix et Séville, via La Havane. Néanmoins, à la fin du siècle, la région fut marquée par une série de disettes et d’épidémies qui débouchèrent en 1692 sur de graves émeutes des Indiens qui menacèrent l’ordre colonial dans son ensemble. D’autre part les implantations des nouvelles puissances d’Europe de l’ouest dans les Antilles permirent aux corsaires de planifier des attaques contre les galions espagnols chargés d’argent, obligeant la couronne espagnole à réorganiser son système de défense, ce qui absorba une grande partie de son activité. C’est ainsi que les principaux ports de la région durent être fortifiés : Veracruz, La Havane, Carthagène. Une grande partie de l’argent mexicain fut alors investi dans ces ouvrages militaires, ce qui eut pour effet, avec les révoltes indigènes, d’affaiblir l’Empire espagnol. Je t’embrasse, Je t’aime
  11. Lettre 60-38 12 mai 2020, Samuel, Les empires coloniaux du XV au XVII siècle I) XVII siècle : les Caraïbes Les Caraïbes sont formées par les îles et les territoires qui bordent la mer des Caraïbes (Caribbean Sea sur l’une des cartes jointes). Elles comprennent donc : les Grandes Antilles (Cuba, Hispaniola qui donna : la République dominicaine et Haïti (encore appelée Saint-Domingue au XVII siècle), la Jamaïque), les Petites Antilles (voir la liste des îles sur les cartes jointes), les Bahamas, et les pays du continent : du Belize au Venezuela, auxquels on joint parfois le Mexique, Guyana, Suriname et la Guyane française. En moins d’un siècle (1612-1697) l’Espagne perdit une grande partie des Grandes Antilles : Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti) fut cédée à la France, la Jamaïque à l’Angleterre. Elle garda en revanche Cuba. Elle perdit aussi la quasi-totalité des Petites Antilles, au profit des Hollandais, des Français et des Anglais (voir liste de la carte jointe ; le Suriname est repérable par la ville de Georgetown indiquée sur la carte) . Enfin l’Angleterre s’implanta aux Bermudes en 1612 (situées en haut d’une des cartes jointes) [ L'archipel des Bermudes doit son nom au navigateur espagnol Juan de Bermudez qui le découvrit en 1515]. L’Espagne conserva Porto Rico. Si le continent hispanique et portugais sut résister aux ambitions des nouvelles puissances de l’Europe de l’ouest, les îles caraïbes en revanche, trop vulnérables, furent conquises. En effet elles formaient le domaine américain le plus proche de l’Europe et le plus facile à exploiter. Un aller-retour Europe-Antilles se bouclait en une année alors que pour le Mexique il fallait quinze mois et pour le Pérou près de deux ans. Les nouvelles puissances coloniales visaient la rentabilité commerciale et financière : développer à moindre coût l’exploitation sucrière, en acheminer rapidement les produits vers l’Europe pour les vendre sur le vaste marché eurasien. [A côté de la canne à sucre les Européens exploitèrent aussi le café et le cacao ce qui permit de développer l’industrie chocolatière]. Aussi ces nouvelles puissances s’emparèrent-elles avec détermination de ces îles d’autant que les habitants d’origine étant pratiquement tous morts après le passage des Espagnols, il était possible d’y implanter une main d’œuvre bon marché en pratiquant la traite des Noirs. A la fin du XVII siècle la véritable richesse coloniale venait des plantations sucrières (et autres plantes tropicales). Les « îles à sucre » passées entre les mains de la France et de l’Angleterre (les possessions de la Hollande étaient beaucoup moins importantes) devinrent pour plus d’un siècle et demi le cœur de la richesse coloniale européenne. L’Espagne s’accrocha à son empire continental, trop éloigné pour permettre une mise en valeur agricole. Elle se replia sur ses exploitations minières en voie d’épuisement La colonisation de prédation des Espagnols laissa ainsi place à une colonisation d’exploitation agricole savamment organisée. L’Espagne ne rentra dans cette nouvelle forme de colonisation que très lentement. Cuba ou Porto Rico ne connurent à grande échelle l’essor sucrier esclavagiste qu’à partir du début du XIX siècle. Bon courage ! Dur, dur, le confinement moscovite, mais il est nécessaire de stopper l’épidémie. Je pense à toi, je reste toujours à tes côtés, Je t’aime
  12. Luis Cernuda né à Séville en 1902- mort à Mexico en 1963 Dans l’hommage profond qu’il rend à sa mémoire : Como en sí mismo, al fin (tel qu’en lui-même, enfin) Jaime Gil de Biedma affirme très haut que Luis Cernuda est, de tous les poètes de la génération de 1927, le seul véritable maître à penser et à écrire des jeunes écrivains des années 60 et 70, en ce qu’il promeut l’expérience commune, vecinal (banale, courante, ordinaire, celle du commun des mortels), au rang de matériau poétique, et la diction simple, familière de la langue parlée, au zénith de l’expression esthétique. Cernuda, c’est encore une de ces étoiles, « poussière de flammes » que chantait Aragon, une trajectoire douloureuse de la naissance andalouse à la mort mexicaine. Jusqu’en 1938, jusqu’à l’heure de l’exil, il collabore à la presse républicaine, à la revue Hora de España, en particulier. La terre de l’exil, ce sera d’abord l’Angleterre, puis, en 1947, les États-Unis et enfin en 1952, et à jamais, le Mexique. Un español habla de su tierra Las playas, parameras Al rubio sol durmiendo, Los oteros, las vegas En paz, a solas, lejos; Los castillos, ermitas, Cortijos y conventos, La vida con la historia, Tan dulces al recuerdo, Ellos, los vencedores Caínes sempiternos, De todo me arrancaron. Me dejan el destierro. Una mano divina Tu tierra alzó en mi cuerpo Y allí la voz dispuso Que hablase tu silencio. Contigo solo estaba, En ti sola creyendo; Pensar tu nombre ahora Envenena mis sueños. Amargos son los días De la vida, viviendo Sólo una larga espera A fuerza de recuerdos. Un día, tú ya libre De la mentira de ellos, Me buscarás. Entonces ¿Qué ha de decir un muerto? Traduction : Claude Couffon Un espagnol parle de sa terre Les plages et les Landes Dormant au soleil blond, Les terres et les plaines, Paisibles, seuls, lointains ; Les châteaux, les chapelles, Les fermes, les couvents, La vie avec l’histoire Au souvenir si douces, Tout cela, les vainqueurs – Ces éternels Caïns – Me l’ont arraché, oui. Ils me laissent l’exil. Dans mon corps une main Divine souleva Ta terre, et la voix fit S’exprimer ton silence. J’étais seul avec toi Et ne croyais qu’en toi ; Ton seul nom maintenant Empoisonne mes rêves. Les jours de la vie sont Amers à qui, à force De souvenirs, ne vit Qu’une très longue attente. Un jour, quand tu seras Libre de leur mensonge, Tu me chercheras. Mais Que pourrait dire un mort ?
  13. Lettre 60-37 11 mai 2020, Samuel, Les empires coloniaux du XV au XVII siècle H) XVII siècle : considérations générales Rêvant de conquérir le Maroc, le roi du Portugal Sébastien 1 débarqua à Tanger avec son armée en 1578. Dans la guerre qui s’ensuivit il perdit la vie lors de la bataille d’Alcaçar-Quivir, dite la bataille des Trois Rois. Il ouvrit ainsi une vacance du pouvoir dont profita Philippe II d’Espagne : ce dernier devint roi du Portugal en 1580. Ainsi toutes les colonies du Portugal passèrent sous la domination espagnole. Philippe régnait désormais sur un territoire où « jamais le soleil ne se couchait ». Il était au sommet de sa puissance. En 1517 Luther placarda ses 95 thèses à Wittenberg en Allemagne. La réforme était née, mettant à mal l’autorité du Pape. D’un côté se développa le protestantisme, de l’autre le catholicisme, deux branches de la chrétienté qui entrèrent en guerre l’une contre l’autre. Face à la structure pyramidale de l’autorité, exercée par le Pape, relayée par le clergé, Luther affirmait la liberté de l’individu, seul capable de comprendre le sens des Écritures sans intermédiaire. La clé de cette compréhension résidait dans la seule Foi, l’Église et les prêtres étant superflus. Chacun pouvait devenir son propre prêtre, nul ne devait plus se soumettre aux dogmes. Chacun devait rechercher les intentions de Dieu dans la Bible seule. Luther à la suite des humanistes ouvrit ainsi le sentier qui mena au siècle des Lumières. Il traduisit la Bible dans une nouvelle langue, synthèse des dialectes de l’époque, donnant ainsi à l’Empire germanique sa langue : l’allemand. Pendant que l’Europe rentrait dans les guerres de religion l’Espagne se raidissait dans son catholicisme. L’Inquisition après avoir pourchassé les Juifs pourchassa les protestants. Puis elle pourchassa les Morisques, les Arabes musulmans héritiers du royaume de Grenade, éparpillés désormais dans la péninsule. L’Espagne fournit en outre au Pape des armes de défense contre la Réforme en la personne d’Ignace de Loyola qui institua la Compagnie de Jésus, les Jésuites, armée spirituelle mise au service du catholicisme. En France Henri IV encore protestant ne parvenait pas à prendre Paris défendu par le peuple catholique. Philippe II en 1589 envoya son général Alexandre Farnèse épauler la ville tout en projetant d’installer sur le trône de France sa fille Isabelle. En Angleterre après la mort de Henri VIII en 1547 qui avait rompu avec le Pape, la fille de la première femme du roi, Marie Tudor, lui succéda et rétablit le catholicisme (contre l’anglicanisme). Philippe II l’épousa, le trône d’Angleterre paraissait devoir tomber dans sa succession. En 1571 alliée à la marine vénitienne la flotte espagnole stoppa l’avance des Ottomans en Occident grâce à la victoire navale de Lépante dans la mer ionienne. Bref Philippe II qui régnait non seulement sur l’Espagne, le Portugal, l’Empire colonial mais aussi sur le Milanais, Naples, la Sardaigne, la Sicile et la Bourgogne (Artois, Flandre, Pays-Bas, Franche Comté) était le maître de l’Occident. Il tenait comme arme idéologique le catholicisme, il tenait comme arme monétaire l’or et l’argent des colonies qui lui permettaient de financer son économie et son armée. Pourtant à partir de 1580 le royaume au zénith entama un déclin inexorable. En 1581 sept Provinces des Pays-Bas firent sécession et se proclamèrent indépendantes sous le nom de République des Provinces-Unies. Cette République acquit définitivement son indépendance lors la signature du traité de Westphalie en 1648. Prônant une tolérance religieuse rare à l’époque qui la tint à l’écart de guerres fratricides, attirant sur son territoire une communauté juive marrane entreprenante, la République se dota d’une flotte marchande et militaire incomparable qui lui permit d’animer le commerce international avant de partir à l’assaut de l’Empire colonial espagnol et portugais. En 1588, se revendiquant l’héritier de la couronne d’Angleterre après la mort de son épouse Marie Tudor, Philippe II lança son invincible Armada à la conquête de l’Angleterre. Il fut mis en déroute. Cette victoire renforça l’Angleterre dans la conscience de sa force naissante. Bien qu’occupée à résoudre des désordres internes provoqués par des conflits religieux, l’Angleterre rentra dans une compétition commerciale avec les Provinces Unies, ce qui la conduisit à se doter d’une flotte commerciale et militaire puissante. A son tour elle partit à la conquête des marchés extérieurs, à son tour elle vint concurrencer les Espagnols et les Portugais dans leur monopole colonial. En 1594 Henri IV fut sacré roi avec la bénédiction de l’Église catholique : il s’était converti. Grâce à son ralliement à la religion catholique il put rentrer dans Paris, chasser les Espagnols et s’imposer comme roi . Les ambitions de Philippe II en France s’évanouirent. L’édit de Nantes signé en 1598, date à laquelle Philippe II mourut, permit de calmer les guerres de religion fratricides et d’engager la France dans la restauration de sa puissance. Sortie renforcée de la guerre de Trente ans la France sous l’impulsion de Colbert notamment rentra à son tour dans la concurrence et la conquête internationales. C’est ainsi qu’à peine arrivée au faîte de sa puissance l’Espagne se vit contestée, concurrencée par trois nouvelles puissances : la République des Provinces-Unies, l’Angleterre et la France. Nations auxquelles il faudrait ajouter la Suède elle aussi sortie renforcée à l’issue de la guerre de Trente ans (1618-1648) mais la Suède ne parvint pas à construire un Empire colonial durable. On observera que dans cette compétition mondiale n’apparaît pas le Saint-Empire romain germanique. Il faut y voir son affaiblissement suite à la guerre de Trente ans mais aussi sa situation continentale ne lui permettait pas d’accéder aisément aux océans atlantique et pacifique. Un empire colonial allemand fut fondé après l’unification de la nation allemande en 1871 mais il ne survécut pas à la Première guerre mondiale. Alors que l’Espagne organisait le commerce international à partir d’un organisme étatique, la Casa de contratacion, les autres nations européennes optèrent pour un système novateur pour le commerce avec l’Orient : elles créèrent des compagnies à capitaux privés. Cette technique, l’actionnariat privé, fit de ces compagnies des puissances financières autonomes construites autour d’actionnaires dynamiques, motivés par l’attrait des profits envisagés. Les puissance ibériques ne purent jamais rivaliser avec ces compagnies. L’Angleterre créa en 1600 la Compagnie anglaise des Indes orientales, la Hollande en 1602 créa la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, la France en 1664 créa la Compagnie française pour le commerce des Indes orientales. Ces compagnies disposaient d’un monopole national pour le commerce vers l’Orient, au-delà du cap de Bonne-Espérance. Elles allaient chercher en Orient des produits rares : thé, café, épices, poivres, soies, tissus, porcelaines...Elles payaient en métaux précieux provenant des mines espagnoles d’Amérique latine, métaux mis en monnaie par l’Espagne, monnaie qu’elles acquéraient en vendant leurs produits, entre autres, aux Espagnols. Ainsi se mit en place un circuit économique dans lequel les produits de l’exploitation des mines en Amérique latine étaient échangés in fine contre des produits manufacturés d’Orient. D’un côté des richesses extraites de la terre grâce à une main d’œuvre réduite à l’esclavage, de l’autre des richesses produites par les populations autochtones grâce à leur travail et leur savoir-faire. Entre les deux l’appareil commercial des trois nations européennes construit lui aussi grâce au travail et au savoir-faire : construction navale, création de services financiers (banques, assurances) développement des techniques de navigation engendrant à son tour le développement des sciences. Dans un tel circuit, l’Espagne ne développa pas d’autres savoir-faire que celui de l’extraction de métaux. Sans qu’elle s’en aperçoive cette facilité d’enrichissement sans grand efforts physiques et intellectuels devait plus tard l’affaiblir dans une concurrence économique internationale de plus en plus dominée par le travail, le savoir-faire et les connaissances intellectuelles. En attendant, le monopole de l’Espagne quant à la création de monnaie (métaux précieux) lui permit de faire de la piastre espagnole une monnaie internationale pendant près de deux cents ans. Pour le commerce avec les Indes occidentales il fut également créé des compagnies à capitaux privés, mais celles-ci ne bénéficièrent pas de monopole. Les expéditions vers l’Ouest de particuliers étaient autorisées. Si l’Orient était exploré essentiellement pour le commerce l’Ouest était non seulement convoité pour ses richesses mais aussi pour la possibilité qu’il offrait d’établir des colonies de peuplement. Il est vrai qu’à l’Ouest il n’existait que des populations indigènes peu structurées ce qui n’était pas le cas à l’Est où l’Inde et la Chine avaient créé depuis longtemps de solides civilisations. Toutefois si, en Chine, les négociants européens échangeaient leurs produits dans les comptoirs des côtes, il fallait en Inde rentrer dans les terres pour aller au devant des commerçants. Cette obligation incita les Européens à prendre le contrôle de l’Inde et à y établir des colons. [Ci joint, pour info, carte qui montre comment, au XVI siècle, l’Espagne commerçait avec les Philippines : en partant de la vice-royauté de la Nouvelle-Espagne (d’où les produits étaient réexpédiés vers l’Espagne.] J’espère que tu vas bien, je pense à toi avec tendresse, Je t’aime
  14. Antonio Machado Ce poème Solitudes aurait été composé lors du premier séjour de Machado à Soraya, en mai 1907. Le Duero (Douro), fleuve emblématique de la poésie machadienne, né dans la sierra d’Urbión, traverse la Castille et la Meseta, puis le Portugal et se noie dans l’Atlantique à Porto. Depuis Jorge Manrique le fleuve est cours et discours de la vie ; avec Machado, il coule au rythme des saisons et, chemin fluide de la rêverie, de la pensée et de l’écriture, il devient temps intérieur, géographie et Histoire, parole lyrique et nostalgie. M. Alvar Orillas del Duero Se ha asomado una cigüeña a lo alto del campanario. Girando en torno a la torre y al caserón solitario, ya las golondrinas chillan. Pasaron del blanco invierno, de nevascas y ventiscas los crudos soplos de infierno. Es una tibia mañana. El sol calienta un poquito la pobre tierra soriana. Pasados los verdes pinos, casi azules, primavera se ve brotar en los finos chopos de la carretera y del río. El Duero corre, terso y mudo, mansamente. El campo parece, más que joven, adolescente. Entre las hierbas alguna humilde flor ha nacido, azul o blanca. ¡Belleza del campo apenas florido, y mística primavera! ¡Chopos del camino blanco, álamos de la ribera, espuma de la montaña ante la azul lejanía, sol del día, claro día! ¡Hermosa tierra de España! Traduction. Bernard Sesé Rives du Douro Au sommet du clocher une cigogne s’est perchée. Tournant autour de la bâtisse solitaire et de la tour, Piaillent déjà les hirondelles. Du blanc hiver Aux tourmentes de neige et du vent a déjà passé l’âpre souffle d’enfer. C’est une tiède matinée. Le soleil réchauffe un peu la pauvre terre de Soria. Au-delà des pins verts, Presque bleus, on voit le printemps S'épanouir sur les fins peupliers De la route et de la rivière. Le Douro coule, lisse, muet, tout doucement. La campagne paraît, plus que jeune, adolescente. Parmi les herbes quelque humble fleur est née, Bleue ou blanche. Beauté de la campagne à peine fleurie, Et mystique printemps ! Peupliers du chemin tout blanc, peupliers du rivage, Écume de la montagne Devant le lointain d’azur, Soleil du jour, claire journée ! Belle terre d’Espagne !
  15. Jorge Guillén né à Valladolid en 1893- mort à Malaga en 1984 L’œuvre de Guillén, c’est d’abord la volonté, lumineuse, d’un Cantique total, qu’il soit exaltation du monde, dans ses êtres et ses noms, et de la poésie espagnole, dans ses mètres et ses chants. Les ténèbres et les terreurs intimes, jusqu’alors sidérées, éblouies, dans la puissance solaire de l’écriture, vont déferler avec les déchirures et les désastres de l’histoire. Le poème est extrait de Cántico. Cierro los ojos (Une rose dans les ténèbres. Mallarmé) Cierro los ojos y el negror me advierte Que no es negror, y alumbra unos destellos Para darme a entender que sí son ellos El fondo en algazara de la suerte, Incógnita nocturna y tan fuerte Que consigue ante mí romper sus sellos Y sacar del abismo lo más bellos Resplandores hostiles a la muerte. Cierro los ojos. Y persiste un mundo Grande que me deslumbra así, vacío De su profundidad tumultuosa. Mi certidumbre en la tiniebla fundo, Tenebroso el relámpago es más mío, En lo negro se yergue hasta una rosa. Traduction : Claude Esteban Je ferme les yeux Je ferme les yeux et la noirceur m’annonce Quelle est nulle noirceur et ses éclats Me laissent entendre qu’ils sont là Tel le fond joyeux de la chance, L’inconnue, la nocturne, si puissante, Quelle brise devant moi les sceaux Pour tirer de l’abîme les plus beaux Soleils hostiles à la mort. Je ferme les yeux. Perdure un monde Immense qui m’aveugle, délié De son pouvoir profond tumultueux. Je fonde sur l’obscur ma certitude. Plus noir l’éclair est davantage mien Et se dresse une rose dans les ténèbres.
  16. Je suis de ton avis. La traduction de Nadine Ly est trop « froide ». Peut-on connaître la traduction que tu fais de ce poème qui n’est pas facile et qui cristallise toute la souffrance par ce mot répété tout au long « pena ». Merci.
  17. Miguel Hernández Poème extrait de El Rayo que no cesa ( Cet éclair qui ne cesse pas) recueil « d’une perfection et d’une émotion intenses »Marie Chevallier Les mots et les motifs de son imaginaire personnel, d’une modernité vivante, originale, quotidienne et recherchée, animent d’un souffle puissant et bousculent d’une vitalité pathétique les formes canoniques qui les maîtrisent. La peine est scandée huit fois dans le poème, on la retrouve deux fois dans chaque strophe. Umbrío por la pena, casi bruno, porque la pena tizna cuando estalla, donde yo no me hallo no se halla hombre más apenado que ninguno. Sobre la pena duermo solo y uno, pena es mi paz y pena mi batalla, perro que ni me deja ni se calla, siempre a su dueño fiel, pero importuno. Cardos y penas llevo por corona, cardos y penas siembran sus leopardos y no me dejan bueno hueso alguno. No podrá con la pena mi persona rodeada de penas y de cardos: ¡cuánto penar para morirse uno! Traduction : Nadine Ly Assombri, comme bruni par la peine Car la peine charbonne en explosant, Là où je me trouve il ne se trouve Aucun homme accablé d’autant de peine. Sur la peine je dors, unique, seul, Peine et ma paix et peine ma bataille, Chien qui ne veut me quitter ni se taire, Toujours fidèle et toujours importun. De chardon et de peine est ma couronne, Chardons, peines sèment leurs léopards Et me rongent les os jusqu’à la moelle. De chardons et de peine environné Mon être est désarmé devant la peine : Peine sur peine et finir par mourir !
  18. Lettre 60-36 7 mai 2020, Samuel, Les empires coloniaux du XV au XVII siècle G) XVI siècle : les Français au Canada Les côtes orientales du Canada furent explorées pour la première fois par les Vikings, déjà établis au Groenland, vers l’an mille. Ils s’établirent à Terre-Neuve comme l’attestent les vestiges (inscrits au patrimoine mondial par l’Unesco) de l’Anse aux Meadows ( située près du Cap Dégrat sur la carte jointe : Les voyages de Jacques Cartier ) et les vestiges de pointe Rosée (cap Saint-Jean sur la carte). Mais ils n’y restèrent que quelques années chassés par les autochtones mais aussi par un changement climatique (début du petit âge glacière). Les pêcheurs basques et bretons redécouvrirent les côtes de Terre-Neuve dès le XV siècle, peut-être même dès le XIV siècle pour les Basques qui y auraient pratiqué la pêche à la baleine. Les pêcheurs français mais aussi d’autres pêcheurs venus d’Europe pratiquaient là-bas la pêche à la morue. Quelques années après Christophe Colomb et bien avant Magellan, le Vénitien Giovanni Cabotto (alias John Cabot), se lança à la recherche d’un passage vers la Chine par le Nord-Ouest. Parti en 1497 avec 18 hommes d’équipage et un navire de cinquante tonneaux, il crut avoir découvert le Japon lorsqu’il aborda ce qui devait être la presqu’île de Terre-Neuve. Une deuxième expédition à la tête de cinq navires affrétés par le roi Henri VII d’Angleterre, lui sera fatale. John Cabot n’en reviendra pas. François 1, (1494-1547), contemporain des découvertes de Colomb, prenant conscience de l’importance des terres nouvelles découvertes lança, après qu’il est devenu roi de France en 1515, des expéditions exploratoires vers l’Amérique du sud (nous avons vu que ses essais d’implantation au Brésil échouèrent, lettre 60-35). Puis en 1523, il encouragea les explorations en Amérique du Nord. Le Florentin Giovanni da Verrazzano partit en expédition pour lui, atteignit l’Amérique du Nord, cartographia Terre Neuve, puis fonda La Nouvelle-Angoulême (site de la future Nouvelle-Amsterdam, rebaptisée New-York en 1664). Son objectif était de trouver le passage mythique vers le nord-ouest menant directement aux Indes mais il ne le trouva pas. [C’est le Norvégien Roald Amundsen qui fut le premier à franchir le passage entre 1903 et 1906 ]. En 1534, François I chargea Jacques Cartier (1491-1557) navigateur malouin, de « faire le voyage de ce royaume des Terres Neuves pour découvrir certaines îles et pays où l’on dit qu’il se doit trouver grande quantité d’or et autres riches choses. » Le roi espérait aussi que le marin trouvât le passage du nord-ouest vers l’Asie. Jacques Cartier aborda en 1534 Terre-Neuve et le golfe du Saint-Laurent. Il explora le territoire alentour qu'il nomma Canada (de l'iroquois kanata, village). Après avoir planté une croix à Saint-Servan (voir carte), sur la côte nord du golfe, Cartier piqua vers le sud vers le cap de Latte. Il dépassa les Îles-de-la-Madeleine (les Arènes sur la carte) puis il mit les voiles vers l’actuelle Île-du-Prince-Édouard dont il ne remarqua pas l’insularité. Cette île est repérable sur la carte jointe par la rivière des Barques. Sur les cartes actuelles cette île est repérable par : Charlottetown, la plus grande ville de l’île. Il progressa ensuite jusqu’à la baie des Chaleurs (voir carte) où, le 7 juillet, il rencontra des Micmacs (tribu amérindienne). La confiance s'installa entre les marins et les autochtones, avec échanges de colifichets, couteaux, tissus… contre des peaux d'animaux. Peu après Cartier atteignit la baie de Gaspé (secteur de Honguedo sur la carte). Il y rencontra les Iroquois du Saint-Laurent. D’abord confiantes et cordiales, les relations se ternirent quand, le 24 juillet, Jacques Cartier prit possession du territoire pour le roi de France en érigeant une croix de 30 pieds de haut, à la Pointe-Penouille (à l’endroit marqué : deuxième croix sur la carte). Cartier calma les esprits en assurant au chef iroquois, Donnacona, que la croix n’était in fine qu’un simple point de repère. Le chef finit même par permettre à Cartier d'emmener avec lui deux de ses « fils », Domagaya et Taignoagny, en France. Sans avoir encore découvert le Saint Laurent Cartier retourna en métropole, les deux indiens attestant ses découvertes. C’est alors qu’ils parlèrent du fleuve Saint-Laurent et du « royaume de Saguenay » présentant ce royaume comme une cité somptueuse où tout était en or et où les gens étaient vêtus de soie, l’accès se faisant en remontant le fleuve Saint-Laurent puis en remontant la rivière Outaouais (voir carte et la mention « rivière qui viendrait de Saguenay »). Ces informations convainquirent François I de financer une deuxième expédition. Le deuxième voyage eut lieu en 1535-1536. Ramenés de France par Cartier, les deux « fils » du chef Donnacona, qui parlaient maintenant français, guidèrent le navigateur. Cartier remonta le cours du Saint-Laurent. Le 7 septembre, devant Stadaconé qui devait devenir la ville de Québec, il retrouva Donnacona (voir carte : la découverte du Saint-Laurent). L’explorateur continua de remonter le fleuve tandis qu’une partie des hommes restèrent à Stadaconé et construisirent un fortin. Le 2 octobre 1535 Cartier arriva à Hochelaga (voir carte). Près de deux mille personnes vivaient dans cette cité dominée par une montagne que Cartier nomma mont Royal devenu aujourd’hui Montréal. Ses hôtes lui parlèrent des richesses du « royaume de Saguenay. » Mais les rapides l’empêchèrent de poursuivre sa route vers l’ouest. Cartier rebroussa chemin jusqu’à Stadaconé où il arriva le 7 septembre 1535. L'hiver surprit les Français, le fleuve gela et emprisonna les navires. Les hommes souffrirent du scorbut et ne durent leur salut qu’à une tisane de cèdre blanc que leur donnèrent les Iroquois. Le 3 mai, Cartier fit planter une croix sur le site où il venait d’hiverner. Le même jour, il s’empara d’une dizaine d’Iroquois parmi lesquels se trouvait Donnacona, le seul à pouvoir « conter et dire au roi ce qu’il avait vu ès pays occidentaux, des merveilles du monde. » Après un passage par Saint-Pierre-et-Miquelon, il arriva à Saint-Malo en juillet 1536, croyant avoir exploré une partie de la côte orientale de l'Asie. Donnacona, qui comprit ce que cherchaient les Français (de l'or, des gemmes, des épices), leur fit une description encore plus extraordinaire du « royaume de Saguenay. » François I décida de lancer une troisième expédition en 1541-1542 avec pour instructions, cette fois, d'implanter une colonie. Donnacona mourut en France vers 1539. L'organisation de la nouvelle expédition fut confiée à Jean François de La Rocque de Roberval un homme de cour que Cartier devait seconder. La colonisation et la propagation de la foi catholique devinrent les deux objectifs. Roberval ayant pris du retard dans l'organisation, Cartier s'impatienta et décida de s'engager sur l'océan sans l'attendre. Il arriva à Stadaconé en août 1541, après trois ans d'absence. Les retrouvailles furent chaleureuses mais Cartier avoua le décès de Donnacona, ce qui jeta un froid. Les rapports se dégradèrent et Cartier décida de s'installer sur un site voisin de Stadaconé, dans le fort de Charlesbourg-Royal pour y préparer la colonisation. Bientôt, l'hiver arriva et Roberval était toujours invisible, avec le reste de l'expédition. En attendant, Cartier accumula des pierres négociées avec les Iroquois qui lui assurèrent qu’il s’agissait d’or et de diamants. En 1542, Cartier leva le camp et croisa Roberval qui venait d’arriver à Terre-Neuve. Malgré l'ordre que ce dernier lui donna de rebrousser chemin et de retourner explorer le Saint-Laurent, Cartier mit le cap vers la France. Aussitôt arrivé, il fit expertiser le minerai et apprit qu'il s’agissait de pyrite et de quartz sans valeur. Sa mésaventure est à l'origine de l'expression « faux comme des diamants du Canada » et du toponyme actuel, « cap Diamant », pour désigner l'extrémité est du promontoire de la ville de Québec. Quant à Roberval, il poursuivit sa route jusqu’à Charlesbourg Royal, toponyme qu’il remplaça par celui de France-Roi. Après avoir affronté le climat, le scorbut, les querelles et les attaques des Iroquois, sa colonie s’éteignit en 1543 et les survivants furent rapatriés. Pendant plus de soixante ans la présence française au Canada appelé : « Nouvelle France » dont Jacques Cartier avait pris possession en 1534 avec la symbolique de la croix érigée Pointe-Penouille, dotée d’un écusson aux fleurs de lys et de l’inscription « vive le Roy de France » resta quasiment inexistante. Seul le commerce des fourrures avec les autochtones sur le fleuve Saint-Laurent et la pêche à la morue au large de Terre-Neuve attirèrent des Français. Il faudra attendre le début du XVII siècle et l’arrivée du jeune navigateur Samuel de Champlain pour que naisse un peuplement français (modeste) sur le Saint-Laurent. Bonne lecture ! Je t’embrasse très fort, Je t’aime
  19. Luis Antonio de Villena est né à Madrid en 1951. Son premier livre Sublime Solarium, dont est tiré le poème qui suit, a été publié en 1971 alors qu’il n’était encore qu’étudiant. Villena ami intelligent, chaleureux, cultivé, coexiste avec son propre personnage, sa légende : luxueux, scandaleux, provoquant, les doigts couverts de bagues, mais capable de répondre au téléphone, avec la plus grande courtoisie, à quiconque s’adresse à lui. Villena est un phare de la poésie espagnole des années 70 et 80. « Je suis intéressé par l’art qui théâtralise la vie – l’art comme réalité – et par la vie vécue comme un art – la réalité imaginée ». Raso en la autopista Brillantes son las avenidas de la noche, Las vacías autopistas que solitario Atraviesas en la cabina de un coche, Como si una soledad acristalada Permitiese la vida de los sueños, de las Niñas que mueren de amor ante los Cines, fuera del mundo, al borde de la noche. Automóviles solos que en todos los moteles Hablan del saxo azul de los night-clubs, De un silencio de seda, del fuego que Abrasa las tablas de la ley cuando El malhechor —raso en la pechera— decide Ahogar su dolor en los cetáceos muertos, En la pálida estrella que ve brillar Tras el arabesco del balcón en un Motel cualquiera... Con el alba el claror redibuja un paisaje, El cascote del día resuena contra el Níquel y hay olor a comienzo de caza En los bares desiertos, desiertas avenidas... Las sábanas entonces, al que tarde regresa, Le ofrecen dulzura de hierba cortada, Rocío en las hojas de los tréboles, Trinos de tordos que saludan al alba. En tanto tú regresas, marchito el clavel En la tersa solapa, dispuesto al sueño, Al olvido del dolor, al rubio olor del champaña... Y mientras, las carreteras desenvuelven Las alfombras azules de la madrugada. Traduction : Yves Aguila Satin sur l’autoroute Elles brillent les avenues de la nuit, Les vides autoroutes que solitaire Tu traverses enfermé en voiture, Comme si une solitude vitrée Autorisait la vie des rêves, des Gamines qui meurent d’amour devant les Cinémas, hors du monde, à l’orée de la nuit. Des autos esseulées qui dans tous les motels Parlent du saxo bleu des night-clubs, D’un silence de soie, du feu qui Embrase les tables de la loi quand Le malfaiteur — plastron de soie — décide De noyer sa douleur dans les cétacés morts, Dans l’étoile pâlie qu’il voit briller Derrière l’arabesque du balcon dans un Motel quelconque… La clarté redessine un paysage à l’aube, Le jour et ses gravats résonnent contre le Nickel et cela sent le début de la chasse Dans les cafés déserts, les avenues désertes… Les draps offrent alors au noctambule Une douceur d’herbe coupée, De rosée sur les feuilles des trèfles, L’aube que saluent des trilles de grives. C’est l’heure où tu reviens, flétri l’œillet A ton revers lustré, prêt au sommeil, A l’oubli des douleurs, à la blonde odeur du champagne… Les routes, pendant ce temps-là, déroulent Les tapis bleus du petit jour qui point.
  20. Non, c’est bien ce que tu as traduit que je comprends. Je comprends les textes. Ce qui me manque ce n’est pas la compréhension, mais la forme. C’était Éluard qui disait il arrivera un jour où « tout homme trouvera ce que le poète a vu ». C’est là toute la difficulté de la traduction : voir ce que le poète a vu !
  21. Lettre 60-35 6 mai 2020, Samuel, Les empires coloniaux du XV au XVII siècle F) XVI siècle : la colonisation du Brésil par les Portugais Le 22 avril 1500, sous le règne de Manuel I, roi du Portugal, une flotte dirigée par le navigateur Pedro Alvares Cabral débarqua au Brésil et en prit possession au nom du roi (voir lettre 60-30). Le point d'arrivée de Cabral fut Porto Seguro dans l’État brésilien de Bahia (voir carte jointe, Port Seguro est au sud de l’État). On estime qu'à l’époque la côte orientale de l'Amérique du Sud était habitée par environ 2 millions d'Amérindiens. Rappelons que suite au traité de Tordesillas (voir lettre 60-28), signé en 1494, sous l'égide du Pape Alexandre VI, toutes les terres nouvellement découvertes situées à plus de 370 lieues à l'ouest du Cap vert allaient à l'Espagne, les autres étant attribuées au Portugal. La pointe orientale du continent sud-américain (le Brésil) revenait ainsi au Portugal. Après le voyage de Cabral le Portugal concentra ses efforts sur ses possessions d’Afrique et d’Inde. Entre 1500 et 1530 quelques expéditions vinrent récupérer le bois brasil utilisé pour produire un colorant employé dans la teinture de textiles de luxe. Le bois était coupé par les indigènes qui l’échangeaient contre des ciseaux, des couteaux ou des haches. La France alors dirigée par François 1 qui ne reconnaissait pas le traité de Tordesillas envoya des expéditions vers le Brésil pour en ramener le bois. La couronne portugaise réagit : en 1530, une expédition menée par Martim Afonso de Souza chassa les Français et créa les premiers villages coloniaux. Plusieurs expéditions furent lancées à l'intérieur des terres pour trouver des mines de métaux précieux. Aucune ne fut trouvée. La colonisation se limita à la côte où le climat et le sol étaient adaptés à la plantation de la canne à sucre (il y avait bien de l’or au Brésil, mais au centre du pays. Ces mines ne furent trouvées qu’à la fin du XVII siècle) L'entreprise de colonisation ne débuta donc réellement que dans les années 1530. A cette époque le nouveau roi du Portugal Jean III divisa le territoire en douze « capitaineries » privées héréditaires. Mais ces capitaineries échouèrent à exploiter les richesses du pays. Le roi décida de faire de la colonisation une affaire royale plutôt qu'une affaire privée. En 1549, une flotte dirigée par Tomé de Souza accosta sur les côtes brésiliennes. De Souza devint le premier gouverneur général du Brésil. Son premier acte fut de fonder la capitale, Salvador de Bahia (voir carte). Puis il exploita les terres en cultivant la canne à sucre. Le sucre devint la principale richesse commerciale du Brésil ce qui amena les Portugais à développer la traite des Noirs afin d'augmenter la production. Le deuxième gouverneur général, Duarte da Costa (1553-1557), connut des conflits avec certaines tribus indigènes qui ne se laissaient pas convertir sans résistance. Il dut également s’opposer à une tentative d’implantation des Français sur le territoire (voir ci-après). Le troisième gouverneur général fut Mem de Sa (1557-1573). Il réussit à pacifier les Amérindiens et à expulser les Français qui avaient établi dans la baie de Guanabara une colonie. Son neveu, Estacio de Sa, fonda la ville de Rio de Janeiro en 1565. En 1554 une expédition financée par le roi de France de l’époque Henri II et par Coligny, commandée par Nicolas Durand de Villegagnon (1510-1571) fut envoyée au Brésil pour y installer une colonie essentiellement formée de huguenots (protestants français) Villegagnon arriva dans la baie de Guanabara et débarqua dans l’île de Serigipe qui porte aujourd’hui son nom (île Villegagnon face au pain de sucre de Rio). Il y fit élever le fort Coligny. La colonie fut appelée : « France antarctique ». Mais le ravitaillement fit défaut et ses hommes montèrent une conspiration contre lui. Les conspirateurs furent éparpillés dans l’arrière-pays où ils se marièrent avec des indigènes. Vu l’aggravation des conflits religieux en France des huguenots vinrent se réfugier dans la baie dont le célèbre Jean de Léry (1536-1613) qui donna une description devenue classique des peuples de la région [ Jean de Léry (1536-1613) est un grand voyageur et écrivain français, auteur de : l’ Histoire d’un voyage fait en la terre du Brésil]. Les Portugais montèrent une expédition militaire et chassèrent les Français en 1560. Quelques-uns continuèrent à faire commerce du bois à partir de la jungle mais ils finirent par être définitivement chassés en 1565 date à laquelle les Portugais fondèrent la ville de Rio sur la baie de Guanabara. Les gouverneurs portugais amenèrent avec eux des Jésuites (catholiques), qui créèrent des missions, étudièrent les langues locales et convertirent au catholicisme de nombreux indigènes. Le succès des Jésuites dans la conversion des autochtones fut lié à leur capacité à comprendre la culture locale, en particulier la langue. Les Jésuites s’opposèrent à la mise en esclavage des Indiens, mais ils contribuèrent comme les autres Européens à la propagation de maladies infectieuses létales pour les indigènes. Toutefois devant la généralisation de l’esclavage (traite des Noirs) les Jésuites renoncèrent à s’y opposer et se contentèrent de s’occuper de leurs petites communautés religieuses. En 1562 Coligny envoya une expédition coloniser les côtes orientales de Floride. Il fit construire une forteresse, Charlesfort. La colonie reçut le nom de Floride française. Cette fondation fut un échec faute de renforts. Une seconde tentative eut lieu en 1564 avec la construction de Fort Caroline : les Espagnols attaquèrent et détruisirent le fort en 1565 massacrant tous les Français. [Une autre colonie française, la France équinoxiale, fut fondée en 1612 à l'emplacement de l'actuelle ville de Sao Luis, dans le Nord du Brésil. En 1614, ces Français furent expulsés du Brésil par les Portugais]. Je t’embrasse, je pense toujours à toi, même quand je suis occupé ! Je t’aime
  22. (Toujours) Bécquer Ce poème appartient aux Rimas. Dire avec des mots ce que dit le silence, dire le rythme des pas, le paysage transfiguré par le regard, la musique du rire et le poème des larmes, nommer la forme et l’expression, et évoquer l’énigme tue d’une femme sans doute stupide, n’est-ce pas expliquer la définition ultime de la poésie ? Dans Cartas a una mujer ( lettres littéraires à une femme), comme dans cette Rime Bécquer s’adresse à une deuxième personne dont on ne sait plus si elle est la destinataire, extérieure à lui-même, ou son âme. Il dit : « La poésie, en fin de compte, ce sont ces phénomènes inexplicables qui altèrent l’âme de la femme quand elle s’éveille au sentiment et à la passion ... » Robert Pageard Cruza callada, y son sus movimientos silenciosa armonía; suenan sus pasos, y al sonar, recuerdan del himno alado la cadencia rítmica. Los ojos entreabre, aquellos ojos tan claros como el día; y la tierra y el cielo, cuanto abarcan, arde con nueva luz en sus pupilas. Ríe, y su carcajada, tiene notas del agua fugitiva; llora, y es cada lágrima un poema de ternura infinita. Ella tiene la luz, tiene el perfume, el color y la línea, la forma, engendradora de deseos; la expresión, fuente eterna de poesía. ¿Que es estúpida?… ¡Bah! Mientras callando guarde oscuro el enigma, siempre valdrá, a mi ver, lo que ella calla más que lo que cualquiera otra me diga. Traduction : Robert Pageard Elle passe, muette, et ses mouvements Sont une silencieuse harmonie ; Ses pas résonnent alors La cadence rythmique de l’hymne ailé. Elle entrouvre les yeux, ses yeux Aussi clairs que le jour, Et la terre et le ciel, tout ce qu’ils embrassent, Brillent d’une nouvelle lumière dans ses pupilles. Elle rit, et son éclat de rire a des sonorités D’eau fugitive ; Elle pleure, et chaque larme est un poème De tendresse infinie. Elle a la lumière, elle a le parfum, La couleur et la ligne, La forme, génératrice de désirs, L’expression, source éternelle de poésie. Elle est stupide ? Bah ! Tant que, se taisant, Elle laissera l’énigme dans l’ombre, Ce que je crois qu’elle tait vaudra toujours plus Que ce qu’aucune autre me dira.
  23. Je te donne mon avis (même si tu ne me le demandes pas ). Oui, je sais ma contribution à la traduction des poèmes est toujours très maladroite ! Mais il me semble que « celles qui apprenaient nos noms » est davantage lié au vol des hirondelles. Ne me demande pas pourquoi, je n’en sais rien. C’est juste un ressenti que me laisse la lecture originale du poème. Ce n’est qu’une impression.
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