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  1. Antonio Machado Ce poème fait partie des Caminos, une série de poèmes, regroupés eux-mêmes dans Campos de Castilla. Soñé que tú me llevabas por una blanca vereda, en medio del campo verde, hacia el azul de las sierras, hacia los montes azules, una mañana serena. Sentí tu mano en la mía, tu mano de compañera, tu voz de niña en mi oído como una campana nueva, como una campana virgen de un alba de primavera. ¡Eran tu voz y tu mano, en sueños, tan verdaderas!... Vive, esperanza, ¡quién sabe lo que se traga la tierra! Ma traduction !!! J'ai rêvé que tu m'emmenais sur un chemin blanc, au milieu d’un champ vert, vers les montagnes bleues, par une matinée sereine J'ai senti ta main dans la mienne, ta main de compagne, ta voix de petite fille à mon oreille comme une cloche nouvelle , comme une cloche vierge d'une aube de printemps. C’étaient ta voix et ta main, en rêves, et pourtant si réels ! ... Vivre, espérer ! qui sait ce que la terre engloutit !
  2. Lettre 60-45 1 juin 2020, Samuel, Les empires coloniaux du XV au XVII siècle P) XVII siècle : l’Asie Nous avons vu, lettre 60-2, que lors de la guerre de Quatre-Vingts ans (1568-1648) les Provinces-Unies avaient créé la Compagnie hollandaise des Indes orientales en 1602, compagnie dite : VOC pour lutter contre l’Espagne mais aussi contre le Portugal qui était depuis 1580 réuni à l’Espagne dans le cadre de l’Union ibérique. En 1605 la VOC occupa un premier port portugais aux Moluques contrôlant ainsi une île de l’archipel (l’île Amboine) puis elle occupa les petites îles Banda (située dans la mer de Banda) et enfin elle s’implanta dans les années 1620 dans l’île de Java où elle prit la ville de Jayakarta, rebaptisée Batavia (en l’honneur des ancêtres des Hollandais : les Bataves). [Aujourd’hui Batavia est devenue Djakarta, la capitale de l’Indonésie]. L’île de Java venait d’être découverte par les Anglais mais ceux-ci durent s’incliner devant la puissance hollandaise. Poursuivant leurs conquêtes la VOC prit Malacca aux Portugais en 1641 contrôlant le détroit du même nom et s’assurant le commerce presque exclusif avec l’île de Sumatra (les Anglais s’y implantèrent aussi mais restèrent discrets face aux Hollandais). Ils occupèrent ensuite la partie ouest de Timor repoussant les Portugais dans la partie est de l’île. En 1624 la VOC monta vers la Chine et s’empara de Formose (actuelle Taïwan). Mais un pirate chinois, Koxinga assiégea l’île en 1661 et chassa les Hollandais en 1662. Ces derniers purent toutefois commercer avec la Chine par le port de Canton qui resta contrôlé par les Chinois. La VOC chassa ensuite les Portugais du Japon, les Japonais ne supportant pas l’attitude des Portugais qui voulaient les convertir au catholicisme. Les Hollandais, très tolérants en matière religieuse, obtinrent des Japonais le droit de s’établir à Dejiman petite île artificielle proche de Nagasaki pour faire commerce avec eux. La VOC prit ensuite Ceylan aux Portugais puis elle s’implanta sur la côte est de l’Inde et sur la côte de Malabar, côte sud-est de l’Inde où elle prit Cochin. En Inde concurremment aux Hollandais, commencèrent à s’installer les Anglais par l’intermédiaire de la Compagnie britannique des Indes orientales créée en 1600. Ils s’établirent à Surat, à Madras, à Vizagapatam, à Hughli (d’où ils chassèrent les Portugais qui y étaient établis depuis 1537) et à Calcutta. Bombay passa du Portugal à l’Angleterre après le mariage de Charles II (1660-1685) avec la princesse portugaise Catherine de Bragance. S’installèrent aussi les Français par l’intermédiaire de la Compagnie française pour le commerce des Indes orientales créée en 1664 par Colbert. Ils s’établirent notamment à Pondichéry. Notons que cette compagnie obtint du roi de construire son propre port sur un terrain inutilisé de la côte bretonne : Lorient dont le nom vient donc de : l’Orient. Voilà, nous en avons fini avec les Empires coloniaux jusqu’ à la fin du XVII siècle. Nous continuerons par une nouvelle lettre sur le développement de la technique et les inventions engendrées par l’activité commerciale des siècles que nous venons d’étudier. Je t’embrasse, Je t’aime,
  3. Gustavo Adolfo Bécquer Bécquer voit pour la première fois, au cours d’une promenade dans les rues de Madrid, Julia et Josefina, les sœurs Espín Colbrandt. Un mystère entoure les suites de la rencontre. D’après son ami, Julio Nombela, qui l’accompagnait ce jour là, c’est en Julia qu’il aurait trouvé la réincarnation de l’Ophélie et de la Juliette de Shakespeare, et de la Charlotte de Goethe. Quant à une éventuelle liaison avec Josefina, rien ne permet de la confirmer. Il offrit à Josefina un album contenant deux dessins et une Rime : Despierta, tiemblo al, mirarte dormida, me atrevo a verte... (« Éveillée, je tremble à ta vue endormie j’ose te regarder »). R. Pageard. Cette Rima est présente dans le Libro de gorriones (Le livre des moineaux). Antes que tú me moriré : escondido en las entrañas ya el hierro llevo con que abrió tu mano la ancha herida mortal. Antes que tú me moriré :y mi espíritu, en su empeño tenaz, sentándose a las puertas de la muerte, allí te esperará. Con las horas los días, con los días los años volarán, y a aquella puerta llamarás al cabo… ¿Quién deja de llamar? Entonces que tu culpa y tus despojos la tierra guardará, lavándote en las ondas de la muerte como en otro Jordán ; allí donde el murmullo de la vida temblando a morir va, como la ola que a la playa viene silenciosa a expirar ; allí donde el sepulcro que se cierra abre una eternidad, ¡todo cuanto los dos hemos callado allí lo hemos que hablar ! Traduction : Robert Pageard Je mourrai avant toi : caché Dans mes entrailles, Je porte déjà le fer avec lequel ta main Ouvrit l’ample blessure mortelle. Je mourrai avant toi : et mon esprit, Dans son attachement tenace, S’assoira aux portes de la mort En attendant que tu y frappes. D’heure en heure les jours, de jour en jour Les années voleront, Et à cette porte tu finiras par frapper. Qui peut s’en dispenser ? À ce moment où la terre gardera Ta faute et tes dépouilles, Te lavant dans les ondes de la mort Comme en un autre Jourdain ; Là où le murmure de la vie Va mourir en tremblant Comme la vague qui vient, silencieuse, Expirer sur la plage ; Là où le sépulcre qui se ferme Ouvre une éternité, De tout ce qu’ensemble nous tûmes Nous aurons à parler.
  4. Lettre 60-44 30 mai 2020, Samuel, Les empires coloniaux du XV au XVII siècle O) XVII siècle : l’Afrique Le développement de la traite des Noirs suite à la conquête des Amériques conduisit les Portugais à pénétrer au Kongo et à conquérir l’Angola. Au Maroc en revanche ils connurent de graves revers militaires sous l’action des chérifs saadiens et perdirent la quasi-totalité de leurs forts côtiers. Les Hollandais à partir de la fin du XVI siècle disputèrent aux Portugais leur influence en Afrique. Ils les supplantèrent pendant une cinquantaine d’années en conquérant l’Angola où ils se procurèrent une main d’ œuvre noire pour exploiter leurs colonies du Brésil. Mais les Hollandais finirent par être chassés du Brésil par les Portugais qui, dans la foulée, récupérèrent l’Angola en 1648. Sur la côte est africaine l’expansion de l’imamat d’Oman força les Portugais à se replier sur le seul Mozambique. Au XVII siècle, la Compagnie hollandaise des Indes orientales implanta des colonies de paysans hollandais (et allemands) appelés : Boers dans le sud de l’Afrique. Ces derniers réduisirent en esclavage les indigènes et les chassèrent de leurs terres. Dans la deuxième moitié du XVII, le Portugal et la Hollande commencèrent à être supplantés en Afrique par l’Angleterre et la France qui établirent leurs propres comptoirs (le trafic d’esclaves) notamment en Côte-de-l’Or (Ghana actuel) et le Sénégal.Les Portugais réussirent à conserver durablement l’Angola et le Mozambique. Dans les faits les Européens ne capturaient eux-mêmes qu’un petit nombre d’esclaves. Ils cherchaient à gagner l’amitié des souverains africains qui leur livraient les esclaves contre des marchandises. Au début du XVII siècle les Portugais intégrèrent le nord-ouest de Madagascar dans la zone commerciale du Mozambique. Puis ils furent concurrencés par les Hollandais, par les Anglais et les Français. En 1645, des puritains anglais fondèrent dans l’île une colonie puis une deuxième. Ce furent deux échecs. La France s’établit à Fort-Dauphin, au sud-est de l’île. Ils y restèrent trente ans, de 1643 à 1674. Puis le fort fut abandonné et les habitants partirent au Mozambique, en Inde et à l’île Bourbon (l’actuelle Réunion) dans l’archipel des Mascareignes En 1638, les Hollandais s’établirent sur l’île Maurice, du même archipel, pour en exploiter le bois et faire le commerce des esclaves. Ils en partirent en 1710 et furent remplacés par les Français vers 1721 qui l’appelèrent « Île de France ». Les Français cultivèrent dans les deux îles des Mascareignes le café et la canne à sucre en recourant à l’esclavage. L’archipel des Comores sont un groupe d’îles situées à mi-chemin entre Madagascar et l’Afrique. Dirigé par des sultans, musulmans, d’origine noire et arabe, qui entretinrent de bons rapports avec les Européens, l’archipel devint une plaque tournante pour le trafic d’esclaves.
  5. Gustavo Adolfo Bécquer Cette Rima, attribuant au sommeil et au rêve le pouvoir de libérer l’esprit, peuple le vide de fantômes et semble suggérer l’existence de ce mystérieux univers intérieur qui deviendra l’inconscient ( R. Pageard) Antonio Machado disait : « quelqu’un a dit, avec une justesse incontestable : Bécker est un accordéon dont joue un ange. » ¿ Será verdad que, cuando toca el sueño, con sus dedos de rosa, nuestros ojos, de la cárcel que habita huye el espíritu en vuelo presuroso? ¿ Será verdad que, huésped de las nieblas, de la brisa nocturna al tenue soplo, alado sube a la región vacía a encontrarse con otros? ¿ Y allí desnudo de la humana forma, allí los lazos terrenales rotos, breves horas habita de la idea el mundo silencioso? ¿ Y ríe y llora y aborrece y ama y guarda un rastro del dolor y el gozo, semejante al que deja cuando cruza el cielo un meteoro?. Yo no sé si ese mundo de visiones vive fuera o va dentro de nosotros. Pero sé que conozco a muchas gentes a quienes no conozco. Traduction : Robert Pageard Sera-t-il vrai que lorsque le sommeil touche Nos yeux de ses doigts de rose, L’esprit s’empresse de fuir la prison qu’il habite D’un vol rapide ? Sera-t-il vrai qu’hôte des brumes, Au souffle délicat de la brise nocturne, Il monte, ailé, à la région du vide Pour y rencontrer d’autres esprits? Et là, dépouillé de la forme humaine, Tout lien terrestre rompu, Il habite, pour de brèves heures, de l’idée Le monde silencieux ? Et qu’il rit, pleure, déteste et aime, Gardant la trace de la douleur et de la joie, Semblable à celle que laisse un météore Quand il traverse le ciel ? Je ne sais si ce monde de visions Vit hors de nous ou en nous ; Mais je sais que je connais beaucoup de gens Que je ne connais pas !
  6. Antonio Machado Le poème appartient au recueil posthume Poésie de guerre (1936–1939) Lorca fut assassiné le 19 août 1936, un mois après le soulèvement franquiste. Machado écrivit le poème au mois d’octobre de la même année et en donna lecture publique, à Valence, sur la place Castelar. M.Alvar. J’avais déjà posté la première partie du poème. Mais il faut que cet hommage de Machado figure dans son intégralité pour comprendre la barbarie de ce crime, entre autres, infligé par les troupes franquistes. El crimen fue en Granada A Federico Garcia Lorca I El crimen Se le vio, caminando entre fusiles, por una calle larga, salir al campo frío, aún con estrellas, de la madrugada. Mataron a Federico cuando la luz asomaba. El pelotón de verdugos no osó mirarle la cara. Todos cerraron los ojos; rezaron: ¡ni Dios te salva! Muerto cayó Federico. -sangre en la frente y plomo en las entrañas-. ...Que fue en Granada el crimen sabed -¡pobre Granada!-, en su Granada... II El poeta y la muerte Se le vio caminar solo con Ella, sin miedo a su guadaña. Ya el sol en torre y torre; los martillos en yunque - yunque y yunque de las fraguas. Hablaba Federico, requebrando a la muerte. Ella escuchaba. "Porque ayer en mi verso, compañera, sonaba el golpe de tus secas palmas, y diste el hielo a mi cantar, y el filo a mi tragedia de tu hoz de plata, te cantaré la carne que no tienes, los ojos que te faltan, tus cabellos que el viento sacudía, los rojos labios donde te besaban... Hoy como ayer, gitana, muerte mía, qué bien contigo a solas, por estos aires de Granada, ¡mi Granada!" III Se le vio caminar.. Labrad, amigos, de piedra y sueño, en el Alhambra, un túmulo al poeta, sobre una fuente donde llore el agua, y eternamente diga: el crimen fue en Granada, ¡en su Granada! Traduction : Bernard Sesé Le crime a eu lieu à Grenade A Federico Garcia Lorca I Le crime On le vit avançant au milieu des fusils, par une longue rue, sortir dans la campagne froide, sous les étoiles, au point du jour. Ils ont tué Federico quand la lumière apparaissait. Le peloton de ses bourreaux n’osa le regarder en face. Ils avaient tous fermé les yeux ; ils prient : Dieu même n’y peut rien !Et mort tomba Federico – du sang au front, du plomb dans les entrailles. – …Apprenez que le crime a eu lieu à Grenade ! – pauvre Grenade ! – , sa Grenade ! II Le poète et la mort On le vit s’avancer seul avec Elle, sans craindre sa faux. – Le soleil déjà de tour en tour, les marteaux sur l’enclume – sur l’enclume des forges. Federico parlait, il courtisait la mort. Elle écoutait. « Puisque hier, ma compagne, résonnaient dans mes vers les coups de tes mains desséchées, qu’à mon chant tu donnas ton froid de glace et à ma tragédie le fil de ta faucille d’argent, je chanterai la chair que tu n’as pas, les yeux qui te manquent, les cheveux que le vent agitait,les lèvres rouges que l’on baisait... Aujourd’hui comme hier, ô gitane, m’a mort que je suis bien, seul avec toi, dans l’air de Grenade, ma Grenade ! » III On les vit s’avancer… Elevez mes amis, dans l’Alhambra, de pierre et de songe, un tombeau au poète sur une fontaine où l’eau gémira et dira éternellement : le crime a eu lieu à Grenade, sa Grenade !
  7. Rafael Alberti né à Puerto de Santa María en 1902- mort à Puerto de Santa María en 1999. Raphaël Alberti est la mémoire de tout le XXe siècle espagnol, le conservatoire vivant de dizaines de générations poétiques. À partir de 1931, date de proclamation de la république, et jusqu’en 1935, il compose les poèmes de El poeta en la calle (le poète dans la rue) . Provocatrice, libre, surréelle, sa poésie empreinte les deux voies, désormais parallèles, du lyrisme et de la dénonciation des injustices. Il écrit Capitale de la Gloire (Madrid 1936-1938), chante la résistance de Madrid pendant la guerre civile, la Catalogne sous les bombes, les Brigades internationales.« Galop » appartient à cette dernière section- Guy Lévis-Mano « Galop » est dédié aux soldats qui lutèrent aux côtés des républicains face au régime franquiste. Le galop du cheval symbolise la passion et la force . Galope Las tierras, las tierras, las tierras de España,Las grandes, las solas, desiertas llanuras.Galopa, caballo cuatralbo,Jinete del pueblo,Al sol y a la luna. ¡A galopar,A galopar,Hasta enterrarlos en el mar!A corazón suenan, resuenan, resuenanLas tierras de España, en las herraduras.Galopa, jinete del pueblo,Caballo cuatralbo,Caballo de espuma.¡A galopar,A galopar,Hasta enterrarlos en el mar!Nadie, nadie, nadie, que enfrente no hay nadie;Que es nadie la muerte si va en tu montura.Galopa, caballo cuatralbo,Jinete del pueblo,Que la tierra es tuya.¡A galopar,A galopar,Hasta enterrarlos en el mar!Traduction :Guy Lévis-ManoGalopLes terres, les terres, les terres d’Espagne,Les grandes, les solitaires, désertes plaines.Galope, cheval balzan,Cavalier du peuple,Au soleil et à la lune.Au galop,Au galop,Jusqu’à les enterrer dans la mer !Comme un cœur sonnent, résonnent, résonnentLes terres d’Espagne dans les sabots.Galope, cavalier du peuple,Cheval balzan,Cheval d’écume.Au galop,Au galop,Jusqu’à les enterrer dans la mer !Personne, personne, personne, car en face il n’y a personne,Car la mort n’est personne si elle va sur ta monture.Galope, cheval balzan,Cavalier du peuple,Car la terre est tienne.Au galop,Au galop,Jusqu’à les enterrer dans la mer !
  8. Lettre 60-43 24 mai 2020, Samuel, Les empires coloniaux du XV au XVII siècle N) XVII siècle : les treize colonies britanniques A la fin du XVI siècle, la reine Elizabeth 1ère finança l’exploration de la côte de l’Amérique du nord située entre les colonies espagnoles (Mexique) et les colonies françaises (le Saint-Laurent). En 1584 une expédition commandée par Walter Raleigh (1552-1618) pénétra dans la baie de Chesapeake et donna à la région le nom de Virginie, en l’honneur de la reine, qui, non mariée, était tenue pour vierge. Mais les quelques colons laissés sur place ne survirent pas. En 1607, une nouvelle flottille anglaise envoyée cette fois par le roi d'Angleterre Jacques 1er, commandée par Christopher Newport, pénétra à son tour dans la baie de Chesapeake [Cette baie sépare la Virginie du Maryland sur la carte jointe]. Newport réussit à établir une colonie permanente nommée Jamestown qui prospéra notamment grâce à la culture du tabac. Ainsi naquit la première colonie britannique sur le sol nord-américain. En 1620 le vaisseau Mayflower parti de Plymouth en Angleterre cingla vers l’Amérique avec à son bord, les Pilgrim fathers ou « Pères pèlerins », qui suivaient des principes puritains. Ils fuyaient les persécutions religieuses et espéraient trouver une terre vierge où créer une « nouvelle Jérusalem ». Le 21 novembre 1620, quelques jours avant de débarquer, l'ensemble des passagers, au nombre d'une centaine, signèrent un pacte le « Mayflower Compact » qui édictait les règles de leur future vie en commun. Ce pacte demeure l'une des sources de la pratique démocratique américaine. Ils accostèrent le 26 novembre 1620 près d'un lieu sauvage, Cape Cod, dans le futur État du Massachusetts. Le 21 décembre, ils fondèrent la ville de Plymouth. La première année fut très difficile. De nombreux colons succombèrent à la faim et à la maladie. Les autres ne durent leur survie qu'aux dindes sauvages et au maïs fourni par les Indiens. En novembre 1621, la communauté organisa une journée d'action de grâce : le « Thanksgiving Day ». Le président Lincoln érigea ce jour en fête nationale en 1863. Ainsi chaque 4e jeudi de novembre, les familles des États-Unis mangent de la dinde avec des patates douces et de la tarte au potiron au dessert. Ainsi naquit la deuxième colonie anglaise, le Massachusetts, nom d'origine indienne. Les colons anglais vinrent nombreux en Amérique en raison des bouleversements propres à leur patrie d’origine : bouleversements religieux avec conflits permanents entre les différentes banches du christianisme, bouleversements sociaux avec le début de la pratique des enclosures. Le mouvement des enclosures commença en Angleterre au XVI siècle. Des champs ouverts et pâturages communs cultivés par la communauté furent convertis par de riches propriétaires fonciers en pâturages privés et clôturés (enclosures) pour l’élevage de troupeaux de moutons en vue du commerce de la laine alors en pleine expansion. Cette appropriation jeta dans la misère quantité de paysans qui ne purent plus faire paître leurs propres troupeaux dans les champs communaux. Beaucoup de ces paysans partirent en Amérique. Pendant tout le XVII siècle s’établirent sur la côte est de l’Amérique du nord treize colonies britanniques formant un seul tenant : la Géorgie, la Caroline du sud, la Caroline du nord, la Virginie, le Maryland, le Delaware, le New Jersey, la Pennsylvanie, le Connecticut, l’État de New York, Rhode Island, le New Hampshire et le Massachusetts (la Nouvelle-Amsterdam, New-York, fut prise aux Hollandais en 1664, voir lettre 60-42). Les quatre États du nord, Massachusetts, New Hampshire, Rhode Island et Connecticut formèrent la Nouvelle-Angleterre qui compta ensuite six États après la division du Massachusetts en deux États : le Massachusetts et le Maine créé en 1820 , et l’annexion du Vermont, région française, annexée en 1763 (située à l’ouest du New Hampshire). L’enracinement de la population fut rural et agricole. Les sols et le climat se rapprochaient de ceux de L’Europe. Aux cultures vivrières les colons ajoutèrent de nouvelles cultures : le tabac, le coton, la canne à sucre. La traite des esclaves se développa surtout dans les États du sud, les convictions religieuse des États du nord, notamment les quakers, les rendant hostiles à l’esclavage. Ces treize territoires étaient soumis à la Grande Bretagne qui contrôlait la totalité des échanges. La volonté de faire des colonies des asiles de tolérance religieuse eut pour résultat une extrême diversité de confessions. Chaque communauté religieuse prit l’habitude de s’administrer elle-même ce qui impliqua un certain conformisme moral : celui qui s’écartait des règles communautaires en était exclu. Cette auto-organisation engendra un souci éducatif. Chaque communauté développa l’instruction, ce qui conduisit à la création d’établissements éducatifs et universitaires devenus par la suite prestigieux : Harvard, Yale, Princeton, Columbia. [Les Quakers ou Trembleurs, réunis en Société chrétienne des Amis, fondée en Angleterre en 1647 par George Fox, cordonnier de Leicester, sont des chrétiens qui ne reconnaissent aucune hiérarchie ecclésiastique. Selon eux, tout homme peut être inspiré par l'Esprit divin. Réunis dans des salles dépouillées de tout ornement, ils attendent avec recueillement l'arrivée de l'Esprit-Saint. Si l'un d'eux sent l'inspiration qui s'annonce par un tremblement (d’où le nom de trembleurs), il se lève, prend la parole et tous l'écoutent en silence. Les Quakers se refusent à prendre part à la guerre, condamnent le spectacle, le chant, les jeux de hasard, la chasse. Ils se distinguent par la pureté de leurs mœurs, leur probité et leur philanthropie. Ils se dispensent de toutes les formes de la politesse, tutoient tout le monde et ne se découvrent jamais la tête. Ces singularités leur valurent des persécutions. Longtemps en Angleterre ils furent emprisonnés ou enfermés comme fous; l'acte de tolérance de 1689 leur permit enfin de vivre libres. La plupart partirent en Amérique pour vivre selon leur foi. Ils occupèrent l’État de Pennsylvanie. Ils furent les plus ardents adversaires de la traite des Noirs et donnèrent l'impulsion à leur affranchissement. Ils respectèrent toujours l’égalité hommes-femmes. Je t’embrasse, Je t’aime
  9. Luis Rosales né à Grenade en 1910- mort à Madrid en 1992 Le poème ci-dessous appartient au recueil Cómo el corte hace sangre (comment la coupure saigne) 1974. Il prolonge l’exploration de l’intimité de l’âme, dans ses racines végétales, ses souvenirs, ses déchirures. Membre de la Phalange, Rosales combat dans les rangs franquistes ; c’est dans sa demeure familiale, à Grenade, que Lorca trouve asile pendant une semaine avant d’y être arrêté sur dénonciation, un épisode qui jusqu’en 1983 laisse peser sur Rosales l’accusation d’avoir été le délateur de son ami. En 1983, en effet, la découverte d’un document semble prouvé au contraire que Rosales était intervenu en faveur de Lorca, mais sans succès. La Fisura Como se hace una burbuja de aire en el hielo, O esa ligera incertidumbre del testigo ante el juez, O ese amuleto que se pierde en el que nadie cree Pero nos deja un luto sin ventanas, Así llega la soledad, Así llega la hora que abre en tu corazón una fisura De comunicación con el deshielo, Una fisura pequeñísima Donde la vida se contrae, Y se comienza a sustraer Como una herencia de agua, Dejándote desvinculado Porque te sientes incapaz de elegir, Y día tras día te vas quedando atónito Y tan corto Que se te olvida, como un sueño, todo cuanto has querido, Todo lo que te funda y enraiza Sin que nadie lo advierta. Traduction : Nadine Ly La Fissure Comme il se fait dans la glace une bulle, Ou comme la légère hésitation du témoin face au juge Où cette amulette qu’on perd, quand on n’y croit pas, Et qui nous laisse aveuglés de douleur, Voici venir la solitude, Voici venir le temps qui t’ouvre dans le cœur La fissure de la débâcle, Une fissure imperceptible, Où la vie se réduit, Où elle se soustrait Comme une eau héritée, Qui coupe toutes tes amarres, Te rend incapable du moindre choix, Jour après jour, te laisse plus interdit, Si recroquevillé Que tu oublies, comme rêve, tout ce que tu as aimé, Ce qui te fonde et t’enracine, Sans que personne s’en rende compte.
  10. Ah oui, je me souviens, « Chove en Santiago meu doce amor », le premier des six poèmes galiciens. Celui que je préfère. Y’a plus qu’à... se mettre au boulot
  11. C’est un poème anonyme dont on situe l’origine au XVIe siècle, où antérieur : la lutte entre l’Amour et la Mort. La mort inexorable qui ne pardonne pas et qu’il est impossible de fuir. Même l’amour ne peut nous sauver quand la mort nous appelle. Romance del enamorado y la muerte Un sueño soñaba anoche soñito del alma mía, soñaba con mis amores, que en mis brazos los tenía. Vi entrar señora tan blanca, muy más que la nieve fría. —¿Por dónde has entrado, amor? ¿Cómo has entrado, mi vida? Las puertas están cerradas, ventanas y celosías. —No soy el amor, amante: la Muerte que Dios te envía. —¡Ay, Muerte tan rigurosa, déjame vivir un día! —Un día no puede ser, una hora tienes de vida. Muy deprisa se calzaba, más deprisa se vestía; ya se va para la calle, en donde su amor vivía. —¡Ábreme la puerta, Blanca, ábreme la puerta, niña! —¿Cómo te podré yo abrir si la ocasión no es venida? Mi padre no fue al palacio, mi madre no está dormida. —Si no me abres esta noche, ya no me abrirás, querida; la Muerte me está buscando, junto a ti vida sería. —Vete bajo la ventana donde labraba y cosía, te echaré cordón de seda para que subas arriba, y si el cordón no alcanzare, mis trenzas añadiría. La fina seda se rompe; la muerte que allí venía: —Vamos, el enamorado, que la hora ya está cumplida. Traduction (à ma sauce) Romance de l'amoureux et de la mort J'ai fait un rêve cette nuit, un rêve tout droit sorti de mon âme, Je rêvais de mes amours blottis entre mes bras. Je vis entrer une dame blanche, plus blanche encore que la froide neige. - Par où es-tu entrée amour ? Comment es-tu entrée, ma chérie ? Les portes sont fermées, les fenêtres et les jalousies aussi. - Amant, je ne suis pas l'amour, je suis la mort envoyée par Dieu. - Ah, mort si exigeante, laisse-moi vivre encore un jour! - Un jour, ce n'est pas possible, il ne te reste qu’une heure à vivre. Il se chaussa en toute hâte, et se vêtit plus vite encore ; Et partit dans la rue, où vivait son amour. - Ouvre-moi la porte Blanche, ouvre-moi la porte, ma chérie ! - Comment pourrai-je t'ouvrir, ce n’est pas le moment ? Mon père n'est pas parti au palais, ma mère ne dort pas. - Si tu ne m'ouvres pas cette nuit, jamais plus tu ne m'ouvriras, ma chérie. La mort me cherche, près de toi je resterais en vie. - Va sous ma fenêtre où je travaille et couds. Je te lancerai un cordon de soie pour que tu grimpes Et si le cordon ne t’atteint pas, j'ajouterai mes tresses. Le cordon de soie se rompit ; la mort s’approchait : - Allons, l'amoureux, l'heure est déjà écoulée. "Victor Jara est un chanteur chilien. Il fut arrêté par les militaires chiliens lors du coup d'Etat du 11 septembre 1973, emprisonné et torturé, assassiné entre le 14 et le 16 septembre."
  12. Quelle est la poésie de Lorca que tu avais traduite ?
  13. Francisco de la Torre né vers 1521- mort vers 1582 Poète perdu, poète absent : la personnalité de Francisco de la Torre reste un mystère, une inconnue de l’histoire de la poésie espagnole. La publication de ses œuvres, énigme embrouillée, a toutes les apparences d’un miracle ou d’un extraordinaire hasard.¡Cuántas veces te me has engalanado,clara y amiga noche! ¡Cuántas, llena de oscuridad y espanto, la serena mansedumbre del cielo me has turbado! Estrellas hay que saben mi cuidadoy que se han regalado con mi pena; que, entre tanta beldad, la más ajena de amor tiene su pecho enamorado. Ellas saben amar, y saben ellasque he contado su mal llorando el mío, envuelto en los dobleces de tu manto. Tú, con mil ojos, noche, mis querellasoye y esconde, pues mi amargo llanto es fruto inútil que al amor envío. Traduction : Mathilde PomèsQue de fois, nuit, t’es-tu pour moi parée Claire et amie ! Et que de fois aussi, Pleine d’ombre et d’effroi, as-tu troublé La paisible face d’un ciel serein ! Parmi les astres, il en est qui savent Ma peine et de ma peine ont eu plaisir ; Parmi tant de beauté, la plus rétive À l’amour a son cœur touché d’amour Ces astres aiment et ces astres savent Que j’ai chanté leur mal pour mieux pleurer Le mien sous les plis de ton voile, ô nuit ! Sous tes yeux par milliers reçois et cèle Mes plaintes, nuit, car mes larmes amères Ne sont qu’une vaine offrande à l’amour.
  14. Très belle interprétation de cette ancienne chanson interprétée Marie Laforêt. Je la préfère à celle de Nana Mouskouri. Merci. Ma foi, tu te défends bien
  15. Lettre 60-42 20 mai 2020, Samuel, Les empires coloniaux du XV au XVII siècle M) XVII siècle : la Nouvelle-Néerlande La Nouvelle-Néerlande désigne la colonie que les Provinces-Unies implantèrent au XVII siècle sur la côte est de l’Amérique du Nord. En 1602 les Provinces-Unies créèrent la Compagnie néerlandaise des Indes orientales et confièrent à un navigateur anglais, qui agit pour leur compte, Henry Hudson, le soin de trouver une voie maritime d’accès à l’Asie en passant par le nord-ouest (le mythique passage déjà recherché par John Cabot, voir lettre 60-26). Hudson longea la côte est de l’Amérique du Nord et atteignit en 1609 la baie que Verrazano, qui agissait alors pour la France, baptisa « La Nouvelle-Angoulême» en 1524 [Verrazzano planta le drapeau du roi de France et s'en alla, sans installer personne sur place]. Remontant le fleuve qui allait porter son nom, Hudson se rendit compte que celui-ci ne menait pas à l’Asie. Il revint en Europe et vanta l’activité des Amérindiens qui pratiquaient la confection de fourrures. De petites compagnies néerlandaises retournèrent sur place dès 1610 pour pratiquer le commerce et la traite des pelleteries avec les Amérindiens. Des comptoirs furent édifiés le long des fleuves Hudson et Delaware (fleuves Nord et Sud sur la carte jointe) tandis que quelques colons s’installèrent sur l’île de Manhattan à l’embouchure de l’Hudson. Le 2 février 1625, les Hollandais construisirent un fortin sur l'île autour duquel s’installèrent trente familles de protestants flamands, français et wallons, envoyées par la Compagnie hollandaise des Indes occidentales, créée en 1621. La petite colonie fut baptisée La Nouvelle Amsterdam. En 1626, Pierre Minuit, gouverneur de la colonie, négocia l'achat de l'île aux Amérindiens pour une somme dérisoire. La colonie fut ensuite gérée par le gouverneur : Pieter Stuyvesant. Sous son gouvernement (1647-1664), la population de la Nouvelle- Amsterdam passa de 300 à 1 500 habitants. La colonie toute entière, y compris les implantations dans les terres, compta plus de 10 000 habitants. La ville se développa avec des maisons hautes et étroites, à façades en briques, à pignons en escalier, avec un canal, creusé en 1654, qu’enjambaient trois ponts en bois. Un mur d’enceinte fut édifié d’un bord de l’île à l’autre (de l’Hudson à l’East River), qui donna son nom à une rue fameuse, Wall Street, la rue du Mur. Le 20 avril 1657, La Nouvelle-Amsterdam octroya la liberté de culte aux Juifs. Les vingt-trois premiers séfarades des anciennes possessions néerlandaises du Brésil, qui avaient constitué à Recife la synagogue Kahal Zur Israel, arrivèrent à La Nouvelle-Amsterdam dès 1654. Au début des années 1660, le roi Charles II décida d’unir dans un seul ensemble les terres qui allaient de la Virginie, au sud de la Nouvelle-Amsterdam, à la Nouvelle-Angleterre, située au nord (la colonisation britannique de l’Amérique du nord fera l’objet d’une lettre à suivre). La Nouvelle-Amsterdam, pour lui, n’existait tout simplement pas, les Hollandais n’avaient rien à faire dans cette partie du monde. L’été 1664, quatre navires de guerre anglais surgirent dans la baie. Pieter Stuyvesant voulut résister, mais il renonça sous la pression des habitants qui craignaient le pillage et la destruction. Le 8 septembre 1664, Pieter Stuyvesant signa la capitulation de La Nouvelle-Amsterdam. La ville, dès ce jour, fut appelée New York par Charles II en l’honneur de son frère le duc d’York. En 1667 les Néerlandais renoncèrent à leurs revendications sur cette portion du territoire américain lors de la signature du traité de Breda. Ils obtinrent en retour la souveraineté officielle sur le Suriname. Cependant, lors d’une nouvelle guerre opposant les Anglais aux Néerlandais, ces derniers reprirent brièvement la ville en 1673 (alors rebaptisée La Nouvelle-Orange), avant que les Anglais ne la récupèrent définitivement lors de la signature du traité de Westminster, le 19 févier 1674 (voir lettre 60-7). [Sur la carte jointe la Nouvelle-Néerlande est de couleur orange] Toutes mes pensées t’accompagnent, Je t’aime, Je t’embrasse
  16. Cervantes Marinero soy de amor : Il s’agit d’un "romance" qui ouvre le chapitre de la première partie de Don Quichotte. C’est en le chantant que don Luis prévient doña Clara, –sa claire étoile – qu’il est arrivé à l’auberge où elle fait étape et où se trouve don Quichotte. Marinero soy de amor y en su piélago profundo navego sin esperanza de llegar a puerto alguno. Siguiendo voy a una estrella que desde lejos descubro, más bella y resplandeciente que cuantas vio Palinuro. Yo no sé adónde me guía y, así, navego confuso, el alma a mirarla atenta, cuidadosa y con descuido. Recatos impertinentes, honestidad contra el uso, son nubes que me la encubren cuando más verla procuro. ¡Oh clara y luciente estrella en cuya lumbre me apuro! Al punto que te me encubras, será de mi muerte el punto. Traduction : Jean Canavaggio Je suis un marin de l’Amour Et, sur son océan profond, Je navigue sans espérance De parvenir à aucun port. Je vais poursuivant une étoile, Que je découvre du plus loin, Plus belle et plus resplendissante Que celle que Palinure. J’ignore où elle me conduit, Ainsi, je navigue incertain. Mon âme l’observe, attentive, Mêlant l’abandon au souci. Une importune retenue, Une pudeur inusitée Me la voilent comme une nue, Plus je m’efforce de la voir. Ô claire et brillante étoile, Lumière en qui je me consume ! L’instant où tu te voileras Ce sera l’instant de ma mort. Jordy Savall, le père de Ferran, l’interprète de la mélodie, explique dans le livret qui accompagne l’album (Don Quijote de la Mancha : Romances y Músicas) : « La musique n’était pas connue, nous avons eu recours aux techniques de contrefact en sélectionnant la musique la plus appropriée correspondant au personnage et à la métrique de l’époque. » Dans ce cas il s’agit d’une mélodie séfarade.
  17. Pourquoi honte ? A chacun son style ! Néanmoins ce poème dédié à son épouse m’a fascinée. Il a fallu que je me renseigne sur l’Ageronia atlantis. C'est le nom savant d’une plante, l’algérone, appartenant aux asclépiadacées. L’asclépiade est aussi appelée « ouate soyeuse » ou « plante à soie ». Quant à l’orichalque, ou cuivre des montagnes, très connu dans l’Antiquité, c’est un métal qui atteignait le prix de l’or.
  18. Carlos Edmundo de Ory né à Cadix en 1923- mort à Thézy-Glimont en 2010 Inventive, expérimentale, pleine d’humour, sa poésie connaît un succès tardif mais croissant en Espagne. Le poème a été écrit à Paris, en 1956. G.Correa, Antología Descripción de mi esposa con acompañamiento de timbales Ella es mi escarabajo sagrado. Ella es mi cripta de amatista. Ella es mi ciudadela lacustre. Ella es mi palomar de silencio. Ella es mi tapia de jazmines. Ella es mi langosta de oro. Ella es mi kiosko de música. Ella es mi lecho de malaquita. Ella es mi medusa dorada. Ella es mi caracol de seda. Ella es mi cuarto de ranúnculos. Ella es mi topacio amarillo. Ella es mi Anadiómena marina. Ella es mi Ageronia atlantis. Ella es mi puerta de oricalco. Ella es mi palanquín de hojas. Ella es mi postre de ciruelas. Ella es mi pentagrama de sangre. Ella es mi oráculo de besos. Ella es mi estrella boreal Traduction : Nadine Ly Description de mon épouse avec accompagnement de cymbales Elle est mon scarabée sacré Elle est ma crypte d’améthyste Elle est ma cité lacustre Elle est mon pigeonnier de silence Elle est ma murette de jasmin Elle est ma sauterelle d’or Elle est mon kiosque à musique Elle est mon lit de malachite Elle est ma méduse dorée Elle est mon escargot de soie Elle est ma chambre de renoncules Elle est ma topaze jaune Elle est mon Anadyomène marine Elle est mon Ageronia atlantis Elle est ma porte d’orichalque Elle est mon palanquin de feuilles Elle est mon gâteau de prunes Elle est ma portée de sang Elle est mon oracle de baisers Elle est mon étoile boréale
  19. Lettre 60-41 17 mai 2020, Samuel, Les empires coloniaux du XV au XVII siècle L) XVII siècle : la Nouvelle-France La « Nouvelle-France » est le nom donné aux colonies françaises de l’Amérique du Nord. Il s’agissait d’une vice-royauté du royaume de France instituée par François 1 er en 1534. Son premier gouverneur fut Jacques Cartier. Au XVII siècle la monarchie française, stabilisée dans son pouvoir grâce à l’action de son roi Henri IV, s’intéressa à nouveau à la Nouvelle-France laissée en sommeil pendant toute la seconde moitié du XVI siècle (voir lettre 60-36). 1) Le Saint-Laurent Un jeune navigateur Samuel de Champlain (1567-1635), en 1608, remonta le Saint-Laurent et créa près du village de Stadaconé (voir carte lettre 60-36) la ville de Québec qui devint la capitale de la Nouvelle-France. (Québec signifie en langage indien : l’endroit où la rivière se rétrécit). Il entreprit d’installer là une colonie de peuplement dont l’activité, outre le commerce des fourrures avec les Indiens, s’orienta vers une mise en valeur des terres. Les Français qui vinrent s’installer relevaient de trois catégories : Les pionniers-agriculteurs : la Compagnie des Cent-Associés (Richelieu créa cette société en 1627) chargée par l’État de mettre en valeur ce territoire leur octroya des parcelles de terre. Vers 1635 ils étaient environ 300, à la fin du siècle ils étaient environ 3000. Ils reçurent des parcelles de 180 hectares environ tracées en lamelles à partir des rives du fleuve. Le colon recevait en outre un petit capital et des vivres pour tenir le temps de défricher la terre et de la cultiver. Les militaires : Ils étaient chargés de protéger la colonie. Ils s’employèrent à pacifier la vallée en menant une guerre contre les Iroquois qui capitulèrent en 1667. Un vaste réseau de forts fut édifié s’étendant toujours de plus en plus loin vers le sud jusqu’aux abords des Grands Lacs. Les filles à marier : De 1663 à 1673 environ 700 filles âgées de 12 à 30 ans furent envoyées plus ou moins de force au Canada. Elles venaient d’orphelinats ou de maisons religieuses Les divers : Il s’agit de toutes les autres professions : administratifs, commerçants, chasseurs, pêcheurs, bûcherons (exploitation du bois). Trois villes se développèrent. Québec créée en 1608, ville la plus importante, qui atteignit 6000 habitants en 1750, Trois-Rivières, fondée en 1634, qui atteignit 1000 habitants en 1750 et Montréal (près de Hochelaga, voir carte lettre 60-36 ), fondée en 1642, qui atteignit 4000 habitants en 1750. La colonisation fut difficile : à la fin du XVII siècle il n’y avait environ que 8000 colons au Canada (mais la croissance démographique s’accéléra à partir de la fin du siècle). Les conditions de vie le long du Saint-Laurent étaient rudes, avec des hivers très froids. Les indigènes ne fournirent aucune main d’œuvre, au contraire. Ils étaient rares dans la région après l’hécatombe provoquée par les maladies importées par les Européens le siècle dernier et ils ne se laissèrent pas embrigader par les prêtres catholiques venus pour les convertir. Beaucoup de Français, manquant de femmes, choisirent de prendre des Indiennes comme épouses. Si certaines femmes finirent par se convertir, la plupart du temps les Français allaient vivre avec les autochtones qui gardèrent leurs coutumes. A côté de ce peuplement difficile les Anglais eux ne cessaient d’arriver sur la côte ouest de l’Amérique du Nord. La démographie, défavorable aux Français, conduisit parfois ces derniers à s’entendre avec les Indiens pour faire face aux Britanniques. 2) La Louisiane En 1673, le gouverneur Louis de Buade de Frontenac souhaita étendre les colonies vers le sud. Il chargea un colon et aventurier René Robert Cavelier de la Salle (1643-1687) qui avait déjà exploré le sud en 1670, d’ouvrir une nouvelle route commerciale. En 1674, la Salle établit le fort Frontenac sur le lac Ontario, puis en 1679, après avoir fondé le fort Niagara (près des chutes) il appareilla sur un navire, le Griffon et il découvrit les Grands Lacs, premier européen à réaliser cette découverte. Il construisit le fort Saint-Joseph sur le lac Michigan, puis il remonta le fleuve Illinois, où il établit, en 1680, le fort Crèvecoeur. De là, en 1682 il atteignit le Mississippi, il descendit droit vers le sud et il atteignit le 6 avril 1682 le rivage du golfe du Mexique. Le 9 avril, il prit possession des territoires qui bordaient le golfe au nom de la France et leur donna le nom de Louisiane en l’honneur du roi Louis XIV qui, peu reconnaissant, écrivit au gouverneur que cette découverte était fort inutile et qu’il faudrait par la suite empêcher de pareilles découvertes. La Salle retourna en France pour vendre au roi un projet d’établissement en Louisiane qui, selon lui, formerait une base intéressante pour envahir le Mexique, colonie espagnole. Louis XIV, à qui l'Espagne venait de déclarer la guerre en octobre 1683 (voir lettre 60-10, la guerre des Réunions), lui apporta finalement son soutien en avril 1684. La Salle quitta La Rochelle le 24 juillet 1684 avec le titre de gouverneur de la Louisiane, à la tête d’une expédition composée de quatre bateaux (le Joly, la Belle, l’Aimable et le Saint-François) et près de 300 personnes parmi lesquels des soldats, des artisans, six missionnaires, huit commerçants, et plus d'une douzaine de femmes et d'enfants. L’expédition fut malmenée par des attaques de pirates, elle accumula des erreurs de navigation. Le Saint-François tomba aux mains de corsaires espagnols au large d'Hispaniola. Le 25 novembre, les trois navires restants accostèrent finalement sur la côte du golfe du Mexique. Mais la Salle ne reconnut pas l’endroit où il se trouvait. La navigation de l'époque était imprécise et si la détermination de la latitude était à peu près correcte, celle de la longitude, en l'absence de chronomètres précis qui n'apparaîtront qu'au XVIIIe siècle, était très déficiente. L'explorateur était à 600 kilomètres à l'ouest de l'embouchure du Mississippi, alors qu’il croyait avoir dérivé vers l'est. En accostant il perdit l’Aimable qui s’échoua sur un banc de sable puis coula. Son second le commandant Tanguy Le Gallois de Beaujeu se mutina et repartit vers la France avec le Joly. La Salle n’avait plus qu’un navire, la Belle, et 180 personnes. Ils construisirent le fort Saint-Louis (endroit situé aujourd’hui au Texas). La Salle essaya de retrouver le Mississippi. En vain. Il se heurta à des Amérindiens hostiles, aux désertions, à la malnutrition. En février 1686, son dernier navire, la Belle s'échoua à son tour. Après deux années difficiles au cours desquelles la colonie passa de 180 à 40 personnes, la Salle décida de remonter vers le Nord, espérant retrouver le Saint-Laurent. Mais des hommes se mutinèrent et la Salle fut assassiné le 19 mars 1687. Un homme, Henri Joutel, ayant survécu à la mutinerie, accompagné de 6 hommes, retrouva le Mississippi à pied, puis il remonta jusqu'à Québec. Le roi qui craignait que les Anglais ne cessassent de s’étendre sur la côte Américaine (ils commençaient à avancer en Floride au détriment des Espagnols) chargea Pierre Le Moyne d'Iberville et d’Ardillières (1661-1706) navigateur, militaire, corsaire et explorateur français, de retrouver l'embouchure du Mississippi et de coloniser la Louisiane. Le 2 mars 1699, d’Iberville réussit là où Robert Cavelier de La Salle avait échoué : il retrouva, par voie de mer, l’embouchure du Mississippi. Il y construisit le 1er mai 1699 le fort Maurepas et il fonda la ville de Biloxi puis le 3 mai, il retourna en France, laissant une garnison de 81 hommes. Ainsi une implantation coloniale effective commença à partir de 1699 en Louisiane. Bonne fin de week-end à Moscou, Je pense à toi toujours avec tendresse, Je t’aime,
  20. Antonio Machado Ce poème fait partie des Soledades (Solitudes) écrites entre 1899 et 1907. Ensueños Yo voy soñando caminos de la tarde. ¡Las colinas doradas, los verdes pinos, las polvorientas encinas!… ¿Adónde el camino irá? Yo voy cantando, viajero a lo largo del sendero… -La tarde cayendo está-. “En el corazón tenía la espina de una pasión; logré arrancármela un día; ya no siento el corazón.” Y todo el campo un momento se queda, mudo y sombrío, meditando. Suena el viento en los álamos del río. La tarde más se oscurece; y el camino que serpea y débilmente blanquea, se enturbia y desaparece. Mi cantar vuelve a plañir; “Aguda espina dorada, quién te pudiera sentir en el corazón clavada.” Traduction : Bernard Sesé Rêveries Je m’en vais rêvant par les chemins du soir. Les collines dorées, les pins verts les chênes poussiéreux ! … Où peut-il aller, ce chemin ? Je m’en vais chantant, voyageur Le long du sentier… -Le jour s’incline lentement-. «Devant mon cœur était clouée l’épine d’une passion ; un jour j’ai pu me l’arracher : Je ne sens plus mon cœur.» Et toute la campagne un instant demeure, muette et sombre, pour méditer. Le vent retentit dans les peupliers de la rivière. Mais le soir s’obscurcit encore ; et le chemin qui tourne, tourne, et blanchit doucement, se trouble et disparaît. Mon chant recommence à pleurer: «Epine pointue et dorée, Ah! si je pouvais te sentir Dedans mon cœur clouée.»
  21. Fleur desséchée cela va aussi puisqu’il y a la prééminence de l’expression littérale : (chevelure, front blanc, lèvres, gorge ) sur les fleurs : (lis, œillet). Et pourquoi en place de Goza: « Profitez », mettre quelque chose de plus brutal, par exemple « Jouissez » ?
  22. Miguel de Cervantes Saavedra né à Alcalá de Henares en 1547- mort à Madrid en 1616 Ce poème est tiré du deuxième acte des Bagnes d’Alger, une autre des comédies publiées en 1615. Ce chant d’un captif chrétien, qui exprime sa nostalgie de liberté est un zéjel, forme strophique d’origine arabe qui remonte au Xe siècle et dont la tradition s’est maintenue au Moyen Âge et au Siècle d’or. Le poème s’ouvre sur un couplet de deux octosyllabes, suivi d’une quintilla que conclut, en manière de refrain, le deuxième vers du couplet initial. Jean Carnavaggio. Aunque pensáis que me alegro, Conmigo traigo el dolor. Aunque mi rostro semeja Que de mi alma se aleja La pena, y libre la deja, Sabed que es notorio error: Conmigo traigo el dolor. Cúmpleme disimular Por acabar de acabar, Y porque el mal, con callar, Se hace mucho mayor. Conmigo traigo el dolor. Traduction : Jean Carnavaggio Bien que vous me croyez en joie, En moi je porte la douleur. Alors que mes traits laissent croire Qu’à présent la peine s’éloigne De mon âme, enfin délivrée, Sachez que c’est erreur notoire : En moi je porte la douleur. Il me faut bien dissimuler, Pour que désormais j’en finisse, Et, puisque le poids du silence Rend le malheur encore plus lourd, En moi je porte la douleur.
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