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  1. Lettre 61-4 12 juin 2020, Samuel, Le développement de la technique des origines jusqu’au XVII siècle E) L’âge grec (à partir de 800 ans avant notre ère) Les Grecs entrèrent dans l’Histoire en entrant dans l’ère scripturaire (scripturaire : relatif à l’écrit). Ils construisirent un alphabet sur le modèle de l’alphabet phénicien conçu environ 1200 ans avant notre ère, alphabet consonantique utilisé pour transposer la langue orale en langue écrite, chaque signe renvoyant à un son. Les Phéniciens étaient un peuple d’origine sémite ayant vécu dans des cités autonomes dans la région qui correspond approximativement au Liban actuel. Les historiens ont repris l'adjectif « phénicien » pour désigner la civilisation qui s'est épanouie dans la région entre 1200 et 300 av. J.-C. Nous pouvons observer, surtout à partir du règne d’Alexandre le Grand (356-323 avant l’E.C.), le rôle capital tenu par l’art de la guerre dans le progrès technique. [Ce rôle est déjà illustré dans l’Iliade et l’Odyssée avec la construction de machines de guerre, tel le cheval de Troie conçu par « l’ingénieur » Ulysse]. Ce rôle est toujours tenu aujourd’hui à travers les recherches militaires financées par les États. Bien sûr l’innovation technique est aussi soutenue par le développement des techniques de production de biens et de services, par les exigences de la santé, etc. mais la guerre (ou la possibilité de la guerre) reste toujours l’un des plus puissants accélérateurs de l’innovation technique. Les ingénieurs employés par Alexandre le Grand développèrent une nouvelle artillerie, appelée névro-balistique qui fit appel à la torsion de textiles ou de tendons d’animaux comme ressorts moteurs (on tord des cordes ou des nerfs, qui, une fois livrés à eux-mêmes, libèrent leur énergie). Balistique : relatif aux armes de jet, névro- : nerf. Ils développèrent aussi la technique de mise sous tension de lames élastiques (bois ou métal) aux extrémités desquelles était reliée une corde, ce qui permit d’améliorer la technique de l’arc. Ainsi l’artillerie passa de l’arc aux catapultes et balistes (dont le principe permit ensuite l’invention de l’arbalète) capables de projeter des traits ou des boulets de pierre à grande distance. Suivit la création de toute une gamme de machines de guerre : béliers, trépans, par lesquels les armées s’attaquaient aux murailles des cités. La technique des fortifications, qu’il s’agisse de les construire ou de les abattre était appelée : la poliorcétique. Toujours dans le cadre de la guerre, mais aussi dans le cadre commercial, les Grecs développèrent l’art de la construction navale. Ils utilisèrent la rame pour employer l’énergie musculaire des esclaves (invention de la trirème, navire à trois niveaux de rameurs), le vent en améliorant les techniques de la voile et le gouvernail pour diriger les navires. La construction d’instruments de guerre et de défense, armement, fortifications, flotte navale mais aussi celle de monuments suscita de multiples inventions, ou leur perfectionnement : le niveau, l’équerre, la poulie, le levier, la vis, le treuil, le plan incliné, le cylindre-piston (qui permit l’invention de la pompe aspirante et foulante, premier dispositif élaboré de mécanique hydraulique), l’engrenage de roues dentées, l’horloge hydraulique, l’assemblage des blocs de pierre (par des crampons en fer installés dans des évidements creusés dans la pierre), l’éolipyle. L’éolipyle fut inventée par Héron d’Alexandrie l’un des plus grands inventeurs grecs, basé à Alexandrie vers le premier siècle après l’E.C. C’était une machine à vapeur composée d’une chaudière remplie d’eau, placée sur le feu. De cette chaudière sortaient deux tubes reliés à une sphère pouvant tourner autour d’un axe horizontal. De cette sphère, deux autres tubes perpendiculaires à l’axe laissaient sortir la vapeur qui, par propulsion, faisait tourner la sphère. Cette machine fut utilisée comme attraction de divertissement. Héron inventa aussi des automates qui eurent pour usage d’être des jouets. De telles inventions démontrent une maîtrise avérée de la mécanique et de l’hydraulique appliquées à la construction de machines, dispositifs réalisant des mouvements complexes. Les Grecs s’intéressèrent aux pierres, minéraux et gemmes, obtenant, tout en continuant à produire du bronze utilisé dans leur statuaire, de nouveaux alliages : laiton, mélange de cuivre et de zinc, électrum, mélange d’or et d’argent, orichalque, métal mythique qui était peut-être du platine, et des objets de parure et d’art dont la fabrication fit l’objet de traités spécifiques appelés lapidaires. Archimède fut l’ingénieur le plus célèbre de la Grèce ancienne. Il exerça son activité à Syracuse (troisième siècle avant notre ère). Il fut l’un des premiers à relier technique et mathématique. Nous convenons aujourd’hui qu’il fut l’inventeur de la statique, étude de l’équilibre des corps, et de l’hydrostatique, équilibre d’un corps flottant. Les Grecs surent utiliser l’écriture pour développer la géométrie (et les mathématiques en général), séparant ainsi l’étude de l’action. En étudiant des simulations représentées par des figures et des mots (ou chiffres) écrits sur des supports idoines ils affinèrent leurs techniques. Cette séparation étude-action ils l’utilisèrent aussi dans le domaine juridique et politique, la philosophie apparaissant comme une étude de simulation et de motivation des actions sociales possibles avant réalisation. Bon courage avec ton maître de danse, les Cosaques du Don ne rigolent pas avec le travail ! Je pense à toi, Je t’aime
  2. Manuel Machado né à Séville en 1874- mort à Madrid en 1947 L’ombre de son glorieux cadet Antonio et, dans un autre domaine, le fait qu’il se soit activement rallié au franquisme dès juillet 1936 alors que tout ce qui comptait dans la vie intellectuelle espagnole prenait les chemins de la lutte ou de l’exil, pèsent, sans doute injustement, eu égard à l’intérêt qu’elle présente, sur l’œuvre de ce poète. Du recueil Alma de 1900, ce poème a le grand ou le triste privilège de mettre en place tout ce qui deviendra l’image stéréotypée d’une Andalousie pour touristes en quête d’exotisme hispanique : le vin et la treille, l’ombre fraîche et le garçon brun, le destin fatal et le fatalisme, forcément lié à l’ascendance maure, les notes caressantes et déchirantes de la guitare, et la mort, bien sûr, plus présente et plus noire ici qu’ailleurs. Mathilde Pomès. Cantares Vino, sentimiento, guitarra y poesía hacen los cantares de la patria mía. Cantares... Quien dice cantares dice Andalucía. A la sombra fresca de la vieja parra, un mozo moreno rasguea la guitarra... Cantares... Algo que acaricia y algo que desgarra. La prima que canta y el bordón que llora... Y el tiempo callado se va hora tras hora. Cantares... Son dejos fatales de la raza mora. No importa la vida, que ya está perdida, y, después de todo, ¿qué es eso, la vida?... Cantares... Cantando la pena, la pena se olvida. Madre, pena, suerte, pena, madre, muerte, ojos negros, negros, y negra la suerte... Cantares... En ellos el alma del alma se vierte. Cantares. Cantares de la patria mía, cantares son sólo de Andalucía. Cantares... No tiene más notas la guitarra mía. Traduction : Mathilde Pomès Cantares Vin, sentiment, guitare et poésie Composent les chansons de ma patrie ; Cantares… Qui dit cantares dit Andalousie. À l’ombre fraîche d’une vieille treille, Un garçon brun pince la guitare ; Cantares... Un je ne sais quoi qui flatte et déchire. La prime qui chante, le bourdon qui pleure. Le temps en silence coulant heure à heure, Cantares... Reliquat fatal de la race maure. Qu’importe la vie, d’avance perdue ? Et puis, après tout, qu’est cela, la vie ? Cantares... En chantant sa peine, sa peine, on l’oublie. Mère, peine, sort ; peine, mère, mort, Des yeux noirs, très noirs et le sort plus noir... Cantares... Dans les cantares, l’âme s’y épanche. Cantares, cantares de mon pays, Cantares qui ne sont que d’Andalousie ; Cantares... Voilà la guitare à bout de ses notes.
  3. Lettre 61-3 10 juin 2020, Samuel, Le développement de la technique des origines jusqu’au XVII siècle D) De la création des premiers États jusqu’à l’âge grec La formation des premiers États provoqua un essor considérable des savoir-faire techniques. Cette formation reste encore mal connue. Elle ne concerna que quelques régions du globe, là où la sédentarité et l’agriculture spécialisée dans les cultures céréalières s’imposèrent, en Mésopotamie, en Égypte, dans la vallée de l’Indus (Pakistan actuel) dans la vallée du fleuve jaune en Chine et dans le sud-est du Mexique actuel. Puis la structure sociale de l’État diffusa progressivement et lentement à travers le monde. Les caractéristiques d’un État naissant sont la formation d’une classe sociale spécialisée dans la prise en charge des travaux d’intérêt général (irrigation, drainage, voirie, traitement des déchets), dans la planification sociale et technique de ces travaux d’envergure, dans la mise en place et l’entretien d’une armée, dans la planification juridique et religieuse des pratiques sociales, dans les fonctions de direction et de décision centrales et dans la collecte de l’impôt, prélèvement sur les productions agricoles et animales pour subvenir aux besoins et désirs de cette classe et des femmes et hommes qu’ils emploient. Pour qu’un État apparût il fut nécessaire que les agriculteurs et les éleveurs arrivent à un degré de spécialisation telle qu’ils ne pouvaient plus faire d’autres métiers que le leur. Cette spécialisation fut provoquée, après des millénaires de sélection, par l’émergence de variétés végétales et d’espèces animales domestiques certes adaptées aux besoins et aux goûts des hommes mais ne pouvant plus exister à l’état sauvage, d’où la nécessité de leur prodiguer des soins constants. Ainsi la domestication des végétaux et des animaux conduisit à ce paradoxe : la domestication en retour des agriculteurs et des éleveurs obligés de s’en occuper à plein-temps. Cette dépendance annula la mobilité de ces hommes qui, rivés à leur terres et à leur troupeaux, ne pouvaient plus retourner à une vie sauvage ou barbare faute de ne plus être adaptés à une telle vie. (Exception parfois faite pour les éleveurs qui partaient en poussant devant eux leurs troupeaux, ce que fit Abraham quand les conditions de vie en Mésopotamie se dégradèrent). Cette sédentarité forcée les assujettit à la nouvelle classe de fonctionnaires et de de dirigeants. Dans la réalité la forme État des sociétés eut du mal à s’imposer. La plupart des premiers États ne survécurent pas longtemps les populations finissant quand même par s’enfuir pour retourner à une vie nomade. Mais quand la spécialisation fut trop poussée, quand les changements climatiques rendirent encore plus dépendants les petits producteurs de la réalisation de travaux collectifs indispensables à la continuité de leurs exploitations (en cas de sécheresse les travaux d’irrigation nécessaires ne pouvaient être réalisés que sous la direction d’une classe sociale spécialisée dans l’ingénierie de tels travaux) des États finirent par s’imposer dans les régions mentionnées ci-dessus. Si les États apparurent là où étaient cultivées des céréales c’est que le prélèvement de l’impôt en était rendu aisé. Les céréales ont un cycle de végétation donné, elles poussent au-dessus du sol, donc elles sont faciles à repérer et à visiter lors de la récolte du grain qui arrive à date fixée. De plus leur production est aisément mesurable, divisible et stockable. Les fonctionnaires chargés de déterminer l’assiette de l’impôt faisaient un état précis des lieux : repérage des terres, recensement des populations, cadastre (d’où l’importance des géomètres), évaluation des rendements possibles, têtes de bétail. L’impôt était ensuite déterminé et le plus souvent payé en nature par livraison de quantités de grain données. Ce prélèvement était ensuite utilisé pour nourrir les personnes employées dans les entreprises d’État, les fonctionnaires et les dirigeants. Ces prélèvements obligèrent les exploitants à augmenter leur production puisqu’ils devaient dégager un surplus pour nourrir d’autres populations que leurs familles. L’impôt contraignit les agriculteurs et les éleveurs à rentrer dans des pratiques productivistes contraignantes. Il y eut une fuite devant les métiers de la terre, devenus pénibles, pour tenter de trouver des emplois dans les administrations. D’où le recours à des esclaves forcés d’accepter ces travaux, esclaves acquis soit par échange commercial soit comme prise de guerre. Même des travaux artisanaux, soumis eux aussi au prélèvement fiscal évalué en espèces, finirent par être désertés. Ainsi dans la principauté d’Uruk en Mésopotamie les métiers du textile furent assurés par des esclaves femmes. La généralisation de l’esclavage finit par influencer des esprits comme Aristote qui prenait les esclaves pour des êtres captifs, domestiqués, devenus pour lui de simples outils de production. Les contrôles des fonctionnaires conduisirent ces derniers à tenir une comptabilité des biens recensés. Cette comptabilité donna naissance aux nombres et à l’écriture. Néanmoins il ne s’agissait pas encore d’une écriture destinée à signifier les sons mais d’une écriture destinée à visualiser les biens recensés, d’où une écriture universelle, non soumise aux dialectes alors parlés : les écritures cunéiformes et hiéroglyphiques. Cet effort de comptabilité conduisit à normaliser le système des mesures (poids, capacités, distances). Ainsi la création des États donna naissance à des savoir-faire de nature intellectuelle, qui déterminèrent plus tard l’essor de la civilisation : les mathématiques et l’écriture. Avec la création des premiers États apparurent ce que nous avons coutume d’appeler les temps historiques, qui commencèrent vers 3200-3000 ans avant notre ère. Les techniques se divisèrent en techniques « lourdes » mises en œuvre par les États, dans l’exploitation des ressources naturelles, l’urbanisme, la construction de bâtiments, de monuments et de murailles pour défendre les cités, les techniques militaires, et l’histoire des techniques « fines » essentiellement caractérisée par la mécanique notamment les métiers à tisser. D’importantes infrastructures hydrauliques furent mises en œuvre notamment en Égypte : barrages, canalisations des cours d’eau, construction de digues et de canaux. Pour monter l’eau dans les champs ou dans les canaux d’irrigation les Mésopotamiens et les Égyptiens utilisèrent la technique du chadouf (tu peux en trouver le fonctionnement sur internet). Les Mésopotamiens construisirent aussi des aqueducs pour acheminer l’eau dans les villes. Ces travaux d’intérêt général concoururent à l’amélioration des rendements agricoles et à l’amélioration des conditions de vie des populations. Des travaux non moins importants d’urbanisme furent mis en œuvre notamment dans la vallée de l’Indus : réseaux hydrauliques répondant aux besoins d’hygiène publique, canalisations alimentant des bains publics et évacuant dans des égouts les eaux usées, chauffage des bains par un système d’hypocauste (chauffage par le sol). Les mesures d’hygiène étaient d’autant plus nécessaires que les populations sédentaires étaient couramment infectées par quantité de bactéries, de virus et de parasites qui parfois les anéantissaient en grande partie (le confinement était pratiqué pour lutter contre la contagion des personnes contaminées). Un système de voirie facilitant les communications fut mis en place dans toutes les cités-États. En Mésopotamie où affleuraient des hydrocarbures (pétrole) ceux-ci furent utilisés pour fabriquer le bitume pour l’imperméabilisation des toitures et des digues, pour le calfatage des bateaux, pour l’éclairage, et pour la fabrication de mortiers d’assemblage des briques ou des pierres de construction que les Mésopotamiens importaient [un mortier est un assemblage de sable et de gravier utilisant un liant, le ciment aujourd’hui, le bitume jadis]. L’Égypte qui disposait le long du Nil de carrières de grès, de calcaire et de granit, se lança dans des constructions monumentales, à caractère religieux, qui frappent toujours notre imagination : obélisques, pyramides, temples. En revanche en Mésopotamie, pauvre en pierres, les sanctuaires et les ziggourats (temples en forme de pyramide à étages) furent bâtis en briques crues. Une brique crue ou brique en terre crue est une brique faite de terre ou de limon mélangé à de la paille. Le mélange est ensuite mis dans des moules, afin de donner aux briques des formes identiques. Elles sont enfin séchées au soleil. Enfin le développement des échanges entraîna le développement des transports. Les Égyptiens développèrent surtout le transport fluvial (construction de bateaux, invention de la voile carrée) et les Mésopotamiens utilisèrent surtout des véhicules à roue (invention de la roue en Mésopotamie 3500 ans avant notre ère). Bon courage pour la reprise des cours de danse, du maniement du sabre et de musique. J’espère que tu pourras bientôt reprendre tes activités équestres. Je t’embrasse, Je t’aime
  4. Miguel de Unamuno né à Bilbao en 1864- mort à Salamanque en 1936 Le plus cultivé des écrivains de sa génération et aussi le plus combatif. Favorable en juillet 1936, au soulèvement franquiste, il le désavoue dès le mois d’août. Le 12 octobre, fête du Día de la Raza, aux cris poussés par les militaires « À bas l’intelligence », il répond « Vous vaincrez mais vous ne convaincrez pas » ! Confiné chez lui il meurt en décembre de la même année. Le poème est extrait du livre Teresa. Rimas de un poeta desconocido presentadas y presentado por Miguel de Unamuno ( Rimes d’un poète inconnu présentées et présenté par Miguel de Unamuno). Oigo el susurro de la Muerte que llega, Paso aterciopelado de pie desnudo, Cauteloso arrastrarse como de ciego Que a tientas husmea, con olfato agudo. Y al sentir de su ala-mano el nimbo del aire, Conteniendo el resuello, me apelotono ; Del bastión del misterio, quieto al socaire Apretando los párpados me abandono. Me hago así el muerto, como un escarabajo ; ¡ Qué cobardía ! pues es morir dos veces, Y en este juego oscuro ¡ duro trabajo ! Del poso de la vida gusto las haces. ¡ Ay lo que cuesta resignarnos al sino ! Por no morir, morimos huyendo muerte : ¡ Ah, caminante, que apuras el camino, Hasta el fin no se toca toda la suerte ! Dime tú mientas doy mis quejas al viento Al oído la ley de tu corazón, Que mi pecho así cobre el último aliento, Aliento final de la resignación ! Traduction : Yves Aguila J’entends le bruissement de la Mort qui approche, Pas de velours, feutrés comme ceux des pieds nus, Glissement cauteleux tel celui de l’aveugle, Qui flaire en tâtonnant, d’un odorat aigu. Et quand je sens son aile-main me nimber d’air, Je me recroqueville, en retenant mon souffle ; Puis, tranquille à l’abri du bastion du mystère, Je ferme les paupières et je me laisse aller. Je fais ainsi le mort, comme le scarabée ; Oh, lâcheté ! car c’est mourir à deux reprises, Et à ce sombre jeu, oh ! pénible torture, Je bois la lie, le dépôt trouble de la vie. Ah ! qu’il est dur de se résigner au destin ! Pour éviter la mort, mourir en la fuyant : Ah ! voyageur, toi qui achèves ton voyage, C’est au bout du chemin qu’on connaît tout son sort ! Toi, cependant qu’ainsi je jette au vent mes plaintes, À l’oreille dis-moi ce qui régit ton cœur, Pour que le mien puisse y puiser son dernier souffle, C’est le souffle final de la résignation
  5. Lettre 61-2 9 juin 2020, Samuel, Le développement de la technique des origines jusqu’au XVII siècle C) L’invention de la métallurgie Pendant le néolithique les hommes eurent l’occasion de trouver des pierres de bel aspect, jaune, bleu ou rouge qui devenaient brillantes au polissage, technique qu’ils venaient d’inventer. Il s’agissait soit de métaux à l’état pur, or, argent, cuivre, soit de minerais de ces métaux. Puis ils découvrirent qu’il était possible de les façonner par martelage sans que ces pierres cassent. Néanmoins ils n’en voyaient pas d’usage possible sauf à en faire des parures (le goût des parures entraîna le développement de la métallurgie de l’or et de l’argent). Quand ils furent devenus de bons céramistes ils soumirent dans leurs foyers de potiers ces pierres au feu et ils se rendirent compte qu’elles fondaient, surtout le minerai de cuivre dont le point de fusion était suffisamment bas pour que la température des fours l’atteigne. A l’aide du feu de bois ils produisirent du charbon de bois. Quand, sous le feu, ils mirent en contact dans leurs fours aux parois et au fond couvertes de plâtre (élément réducteur) charbon de bois et minerai de cuivre ils virent apparaître une pierre rouge et fusible : le cuivre. Ils venaient de réaliser la réduction du minerai de cuivre en cuivre. Ils créèrent alors des moules afin de donner les formes qu’ils voulaient au cuivre en fusion. Ainsi inventèrent-ils l’art du moulage. Mais le cuivre n’était pas assez dur pour qu’ils puissent en faire un usage courant. Ils réalisèrent ensuite la réduction de la cassitérite (minerai d’étain) en étain, et quand ils eurent la curiosité de mélanger le minerai de cuivre avec la cassitérite ils eurent la surprise d’obtenir un nouveau métal : le bronze. Cet alliage de cuivre et d’étain, de couleur brune, s’avéra assez dur pour en faire des outils et des armes rivalisant avec la pierre. Ils inventèrent notamment le long couteau, ancêtre des sabres et des épées. Ainsi les hommes du néolithique, vivant en Mésopotamie (et en Anatolie), inventèrent l’art de la métallurgie ouvrant l’usage des métaux. Ils firent rentrer l’humanité dans l’âge de bronze qui dura environ de 3200 à 1000 ans environ avant notre ère (l’âge de bronze apparut après la création des États). [Conventionnellement nous nommons aussi le néolithique, qui précéda l’âge de bronze, par : l’âge de pierre.] L’âge de fer succéda à l’âge de bronze vers 1000 ans avant notre ère dans la région méditerranéenne et dura, toujours conventionnellement, jusqu’à 300 ans environ avant notre ère. La métallurgie du fer fut créée par les Hittites peuple installé en Anatolie. Cette métallurgie exigeait un savoir-faire pointu pour obtenir des températures très élevées dans les fours (l’augmentation de la température fut obtenue notamment par la création de soufflets). Le fer permit de fabriquer des armes plus percutantes, des instruments aratoires plus efficaces (araire et charrue pourvues de soc en fer) et des outils plus résistants à l’usage (haches et faucilles). Pendant le développement de la métallurgie les Égyptiens, grâce à des fours de plus en plus efficaces, produisirent la chaux (par chauffage intense de pierres calcaires) et le verre par chauffage de sable et de natron (carbonate de sodium). Je pense à toi, Je t’aime
  6. Gerardo Diego né à Santander en1896- mort à Madrid en 1987 Du livre Versos humanos, ce sonnet, dans lequel le cyprès s'élance en gerbe d’eau jaillissante, fuse comme lance ou flèche de cathédrale, devient délire d’ascension verticale, est unanimement salué comme un prodige de perfection. G. Correa Antología de la poesía española. Enhiesto surtidor de sombra y sueño que acongojas el cielo con tu lanza. Chorro que a las estrellas casi alcanza devanado a sí mismo en loco empeño. Mástil de soledad, prodigio isleño, flecha de fe, saeta de esperanza. Hoy llegó a ti, riberas del Arlanza, peregrina al azar, mi alma sin dueño. Cuando te vi señero, dulce, firme, qué ansiedades sentí de diluirme y ascender como tú, vuelto en cristales, como tú, negra torre de arduos filos, ejemplo de delirios verticales, mudo ciprés en el fervor de Silos. Traduction : Nadine Ly Le cyprès de Silos Gerbe élancée de rêve et d’ombre Dont la lance alarme le ciel, Flot qui fuse jusqu’aux étoiles Et se dévide en fol effort : Mât solitude, île prodige, Flèche de foi, sagette d’espérance. Aujourd’hui vient à toi, près de l’Arlanze Pérégrine et sans but, mon âme libre. Quand je t’ai vu, fier, doux, tenace, Quel désir m’a saisi de me dissoudre En pur cristal, pour jaillir comme toi ! Comme toi, noir clocher au lignes dures, Modèle de délires verticaux, Cyprès muet dans la ferveur du cloître.
  7. Lettre 61-1 5 juin 2020, Samuel, Le développement de la technique des origines jusqu’au XVII siècle B) La révolution néolithique Il y a environ 15 000 à 10 000 ans des réchauffements climatiques importants modifièrent l’environnement. La fonte des glaciers libéra des terres, des mers apparurent et le rayonnement solaire plus intense favorisa le développement des forêts, de la flore et de la faune. La première conséquence de ces changements environnementaux fut de provoquer la sédentarisation (bien avant la pratique de l’agriculture). Les hommes se regroupèrent autour de lieux giboyeux où poussaient aussi naturellement des céréales sauvages, telles le blé sauvage et l’orge dont il suffisait de récolter les graines. La sagaie et son propulseur furent remplacés par l’arc plus adapté à la chasse sous couvert végétal. La sédentarisation favorisa la fabrication de récipients en terre cuite et le développement de la céramique : art de fabriquer des poteries, concurremment aux récipients en peau caractéristique des modes de vie nomade. L’exploitation des céréales sauvages, avant même leur domestication, entraîna l’invention de la faucille, du van, du mortier et du pilon. Nous voyons donc qu’une partie de l’outillage propre à « travailler » les céréales et les légumineuses sauvages apparut avant l’agriculture. La sédentarisation provoqua le recours à des méthodes de construction de l’habitat nouvelles. Au lieu de creuser des fosses pour y vivre, les hommes commencèrent à construire des murs en dur et à recourir au travail du bois pour les toitures et le mobilier. Ainsi fut inventée l’herminette ainsi que la technique du polissage permettant d’obtenir des haches au tranchant plus régulier et plus résistant face à un usage devenu plus intensif. La révolution néolithique continua, après la sédentarisation, avec l’apparition de l‘agriculture mais aussi avec celle de l’élevage, c’est-à-dire avec la domestication par l’homme des céréales et légumineuses sauvages ainsi que d’animaux tels que chèvres et moutons. L’agriculture conduisit au perfectionnement des outils précédemment inventés ainsi qu’à l’invention de la houx et d’une technique de l’emmanchement recourant à la ligature de la lame de pierre sur un manche en bois. La houx fut utilisée pour retourner la terre, l’égaliser et la creuser de sillons où déposer les grains. La houx comme l’herminette recouraient à la percussion perpendiculaire. Nous pouvons noter aussi l’invention du bâton à fouir, pour l’enfouissement des graines, technique toujours employée dans certaines populations d’Amérique du sud. Plus tard l’agriculture conduisit à la vannerie, art du tressage des fibres végétales, et l’élevage conduisit à la confection de tissus par le filage et le tissage (d’abord à partir de fibres textiles d’origine animale, telle la laine, puis, bien plus tard d’origine végétale comme le coton). Le travail du gypse, confié à des artisans spécialisés dans les savoir-faire de mélanges de matériaux idoines et leur mise sous température élevée (grâce à la maîtrise du feu) permit d’inventer le plâtre utilisé dans la construction des habitats. Ce travail ouvrit la voie à l’art de la métallurgie. C’est ainsi que conventionnellement le néolithique s’acheva et fut remplacé par l’âge de la métallurgie qui commença avec le travail du bronze environ 3000 ans avant notre ère. La domestication des végétaux et des animaux fut un événement crucial dans l’évolution sociale de l’homme. Cette décision ne fut pas prise d’un seul coup et surtout elle n’emporta pas aussitôt l’adhésion des populations. Ce fut un processus très long. Longtemps le nomadisme fit concurrence à la sédentarisation et à la pratique de l’agriculture. Cette pratique entraîna une sédentarisation de plus en plus contrainte en fixant l’homme à la terre cultivée. Elle entraîna aussi l’apparition des États qui à leur tour bouleversèrent la vie sociale des hommes. Enfin cette domestication changea le regard que jetait l’homme sur la nature. Une nature de plus en plus domestiquée est vouée à devenir une nature de moins en moins respectée. Par ailleurs la sélection continuelle des végétaux et des animaux domestiqués conduisit à créer des variétés et des espèces qui, aujourd’hui, ne sont plus capables de vivre à l’état sauvage ce qui rend problématique la possibilité pour l’homme de revenir à un état naturel « sauvage ». C’est là une limite à l’idéal écologique du retour à la nature. Nous pouvons observer l’étonnante plasticité du cerveau humain et sa capacité à évoluer dans l’accomplissement d’actes de plus en plus complexes sans pour autant avoir besoin de mutations. Il est donc arrivé un moment dans l’évolution où un être vivant n’évolue plus par transformation génétique mais par mise en œuvre d’un potentiel cérébral préexistant, sans cesse en développement, stimulé par l’expérience et conforté par des acquis transmis de génération en génération. Note : Les céréales sont des plantes cultivées pour leurs graines Elles comprennent, entre autres, le blé, le riz, l’orge, le millet ou l’avoine. Ce sont des graminées. Les légumineuses fournissent les légumes secs, graines séchées de gousses ; les plus connues sont les haricots secs, les lentilles, les fèves et les pois. Je t’embrasse, Je t’aime
  8. Lettre 61 3 juin 2020, Samuel, Le développement de la technique des origines jusqu’au XVII siècle A) Des origines jusqu’à la révolution néolithique La technique est l’ensemble des moyens matériels (instruments) et immatériels (savoir-faire) inventés, fabriqués, conçus par l’homme pour assurer sa défense et pour arriver à ses fins. La technique concerne des savoir-faire qui ne sont pas donnés automatiquement, sans délibération mentale. Elle est transmise par la communication, la transmission d’individu à individu. Chez les hommes les savoir-faire sont transmis par la parole, par l’écrit et par l’exemple. Chez certains animaux la transmission des savoir-faire d’origine sociale (non génétiques) se fait par l’exemple. Ainsi le petit fauve apprend à chasser en regardant faire ses parents. Il y a donc, rattachées à la technique, trois notions essentielles : la décision (la délibération, la recherche mentale) la fabrication et la transmission. Il est convenu de dissocier invention et innovation. L’innovation est une invention qui « marche » c’est-à-dire qui se révèle utile au groupe social. Une invention peut ne pas être une innovation si elle ne sert finalement à rien. Nous verrons, surtout au moment de la révolution industrielle du XVIII siècle, combien la technique fut essentielle dans le développement économique industriel, comment elle permit la production de masse. Aujourd’hui le développement de notre civilisation va toujours de pair avec le développement technique. La technique, d’abord savoir-faire intuitif et expérimental, exclusivement acquis par la répétition et l’apprentissage donna naissance à la science, qui permit le développement du machinisme, les machines étant des instruments capables de faire des « gestes » à la place de l’homme. Alors qu’à l’origine la technique consacrait la domination de l’homme sur l’outil (l’outil était un prolongement du corps de l’homme) avec la science et l’explosion du machinisme c’est parfois l’homme qui est dominé par la machine dont il est devenu le prolongement. Cet asservissement de l’homme à la machine est figuré avec maestria par Fritz Lang dans son film « Metropolis » mais aussi par Charlie Chaplin dans son film « les Temps modernes ». La première apparition significative d’un savoir-faire technique fut la fabrication d’outils par Homo habilis, il y a 2,5 millions d’années, homo qui vivait en Afrique, aux capacités encore frustres (petit cerveau). Il mit au point « le galet aménagé» appelé aussi « chopper », obtenu par simple percussion, qui lui permit de racler la viande, de briser les os pour en prendre la moelle, de tailler des branches, etc. Près d’un million d’années plus tard, après la disparition d’habilis, d’autres espèces d’homo, proches les unes des autres, au cerveau plus développé, souvent désignés par l’un de leur représentant : homo erectus, mit au point le biface, outil en pierre effilé et très tranchant, préfiguration du poignard, qui permit à homo de tuer des animaux autant pour se défendre que pour se nourrir. Puis entre 800 000 et 400 000 ans avant notre ère, homo (nous ne savons pas quelle espèce précise d’homo domestiqua le feu) inventa le feu. Inventer signifie ici non pas le créer (le feu existait indépendamment de l’action humaine) mais le domestiquer c’est-à-dire le capturer, l’entretenir, le produire et l’utiliser. Homo utilisa le feu pour aménager le territoire (incendie), se chauffer, s’éclairer et cuire les aliments. La cuisson rendit la digestion plus facile, libérant une énergie qui en retour alimenta le cerveau ce qui favorisa l’émergence de nouvelles facultés cognitives (facultés de connaître). Puis apparut l’homo neanderthalensis, l’homme de Néandertal, très proche de nous (une sorte de cousin germain) il y a environ 250 000 ou 300 000 ans. Il explora l’Europe et une partie de l’Asie. Avec lui les savoir-faire techniques s’accumulèrent. Au début les chercheurs estimèrent que Néandertal était une brute épaisse avant de se rendre compte que la capacité volumétrique de son cerveau était la même que la nôtre (parfois même plus volumineux). Puis ces mêmes chercheurs estimèrent que cet homo n’était pas doté du langage. Mais aujourd’hui, après analyse des fossiles, il est bien possible que cet homme ait développé un langage aussi riche que le nôtre. Bref pour le moment nous restons encore indécis quant aux facultés cognitives de cet homo (qui enterrait ses morts et semble avoir développé des activités artistiques, les morts étant par exemple couchés sur des lits de fleurs choisies). Néandertal mit au point de nouvelles méthodes de travail de la pierre dites méthode « Levallois ». Il débitait un grand nombre d’éclats de pierre dont il parvenait à déterminer préalablement les formes, fabriquant ainsi toute une gamme d’outils et d’armes diversifiés : pointes de chasse, racloirs, couteaux, etc. Il saisissait ses outils avec des protections de peau et de végétaux, sorte de manches rudimentaires. [Le séquençage de l'ADN néandertalien a montré un « flux de gènes » ancien entre Néandertal et Sapiens. Les humains actuels non africains possèdent entre 1,8 et 2,6 % de gènes néandertaliens, acquis par croisement ( ce qui illustre la proximité de Néandertal et de Sapiens) et plus de 30 % du génome de Néandertal survit dans l'ensemble de la population actuelle à différents endroits de notre génome]. Homo sapiens, nous donc, apparut il y a environ 150 000 ans en Afrique. Il y a 70 000 ans sous la contrainte d’un changement climatique il passa l’isthme de Suez et il alla coloniser toute la terre allant jusqu’en Amérique par le détroit gelé de Béring. Il est connu familièrement sous le nom de Cro-Magnon. Il mit au point une nouvelle méthode de taille du silex, le débitage laminaire qui permit d’obtenir de grandes quantités de lames longues et tranchantes. Il sut façonner des pointes de chasse très perfectionnées en pratiquant la retouche par pression sur la roche et il mit au point l’emmanchement des outils. Il utilisa le feu dans les processus de fabrication chauffant les blocs de silex à 280 degrés ce qui provoquait la vitrification du silex et l’obtention d’un tranchant coupant comme du verre. Il inventa le harpon et la sagaie munie d’un propulseur. L’invention du propulseur fut une étape importante dans l’évolution de la pensée technique car la mise au point du mécanisme demandait des facultés cognitives déjà bien développées. Le fonctionnement de ce propulseur est illustré dans la vidéo donnée ci-dessous en référence. Sapiens inventa aussi l’aiguille à chas qui permit de développer la couture. Avec le développement technique nous observons l’apparition de préoccupations immatérielles : l’inhumation des morts par exemple mais aussi le développement des arts (peintures rupestres des grottes Chauvet de des grottes de Lascaux). Il est curieux à cet égard de lire les commentaires des chercheurs actuels. Certains vont affirmer, avec assurance, que ces peintures étaient un moyen magique pour sapiens de capturer l’esprit des animaux avant de les chasser. Mais d’autres diront au contraire que ces peintures exprimaient le respect de sapiens pour la puissance de certains animaux sauvages qu’il se gardait de chasser. Nous voyons par ces différences d’appréciation que les sciences humaines sont loin d’être objectives et que les chercheurs souvent projettent sur les hommes du passé leur propres obsessions d’aujourd’hui qui n’ont peut être rien à voir avec les préoccupations de nos ancêtres. Puis le développement technique prit un envol rapide au moment de la révolution du néolithique. https://www.youtube.com/watch?v=OkIKbSZIWJ4 Note 1 : Le paléontologue étudie les restes fossiles des êtres vivants du passé et tente de restituer les modes de vie et les évolutions organiques. L'anthropologue étudie l'être humain en général sous tous ses aspects, physiques et culturels. L’ethnographe étudie sur le terrain la culture et le mode de vie de peuples ou de milieux sociaux donnés, qu’ils soient anciens (société primitives) ou contemporains. L’ethnologue formule des conclusions générales issues de ses observations. Note 2 : Les êtres vivants sont classés selon un ordre proposé par Carl von Linné en 1735 dans son ouvrage Systema Naturae, ordre toujours conservé. Au sommet les règnes (au nombre de deux : règne animal et végétal), puis les embranchements puis les classes puis les ordres puis les familles puis les genres et enfin les espèces. Homo (qui comprend les espèces homo habilis, homo erectus, homo sapiens, etc.) est un genre qui fait partie de la famille des Hominidés laquelle comprend aujourd’hui, outre, l’Homo, l’Orang-Outan, le Gorille et le Chimpanzé. Les Hominidés font partie de l’ordre des primates et de la classe des mammifères. Aujourd’hui dans le genre homo, seul sapiens a survécu, toutes les autres espèces d’homo ont disparu. Je t’embrasse, Je t’aime
  9. Antonio Machado Ce poème fait partie des Caminos, une série de poèmes, regroupés eux-mêmes dans Campos de Castilla. Soñé que tú me llevabas por una blanca vereda, en medio del campo verde, hacia el azul de las sierras, hacia los montes azules, una mañana serena. Sentí tu mano en la mía, tu mano de compañera, tu voz de niña en mi oído como una campana nueva, como una campana virgen de un alba de primavera. ¡Eran tu voz y tu mano, en sueños, tan verdaderas!... Vive, esperanza, ¡quién sabe lo que se traga la tierra! Ma traduction !!! J'ai rêvé que tu m'emmenais sur un chemin blanc, au milieu d’un champ vert, vers les montagnes bleues, par une matinée sereine J'ai senti ta main dans la mienne, ta main de compagne, ta voix de petite fille à mon oreille comme une cloche nouvelle , comme une cloche vierge d'une aube de printemps. C’étaient ta voix et ta main, en rêves, et pourtant si réels ! ... Vivre, espérer ! qui sait ce que la terre engloutit !
  10. Lettre 60-45 1 juin 2020, Samuel, Les empires coloniaux du XV au XVII siècle P) XVII siècle : l’Asie Nous avons vu, lettre 60-2, que lors de la guerre de Quatre-Vingts ans (1568-1648) les Provinces-Unies avaient créé la Compagnie hollandaise des Indes orientales en 1602, compagnie dite : VOC pour lutter contre l’Espagne mais aussi contre le Portugal qui était depuis 1580 réuni à l’Espagne dans le cadre de l’Union ibérique. En 1605 la VOC occupa un premier port portugais aux Moluques contrôlant ainsi une île de l’archipel (l’île Amboine) puis elle occupa les petites îles Banda (située dans la mer de Banda) et enfin elle s’implanta dans les années 1620 dans l’île de Java où elle prit la ville de Jayakarta, rebaptisée Batavia (en l’honneur des ancêtres des Hollandais : les Bataves). [Aujourd’hui Batavia est devenue Djakarta, la capitale de l’Indonésie]. L’île de Java venait d’être découverte par les Anglais mais ceux-ci durent s’incliner devant la puissance hollandaise. Poursuivant leurs conquêtes la VOC prit Malacca aux Portugais en 1641 contrôlant le détroit du même nom et s’assurant le commerce presque exclusif avec l’île de Sumatra (les Anglais s’y implantèrent aussi mais restèrent discrets face aux Hollandais). Ils occupèrent ensuite la partie ouest de Timor repoussant les Portugais dans la partie est de l’île. En 1624 la VOC monta vers la Chine et s’empara de Formose (actuelle Taïwan). Mais un pirate chinois, Koxinga assiégea l’île en 1661 et chassa les Hollandais en 1662. Ces derniers purent toutefois commercer avec la Chine par le port de Canton qui resta contrôlé par les Chinois. La VOC chassa ensuite les Portugais du Japon, les Japonais ne supportant pas l’attitude des Portugais qui voulaient les convertir au catholicisme. Les Hollandais, très tolérants en matière religieuse, obtinrent des Japonais le droit de s’établir à Dejiman petite île artificielle proche de Nagasaki pour faire commerce avec eux. La VOC prit ensuite Ceylan aux Portugais puis elle s’implanta sur la côte est de l’Inde et sur la côte de Malabar, côte sud-est de l’Inde où elle prit Cochin. En Inde concurremment aux Hollandais, commencèrent à s’installer les Anglais par l’intermédiaire de la Compagnie britannique des Indes orientales créée en 1600. Ils s’établirent à Surat, à Madras, à Vizagapatam, à Hughli (d’où ils chassèrent les Portugais qui y étaient établis depuis 1537) et à Calcutta. Bombay passa du Portugal à l’Angleterre après le mariage de Charles II (1660-1685) avec la princesse portugaise Catherine de Bragance. S’installèrent aussi les Français par l’intermédiaire de la Compagnie française pour le commerce des Indes orientales créée en 1664 par Colbert. Ils s’établirent notamment à Pondichéry. Notons que cette compagnie obtint du roi de construire son propre port sur un terrain inutilisé de la côte bretonne : Lorient dont le nom vient donc de : l’Orient. Voilà, nous en avons fini avec les Empires coloniaux jusqu’ à la fin du XVII siècle. Nous continuerons par une nouvelle lettre sur le développement de la technique et les inventions engendrées par l’activité commerciale des siècles que nous venons d’étudier. Je t’embrasse, Je t’aime,
  11. Gustavo Adolfo Bécquer Bécquer voit pour la première fois, au cours d’une promenade dans les rues de Madrid, Julia et Josefina, les sœurs Espín Colbrandt. Un mystère entoure les suites de la rencontre. D’après son ami, Julio Nombela, qui l’accompagnait ce jour là, c’est en Julia qu’il aurait trouvé la réincarnation de l’Ophélie et de la Juliette de Shakespeare, et de la Charlotte de Goethe. Quant à une éventuelle liaison avec Josefina, rien ne permet de la confirmer. Il offrit à Josefina un album contenant deux dessins et une Rime : Despierta, tiemblo al, mirarte dormida, me atrevo a verte... (« Éveillée, je tremble à ta vue endormie j’ose te regarder »). R. Pageard. Cette Rima est présente dans le Libro de gorriones (Le livre des moineaux). Antes que tú me moriré : escondido en las entrañas ya el hierro llevo con que abrió tu mano la ancha herida mortal. Antes que tú me moriré :y mi espíritu, en su empeño tenaz, sentándose a las puertas de la muerte, allí te esperará. Con las horas los días, con los días los años volarán, y a aquella puerta llamarás al cabo… ¿Quién deja de llamar? Entonces que tu culpa y tus despojos la tierra guardará, lavándote en las ondas de la muerte como en otro Jordán ; allí donde el murmullo de la vida temblando a morir va, como la ola que a la playa viene silenciosa a expirar ; allí donde el sepulcro que se cierra abre una eternidad, ¡todo cuanto los dos hemos callado allí lo hemos que hablar ! Traduction : Robert Pageard Je mourrai avant toi : caché Dans mes entrailles, Je porte déjà le fer avec lequel ta main Ouvrit l’ample blessure mortelle. Je mourrai avant toi : et mon esprit, Dans son attachement tenace, S’assoira aux portes de la mort En attendant que tu y frappes. D’heure en heure les jours, de jour en jour Les années voleront, Et à cette porte tu finiras par frapper. Qui peut s’en dispenser ? À ce moment où la terre gardera Ta faute et tes dépouilles, Te lavant dans les ondes de la mort Comme en un autre Jourdain ; Là où le murmure de la vie Va mourir en tremblant Comme la vague qui vient, silencieuse, Expirer sur la plage ; Là où le sépulcre qui se ferme Ouvre une éternité, De tout ce qu’ensemble nous tûmes Nous aurons à parler.
  12. Lettre 60-44 30 mai 2020, Samuel, Les empires coloniaux du XV au XVII siècle O) XVII siècle : l’Afrique Le développement de la traite des Noirs suite à la conquête des Amériques conduisit les Portugais à pénétrer au Kongo et à conquérir l’Angola. Au Maroc en revanche ils connurent de graves revers militaires sous l’action des chérifs saadiens et perdirent la quasi-totalité de leurs forts côtiers. Les Hollandais à partir de la fin du XVI siècle disputèrent aux Portugais leur influence en Afrique. Ils les supplantèrent pendant une cinquantaine d’années en conquérant l’Angola où ils se procurèrent une main d’ œuvre noire pour exploiter leurs colonies du Brésil. Mais les Hollandais finirent par être chassés du Brésil par les Portugais qui, dans la foulée, récupérèrent l’Angola en 1648. Sur la côte est africaine l’expansion de l’imamat d’Oman força les Portugais à se replier sur le seul Mozambique. Au XVII siècle, la Compagnie hollandaise des Indes orientales implanta des colonies de paysans hollandais (et allemands) appelés : Boers dans le sud de l’Afrique. Ces derniers réduisirent en esclavage les indigènes et les chassèrent de leurs terres. Dans la deuxième moitié du XVII, le Portugal et la Hollande commencèrent à être supplantés en Afrique par l’Angleterre et la France qui établirent leurs propres comptoirs (le trafic d’esclaves) notamment en Côte-de-l’Or (Ghana actuel) et le Sénégal.Les Portugais réussirent à conserver durablement l’Angola et le Mozambique. Dans les faits les Européens ne capturaient eux-mêmes qu’un petit nombre d’esclaves. Ils cherchaient à gagner l’amitié des souverains africains qui leur livraient les esclaves contre des marchandises. Au début du XVII siècle les Portugais intégrèrent le nord-ouest de Madagascar dans la zone commerciale du Mozambique. Puis ils furent concurrencés par les Hollandais, par les Anglais et les Français. En 1645, des puritains anglais fondèrent dans l’île une colonie puis une deuxième. Ce furent deux échecs. La France s’établit à Fort-Dauphin, au sud-est de l’île. Ils y restèrent trente ans, de 1643 à 1674. Puis le fort fut abandonné et les habitants partirent au Mozambique, en Inde et à l’île Bourbon (l’actuelle Réunion) dans l’archipel des Mascareignes En 1638, les Hollandais s’établirent sur l’île Maurice, du même archipel, pour en exploiter le bois et faire le commerce des esclaves. Ils en partirent en 1710 et furent remplacés par les Français vers 1721 qui l’appelèrent « Île de France ». Les Français cultivèrent dans les deux îles des Mascareignes le café et la canne à sucre en recourant à l’esclavage. L’archipel des Comores sont un groupe d’îles situées à mi-chemin entre Madagascar et l’Afrique. Dirigé par des sultans, musulmans, d’origine noire et arabe, qui entretinrent de bons rapports avec les Européens, l’archipel devint une plaque tournante pour le trafic d’esclaves.
  13. Gustavo Adolfo Bécquer Cette Rima, attribuant au sommeil et au rêve le pouvoir de libérer l’esprit, peuple le vide de fantômes et semble suggérer l’existence de ce mystérieux univers intérieur qui deviendra l’inconscient ( R. Pageard) Antonio Machado disait : « quelqu’un a dit, avec une justesse incontestable : Bécker est un accordéon dont joue un ange. » ¿ Será verdad que, cuando toca el sueño, con sus dedos de rosa, nuestros ojos, de la cárcel que habita huye el espíritu en vuelo presuroso? ¿ Será verdad que, huésped de las nieblas, de la brisa nocturna al tenue soplo, alado sube a la región vacía a encontrarse con otros? ¿ Y allí desnudo de la humana forma, allí los lazos terrenales rotos, breves horas habita de la idea el mundo silencioso? ¿ Y ríe y llora y aborrece y ama y guarda un rastro del dolor y el gozo, semejante al que deja cuando cruza el cielo un meteoro?. Yo no sé si ese mundo de visiones vive fuera o va dentro de nosotros. Pero sé que conozco a muchas gentes a quienes no conozco. Traduction : Robert Pageard Sera-t-il vrai que lorsque le sommeil touche Nos yeux de ses doigts de rose, L’esprit s’empresse de fuir la prison qu’il habite D’un vol rapide ? Sera-t-il vrai qu’hôte des brumes, Au souffle délicat de la brise nocturne, Il monte, ailé, à la région du vide Pour y rencontrer d’autres esprits? Et là, dépouillé de la forme humaine, Tout lien terrestre rompu, Il habite, pour de brèves heures, de l’idée Le monde silencieux ? Et qu’il rit, pleure, déteste et aime, Gardant la trace de la douleur et de la joie, Semblable à celle que laisse un météore Quand il traverse le ciel ? Je ne sais si ce monde de visions Vit hors de nous ou en nous ; Mais je sais que je connais beaucoup de gens Que je ne connais pas !
  14. Antonio Machado Le poème appartient au recueil posthume Poésie de guerre (1936–1939) Lorca fut assassiné le 19 août 1936, un mois après le soulèvement franquiste. Machado écrivit le poème au mois d’octobre de la même année et en donna lecture publique, à Valence, sur la place Castelar. M.Alvar. J’avais déjà posté la première partie du poème. Mais il faut que cet hommage de Machado figure dans son intégralité pour comprendre la barbarie de ce crime, entre autres, infligé par les troupes franquistes. El crimen fue en Granada A Federico Garcia Lorca I El crimen Se le vio, caminando entre fusiles, por una calle larga, salir al campo frío, aún con estrellas, de la madrugada. Mataron a Federico cuando la luz asomaba. El pelotón de verdugos no osó mirarle la cara. Todos cerraron los ojos; rezaron: ¡ni Dios te salva! Muerto cayó Federico. -sangre en la frente y plomo en las entrañas-. ...Que fue en Granada el crimen sabed -¡pobre Granada!-, en su Granada... II El poeta y la muerte Se le vio caminar solo con Ella, sin miedo a su guadaña. Ya el sol en torre y torre; los martillos en yunque - yunque y yunque de las fraguas. Hablaba Federico, requebrando a la muerte. Ella escuchaba. "Porque ayer en mi verso, compañera, sonaba el golpe de tus secas palmas, y diste el hielo a mi cantar, y el filo a mi tragedia de tu hoz de plata, te cantaré la carne que no tienes, los ojos que te faltan, tus cabellos que el viento sacudía, los rojos labios donde te besaban... Hoy como ayer, gitana, muerte mía, qué bien contigo a solas, por estos aires de Granada, ¡mi Granada!" III Se le vio caminar.. Labrad, amigos, de piedra y sueño, en el Alhambra, un túmulo al poeta, sobre una fuente donde llore el agua, y eternamente diga: el crimen fue en Granada, ¡en su Granada! Traduction : Bernard Sesé Le crime a eu lieu à Grenade A Federico Garcia Lorca I Le crime On le vit avançant au milieu des fusils, par une longue rue, sortir dans la campagne froide, sous les étoiles, au point du jour. Ils ont tué Federico quand la lumière apparaissait. Le peloton de ses bourreaux n’osa le regarder en face. Ils avaient tous fermé les yeux ; ils prient : Dieu même n’y peut rien !Et mort tomba Federico – du sang au front, du plomb dans les entrailles. – …Apprenez que le crime a eu lieu à Grenade ! – pauvre Grenade ! – , sa Grenade ! II Le poète et la mort On le vit s’avancer seul avec Elle, sans craindre sa faux. – Le soleil déjà de tour en tour, les marteaux sur l’enclume – sur l’enclume des forges. Federico parlait, il courtisait la mort. Elle écoutait. « Puisque hier, ma compagne, résonnaient dans mes vers les coups de tes mains desséchées, qu’à mon chant tu donnas ton froid de glace et à ma tragédie le fil de ta faucille d’argent, je chanterai la chair que tu n’as pas, les yeux qui te manquent, les cheveux que le vent agitait,les lèvres rouges que l’on baisait... Aujourd’hui comme hier, ô gitane, m’a mort que je suis bien, seul avec toi, dans l’air de Grenade, ma Grenade ! » III On les vit s’avancer… Elevez mes amis, dans l’Alhambra, de pierre et de songe, un tombeau au poète sur une fontaine où l’eau gémira et dira éternellement : le crime a eu lieu à Grenade, sa Grenade !
  15. Rafael Alberti né à Puerto de Santa María en 1902- mort à Puerto de Santa María en 1999. Raphaël Alberti est la mémoire de tout le XXe siècle espagnol, le conservatoire vivant de dizaines de générations poétiques. À partir de 1931, date de proclamation de la république, et jusqu’en 1935, il compose les poèmes de El poeta en la calle (le poète dans la rue) . Provocatrice, libre, surréelle, sa poésie empreinte les deux voies, désormais parallèles, du lyrisme et de la dénonciation des injustices. Il écrit Capitale de la Gloire (Madrid 1936-1938), chante la résistance de Madrid pendant la guerre civile, la Catalogne sous les bombes, les Brigades internationales.« Galop » appartient à cette dernière section- Guy Lévis-Mano « Galop » est dédié aux soldats qui lutèrent aux côtés des républicains face au régime franquiste. Le galop du cheval symbolise la passion et la force . Galope Las tierras, las tierras, las tierras de España,Las grandes, las solas, desiertas llanuras.Galopa, caballo cuatralbo,Jinete del pueblo,Al sol y a la luna. ¡A galopar,A galopar,Hasta enterrarlos en el mar!A corazón suenan, resuenan, resuenanLas tierras de España, en las herraduras.Galopa, jinete del pueblo,Caballo cuatralbo,Caballo de espuma.¡A galopar,A galopar,Hasta enterrarlos en el mar!Nadie, nadie, nadie, que enfrente no hay nadie;Que es nadie la muerte si va en tu montura.Galopa, caballo cuatralbo,Jinete del pueblo,Que la tierra es tuya.¡A galopar,A galopar,Hasta enterrarlos en el mar!Traduction :Guy Lévis-ManoGalopLes terres, les terres, les terres d’Espagne,Les grandes, les solitaires, désertes plaines.Galope, cheval balzan,Cavalier du peuple,Au soleil et à la lune.Au galop,Au galop,Jusqu’à les enterrer dans la mer !Comme un cœur sonnent, résonnent, résonnentLes terres d’Espagne dans les sabots.Galope, cavalier du peuple,Cheval balzan,Cheval d’écume.Au galop,Au galop,Jusqu’à les enterrer dans la mer !Personne, personne, personne, car en face il n’y a personne,Car la mort n’est personne si elle va sur ta monture.Galope, cheval balzan,Cavalier du peuple,Car la terre est tienne.Au galop,Au galop,Jusqu’à les enterrer dans la mer !
  16. Lettre 60-43 24 mai 2020, Samuel, Les empires coloniaux du XV au XVII siècle N) XVII siècle : les treize colonies britanniques A la fin du XVI siècle, la reine Elizabeth 1ère finança l’exploration de la côte de l’Amérique du nord située entre les colonies espagnoles (Mexique) et les colonies françaises (le Saint-Laurent). En 1584 une expédition commandée par Walter Raleigh (1552-1618) pénétra dans la baie de Chesapeake et donna à la région le nom de Virginie, en l’honneur de la reine, qui, non mariée, était tenue pour vierge. Mais les quelques colons laissés sur place ne survirent pas. En 1607, une nouvelle flottille anglaise envoyée cette fois par le roi d'Angleterre Jacques 1er, commandée par Christopher Newport, pénétra à son tour dans la baie de Chesapeake [Cette baie sépare la Virginie du Maryland sur la carte jointe]. Newport réussit à établir une colonie permanente nommée Jamestown qui prospéra notamment grâce à la culture du tabac. Ainsi naquit la première colonie britannique sur le sol nord-américain. En 1620 le vaisseau Mayflower parti de Plymouth en Angleterre cingla vers l’Amérique avec à son bord, les Pilgrim fathers ou « Pères pèlerins », qui suivaient des principes puritains. Ils fuyaient les persécutions religieuses et espéraient trouver une terre vierge où créer une « nouvelle Jérusalem ». Le 21 novembre 1620, quelques jours avant de débarquer, l'ensemble des passagers, au nombre d'une centaine, signèrent un pacte le « Mayflower Compact » qui édictait les règles de leur future vie en commun. Ce pacte demeure l'une des sources de la pratique démocratique américaine. Ils accostèrent le 26 novembre 1620 près d'un lieu sauvage, Cape Cod, dans le futur État du Massachusetts. Le 21 décembre, ils fondèrent la ville de Plymouth. La première année fut très difficile. De nombreux colons succombèrent à la faim et à la maladie. Les autres ne durent leur survie qu'aux dindes sauvages et au maïs fourni par les Indiens. En novembre 1621, la communauté organisa une journée d'action de grâce : le « Thanksgiving Day ». Le président Lincoln érigea ce jour en fête nationale en 1863. Ainsi chaque 4e jeudi de novembre, les familles des États-Unis mangent de la dinde avec des patates douces et de la tarte au potiron au dessert. Ainsi naquit la deuxième colonie anglaise, le Massachusetts, nom d'origine indienne. Les colons anglais vinrent nombreux en Amérique en raison des bouleversements propres à leur patrie d’origine : bouleversements religieux avec conflits permanents entre les différentes banches du christianisme, bouleversements sociaux avec le début de la pratique des enclosures. Le mouvement des enclosures commença en Angleterre au XVI siècle. Des champs ouverts et pâturages communs cultivés par la communauté furent convertis par de riches propriétaires fonciers en pâturages privés et clôturés (enclosures) pour l’élevage de troupeaux de moutons en vue du commerce de la laine alors en pleine expansion. Cette appropriation jeta dans la misère quantité de paysans qui ne purent plus faire paître leurs propres troupeaux dans les champs communaux. Beaucoup de ces paysans partirent en Amérique. Pendant tout le XVII siècle s’établirent sur la côte est de l’Amérique du nord treize colonies britanniques formant un seul tenant : la Géorgie, la Caroline du sud, la Caroline du nord, la Virginie, le Maryland, le Delaware, le New Jersey, la Pennsylvanie, le Connecticut, l’État de New York, Rhode Island, le New Hampshire et le Massachusetts (la Nouvelle-Amsterdam, New-York, fut prise aux Hollandais en 1664, voir lettre 60-42). Les quatre États du nord, Massachusetts, New Hampshire, Rhode Island et Connecticut formèrent la Nouvelle-Angleterre qui compta ensuite six États après la division du Massachusetts en deux États : le Massachusetts et le Maine créé en 1820 , et l’annexion du Vermont, région française, annexée en 1763 (située à l’ouest du New Hampshire). L’enracinement de la population fut rural et agricole. Les sols et le climat se rapprochaient de ceux de L’Europe. Aux cultures vivrières les colons ajoutèrent de nouvelles cultures : le tabac, le coton, la canne à sucre. La traite des esclaves se développa surtout dans les États du sud, les convictions religieuse des États du nord, notamment les quakers, les rendant hostiles à l’esclavage. Ces treize territoires étaient soumis à la Grande Bretagne qui contrôlait la totalité des échanges. La volonté de faire des colonies des asiles de tolérance religieuse eut pour résultat une extrême diversité de confessions. Chaque communauté religieuse prit l’habitude de s’administrer elle-même ce qui impliqua un certain conformisme moral : celui qui s’écartait des règles communautaires en était exclu. Cette auto-organisation engendra un souci éducatif. Chaque communauté développa l’instruction, ce qui conduisit à la création d’établissements éducatifs et universitaires devenus par la suite prestigieux : Harvard, Yale, Princeton, Columbia. [Les Quakers ou Trembleurs, réunis en Société chrétienne des Amis, fondée en Angleterre en 1647 par George Fox, cordonnier de Leicester, sont des chrétiens qui ne reconnaissent aucune hiérarchie ecclésiastique. Selon eux, tout homme peut être inspiré par l'Esprit divin. Réunis dans des salles dépouillées de tout ornement, ils attendent avec recueillement l'arrivée de l'Esprit-Saint. Si l'un d'eux sent l'inspiration qui s'annonce par un tremblement (d’où le nom de trembleurs), il se lève, prend la parole et tous l'écoutent en silence. Les Quakers se refusent à prendre part à la guerre, condamnent le spectacle, le chant, les jeux de hasard, la chasse. Ils se distinguent par la pureté de leurs mœurs, leur probité et leur philanthropie. Ils se dispensent de toutes les formes de la politesse, tutoient tout le monde et ne se découvrent jamais la tête. Ces singularités leur valurent des persécutions. Longtemps en Angleterre ils furent emprisonnés ou enfermés comme fous; l'acte de tolérance de 1689 leur permit enfin de vivre libres. La plupart partirent en Amérique pour vivre selon leur foi. Ils occupèrent l’État de Pennsylvanie. Ils furent les plus ardents adversaires de la traite des Noirs et donnèrent l'impulsion à leur affranchissement. Ils respectèrent toujours l’égalité hommes-femmes. Je t’embrasse, Je t’aime
  17. Luis Rosales né à Grenade en 1910- mort à Madrid en 1992 Le poème ci-dessous appartient au recueil Cómo el corte hace sangre (comment la coupure saigne) 1974. Il prolonge l’exploration de l’intimité de l’âme, dans ses racines végétales, ses souvenirs, ses déchirures. Membre de la Phalange, Rosales combat dans les rangs franquistes ; c’est dans sa demeure familiale, à Grenade, que Lorca trouve asile pendant une semaine avant d’y être arrêté sur dénonciation, un épisode qui jusqu’en 1983 laisse peser sur Rosales l’accusation d’avoir été le délateur de son ami. En 1983, en effet, la découverte d’un document semble prouvé au contraire que Rosales était intervenu en faveur de Lorca, mais sans succès. La Fisura Como se hace una burbuja de aire en el hielo, O esa ligera incertidumbre del testigo ante el juez, O ese amuleto que se pierde en el que nadie cree Pero nos deja un luto sin ventanas, Así llega la soledad, Así llega la hora que abre en tu corazón una fisura De comunicación con el deshielo, Una fisura pequeñísima Donde la vida se contrae, Y se comienza a sustraer Como una herencia de agua, Dejándote desvinculado Porque te sientes incapaz de elegir, Y día tras día te vas quedando atónito Y tan corto Que se te olvida, como un sueño, todo cuanto has querido, Todo lo que te funda y enraiza Sin que nadie lo advierta. Traduction : Nadine Ly La Fissure Comme il se fait dans la glace une bulle, Ou comme la légère hésitation du témoin face au juge Où cette amulette qu’on perd, quand on n’y croit pas, Et qui nous laisse aveuglés de douleur, Voici venir la solitude, Voici venir le temps qui t’ouvre dans le cœur La fissure de la débâcle, Une fissure imperceptible, Où la vie se réduit, Où elle se soustrait Comme une eau héritée, Qui coupe toutes tes amarres, Te rend incapable du moindre choix, Jour après jour, te laisse plus interdit, Si recroquevillé Que tu oublies, comme rêve, tout ce que tu as aimé, Ce qui te fonde et t’enracine, Sans que personne s’en rende compte.
  18. Ah oui, je me souviens, « Chove en Santiago meu doce amor », le premier des six poèmes galiciens. Celui que je préfère. Y’a plus qu’à... se mettre au boulot
  19. C’est un poème anonyme dont on situe l’origine au XVIe siècle, où antérieur : la lutte entre l’Amour et la Mort. La mort inexorable qui ne pardonne pas et qu’il est impossible de fuir. Même l’amour ne peut nous sauver quand la mort nous appelle. Romance del enamorado y la muerte Un sueño soñaba anoche soñito del alma mía, soñaba con mis amores, que en mis brazos los tenía. Vi entrar señora tan blanca, muy más que la nieve fría. —¿Por dónde has entrado, amor? ¿Cómo has entrado, mi vida? Las puertas están cerradas, ventanas y celosías. —No soy el amor, amante: la Muerte que Dios te envía. —¡Ay, Muerte tan rigurosa, déjame vivir un día! —Un día no puede ser, una hora tienes de vida. Muy deprisa se calzaba, más deprisa se vestía; ya se va para la calle, en donde su amor vivía. —¡Ábreme la puerta, Blanca, ábreme la puerta, niña! —¿Cómo te podré yo abrir si la ocasión no es venida? Mi padre no fue al palacio, mi madre no está dormida. —Si no me abres esta noche, ya no me abrirás, querida; la Muerte me está buscando, junto a ti vida sería. —Vete bajo la ventana donde labraba y cosía, te echaré cordón de seda para que subas arriba, y si el cordón no alcanzare, mis trenzas añadiría. La fina seda se rompe; la muerte que allí venía: —Vamos, el enamorado, que la hora ya está cumplida. Traduction (à ma sauce) Romance de l'amoureux et de la mort J'ai fait un rêve cette nuit, un rêve tout droit sorti de mon âme, Je rêvais de mes amours blottis entre mes bras. Je vis entrer une dame blanche, plus blanche encore que la froide neige. - Par où es-tu entrée amour ? Comment es-tu entrée, ma chérie ? Les portes sont fermées, les fenêtres et les jalousies aussi. - Amant, je ne suis pas l'amour, je suis la mort envoyée par Dieu. - Ah, mort si exigeante, laisse-moi vivre encore un jour! - Un jour, ce n'est pas possible, il ne te reste qu’une heure à vivre. Il se chaussa en toute hâte, et se vêtit plus vite encore ; Et partit dans la rue, où vivait son amour. - Ouvre-moi la porte Blanche, ouvre-moi la porte, ma chérie ! - Comment pourrai-je t'ouvrir, ce n’est pas le moment ? Mon père n'est pas parti au palais, ma mère ne dort pas. - Si tu ne m'ouvres pas cette nuit, jamais plus tu ne m'ouvriras, ma chérie. La mort me cherche, près de toi je resterais en vie. - Va sous ma fenêtre où je travaille et couds. Je te lancerai un cordon de soie pour que tu grimpes Et si le cordon ne t’atteint pas, j'ajouterai mes tresses. Le cordon de soie se rompit ; la mort s’approchait : - Allons, l'amoureux, l'heure est déjà écoulée. "Victor Jara est un chanteur chilien. Il fut arrêté par les militaires chiliens lors du coup d'Etat du 11 septembre 1973, emprisonné et torturé, assassiné entre le 14 et le 16 septembre."
  20. Quelle est la poésie de Lorca que tu avais traduite ?
  21. Francisco de la Torre né vers 1521- mort vers 1582 Poète perdu, poète absent : la personnalité de Francisco de la Torre reste un mystère, une inconnue de l’histoire de la poésie espagnole. La publication de ses œuvres, énigme embrouillée, a toutes les apparences d’un miracle ou d’un extraordinaire hasard.¡Cuántas veces te me has engalanado,clara y amiga noche! ¡Cuántas, llena de oscuridad y espanto, la serena mansedumbre del cielo me has turbado! Estrellas hay que saben mi cuidadoy que se han regalado con mi pena; que, entre tanta beldad, la más ajena de amor tiene su pecho enamorado. Ellas saben amar, y saben ellasque he contado su mal llorando el mío, envuelto en los dobleces de tu manto. Tú, con mil ojos, noche, mis querellasoye y esconde, pues mi amargo llanto es fruto inútil que al amor envío. Traduction : Mathilde PomèsQue de fois, nuit, t’es-tu pour moi parée Claire et amie ! Et que de fois aussi, Pleine d’ombre et d’effroi, as-tu troublé La paisible face d’un ciel serein ! Parmi les astres, il en est qui savent Ma peine et de ma peine ont eu plaisir ; Parmi tant de beauté, la plus rétive À l’amour a son cœur touché d’amour Ces astres aiment et ces astres savent Que j’ai chanté leur mal pour mieux pleurer Le mien sous les plis de ton voile, ô nuit ! Sous tes yeux par milliers reçois et cèle Mes plaintes, nuit, car mes larmes amères Ne sont qu’une vaine offrande à l’amour.
  22. Très belle interprétation de cette ancienne chanson interprétée Marie Laforêt. Je la préfère à celle de Nana Mouskouri. Merci. Ma foi, tu te défends bien
  23. Lettre 60-42 20 mai 2020, Samuel, Les empires coloniaux du XV au XVII siècle M) XVII siècle : la Nouvelle-Néerlande La Nouvelle-Néerlande désigne la colonie que les Provinces-Unies implantèrent au XVII siècle sur la côte est de l’Amérique du Nord. En 1602 les Provinces-Unies créèrent la Compagnie néerlandaise des Indes orientales et confièrent à un navigateur anglais, qui agit pour leur compte, Henry Hudson, le soin de trouver une voie maritime d’accès à l’Asie en passant par le nord-ouest (le mythique passage déjà recherché par John Cabot, voir lettre 60-26). Hudson longea la côte est de l’Amérique du Nord et atteignit en 1609 la baie que Verrazano, qui agissait alors pour la France, baptisa « La Nouvelle-Angoulême» en 1524 [Verrazzano planta le drapeau du roi de France et s'en alla, sans installer personne sur place]. Remontant le fleuve qui allait porter son nom, Hudson se rendit compte que celui-ci ne menait pas à l’Asie. Il revint en Europe et vanta l’activité des Amérindiens qui pratiquaient la confection de fourrures. De petites compagnies néerlandaises retournèrent sur place dès 1610 pour pratiquer le commerce et la traite des pelleteries avec les Amérindiens. Des comptoirs furent édifiés le long des fleuves Hudson et Delaware (fleuves Nord et Sud sur la carte jointe) tandis que quelques colons s’installèrent sur l’île de Manhattan à l’embouchure de l’Hudson. Le 2 février 1625, les Hollandais construisirent un fortin sur l'île autour duquel s’installèrent trente familles de protestants flamands, français et wallons, envoyées par la Compagnie hollandaise des Indes occidentales, créée en 1621. La petite colonie fut baptisée La Nouvelle Amsterdam. En 1626, Pierre Minuit, gouverneur de la colonie, négocia l'achat de l'île aux Amérindiens pour une somme dérisoire. La colonie fut ensuite gérée par le gouverneur : Pieter Stuyvesant. Sous son gouvernement (1647-1664), la population de la Nouvelle- Amsterdam passa de 300 à 1 500 habitants. La colonie toute entière, y compris les implantations dans les terres, compta plus de 10 000 habitants. La ville se développa avec des maisons hautes et étroites, à façades en briques, à pignons en escalier, avec un canal, creusé en 1654, qu’enjambaient trois ponts en bois. Un mur d’enceinte fut édifié d’un bord de l’île à l’autre (de l’Hudson à l’East River), qui donna son nom à une rue fameuse, Wall Street, la rue du Mur. Le 20 avril 1657, La Nouvelle-Amsterdam octroya la liberté de culte aux Juifs. Les vingt-trois premiers séfarades des anciennes possessions néerlandaises du Brésil, qui avaient constitué à Recife la synagogue Kahal Zur Israel, arrivèrent à La Nouvelle-Amsterdam dès 1654. Au début des années 1660, le roi Charles II décida d’unir dans un seul ensemble les terres qui allaient de la Virginie, au sud de la Nouvelle-Amsterdam, à la Nouvelle-Angleterre, située au nord (la colonisation britannique de l’Amérique du nord fera l’objet d’une lettre à suivre). La Nouvelle-Amsterdam, pour lui, n’existait tout simplement pas, les Hollandais n’avaient rien à faire dans cette partie du monde. L’été 1664, quatre navires de guerre anglais surgirent dans la baie. Pieter Stuyvesant voulut résister, mais il renonça sous la pression des habitants qui craignaient le pillage et la destruction. Le 8 septembre 1664, Pieter Stuyvesant signa la capitulation de La Nouvelle-Amsterdam. La ville, dès ce jour, fut appelée New York par Charles II en l’honneur de son frère le duc d’York. En 1667 les Néerlandais renoncèrent à leurs revendications sur cette portion du territoire américain lors de la signature du traité de Breda. Ils obtinrent en retour la souveraineté officielle sur le Suriname. Cependant, lors d’une nouvelle guerre opposant les Anglais aux Néerlandais, ces derniers reprirent brièvement la ville en 1673 (alors rebaptisée La Nouvelle-Orange), avant que les Anglais ne la récupèrent définitivement lors de la signature du traité de Westminster, le 19 févier 1674 (voir lettre 60-7). [Sur la carte jointe la Nouvelle-Néerlande est de couleur orange] Toutes mes pensées t’accompagnent, Je t’aime, Je t’embrasse
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