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Lettre 61-10 21 juillet 2020, Samuel, Complément sur les cathédrales Au Moyen Âge, en Europe occidentale, les chrétiens avaient divisé les territoires en unités administratives religieuses : les diocèses. Chaque diocèse était contrôlé par un évêque. Une cathédrale était une église épiscopale c’est-à-dire une église d’un diocèse. Deux styles caractérisent les cathédrales, le style roman et le style gothique A) Le style roman A partir de la fin du IX siècle des églises d’une grande simplicité commencèrent à être édifiées. Elles étaient construites en pierres (ou en bois) avec pour couverture une charpente en bois et des tuiles. Elles comportaient une simple nef (grande salle allongée où se réunissaient les fidèles) parfois flanquée d’un bas-côté de part et d’autre, ces éléments se terminant par une abside, petite construction extérieure de forme sphérique. Sur la première figure jointe à cette lettre la partie entre les petits disques noirs est la nef. De chaque côté se trouve un bas-côté (qui va des disques noirs jusqu’au mur). Les trois petits cercles à droite sont les absides. Il y a de plus sur le plan un espace vertical qui déborde au-delà des murs : c’est le transept, salle aménagée à angle droit de la nef, ce qui permet de donner à l’ensemble une forme de croix. A partir de la fin du X siècle la voûte en bois fut remplacée par une voûte en pierre plus résistante (insensible au feu), plus majestueuse : la voûte en berceau héritée des Romains, voûte ayant une forme demi-cylindrique (forme arrondie, demi-circulaire sur toute la longueur de la nef). Cette voûte épousait la forme d’un arc en plein cintre (voir deuxième figure jointe à la lettre). Pratiquement les bâtisseurs montaient un coffrage en bois sur lequel ils plaçaient des claveaux ou voussoirs, éléments de l’arc en plein cintre (sur la deuxième figure ce sont les rectangles formant l’arc). Quand ils avaient placé la clé de voûte, le voussoir du haut du cintre, ils pouvaient retirer le coffrage et la voûte venait s’appuyer sur les murs extérieurs verticaux. Pour donner plus de résistance à la voûte les constructeurs la doublaient à intervalles réguliers par des arcs saillants appelés arcs doubleaux lesquels venaient s’appuyer sur des piliers ou pilastres engagés dans le mur, appelés encore : dosserets. (voir figure 3). Le haut de ces pilastres formaient de petits ouvrages appelés chapiteaux (entre le pied de l’arc doubleau et le pilier sur la figure 3). Le poids de la voûte était intense et exerçait sur les murs et pilastres une force oblique dont la composante verticale était certes supportée par les murs et les piliers, mais dont la composante horizontale avait tendance à les renverser vers l’extérieur. Du coup pour que l’édifice ne s’écroule pas il fallut doubler les murs extérieurs par de puissants contreforts (voit figure 3). D’où l’aspect massif des cathédrales romanes et leur faible luminosité intérieure : percer des ouvertures dans les murs auraient en effet contribué à les fragiliser. Vers la fin du XI siècle apparut une innovation technique (déjà connue de l’Orient) : l’arc brisé (voir figure 2). Cet arc transmet aux murs porteurs une poussée moins oblique, plus verticale, ce qui permet de diminuer l’intensité de la force composante horizontale (celle qui tend à renverser les murs). Il fut ainsi possible de diminuer la masse des contreforts. Mais la forme plein cintre fut considérée plus noble, plus esthétique, ce qui limita l’utilisation de l’arc brisé. Je poursuivrai cette lettre avec l’étude du style gothique et ça en sera fini avec le XVII siècle. Je t’embrasse, Je t’aime
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Lettre 61-9 19 juillet 2020, Samuel, Le développement de la technique des origines jusqu’au XVII siècle H) Le XVII siècle Le XVII siècle fut marqué par la naissance de la pensée scientifique. Les rapports entre la science et la technique changèrent. La science jusqu’alors inspirée par la technique prit désormais le pas sur cette dernière et en provoqua un nouvel essor. Les savants, mathématiciens, physiciens et astronomes prirent le relais des ingénieurs dans la recherche de l’innovation. Cette révolution scientifique fut préparée par la Renaissance du XVI siècle avec les travaux des astronomes Copernic (polonais, 1473-1543) et Kepler (bavarois,1571-1630) continués au siècle suivant par les travaux de l’italien Galilée (1564-1642), du britannique Newton (1642-1727), du français Descartes (1596-1650), de l’allemand Gottfried Leibniz (1646-1716). A la conception géométrique du monde consistant en une sphère centrée sur la Terre succéda une nouvelle conception géométrique de l’univers considéré comme un espace homogène et infini ne privilégiant plus aucun « centre ». La vision de la structure spatiale sphérique et centrée héritée de l’Antiquité était en outre chargée d’une vision morale : le monde était un tout fini et bien ordonné avec une hiérarchie de valeurs et de perfection, entre une Terre lourde et opaque, centre d’une région sublunaire du changement et de la corruption, et une région au-dessus de la lune, supralunaire, où s’élevaient des sphères célestes incorruptibles et lumineuses (les deux mondes formant le Cosmos). Avec la nouvelle vision géométrique de l’univers, espace homogène et infini, disparut aussi toute vision morale. L’univers n’était plus chargé de valeurs. Ainsi la science opéra la séparation totale entre le monde des faits et celui des valeurs. Elle promut également la force descriptive des mathématiques : « l’univers est écrit en langage mathématique » écrivit Galilée, et l’universalité du modèle mécanique des machines qui commençaient à faire leur apparition dans l’économie européenne : « l'univers est une machine où il n'y a rien du tout à considérer que les figures et les mouvements de ses parties » écrivit Descartes. Grâce au développement de l’optique Galilée perfectionna la technique de la lunette astronomique, les télescopes ensuite ne cessèrent de se perfectionner, puis le hollandais Van Leeuwenhoek (1632-1723) inventa le microscope. En observant en 1677 sous sa lentille les pérégrinations des « animalcules vivants », il mit un terme à la théorie de la génération spontanée. En 1624 Edmund Gunter (anglais, 1581-1626) inventa la règle à calcul, instrument essentiel jusque dans les années 70 avant l’invention des calculatrices électroniques. En 1623 Wilhem Schickard construisit une machine à calculer qui pouvait faire des additions et des soustractions mais dont l’intérêt pratique resta limité. En 1645 Blaise Pascal construisit lui aussi une machine à calculer rudimentaire. Elle fut commercialisée sous le nom de Pascaline. En 1631 Vernier inventa un dispositif destiné à mesurer de très petites distances inférieures au millimètre, appelé : le vernier. Cet instrument permit la construction du pied à coulisse instrument de base de l’ajusteur. Dans l’art militaire la connaissance des lois du mouvement (Galilée) permit notamment la création d’un affût (pièce du canon) contrôlant le réglage de l’angle de tir et par conséquent le réglage de la portée du boulet. Les armes à feu portatives évoluèrent vers plus de légèreté et de fiabilité. L’usage de la cartouche, cylindre de papier fermé contenant la charge de poudre, se généralisa. En 1669 Jean Martinet inventa la baïonnette. Sébastien Le Prestre de Vauban mit au point un système de fortifications aujourd’hui encore admiré. L'horlogerie accomplit un bond décisif en 1656 avec l'horloge à balancier du néerlandais Christian Huygens (1629-1695). Galilée avait remarqué que la période d’un pendule (temps mis pour accomplir une oscillation complète) était constante (cette période ne dépend que de la longueur du pendule). Huygens utilisa cette régularité en construisant une horloge dont le balancier fit office de pendule. A chaque oscillation le balancier mettait en œuvre une technique permettant une avancée régulière des aiguilles. Cette amélioration de la mesure du temps profita surtout aux navigateurs dans leur effort à mesurer les longitudes. Les premiers travaux sur la vapeur d'eau et son utilisation remontaient à l'Antiquité : Héron d’Alexandrie conçut et construisit au Ier siècle son éolipyle (voir lettre 61-4). Au XVII siècle de nombreux scientifiques s’intéressèrent à l’utilisation de la vapeur comme source d’énergie. En 1679 le français Denis Papin (1647-1713) construisit la première chaudière (utilisée comme autocuiseur) contrôlée par une soupape. Puis il conçut l’idée du piston mu par la vapeur pouvant engendrer dans son mouvement un travail mécanique. Ces travaux finirent par déboucher sur la machine à vapeur de James Watt au XVIII siècle, machine essentielle dans le cadre de la révolution industrielle. J’espère que tu avances bien dans la préparation de ta rencontre avec le Minotaure ! Je t’embrasse, Je t’aime
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Lettre 61-8 15 juillet 2020, Samuel, Le développement de la technique des origines jusqu’au XVII siècle G) Le Moyen Âge et la Renaissance (VII siècle - XVI siècle) Partie 3 Vers 1450 Gutenberg (né à Mayence dans le Saint Empire romain germanique, mort dans la même ville en 1468) inventa une nouvelle forme d’impression appelée typographie qui permit le développement de l’imprimerie, invention majeure qui permit la diffusion dans toutes les populations de tous les savoirs. La typographie est la technique d’assemblage de caractères mobiles en vue de créer des mots et de les imprimer. Gutenberg n’inventa pas l’imprimerie à caractères mobiles, déjà connue des Orientaux, mais il inventa un ensemble de techniques associées : les lettres et caractères mobiles en plomb, leur principe de fabrication, la presse typographique (inconnue des Orientaux) et l’encre nécessaire à cet usage. La presse typographique est un dispositif permettant d’imprimer des textes et des illustrations en exerçant une forte pression sur une feuille de parchemin ou de papier. Le parchemin est une peau d'animal, mouton, chèvre ou veau, apprêtée spécialement pour servir de support à l'écriture. Succédant au papyrus, principal medium de l'écriture en Occident jusqu'au VII siècle, le parchemin fut utilisé durant tout le Moyen Âge jusqu'à son remplacement par le papier. La feuille de papyrus était un support d'écriture obtenu grâce à la transformation des tiges d’une plante, appelée cyperus papyrus. Son invention remonte à près de 5 000 ans. Le papier est une matière fabriquée à partir du bois. Le premier message sur papier connu vient de Chine et date de l’an 8 avant l’E.C. Le secret de la fabrication du papier est resté chinois et japonais jusqu’au VIII siècle. Lors de la bataille de Talas en 751, dans l'actuel Kirghizistan, les Arabes firent prisonniers des Chinois et récupérèrent ainsi le secret. Ils le diffusèrent ensuite en Occident. Tout au long du Moyen Âge la demande de fer ne cessa d’augmenter, en raison de l’activité militaire (fabrication des armures, des canons, développement de l’artillerie). La métallurgie du fer, appelée sidérurgie, employait la combustion du charbon de bois. Les bas-fourneaux de l’époque ne suffisant plus on commença à construire des fourneaux plus grands, appelés hauts-fourneaux. L’entretien de la combustion par des soufflets manœuvrés à la main ne parvenant plus à entretenir de tels foyers on utilisa des soufflets hydrauliques actionnés par des roues à eau (ce qui déplaça l’implantation de la sidérurgie près des cours d’eau). Il s’ensuivit une augmentation de la température des foyers ce qui modifia la technique d’obtention du fer. Dans les bas-fourneaux le fer était obtenu directement, tandis que dans les hauts-fourneaux, où la température était plus élevée, la fusion des minerais donnait d’abord la fonte (fer enrichi de carbone) qu’il fallait ensuite retravailler (affinage) pour obtenir le fer. En 1543, pendant le siècle de la Renaissance, Nicolas Copernic, astronome polonais, proposa la théorie de l’ héliocentrisme, appelée révolution copernicienne, selon laquelle la Terre tourne autour du soleil, centre de l'Univers, détrônant ainsi la Terre dans cette fonction centrale. Cette théorie bouleversa les point de vue scientifique, philosophique et religieux même si les religions la refusèrent un temps. Copernic construisit sa théorie sur l’observation et la mesure. L’étude et la technique de la mesure sont appelées : l’instrumentation. Pour que l’expérimentation soit possible, au sens de Bacon et de Alhazen, il fallut en effet affiner les instruments de mesures. Ces derniers furent d’abord des instruments utilisés dans la fabrication des canons, des armes portatives, des horloges etc. Jusque là il existait bien sûr des instruments de mesure mais peu précis en raison d’un travail surtout exécuté sur le bois, matériau facilement ajustable par le bricolage. Le remplacement du bois par le métal obligea à prévoir à l’avance les formes et les dimensions des pièces utilisées en raison de l’impossibilité de bricoler facilement ces pièces une fois mises en rapport. Cette nécessité d’un ajustage a priori favorisa la mise au point d’instruments de mesure de plus en plus précis. Cette précision permit de progressivement mathématiser les relations entre causes et effets observés. L’emploi de canons et la nécessité de prévoir le lieu d’impact des boulets engendra l’étude du mouvement des corps. Ainsi naquit la balistique, partie de la mécanique qui étudie le mouvement des projectiles, puis naquit la cinématique, étude du mouvement de tous les corps, projectiles comme corps célestes, puis naquit la dynamique qui étudie les causes du mouvement. Crois-tu que tu pourras rentrer dans le labyrinthe, monté sur un cheval ? Si tu dois affronter le Minotaure à pied, ajuste bien ton habit de cosaque. Cela va l’impressionner. Les Cosaques sont précédés dans leur renommée par leur fantastique histoire. Ne terrorise pas trop le Minotaure en lui révélant que tu es Ivan. Le Terrible continue de rôder dans le ciel russe et nul, pas même le Minotaure, n’a le goût ni l’envie de devoir à nouveau l’affronter. Je t’embrasse, Je t’aime
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Lettre 61-7 8 juillet 2020, Samuel, Le développement de la technique des origines jusqu’au XVII siècle G) Le Moyen Âge et la Renaissance (VII siècle - XVI siècle) Partie 2 L’alchimie pénétra en Occident au XII siècle venue des empires arabes. L’alchimie est l’ensemble des recherches concernant les transformations de la matière. Les Grecs initièrent cette « science » mus par deux intentions : Trouver des procédés pour transformer des matériaux bon marché en matériaux rares Trouver des relations entre les différentes sortes de matière dans une vision du monde où toute pierre correspondant à une réalité invisible toutes relations entre pierres mettent en relation ces invisibles réalités. Cette science fut ensuite développée par trois savants, Geber, Rhases et Avicenne, tous originaires de Perse où ils vécurent aux IX et X siècles, alors sous domination arabe. Leurs ouvrages une fois traduits pénétrèrent en Europe. L’alchimie donna plus tard naissance à la chimie. L’activité technique des bâtisseurs de cathédrales conduisit les artisans à distinguer les pierres les unes des autres. Les métallurgistes les avaient précédés dans cet art de la distinction. Le fer, le cuivre, le verre, etc. étaient obtenus à partir de matériaux bruts que le profane ne distinguait pas mais que l’artisan devait savoir identifier. Cette prise de conscience de l’importance de l’observation, (observer implique savoir distinguer un objet d’un autre) inspira Roger Bacon (1214-1294) philosophe et alchimiste anglais, l’un des pères de la méthode scientifique européenne. Lui-même s’appuya sur les travaux d’Alhazen, savant persan du XI siècle qui vécut à Bagdad sous la dynastie des Buwayides. Alhazen fut l'un des premiers à énoncer les lois de la démarche scientifique : « La recherche de la vérité est ardue, la route qui y conduit est semée d’embûches, pour trouver la vérité, il convient de laisser de côté ses opinions et de ne pas faire confiance aux écrits des anciens. Vous devez les mettre en doute et soumettre chacune de leur affirmations à votre esprit critique. Ne vous fiez qu'à la logique et à l’expérimentation, jamais à l'affirmation des uns et des autres, car chaque être humain est sujet à toutes sortes d'imperfections ; dans notre quête de la vérité, nous devons aussi remettre en question nos propres théories, à chacune de nos recherches pour éviter de succomber aux préjugés et à la paresse intellectuelle. Agissez de la sorte et la vérité vous sera révélée.» Cette position était à l’époque révolutionnaire car elle allait contre les principes de la religion musulmane telle que pratiquée par les Arabes alors au pouvoir. Dans le cadre de l’islam toute vérité vient du jugement des Anciens ( Mahomet) et non de l’expérience. Ainsi le calife, Arabe, régnait sur ses sujets en s’appuyant sur l’autorité d’un homme, Mahomet, dont la parole est vraie en soi, quoiqu’il ait dit. Le vizir, persan, régnait sur ses sujets par sa capacité à résoudre les problèmes pratiques, résolution qui exigeait de se soustraire à l’autorité du dire d’un « seigneur » pour se soumettre à l’autorité des faits. Les alchimistes en tentant de trouver la pierre philosophale (substance mythique censée transformer des métaux bon marché en or) et de créer un élixir de longue vie obtinrent, par distillation de vins, l’eau de vie (appelée encore esprit de vie ou eau ardente), alcool fort à qui on attribua à l’époque des vertus médicinales et qui fut utilisé comme antiseptique. Dans leurs manipulations ils obtinrent aussi l’huile de vitriol (l’acide sulfurique) qui permit de traiter les minerais. Ils obtinrent ensuite l’esprit de sel (l’acide chlorhydrique) également utilisé dans le traitement des minerais. Puis ils découvrirent l’eau forte (l’acide nitrique) qui permit de dissoudre les métaux (sauf l’or) et qui fut utilisée dans l’orfèvrerie. Enfin ils découvrirent l’eau régale (mélange d’acide chlorhydrique et d’acide nitrique) qui permit de dissoudre puis de raffiner l’or. Au XIII et au XIV siècles, dans le cadre des techniques de construction de bâtiments, furent inventées la brouette (transport de matériaux) et les lunettes avec lentilles en verre pour améliorer la vue. Dans le cadre de l’art de la guerre furent inventés dès le XI siècle le trébuchet (machine de guerre lançant de lourds projectiles à l’aide d’un contrepoids) et les armures avec la cotte de mailles ou haubert (grâce au savoir-faire dans le travail du fer). Au début du XIV siècle l’emploi de la poudre noire se généralisa. Il est difficile de savoir avec exactitude quels sont les premiers découvreurs de la poudre. Pour beaucoup d’historiens la poudre viendrait de Chine où elle aurait été utilisée dès le IX siècle. Mais les Byzantins utilisaient dès le VII siècle la technique du feu grégeois, dont il est possible qu’elle employait déjà la poudre. Le feu grégeois était un mélange inflammable, brûlant au contact de l'eau. Les Byzantins l’employèrent lors des batailles navales pour incendier les bateaux ennemis. La formule du feu grégeois était un secret militaire aujourd'hui perdu. Ainsi, la composition du feu grégeois reste purement spéculative avec des hypothèses incluant des mélanges de résine de pin, de naphte (pétrole), de chaux vive, de soufre et de salpêtre. La poudre noire quant à elle est constituée d'un mélange déflagrant de soufre, de salpêtre et de charbon de bois. Sa capacité de déflagration en fit un explosif utilisé pour la propulsion de projectiles. Elle fut utilisée dans la technologie des canons. Puis un petit canon, manœuvrable par un seul homme, la couleuvrine, fut inventé vers la fin du XIV siècle. Enfin cette dernière invention fut améliorée et donna naissance au début du XV siècle au premier fusil à poudre noire, d’emploi toutefois encore très malaisé. Attention au Minotaure, il faut éviter de le contrarier ! Je t’embrasse, je t’aime
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« Boire un grand bol de sommeil noir... »
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
Ce poème est extrait de Soledades. À propos de la composition de Solitudes Machado disait : « Je pensais que l’élément poétique n’était pas le mot pour sa valeur phonétique, ni la couleur, ni la ligne, ni un ensemble de sensations, mais une profonde palpitation de l’esprit ; ce que met l’âme, si elle met quelque chose, ou ce qu’elle dit, si tant est qu’elle dise quelque chose, avec sa propre voix, en réponse animée au contact du monde. » Cante Hondo Yo meditaba absorto, devanando los hilos del hastío y la tristeza, cuando llegó a mi oído, por la ventana de mi estancia, abierta a una caliente noche de verano, el plañir de una copla soñolienta, quebrada por los trémolos sombríos de las músicas magas de mi tierra. ...Y era el Amor, como una roja llama... -Nerviosa mano en la vibrante cuerda ponía un largo suspirar de oro, que se trocaba en surtidor de estrellas-. ...Y era la Muerte, al hombro la cuchilla, el paso largo, torva y esquelética. -Tal cuando yo era niño la soñaba-. Y en la guitarra, resonante y trémula, la brusca mano, al golpear, fingía el reposar de un ataúd en tierra. Y era un plañido solitario el soplo que el polvo barre y la ceniza avienta. Traduction : Bernard Sesé Je méditais profondément en déroulant les fils de l’amertume et de la tristesse, quand à mon oreille parvint, par la fenêtre de ma chambre, ouverte sur une chaude nuit d’été, la plainte d’une copla songeuse, brisée par les sombres trémolos des rythmes magiques de ma terre. ...Et c’était l’Amour, comme une flamme rouge… – Sur la corde vibrante une main nerveuse plaquait un très long soupir d’or, qui se transformait en une pluie d’étoiles –. … Et c’était la Mort, sa lame sur l’épaule, marchant à grands pas, farouche et squelettique – comme je la rêvais lorsque j’étais enfant –. Et sur la guitare, résonnante er tremblante, la main en frappant brusquement évoquait le bruit d’un cercueil qui vient frapper la terre. Et le souffle qui balaie la poussière et jette au vent la cendre était un gémissement solitaire. -
« Boire un grand bol de sommeil noir... »
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
Antonio Machado C'est un poème onirique, mélancolique, nostalgique ,mais sans tristesse. C'est l’histoire d’une vie. Il nous rappelle que la puissance de la fantaisie est plus grande que toutes les déceptions. Un enfant rêve d’un jouet, un cheval en carton. Puis l’enfant devient un jeune homme, puis vieux et se demande s’il rêve encore. Quelque part, pendant toute notre vie nous sommes et restons des enfants en train de rêver, à la poursuite d’un cheval. Parábolas Era un niño que soñaba un caballo de cartón. Abrió los ojos el niño y el caballito no vio. Con un caballito blanco el niño volvió a soñar; y por la crin lo cogía... ¡Ahora no te escaparás! Apenas lo hubo cogido, el niño se despertó. Tenía el puño cerrado. ¡El caballito voló! Quedóse el niño muy serio pensando que no es verdad un caballito soñado. Y ya no volvió a soñar. Pero el niño se hizo mozo y el mozo tuvo un amor, y a su amada le decía: ¿Tú eres de verdad o no? Cuando el mozo se hizo viejo pensaba: Todo es soñar, el caballito soñado y el caballo de verdad. Y cuando vino la muerte, el viejo a su corazón preguntaba: ¿Tú eres sueño? ¡Quién sabe si despertó! Traduction : Bernard Sesé Paraboles Il était une fois un enfant qui rêvait d’un cheval en carton. L’enfant ouvrit les yeux, ne vit point le petit cheval. D’un petit cheval blanc l’enfant se remit à rêver ; par la crinière il l’attrapait… Ah tu ne va plus t’échapper ! A peine l’eut-il attrapé que l’enfant s’éveilla. Il tenait le poing bien fermé. Le cheval s’était envolé ! L’air très sérieux, l’enfant se disait qu’un cheval de rêve n’a rien de vrai. Désormais il ne rêva plus. Mais l’enfant devint un jeune homme et le jeune homme s’énamoura ; à sa bien-aimée il disait : Toi es-tu, ou non, pour de vrai ? Quand le jeune homme devint vieux, il pensait : tout n’est que rêve, le petit cheval rêvé et le cheval pour de vrai. Et lorsque la mort arriva, à son cœur le vieux demandait : Et toi, es-tu un rêve ? Qui sait s’il s’éveilla ! -
« Boire un grand bol de sommeil noir... »
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
La tragédie éclate en 1391 : les violences populaires antijuives et les pogroms qui dévastent les juiveries de Séville, puis de Tolède, de Valence, de Gérone et de Jaca, annoncent la fin de l’Espagne des trois cultures et des trois religions. Néanmoins les juifs ne seront expulsés qu’en 1492, suivis un siècle plus tard par les morisques. Malgré toute cette instabilité politique, la poésie castillane s’épanouit dans divers domaines, dans la poésie anonyme de critique sociale avec La Danza de la Muerte. La Danse générale de la Mort prolonge les productions de la poésie doctrinale et s’inscrit dans la tradition médiévale des disputes et des débats. La Danza de la Muerte arme la mort d’un arc et de flèches. La grande tueuse convoque la hiérarchie totale des humains, du pape au vilain, mais ce sont deux jeunes et jolies jeunes filles qui sont d’abord appelées au funèbre défilé. Je reproduis ici une partie du poème avec la traduction de Eugène Kohler. La Danza de la Muerte Dize la muerte: Yo só la muerte cierta a todas criaturas Que son y serán en el mundo durante. Demando y digo : o omne, ¿ por qué curas De vida tan breue, en punto pasante, Pues non ay tan fuerte nin rezio gigante Que desde mi arco se puede anparar ? Conuiene que mueras quando lo tirar Con esta mi fecha cruel traspasante. [...] A la dança mortal venir los naçidos Que en el mundo soes de qualquiera estado ! El que non quisiere, a fuerça e amidos, Fazerle he venir muy toste priado. Pues que ya el frayre vos ha predicado Que todos vayaes a fazer penitencia, El que non quisiere poner diligencia Por mi non puede ser más esperado. Primeramente llama a su dança a dos donzellas : A esta mi dança traxe de presente Estas dos donzellas que vedes fermosas. Ellas vinieron de muy mala mente Oyr mis canciones, que son dolorosas. Mas non les valdrían flores e rosas, Nin las conposturas que poner solían, De mí sy pudiesen partirse querrían, Mas non puede ser, que son mis esposas. [...] La mort dit : Je suis la mort certaine à toutes créatures Qui sont et seront tant que durera le monde. Je demande et je dis : Ô homme, pourquoi te soucies-tu D’une vie si brève, qui passe en un instant, Puisqu’il n’est si fort ni si vigoureux géant Qui contre mon arc puisse se protéger ? Il faut que tu meures au moment où je tirerai Cette flèche cruelle qui te transpercera [...] Venez, les humains, à la danse mortelle De quelque état que vous soyez dans le monde ! Celui qui ne voudrait pas, par la force et contre son gré, Je le ferai venir bien vite et bientôt. Puisque déjà le frère vous a prêché D’aller faire pénitence, Celui qui ne voudrait pas faire diligence Je ne pourrai pas l’attendre plus longtemps. Tout d’abord elle appelle à sa danse deux demoiselles : À cette danse j’ai amené à présent Ces deux demoiselles que vous voyez belles. Elles sont venues bien mal à propos Écouter mes chansons qui sont douloureuses. Mais fleurs ni roses ne leur serviront de rien, Ni les parures qu’elles aiment se mettre, Elle voudraient bien, si elles pouvaient, se séparer de moi, Mais cela ne se peut, elles sont mes épouses. [Après ce bref tour d’horizon des origines de la poésie espagnole, je reprendrai le cours des poètes et poèmes sans souci de chronologie] -
« Boire un grand bol de sommeil noir... »
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
Avant que ne soit adoptée définitivement la langue purement castillane, une autre forme poétique apparaît la aljamía, rédigée en langue castillane mais transcrite en caractères arabes ou hébraïques. J’ai choisi deux poèmes pour illustrer cette littérature aljamiada. Le premier poème, anonyme, serait écrit par un morisque aragonais. Le poème raconte l’histoire de Joseph vendu par ses frères à partir d’une légende orientale répandue dans la communauté des musulmans christianisés. Le poème est très long, je n’en donne qu’un aperçu. La reine Zalija tombe amoureuse de l’esclave Yúçuf. Elle est en admiration devant ses miracles et ses prédictions. Poema de Yúçuf [El mercader vende a Zalija, mujer del rey de Egipto ; y ésta desempeña, en el poema, el papel de Potifar, en Génesis.] Reutaban a Zalija las duennas del lugar Porque con su activo quería voltariar ; Ella de que lo supo arte las fue a buscar Convidólas a todas e llevólas a yantar. [...] Traduction : Eugène Kohler [Lemarchand vebd Joseph à Zalija, épouse du roi d’Égypte, qui joue ici le rôle du Potiphar de la Genèse.] Les duègnes de l’endroit grondaient Zalija De vouloir ainsi se compromettre avec son captif ; Dès qu’elle le comprit elle chercha une ruse, Les convia toutes et leur offrit un dîner. [...] Le deuxième poème : Rabbi Sem Tob né vers 1290-mort en 1360 Le rabbin de Carrión, Sem Tob Ibn Ardutiel ben Isaac , est aux yeux de Américo Castro le premier poète de langue castillane authentiquement lyrique. Son œuvre la plus connue : Proverbios morales. Non ay syn noche día, Nin segar syn s’en rat, Nin syn caliente fría, Nin reyr syn llorar. Nin ay syn después luego, Nin tarde syn ay à, Nin ay fumo sin fuego, Nin syn somas farina. [ ...] Traduction : Eugène Kohler Il n’y a pas jour sans nuit, Ni de moisson sans semailles, Ni de froid sans chaleur, Ni de rires sans pleurs. Point d’après sans tout de suite, Ni de lentement sans vite, Ni de fumée sans feu, Ni de farine sans son [...] -
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satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
Au XII siècle, un poète d’Al-Andalus invente une autre forme poétique, le zejel, qui met fin à la jarcha. Et c’est à l’aube du XIII siècle, en 1205 environ, que naît la poésie en langue romane castillane. Le premier poème en roman castillan est un poème hybride anonyme. Un court extrait, traduction faite par Nadine Ly. La siesta de abril Qui triste tiene su coraçón Benga oyr esta razón Odrá razón acabada Feyta d’amor e bien rymada. Un escolar la rrimó Que siempre dueñas amó ; Mas siempre ovo cryança En Alemania y en Francia ; Moró mucho en Lombardía Pora aprender cortesía. La sieste d’avril Qui a le cœur affligé Ce conte vienne écouter. Ouïra conte achevé, Fait d’amour et bien rimé. Un escholier le rima Qui toujours les dames aima ; Élevé dans son enfance En Allemagne et en France, Il vécut en Lombardie Pour y apprendre courtoisie. -
« Boire un grand bol de sommeil noir... »
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
Je ne suis pas partisane. Ce qui est écrit est le résultat de ma lecture de Historia de la litteratura española de Ángel del Río. Je poursuis mes investigations. -
Lettre 61-6 16 juin 2020, Samuel, Le développement de la technique des origines jusqu’au XVII siècle G) Le Moyen Âge et la Renaissance (VII siècle - XVI siècle) (Nous allons limiter notre étude à l’Europe occidentale) Partie 1 Au VI siècle l’Empire romain d’occident fut submergé par les migrations des tribus germaniques, Wisigoths, Ostrogoths, Burgondes, Alamans, Francs...Ces tribus avaient des modes de vie qui ne s’appuyaient pas sur le développement technique. Elles formaient des populations dites, par les sédentaires, « barbares », libres, itinérantes, sans État, vivant le plus souvent de pillages. Elles-mêmes fuyaient devant les Huns qui déferlaient en Occident, venus d’Asie. Les seules techniques développées pendant le Haut Moyen Âge (du VII siècle au IX siècle) furent celles de la métallurgie du fer en vue de l’armement, et de la domestication du cheval en vue des déplacements. L’écriture et la lecture tombèrent en désuétude. Dans l’Europe occidentale dévastée les populations autochtones se replièrent dans les campagnes et dans les monastères. La culture chrétienne résista au choc. Ses représentants, moines et membres du clergé, maintinrent l’exercice de la lecture et de l’écriture dans les communautés qui dépendaient d’eux. Ils conservèrent la mémoire de la culture romaine et grecque en recopiant et en archivant les manuels de toutes disciplines dans leurs bibliothèques. Ensuite ils s’appliquèrent à convertir les paysans et les barbares. Le christianisme présente des aspects païens, aisément assimilables par des populations peu instruites : mystères, surnaturel (la résurrection du Christ), magie (les miracles), promesses après la mort de mondes paradisiaques ou infernaux selon le respect d’une morale encore assez souple. Lentement les barbares se convertirent au christianisme sous ses formes inachevées d’abord (l’arianisme, doctrine qui ne reconnaît pas le caractère divin de Jésus) puis sous ses formes dogmatiques (la trinité, c’est-à-dire le dogme de la divinité de Jésus). Lentement les mouvements de populations se stabilisèrent jusqu’à ce que Charlemagne, le roi des Francs parvint à établir un certain ordre, fondé sur le christianisme qu’il imposa de force à toutes les populations. Il se retrouva à la tête d’un Empire qui allait de l’Atlantique jusqu’aux marches slaves, un Empire non pas organisé à la romaine, avec un État fort et une organisation ramifiée, mais un Empire aux terres distribuées entre chefs de tribus, les ducs, régnants sur leurs duchés, qui commencèrent à se sédentariser et acceptèrent de reconnaître en l’Empereur leur chef investi par Dieu. Cela formait un ensemble d’une stabilité douteuse certes mais suffisante pour que reprenne une vie économique viable. L’Empire de Charlemagne néanmoins comptait encore peu au vu des Empires fondés sur la rive sud de la méditerranée par les dynasties arabes, les Omeyyades (661-750) puis les Abbassides (750-809), au vu aussi de l’Empire romain d’orient, Byzance (Constantinople). En 798, Irène, l’Impératrice byzantine, proposa à Charlemagne le mariage afin de reconstituer un Empire romain réunifié entre l’occident et l’orient. Elle voulait lutter contre la pression des arabes et des musulmans sur ses frontières sud. Mais Charlemagne déclina l’offre. Il choisit de s’entendre avec les Abbassides pour lutter contre les incursions d’une dynastie omeyyade qui continuait de régner en Espagne et qui, de temps à autre, s’adonnait à des razzias dans le sud de la France (les Abbassides étaient les ennemis des Omeyyades). Le choix de Charlemagne fut crucial : l’Europe occidentale dut se développer en s’appuyant sur ses seules forces et ce choix solitaire donna plus tard naissance à la formidable culture ouest-européenne qui engendra la révolution industrielle, révolution aujourd’hui étendue au monde entier. Dès le X ème siècle se développèrent une importante activité et un esprit nouveau qui jetèrent les bases de notre civilisation moderne. L’agriculture fut la première à bénéficier de ce renouveau. Trois innovations en améliorèrent sensiblement le rendement : la substitution de la charrue à l’araire, l’utilisation du cheval avec un attelage moderne comme source d’énergie, la mise en place de l’assolement triennal en remplacement de l’assolement biennal. Déjà la domestication continue du cheval avait produit ses progrès techniques dès le VIII siècle avec l’invention de l’étrier, puis le collier d’épaule au IX siècle (élément du harnais du cheval attelé pour tirer une charge) puis le fer à cheval. Une innovation majeure fut ensuite l’utilisation du moulin à eau. Cette « machine » était connue depuis l’Antiquité mais ce fut la première fois que son utilisation fut systématisée. Le moulin à eau servit à moudre le grain (production de farine permettant de faire du pain), à fouler le drap ou tanner des peaux (confection, entre autres, d’habits), à actionner des soufflets de forge (pour la métallurgie), ou encore à prélever de l’eau (utilisation du système de la noria) pour irriguer les champs. Le développement de l’agriculture fut concomitant à la hausse de la démographie ce qui provoqua l’essor de la vie urbaine stimulée ensuite par le développement de l’industrie du textile, celui de l’artisanat et celui du commerce. Dans ce contexte citadin très actif commença au XII siècle l’édification des cathédrales. Toutes les techniques constructives en sommeil depuis la chute de Rome reprirent vie : exploitation des carrières, taille des pierres, fabrication de briques, mécaniques de levage, fabrication du verre. De nouvelles catégories professionnelles se répandirent à travers l’Europe entre le XIII et le XV siècle. Architectes, ingénieurs, tailleurs de pierre, maçons allaient de ville en ville emportant avec eux leur savoir-faire et leurs secrets de fabrication. Les ingénieurs de la Renaissance furent les héritiers de ces constructeurs de cathédrales et leur permirent d’atteindre un savoir-faire pointu dans le domaine notamment de la mécanique, savoir-faire qui favorisa la révolution industrielle du XVIII siècle. Les transports par voie d’eau furent développés et utilisés de préférence aux transports par voie terrestre (réservés aux personnes et aux marchandises de poids moyen). Les Hollandais construisirent en 1253 le premier canal de navigation comportant une écluse simple à Sparendam. Vers 1480 les Allemands construisirent les premières écluses à sas en bois. Ces travaux, ajoutés à ceux affectés à l’irrigation et au drainage engendrèrent la mise au point de techniques qui permirent aux Hollandais de dresser des digues pour contenir la mer, se prémunir contre les inondations et exploiter les terres riches situées au-dessous du niveau de la mer (les polders). Des moulins à vent s’ajoutèrent aux moulins à eau pour pomper les eaux. A partir du XIII siècle la mer joua un rôle essentiel dans la circulation des richesses. Les ports d’Italie, des Pays-Bas et d’Allemagne établirent entre eux des routes commerciales maritimes via le détroit de Gibraltar. Ce commerce maritime permit le développement de techniques nouvelles de construction des bateaux, secteur dans lequel les Hollandais devinrent des champions leur permettant plus tard de lancer un commerce maritime international. La boussole fut introduite au XII siècle (elle était déjà connue des Chinois et des Arabes). La cartographie se développa ainsi qu’une connaissance approchée de la circulation des vents. Autre innovation majeure : l’horloge mécanique qui remplaça l’antique horloge hydraulique (les clepsydres). Mais les horlogers ne parvinrent pas à régulariser son fonctionnement. Les horloges donnaient des heures approximatives décalées parfois d’une ou de deux heures dans la même journée. La difficulté était de donner au mouvement des indicateurs, par exemple les aiguilles (dispositif tardif, précédé par des manifestations sonores, comme le son des cloches pour indiquer l’heure) une vitesse uniforme. Il faudra attendre le XVII et surtout le XVIII siècle pour obtenir un mouvement uniforme circulaire pour les aiguilles. Cette incapacité à obtenir une heure précise et fiable explique les errements des navigateurs partis à la découverte du monde à partir de la fin du XV siècle. Rappelons-nous Cavalier de la Salle ne retrouvant plus la Louisiane (lettre 60-41). Pour se repérer il faut deux coordonnés : la latitude et la longitude. Mesurer la latitude (distance à l’équateur) était aisé : on repérait la hauteur de l’étoile polaire sur l’horizon (avec le sextant). Des tables avaient aussi été dressées pour se baser sur la hauteur du soleil ou de quelques étoiles majeures. Pour trouver la longitude (distance à un méridien donné) il suffit de connaître son décalage horaire avec le méridien choisi comme origine (aujourd’hui, celui de Greenwich). Une heure de décalage correspond à 360/24=15 degrés de longitude. Mais à l’époque, sur un navire perdu au milieu de l’océan, on pouvait connaître l’heure locale (par rapport à la position du soleil par exemple) mais pas celle de Greenwich. Aucune horloge réglée lors du départ sur l’heure de Greenwich n’était alors capable de tenir l’heure exacte pendant un voyage de plusieurs mois. Et une erreur de seulement cinq minutes revenait à se tromper de 150 km. Bravo pour ta belle prestation chez le restaurateur. Les Russes te reconnaissent définitivement comme étant l’un des leurs. Je t’embrasse, Je t’aime
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satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
Pour illustrer ce qui a été écrit précédemment, un aperçu d’une jarcha. Dans la version vocalisée manquent certains accents, le clavier n’étant pas approprié Abū-l-Walīd Yūnus Ibn Īsà Al-Jabbāz Al-Mursī (Xe-XIIe siècle) L’auteur s’appelle el Panadero de Mucia ( le Boulanger de Murcie) Version vocalisée : E. García Gómez Las jarchas romances de la serie árabe en su marco. Yā mammā, me-w l-habībe Bais e no más tornarāde. Gār ké Farès, y’a mammā : ¿ No un bezyēllo lēsarāde ? Traduction : Nadine Ly Mère, mon ami S’en va et ne reviendra pas. Dis-moi, mère, que vais-je faire ? Ne me laissera-t-il pas un petit baiser ? -
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satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
En sondant plus profondément la poésie espagnole, je lis que ce sont les jarchas qui constituent la toute première manifestation connue à ce jour de la poésie lyrique espagnole. La toute première jarcha serait antérieure à 1042 et la poésie occitane des troubadours cesse d’en être la seule initiatrice. Les jarchas étaient des brèves compositions qui s’inséraient à la fin des poèmes plus vastes, arabes ou hébreu, les muguasajas. Ces poème écrits en arabe ou en hébreu appartiennent à la langue mozarabe, celle que parlaient les chrétiens de l’Islam ibérique, al-Andalous. On ne sait pas à l’heure actuelle si les jarchas reproduisaient des chansons mozarabes primitives, que les poètes arabes ou juifs avaient entendues et recueillies, ou si elles étaient le fruit de leur invention. Il faut attendre 1948 pour découvrir que l’écriture hébraïque et arabe de certaines jarchas transcrit des mots qui ne sont ni hébreu, ni arabe, mais mozarabes. -
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satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
J’ai trouvé intéressant de placer ici ce document poétique datant de la fin du XIIe siècle, trouvé dans la cathédrale de Tolède à la fin du XVIIIe siècle. « C’est une des rares manifestations liturgiques, le rite mozarabe en aurait empêché le développement.C’est le premier texte castillan qui montre les mètres majeurs de la poésie espagnole ». Le texte du poème est établi par R. Menéndez Pídal, la traduction de Eugène Kohler. Auto de los Reyes magos- « Auto » des rois mages Caspar Dios criador, qual maravila, No sé qual es achesta strela ! Agora primas le e veida, Poco tiempo a que es nacida... Balthasar Esta strela non sé dond vinet, Quin la trae o quin la tine. Porqué es achesta sennal ? En mos dias non vi atal... Melchior Tal estrela non es in celo, Desto so io bono strelero; Bine lo veo sines escarno Que uno omne es nacido de carne... Traduction Gaspard Dieu le créateur, quelle merveille ! Je ne sais quelle est cette étoile ! Maintenant pour la première fois je l’ai vue. Il y a peu de temps qu’elle est apparue... Balthazar Cette étoile, je ne sais d’où elle vient, Qui l’emporte ou qui la retient. Pourquoi y a-t-il ce signe ? De ma vie je n’ai vu pareil chose... Melchior Pareille étoile n’existe pas au ciel, De cela je suis, moi, bon astronome ; Je le vois bien sans tromperie Qu’un homme est né de chair d’os... (Gaspard et Balthazar écrivent strela, seul Melchior écrit estrela !) -
Lettre 61-5 16 juin 2020, Samuel, Le développement de la technique des origines jusqu’au XVII siècle F) Rome (deuxième siècle avant l’E.C.-cinquième siècle après l’E.C.) La mort d’Archimède symbolise le passage du pouvoir politique européen des Grecs aux Romains. En 212 avant notre ère la ville grecque de Syracuse fut assiégée puis prise par une armée romaine. Le siège fut long, la ville se défendit grâce aux machines de guerre construites par Archimède. Pourtant les Romains finirent par investir la ville. Les soldats rentrèrent dans les maisons pour piller. L’un d’eux trouva un vieil homme assis devant sa table, il le tua, c’était Archimède. Quel avantage permit aux Romains de venir à bout des Grecs ? Leur sens de l’organisation, leur capacité à faire agir, travailler et guerroyer ensemble, avec efficacité, des milliers et des milliers d’hommes et de femmes. Ce savoir-faire immatériel leur permit de créer l’un des plus grands Empires du monde. Les Romains mirent à profit les innovations des civilisations qui les précédèrent en les améliorant. Peu intéressés par la science et la spéculation philosophique, ils ne furent guère des inventeurs. Ils furent des hommes concrets. Ils utilisèrent leur génie pour administrer, organiser et tenir sous leur pouvoir les populations occidentales. Alors que, sur le plan technique, la Grèce se fit connaître par le nom de ses ingénieurs et de ses architectes, Rome se fit connaître par le nom de ses administrateurs et de ses stratèges. Rome engagea de grands travaux qui nécessitèrent une direction centralisée et un pouvoir fort, apte à mobiliser un grand nombre d’hommes. Ils construisirent un réseau hydraulique (transport et utilisation de l’eau par le moyen d’aqueducs) et un réseau routier uniques qui recouvrirent l’ensemble de leur Empire, le pourtour méditerranéen comme le nord de l’Europe, réseaux dont nous avons toujours sous les yeux de multiples vestiges. Ce réseau routier ne fut pas seulement construit pour des raisons militaires (déplacements rapides ; ravitaillement des troupes), administratives et politiques, mais aussi pour des raisons économiques, les nombreux travaux d’aménagement des territoires et des villes, les conduisant à rechercher partout des matières premières ( minerais, pierres, etc.) Ce réseau routier était fort de 90 000 km de grandes routes et de 200 000 km de voies secondaires. La chaussée romaine est restée illustre pour ses qualités de résistance et de souplesse dues à sa structure stratifiée composée de plusieurs couches de matériaux superposées. La réalisation de ces réseaux comme celle des constructions monumentales s’appuya sur la mise au point d’un mortier remarquable qui explique que nombre de leurs ouvrages sont encore utilisés (les ponts notamment). La préparation des mortiers et des bétons romains est restée longtemps mystérieuse, ce savoir-faire ayant été perdu dès la chute de l’Empire romain. Il fallut attendre l’époque contemporaine pour retrouver ce savoir-faire. Les Romains perfectionnèrent le travail du verre, notamment le soufflage du verre, ce qui leur permit d’utiliser ce matériau pour faire des récipients (verre creux) mais aussi des vitres (verre plat) qui remplacèrent dans les constructions publiques les plaques de mica, les toiles ou peaux huilées. Sur le plan de l’architecture les Romains perfectionnèrent la technique de la voûte et ils mirent au point celle de la coupole. Je pense toujours à toi, Je t’aime
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satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
Tiens, puisque @riad**s'est insinué sur ce fil , je lui offe ça: Cela ne détonne aucunement. N'est-ce pas de la musique arabo andalouse ? Et puis je me fais plaisir j'aime beaucopu cette musique.. -
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satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
Gustavo Adolfo Bécquer Cette Rima figure dans El libro de los gorriones Como enjambre de abejas irritadas, de un oscuro rincón de la memoria salen a perseguirme los recuerdos de las pasadas horas. Yo los quiero ahuyentar. ¡ Esfuerzo inútil ! Me rodean, me acosan, y unos tras otros a clavarme vienen el agudo aguijón que el alma encona. (Magnifique) Traduction : Robert Pageard Comme un essaim d’abeilles irritées, D’un obscur coin de la mémoire Les souvenirs des heures passées Sortent et me poursuivent. Je veux les faire fuir. Effort inutile ! Ils m’entourent, ils m’acculent Et, les uns après les autres, viennent planter L'aiguillon acéré qui met l’âme en feu. -
Lettre 61-4 12 juin 2020, Samuel, Le développement de la technique des origines jusqu’au XVII siècle E) L’âge grec (à partir de 800 ans avant notre ère) Les Grecs entrèrent dans l’Histoire en entrant dans l’ère scripturaire (scripturaire : relatif à l’écrit). Ils construisirent un alphabet sur le modèle de l’alphabet phénicien conçu environ 1200 ans avant notre ère, alphabet consonantique utilisé pour transposer la langue orale en langue écrite, chaque signe renvoyant à un son. Les Phéniciens étaient un peuple d’origine sémite ayant vécu dans des cités autonomes dans la région qui correspond approximativement au Liban actuel. Les historiens ont repris l'adjectif « phénicien » pour désigner la civilisation qui s'est épanouie dans la région entre 1200 et 300 av. J.-C. Nous pouvons observer, surtout à partir du règne d’Alexandre le Grand (356-323 avant l’E.C.), le rôle capital tenu par l’art de la guerre dans le progrès technique. [Ce rôle est déjà illustré dans l’Iliade et l’Odyssée avec la construction de machines de guerre, tel le cheval de Troie conçu par « l’ingénieur » Ulysse]. Ce rôle est toujours tenu aujourd’hui à travers les recherches militaires financées par les États. Bien sûr l’innovation technique est aussi soutenue par le développement des techniques de production de biens et de services, par les exigences de la santé, etc. mais la guerre (ou la possibilité de la guerre) reste toujours l’un des plus puissants accélérateurs de l’innovation technique. Les ingénieurs employés par Alexandre le Grand développèrent une nouvelle artillerie, appelée névro-balistique qui fit appel à la torsion de textiles ou de tendons d’animaux comme ressorts moteurs (on tord des cordes ou des nerfs, qui, une fois livrés à eux-mêmes, libèrent leur énergie). Balistique : relatif aux armes de jet, névro- : nerf. Ils développèrent aussi la technique de mise sous tension de lames élastiques (bois ou métal) aux extrémités desquelles était reliée une corde, ce qui permit d’améliorer la technique de l’arc. Ainsi l’artillerie passa de l’arc aux catapultes et balistes (dont le principe permit ensuite l’invention de l’arbalète) capables de projeter des traits ou des boulets de pierre à grande distance. Suivit la création de toute une gamme de machines de guerre : béliers, trépans, par lesquels les armées s’attaquaient aux murailles des cités. La technique des fortifications, qu’il s’agisse de les construire ou de les abattre était appelée : la poliorcétique. Toujours dans le cadre de la guerre, mais aussi dans le cadre commercial, les Grecs développèrent l’art de la construction navale. Ils utilisèrent la rame pour employer l’énergie musculaire des esclaves (invention de la trirème, navire à trois niveaux de rameurs), le vent en améliorant les techniques de la voile et le gouvernail pour diriger les navires. La construction d’instruments de guerre et de défense, armement, fortifications, flotte navale mais aussi celle de monuments suscita de multiples inventions, ou leur perfectionnement : le niveau, l’équerre, la poulie, le levier, la vis, le treuil, le plan incliné, le cylindre-piston (qui permit l’invention de la pompe aspirante et foulante, premier dispositif élaboré de mécanique hydraulique), l’engrenage de roues dentées, l’horloge hydraulique, l’assemblage des blocs de pierre (par des crampons en fer installés dans des évidements creusés dans la pierre), l’éolipyle. L’éolipyle fut inventée par Héron d’Alexandrie l’un des plus grands inventeurs grecs, basé à Alexandrie vers le premier siècle après l’E.C. C’était une machine à vapeur composée d’une chaudière remplie d’eau, placée sur le feu. De cette chaudière sortaient deux tubes reliés à une sphère pouvant tourner autour d’un axe horizontal. De cette sphère, deux autres tubes perpendiculaires à l’axe laissaient sortir la vapeur qui, par propulsion, faisait tourner la sphère. Cette machine fut utilisée comme attraction de divertissement. Héron inventa aussi des automates qui eurent pour usage d’être des jouets. De telles inventions démontrent une maîtrise avérée de la mécanique et de l’hydraulique appliquées à la construction de machines, dispositifs réalisant des mouvements complexes. Les Grecs s’intéressèrent aux pierres, minéraux et gemmes, obtenant, tout en continuant à produire du bronze utilisé dans leur statuaire, de nouveaux alliages : laiton, mélange de cuivre et de zinc, électrum, mélange d’or et d’argent, orichalque, métal mythique qui était peut-être du platine, et des objets de parure et d’art dont la fabrication fit l’objet de traités spécifiques appelés lapidaires. Archimède fut l’ingénieur le plus célèbre de la Grèce ancienne. Il exerça son activité à Syracuse (troisième siècle avant notre ère). Il fut l’un des premiers à relier technique et mathématique. Nous convenons aujourd’hui qu’il fut l’inventeur de la statique, étude de l’équilibre des corps, et de l’hydrostatique, équilibre d’un corps flottant. Les Grecs surent utiliser l’écriture pour développer la géométrie (et les mathématiques en général), séparant ainsi l’étude de l’action. En étudiant des simulations représentées par des figures et des mots (ou chiffres) écrits sur des supports idoines ils affinèrent leurs techniques. Cette séparation étude-action ils l’utilisèrent aussi dans le domaine juridique et politique, la philosophie apparaissant comme une étude de simulation et de motivation des actions sociales possibles avant réalisation. Bon courage avec ton maître de danse, les Cosaques du Don ne rigolent pas avec le travail ! Je pense à toi, Je t’aime
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Manuel Machado né à Séville en 1874- mort à Madrid en 1947 L’ombre de son glorieux cadet Antonio et, dans un autre domaine, le fait qu’il se soit activement rallié au franquisme dès juillet 1936 alors que tout ce qui comptait dans la vie intellectuelle espagnole prenait les chemins de la lutte ou de l’exil, pèsent, sans doute injustement, eu égard à l’intérêt qu’elle présente, sur l’œuvre de ce poète. Du recueil Alma de 1900, ce poème a le grand ou le triste privilège de mettre en place tout ce qui deviendra l’image stéréotypée d’une Andalousie pour touristes en quête d’exotisme hispanique : le vin et la treille, l’ombre fraîche et le garçon brun, le destin fatal et le fatalisme, forcément lié à l’ascendance maure, les notes caressantes et déchirantes de la guitare, et la mort, bien sûr, plus présente et plus noire ici qu’ailleurs. Mathilde Pomès. Cantares Vino, sentimiento, guitarra y poesía hacen los cantares de la patria mía. Cantares... Quien dice cantares dice Andalucía. A la sombra fresca de la vieja parra, un mozo moreno rasguea la guitarra... Cantares... Algo que acaricia y algo que desgarra. La prima que canta y el bordón que llora... Y el tiempo callado se va hora tras hora. Cantares... Son dejos fatales de la raza mora. No importa la vida, que ya está perdida, y, después de todo, ¿qué es eso, la vida?... Cantares... Cantando la pena, la pena se olvida. Madre, pena, suerte, pena, madre, muerte, ojos negros, negros, y negra la suerte... Cantares... En ellos el alma del alma se vierte. Cantares. Cantares de la patria mía, cantares son sólo de Andalucía. Cantares... No tiene más notas la guitarra mía. Traduction : Mathilde Pomès Cantares Vin, sentiment, guitare et poésie Composent les chansons de ma patrie ; Cantares… Qui dit cantares dit Andalousie. À l’ombre fraîche d’une vieille treille, Un garçon brun pince la guitare ; Cantares... Un je ne sais quoi qui flatte et déchire. La prime qui chante, le bourdon qui pleure. Le temps en silence coulant heure à heure, Cantares... Reliquat fatal de la race maure. Qu’importe la vie, d’avance perdue ? Et puis, après tout, qu’est cela, la vie ? Cantares... En chantant sa peine, sa peine, on l’oublie. Mère, peine, sort ; peine, mère, mort, Des yeux noirs, très noirs et le sort plus noir... Cantares... Dans les cantares, l’âme s’y épanche. Cantares, cantares de mon pays, Cantares qui ne sont que d’Andalousie ; Cantares... Voilà la guitare à bout de ses notes. -
Lettre 61-3 10 juin 2020, Samuel, Le développement de la technique des origines jusqu’au XVII siècle D) De la création des premiers États jusqu’à l’âge grec La formation des premiers États provoqua un essor considérable des savoir-faire techniques. Cette formation reste encore mal connue. Elle ne concerna que quelques régions du globe, là où la sédentarité et l’agriculture spécialisée dans les cultures céréalières s’imposèrent, en Mésopotamie, en Égypte, dans la vallée de l’Indus (Pakistan actuel) dans la vallée du fleuve jaune en Chine et dans le sud-est du Mexique actuel. Puis la structure sociale de l’État diffusa progressivement et lentement à travers le monde. Les caractéristiques d’un État naissant sont la formation d’une classe sociale spécialisée dans la prise en charge des travaux d’intérêt général (irrigation, drainage, voirie, traitement des déchets), dans la planification sociale et technique de ces travaux d’envergure, dans la mise en place et l’entretien d’une armée, dans la planification juridique et religieuse des pratiques sociales, dans les fonctions de direction et de décision centrales et dans la collecte de l’impôt, prélèvement sur les productions agricoles et animales pour subvenir aux besoins et désirs de cette classe et des femmes et hommes qu’ils emploient. Pour qu’un État apparût il fut nécessaire que les agriculteurs et les éleveurs arrivent à un degré de spécialisation telle qu’ils ne pouvaient plus faire d’autres métiers que le leur. Cette spécialisation fut provoquée, après des millénaires de sélection, par l’émergence de variétés végétales et d’espèces animales domestiques certes adaptées aux besoins et aux goûts des hommes mais ne pouvant plus exister à l’état sauvage, d’où la nécessité de leur prodiguer des soins constants. Ainsi la domestication des végétaux et des animaux conduisit à ce paradoxe : la domestication en retour des agriculteurs et des éleveurs obligés de s’en occuper à plein-temps. Cette dépendance annula la mobilité de ces hommes qui, rivés à leur terres et à leur troupeaux, ne pouvaient plus retourner à une vie sauvage ou barbare faute de ne plus être adaptés à une telle vie. (Exception parfois faite pour les éleveurs qui partaient en poussant devant eux leurs troupeaux, ce que fit Abraham quand les conditions de vie en Mésopotamie se dégradèrent). Cette sédentarité forcée les assujettit à la nouvelle classe de fonctionnaires et de de dirigeants. Dans la réalité la forme État des sociétés eut du mal à s’imposer. La plupart des premiers États ne survécurent pas longtemps les populations finissant quand même par s’enfuir pour retourner à une vie nomade. Mais quand la spécialisation fut trop poussée, quand les changements climatiques rendirent encore plus dépendants les petits producteurs de la réalisation de travaux collectifs indispensables à la continuité de leurs exploitations (en cas de sécheresse les travaux d’irrigation nécessaires ne pouvaient être réalisés que sous la direction d’une classe sociale spécialisée dans l’ingénierie de tels travaux) des États finirent par s’imposer dans les régions mentionnées ci-dessus. Si les États apparurent là où étaient cultivées des céréales c’est que le prélèvement de l’impôt en était rendu aisé. Les céréales ont un cycle de végétation donné, elles poussent au-dessus du sol, donc elles sont faciles à repérer et à visiter lors de la récolte du grain qui arrive à date fixée. De plus leur production est aisément mesurable, divisible et stockable. Les fonctionnaires chargés de déterminer l’assiette de l’impôt faisaient un état précis des lieux : repérage des terres, recensement des populations, cadastre (d’où l’importance des géomètres), évaluation des rendements possibles, têtes de bétail. L’impôt était ensuite déterminé et le plus souvent payé en nature par livraison de quantités de grain données. Ce prélèvement était ensuite utilisé pour nourrir les personnes employées dans les entreprises d’État, les fonctionnaires et les dirigeants. Ces prélèvements obligèrent les exploitants à augmenter leur production puisqu’ils devaient dégager un surplus pour nourrir d’autres populations que leurs familles. L’impôt contraignit les agriculteurs et les éleveurs à rentrer dans des pratiques productivistes contraignantes. Il y eut une fuite devant les métiers de la terre, devenus pénibles, pour tenter de trouver des emplois dans les administrations. D’où le recours à des esclaves forcés d’accepter ces travaux, esclaves acquis soit par échange commercial soit comme prise de guerre. Même des travaux artisanaux, soumis eux aussi au prélèvement fiscal évalué en espèces, finirent par être désertés. Ainsi dans la principauté d’Uruk en Mésopotamie les métiers du textile furent assurés par des esclaves femmes. La généralisation de l’esclavage finit par influencer des esprits comme Aristote qui prenait les esclaves pour des êtres captifs, domestiqués, devenus pour lui de simples outils de production. Les contrôles des fonctionnaires conduisirent ces derniers à tenir une comptabilité des biens recensés. Cette comptabilité donna naissance aux nombres et à l’écriture. Néanmoins il ne s’agissait pas encore d’une écriture destinée à signifier les sons mais d’une écriture destinée à visualiser les biens recensés, d’où une écriture universelle, non soumise aux dialectes alors parlés : les écritures cunéiformes et hiéroglyphiques. Cet effort de comptabilité conduisit à normaliser le système des mesures (poids, capacités, distances). Ainsi la création des États donna naissance à des savoir-faire de nature intellectuelle, qui déterminèrent plus tard l’essor de la civilisation : les mathématiques et l’écriture. Avec la création des premiers États apparurent ce que nous avons coutume d’appeler les temps historiques, qui commencèrent vers 3200-3000 ans avant notre ère. Les techniques se divisèrent en techniques « lourdes » mises en œuvre par les États, dans l’exploitation des ressources naturelles, l’urbanisme, la construction de bâtiments, de monuments et de murailles pour défendre les cités, les techniques militaires, et l’histoire des techniques « fines » essentiellement caractérisée par la mécanique notamment les métiers à tisser. D’importantes infrastructures hydrauliques furent mises en œuvre notamment en Égypte : barrages, canalisations des cours d’eau, construction de digues et de canaux. Pour monter l’eau dans les champs ou dans les canaux d’irrigation les Mésopotamiens et les Égyptiens utilisèrent la technique du chadouf (tu peux en trouver le fonctionnement sur internet). Les Mésopotamiens construisirent aussi des aqueducs pour acheminer l’eau dans les villes. Ces travaux d’intérêt général concoururent à l’amélioration des rendements agricoles et à l’amélioration des conditions de vie des populations. Des travaux non moins importants d’urbanisme furent mis en œuvre notamment dans la vallée de l’Indus : réseaux hydrauliques répondant aux besoins d’hygiène publique, canalisations alimentant des bains publics et évacuant dans des égouts les eaux usées, chauffage des bains par un système d’hypocauste (chauffage par le sol). Les mesures d’hygiène étaient d’autant plus nécessaires que les populations sédentaires étaient couramment infectées par quantité de bactéries, de virus et de parasites qui parfois les anéantissaient en grande partie (le confinement était pratiqué pour lutter contre la contagion des personnes contaminées). Un système de voirie facilitant les communications fut mis en place dans toutes les cités-États. En Mésopotamie où affleuraient des hydrocarbures (pétrole) ceux-ci furent utilisés pour fabriquer le bitume pour l’imperméabilisation des toitures et des digues, pour le calfatage des bateaux, pour l’éclairage, et pour la fabrication de mortiers d’assemblage des briques ou des pierres de construction que les Mésopotamiens importaient [un mortier est un assemblage de sable et de gravier utilisant un liant, le ciment aujourd’hui, le bitume jadis]. L’Égypte qui disposait le long du Nil de carrières de grès, de calcaire et de granit, se lança dans des constructions monumentales, à caractère religieux, qui frappent toujours notre imagination : obélisques, pyramides, temples. En revanche en Mésopotamie, pauvre en pierres, les sanctuaires et les ziggourats (temples en forme de pyramide à étages) furent bâtis en briques crues. Une brique crue ou brique en terre crue est une brique faite de terre ou de limon mélangé à de la paille. Le mélange est ensuite mis dans des moules, afin de donner aux briques des formes identiques. Elles sont enfin séchées au soleil. Enfin le développement des échanges entraîna le développement des transports. Les Égyptiens développèrent surtout le transport fluvial (construction de bateaux, invention de la voile carrée) et les Mésopotamiens utilisèrent surtout des véhicules à roue (invention de la roue en Mésopotamie 3500 ans avant notre ère). Bon courage pour la reprise des cours de danse, du maniement du sabre et de musique. J’espère que tu pourras bientôt reprendre tes activités équestres. Je t’embrasse, Je t’aime
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satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
Miguel de Unamuno né à Bilbao en 1864- mort à Salamanque en 1936 Le plus cultivé des écrivains de sa génération et aussi le plus combatif. Favorable en juillet 1936, au soulèvement franquiste, il le désavoue dès le mois d’août. Le 12 octobre, fête du Día de la Raza, aux cris poussés par les militaires « À bas l’intelligence », il répond « Vous vaincrez mais vous ne convaincrez pas » ! Confiné chez lui il meurt en décembre de la même année. Le poème est extrait du livre Teresa. Rimas de un poeta desconocido presentadas y presentado por Miguel de Unamuno ( Rimes d’un poète inconnu présentées et présenté par Miguel de Unamuno). Oigo el susurro de la Muerte que llega, Paso aterciopelado de pie desnudo, Cauteloso arrastrarse como de ciego Que a tientas husmea, con olfato agudo. Y al sentir de su ala-mano el nimbo del aire, Conteniendo el resuello, me apelotono ; Del bastión del misterio, quieto al socaire Apretando los párpados me abandono. Me hago así el muerto, como un escarabajo ; ¡ Qué cobardía ! pues es morir dos veces, Y en este juego oscuro ¡ duro trabajo ! Del poso de la vida gusto las haces. ¡ Ay lo que cuesta resignarnos al sino ! Por no morir, morimos huyendo muerte : ¡ Ah, caminante, que apuras el camino, Hasta el fin no se toca toda la suerte ! Dime tú mientas doy mis quejas al viento Al oído la ley de tu corazón, Que mi pecho así cobre el último aliento, Aliento final de la resignación ! Traduction : Yves Aguila J’entends le bruissement de la Mort qui approche, Pas de velours, feutrés comme ceux des pieds nus, Glissement cauteleux tel celui de l’aveugle, Qui flaire en tâtonnant, d’un odorat aigu. Et quand je sens son aile-main me nimber d’air, Je me recroqueville, en retenant mon souffle ; Puis, tranquille à l’abri du bastion du mystère, Je ferme les paupières et je me laisse aller. Je fais ainsi le mort, comme le scarabée ; Oh, lâcheté ! car c’est mourir à deux reprises, Et à ce sombre jeu, oh ! pénible torture, Je bois la lie, le dépôt trouble de la vie. Ah ! qu’il est dur de se résigner au destin ! Pour éviter la mort, mourir en la fuyant : Ah ! voyageur, toi qui achèves ton voyage, C’est au bout du chemin qu’on connaît tout son sort ! Toi, cependant qu’ainsi je jette au vent mes plaintes, À l’oreille dis-moi ce qui régit ton cœur, Pour que le mien puisse y puiser son dernier souffle, C’est le souffle final de la résignation -
Lettre 61-2 9 juin 2020, Samuel, Le développement de la technique des origines jusqu’au XVII siècle C) L’invention de la métallurgie Pendant le néolithique les hommes eurent l’occasion de trouver des pierres de bel aspect, jaune, bleu ou rouge qui devenaient brillantes au polissage, technique qu’ils venaient d’inventer. Il s’agissait soit de métaux à l’état pur, or, argent, cuivre, soit de minerais de ces métaux. Puis ils découvrirent qu’il était possible de les façonner par martelage sans que ces pierres cassent. Néanmoins ils n’en voyaient pas d’usage possible sauf à en faire des parures (le goût des parures entraîna le développement de la métallurgie de l’or et de l’argent). Quand ils furent devenus de bons céramistes ils soumirent dans leurs foyers de potiers ces pierres au feu et ils se rendirent compte qu’elles fondaient, surtout le minerai de cuivre dont le point de fusion était suffisamment bas pour que la température des fours l’atteigne. A l’aide du feu de bois ils produisirent du charbon de bois. Quand, sous le feu, ils mirent en contact dans leurs fours aux parois et au fond couvertes de plâtre (élément réducteur) charbon de bois et minerai de cuivre ils virent apparaître une pierre rouge et fusible : le cuivre. Ils venaient de réaliser la réduction du minerai de cuivre en cuivre. Ils créèrent alors des moules afin de donner les formes qu’ils voulaient au cuivre en fusion. Ainsi inventèrent-ils l’art du moulage. Mais le cuivre n’était pas assez dur pour qu’ils puissent en faire un usage courant. Ils réalisèrent ensuite la réduction de la cassitérite (minerai d’étain) en étain, et quand ils eurent la curiosité de mélanger le minerai de cuivre avec la cassitérite ils eurent la surprise d’obtenir un nouveau métal : le bronze. Cet alliage de cuivre et d’étain, de couleur brune, s’avéra assez dur pour en faire des outils et des armes rivalisant avec la pierre. Ils inventèrent notamment le long couteau, ancêtre des sabres et des épées. Ainsi les hommes du néolithique, vivant en Mésopotamie (et en Anatolie), inventèrent l’art de la métallurgie ouvrant l’usage des métaux. Ils firent rentrer l’humanité dans l’âge de bronze qui dura environ de 3200 à 1000 ans environ avant notre ère (l’âge de bronze apparut après la création des États). [Conventionnellement nous nommons aussi le néolithique, qui précéda l’âge de bronze, par : l’âge de pierre.] L’âge de fer succéda à l’âge de bronze vers 1000 ans avant notre ère dans la région méditerranéenne et dura, toujours conventionnellement, jusqu’à 300 ans environ avant notre ère. La métallurgie du fer fut créée par les Hittites peuple installé en Anatolie. Cette métallurgie exigeait un savoir-faire pointu pour obtenir des températures très élevées dans les fours (l’augmentation de la température fut obtenue notamment par la création de soufflets). Le fer permit de fabriquer des armes plus percutantes, des instruments aratoires plus efficaces (araire et charrue pourvues de soc en fer) et des outils plus résistants à l’usage (haches et faucilles). Pendant le développement de la métallurgie les Égyptiens, grâce à des fours de plus en plus efficaces, produisirent la chaux (par chauffage intense de pierres calcaires) et le verre par chauffage de sable et de natron (carbonate de sodium). Je pense à toi, Je t’aime
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satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
Gerardo Diego né à Santander en1896- mort à Madrid en 1987 Du livre Versos humanos, ce sonnet, dans lequel le cyprès s'élance en gerbe d’eau jaillissante, fuse comme lance ou flèche de cathédrale, devient délire d’ascension verticale, est unanimement salué comme un prodige de perfection. G. Correa Antología de la poesía española. Enhiesto surtidor de sombra y sueño que acongojas el cielo con tu lanza. Chorro que a las estrellas casi alcanza devanado a sí mismo en loco empeño. Mástil de soledad, prodigio isleño, flecha de fe, saeta de esperanza. Hoy llegó a ti, riberas del Arlanza, peregrina al azar, mi alma sin dueño. Cuando te vi señero, dulce, firme, qué ansiedades sentí de diluirme y ascender como tú, vuelto en cristales, como tú, negra torre de arduos filos, ejemplo de delirios verticales, mudo ciprés en el fervor de Silos. Traduction : Nadine Ly Le cyprès de Silos Gerbe élancée de rêve et d’ombre Dont la lance alarme le ciel, Flot qui fuse jusqu’aux étoiles Et se dévide en fol effort : Mât solitude, île prodige, Flèche de foi, sagette d’espérance. Aujourd’hui vient à toi, près de l’Arlanze Pérégrine et sans but, mon âme libre. Quand je t’ai vu, fier, doux, tenace, Quel désir m’a saisi de me dissoudre En pur cristal, pour jaillir comme toi ! Comme toi, noir clocher au lignes dures, Modèle de délires verticaux, Cyprès muet dans la ferveur du cloître. -
Lettre 61-1 5 juin 2020, Samuel, Le développement de la technique des origines jusqu’au XVII siècle B) La révolution néolithique Il y a environ 15 000 à 10 000 ans des réchauffements climatiques importants modifièrent l’environnement. La fonte des glaciers libéra des terres, des mers apparurent et le rayonnement solaire plus intense favorisa le développement des forêts, de la flore et de la faune. La première conséquence de ces changements environnementaux fut de provoquer la sédentarisation (bien avant la pratique de l’agriculture). Les hommes se regroupèrent autour de lieux giboyeux où poussaient aussi naturellement des céréales sauvages, telles le blé sauvage et l’orge dont il suffisait de récolter les graines. La sagaie et son propulseur furent remplacés par l’arc plus adapté à la chasse sous couvert végétal. La sédentarisation favorisa la fabrication de récipients en terre cuite et le développement de la céramique : art de fabriquer des poteries, concurremment aux récipients en peau caractéristique des modes de vie nomade. L’exploitation des céréales sauvages, avant même leur domestication, entraîna l’invention de la faucille, du van, du mortier et du pilon. Nous voyons donc qu’une partie de l’outillage propre à « travailler » les céréales et les légumineuses sauvages apparut avant l’agriculture. La sédentarisation provoqua le recours à des méthodes de construction de l’habitat nouvelles. Au lieu de creuser des fosses pour y vivre, les hommes commencèrent à construire des murs en dur et à recourir au travail du bois pour les toitures et le mobilier. Ainsi fut inventée l’herminette ainsi que la technique du polissage permettant d’obtenir des haches au tranchant plus régulier et plus résistant face à un usage devenu plus intensif. La révolution néolithique continua, après la sédentarisation, avec l’apparition de l‘agriculture mais aussi avec celle de l’élevage, c’est-à-dire avec la domestication par l’homme des céréales et légumineuses sauvages ainsi que d’animaux tels que chèvres et moutons. L’agriculture conduisit au perfectionnement des outils précédemment inventés ainsi qu’à l’invention de la houx et d’une technique de l’emmanchement recourant à la ligature de la lame de pierre sur un manche en bois. La houx fut utilisée pour retourner la terre, l’égaliser et la creuser de sillons où déposer les grains. La houx comme l’herminette recouraient à la percussion perpendiculaire. Nous pouvons noter aussi l’invention du bâton à fouir, pour l’enfouissement des graines, technique toujours employée dans certaines populations d’Amérique du sud. Plus tard l’agriculture conduisit à la vannerie, art du tressage des fibres végétales, et l’élevage conduisit à la confection de tissus par le filage et le tissage (d’abord à partir de fibres textiles d’origine animale, telle la laine, puis, bien plus tard d’origine végétale comme le coton). Le travail du gypse, confié à des artisans spécialisés dans les savoir-faire de mélanges de matériaux idoines et leur mise sous température élevée (grâce à la maîtrise du feu) permit d’inventer le plâtre utilisé dans la construction des habitats. Ce travail ouvrit la voie à l’art de la métallurgie. C’est ainsi que conventionnellement le néolithique s’acheva et fut remplacé par l’âge de la métallurgie qui commença avec le travail du bronze environ 3000 ans avant notre ère. La domestication des végétaux et des animaux fut un événement crucial dans l’évolution sociale de l’homme. Cette décision ne fut pas prise d’un seul coup et surtout elle n’emporta pas aussitôt l’adhésion des populations. Ce fut un processus très long. Longtemps le nomadisme fit concurrence à la sédentarisation et à la pratique de l’agriculture. Cette pratique entraîna une sédentarisation de plus en plus contrainte en fixant l’homme à la terre cultivée. Elle entraîna aussi l’apparition des États qui à leur tour bouleversèrent la vie sociale des hommes. Enfin cette domestication changea le regard que jetait l’homme sur la nature. Une nature de plus en plus domestiquée est vouée à devenir une nature de moins en moins respectée. Par ailleurs la sélection continuelle des végétaux et des animaux domestiqués conduisit à créer des variétés et des espèces qui, aujourd’hui, ne sont plus capables de vivre à l’état sauvage ce qui rend problématique la possibilité pour l’homme de revenir à un état naturel « sauvage ». C’est là une limite à l’idéal écologique du retour à la nature. Nous pouvons observer l’étonnante plasticité du cerveau humain et sa capacité à évoluer dans l’accomplissement d’actes de plus en plus complexes sans pour autant avoir besoin de mutations. Il est donc arrivé un moment dans l’évolution où un être vivant n’évolue plus par transformation génétique mais par mise en œuvre d’un potentiel cérébral préexistant, sans cesse en développement, stimulé par l’expérience et conforté par des acquis transmis de génération en génération. Note : Les céréales sont des plantes cultivées pour leurs graines Elles comprennent, entre autres, le blé, le riz, l’orge, le millet ou l’avoine. Ce sont des graminées. Les légumineuses fournissent les légumes secs, graines séchées de gousses ; les plus connues sont les haricots secs, les lentilles, les fèves et les pois. Je t’embrasse, Je t’aime
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Lettre 61 3 juin 2020, Samuel, Le développement de la technique des origines jusqu’au XVII siècle A) Des origines jusqu’à la révolution néolithique La technique est l’ensemble des moyens matériels (instruments) et immatériels (savoir-faire) inventés, fabriqués, conçus par l’homme pour assurer sa défense et pour arriver à ses fins. La technique concerne des savoir-faire qui ne sont pas donnés automatiquement, sans délibération mentale. Elle est transmise par la communication, la transmission d’individu à individu. Chez les hommes les savoir-faire sont transmis par la parole, par l’écrit et par l’exemple. Chez certains animaux la transmission des savoir-faire d’origine sociale (non génétiques) se fait par l’exemple. Ainsi le petit fauve apprend à chasser en regardant faire ses parents. Il y a donc, rattachées à la technique, trois notions essentielles : la décision (la délibération, la recherche mentale) la fabrication et la transmission. Il est convenu de dissocier invention et innovation. L’innovation est une invention qui « marche » c’est-à-dire qui se révèle utile au groupe social. Une invention peut ne pas être une innovation si elle ne sert finalement à rien. Nous verrons, surtout au moment de la révolution industrielle du XVIII siècle, combien la technique fut essentielle dans le développement économique industriel, comment elle permit la production de masse. Aujourd’hui le développement de notre civilisation va toujours de pair avec le développement technique. La technique, d’abord savoir-faire intuitif et expérimental, exclusivement acquis par la répétition et l’apprentissage donna naissance à la science, qui permit le développement du machinisme, les machines étant des instruments capables de faire des « gestes » à la place de l’homme. Alors qu’à l’origine la technique consacrait la domination de l’homme sur l’outil (l’outil était un prolongement du corps de l’homme) avec la science et l’explosion du machinisme c’est parfois l’homme qui est dominé par la machine dont il est devenu le prolongement. Cet asservissement de l’homme à la machine est figuré avec maestria par Fritz Lang dans son film « Metropolis » mais aussi par Charlie Chaplin dans son film « les Temps modernes ». La première apparition significative d’un savoir-faire technique fut la fabrication d’outils par Homo habilis, il y a 2,5 millions d’années, homo qui vivait en Afrique, aux capacités encore frustres (petit cerveau). Il mit au point « le galet aménagé» appelé aussi « chopper », obtenu par simple percussion, qui lui permit de racler la viande, de briser les os pour en prendre la moelle, de tailler des branches, etc. Près d’un million d’années plus tard, après la disparition d’habilis, d’autres espèces d’homo, proches les unes des autres, au cerveau plus développé, souvent désignés par l’un de leur représentant : homo erectus, mit au point le biface, outil en pierre effilé et très tranchant, préfiguration du poignard, qui permit à homo de tuer des animaux autant pour se défendre que pour se nourrir. Puis entre 800 000 et 400 000 ans avant notre ère, homo (nous ne savons pas quelle espèce précise d’homo domestiqua le feu) inventa le feu. Inventer signifie ici non pas le créer (le feu existait indépendamment de l’action humaine) mais le domestiquer c’est-à-dire le capturer, l’entretenir, le produire et l’utiliser. Homo utilisa le feu pour aménager le territoire (incendie), se chauffer, s’éclairer et cuire les aliments. La cuisson rendit la digestion plus facile, libérant une énergie qui en retour alimenta le cerveau ce qui favorisa l’émergence de nouvelles facultés cognitives (facultés de connaître). Puis apparut l’homo neanderthalensis, l’homme de Néandertal, très proche de nous (une sorte de cousin germain) il y a environ 250 000 ou 300 000 ans. Il explora l’Europe et une partie de l’Asie. Avec lui les savoir-faire techniques s’accumulèrent. Au début les chercheurs estimèrent que Néandertal était une brute épaisse avant de se rendre compte que la capacité volumétrique de son cerveau était la même que la nôtre (parfois même plus volumineux). Puis ces mêmes chercheurs estimèrent que cet homo n’était pas doté du langage. Mais aujourd’hui, après analyse des fossiles, il est bien possible que cet homme ait développé un langage aussi riche que le nôtre. Bref pour le moment nous restons encore indécis quant aux facultés cognitives de cet homo (qui enterrait ses morts et semble avoir développé des activités artistiques, les morts étant par exemple couchés sur des lits de fleurs choisies). Néandertal mit au point de nouvelles méthodes de travail de la pierre dites méthode « Levallois ». Il débitait un grand nombre d’éclats de pierre dont il parvenait à déterminer préalablement les formes, fabriquant ainsi toute une gamme d’outils et d’armes diversifiés : pointes de chasse, racloirs, couteaux, etc. Il saisissait ses outils avec des protections de peau et de végétaux, sorte de manches rudimentaires. [Le séquençage de l'ADN néandertalien a montré un « flux de gènes » ancien entre Néandertal et Sapiens. Les humains actuels non africains possèdent entre 1,8 et 2,6 % de gènes néandertaliens, acquis par croisement ( ce qui illustre la proximité de Néandertal et de Sapiens) et plus de 30 % du génome de Néandertal survit dans l'ensemble de la population actuelle à différents endroits de notre génome]. Homo sapiens, nous donc, apparut il y a environ 150 000 ans en Afrique. Il y a 70 000 ans sous la contrainte d’un changement climatique il passa l’isthme de Suez et il alla coloniser toute la terre allant jusqu’en Amérique par le détroit gelé de Béring. Il est connu familièrement sous le nom de Cro-Magnon. Il mit au point une nouvelle méthode de taille du silex, le débitage laminaire qui permit d’obtenir de grandes quantités de lames longues et tranchantes. Il sut façonner des pointes de chasse très perfectionnées en pratiquant la retouche par pression sur la roche et il mit au point l’emmanchement des outils. Il utilisa le feu dans les processus de fabrication chauffant les blocs de silex à 280 degrés ce qui provoquait la vitrification du silex et l’obtention d’un tranchant coupant comme du verre. Il inventa le harpon et la sagaie munie d’un propulseur. L’invention du propulseur fut une étape importante dans l’évolution de la pensée technique car la mise au point du mécanisme demandait des facultés cognitives déjà bien développées. Le fonctionnement de ce propulseur est illustré dans la vidéo donnée ci-dessous en référence. Sapiens inventa aussi l’aiguille à chas qui permit de développer la couture. Avec le développement technique nous observons l’apparition de préoccupations immatérielles : l’inhumation des morts par exemple mais aussi le développement des arts (peintures rupestres des grottes Chauvet de des grottes de Lascaux). Il est curieux à cet égard de lire les commentaires des chercheurs actuels. Certains vont affirmer, avec assurance, que ces peintures étaient un moyen magique pour sapiens de capturer l’esprit des animaux avant de les chasser. Mais d’autres diront au contraire que ces peintures exprimaient le respect de sapiens pour la puissance de certains animaux sauvages qu’il se gardait de chasser. Nous voyons par ces différences d’appréciation que les sciences humaines sont loin d’être objectives et que les chercheurs souvent projettent sur les hommes du passé leur propres obsessions d’aujourd’hui qui n’ont peut être rien à voir avec les préoccupations de nos ancêtres. Puis le développement technique prit un envol rapide au moment de la révolution du néolithique. https://www.youtube.com/watch?v=OkIKbSZIWJ4 Note 1 : Le paléontologue étudie les restes fossiles des êtres vivants du passé et tente de restituer les modes de vie et les évolutions organiques. L'anthropologue étudie l'être humain en général sous tous ses aspects, physiques et culturels. L’ethnographe étudie sur le terrain la culture et le mode de vie de peuples ou de milieux sociaux donnés, qu’ils soient anciens (société primitives) ou contemporains. L’ethnologue formule des conclusions générales issues de ses observations. Note 2 : Les êtres vivants sont classés selon un ordre proposé par Carl von Linné en 1735 dans son ouvrage Systema Naturae, ordre toujours conservé. Au sommet les règnes (au nombre de deux : règne animal et végétal), puis les embranchements puis les classes puis les ordres puis les familles puis les genres et enfin les espèces. Homo (qui comprend les espèces homo habilis, homo erectus, homo sapiens, etc.) est un genre qui fait partie de la famille des Hominidés laquelle comprend aujourd’hui, outre, l’Homo, l’Orang-Outan, le Gorille et le Chimpanzé. Les Hominidés font partie de l’ordre des primates et de la classe des mammifères. Aujourd’hui dans le genre homo, seul sapiens a survécu, toutes les autres espèces d’homo ont disparu. Je t’embrasse, Je t’aime
