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Seiyar

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Tout ce qui a été posté par Seiyar

  1. Salut Deja-utilisee, Merci pour ton commentaire de post. Je réagis sur un point essentiel. Je crois qu'il y a, selon moi, une confusion dans ta définition de sagesse. La sagesse, ça veut dire prendre du recul. Le comportement non-sage, c'est agir sans recul, c'est a dire ne pas tout prendre en considération, en l’occurrence l'avis d'autrui. Le comportement sage, c'est prendre du recul: c'est peser le pour et le contre, donc adopter plusieurs points de vues (en l’occurrence celui d'autrui). "sagesse" = "prise de recul" donc "aimer la sagesse" (autrement dit "philosopher") = "aimer la prise de recul". Ce qu'aime le philosophe, ce n'est donc pas le juste ou le bon qu'il a réussi à percevoir, mais d'avoir simplement réussi à percevoir ce qui est juste et bon. Le philosophe est un "ami de la sagesse" car celle-ci l'aide uniquement à distinguer le juste du faux, le bon du mauvais, etc... mais ne lui impose pas d'adopter le juste (au lieu du faux) ou le bon (au lieu du mauvais) car cette sagesse n'est, encore une fois, purement et simplement, qu'une prise de recul froide sur les événements, rien de plus. Prendre du recul, c'est comme se positionner au sommet d'une montagne pour observer le paysage dans le but d'en avoir un aperçu complet pour mieux en cerner la réalité ("mon village me paraissait plus grand que le village voisin, mais je me rend compte, vu d'ici, que c'est l'inverse, je m'étais donc trompé"). Ce qui intéresse le philosophe, c'est donc au final, comme je disais depuis le début, de se positionner dans un endroit "haut perché" pour mieux dépeindre une réalité, de la manière la plus juste possible (pour reprendre la métaphore avec le dessinateur, une fois "haut perché" le philosophe élabore une analyse intellectuelle quand le dessinateur élabore une analyse visuelle - contrairement à ce que tu dis, il y a bien une notion d'analyse chez le dessinateur, mais à un niveau bien moindre je te l'accorde).
  2. Salut Deja-utilisee, Ok, je crois que je commence maintenant à mieux comprendre le sens du débat. Voici mon avis. Effectivement, quand on est sage, de la même manière qu'on pèse le pour et le contre dans un débat théorique pour cerner au mieux la vérité, on va de la même manière adopter plusieurs points de vue dans une situation banale du quotidien afin de déterminer la meilleure façon d'agir, et on pourra alors parler d'éthique dans le sens où on n'agira pas seulement pour son propre bien, mais aussi pour le bien d'autrui puisqu'on aura aussi pris en compte le point de vue d'autrui dans notre décision. Aujourd'hui, l'éthique devient de plus en plus un comportement standard, attendu de tous. De nos jours, un comportement qui ne serait pas éthique, même au plus bas de l'échelle sociale, ne serait pas considéré comme "normal". Je ne pense pas que l'éthique soit aussi répandue il y a de ça 2000 ans, où la grande majorité des gens n'avaient aucune instruction. Sous-éduqués, les gens devaient nécessairement être plus intuitifs, plus instinctifs, posséder moins de recul, et donc devaient agir en pensant selon leur propre point de vue et pas selon celui d'autrui. Dans un tel contexte, la personne sage qui pensait en terme de bien commun et d'éthique détonnait probablement fortement avec le reste de la société. Plus le déséquilibre est grand, et plus on est tenté de rétablir l'équilibre, donc les philosophes, qui avaient des lumières bien plus importantes que le reste de la population, ne serait-ce que parce qu'ils savaient lire ou qu'ils avaient voyagé, avaient probablement envie de montrer et faire partager leur immense savoir auprès d'autrui, leur savoir-vivre, leur savoir-être et ressentaient peut être même aussi un peu le devoir d'éduquer le reste d'une population si ignorante à leurs yeux, d'où la notion de déontologie (devoir implicite de bonne conduite). Mais aujourd'hui, est-ce toujours le cas? Les philosophes ont-ils toujours des lumières bien plus grandes que le reste des gens? Rien n'est moins sûr. L'imprimerie, l'éducation de masse, Internet ont permis d'offrir au commun des mortels un savoir minimal probablement supérieur au savoir maximal des grands philosophes de l'époque. Les gens ont donc acquis de facto du recul, et deviennent tous un peu philosophes à leur échelle (comme je disais au début, l'éthique est même devenu un comportement standard). Le philosophe contemporain n'a donc plus grand chose à apprendre à autrui, sinon éclaircir, préciser ou contredire certains raisonnements approximatifs auxquels le commun des mortels n'a pas le temps de penser ou qui n'en n'aurait pas l'envie ou les capacités. Imaginons un philosophe qui aujourd'hui comprendrait bien plus de choses que le reste de la population, un peu comme à l'époque de la Grèce antique; supposons par exemple qu'il découvre, grâce à une réflexion exceptionnellement approfondie, la raison pour laquelle l'Homme est sur Terre; il se sentirait alors probablement obligé de faire partager cette découverte, car une telle vérité est trop importante pour être ignorée du reste du monde. Et dans son comportement quotidien, ce philosophe, connaissant la raison pour laquelle il est sur Terre, va pouvoir agir en ayant pleinement conscience de cette nouvelle vérité, et risque alors de modifier son comportement en conséquence, et inciter les autres à en faire de même. Conclusion: d'après moi, vivre selon ses principes et promouvoir ses principes auprès d'autrui a surtout du sens lorsqu'il existe un réel décalage de connaissance et de culture. A mesure que ce décalage diminue, les "sachants" se sentent moins tentés de partager un savoir qui ne va pas apporter grand chose à autrui, et se retrouvent du coup dans une position moins légitime pour éduquer (par l'exemple comme par le transfert de connaissance) une population de plus en plus autonome, philosophiquement parlant.
  3. Salut Deja-utilise, Pour mieux t'expliquer ma métaphore avec le dessinateur, voici comment mes 3 ingrédients fondamentaux du philosophe se retrouvent, selon moi, chez le dessinateur: Le recul: en philosophie, sur un sujet donné, il existe souvent plusieurs points de vues. Et la vérité se compose souvent de tous ces points de vue à la fois. Donc pour représenter de la manière la plus juste possible une idée ou un concept, il faut pouvoir le représenter sous tous ses angles, et c'est là que le recul intervient. Et c'est exactement ce que fait le dessinateur en représentant un objet en perspective: si on regarde un verre d'en haut, on voit un simple cercle, et vu de coté, on voit un simple rectangle, le dessinateur va dessiner le verre en prenant en compte tous ces points de vue là de manière à le représenter de la manière la plus fidèle possible. La lucidité: de même que le philosophe doit être lucide pour accorder plus ou moins d'importance à un point de vue sur un sujet donné, le dessinateur doit avoir le sens des proportions pour dessiner justement son objet: S'il représente un arbre avec les branches plus épaisses que le tronc, il manque alors de sens de l'observation, tout comme le philosophe manquerait de lucidité en privilégiant le point de vue mineur d'un concept. Honnêteté: le philosophe doit être honnête car son travail est de rechercher la vérité. S'il sait qu'il fait fausse piste, il doit rectifier le tir pour se rapprocher de la vérité. Le dessinateur doit quant à lui représenter des choses qui l'émeuvent vraiment car c'est en étant inspiré qu'il représentera les dessins les plus authentiques. Et philosophes comme dessinateurs peuvent affiner leurs représentations au cours de leur vie, en reprenant leurs analyses ou en recommençant leurs dessins, mais sous un autre angle. Je suis d'accord avec toi: je n'ai pas dit que n'importe qui EST philosophe dès lors qu'il a recul, lucidité et honnêteté, mais qu'il PEUT être philosophe des lors qu'il a ces 3 ingrédients qui me semblent pour ma part fondamentaux. Mais, bien-sûr, s'il n'a pas la volonté ni l'envie de devenir philosophe, ces 3 ingrédients lui seront inutiles, un peu comme si tu avais tout les ingrédients pour faire un gateau, mais que tu detestes cuisiner. Je ne pense pas que l'héritage des connaissances soit une condition sine qua non pour devenir dessinateur ou philosophe. Je pense que les ingrédients fondamentaux ne sont pas herités mais plutôt innés: on aura beau étudier le dessin auprès des plus grands, on ne sera jamais vraiment un dessinateur si l'on ne possède pas les qualités fondamentales. L'héritage ne va permettre "que" d'initier et former la personne au dessin, aux différentes techniques, aux différentes écoles. C'est exactement comme pour le diamant brut enfoui sous le sol: peut-on parler de joyau? non, pas vraiment, pas encore en tout cas. Est-ce que c'est l'orfèvre qui en fait un joyau ? Oui, en le taillant et le façonnant avec son savoir-faire ancestral, mais l'orfèvre n'aurait jamais pu faire un joyau avec une pierre ordinaire, quelque soit ses compétences. Donc, est-ce que c'est l'orfèvre qui fait le joyau finalement? Pas vraiment, il ne fait "que" le dévoiler, tout comme l'héritage ne fait "que" former un dessinateur ou un philosophe. Et le diamant brut, même s'il est mal taillé, voire pas taillé du tout, scintillera du même éclat, mais de manière moins spectaculaire il est vrai. D'ailleurs, ce qui va dans mon sens, c'est que tous les profils se retrouvent dans toutes les nations du monde, quelque soit l'importance du savoir-faire de ces nations: même dans un village reculé du monde, tu verras toujours un philosophe, un dessinateur, un manuel, un intellectuel, etc... Leur niveau de formation sera certes plus ou moins élevé selon l'héritage dont ils disposent, mais ceux seront tous des joyaux à leur façon, peut-être pas taillés très finement par l'orfèvre, mais des joyaux quand même, du moins relativement à leur contrée. Selon moi, la vie du philosophe est disjointe de ses réflexions. Un peu comme le député qui va voter une loi pour limiter la vitesse sur autoroute, et qui va dépasser cette même vitesse une fois en voiture. Est-ce incohérent? Pas vraiment, il vote une loi non pas pour lui mais pour le bien commun; il n'est pas au dessus des autres, il a juste les compétences requises pour créer une loi (intelligence, culture, etc.), mais à part ça, rien ne le distingue de ses concitoyens ... J'ai l'impression que tu mets un peu trop sur un piédestal l'activité de philosophe. Pour moi le philosophe n'est rien de plus qu'un "technicien" de la pensée si je puis dire. Ce que je vais dire est faux, mais je pousse le bouchon volontairement trop loin pour te faire comprendre le fond de ma pensée: en gros, le jour où on découvrira l'origine de la vie et de la matière et qu'on comprendra pourquoi, il n'y aura plus besoin de philosophes ! J'exagère, bien-sûr, car il y aura toujours des débats de sociétés dont il faudra peser le pour et le contre, etc. mais si on arrive à savoir pourquoi l'existence de la vie et de la matière, alors on pourra expliquer le sens de toute chose, puisque tout découle de là ! Pour arriver à cet ultime connaissance, on aurait voulu utiliser, idéalement, nos mathématiciens, mais la vie est trop complexe pour être représenté mathématiquement, donc on fait appel aux philosophes, probablement moins logiques, mais avec plus de recul, pour trouver des "formules" de vie, faute de formules mathématiques ... Mais le jour ou on connaitra la formule ultime, tout le reste en découlera logiquement et le travail du philosophe sera globalement terminé.
  4. Salut Nolibar, Tu te dis non-philosophe, et tu viens pourtant de faire de la philosophie en "mettant à la disposition de tous un concept qui te semble vrai", pour reprendre tes termes. Je trouve personnellement que c'est une bonne approche de repartir de zéro comme tu fais pour trouver la vérité car la science trouve sans cesse de nouvelles explications que n'avaient pas nos anciens philosophes. Donc il vaut mieux selon moi se baser sur notre propre avis plutôt que de nous référer sans cesse aux anciens philosophes qui n'avaient que peu de matière scientifique pour philosopher comparé à nous. Pour étendre ton idée: De la même manière que nous vivons en symbiose avec des milliers de bactéries dans notre corps, ne serions-nous pas nous même des "bactéries" utiles à la Terre, qui elle serait un organisme vivant? Cette thèse (qui s'appelle l'hypothèse Gaïa) est celle qui aurait le plus de sens au vu des avancées scientifiques, et pourtant, on continue à avoir cette vision étriquée encore trop "anthropocentrique" (l'homme au centre de tout) en limitant notre vision a notre environnement immédiat et aux thèses religieuses. Pour revenir au sujet, je persiste à penser que le philosophe n'a pas plus de déontologie à avoir qu'un caricaturiste (pour reprendre ma métaphore du post précédent), ou que tout autre personne ayant un impact médiatique.
  5. Salut deja-utilisee, Désolé d'essayer de revenir à la définition de philosophe, mais on est obligé de partir de là pour répondre à la question. Selon moi, un philosophe est une personne qui a envie de comprendre et représenter des concepts de la même manière qu'un dessinateur pourrait représenter des paysages. Le dessinateur va représenter un paysage en mettant en valeur les traits qu'il trouve pertinents, souvent les traits qui l'émeuvent le plus. Le philosophe, lui, cherchera non pas à transcrire une émotion mais une réalité qu'il a réussi à percevoir. Il cherche ainsi à représenter un concept de la manière la plus pertinente et la plus juste possible. N'importe qui peut être philosophe dès lors qu'il a un peu de recul, de lucidité et d'honnêteté. Un philosophe n'est pas nécessairement un "sachant", de la même manière qu'un dessinateur n'est pas nécessairement un technicien du dessin. Un bon philosophe est celui qui a assez de recul pour adopter plusieurs points de vue, assez de lucidité pour distinguer le vrai du faux, et assez d’honnêteté pour reconnaître qu'il fait fausse piste. De la même manière qu'on fait appel au talent d'un dessinateur pour représenter une caricature, une fresque ou un tableau, on fait appel au talent du philosophe pour clarifier certains concepts, notamment lors des débats de société. Il n'y a, selon moi, aucun lien avec la déontologie, du moins pas plus qu'avec n'importe quelle autre activité. Qu'en penses-tu? Merci en tout cas pour cet échange d'idées.
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