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Tout ce qui a été posté par Dompteur de mots
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La philosophie parle de la vie avec des concepts. En quel sens s'agit-il d'une science ? Est-elle dotée de critères de vérifiabilité ? Comment peut-on découvrir en quoi il consiste exactement ? Est-ce que tu penses à des exemples précis ?
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Et qu'est-ce que tu crois ? Que je t'ai suivi pas à pas pendant toutes ces années ? Et toi ? Tu connais la voix de Dieu ? Ses désirs ? Ses sentiments ? De quelle façon le démontre-t-elle ? Bien sûr que c'en est une. Est-elle fondée ? Ça reste à voir. Comment caractériserais-tu la foi des athées ?
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Il me semble que lorsque j'utilise le mot âme, j'entends par là mon esprit, pris selon la perspective où ses tenants et aboutissants m'échappent ultimement. Si je pense au fait que j'ai demandé plus tôt s'il restait du fromage dans le réfrigérateur, alors je ne dirai pas: "mon âme voulait du fromage", car j'ai une idée assez claire des tenants et aboutissants de ce processus, du moins en ce qui concerne la perspective pratique dans laquelle cette question était posée. Dans ce contexte, il me semble foncièrement ridicule de parler d'âme. En revanche, si je me penche sur des questions plus générales, plus profondes, comme "qui suis-je", "où vais-je", etc., mon propre mystère se révèle à moi et alors, je n'ai plus envie d'utiliser le mot "esprit", ou "entendement", ou "raison", mais bien le mot "âme". L'âme c'est l'esprit auquel on adjoint la terra incognita qui le cerne. La spiritualité peut alors être entendue comme l'ensemble des moyens culturels (astrologie, numérologie, cartomancie, etc.). que nous déployons pour entrer en dialogue avec les créatures de cette terra incognita Ça, c'est certain. Maintenant, disent-ils ce que tu crois qu'ils disent ? Kierkegaard affirme que l'instant - l'instant de l'existence par exemple - est la rencontre de l'éternité et du temps. Si la terra incognita dont nous parlions plus tôt est constituée de quelque chose qui ne s'est pas encore déversé dans le temps, alors la spiritualité est en effet une tentative de dialoguer avec les créatures éternelles (anges, elfes, fées clochettes, etc.) qui nous habitent. Le souvenir semble nous lier avec quelque chose de cet acabit, dans la mesure où nous nous y trouvons accrochés à quelque chose qui ne veut plus nous quitter et qui a une résonance particulière en nous. Les mots n'ont-ils pas de signification qu'à l'intérieur d'un jeu de langage ?
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Tout à fait. En fixant notre esprit sur le mot Être, pris hors de ses usages réels, comme s'il s'agissait d'une chose en soi dont nous devions trouver l'essence, nous glissons dans le royaume du n'importe quoi. Maintenant, ce qui est comique, c'est que vous faites exactement la même chose avec le mot Idée, que vous tentez de cerner hors de ses usages: Deleuze peut sortir de telles platitudes parfois... - Nous pourrions aller danser ! - C'est une bonne idée. --> Une possibilité d'action. Qu'elle soit bonne ou mauvaise n'importe pas. - Je pense que Dieu doit être conçu comme étant le tout des choses contenues dans le monde. - C'est une idée intéressante. --> Une possibilité réflexive, qui elle-même ouvre le champ à un monde de possibilités d'action. Qu'elle soit intéressante ou non n'importe pas. - Nous pourrions aller marcher sous la pluie ! - C'est une idée ça... --> Possibilité d'action encore, non-qualifiée en l'occurrence. L'usage indique que l'on est en train de considérer l'idée, ou de la rejeter discrètement, en préservant l'orgueil du premier interlocuteur. - " [...] la condition nécessaire pour que les Idées deviennent objet de connaissance est-elle la suppression de l'individualité dans le sujet connaissant." - Schopenhauer, Le monde comme Volonté et comme représentation. --> Quel est l'usage exact de cette occurrence ? Et que signifie le "I" majuscule ? Pourrions-nous parler d'une domaine de possibilités réflexives ? Pourquoi pas ? Considérer les Idées pourraient signifier considérer les choses sous le seul aspect des possibilités qu'elles recèlent. S'abandonner à la contemplation des Idées, qui est toute l'essence de la doctrine schopenhauerienne, consisterait à s'abandonner à la contemplation des possibilités du monde, à vivre sa vie en puissance (et non en acte); bref, à effectivement s'abîmer dans le néant.
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Le souvenir des personnes que j'ai connues, appréciées et qui sont décédées n'est pas rien. Il m'habite, fait partie de ce que je suis, me rend plus fort, etc. Il serait bon ici que tu définisses ce que tu appelles la vie spirituelle. C'est quelque chose qui peut être défini de plusieurs façons. Pourquoi la tienne est-elle la meilleure ? Affirmer que Spinoza nie l'être individuel est quelque chose de très étrange. Au contraire, Spinoza affirme la vie individuelle plus que la plupart des philosophes l'avaient fait avant lui. Il faudrait que ces affirmations soient étayées. Moi aussi je peux affirmer bien des choses, émettre bien des opinions. L'intérêt en philosophie est de les développer afin que leur contenu profond soit révélé aux autres. Qu'est-ce qu'un usage des concepts de Dieu et de l'âme qui n'est pas qualitativement vide ? Le tien ? Pourquoi ? L'athéisme n'est pas une foi. C'est plutôt une absence de foi, bien que l'athée puisse être empli d'une foi d'un autre genre. Mettre le bouddhisme, la panthéisme, l'athéisme et Spinoza dans le même panier, c'est assez facile. Les images homogènes du monde cachent toujours une superficialité réflexive et, sans doute, une fragilité identitaire. Comme dans: "les politiciens sont tous pareils", "les noirs sont tous pareils", "les musulmans sont tous pareils", etc. Si Dieu est tout, alors ce qui reste après la mort ne peut être que Dieu. Par ailleurs, je ne voulais pas entrer dans les technicalités mais en un certain sens, l'âme est immortelle pour Spinoza: "L'Esprit humain ne peut être absolument détruit avec le Corps, mais il en subsiste quelque chose qui est éternel." Seulement, il faut interpréter cette affirmation avec prudence, car elle n'a pas la signification qu'on lui attribue usuellement. Il n'est pas question d'une persistance de la vie individuelle après la mort physique. Il faudrait plutôt dire qu'après la mort, la vérité de notre existence repose désormais dans l'éternité; qu'étant accomplie, son essence est en quelque sorte inscrite dans la totalité des choses. Tu veux nous exposer la nature du panthéisme de la Bhagavad-Gita ?
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Non, je suggère seulement que le concept de "panthéisme" convient peut-être mieux à l'usage que je crois que tu veux indiquer. Je ne crois pas que l'on puisse dire qu'il y ait quelque après-vie que ce soit chez Spinoza, pour autant que l'on parle bien d'une quelconque forme de persistance de la vie individuelle - auquel cas le mot "après-vie" n'est par ailleurs pas indiqué du tout. Maintenant, est-ce que Spinoza a le souci de la vie des hommes, qui se poursuivra évidemment après sa vie à lui ? Un homme qui se consacre entièrement à communiquer une philosophie sensée faire accéder, selon lui, les hommes à la béatitude ne peut qu'être soucieux de la vie des hommes, au-delà des limites de sa vie à lui. Dans le panthéisme, Dieu est tout: nature, vie humaine, etc. Cela implique certainement une spiritualité où le "ici, maintenant" revêt une importance particulière, puisqu'il n'y a pas d' "au-delà" en vue duquel des actions pourraient être posées. Également, la panthéisme ne semble pas compatible avec une doctrine morale catégorique, dans la mesure où, Dieu étant tout, il ne semble pas possible de scinder le monde selon les catégories du bien et du mal. D'où une Éthique. Un souvenir heureux dans l'esprit des hommes qui l'auront connu ? Ce qui n'est pas rien...
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Réflexions philosophiques
Dompteur de mots a répondu à un(e) sujet de aliochaverkiev dans Philosophie
Cette définition devient problématique lorsqu'il s'agit de comparer les souffrances entre elles, mais je vois que vous écartez ce problème pour l'instant. Fort bien. Mais le problème ne se pose-t-il pas néanmoins ? Si pour régler une situation j'envisage de dépasser ma souffrance actuelle par le moyen de diverses méthodes qui elles-mêmes risquent de m'imposer d'autres souffrances, alors je devrai faire un calcul entre la valeur de ces différentes souffrances. Il y a quelque chose qui me chicote dans l'idée de partir de la souffrance. C'est qu'elle nous place dans un rapport à l'existence qui est foncièrement négatif. Pourquoi ne pourrions-nous pas partir de la joie par exemple, comme le fait Spinoza ? En même temps, l'un ne va pas sans l'autre; ce sont là deux modes d'une seule et même chose. Ce point est tout à fait critique, et entre vous et moi, je pense que c'est la tâche la plus profonde du philosophe. Je ne sais pas encore pourquoi mais j'aime bien l'expression "première tension". Vous dites "donner un sens à ma connaissance" mais ce n'est pas tout: donner un sens à mes rêves, à mes possibilités corporelles. Comme elle est fascinante cette expression de "première tension". Les connaissances nous dominent, certes, mais les rêves aussi, et nos possibilités aussi. Première tension, première tension. Au fait, êtes-vous le ArLeKiN que j'ai connu il y a longtemps ? Il me semble qu'il ne peut en être autrement, vu l'orthographe. Zingaro dans l'autre monde ? Autre monde qui s'est dérobé à moi ! Ah ah ! Première tension. Première tension du nourrisson dans son cri pour effacer la souffrance de sa grande arrivée dans le monde. Mais on ne fonde pas une existence là-dessus. Par ce que ce cri n'est jamais que l'expression d'une nostalgie. Nostalgie d'un retour au néant. Ma première tension est au contraire une grande joie. Et je ne l'ai trouvée que bien plus tard. Qu'est-ce que sont ces dix années de philosophie sinon un effort pour réorganiser l'image que j'ai du monde sous l'égide de cette première tension trouvée ? Je me suis toujours demandé pourquoi il ne m'était pas venu avant de philosopher. Peut-être est-ce par ce que je n'avais pas trouvé ma première tension. Je ne sais pas pourquoi ArLeKiN mais vous m'avez toujours inspiré d'une manière particulière. Première tension: d'où la grandeur de Spinoza: celle d'avoir aperçu cette nécessité. Chez Descartes, le schéma ne s'est pas encore fait jour. Ne vous excusez surtout pas. Je regrette que vous vous soyez excusé. La philosophie est une chose éminemment personnelle. On se le cache trop souvent. J'ai aimé que vous utilisiez autant le "je" et le "moi". -
Je ne suis pas certain que l'on puisse parler de "salut" dans le cas de la doctrine spinozienne. On peut en parler dans le cas d'une doctrine morale, c'est-à-dire qui repose sur un impératif catégorique du type "Aime ton Dieu et tu entreras au paradis". Mais quant à Spinoza, nous pourrions dire que sa doctrine est éthique, qu'elle repose sur un impératif hypothétique. Elle propose une méthode mais ne promet rien. Selon cette méthode, l'homme doit essentiellement travailler à se faire une image rationnelle du monde, de manière à ce que ses passions s'y déploient d'une manière adéquate, et que l'être puisse par conséquent s'y réaliser. Par contre, Spinoza définit bien la notion de salut au sein de sa doctrine, mais elle ne correspond pas à ce que nous entendons habituellement par là - soit une voie d'issue. Or, le salut spinozien est plutôt l'état de l'homme qui est, par rapport à son existence, dans un état d'acquiescement, parce qu'il s'est fait de celle-ci une idée adéquate qui lui permet de l'aimer.
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Non. Le nihiliste est celui qui nie le monde réel en faveur de quelque idéalité. L'existence d'une âme immortelle est certes un bon exemple de ces idéalités. En ce qui me concerne, ce n'est pas du nihilisme, mais on pourrait certes affirmer que c'est la plus nihiliste des religions. L'athée nie l'existence de Dieu. Je suis convaincu qu'il y a des athées qui croient en l'immortalité de l'âme. Je me demande depuis le début le sens de l'usage que tu fais du monisme mais je pense que la confusion vient ce qu'il ne s'agit possiblement pas du bon terme. Est-ce que tu ne voudrais pas plutôt parler du panthéisme: Dieu est tout ? Maintenant, pourquoi affirmes-tu que le fait de croire que la mort physique constitue la mort de l'âme équivaut à nier son être ? Nier son être ne consiste-t-il pas à refuser la vie ? À la vivre les yeux tournés vers un au-delà quelconque ? Et affirmer la vie, cela ne consiste-t-il pas précisément à la vivre pleinement, dans la conscience de sa préciosité, de sa fragilité, de son temps limité ? Chaque pensée accordée à une idéalité telle que celle de l'âme immortelle ne réduit-elle pas cette conscience ?
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Réflexions philosophiques
Dompteur de mots a répondu à un(e) sujet de aliochaverkiev dans Philosophie
Je n'en doute pas, vous me paraissez extrêmement intègre. Et bien, vous allez tomber rapidement sur deux problèmes: à savoir celui qui consiste à définir la souffrance, et aussi le fait que tout le monde ne peut être contenté en même temps. -
Explique-toi, je t'en prie.
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La philosophie est-elle seulement une affaire de connaissance ? Il est possible que ce soit le cas le plus fréquent. Mais lorsque l'on a un tant soit peu d'ambition, on se rend compte que la séduction dont tu parles n'en est qu'un mode parmi d'autres. C'est une séduction qui ne voit pas loin, qui se contente d'effets rapprochés. D'une toute autre nature est la séduction qui cherche des effets distants, un assentiment que les années viendront renforcer. Et forcément, ce type de séduction requiert des moyens tout à fait différents du premier type. Pourquoi en venons-nous à partager nos idées si ce n'est parce que nous sentons que nous avons épuisé les ressources de notre dialogue intérieur ? Pourquoi en venons-nous à publier nos idées si ce n'est parce que nous sentons que nous avons épuisé les ressources de nos dialogues intérieurs et extérieurs ? Tu n'as toujours pas répondu à ma question. Est-ce que le but premier du philosophe est d'établir des connaissances ? Il me semble que le but premier du philosophe est un désir de communauté, de commensuration. Je voudrais te tirer jusqu'ici Déjà, dans le monde de mes pensées, afin que tu puisses voir (la philosophie à l'ère narcissique ?). Non pas te convertir à ce que je suis, mais t'y emmener, de façon à ce qu'une fois ici, tu puisses réfléchir avec moi au sens de tout cela. Évidemment, ça n'est pas possible. Ou alors, seulement l'instant d'un moment, au creux d'une discussion, d'un débat, d'une réflexion. Toujours est-il qu'avec l'expérience, les ressources de la logique et de la connaissance apparaissent insuffisantes à cette fin. Elles sont nécessaires dans la mesure où dénué de ces aspects, un discours n'entraînera les deux interlocuteurs qu'à des rêveries parallèles, dont les lignes ne se croisent jamais réellement. En revanche, un discours qui n'accorde de place significative qu'à la logique et à la connaissance ne les entraîne que dans un rapport technique, ou même grammatical. Cela est paradoxal mais ce n'est pas à des fins de persuasion que je parle du style, que j'accorde une place à l'émotion en philosophie, mais bien à des fins de précision. Kant est foncièrement ennuyant, mais intéressant à connaître à cause de son influence. C'est une erreur de vouloir comprendre Nietzsche "au-delà de la présentation stylistique". Oui, tu as raison. On peut qualifier ma démarche d'humaniste. Le sens de l'aventure humaine et la dislocation de l'humanité sont mes deux thèmes de prédilection. Je vais revenir sur ce sujet de l'ambiguïté de la démarche philosophie dans un prochain article de blogue. Je serais curieux de connaître ta réaction. Qu'est-ce que "comprendre" une pensée ? Et d'abord, qu'est-ce qu'une pensée philosophique ? Est-ce que c'est une "information" ? Est-ce que c'est quelque chose qui est de l'ordre de la proposition logique: un sujet, un prédicat ? Tu n'as pas tort là-dessus. Comme si je n'avais pas reçu dans la passé ma volée de bois mort régulière ! En toute modestie, je suis un père fantastique, mais je n'utilise jamais la règle de l'impératif catégorique. Assumer consiste au fond à agir de manière lucide. Or, je suis la lucidité même.
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Réflexions philosophiques
Dompteur de mots a répondu à un(e) sujet de aliochaverkiev dans Philosophie
Ne risque-t-on pas de la sorte d'aboutir à un bon vieux calcul utilitariste ? -
Réflexions philosophiques
Dompteur de mots a répondu à un(e) sujet de aliochaverkiev dans Philosophie
Dites-le à une personne dépressive pour voir ! Par ailleurs, l'expérience m'enseigne que la relation que l'on a avec soi-même n'est pas différente d'une relation amoureuse: un jour on est déçu, et alors on se rend compte qu'on a encore jamais vraiment aimé. -
Réflexions philosophiques
Dompteur de mots a répondu à un(e) sujet de aliochaverkiev dans Philosophie
J'ai l'impression qu'il se glisse des méprises dans l'usage que nous faisons des concepts qui sont en jeu par rapport à cette question. En l'occurrence, on semble souvent confondre l'égoïsme avec le Désir, le vouloir-vivre de chaque individu. On prête au Désir le caractère de l'égoïsme parce que forcément, un être ne peut faire abstraction de lui-même lorsqu'il pense ou agit. Et encore: admettons pendant un instant la loi spinozienne selon laquelle nous agissons toujours en vue de faire augmenter notre puissance d'exister, qui se manifeste par la joie, alors les gestes dits altruistes doivent eux aussi nécessairement répondre de ce critère par lequel l'être se trouve, en quelque sorte, tout à fait tourné vers lui-même en tout temps. Mais voilà: lorsque nous disons d'une personne qu'elle est égoïste ou que son acte est égoïste, nous ne voulons pas confirmer par là qu'il agit effectivement selon son Désir, qu'il travaille à faire augmenter sa puissance d'exister. Les implications sont bien plus concrètes: nous entendons plutôt que tel acte ou que tel individu met à mal la balance, l'hygiène, l'équilibre des rapports humains, qu'il crée un sentiment d'injustice, d'iniquité chez les observateurs. Et inversement pour l'acte altruiste. Évidemment, cela n'empêche pas la mise au jour de la complexité de ces choses: ainsi un acte peut-il paraître altruiste sous un certain angle et égoïste sous un autre. On peut par exemple trouver que je suis égoïste d'insulter certains intervenants, puisque cela met à mal l'équilibre des rapports ayant lieu sur le forum. Pourtant, j'agis dans l'optique où le respect de la discipline philosophique risque de participer à la magnification de la collectivité, et donc de chacun. On peut même dire, d'un certain point de vue, qu'en insultant les autres, je me sacrifie pour eux. -
"... ?" n'est pas une mauvaise formulation et vaut certainement un "Dieu !". En revanche, la deuxième formulation a une valeur polémique plus intéressante. "Appel de l'infini" vaut comme image, bien entendu. Il y a infinitude en ce sens que l'objet en question dépasse la capacité d'expression du langage. Même pour faire image, les ressources sont limitées. Plus l'image devient technique, plus elle devient ridicule. Un Dieu doté de traits de caractère, d'une représentation picturale et auquel on attribue des paroles données, c'est pour le moins très technique comme image. Oui mais ultimement, le seul recours à ces disciplines risque d'enfermer l'esprit. Voir ici. ... d'équilibre à cet instinct ? Je ne suis pas sûr de comprendre. Je ne vois pas cet appel de l'infini comme quelque chose qui s'opposerait à notre nature. Au contraire, cela fait partie de notre nature, au sens où nous aurions à le découvrir parallèlement à notre plongée dans ce que Heidegger appellerait notre faculté d'arraisonnement, de saisir le monde sous une forme technique. En somme, tu proposes que l'idée dont il est question est la sécrétion accidentelle d'un esprit qui tourne trop vite sur lui-même ? En faisant un lien avec ce que je viens de dire plus haut, cette hypothèse n'est pas irrecevable. Elle pourrait effectivement être le réflexe de défense d'un esprit submergé par la technique. Remarque que cette dernière formulation constitue un paradoxe intéressant dans la mesure où il s'agit de la saisie technique d'une idée qui se voudrait un remède à un excès de technicité !
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Bien sûr que c'était une arnaque. Il y a quelque chose de tragique dans cet échec de l'Église, dans le détournement de l'émerveillement spirituel de tous ces gens qui y ont cru. Si seulement on leur avait enseigné que cet émerveillement ne rime pas avec "soumission", mais se conjugue très bien avec "esprit critique", "force d'affirmation" et "intelligence". Peut-être qu'un jour, les hommes retourneront dans les églises... qui seront devenus des lieux où les gens viennent non pas pour s'agenouiller mais pour poser les grandes questions qui les tarabustent. Des lieux de recherche philosophique. Il y a des écoles où l'on enseigne la philosophie à des enfants de 6 ou 7 ans. Pourquoi pas à Monsieur et Madame tout-le-monde ?
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Il m'apparaît tout à fait normal et souhaitable que les héritiers d'une culture s'intéressent prioritairement aux racines de cette culture avant de s'intéresser à celles des cultures étrangères. Et par suite, il est assez prévisible qu'ils développeront une plus grande affection pour les premières. Je suis sûr que tu as par exemple plus d'affection pour ta maman que pour celle d'un étranger. Cela dit, il est effectivement légitime de critiquer cette posture lorsqu'elle devient un chauvinisme étriqué, lorsqu'elle devient le prétexte d'un repli identitaire portant à l'imbécilité.
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Il y a beaucoup de façons d'avoir la foi. Beaucoup de personnes l'ont et ne le savent pas. Beaucoup de personnes pensent l'avoir et ne l'ont pas. Les religions sont souvent des regroupements de personnes qui se languissent intensément de l'avoir. L'athéisme est parfois une attitude de sobriété intellectuelle qui est elle-même commandée par la foi. Il faut se méfier, à propos de ces questions, de juger de qui s'y connaît et de qui ne s'y connaît pas.
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Oui. Tout dépend du sens que l'on donne à cette idée. Lorsque je dis: "Je peux apprendre à connaître la vie comme phénomène, à me faire une idée des divers mécanismes de la nature qui se déroulent autour de moi et en moi, des conditionnements et des instincts qui m'habitent. Et en même temps, je peux reconnaître qu'il y a quelque chose d'incommensurable, de fulgurant, d'infini qui m'habite et qui m'appelle. Ces deux aspects de la conscience ne se complètent-ils pas ? Un "appel de l'infini" exige que nous nous mouvions pour y répondre." ... alors ce quelque chose d'incommensurable, de fulgurant et d'infini peut être appelé "Dieu". Maintenant, substantiver ce quelque chose n'a absolument aucun sens. Les musulmans ont bien raison d'interdire toute représentation picturale de leur Dieu. Mais évidemment, ils ne vont pas assez loin. C'est encore trop de l'appeler "Allah", et c'est encore trop aussi de lui mettre des mots dans la bouche. En fait, comme je le disais, c'est déjà un abus de langage d'utiliser le mot Dieu comme substantif. Le seul usage tolérable de ce mot est sa forme interjective: Dieu ! "Dieu" signifie essentiellement "ce qui brille". Alors voilà: à l'interjectif, il se place dans le langage comme un éclair lumineux, comme ce quelque chose d'incommensurable, de fulgurant et d'infini. Il l'évoque, sans le substantiver. Il y a une certaine sagesse dans le langage courant qui, précisément, brode toutes sortes d'interjection à partir de Dieu: Dieu qu'il fait beau ! Mon Dieu ! Dieu du ciel !
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Ainsi soit-il. Tout est accompli !
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Je suis à l'aise avec l'idée de ne pas plaire à tout le monde. À long terme, je sais que les esprits rétifs flancheront pour moi. Comme par exemple toutes ces accusations ridicules de mépriser la Baghavad-Gita ou de croire que seule la philosophie grecque vaut. J'ai dû me débarrasser d'un chat il y a longtemps parce qu'il faisait des cacas partout, hors de sa litière. Évidemment, il ne faisait pas toujours ses cacas hors de sa litière. Dans ce temps-là, il était chou. Seulement, à un moment donné, il a fallu trancher. En l'occurrence, la question portait sur l'appréciation / le dédain de Maroudiji. Je ne pense pas que l'on parle ici d'un trait de caractère profondément ancré dans le système limbique des intervenants du forum. Au moyen de quelques manœuvres de manipulation de masse, je suis fort aise de modifier cette perception. L'expression "il a perdu la raison" marque notre désapprobation, donc la divergence de notre goût avec la manière d'être d'un autre. Inversement, l'expression "il est guidé par la raison" ou "c'est un être de raison" marque notre approbation. Mais plus que de marquer l'approbation ou la désapprobation, l'usage de ces expressions nous en dit aussi sur la nature des goûts de celui qui les prononce. Car un autre pourrait aussi marquer son approbation en disant "j'aime ce type: il est fou !". Quelle nuance dans le goût marque alors l'usage du mot "raison" ? L'idée qu'à chaque situation puisse correspondre un comportement adéquat ? Ou, sans être aussi restrictif, qu'à chaque situation puisse correspondre un cadre moral adéquat à l'intérieur duquel peut être choisi un comportement tout aussi adéquat ? Soigner un texte pour plaire sans autre finalité n'est qu'un cas parmi une multitude. Et ce n'est certainement pas le plus probable. Il n'est donc pas très constructif de faire notre idée à partir de ce cas seulement. L'intérêt de soigner la construction, la ponctuation, le lexique, etc. d'un texte ? C'est un peu comme demander quel est l'intérêt pour un peintre de soigner la confection de sa peinture, de bien effectuer le mélange de ses couleurs, de bien tracer ses formes... Lui suffit-il de concevoir le sujet de sa toile ? Et le philosophe ? Lui suffit-il d'avoir une intuition ? Bien sûr que non. L'intuition est analogue à l'inspiration. C'est le point de départ du travail du philosophe. Or, pour se rendre à la hauteur de son inspiration, le peintre va travailler sa toile jusque dans les moindre détails. Pourquoi n'en serait-il pas ainsi du philosophe ? Tu vas me dire: "parce que l'intention du philosophe n'est pas esthétique. L'esthétique n'est que contingente au but réel du philosophe qui relève plutôt de la logique: il s'agit pour lui d'établir des connaissances." Et effectivement, jusqu'à un certain point, l'esthétique d'une proposition ne change rien à son contenu logique. La logique, lorsqu'elle ne standardise pas explicitement les propositions qu'elle étudie, le fait implicitement. Mais voilà: le but premier d'un philosophe n'est pas d'établir des connaissances. Il utilise les connaissances pour ses fins. Il les fabrique même si cela est nécessaire. Il les ordonne, etc. Mais cela n'est pas son but. Quel est-il alors ? Faire réfléchir, plonger le lecteur, l'auditeur dans un état réflexif, cela parce qu'il estime que l'intuition qui l'habite est importante, nécessaire. En un sens, le discours philosophique a pour optique de faire agir le récepteur, si l'on considère que la réflexion est une action. Or, quelle est la discipline du langage qui cherche à faire agir ? La rhétorique. Évidemment, ce mot est entouré de tout un monde de connotations négatives. On entend "rhétorique" et l'on pense aussitôt à "tromper", "brimer la liberté", "manipuler", etc. Mais on peut chercher à faire agir, à faire réfléchir en toute transparence, avec bonne volonté. Je le fais constamment par exemple avec ma fille. Remarque bien que je ne connais aucun, je dis bien aucun philosophe, toi y compris, qui n'ait bien pris soin de mettre sa pensée en scène, ne serait-ce qu'hypocritement, ou même auto-hypocritement. La rhétorique est curieuse car elle doit d'un côté faire usage de moyens poétiques, c'est-à-dire de susciter des émotions afin de créer une disposition, mais elle doit aussi faire usage de moyens logiques, car cette disposition, si on veut qu'elle devienne un agir, doit pouvoir en quelque sorte se déverser dans un domaine déterminé de possibilités. Or, la connaissance a précisément pour fonction de déterminer nos possibilités dans le monde qui nous entoure. D'où l'ambiguïté inhérente à tout discours philosophique, inhérente aussi à toute tentative de définition de la philosophie. Elle exige rigueur, mais non pas la rigueur totale et sèche de la science. Cela est précisément dû aux moyens poétiques qu'elle doit déployer pour faire réfléchir. Mais l'équilibre d'un discours philosophique est étrange et fragile: trop de logique comme trop de poésie le tue. Soit dit en passant l'usage du mot "poésie" peut ici être trompeur. Je l'emploie comme substantif de la fonction poétique du langage, mais non pas comme catégorie littéraire. Bref, c'est pour cela qu'il faut soigner la construction, la syntaxe, la ponctuation, le lexique, etc. de ses discours philosophiques: c'est parce que c'est dans ces aspects que se manifeste la fonction poétique de la philosophie. Une proposition sèchement livrée, dénuée de tout esprit de séduction ne fera pas réfléchir. Une proposition littérairement travaillée mais dont le contenu logique est identique pourra au contraire grandement stimuler la réflexion. Évidemment, tous les procédés stylistiques ne conviennent pas au discours philosophique. En passant, "soigner" son discours ne signifie pas de le lécher à qui mieux mieux. Il s'agit de choisir les procédés stylistiques qui sauront communiquer l'esprit de ce que nous voulons exprimer. De même qu'une bonne peinture n'est pas forcément une peinture dont les détails sont hyper-léchés. Songeons seulement au côté désinvolte de Pollock. Quel dommage que les problèmes philosophiques ne puissent être réduits à des formules ! Wittgenstein a tenté l'expérience. Il en a été quitte pour avoir écrit un des pires livres de l'histoire. Qu'appelles-tu "accepter" ? Si l'on m'attaque en raison de convictions différentes, alors bien sûr que je riposterai. Non pas en niant à mon vis-à-vis le droit de le faire, mais en attaquant ses convictions (à moins qu'il ne m'ait convaincu !). C'est une règle d'action intéressante lorsqu'il s'agit de mettre de l'ordre dans les relations entre pairs. Lorsque la relation suppose une différence de statut - par exemple la relation père/fille, alors cette règle d'action n'est plus très utile. C'est un peu la même chose dans le cas d'une relation excellent-philosophe/amateur-balbutiant. Oui. Et si mon attitude, par une suite de causes et de conséquences des plus tordues en venait à provoquer l'effondrement des anneaux de Saturne sur la planète qui leur sert de point d'axe, alors j'assumerai. À chaque fois que j'envoie une intervention sur ce forum, je sais que j'ai l'apocalypse au bout des doigts, et c'est très bien ainsi.
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Ton discours me fait penser à celui que développe Cioran dans Des larmes et des saints. Mais Cioran se donne beau jeu en n'examinant que les lambeaux d'une culture qui a d'ores et déjà dégénéré.
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Si ça peut te rassurer, je ne vais pas m'intéresser, par exemple, à un ouvrage comme le Traité de Saint Jean Climaque des degrés pour monter au ciel. On pourrait appeler ça de la théologie hardcore. C'est de la pure exégèse comme je disais plus haut. Par contre, je ne vois aucune raison de me passer d'un chef-d'œuvre comme Crainte et Tremblement de Kierkegaard, qui examine philosophiquement les tenants et aboutissants éthiques de la question du sacrifice d'Isaac par Abraham. C'est un livre tout à fait fascinant. Je peux apprendre à connaître la vie comme phénomène, à me faire une idée des divers mécanismes de la nature qui se déroulent autour de moi et en moi, des conditionnements et des instincts qui m'habitent. Et en même temps, je peux reconnaître qu'il y a quelque chose d'incommensurable, de fulgurant, d'infini qui m'habite et qui m'appelle. Ces deux aspects de la conscience ne se complètent-ils pas ? Un "appel de l'infini" exige que nous nous mouvions pour y répondre. Or, il s'agit de rendre ce mouvement intelligent par l'étude. Mais si l'étude frigidifie l'existence, alors cette dernière n'est plus qu'un long convoi funéraire. On pourra qualifier de spirituelle ou de religieuse la partie de la culture qui s'attache à réverbérer cet appel. Les religions organisées en font partie, d'une manière souvent discutable. Je dis toujours par contre que les églises avaient ceci de bon que c'était le seul endroit où les gens pouvaient se taire pendant quelques instants et prendre conscience d'une dimension de l'existence qui les dépasse. Aussi j'aime les églises pour l'atmosphère qu'elles dégagent. Ou la musique religieuse. Est-ce qu'on peut réduire par exemple la musique religieuse de Jean-Sébastien Bach aux âneries chrétiennes ? Ce serait criminel. Alors non, je ne vois pas où est l'exutoire, ni la fuite, au contraire. L'exutoire, il est dans une culture dégénérée qui n'a de spiritualité ou de religiosité que le nom.
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Il n'est évidemment pas question de discuter de ta foi, mais de la foi en général, par exemple de ce que le mot foi peut vouloir dire, de toute ses conséquences et de l'appareil moral qu'il suppose. Mon allusion à la théologie naturelle est à lier avec l'allusion que j'ai fait plus tôt à la discutabilité d'un croyance. Il s'agit d'amener ta foi sur le territoire de la discutabilité. Quant à ses aspects qui semblent indicibles, il s'agit de les décomposer, de travailler à leur donner un visage. Non pas à frigorifier tout ceci au moyen d'une raison géométrique, désincarnée et technicisante, car la philosophie peut admettre sa part d’ambiguïté - seulement, l'important est que la discussion puisse s'articuler autour de ces points de rencontre que l'on nomme concepts. Si cette transition t'apparaît impossible, alors cela devient l'objet d'une recherche. Évidemment, il n'est pas question de réduire quoi que ce soit aux mots. Il faut être un peu naïf de toute façon pour croire que les mots peuvent exprimer quelque chose d'entier. Je n'ai pas trop compris ta deuxième partie, astérisque inclus. Peux-tu développer ?
