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Je ne croyais pas aux vents tournoyants qui emporte les mots, les vrais, ceux qui résonnent. Je ne savais que cette désolation et ce magicien mauvais qui fait tourner la roue a travers des écrans de verres toujours plus épais. Je ne croyais qu’en ces espérances tronquées qui s’envolent comme des notes stridentes dans des mélodies toujours plus graves. Je ne pensais qu'a ces ombres rugissantes qui se soulèvent au rythme des battements des cœurs déchirés. Je ne savais que les silences et les diversions pour faire oublier cet autre côté qui n’existent pas vraiment. Je ne voyais pas derrière ces fenêtres obstruées et sous ses tapis volants qui brûlent et alimentent ces incendies incessants emportant avec eux ce que vous imaginiez vrais. Je ne pensais qu'a ces ouragans qui soufflent sur les braises pour raviver le vide et le chaos et ce marasme dont vous êtes fait. Je ne savais que ces objets qui se brisent, ces avalanches de souvenirs qui vous sautent à la gueule comme des morsures sans fin, ces mâchoires acérées qui vous grignotent jusqu'aux os. Je n’entendais que ces silences et ces solitudes apprivoisées qui vous soufflent sans cesse que vous n'êtes rien. Je ne voyais que ce corps pendu au bout d'une corde écrasé entre ces murailles grises qui oppressent et font éclater les vaisseaux pour que le sang se répandent sur ses âmes paumées et emmurées au milieu du vide. Je n’entendais que les battements des cœurs plongés dans des volcans rugissants qui érodaient les derniers papiers fanés, les derniers mots inventés, les dernières promesses jetées au fin fond du néant. Je ne savais que les cicatrices et les déflagrations qui vous explosent les tympans a force d'avoir voulu entendre en ce qui n'existent pas pour vous. Je ne savais que les contres jours trompeurs qui vous illusionnent et vous font croire à la magie que les nuits avalent et recrachent comme un trait d'acide. Le souffle tiède des mots emballés qui se heurtent à ces barreaux plantés un à un dans la peau. Je ne croyais qu’a ces éclats de lumières trop vivent qui s'enfoncent dans la chaire comme des aiguilles affutées et empoisonnées. Le poison coulant dans les veines comme une cavalerie désorganisée sur un champ de bataille. les morts empilés, les hurlements affolés de ces vies qui s'effacent sous la douleur et les coups. Ces mots comme des balles de fusils qui vous transpercent et vous laisse là, allongés, au milieu de tous vos cadavres du passé, ces yeux rivés qui vous regardent sans maquillage, qui savent que vous êtes là, nu au milieu de ce rien. La décomposition nauséabonde et ces ordures qui éclatent et sortent de vous comme des viscères gonflés par un soleil trop fort, trop grand, trop chaud. Les éclats de rires qui vous déchirent la peau, les longs discours comme des coups de couteaux qui déchirent et transpercent. Je savais le temps volage, les yeux qui brûlent et les tours de magie qui s’effacent. Je savais le miroir moqueur et les traits qui réapparaissent, je savais que l’on ne peut pas se cacher et que lorsque le jour se lève, que les corps suicidés se réveillent, alors la vérité éclate comme un poumon rempli de ce trop plein d’air dégueulasse et puant et que les chemins s’effondrent au milieu du rien, fin du parcours, les années meurent et s’effacent et ne restent que la main sur la pierre froide de la tombe. Je savais tout cela. J’ai juste fermé les yeux longtemps, serré les poings aussi fort que possible. Et maintenant que je les ouvre enfin, il ne reste que la désolation et le reflet du miroir qui renvoi toujours ce visage vide, les cicatrices et les fêlures, cet immondice qui dégouline de chacun des pores de la peau. La magie n’y peut plus rien, les oiseaux sont décapités au fond des chapeaux et les corbeaux s’envolent et ne reviendront plus. C'est fini.
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