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La famille poétique des Shelley


Black Survitual

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L'épouse :

L'époux :

Fair daffodils (Jolies jonquilles)

We weep to see Your haste away so soon¿

As yet the early rising sun has not attained his noon

We have as short a spring as you ,we have as short a spring

As quick a growth to meet decay, like you

Like you or anything ¿..

We die ,We die as your hours do

and dry away like the summer rain

Or as the pearls of morning dew

Ne'er to be found again

STAY !STAY! Until the hasting day has run

And having prayed together

We will go with you along

SOURCE

Les Lettres françaises

Shelley, un poète ennemi de Dieu

Poèmes,

P. B. Shelley, édition bilingue traduite et présentée

par Robert Ellrodt. Imprimerie nationale,

580 pages, 29,50 euros.

Femmes anglaises,

de Edith Sitwell, traduction, de Michèle Hetcher, collection « Le Cabinet des lettrés ». éditionsGallimard, 122 pages, 19,50 euros.

Le Livre des adieux,

de Iouri Olecha, édité par Violetta Goudkova, postface de David Markish, traduction de Marianne Gourg, Coll. « Anatolia ». ÿditions du Rocher, 480 pages, 23 euros.

La véhémente diatribe de Percy B. Shelley, « la Nécessité de l'athéisme », qui lui vaut d'être expulsé de l'université d'Oxford en 1811, est suivie trois ans plus tard par la « Réfutation du déisme ». Dans ce dialogue, Eurébès proclame : « J'ai prouvé par les principes de cette philosophie qu'ont professe ÿpicure, Lord Bacon, Newton, Locke et Hume que l'existence de Dieu est une chimère. » On comprend que le poète a pris le parti des mécréants. Il faut dire qu'il appartient à une famille de pensée qui ne tarde pas à devenir une famille à proprement parler : il voue à son beau-père une admiration sans borne, déclarant que l'auteur de Mandeville est un des plus illustres exemples de pouvoir intellectuel du siècle présent. Influencé par sa Justice politique, il adopte son système dont, pour la première fois, les principes « sont fondés sur la doctrine que les droits sont par essence négatifs et les devoirs, positifs, instinct obscur de ce qui a été la base de toute liberté politique de la vertu individuelle qu'il y eut au monde. » Quant à sa belle-mère, Mary Woolstonecraft, elle a plaidé en faveur de l'émancipation du beau sexe. Elle lutte, souligne Edith Sitwell dans ses Femmes anglaises, « pour qu'on reconnaisse aux femmes le droit à des choix plus larges, à une vie sexuelle plus libre et moins hypocrite, à une éducation supérieure ». Et Sitwell lui attribue un autre mérite : « Mme Godwin mourut en donnant naissance à une fille qui serait plus tard la seconde épouse de Shelley. » Celle-ci a écrit près de son mari par un soir d'orage en Suisse son roman Frankenstein, une méditation sur le défi que la science lance au divin.

Byron a salué en son ami le penseur plein d'audace autant que le poète flamboyant : « S'il n'avait été si mystique, s'il n'avait écrit des utopies et s'il ne s'était pas voulu réformateur, personne ne lui refuserait une place au premier rang. » Shelley a laissé une oeuvre critique et philosophique aussi importante que son oeuvre poétique. C'est d'ailleurs à l'homme de pensée que s'attache Iouri Olecha dans son passionnant journal : « Shelley dit que l'étonnant chez les Grecs c'est qu'ils ont tout transformé en beauté, le crime, le meurtre, la défiance, n'importe quelle qualité ou action négative. Et c'est vrai. Dans les mythes, tout est beau ! » Il en conclut que « l'art est une chose immorale ». L'écrivain soviétique a souligné cet aspect révolutionnaire de l'aventure intellectuelle de Shelley.

Dans le Masque de l'anarchie, il s'exclame : « Ces mots deviendront le tonnerre / Qui condamnera l'oppression / Résonnant encore et encore / Dans chaque coeur, chaque cerveau ! » Déjà dans le Monologue du Juif errant, il met en scène sa vindicte et sa rage à l'encontre du despote tout-puissant et ce personnage inquiétant se retrouve dans plusieurs de ses oeuvres ultérieures, dont l'extraordinaire Hellas. Robert Ellerodt précise : « Dans la tradition de l'empirisme anglais, Shelley maintiendra toujours que rien n'existe en dehors de la perception. Mais il affirme aussi : "Je cherche toujours dans ce que je vois la manifestation de quelque chose au-delà de l'objet présent et tangible". » Il ne caresse tout de même pas l'idée de la transcendance.

Dans cette optique, il a composé un drame en quatre actes pour célébrer la folle prétention de Prométhée volant le feu sacré pour le donner aux mortels. Et il en profite pour annoncer la libération de l'humanité par la chute des dieux : « Voici le jour où s'ouvre à l'appel du fils de la terre, / Le gouffre vide où s'engloutit la tyrannie du ciel. »

Dans le Triomphe de la vie (un genre qu'il emprunte à Pétrarque), il imagine un char emportant dans le firmament un être repoussant, « Une forme semblable à un vieillard difforme / Sous un capuchon sombre et une double cape, /Accroupi dans l'ombre d'un tombeau ;

/ sur sa tête [¿] un nuage de deuil. » C'est la vie. Il en décrit les mouvements violents, dénonçant les tyrans, ceux qui ont voulu plier l'histoire à leur volonté et chantant les louanges des philosophes (Voltaire, Hume, Kant) qui en ont expliqué les manifestations.

Gérard-Georges Lemaire

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