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Benny T' Blog

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Politesse


Benny T

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Michel Onfray : « La politesse, ce n'est pas le degré zéro de l'éthique, c'est le premier degré de l'éthique. Et c'est une façon de dire à l'autre : ¿j'ai vu que tu étais là, j'ai vu que tu existes¿. C'est : ¿pardon, s'il vous plaît, merci¿, toutes ces micro-choses qui sont l'occasion de mettre de l'éthique là où a priori il n'y en a pas. »

La politesse du désespoir ¿ nov. 2004

La médiocrité, c'est, non pas de rappeler que Mathilde [Mathilde Marie Christine Ghislaine d'Udekem d'Acoz, femme du prince héritier de la couronne de Belgique, Philippe] chie de la merde, mais de s'incliner béatement et servilement devant la famille royale. De même, l'impolitesse, c'est, non pas d'éructer « Putain ! », « Merde ! », « Bordel de merde ! », mais de traverser la vie en tirant la gueule et sans rien donner aux autres. L'impolitesse, c'est d'emmerder les autres avec ses épanchements. Rappel : « l'ironie est la politesse du désespoir ».

Mais peut-être vivons-nous dans un monde où aimer une femme, aimer les animaux signifie les mettre en cage ? Dans un monde où l'on se plaint de tout : du réchauffement climatique et, en hiver en Belgique, de la semaine de neige et de la pluie et du froid. Un monde où l'on dit n'importe quoi pour parler et où on fréquente n'importe qui pour avoir de la compagnie. Où il y a plus d'imbéciles moqueurs ¿ de ce qu'ils ne comprennent pas ¿ que d'intelligents ironiques ¿ pour comprendre ¿.

Soyons concrets. Parlons individus concrets. Qu'est-ce qui mène ce monde ? On dit que Staline, Hitler, Amin Dada, Ceausescu, Khomeyni, , Pol Pot, Karadzic, Saddam Hussein, Milosevic, Ben Laden, Kim Jong-il sont des psychopathes. Je ne les ai pas fréquentés. On suppose que Ronald Reagan, George W. Bush sont des psychopathes. Je ne les ai pas fréquentés. Certains « faits divers » sont « l'¿uvre » de psychopathes. Des psychopathes, moi j'en connais qui ne défrayeront peut-être jamais la chronique des faits divers, mais qui salissent le monde.

On peut vilipender l'extrême droite et la pédophilie, mais pas le narcissisme ? On peut railler George W. Bush mais pas des camarades narcissiques ? On peut fustiger le fascisme, mais sans analyser ses composantes individuelles ? Car le narcissisme, la possessivité, la jalousie, la misogynie peuvent mener à des positions politiques liberticides. Et même si ces sentiments n'ont pas d'expression politique, ils sont blâmables en tant qu'entraves à la communication entre les hommes.

Au comptoir, on peut entendre tous ces mecs qui s'apitoient sur eux-mêmes, tenant ce discours : « Avant, je me tapais les femmes que je voulais, et des belles. Souvent j'en profitais même pas. Maintenant, je ne demande pas un canon, juste une femme gentille ». Et le mec baratine toutes les gonzesses pas moches, interchangeables, qui, se comprenant baratinées, interchangeables, pas uniques à ses yeux, refusent d'être des proies. C'est ça ! une femme gentille, qui t'attendra à la maison, qui t'f'ra la bouffe et le linge, que t'iras retrouver après avoir tiré ton coup ailleurs, et chez qui t'iras t'consoler, t'rassurer quand tu reviendras bredouille de la chasse aux nanas. Elle sera tes arrières assurés ; elle te donnera la confiance pour pouvoir draguer tout c'qui bouge de pas trop moche, pour pouvoir continuer comme avant sans te remettre en question. Elle sera gentille, c'est-à-dire résignée vis-à-vis de tes escapades.

Tu veux une femme qui t'attende chez toi, coupée du monde pour qu'elle ne connaisse que toi, pour qu'elle dépende de toi, pour qu'elle n'aime personne d'autre, pour qu'elle n'ait pas d'ambition, pour qu'elle n'ait pas d'intérêts sauf toi, pour qu'elle soit à ta disposition, à ton service. Même si tu ne l'aimes plus, tu ne veux pas qu'elle en aime un autre, parce que tu veux qu'elle t'appartienne. On n'est pas loin du syndrome de Münchhausen, cette pathologie qui consiste à surprotéger l'autre, faire croire à l'autre qu'il a besoin de toi, pour te mettre en évidence ; à s'arranger pour que l'autre ait besoin de toi ; à maintenir l'autre dans une position de dépendance à toi pour te donner du pouvoir ; à te donner de l'importance auprès de l'autre en lui faisant croire qu'il a besoin de toi, que les autres sont de mauvaises fréquentations, de faux amis, contrairement à toi, qu'il est incapable de reconnaître ses vrais amis...

La vraie asociabilité est dans le narcissisme. Tout ce que fait le narcissique est bien, tout ce qu'il aime est bien, tout ce qu'il connaît est vrai. Pour le narcissique, n'existe, n'est vrai que ce qu'il sait. Le narcissique confond « je n'aime pas » et « c'est con », « je suis contre ». Le narcissique met ses " spécialisations " (tel sport, la bagarre, le militantisme, écrire, jouer de la musique...) au-dessus des " spécialisations " des autres : « Moi je sais faire ça, et pas toi ! » ; « I'sait même pas faire ça ! ». Le narcissique lance une attaque contre autrui, puis se casse, pas moyen de discuter avec lui. Le narcissique croit qu'il est mieux que les autres ; les autres, il ne sait pas qui ils sont, il ne s'intéresse pas à eux, il les voit comme il veut qu'ils soient. Le narcissique a une seule interprétation de l'irritation que cause chez autrui une de ses piques, une de ses critiques... : il n'y a que la vérité qui blesse. Le narcissique pense que c'est la raison pour laquelle il a fait sortir l'autre de ses gonds. Tu n'envisages pas que tu aies pu te tromper, et qu'il s'emporte contre ta prétention, ou parce qu'on se trompe à son sujet, tu n'envisages pas qu'il s'énerve d'autant plus quand se trompe sur lui une personne à qui il a essayé de faire comprendre quelque chose. Le narcissique ne croit que ce qui l'arrange. Le narcissique aime trop s'écouter parler pour que je le crois.

Pour le narcissique, autrui n'a de la valeur que si autrui est d'accord avec lui. La relation que le narcissique a avec autrui correspond, à une autre échelle, à la relation qu'ont beaucoup d'hommes avec les animaux. Le narcissique qui dit qu'il aime les animaux, n'"aime", en réalité, que les animaux qui ne le contrarient pas ¿ par une attitude qui lui est incompréhensible, donc incontrôlable, par une opposition ¿. Ce n'est pas parce que l'être humain ne sait rien sur la souffrance d'animaux ¿ d'un embryon, de plantes ¿ qu'ils ne souffrent pas. Ignorer une chose ne signifie pas qu'elle n'existe pas. Le dauphin n'est-il pas considéré comme intelligent par l'être humain pour la raison que le dauphin semble manifester de la sympathie pour l'être humain ? Une intelligence qui se manifeste autrement, une intelligence qui est indifférente ou hostile à l'égard de l'être humain, une intelligence différente, n'est-elle pas méprisée, niée par l'être humain ? L'être humain appelle intelligents les animaux qu'il comprend, de la même manière que des mâles humains n'appellent intelligentes que des femmes qu'ils comprennent, de la même manière que des vieux, des hommes âgés, se permettent de distribuer des bonnes notes aux jeunes qu'ils comprennent, qui ne les contredisent pas, qui sont d'accord avec eux.

http://www.journalvachefolle.net/article-453.html

Le psychopathe, selon le Dr Walter Denys, se caractérise par une absence de sentiments, de remords, un narcissisme surdéveloppé, un égocentrisme absolu. Il est indifférent à l'autre, à l'amour, à l'humour, à l'honneur, à l'horreur.

Marc Metdepenningen, in : le Soir, 06 mai 2004

http://www.journalvachefolle.net/article-346.html

Pierre Thys

« Il existe aussi des psychopathes très convenables »

Pierre Thys ¿ Le psychopathe n'est pas nécessairement intelligent. Il n'est même pas nécessairement délinquant non plus. Il faut savoir que des psychopathes évoluent dans des domaines sociaux très divers sans être asociaux, dangereux et tomber sous le coup de la loi. Il existe aussi des psychopathes très convenables. Dans le monde politique, dans les entreprises ¿ ce ne sont que des exemples ! ¿ vous trouverez des individus qui, sans être absolument asociaux, ont cette façon de vivre en ne tenant aucun engagement, en retombant toujours sur leurs pattes, en étant toujours à la limite de la légalité. Impulsifs, imprévisibles, ne planifiant pas les conséquences de leurs actes, ne tenant pas compte de l'expérience, ils présentent les traits caractéristiques d'un comportement psychopathe, mais ils ne sont pas pour autant délinquants.

¿ C'est plutôt inquiétant¿

Pierre Thys ¿ Peut-être, mais socialement admis et relativement jugulé par notre organisation sociale. En ce monde, il faut parfois faire preuve de qualités opérationnelles exigeant qu'on marche sur les autres, qu'on imprime une certaine brutalité à ses actions. On retrouve ainsi des traits d'organisation de personnalité psychopathique dans certaines unités policières, dans certaines unités de l'armée. Dans les corps d'ambulanciers ou chez les pompiers peuvent également évoluer de ¿ petits psychopathes ¿, tout à fait socialisés, attirés par le perpétuel mouvement offert par ces professions. Le psychopathe a besoin de cette juxtaposition d'épisodes de vie ancrés dans le présent.

[¿]

Propos de Pierre Thys, recueillis par Jean-Laurent Van Lint ;

in : Télé Moustique, 29, 4094, 14 juillet 2004

http://www.journalvachefolle.net/article-446.html

Domination au quotidien (2) ¿ nov. 2004

[¿]

Petit confort

Triomphe de la faiblesse, de la médiocrité, de la grossièreté, de la vulgarité, de la facilité, de l'intérêt immédiat. On se méfie plus des intellectuels que des cons. La lucidité et le sens critique font surtout peur à ceux qui sont foncièrement critiquables. Les franches déclarations sur le sens de l'amour, de l'amitié sont retournées contre leur auteur par des personnes qui sentent que ses critiques peuvent s'appliquer à elles. Accusées potentielles, ces personnes deviennent les accusateurs. Triomphe de la médiocrité et de l'hypocrisie! On ne critique pas de peur d'être critiqué à son tour; on n'est pas exigent envers les autres parce qu'on n'est pas exigent envers soi-même; on ne se mouille pas; on ne prend aucun risque; on mange à tous les râteliers. Faire des reproches est acceptable s'ils sont émotionnels, pas s'ils relèvent de l'analyse critique, rationnelle, raisonnée, réfléchie, construite, argumentée et profonde, qualifiée entre autres de " froide logique " par quelqu'un qui s'en sent menacé. Une doléance intellectuelle est considérée comme ternissant l'ambiance, ce qui n'est pas le cas d'un tirage de gueule non expliqué, d'une remarque non argumentée, d'une désapprobation non motivée, qui sème le doute et culpabilise. Non, ça c'est admis, à l'instar du verdict du jury de cour d'assises, qui ne doit pas être motivé; c'est populaire, donc c'est bien. C'est ça l'humanité qui attendrit ?! C'est facile de ne pas s'expliquer : quand on ne dit rien, on ne dit pas de stupidités. Dans ce monde, on pardonne la goujaterie, pas la critique, la contestation, la remise en question. Chacun y va de sa bouderie, et ainsi personne ne se remet en question. Et quand on rejette quelqu'un, c'est sans risque: c'est parce qu'il a commis une des fautes, une des infractions communément réprouvées, comme avoir cocufié un copain...

Nombreux sont ceux qui traversent la vie en distribuant des notes: « ÿa c'est génial », « ÿa c'est con », sans les motiver, sans jamais se justifier ni rien créer ! Selon l'étalon qu'est leur personne !

Nous vivons dans une société où la maîtresse d'un homme marié est considérée, par la plupart des femmes, comme une briseuse de ménage, une piqueuse de mecs mariés, pire qu'une pute, qui, elle au moins, se fait payer ; où les sentiments amoureux sincères que celle-là pourrait éprouver pour le mari d'une autre sont plus blâmables qu'un calcul vénal. Où les donneuses de leçons, les gardiennes de la vertu n'osent pas boire plus de deux verres de peur de se laisser submerger par leurs pulsions sexuelles refoulées, et sont donc moins maîtrisées et plus libidineuses que celles dont elles fustigent la débauche.

Est-ce cela communiquer... aimer ?

L'humanité. L'humanité se limite-t-elle à s'agenouiller dans une église, à jouer aux cartes ou aux jeux vidéo, à comparer son look, à soumettre un animal domestique, à conter fleurette, à énumérer ses conquêtes galantes, à qualifier les choses de bien, con, dégueulasse, mauvais..., à insulter les femmes ou les hommes ou les pédés ou les pédophiles ou les étrangers ou les Juifs ou les Arabes ou les Nègres ou les flics ou les fonctionnaires ou les socialistes ou les grévistes...? Avoir des qualifications toutes prêtes, clés en main, sans les motiver, sans expliquer pourquoi: ¿ Ils sont restés dignes ¿, ¿ C'est un très grand monsieur ¿, ¿ Je l'aime ¿, ¿ C'est la tradition ¿, ¿ Il est cocu ¿, ¿ C'est dégueulasse ¿, ¿ C'est une salope ¿, ¿ C'est une pute ¿, ¿ C'est un fils de pute ¿, ¿ C'est un raté ¿, Il est con ¿, ¿ C'est un faux-cul ¿, ¿ Je suis son bouche-trou ¿, ¿ C'est un profiteur ¿, ¿ Il ne respecte rien ¿, ¿ C'est un menteur ¿, ¿ C'est un manipulateur ¿, ¿ Il est sans scrupules ¿, ¿ Il est cynique ¿, ¿ Il est pervers ¿, ¿ Il est sataniste ¿, ¿ Il est parano ¿, ¿ Il est asocial ¿, ¿ Quel égoïste ¿...

[¿]

http://www.journalvachefolle.net/article-459.html

La non-domination au quotidien (1) ¿ nov. 2004

[¿]

Lynchage

Peur du lynchage ? Penses-tu ! Quelle idée ?! Dans un monde où on témoigne masqué à des débats sur la prostitution, l'homosexualité ?! Dans un monde où il y a des salopes, des fils de pute, des sales juifs, des sales pédés !? Dans un monde où il y a du mobbing, du harcèlement moral, cette violence perverse au quotidien. Dans un monde où tu peux être tué(e) ¿ socialement ou physiquement ¿ parce que tu es une femme adultère, un(e) homosexuel(le), un incroyant, parce que ¿ partout, en tout temps ¿ tu es un bouc émissaire, parce que tu es un objet de défoulement ¿ défoulement dont une expression est l'addition viol et meurtre sur la même personne ¿, tué(e) par des congénères, des êtres humains comme toi. Traverser la vie avec la méfiance face à l'existence du lynchage n'est pas pire que vivre dans la dépendance d'une femme, d'un homme, d'une famille. Les uns se rangent du côté du nombre, hurlent avec les loups, les autres n'appartiennent qu'à eux-mêmes. Reconnaître ce dont l'homme est capable et le potentiel liberticide de certaines valeurs qui fondent ¿notre¿ société, ne signifie bien sûr pas s'a(ban)donner au manichéisme, au misérabilisme, à l'autovictimisation, à la paranoïa (... parano de la conjuration des imbéciles...), à la contre-attaque individualiste, au Moi contre le reste du monde. ÿ ce propos, il ne faut évidemment pas oublier cette logique qui attribue une dangerosité à des anticonformistes, alors que ce ne sont pas ceux-ci qui (se) rassemblent pour s'imposer à autrui, pour aller tuer. Notre société a sa panoplie de termes péjoratifs pour qualifier ceux qui la contestent au nom de la jouissance individuelle, pour les dénigrer.

[¿]

http://www.journalvachefolle.net/article-461.html

Doute actif et débat contradictoire

Je prône la rigueur, la cohérence, l'honnêteté intellectuelles, en tenant compte du fait que l'homme est un être complexe, changeant, en mouvement, en conflit, ce que la rigueur, la cohérence et l'honnêteté intellectuelles devraient rappeler. Cette ligne de conduite me rend vigilant, méfiant vis-à-vis du recours à l'insulte à l'égard de ses contradicteurs, de ses opposants, méfiant vis-à-vis des penseurs qui se contredisent¿

Je m'oppose à la pensée communautaire. Autrement dit : je ne catalogue pas les personnes, je ne les range pas dans des catégories (¿ les Juifs ¿, ¿ les Palestiniens ¿, ¿ les Arabes ¿, ¿ les Américains ¿, ¿ les Allemands ¿¿), et je critique les personnes qui se laissent ranger dans des catégories (¿ nous les Juifs ¿, ¿ nous les Belges ¿¿), les personnes grégaires, les personnes qui ne pensent pas par elles-mêmes, les personnes dont la pensée est tributaire des appartenances et des dogmes, dictée par ceux-ci. Autrement dit : je ne crée pas de catégories et je critique les catégories existantes.

Aux dogmes, aux affirmations communautaires, j'oppose le doute actif, le débat contradictoire, l'analyse systémique¿

http://www.journalvachefolle.net/article-379.html

Sarkozy. Ploutocratie et voyoucratie

Voyous

« Sarkozy parle comme les racailles de banlieues. » (gpas, 24.02.2008, http://www.20minutes.fr/article/214954/commentaires)

« la FRancede NS est une societé ou les gens passe leur temps a s'insulter, se bagarrer entre eux » (etoui, 24.02.2008, idem)

« Sarkozi est un voyou comme tous les patrons qui le soutiennent. » (jeff, 24.02.2008, idem)

« L'Elysée aussi a ses voyoux il serait temps d'y passer un coup de karcher. » (FredPerry, 25.02.2008, idem)

« Voyous, racailles... Il parlait vraiment d'un sujet qu'il maitrise. » (Cmoi, 25.02.2008, idem)

« Notre président est tout simplement un beauf. Ca nous revient en pleine tronche, c'est tout. » (zelmak2003, 25.02.2008, idem)

« Oui bon, d'accord que c'est un être humain comme les autres, mais il nous la joue un peu trop Zidane notre président...! » (alaouen, 25.02.2008, idem)

« là ou le bat blesse c'est quand un président se permet de souligner les incivilités des autres (jeunes des banlieue qu'il faut nettoyer au karcher) et qu'il se permet de parler comme un de ces jeunes qu'il stigmatise » (barbara430, 25.02.2008, idem)

Show, spectacle, médiatisation, culte de l'image, démagogie, frime, « avoir les couilles », logique de Cour royale, narcissisme, soif de pouvoir, culte de la force. Sensationnalisme médiatique, vendre de la merde, faire consommer. Presse relais du pouvoir. Du pain et des jeux.

Ploutocratie et voyoucratie

« Une civilisation fondée sur le culte de l'argent et le mépris de l'ÿtat ¿ valeurs portées par le président comme par trop de jeunes de nos quartiers pour lesquels les principes républicains ne signifient plus rien ¿ produira toujours de la ¿ voyoucratie ¿. » « Le désengagement de l'ÿtat ¿ école, Justice, Santé, services publics ¿ » « Les fausses valeurs comme le culte de la force, de la compétition, de l'argent facile, le non respect du service public et des institutions » [Citoyenrj, le 30/11/2007 ; http://www.lepost.fr/article/2007/11/29/10...es-enrages.html]

« les pseudo-valeurs du ¿ fric pour le fric ¿ et la haine de l'ÿtat, partagées par le président comme par une partie des jeunes de nos ¿ cités ¿ » [Citoyenrj, le 01/12/2007 ; idem]

« La ploutocratie se protège et compte sur la police pour taper sur la ¿ voyoucratie ¿... Or, ploutocratie et voyoucratie sont les deux faces de la même médaille ! » [Citoyenrj, le 01/12/2007 ; http://www.lepost.fr/sondage/2007/12/01/10...quel-titre.html]

Culte de l'image, culte de la force

Sarkozy et voyous des cités, c'est la même logique. Qu'il s'agit de dénoncer. Dénoncer la violence érigée en valeur chez certains jeunes. Le culte du ¿ respect ¿ dû au caïd, de ¿ l'honneur ¿. Les ¿ couillus ¿ comme modèles ; avoir pour modèles des stars du sport, de la musique, des stars du crime (les gangsters Mesrine, Scarface); suivre des leaders providentiels, des ¿ sauveurs ¿ ; à l'opposé d'une réappropriation de la politique, d'une repolitisation. Des opprimés reprennent les ¿ valeurs ¿ de leurs oppresseurs. Attachement « à tous les symboles de la réussite dans son acception capitaliste : violence, respect seulement des siens, fermeture évidente au monde et à la connaissance » [hermaphrodite.fr/article350 ; 8 septembre 2005]. Le modèle de l'argent, du prix de la voiture. L'industrie fonctionne sur cette envie, sur la convoitise. On aime celui qui vous écrase par sa course au fric.

[http://www.lepost.fr/article/2007/11/29/10...ns-flouees.html]

http://www.journalvachefolle.net/article-792.html

Le show de Sarkozy

Zidane et son coup de boule, Sarkozy et ses répliques sont des modèles. « Avoir les couilles », « ne pas se faire marcher sur les pieds », culte de la force et de l'honneur. Honneur ou bas instincts animaux, honneur ou réactions primaires ?

« Trois hypothèses s'offrent: Il est calculateur. Il pense que c'est bon pour son image, il cherche à être le type qui réagit "comme tout le monde", qui ne se fait pas marcher sur les pieds, etc. Il est à l'ouest, étourdi, il a la tête ailleurs. Il s'en fiche. » (lafayette | 24.02.2008 - 16h09 ; http://www.20minutes.fr/article/214954/commentaires)

« Bah, c'est comme le coup de boule de Zidane ... si on excuse l'un, pas de raisons de ne pas excuser l'autre ... Je sais bien que l'Honneur n'est plus vraiment une valeur sure, mais après tout on est pas non plus obligé de se laisser insulter sous prétexte que l'on est connu. » (Delanouille | 24.02.2008 - 16h24 ; idem)

« le monde entier dit: enfin un président qui à des couilles!!! » (gilbert029 | 25.02.2008 - 08h57; idem)

« A vous entendre on croirait que personne n'a voté pour ce voyoucrate ! Prenez les 5 ans dans vos tronches ... Vous avez voté , vous l'avez eu ! » (AfricanNatur | 24.02.2008 - 17h21 ; idem)

« On a le president que l'on merite » (potager | 24.02.2008 - 17h29 ; idem)

« sarkozy n a pas raison! le propre du faible qui n a aucun argument à présenter c est d insulter .... s il ne peut pas répondre sans insultes il n est pas digne d être président.... on m a appris depuis toute petite à ne pas répondre par des grossièretés pour montrer que je vaux mieux alors lui il vaut quoi ? » (bettyboop2212 | 24.02.2008 - 17h35; idem)

« Ce Monsieur se prend pour le roi, dans quelques temps il faudra faire la reverence sur son passage » (prsa | 25.02.2008 - 08h14 ; idem)

« @gilbert : ce quime dérange c'est cette vulgarité de la part d'un homme d'état, ainsi que cette impulsivité qui fait peur. » (jagx | 25.02.2008 - 08h21; idem)

Show, spectacle, médiatisation, « communication », culte de l'image, démagogie, frime, « avoir les couilles », logique de Cour royale, narcissisme, soif de pouvoir, culte de la force, politique politicarde, politique people. Sensationnalisme médiatique, vendre de la merde, faire consommer. Presse relais du pouvoir. Du pain et des jeux.

Sarkozy et voyous des cités, c'est la même logique. Qu'il s'agit de dénoncer. Dénoncer la violence érigée en valeur chez certains jeunes. Le culte du ¿ respect ¿ dû au caïd, de ¿ l'honneur ¿. Les ¿ couillus ¿ comme modèles ; avoir pour modèles des stars du sport, de la musique, des stars du crime (les gangsters Mesrine, Scarface); suivre des leaders providentiels, des ¿ sauveurs ¿ ; à l'opposé d'une réappropriation de la politique, d'une repolitisation¿

http://www.journalvachefolle.net/article-793.html

Interview de Michel Onfray par Stéphan Bureau ¿ mars 2007

Morceaux choisis

Michel Onfray : « La politesse, ce n'est pas le degré zéro de l'éthique, c'est le premier degré de l'éthique. Et c'est une façon de dire à l'autre : ¿j'ai vu que tu étais là, j'ai vu que tu existes¿. C'est : ¿pardon, s'il vous plaît, merci¿, toutes ces micro-choses qui sont l'occasion de mettre de l'éthique là où a priori il n'y en a pas. »

http://contacttv.net/i_extraits_texte.php?id_rubrique=507

Le retour des couilles

par Philippe Val

[¿]

Au XVIIIe siècle, par la bourgeoisie qui cherche, comme Le Bourgeois gentilhomme de Molière au siècle précédent, à singer les « grands », les règles de bienséance se démocratisent, si l'on peut dire. Mais l'autre face, positive, de la politesse est une arme dont disposent les penseurs des Lumières pour fourbir une autre conception de la société et du pouvoir. Formulée sans égard, elle aurait été inacceptable par les censeurs de l'époque. D'un côté, la politesse induit un conformisme et une frustration des m¿urs, de l'autre côté, elle permet l'expression des critiques et des pensées les plus subversives. Ses règles offrent un cadre, finalement très large, qui, pourvu qu'on joue avec et non contre, permet d'esquiver la sanction qui guette l'irrespectueux.

Sans la culture de la politesse, aurait-on pu, aurait-on même eu l'idée de rédiger la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen, laquelle, au fond, est un manuel radical du savoir-vivre moderne ? Les bonnes manières, à partir du moment où elles s'imposent à tous, bénéficient aussi à tous, aux femmes, aux métèques, aux Juifs, aux protestants, aux enfants, aux homosexuels, aux riches et aux pauvres, etc.

Sans cette reconnaissance de la vie et de l'existence de l'autre, sans les mutations successives de la politesse, jamais on n'aurait inventé les démocraties modernes dans lesquelles nous vivons depuis le XXe siècle. Elle permet tout simplement le débat contradictoire et la discussion des lois au sein du Parlement, quelque rude et passionnée soit la confrontation. Elle permet aussi la polémique la plus virulente, et l'humour le plus débridé, sans rejeter l'autre en dehors de l'humanité. C'est d'ailleurs la différence avec le pamphlet, qui est le genre de prélidection de l'extrême droite. Il n'est d'ailleurs pas étonnant que la grande saison du pamphlet ait été la période qui va de l'affaire Dreyfus à la Seconde Guerre mondiale. Le pamphlet transgressait brutalement les règles de la politesse en stigmatisant non des idées, mais des gens ¿ alors que la politesse permet de stigmatiser les idées en épargnant les gens. Le pamphlet exclut son objet de l'espace humain civilisé en tenant toute réponse pour nulle, non avenue et, pour tout dire, non humaine. Céline a porté le pamphlet au rang d'un art, alors qu'avant lui il était un genre littéraire mineur.

De l'exclusion par les mots à l'exclusion par les actes, le chemin est plus court que celui qui va de la politesse à l'exclusion. Affronter quelqu'un en reconnaissant ses droits, ce n'est pas la même chose que l'affronter en les lui déniant. Le philosophe Clément Rosset le formule ainsi : « La politesse, c'est la déférence à l'égard de la différence. » Elle accorde à l'autre le bénéfice du doute.

Je me souviens d'un vieux Vietnamien francophone, à Hué, colonel de l'armée vietcong, qui me racontait qu'il était chargé de rééduquer les pilotes américains prisonniers : « Je leur demandais f'apprendre par c¿ur des fables de La Fontaine, pour qu'ils apprennent la politesse. J'ai fait la guerre aux Américains pour leur apprendre la politesse. »

La question des femmes est au centre de la politesse. Elle s'appelle alors la galanterie, et elle est un abandon de la supériorité masculine devant la femme, voire un abaissement. Bien que parfois momentanée ou superficielle, cette attitude de soumission n'en est pas moins réelle. Sans ce moment d'abdication où le pouvoir change de main, où le dominant se proclame dominé, aurait-on trouvé le chemin de l'égalité des droits ? ÿ quel autre moment le débat aurait-il pu s'initier, sinon à celui qui, quand bien même par jeu, permettait à la femme d'exprimer son désir, sans se voir rabrouer grossièrement ? Sans ce moment où s'appliquent les règles de la galanterie, la plupart des personnages féminins de Molière seraient muets.

[¿]

Et puis, il y a eu Internet, et la possibilité de s'adresser au monde entier sans même apparaître à la fenêtre. Nous sommes en train d'édifier autour de la planète l'image même de notre cerveau tel que nous nous le représentons. Nous sommes aux premiers âges d'un cerveau primitif électronique planétaire constitué de la rumeur de toute la pensée humaine. Comme dans un cerveau, il y a les zones du rut et de la prédation, les zones de mémoire, des continents de névroses et de psychoses paranoïaques, une jungle de synapses et de neurones aux fonctions barbares et non indentifiées. Au loin, vers le front, minoritaire, le siège de l'intelligence, encore inaudible dans le tumulte assourdissant des instincts criards, mais destiné sans doute un jour ou l'autre à exercer une domination relative sur les autres zones, selon un processus darwinien.

Sur Internet, l'heure n'est pas encore à la politesse et à la galanterie : on a des couilles ou on n'a pas de couilles. Alors que depuis trente ou quarante ans les femmes ont le pouvoir sur leur corps et les mêmes droits que les hommes, alors que les homosexuels ne sont plus discriminés, et que l'expression « avoir des couilles » a un parfum d'obsolescence, alors que, précisément, les couilles ne sont plus l'apanage suprême de la supériorité, Internet redevient le lieu où classer les gens entre sans couilles et avec couilles est tout à fait naturel.

Récemment, j'ai pu lire sur mon mail, répétée à l'envi et reprise ici ou là, cette condamnation sans appel concernant la rédaction de Charlie et moi-même : « Vous n'avez pas de couilles. » Comme si la couille était devenue une matière pensante infiniment supérieure à la tête. Comme si, brutalement, les femmes étaient de nouveau privées d'un attribut suprême.

Le XVIIIe siècle a également été celui d'un débat violent à propos de la politesse. Pendant la Révolution, il y a eu un moment, de 1792 à 1794, précisément la période de la Terreur, où la politesse était mouche, interdite, et le tutoiement obligatoire. Celui qui n'obéissait pas à l'interdiction de la politesse prouvait qu'il n'avait pas les couilles d'être révolutionnaire, alors on lui coupait la tête. Faute de couilles, Madame Roland a été décapitée, comme Danton, qui commit l'erreur de ne pas faire de ses couilles le siège de sa vertu.

Si, au XXIe siècle, quarante ans après le début de la révolution féministe, l'expression « avoir des couilles » survivait, c'était dans un second degré prudent. Son retour dans le premier degré, l'emploi fréquent d'invectives et d'insultes sexuelles de nature voisine sur les blogs et les réactions de lecteurs des sites de journaux, à quoi s'ajoute l'expression de haines spontanées, jamais freinées par le souci de laisser à l'autre le bénéfice du doute, appellent une réflexion. En dix ans, Internet a détricoté le travail fragile de deux siècles. Dans cette brutalité règnent les grandes peurs irrationnelles, les imaginations de complot et l'idée que la violence seule est susceptible de répondre au désaccord. On réagit immédiatement aux affects, sans prendre le temps de percevoir la réalité et de tenter de la comprendre. C'est la planète des singes, où le totem est une grosse couille érigée sur la place du village. Un jour, parce que la haine nous aura épuisés, parce que la souffrance sera devenue à la fois insupportable et dérisoire, nous apprendrons la politesse.

Philippe Val, in : Charlie Hebdo, 23 juillet 2008

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