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L'origine cognitive de la croyance en dieu


existence

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Il me semble qu'il y a deux paradoxes qui sont à l'origine de la croyance en dieu. Le premier paradoxe est celui entre observation et action. Nous avons la capacité à observer, directement ou indirectement, beaucoup de choses, à en apprendre beaucoup sur le monde. Nous pouvons nous construire une représentation de la planète entière, avec plus ou moins de précision. Mais quoiqu'on apprenne, notre action reste limitée à celle de notre corps. Le premier paradoxe est donc d'avoir d'un côté une capacité d'observation et de représentation non limitée, et de l'autre d'avoir une capacité d'action limitée. Or on peut avoir envie de contrôler certaines parties du monde, pour des raisons personnelles ou pour des raisons altruistes. D'autre part, le pouvoir est un aphrodisiaque important, on peut donc être tenté de fantasmer la toute puissance pour réguler son humeur. Si j'étais président, etc. De là à fantasmer un pouvoir divin, il n'y a qu'un pas.

Le deuxième paradoxe est un peu semblable au premier. Il s'agit de la différence entre notre ego et notre esprit. Nous pouvons avoir dans notre esprit des représentations de plein de choses, de pleins de personnes, et de nous-mêmes. La représentation de soi est appelée l'ego. Les autres représentations dans notre esprit ont un statut étrange, en même temps, il s'agit de nous, puisqu'il s'agit de notre esprit, et en même temps, il s'agit d'autre chose que nous, puisque ce n'est pas l'ego. Il s'agit de nos représentations de choses qui ne sont pas nous-mêmes. Ce paradoxe peut semer le trouble entre ce qui est soi et ce qui ne l'est pas, et l'on peut être tenté de prolonger son ego à l'esprit entier. On aboutit alors à un deuxième égo en plus de l'ego personnel, un ego-monde.

Le désir de toute-puissance associée à l'ego-monde entraine la formation dans notre esprit d'un être social très proche de nous-mêmes, puisque c'est notre esprit, et en même temps très étendu, puisqu'il s'agit de représentations non limitées. On va donc déduire la présence d'un être social, mais on ne peut pas le percevoir avec nos sens, puisqu'il est le fruit de notre fantasme. En même temps, cet être est associé à un pouvoir, celui du contrôle de notre propre esprit. Dans la confusion, on confond alors le contrôle de notre esprit avec le contrôle du monde.

J'en conclus que c'est cet être social, invisible, et ayant de l'apparence d'avoir des pouvoirs très grands, fruit de notre imagination, de notre envie de pouvoir et des paradoxes évoqués, qui est appelé un dieu. L'imagination étant par définition très variée, il y a de nombreuses variantes, de nombreux dieux différents avec des attributs différents.

Le terme Dieu avec une majuscule peut représenter deux choses différentes. D'une part, la notion de chef des dieux, puisqu'il a une majuscule, et qu'on lui prête des attributs tout à fait absolus (création de tout, contrôle de tout etc.). Cela peut aller avec un principe d'exclusivité (c'est mon dieu, c'est le seul dieu, c'est le plus fort). D'autre part, le terme Dieu représente un syncrétisme, un rassemblement de toutes les croyances en une divinité comme étant la même chose avec des apparences différentes (ce qui est une forme davantage tolérante). Le terme Dieu est donc lui-même une contradiction entre une notion d'autorité et d'exclusivité, et d'autre part une notion de généralisation, une fusion des croyances aux divinités. En d'autres termes, il s'agit plutôt d'un enjeu social de savoir qui sera le dieu considéré comme étant l'autorité.

En mettant ensemble les pièces du puzzle, cet enjeu de chef des dieux émerge de l'apparition de la croyance aux divinités, qui résultent des paradoxes entre observation et action, et entre ego et représentation du monde.

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Si la question est "est-ce que les phénomènes religieux vont si loin", la réponse est oui, nous constatons que les phénomènes religieux sont sur l'ensemble de la planète et accaparent la vie de nombreux individus. La question ici n'est pas de savoir dans quelle mesure il y a un phénomène religieux de croyance dans des dieux, mais de trouver une explication à ces phénomènes.

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