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Morceaux choisis : https://blogs.mediapart.fr/edition/actualite-et-verites-de-la-campagne-de-la-france-insoumise/article/280117/frederic-lordon-soutenir-melenchon ============= Lordon analyse la situation politique et géopolitique actuelle ainsi que le positionnement de Mélenchon et de son apport dans le champ politique. F.Lordon : Alors les prochaines élections ... C'est une drôle d'affaire. Moi ça m'inspire des sentiments tout à fait mêlés, cette perspective électorale. Des sentiments très contradictoires. Je dois dire que les années passant, et ça fait un moment que j'ai arrêté de voter pour ce qui me concerne, j'en suis venu vraiment à considérer que la pantomime électorale dans le cadre des institutions de la 5eme République était une affaire nulle et non avenue. Et d'un certain point de vue, ce qui s'est passé sur Nuit Debout était l'expression de cette disposition d'esprit. Jouer le jeu dans ces institutions est une affaire soit perdue d'avance, soit entièrement privée de sens. Et que la seule question politique D.Mermet : On peut être une caution, faire porter une caution F.Lordon : Oui, voilà, c'est ça. Mais que la seule question politique vraiment pertinente à poser, c'est la transformation des institutions politiques en cessant immédiatement de les cautionner par notre participation. Et puis contradictoirement, oui, je pense que c'est une élection à nulle autre pareille. Je pense que cette élection soulève des enjeux politiques d'une intensité qu'on a pas vue depuis 1981, et peut-être même supérieure, et que par là d'ailleurs, elle s'annonce d'une redoutable violence. Alors, où sont localisés ces enjeux qui font la singularité peut-être de cette élection? Bon pour l'instant je vais essayer de rester aussi analytique que possible. Là où un enjeu surgit, c'est autour de la candidature de Mélenchon. Alors voilà, on peut avoir toutes les réserves du monde vis à vis de Mélenchon, ou de sa personnalité ou de ses orientations politiques, etc, et on en discutera éventuellement tout à l'heure, mais il y a au moins une chose, si on regarde le paysage avec un tant soit peu de distance qu'on ne peut pas ne pas reconnaître, c'est qu’il est le porteur d'une, pour la première fois depuis très longtemps, bon il y a eu 2012 évidemment, il est porteur d'une différence significative de gauche dans le paysage de l'offre politique. Et ça ce n'est pas rien. Qu'il y ait une différence significative installée dans le paysage de politique ça on le sait depuis longtemps, c'est le FN. Bon, mais c'était la seule, qui prospérait évidemment sur l'indifférenciation générale, ça va sans dire. ......... Là dessus passe Macron. Bon alors c’est un autre signe de confusion, quoi le gars qui se dit anti système qui a toutes les étiquettes du système, qui écrit un livre qui s'appelle “Révolution”, et qui se présente comme le chantre du progressisme! Bon ben là, c'est bon, quoi. Le filet est garni. Et donc, dans cette situation là qui devient, avec des degrés de liberté qui s‘ouvrent de partout, des idées qui sombrent, d'autres qui se mettent en torche, etc. il peut peut-être se passer quelque chose. D.Mermet : Ouais, c'est à dire F.Lordon : alors, là, moi je ne sais pas parce que je n'ai pas de boule de cristal. je ne vais pas prendre le risque de me tromper, tu comprends, dans ces conditions. Je ne suis pas totalement idiot. Bon, il faut les prendre les uns ... bon on ne va pas parler du Parti Socialiste. parce que si tu veux, virtuellement ça n'existe plus. Là ça s'agite à la télé, tout ça. mais moi ça me fait vraiment penser à .. tu sais quand les astronomes nous disent qu'on reçoit de la lumière qui a voyagé si longtemps qu'elle a été émise par un astre qui est déjà mort, quand on l'observe. je pense qu'on est typiquement dans ce type d'observation D.Mermet : Tu ne vois pas de la lumière qui arrive? F.Lordon : Ben tu vois, ça fait un petit peu scintiller nos écrans, mais je t'annonce la mire pour bientôt. Et puis la neige. C’est cuit et c'est quand même la bonne nouvelle de la période. D.Mermet : Benoît Hamon n'a eu aucune grâce à tes yeux ? Moi je l'ai trouvé pas mal avec ses petits objets. F.Lordon : (sourires) oui, hum, voilà, hum D.Mermet : On a fait un petit pot en grès, on a fait un petit abat-jour en macramé, là y a l’atelier... Ça t'as pas ému un peu ? On a des petits objets politiques, qui n'ont pas tellement de liens entre-eux mais il y a plein de bonne volonté.. F. Lordon : Ben, il est ému comme un petit animal qui va disparaître lui aussi. (rires!) Non mais moi, j'ai pas de limite à la compassion. (rires dans la salle) Non mais c'est vrai, faut dire les choses. Bon c'est vrai, je suis peut-être un peu vache mais bon, à peine. Si tu veux, moi, ça fait très longtemps que je pense que l'un des grands enjeux pour la gauche, c'est de parvenir à opérer cette conversion symbolique qui réussisse enfin à priver le parti socialiste de l'étiquette « gauche ». Et il me semble que nous avons vécu un quinquennat Hollande qui, à défaut d'être révolutionnaire, aura été réellement historique. Je pense réellement que ce quinquennat là est historique. Il est historique parce que précisément, il aura réussi cette performance de convaincre un nombre de plus en plus important de personnes, que qualifier ce personnel politique là de « gauche » était une erreur majeure et que maintenant il faut travailler, presque psychologiquement pour ceux qui y ont cru, il faut travailler à s'en débarrasser. Et je pense que, tu vois sur cette histoire de Hollande, du Hollandisme etc, j'ai toujours pensé que le lexique de la « trahison » était inadéquat. On a beaucoup dit : « Hollande a trahi, il a trahi, il a trahi le discours du Bourget ! », mais non, je ne crois pas, et je ne pense pas qu'ils aient trahi en fait. Moi, ma thèse, c'est plutôt qu'ils sont fidèles à eux-mêmes. Alors, je complète la thèse, c'est-à-dire qu'évidemment quand on remonte le fil des ans, il leur arrivait jadis de faire un petit truc de gauche, tu vois une verroterie par-ci, par-là, etc, mais en réalité depuis toujours, c'était des hommes de droite ; mais c'était des hommes de droite contrariés. ========================================================================================== <DDR>Là ca devient sympa ================================================================================ D.Mermet : Alors, t'as confiance en Mélenchon, euh, lui c'est la gauche... F.Lordon : Écoute... D.Mermet : ...parce que je me souviens d'un Lordon, « on peut rien faire dans ce cadre là, il faut changer le cadre, il faut renverser la table, etc.. ». Tout d'un coup tu dis que ben non, peut-être que dans ce cadre-là, on peut faire quelque chose et puis alors après, parce que j'ai entendu ça aussi en 2012 de la part de certains de nos amis qui disaient « Attends attends, aujourd'hui dans les urnes et puis demain dans la rue. Hollande on va lui mettre la pression après. Votons Hollande (contre Sarkozy), votons Hollande et puis après on va lui mettre la pression ». Même certains amis parlaient de « Hollandisme révolutionnaire », c'était du deuxième degré mais ça quand-même été dit. Est-ce que tu ne crains pas aujourd'hui de perdre un peu de...un Lordon un petit peu moins radical que d'habitude ? F.Lordon : Non non, t'en fais pas. Je suis toujours aussi méfiant et cependant, je maintiens ce que j'ai dit tout à l'heure. Je pense que pour la première fois, nous avons une différence significative qui est émise, qui a pris sa place dans l'offre politique et qu’on ne peut pas complètement faire l'impasse dessus. Alors, ne pas faire l'impasse, ça ne veut pas dire se rendre avec armes et bagages. Moi, j'ai pas le goût du ralliement inconditionnel, tu comprends, alors particulièrement, en l'occurrence...bon, dans le programme de Mélenchon, il y a « prendre le pouvoir pour nous le rendre », c'est le genre de promesse avec laquelle il y a lieu d'être méthodologiquement précautionneux. Un petit plaisantin, sur Internet, a dégoté une affiche de Mitterrand lors de la campagne de 1981 dont c'était exactement les mots : « Je veux vous rendre le pouvoir ». Ben tu vois, on attend toujours au bureau des objets trouvés (rires) D.Mermet : C'est ce que Trump a dit F. Lordon : voilà, c'est ça, alors moi, j'ai toujours une très grande méfiance vis-à-vis des stratégies qui se proposent de passer par les institutions pour changer les institutions. Donc, regardons, mais regardons précautionneusement, et ceci d'autant plus que, comment le dire sans être inutilement blessant..., les institutions de la Vème République correspondent bien à la personnalité de Mélenchon, je pense qu'il ne s'y trouverait pas mal, tu vois, et puis voilà, après on sait comment ça se passe, on arrive au pouvoir, on a un agenda, dont moi j'admets qu'il comporte des choses intéressantes, et puis on commence à le mettre en œuvre, etc, et puis après on dit « ah oui mais attendez, oui la Constituante bien sûr, on va refaire les institutions, oui bien sûr mais c'est pas la priorité, il y a des grosses réformes à faire, il faut nous donner le temps » et puis après qu'on lui ait donné le temps de faire les réformes il faut le temps que ça paie et puis... ================================================================================================== ========================================================================================== D.Mermet: Parle-moi un peu de l’Europe et de Mélenchon. Tu as vu son projet sur l’Europe? C’est quand-même un domaine où t’as bossé, sur l’euro, etc. Il a l’air de dire “on va renégocier les traités” et puis éventuellement...non? F.Lordon : Ah bah écoute, après avoir énormément tergiversé, avoir multiplié les refus d’obstacles, j’ai l’impression .. mais là tu vois c’est toujours pareil, j’ai des impressions alors après comme on dit, c'est un saut de la foi, comme on dit. on fait crédit ou on ne fait pas crédit. D. Mermet : ça s'appelle prendre parti F. Lordon : oui, peut-être. Alors, depuis cette réunion qui s'était tenue il y a à peine un an à Paris, et qui s'appelait le sommet internationaliste pour le plan B, il semble que donc qu'après tant de circonlocutions, Mélenchon finisse par se stabiliser sur une séquence dite plan A, plan B, dans laquelle le plan A consiste à annoncer la couleur à l'Allemagne, avec derrière un plan B qui sera actionné immédiatement si l'Allemagne n'achète pas. Bon, si on reste à ce niveau là de généralités, quitte à faire le naïf, je trouve que c'est une séquence qui n'a rien que d'excellent aloi. En effet, la moindre des choses me semble-t-il, c'est presque une exigence politique, c'est de dire aux Allemands et aux autres Etats Membres de l'Union Européenne, il est impossible de continuer dans ces conditions et voilà les transformations que nous voulons, faute de quoi nous partirons. et peut-être que nous ne partirons pas tous seuls d'ailleurs. Mon sentiment c'est que, si il faut parcourir la séquence du plan A, c'est simplement par acquis de conscience, parce que les résultats à mon avis, sont joués d'avance. L'Allemagne refusera. Alors évidemment, le gros codicille dans ce raisonnement c'est de savoir mais au fait, qu'est-ce que cela sera exactement les transformations qu'on va lui demander à l'Allemagne? Ce qui me semble tout à fait problématique dans la position de quelqu'un comme Varoufakis, c'est que je le sens capable de se contenter de petites choses comme un rabais sur la dette, une petite tolérance de plus pour faire du déficit budgétaire, trois petits tours et puis s'en vont. =============================================================================================== <DDR> Effectivement mais F.Lordon a déjà oublié le saut de la foi ^^ ==================================================================================================================== Or ce qu'il y a lieu d'exiger et d'exiger sine qua non, c'est une refonte complète, c'est à dire un abandon complet des traités, et le rapatriement intégral, je dis bien intégral de toutes les dispositions relatives aux politiques économiques dans une assemblée authentiquement démocratique, soit un parlement de l'Euro à créer par exemple. Mais, je reste sur la ligne de mon argument, ce parlement de l'Euro on peut bien le faire surgir au milieu de la cambrousse, il ne fonctionnera pas pour une raison extrêmement simple, c'est qu'un certain nombre de pays Allemagne en tête, refusera d'une part qu'il existe avec les prérogatives que je viens de dire. C'est à dire que soient remises en discussion démocratique parlementaire des dispositions que les Allemands précisément ont tenu comme à la prunelle de leurs yeux de sanctuariser dans les traités, précisément pour qu'elles ne soient jamais discutées. Donc déjà la première haie, ils ne la sauteront pas. Et à supposer qu’ils la sautent quand même, je pense qu'ils refuseraient d'être mis en minorité, ce qui est la loi de la démocratie, sur l'une de leurs dispositions fétiche. Imagine les Allemands mis en minorité sur la question du rapatriement de la Banque Centrale dans les institutions de la souveraineté politique. Fin de la Banque Centrale indépendante. Qui peut imaginer faire avaler une chose pareille aux Allemands en l'état actuel des choses? ========================================================================================== <DDR> Mais de nombreux insoumis, le saut de la foi F.Lordon, le saut de la foi . ============================================================================================================== Annonce @jimmy45 c'est la position de F.Lordon soutien de JL Mélenchon , finalement mes arguments sont très proches des siens , de fait je me pose toujours la question pourquoi un chiffrage du programme en euro , vu qu'il y a une bonne proba pour que nous changions de monnaie , et JLM démissionnera t'il comme MLP si le peuple dit non au plan B ?