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Jacques Bainville: "La guerre démocratique".


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31 décembre 1914:

"L'année s'achève...et qui ne fera son compte, sa récapitulation ce soir? Guillaume II à son quartier général qui est, dit-on, à Mézières, nos ministres dans leurs palais fragiles, les soldats dans leurs tranchées, à leurs foyers les femmes et les mères...cinq mois d'une guerre dont on ne saurait entrevoir la fin, des évènements qui, selon la coutume des grands évènements de ce monde, ont trompé les calculs les plus savants, tourné contre l'attente de tous. La France est encore envahie mais Paris est inviolé, en sûreté complète. Les russes ne sont pas arrivés à Berlin pour la Noël, mais les autrichiens sont chassés de Belgrade. Qui oserait, après cela, hasarder une prophétie?

Cependant ce jour-ci incite à tenter de lire l'avenir. On se défend mal de pronostiquer. Et des faits accomplis, de la situation générale, de l'avis, du sentiment donné par tels et tels qui ont pris part aux batailles, qui ont éprouvé le fort et le faible de l'esprit, voici ce qu'après réflexion mûre il est peut-être permis d'induire. Voici ce que l'on croit entrevoir...

D'ores et déjà -on peut dire depuis la victoire de la Marne- l'entreprise de l'Allemagne a échoué: c'est un fait qu'elle-même ne discute plus. L'écrasement de la France, l'anéantissement de la "méprisable petite armée du général French", comme a dit l'empereur Guillaume, était la condition préalable et nécessaire d'une grande victoire sur la Russie. L'Allemagne ne peut plus gagner la partie, et son mot d'ordre, celui que le Kronprinz, Von Kluck et les autres chefs ont donné pour Noël à la nation allemande, c'était celui de la France au mois d'aout: résister, tenir.

Quelle résistance peut fournir maintenant l'armée allemande? Voilà la question.

Un pays qui est capable d'efforts pareils à ceux que l'Allemagne a faits jusqu'ici, un pays qui depuis cinq mois soutient sur deux fronts une rude guerre, qui tient tête à une coalition gênante, ce pays là peut mener loin ses ennemis. La grande machine de guerre allemande est encore sur pied. La masse de la population allemande est dans un état d'esprit qui permet aux dirigeants allemands de compter sur des sacrifices durables. De ces dirigeants eux-mêmes, il serait fou d'escompter une défaillance. Leur volonté restera tendue jusqu'au bout.

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