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28 octobre 1904. L'affaire des casseroles


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28 octobre 1904. L'affaire des casseroles

L’affaire des fiches (aussi appelée « affaire des casseroles ») concerne une opération de fichage politique et religieux dans l'armée française au début du XXe siècle. Elle fut réalisée par des loges maçonniques du Grand Orient de France à l'initiative du général Louis André, ministre de la Guerre.

Nommé en 1900 ministre de la Guerre, pour remplacer le général Gaston de Galliffet démissionnaire, dans le gouvernement de Défense républicaine de Waldeck-Rousseau, le général André est reconduit dans celui d'Émile Combes, après le triomphe du Bloc des gauches aux élections de 1902.

Contrairement à ses prédécesseurs, le général André, n'avait pas été impliqué dans l'affaire Dreyfus. D'abord « comme tout le monde ou peu s'en faut, antidreyfusard de la première heure », il n'avait cependant pas pris position contre le capitaine Dreyfus comme beaucoup de ses collègues généraux. Aussi apparaissait-il comme un modéré capable de rechercher la vérité dans l'Affaire.

Désireux de républicaniser l'armée, le cabinet du ministre va souhaiter faire appel à toutes les « associations républicaines, de la franc-maçonnerie comme des autres » pour connaître les opinions politiques des officiers. L'objectif était de faciliter la promotion des officiers républicains qui, selon le général, avaient été défavorisés dans leur avancement et qui hésitaient à faire connaître leurs opinions par crainte pour leur carrière.

Pour ce faire, le ministère va faire appel aux préfets, à la Sûreté générale, voire à certains procureurs de la République pour obtenir des renseignements. Mais, très vite et sans doute à partir de la fin 1900 ou au début de 1901, le ministère recourt au Grand Orient de France, qui avait l'avantage de disposer de loges dans toutes les villes de garnison. Ces renseignements étaient fournis au ministère sur des fiches, d'où le nom donné à cette affaire.

C'est cette intervention des loges maçonniques qui va être dénoncée à la Chambre des députés en octobre 1904. La tempête ainsi déclenchée va amener la démission du général André. Son successeur, Maurice Berteaux, franc-maçon lui-même, décidera que les notations hiérarchiques des officiers leur serait désormais communiquées, de même que l'ensemble de leur dossier personnel pour le cas où une sanction serait envisagée à leur égard. Ces nouvelles dispositions seront à l'origine d'une novation dans la défense des fonctionnaires, encore d'actualité de nos jours.

L'affaire des fiches est absolument indissociable de l'affaire Dreyfus. C'est en effet la condamnation du capitaine en décembre 1894 qui va amener l'intervention des mouvements républicains dans la défense du régime, répondant ainsi aux attaques des formations hostiles à la République, y compris celles de la hiérarchie catholique qui, sauf de très rares exceptions, soutiendra toujours la culpabilité de Dreyfus en n'hésitant pas à épouser les thèses antisémites.

Lorsque le général André arrive au pouvoir en mai 1900, la République venait en effet d'être attaquée : tentative de Déroulède d'entraîner les troupes contre l’Élysée lors des obsèques du président de la République, Félix Faure (février 1899) ; violentes manifestations contre son successeur, Émile Loubet, juste après son élection ; agression d'un nationaliste contre ce nouveau Président en juin 1899 à Auteuil, au lendemain de la décision de la Cour de cassation d'annuler le jugement ayant condamné Dreyfus et de renvoyer l'intéressé devant le conseil de guerre de Rennes.

Les nationalistes et conservateurs n'acceptaient pas cette décision et, au sein même de l'armée, de nombreux officiers avaient pris publiquement position contre Dreyfus. Lors du procès de Rennes à l'issue duquel Dreyfus était de nouveau condamné, l'état-major avait continué à soutenir l'accusation contre le capitaine.

Les manipulations, les mensonges, les faux fabriqués à l'état-major de l'armée pour confondre Dreyfus entraîneront la réaction des mouvements républicains qui dénonceront vivement les officiers antidreyfusards et souhaiteront que, désormais, les officiers républicains soient favorisés dans leur avancement. Le Grand Orient de France, fer de lance de la défense de la République, va jouer un rôle moteur dans cette action. Le général André, qui avait été nommé ministre de la Guerre pour remettre la discipline dans l'armée et rapprocher celle-ci de la Nation, n'a jamais nié avoir eu recours au Grand Orient.

Il affirmera toujours qu'il voulait certes favoriser la carrière des officiers républicains, mais aussi que, loin de vouloir écarter de l'avancement les autres officiers, il souhaitait simplement s'assurer qu'ils ne s'opposaient pas publiquement au gouvernement.

Ministre de la Guerre après le procès de Rennes qui avait de nouveau condamné Dreyfus, le général André va d'abord rétablir la discipline au sein de l'armée et y mener de nombreuses réformes. Puis, à partir d'avril 1903, il va mener, à la suite d'une vigoureuse intervention de Jean Jaurès à la Chambre, une enquête « personnelle » afin de déterminer sur quel dossier et dans quelles conditions le capitaine avait été condamné en 1894.

Cette action énergique pour faire apparaître la vérité dans l'affaire Dreyfus, qui aboutira finalement à la proclamation de l'innocence du capitaine injustement condamné, ne sera pas pardonnée au général André par les antidreyfusards qui trouveront, avec les « fiches », le moyen de l'abattre.

L'affaire Dreyfus et l'affaire des fiches prendront d'ailleurs fin pratiquement à la même date par l'arrêt de la Cour de cassation proclamant la totale innocence de Dreyfus en juillet 1906, et la réintégration en août 1906 dans l'Administration du capitaine Mollin, chargé des fiches au cabinet du ministre, qui avait été contraint à la démission de l'armée au moment où le scandale avait éclaté en novembre 1904.

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