Le collectif Selmer #607 , avec la participation (ô combien attendue!) de Stochelo Rosenberg , suivi de la magnifique Norig, hier soir à Lyon.
L'ambiance était feutrée, hier.
BCBG, un public de passionnés majoritairement quinqua, à en juger.
La Bourse du Travail, il faut dire, ne se prête guère à quelque forme d'enthousiasme débridé que ce soit. Places assises, ici, tout de velours rouge habillées.
Plus la présence inhabituelle d'au moins huit charmantes hôtesses (de blazer rouge vétues, bien assorties... ) pour vous indiquer courtoisement vos sièges.
La note de la soirée est donc donnée d'entrée! ...Bref...
Le projet Selmer 607, j'en avais parlé sur le topic "La pensée rock du jour", je crois.
Il s'agissait, suite à une idée de Ghali Hadefi, de réunir autour de la mythique guitare Selmer 607 (fabriquée de 1946 à 57, il me semble - Pascalin me rectifiera si besoin - retrouvée et restaurée; en quelque sorte, l'équivalent guitare jazz d'un Stradivarius), la nouvelle génération des solistes Manouche ( rendu si célèbre grâce à Django Reinhardt, lequel jouait, pour précision, sur une n° 503 ), avec de célèbres reprises.
Hier, ils n'étaient que trois sur les cinq initiaux (Rocky Gresset et Richard Manetti étant absents): Adrien Moignard, Sébastien Giniaux, et Noé Reinhardt, accompagnés de deux guitaristes rythmiques, David Gastine et Ghali Hadefi, du contrebassiste Jérémie Arranger.
Très belle prestations, je dois dire! C'est vrai qu'entre les versions studio et le Live, il y a souvent une différence, mais là, perso, j'ai été impressionnée par leurs talents!
Vous n'aurez pas de vidéo, cette fois, désolée. :D L'emplacement où je me trouvais, même proche de la scène, ne s'y prêtait guère (il eût fallu jongler entre les barreaux de la rambarde balcon). Et puis, pour tout avouer, j'étais trop concentrée sur leurs jeux respectifs pour être un tant soit peu efficace...
Et quels jeux!
Petit aperçu (studio) de quelques morceaux joués hier, néanmoins
Impression (John Coltrane) version Adrien Moignard
What a wonderful world (Weiss/Thiele)) - Adrien Moignard
Viper's dream (Fletcher Allen) - Sébastien Giniaux
Sébastien a aussi joué une chouette reprise du Tutu de Marcus Miller
Vette (Django Reinhardt) - Noé Reinhardt
When day is done (Django) - Noé Reinhardt
Ou encore cette très sensible bossa de Noé, d'une belle délicatesse dans le touché et joué sans mediator, je précise, ce qui est en soi un bel exploit!
, venu soutenir le projet.
Selmer #607/ Evan's dream - Noé Reinhardt
Et puis, #Tan tan tan tan#, l'arrivée du maître sur scène, sous une puissante ovation.
Mister Stochelo Rosenberg!!!
Décontracté, il a tombé la veste, col roulé parme et pantalon presque informe, et s'assoit sur la chaise vacante, simplement, sous une véritable ovation!
Je m'aperçois alors que, tous, ici, nous sommes venus principalement pour l'entendre. .
Bon, je n'ai pas tenu le registre des morceaux qu'il a interprété en duo avec chacun des trois jeunes solistes, trop occupée à savourer l'instant présent, mais ce que je puis ajouter, c'est la constatation de l'extraordinaire effacement du virtuose, face à ses récents collègues.
En effet, si tous attaquent les cordes avec cette espèce de rage de dompter l'instrument, lui joue tout en grâce, tout en coulé et quasiment en sourdine!
P'tit cliché, hors flash, avec Stochelo (à droite), Ghali, et Adrien
Une façon, je pense, connaissant un peu l'altruisme du personnage, de mettre en valeur le jeu de ses partenaires: méritoire! Chapeau bas, Monsieur!
Six morceaux en duo, jolie rythmique derrière. Puis une finale avec tous, en prime. Génial!!
Hélas, il s'en vont tous, déjà!
Sous un tonnerre d'applaudissements-exclamations-sifflements admiratifs (heureusement que notre jeunesse est là pour ajouter un peu de tonus à tout cela!!! , parce que je n'ai vu aucun pied scander la mesure, ni aucune tête, d'ailleurs. Décidément, le public lyonnais a fort à faire pour échapper à sa réserve notoire! ).
Entracte, bienvenu (et oui, pose-pipi pour ces dames et messieurs - dont la prostate se manifeste de façon impérieuse - pose "je m'en grille une vite fait" pour les tabagistes forcenés :smile2: , ou pose-achat du CD Selmer 607) et puis, retour à nos sièges:la sonnerie nous y invite: tiens, c'est nouveau, ça aussi! On se croirait au théâtre...
Bien, place à Norig, à présent.
Première constatation, Norig est belle. Une brune au teint de nacre.
Grenobloise d'origine espagnole, d'où sans doute son port altier et sa gracieuse gestuelle.
Deuxième constation, elle chante de superbe façon! Une voix aux inflexions étonnantes: très impressionnant!
Tombée sous le charme de la musique traditionnelle tzigane, elle interprète avec brio un répertoire d'influence balkanique, assez baroque, mélangeant style manouche, rom ou tango. Le tout essentiellement en langage romani.
Avec force passion. Tantôt douleur (comme sur le magistral Hajri ma te dike ), tantôt mélancolie (Ederlezi), fougue (Abeav baro te keras) douceur
(Sébastien Giniaux au violoncelle; la belle en quitte ses souliers et s'assoit à ses pieds: nos messieurs sont subjugués ... )
ou bien joie
Extraits sur son site mySpace- Norig
A noter son excellente participation à la BO du film "Exils"
L'accompagnaient:
Sébastien Giniaux/ guitare solo, violoncelle
Benoît Josse/ violon
Adrian Receanu/ clarinette
Jérémie Arranger/ contrebasse
Mathieu Châtelain/ guitare rythmique
Tous nous ont offert un très bon moment musical. Et d'ajouter qu'à les entendre séparément, dans un petit solo perso, ils sont de talentueux musiciens.
Voilà, belle soirée, donc