Bonjour,
Le sujet peut prêter à sourire aujourd'hui. On peut se demander comment, avec tout notre savoir, on peut encore ressortir l'idée de Dieu, qu'on sortait à tout bout de champ fut un temps pour expliquer des phénomènes incompris à l'époque.
Pourtant je suis persuadé que Dieu existe. Je ne suis pas philosophe de formation, juste philosophe à titre personnel car la vie m'a imposé de l'être. Loin de tout j'ai médité et suis venu à la conclusion que Dieu existe nécessairement. Je suis absolument persuadé que Dieu existe, plus encore que du fait que j'existe moi-même. On ne peut être sûr de rien, sauf d'une chose : de l'existence de Dieu.
Oublions la Bible ou le Coran. Oublions ces images d'un Dieu qui nous déplaisent le cas échéant, et regardons les choses d'un oeil posé et rationnel.
Question : le monde peut-il exister par lui-même ? En contemplant le monde, il apparaît une chose : le monde obéit à des lois, tellement invariables que nous arrivons à les décrire avec nos équations. Le monde est une mécanique. Mais d'ailleurs, cela pourrait-il être autrement ? Un monde peut-il exister sans que celui-ci soit une mécanique ?
Si l'on observe une planète, elle est comme un rouage de cette mécanique. Elle n'a aucune liberté. Au même titre que l'engrenage d'une horloge tourne dans un sens ou dans l'autre non selon sa fantaisie mais uniquement en proportion exacte des efforts exercés sur lui. La planète est aveugle, sourde. Comment pourrait-elle faire autre chose que ce qu'on lui demande ? Si la gravitation dit "à gauche", elle va à gauche. Si elle dit "à droite", elle va à droite.
Mais c'est encore pire que cela, car le fait même d'exister est un commandement de plus. Sans qu'on le lui impose, la planète n'a aucune raison d'exister, puisqu'elle n'a pas la volonté d'exister.
Et ce que nous disons pour cette planète est vrai pour notre monde. Si l'instant présent existe, ce n'est pas parceque l'instant passé existe avant lui, c'est parce qu'une loi, écrite quelque part, lui impose d'exister, sur la base de l'instant qui le précède le long d'une certaine ligne du temps, autre invention de cette loi.
En somme, il ne faut pas seulement s'étonner de la naissance de notre espace-temps à l'endroit du Big-Bang (ou ce que l'on s'imagine être le Big-Bang), mais bien de la naissance de chaque instant, qui, en dehors des lois de l'univers, n'a aucune raison d'exister ni d'être relié en quoique ce soit à l'instant qui l'a précédé.
Pour que notre univers existe, donc, il faut au préalable des lois, des règles du jeu, expliquant à chaque atome, à chaque particule, ce qu'il ou elle a à faire. Sans ces lois, ni atome, ni particules, ni univers.
Pire : ces lois existant, il faut bien qu'elles soient appliquées par quelque chose, car la matière étant sourde et aveugle elle ne peut y obéir par elle-même. Une main invisible doit donc faire se mouvoir les particules de matière conformément aux lois.
Ainsi, nous sommes conscients que notre monde ne peut tourner par lui-même. Un peu comme dans un programme informatique : il y a les lignes de code (les lois), les entités virtuelles stockées dans la mémoire (la matière), mais aussi toute l'energie consommée par les processeurs pour faire appliquer les lois. Si quelque chose ou quelqu'un n'avait pas en mémoire l'état de chacune des particules de notre monde en chaque instant T, comment la matière pourrait-elle obéir aux lois sans ce "législateur" zélé ? Comment le monde se meuverait-il sans cette main invisible déplaçant à chaque instant ses briques telle des pièces d'échec ?
On peut se dire : cette main invisible n'est qu'une autre mécanique, un bras robotisé sans conscience, lui-même soumis à d'autres lois. Mais de même, elle nécessitera une cause préalable, une raison d'exister, car ne pouvant exister par elle-même, puisqu'elle n'en a pas la volonté propre.
Une possibilité est d'imaginer une chaîne causale infinie, et de s'y tenir. Cependant, cela n'est pas satisfaisant pour plusieurs raisons. La première est que si l'on veut partir dans ce sens, on s'engage dans beaucoup plus grand qu'on ne le croit. Ce n'est pas tout d'avoir une chaîne causale infinie. On se posera également la question du pourquoi de son existence propre. Ainsi cette chaîne sera le maillon d'une nouvelle chaîne, qui sera elle-même le maillon d'une autre chaîne, etc. C'est donc plus une fractale de chaîne. Mais surtout, cela ne repond absolument pas à la quesion de savoir pourquoi notre monde existe. Cette approche n'est bonne qu'à eviter de devoir y répondre, à abandonner la partie.
En tout logique, si notre monde existe, c'est bien que la chaîne causale à laquelle il appartient a un début. De même, si la vie sur Terre existe, cela a commencé par une première cellule vivante. Quand bien même la vie sera pour toujours sur Terre, et donc l'histoire de la vie terrestre n'aura pas de fin, elle aura eu un début.
Mais comment concilier ce que nous avons dit jusque là avec la possibilité d'une cause première sans cause préalable ? Et bien c'est pourtant simple. Pour qu'une entité puisse exister sans rien qui la précède, il suffit que cette entité ne soit soumise à aucune loi. Cette entité doit être d'une liberté absolue. Pour ce faire, il faut qu'elle soit consciente et volontaire. Sans volonté, on ne peut qu'obéir, or, s'il n'y a rien qui nous précède pour nous ordonner d'exister nous n'avons aucune raison de le faire. Et, pour avoir de la volonté, nous avons besoin d'une conscience.
Voilà donc le visage de l'entité première de laquelle découle à minima notre monde : une conscience volontaire infiniment libre, sans aucune contrainte, donc, toute puissante et capable, puisque tout découle d'elle, de faire appliquer ses lois, connaissant et étant garant de l'état de la moindre particule dans notre monde et de son obéissance.
Tout cela est pour moi une évidence, et suis étonné que ce ne le soit pas pour tout le monde. Car, quand on y réfléchit, quand on y réfléchit bien, c'est l'évidence même.