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Infinitive

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Tout ce qui a été posté par Infinitive

  1. Oui son texte ne laisse pas indifferent, c'est superbement bien écrit Ben merci dites donc !!! :blush:
  2. J'y suis. Un an, un mois, un jour, 1 heure, 1 minute bientôt. J'y suis. Le moteur ronronne encore, les cliquetis de la voiture, apaisés par l'arrêt paraissent presque vouloir m'endormir. Sur la face de la vallée, les bois semblent enneigés. C'est le gel. Tardif pour cette fin de matinée. Le soleil pourtant ose des impertinences de printemps. On m'avait dit : "tu verras, ça passera". Ça n'est pas passé, c'était une gangrène. On m'avait dit : "sort, vois des gens, il ne faut pas rester chez toi à ressasser" Je suis sortie. J'ai contemplé les autres, avec dans les tripes des envies de vomir. On m'avait dit : "il faut compter un an". J'ai compté chaque jour, chaque heure, chaque minute. Chacune des secondes de ce temps-là. Chacune des secondes qui me parlaient de toi encore et encore. On m'avait dit... On m'a mentit... J'ai mal. Tellement plus à chaque instant. Tellement trop sans toi. Sur la face de la vallée, les arbres semblent pleurer. Ils savent, ils m'attendent. J'ai essayé. J'ai usé, à travers mes larmes, toute l'eau de mon corps. Depuis, mon âme a séché. J'ai essayé je te le jure, de ne plus penser à tes mains sur moi. Comme une brûlure. J'ai essayé d'entendre ma voix simuler le rire. Un jet acre d'acide sur mon cœur. J'ai essayé de lire le regard des autres. Leurs yeux feulent ton absence en longues échardes de détresse. J'ai collé ma voiture sur la carcasse déjà rouillée de la tienne. Dans l'habitacle, la barrière de sécurité en bois, a pulvérisé le tableau de bord, le pare-brise, le moteur et mes cotes. Je n'ai pas mal. Je n'ai pas peur. Je suis venue te rejoindre. Sur la face de la vallée, les arbres n'ont plus de feuilles. Plaisir de te lire... Bien fait pour moi; qu'ai-je attendu si longtemps ???
  3. Merci belle douce... Je vous chinais de temps en temps entre deux secondes de trépidations... Et j'ai renouvellé tout à l'heure ce mot de passe perdu. Retrouvé au fil de tes pages douces et tendres. Tendresses à toi et Evasive. Sourire aux autres.
  4. J'ai vingt ans ne vois-tu pas ? J'ai vingt ans au creux de mes reins. Vingt ans, deux fois auprès de toi. Et toi aveugle et muet aussi. Sourd à mes cris. Tu papillonnes, affolant tes ailes flétries aussi aux chaleurs de cette éphémère. J'ai vingt ans et tu as oublié. Oublié tes mains sur mes reins, tes mains sur mon corps. Tu ne frôles même plus ce ventre épars des grossesses perdues. Ce ventre que j'aspire de tout mon souffle quand je me lève devant toi. Apnéique de ton regard. Et toi qui m'ignore. Qui m'ignorait. Tu me vois à nouveau n'est-ce pas ? Tu me vois dans ton attente d'elle. Ma vieillissure comme ultime déchirure de nos vies. Ma vieillissure comme un miroir maudit de tes décennies. Et toi tu cours, tu cours, tu voles vers l'enfant. L'enfant belle et ferme aux seins melonnés, charnus. Mes seins comme deux flaques. Mes tripes noyés sous ces flaques-là. Mes yeux que tu évites. Et moi, abandonnique. Et nous , et nous ! Comme un cri sans fin, sans écho ... Un hurlement sur la porte close, sur l'armoire vide. Je veux mourir là maintenant. A vingt ans. De retour sur ce fil... Avec plaisir...
  5. Tentateur : bravo... C'est infiniment juste.
  6. Un petit peu de - bête - poésie humaine... Ca ne nous nuira pas n'est ce pas... MARIE C'est un jour comme un autre. Enfin presque. C'est Noël. C'est Noël et puis il fait froid. Un froid terrible. Qui entre sous le manteau de Marie. C'est comme une gifle de glace qui lui fouette les reins. Il faut dire que le manteau de Marie n'est plus très jeune. Il en a surement vu des hivers. Il a fini par s'user. Par s'étioler. Par s’élimer. Comme Marie d'ailleurs. Marie a 78 ans. Elle est sans domicile fixe. C'est comme cela qu’ils disent à la mairie. Sans domicile fixe. Marie, elle trouve ça idiot. Elle est sans domicile, un point c'est tout. Alors pour réchauffer un peu son vieux corps tout sec, elle prend le bus. La ligne 9. C'est la plus longue. Elle cale son cabas sous le siège et cache ses ongles sales dans les plis de sa pauvre jupe en lainage. Elle replie ses jambes sous le siège pour ne pas que l’on voit le bout de ses chaussures éculées. Elle regarde droit devant elle. Pour ne croiser le regard de personne. Pour ne gêner personne. Par ce qu’elle est fière Marie. Fière. Trop fière sans doute. La fierté des gens modestes. Quand elle n’a plus pu payer son loyer, elle n’a rien dit. Rien. A personne. Et surtout pas à son fils qui vit au Canada. Elle n’allait pas l’embêter avec cela… Il est tellement occupé. Déjà quatre ans sans le voir. Mais avec sa femme, ses enfants et son travail… Comment aurait-elle pu imaginer de lui parler de ses problèmes. Et puis pour lui dire quoi ? Qu’elle n’avait pas assez avec sa petite retraite de mère au foyer ? Que toutes ses économies elle les a utilisées pour ses études ? Qu’en France, c’est la crise ? Que tout est devenu bien trop cher ? Non, Marie est bien trop humble pour cela. Elle dort dans une cave. Elle s’est habituée. Elle a parfois un peu froid mais ce n’est rien à côté de ce qui lui glace le cœur. C’est ce que pense Marie en regardant droit devant elle. Le ticket est valable trois heures. Pendant trois heures elle aura chaud. C'est ainsi tous les jours. Tous les jours d'hiver. Mais aujourd'hui, c'est Noël. La ligne du bus s'arrête deux heures plus tôt. Elle n'y avait pas pensé Marie. Alors elle est obligée de descendre loin de sa cave, à l'autre bout de la ville. Loin de tout. Elle est complètement désemparée, perdue. Elle ne sait pas où elle va blottir cette nuit, son pauvre corps parcheminé de vieille dame. Alors elle s'est assise, là, sur une marche. A l'entrée d'une banque déjà fermée. Ses yeux bleus ne sont plus qu'un puits de gris. Elle pleurerait bien Marie. Mais elle a tant et tant pleuré qu'elle ne sait plus le faire. Elle n'a plus de larmes. Elle s'est assise là. Elle a fermé les yeux, tout doucement. Je crois bien qu'elle était prête à renoncer. Ensuite il y a eu cet homme qui est passé. Il devait avoir 40 ans. L'âge de son fils à Marie. Il s'est arrêté près d'elle et lui a tendu la main. Il l'a relevé comme on relèverait une princesse. En s'inclinant un peu devant elle. Il lui a fait un doux sourire et il l'a emmené chez lui. Dans une grande maison. Il a une famille l'homme doux. Une famille, une femme jolie et enjouée, des enfants gais et blonds mais plus de mère, comme une blessure béante. Alors cette vieille, seule dans la rue le soir de Noël. C'était plus qu'il ne pouvait en supporter. Depuis le temps qu'il se dit qu'il faudrait une grand-mère aux enfants. Depuis le temps qu’il se dit qu'il y a encore de la place dans son cœur, que le petit appartement du rez-de-chaussée est bien vide, tellement vide depuis que sa mère... Qu'il ne lui en couterait rien à lui ... Elle est si belle cette vieille dame, si belle et si digne. Si triste. Deux cœurs tristes et brisés, en les ajustant bien, ça doit bien arriver à pouvoir faire un cœur entier ? Le soir de Noël, cela peut marcher...
  7. Ca y est ... Morphée est en rupture... :smile2: :smile2: :smile2:
  8. Folle dingo comme un chat roux mon capitaine !!! J'aime bien ton dernier poème. J'aime bien tout ce que tu écris d'abord ! Mais celui-ci... un émoi délicat ma belle...
  9. Mais amusant... Sont-ils de notre planète ces deux olibrius qui communiquent semble-t-il en langage codé ? Sont-ils les petits des petits des autres ? :smile2:
  10. Vous êtes tristes !!!! Ben alors ? J'étais partie pour vous raconter un conte plein d'espoir... Sic... Je vais cherhcer un mouchoir bande de vilains !
  11. Un jour l'enfant aura 100 ans... Mille mois ... En chemin, il aura rencontré ses vingt ans et toutes ses peurs, ses doutes, ses trente ans et ses fou-rires...Ses trente-deux ans et la naissance de Marie, et puis celle de Jules ensuite. Et le sens sera là. Puis il fermera les yeux de sa mère. Et le sens s'enfuira. A nouveau. Il tiendra dans sa main d'homme un premier poème, fait de cent mots maladroits barriolé de coeurs colorés... Et il le retrouvera. Sur une montagne enneigée, il entendra le silence. Il doutera. Puis encore en ligne cahotique, tout au long des années, ces rires et ces larmes, ces étincelles de bonheur, comme un pointillé délicat... Il saura... Il lui suffit juste d'attende et d'écouter sa vie se déplier, comme un grand drap blanc mouillé qui claque dans le vent printanier. Il lui suffit juste d'attendre de vieillir un peu... Il saura.
  12. Je pensais n'avoir pas à écrire à nouveau sur ce topic... Chapeau bas Madame,... Et taisons-nous...
  13. J'en ai également fini avec ce Topic... Rien, absoluement rien ne justifie la violence d'un homme envers une femme. RIEN. Ou plutôt si, depuis toujours, depuis que l'homme est, les 30% de capaicité musculaire en plus... C'est le seul et inéluctable argument. Je ne souhaite à aucune des folles dingos des pages précédantes, qui ont pu justifier ou amoindrir ce geste dans sa gravité, d'avoir à vivre cela. Un mec de 20 kgs de plus que vous, fou de colère et de haine et qui vous martèle le visage à coups de pieds, à coups de poins. Qui vous laisse exangue, en tas. Déchirée. Défigurée. Qui vous laisse comme un oiseau blessé. Alors taisez vous. Imposez-vous le silence par pitié, à défaut d'intelligence, cela fera l'affaire. Taisez-vous plutôt que d'écrire des choses qui s'apparentent de très près à de la bêtise. En europe, une femme meurt toutes les heures sous les coups d'un homme. Un peu de décence.
  14. Ah bien c'est élégant, c'est raffiné cela Madame !!:blush: C'est vrai quoi, lâchons nous, cela étaye avec finesse, voir même délicatesse le propos : une queue, un pieu, que dis-je, un braquemard, un tronçon, un déchireur, un viandeux, une pine, un taquet, un saucisson... Tiens au demeurant, chibre est l'un des rares mots écrit sans faute... Résumons-nous : une histoire de fesses, de possession, de trahison, de colère et d'amour (depuis la nuit des temps, les petits des petits des hommes...)... Et un enfant sans nul doute brisé.
  15. :smile2: :smile2: :smile2: :smile2: Je me suis tapée les 10 premières pages... Et les deux dernières... Boire : pas bien ! (maladie, mais pas bien !) Taper madame : pas bien ! (même bourré, pas bien !) Cocufier son mari : pas bien! (malheureuse peut être, mais pas bien !) Trahir maman : pas bien ! (croyait bien faire peut être , mais pas bien !) S'engeuler pour un sujet comme celui-ci : pas bien ! (aucune excuse ! pas bien !) :blush:
  16. 12-12-2012 ----- 12 h 12 J'y suis. Un an, un mois, un jour, 1 heure, 1 minute bientôt. J'y suis. Le moteur ronronne encore, les cliquetis de la voiture, apaisés par l'arrêt paraissent presque vouloir m'endormir. Sur la face de la vallée, les bois semblent enneigés. C'est le gel. Tardif pour cette fin de matinée. Le soleil pourtant ose des impertinences de printemps. On m'avait dit : "tu verras, ça passera". Ca n'est pas passé, c'était une gangrène. On m'avait dit : "sort, vois des gens, il ne faut pas rester chez toi à ressasser" Je suis sortie. J'ai contemplé les autres, avec dans les tripes des envies de vomir. On m'avait dit : "il faut compter un an". J'ai compté chaque jour, chaque heure, chaque minute. Chacune des secondes de ce temps là. Chacune des secondes qui me parlait de toi encore et encore. On m'avait dit... On m'a mentit... J'ai mal. Tellement plus à chaque instant. Tellement trop sans toi. Sur la face de la vallée, les arbres semblent pleurer. Ils savent, ils m'attendent. J'ai essayé. J'ai usé, à travers mes larmes, toute l'eau de mon corps. Depuis, mon âme a sèchée. J'ai essayé je te le jure, de ne plus penser à tes mains sur moi. Comme une brûlure. J'ai essayé d'entendre ma voix simuler le rire. Un jet acre d'acide sur mon coeur. J'ai essayé de lire le regard des autres. Leurs yeux feulent ton absence en longues échardes de détresse. J'ai collé ma voiture sur la carcasse déjà rouillée de la tienne. Dans l'habitacle, la barrière de sécurité en bois, a pulvérisé le tableau de bord, le pare-brise, le moteur et mes cotes. Je n'ai pas mal. Je n'ai pas peur. Je suis venue te rejoindre. Sur la face de la vallée, les arbres n'ont plus de feuilles.
  17. Depuis presque 50 ans je le sais...Mais la surdité des uns n'a pas généré chez moi de prépondérance à la même difficulté...
  18. Gilles ne le répète pas... Ma is je crois qu'elle l'a BOUFFEE !!!!
  19. La pauvre...Tant pis pour elle, elle s'était parée de sa plus belle barde... Tant pis pour elle ! :smile2: :smile2:
  20. Sourire... Et moi j'ai trouvé de légères étincelles, elles ont imprimé, sur mes rétines, une trace persistante. De la douceur n'est ce pas ? Oui de la tendresse aussi, en quelques mots, posée comme un fusain sur une page blanche. Alors que m'importe ces questionnements inutiles, que m'importe ces félures d'acide. Je me sert largement à leurs âmes, à leurs douces rêveries, soupoudrées ainsi. Que m'importe de chercher ce que je ne désire pas trouver. Que m'importe les doutes quand moi, j'ai déjà frôlé une vérité. N'avez vous pas vu les âmes? N'avez vous pas senti le vent léger ? Bonne promenade Evasive, je te suis du coeur, les yeux legers...
  21. SOHRAB : Sohrab a 7 ans. Elle vit dans une montagne afghane avec son père, sa mère et son frère. Là-bas, le ciel semble être marié avec la terre, les roches sont chaudes et douces sous les pieds. Sohrab est une petite fille heureuse. Son père est calme, sa mère est tendre. Elle ne voit pas beaucoup son frère, il est au village, à trois heures de marche sur les sentiers caillouteux. Il habite chez l’oncle Emal. Il vit là-bas parce que c’est plus près de l’école. Quand il revient le dimanche, fatigué de la longue marche, ils s’assoient tous les deux sur la grande roche qui surplombe la vallée, il sort de dessous sa djellaba un gros cahier bleu. Et il lui lit les mots. Il lui lit l’espoir et l’avenir. Et Sohrab rêve, elle rêve d’une vie ou qu’elle apprendrait à lire ou elle deviendrait docteur, ou elle habiterait en ville là, elle pourrait peut-être marcher derrière un homme, les yeux baissés, mais en lisant le nom des étiquettes sur les marchés. Sohrab songe à un cahier bleu qu’elle pourrait remplir de tous ses rêves. Demain son frère Daoud repart. Il va apprendre le nom des étoiles. LENITA : Je suis Lénita, et mon amie Ysabelli n’est pas venue ce matin au marché. Rafael dit qu’elle est perdue. Je ne crois pas. Ysabelli connait la favéla comme sa poche, elle vit derrière le mausolée depuis deux ans. Elle connait les heures des policiers. Elle sait quand il faut se cacher dans les trous des murs. Elle sait se méfier des hommes étrangers qui veulent lui donner la main. Elle sait qu’il ne faut pas toucher à la colle. Elle a 5 ans ! Elle est grande. Elle sait se débrouiller. Elle a vu disparaitre Alessandro. Elle sait mon petit ange, qu’il faut fouiller les poubelles des restaurants quand la nuit est là. Pas avant. Qu’il faut les fouiller en même temps que les rats. Ysabelli n’est pas venue. Elle est perdue, on ne la reverra plus. TARA : J’ai 10 ans, et je suis fière de moi ; mon père est fier, ma mère est fière. Avec mon petit frère Shaki, nous travaillons à la briqueterie. Tous les jours, Shaki ramène à la maison 3 pièces et moi 5. Je travaille dix heures et je fabrique 500 briques par journée. 500 briques pour 5 pièces que l’homme dépose dans ma main chaque soir. Je ne referme pas les doigts sur mes pièces. Je ne peux pas. Mes mains sont crevassées, elles saignent. La paille et l’argile sont rentrées dans ma chair. Il faut que je les lave dans l’eau du fleuve. Shaki pleure parfois sur le chemin du retour. Il est petit, il n’a que 4 ans. Alors je le porte sur mon dos. J’ai mal au dos. Je suis fière et courageuse. Je nourris ma famille. Mon nom c’est Tara et Tara ça veut dire « celle qui aide ».
  22. Elle lutta pendant que je la maitrisais, la faisant plier. Elle semblait outrée. Je l'ai savamment liée, puis ointe d'une huile délicate. Comme un animal, je l'ai humée, m'enivrant de son parfum, de ses odeurs les plus intimes. Elle gémissait ainsi, offerte. "Vous me bafouez balbutiait-elle, vous m'avilissez à me traiter ainsi." Sa voix n'avait aucune importance, je ne l'entendais pas. Je l'ai soulevé et posée délicatement sur la douce tiédeur. J'ai pénétré sa viande avec force. Quand elle hurla avec suffisamment de conviction, j'imprimais alors au couteau, une lente progression dans ses rondeurs. "Cessez, par pitié, cessez." je cessais, non pas que ses cris m'emplissent d'une quelconque honte, mais simplement par ce qu'il le fallait. Je me servis un verre de jurançon. Ce n'était ni l'heure, ni le moment à ces saveurs sucrés, mais qu'importe, le désir qui m'imprégnait me faisait oublier toutes les nécessaires associations. Tandis que je lapais mon vin, je l'en aspergeait négligemment, elle devint alors furieuse Le liquide froid et doux la tétanisa puis elle se tut. Sa peau dorée et chaude se craquela. Elle recommença doucement à gémir. D'un doux bruissement d'abandon. Je déposais, enfin, sur un lit de salade, ma paupiette de veau cuite à point. Délicate et parfumée, elle fondit sous mon palais de ses mille saveurs.
  23. Discussion philosophique de jour avec une princesse de dix ans, entre deux tartines de pain grillé hier matin : "Maman, je t'adore, tu es une maman follette, j'en connais pas d'autre comme toi, je suis heureuse." Moi évidemment, un peu larmoyante... "Tu sais ma puce, c'est parce qu'on choppe le bonheur par petites touches, on le prend à chaque fois qu'il pointe le bout de son nez. Des petites cuillères de bonheur, et puis on en fait un gros tas, comme une montagne de billes qui roulent sous le coeur" "Dis maman, quand on a un gros tas de petites billes de bonheur, même si il y a un gros calot de malheur qui tombe dessus, on peut refaire le tas bien comme il faut et enterrer le gros calot sous les petites billes!" "T'as raison ma puce, que si on avait juste un énorme calot de gros bonheur, qu'un calot de gros malheur tombe dessus, dès fois on ne sait pas, il pourrait tomber maladroitement et casser en une seule fois tout ce bonheur-là!" Du coup, on est arrivée en retard à l'école, Princesse n'aime pas ça, mais on ne peut pas philosopher sur le bonheur et prendre un retard ensuite comme une chose grave... Elle a filé dans le vent frais, s'est arrêtée, est revenue en courant vers la voiture et m'a embrassé, en partant elle m'a crié "la petite bille pour la journée !"
  24. Ah moi j'y suis pour rien !!! Non non non !!! :smile2:
  25. Les glaces immémoriales se sont rompues. Dans l’abime de platitudes tièdes et perdues, Elles ont égaré leurs flots magnifiques et furieux Le flux violentant les terres, impétueux, A couvert la putréfaction du carrousel fou. Il est allé là-bas, jusqu’au bout de cet enfer, au bout. Le flot charriant, dans sa houle, les corps et les bois, Les ferrailles et les ciments, absorbant les voix Dans un feulement, un magma de craquements. La fournaise des déserts l’absorbant, comme du sang. Au-delà, il ne restait rien. Rien, ni personne. La planète rendue à l’origine, presqu’aphone… Et là, dans les terres arides, L’eau enfin, comme l’hydre…
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