Le jeune homme qui voulait tuer Chirac devant les assises
06 décembre 2004 08h20 - Reuters Maxime Brunerie, militant néo-nazi de 27 ans accusé d'avoir tenté d'assassiner le président Jacques Chirac lors du défilé du 14 juillet 2002 sur les Champs-Elysées, comparaît à partir de lundi devant la cour d'assises de Paris.
L'accusé, passible de la réclusion criminelle à perpétuité, ne conteste pas les faits et le verdict est attendu vendredi prochain. L'avocat de la défense, Pierre Andrieu, devrait plaider les circonstances atténuantes pour son client, dont les facultés mentales sont jugées "altérées", mais non "abolies", par les experts. Le président Jacques Chirac, qui ne s'est pas constitué partie civile pendant l'instruction, ne se fera pas davantage représenter à l'audience car il souhaite laisser le ministère public prendre des réquisitions dans les intérêts de la société, dit-on de source proche du dossier. Mêlé à la foule, Maxime Brunerie avait fait feu au moins une fois avec une carabine 22 Long Rifle en direction du président, qui passait à bord d'un véhicule militaire découvert sur le rond-point des Champs-Elysées. Un badaud avait fait dévier le tir en levant le canon de l'arme, puis d'autres témoins avaient maîtrisé le jeune homme qui essayait apparemment de retourner l'arme contre lui. En garde à vue, Maxime Brunerie avait reconnu qu'il préparait de longue date cet attentat. Il voulait tuer le chef de l'Etat et se suicider ensuite afin de "laisser son nom dans l'Histoire". La police a établi qu'il a été d'octobre 1999 à février 2002 membre du Mouvement national républicain (MNR) de Bruno Mégret, parti d'extrême droite pour lequel il a figuré sur une liste aux municipales de 2001 dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Il avait également participé à des activités du groupe Unité radicale, dissous après l'attentat, et du Parti nationaliste français européen (PNFE). "BAISE-BIERE-BASTON" Il était aussi trésorier d'un groupe skinhead baptisé 3B pour "baise-bière-baston" et supporter depuis 1994 du club de football du Paris-Saint-Germain, dont une partie des fans ne cachent pas leurs penchants extrémistes. Lors d'une perquisition chez ses parents, où il vivait, la police a retrouvé de la littérature extrémiste et nazie dont l'ouvrage d'Adolf Hitler "Mein Kampf" et des documents téléchargés sur internet concernant la confection d'explosifs. Les enquêteurs ont aussi saisi 10 kg de chlorate de soude et du sucre en poudre, éléments pouvant servir à confectionner un engin explosif. Maxime Brunerie avait fait part de son projet d'attentat à ses amis, qui ne l'avaient pas pris au sérieux. Début juillet, il avait vidé ses comptes bancaires, fait de nombreux cadeaux à ses amis puis s'était entraîné au maniement de son arme en Bourgogne avec un ancien légionnaire, qui ignorait ses desseins. Le 13 juillet 2002, sur un site internet du mouvement néo-nazi britannique Combat 18, il avait publié un message en anglais signé "Maxime de Paris" : "regardez la télévision dimanche, la star ce sera moi. Mort au ZOG ! 88 !". L'acronyme ZOG, pour "Zionist Occupation Governement" ("Gouvernement sioniste d'occupation"), et deux fois la huitième lettre de l'alphabet pour "HH" - "Heil Hitler". L'enquête de personnalité a montré que Maxime Brunerie, étudiant en BTS de comptabilité-gestion au moment des faits, était une personnalité fruste, et qu'il était marqué par une grave maladie, le syndrome de Hodgkins, soignée peu avant les faits. L'absence de toute liaison féminine dans sa vie, à 25 ans, l'avait poussé à s'en inventer une pour faire bonne figure auprès de ses amis. Il a brièvement été interné en psychiatrie au début de l'enquête. Après deux premières expertises contradictoires, un collège de psychiatres a finalement conclu en 2003 que l'accusé était accessible à une sanction pénale, même s'il paraissait à la limite de la schizophrénie ou de la psychose.
Source: Reuters