Personnellement, j'écris plutôt des poèmes en prose, et ils sont assez sombres. En voici un:
Rebels :
Ils buvaient le monde comme une bouteille d'alcool bon marché. Ils étaient des esprits libres et rejetaient toute convention avec mépris. Ils étaient d'une beauté négligée, leurs longs cheveux pâles voilant leurs visages délicats. Ils ne parlaient a personne, vivant dans une bulle saturée d'ivresse et de rifs de guitare déchirants. Beaucoup de filles de leurs quartiers les adulaient en secret, rêvant d'étreintes brûlantes avec ces garçons si séduisants. Certaines d'entres elles épiaient leurs moindres faits et geste, inventant des subterfuges inutiles pour croiser leur chemin. Alors, quand ils en rencontraient une, toute frétillante de joie, ils lui adressaient un sourire indifférent. La féminité était pour eux facultative. Ils s'aimaient avec passions et s'adonnaient a des plaisirs bien plus obscurs. Le soir, ils se réunissaient dans des caves abandonnées, ou se répercutait a l'infinie des mélodies mortifères. Leurs corps alanguis s'effleuraient avec fièvre, témoignant d'un désir incandescent. Alors, ils abandonnaient leurs jeans troués et leurs vestes en cuir, et savouraient leurs corps avec délice. Leur peau blanche scintillait dans la pénombre, et ils se possédaient a tour de rôle, mélants leurs cris d'extase aux paroles de chansons macabres. Leur amour était doux et toxique comme un elixir dangereux. Leurs jeux sensuels et dérangeants perduraient jusqu'à l'aube ou ils sombraient dans un sommeil multicolore.
C'était des princes des temps modernes, des seigneurs rebelles rejetés par les autres et pourtant admirés avec crainte.
« Nous sommes la folie de ce monde, disaient-ils en riant, et pourtant nul n'a connu d'êtres plus désirables¿. »