Un 28 juin à 19:14
En une douce soirée d’été, une fête se déroulaient dans une cité d’Europe de l’Est , les habitants déambulaient, s’esclaffaient, dansaient, chantaient dans les rues.
Parmi cette cohue, en face d'une vitrine de boulangerie, se tenait un jeune homme n'ayant pas dépassé la vingtaine et dévorant entre ses mains décharnées un sandwich qu'il venait d'acheter. Il se voyait accoutré d'un pantalon effiloché datant du siècle dernier, de chaussures en cuir ayant l'air des plus fatiguées, d'un veston élimé dont le col et les revers se montraient décorés à leurs extrémités d'une couture argentée qui semblait s’effriter
Ses poches paraissaient toutes usées et particulièrement celle sur la poitrine qui était légèrement décousue sur un coté dévoilant un mouchoir bruni et une montre à gousset dont les aiguilles demeuraient en gréve. Sous son veston ne se trouvait qu'une piteuse chemise blanche qui se dépourvait de boutons de manchette.
L’une des seules choses pouvant bien sauver son apparence se révélait etre son chapeau Fedora : belles courbures, larges bords, ruban noir des plus charmant dans lequel il avait glissé une petite photo représentant une famille nombreuse sur laquelle on pouvait voir un petit garçon, il avait le visage creux et maladif de son père et les magnifiques yeux bleues de sa mère. On reconnaissait ces mêmes traits sur notre homme au sandwich mais celui-ci arborait en plus une moustache pinceau magnifiquement taillée qui embellisait ainsi son visage. Par ailleurs, il avait un fâcheux tic : il scrutait nerveusement la foule. Ses mains tremblantes compressaient son repas, il transpirait, son visage palissait et sa respiration s'emportait.
Soudain, un bruit de moteur ce fit entendre et la foule s'en réjouissait. Ce son provenait de six voitures qui, la foule les bloquant, durent s'arreter devant la boulengerie. Dans l’une d’elle se tenait debout un bel homme dont le manteau, d’un splendide bleu ciel, se décorait de nombreuses médailles, de boutons en or massif , d'un col serré et de manches retroussées d'un rouge vif se voyant rehaussées de quelques touches de coutures dorées. A sa ceinture se trouvait un sabre d'une beauté époustouflante, dont le manche en ivoire et le fourreau orné d'or en jetaient.
Aussi, ce riche personnage, qui en plus d'avoir agrémenté son visage joufflu et serein d'une moustache en brosse, disposait, pour coiffe, un chapeau militaire et de plumes de paon vertes qui l'accomodaient.
Il avait pour compagne une gente dame portant une toilette violette et dont les traits du visage paraissaient doux et délicats. Elle était parées de toutes sortes de bijoux, ses mains fines se montraient couvertes de gants en soie et sa resplendissante tenue s'accompagnait d'un énorme chapeau à plumes des plus coûteux.
Lorsque notre jeune homme les vit , il laissa tomber son sandwich, ses yeux se fixèrent sur eux . Sur son visage crispé couvert de sueurs froides, on pouvai lire une haine profonde ainsi qu’une grande confusion qui s’opérait en lui, on pouvait même entendre son cœur s'emballer.
Tout à coup, de sa poche de pantalon, il sortit un pistolet et pointa l'arme en direction du couple les mains tremblantes et l'esprit vacillant, il ignorait encore ce qu’il s’apprêtait à faire, mais il le fit. Deux coups de feu retentirent.
La foule déguerpit en hurlant, la femme, touchée à l'abdomen, moura sur le coup et s’écroula violemment sur le sol, l’homme, touché à la gorge, n'eut pas le privilège d'une mort rapide ; ll suffoquait tout en essayant d'interrompre l’hémorragie mais il finit par se vider de son sang.
Sur la magnifique robe, de la dame, le sang se répandit tel une rivière, une rivière de peur, de colère, de haine, de destruction,de pleurs, de maladies, de famines, de souffrances, de morts, … la rivière de l'homme, celle de la guerre !
0 Commentaire
Commentaires recommandés
Il n’y a aucun commentaire à afficher.