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De la brièveté de la vie


Maroudiji

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Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
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C'est par ces quelques lignes que je commence la nouvelle année 2016.

« De la brièveté de la vie » est ici un article dans Le monde des religions* où Abd al Malik

explique son parcours d'artiste-philosophe et constate qu’au final, pour lui, un athée et un religieux,

au niveau spirituel ne se distingue pas, c’est kif kif.

J'avais déjà écrit dans le forum religion à ce propos, c.à.d quand le religieux et l'athée vont main

dans la main. Je comprends mieux maintenant l'engouement des internautes pour la foi en cette nouvelle

spiritualité profane. :)

Il fut un temps où la pensée religieuse se distinguait clairement de celle de l'athéisme, on ne mélangeait

pas les deux. Â tort ou à raison. Aujourd'hui les artistes mettent en scène une nouvelle manière de voir

le monde : par le rap et l'art on dit tout et son contraire : s'enraciner en se déracinant. Avec Abd

Malik la vie est presque belle quand on est chanceux.

* Fév. 2015

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Invité montecristo
Invités, Posté(e)
Invité montecristo
Invité montecristo Invités 0 message
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Scio vitam esse brevem. Donc : Carpe Diem.

La vie éternelle est à portée de tous, ceci est le message des artistes, je crois.

La preuve, c'est qu'ils n'ont fondé une nation qui s'intitulerait par exemple : Artistie.

Quand on les lit, les regarde, ou les écoute, des fois des choses nous parlent. A un point tel que l'on se sent... humain, et donc l'artiste auteur de ce qui nous a fait vibrer : encore plus pathétique que nous -sauf si nous étions artistes nous-mêmes.

Je pense entrer en résonance avec la problématique : l'Argent n'est un objectif, rien qu'une conséquence.

Ceux qui l'ont compris, en effet sont des Artistes;

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Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
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Je pense entrer en résonance avec la problématique : l'Argent n'est un objectif, rien qu'une conséquence.

Ceux qui l'ont compris, en effet sont des Artistes;

Tant mieux que -certains- aient réalisé ce poncif... :third:

Quand ils réaliseront que les filles et le sexe ne sont également "rien qu'une conséquence", on

dira qu'il y a progrès. :bravo:

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Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
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Dans cet article on apprend tout de go que « ses potes sont morts d’overdose, du sida ou assassinés. »

Mais, grâce à sa mère congolaise et chrétienne, qui va à l’église qu’il vente ou qu’il neige, il choisit

la musique, les livres, la poésie et finalement la religion, l’islam, pour échapper au destin misérable

de sa cité, Neuhof, en Alsace si j’en crois Google. (Dans Strasbourg, une ville que j'ai visitée l'année dernière.)

Photo : post-190102-0-60719800-1451678420_thumb.jpg

Cependant, Malik ne sort pas du néant culturel d’une cité. (Néant... néant... néant... Oui, je sais, le néant

n’existe pas, c’est une façon de parler, pour poétiser, pour slamer... Ah, si il existe ? Bon, ça ne change

rien à mon propos. Je faisais cette allusion sarcastique par rapport au vide du célèbre scientifique catho qu’était

Blaise Pascal, ayant lu sur ce fil, quelques instants plus tôt, des internautes à l’esprit tourné scientifiquement

qui glosaient comme si de rien n'était sur le néant...)

En islam, on sait que le hasard n’existe pas. Si Malik, comme il dit, a pu se choisir de nouveaux amis, c’est

que son karma l’y destinait. (Ces amis, faut-il signaler encore, du moins ceux à qui il fait référence dans ce

papier, ne sont pas des êtres de chairs et d’os, mais virtuels.) Un jour, à l’école, « un collège d’excellente

réputation » où il y accède grâce à son bon niveau intellectuel et à une bourse, l’enseignante fait traduire à la

classe quelques lignes d’un poème latin de Sénèque, De Brevitate Vitae. C’est pour lui le choc : « Ma curiosité

mis en éveil, je me précipite à la maison pour consulter la bibliothèque familiale. Pauvre en biens matériels,

notre appartement du Neuhof était riche en ouvrages laissés par un père érudit rentré au Congo. [...] Et si

Sénèque n’est pas à la maison, je cours à la bibliothèque municipale. » C'est ce qu'il appelle « être dans l'instant

présent. » Nous allons voir ce que signifie cette expression à la mode.

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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C’est à ce moment-là, à partir de sa visite à la bibliothèque, qu’Abd Malek choisit sa bande

de nouveaux copains, une brochette d’écrivains qui n’existent que dans les livres. Inspiré donc

par le mysticisme islamique que lui a inculqué un maître soufi marocain, « dans une période de

grand désarroi intérieur », il découvre maintenant Camus, Épictète, Rimbaud, Orwell, Fanon, Sénèque,

Césaire, Alain, Alex Haley : « une sorte d’amitié est née. Ils sont devenus mes potes ».

post-190102-0-10130000-1451754579_thumb.jpg

« L’essentiel », comme lui a inculqué sa mère, quand lui et ses frères sont devenus musulmans vers

l’âge de 17 ans, « l’essentiel est de croire et d’aimer son prochain. »

Peu importante si les auteurs qu’il lit soient athées ou croyants, ce qu’il importe pour lui, c’est

la dimension « spirituelle ».

L’amour transcende toutes les barrières, toutes les dénominations, tous les préjugés. C’est-y pas beau

ça, un tel amour ? Oui, il faut le dire et le souligner. Mais il faut aussi se demander jusqu’à quel

point il existe, il est pratiqué ? Ou est-ce simplement de la poésie ou une utopie qui coupe les coins

ronds, comme une conception de l’amour dont tout le monde parle mais que peu appliquent dans la vie de

tous les jours, tels cet homme ou cette femme qui ne peuvent concevoir d’être mariés ou conjoints de fait,

comme on dit, toute leur vie, avec la même personne, puisqu'après deux ans de vie commune ils sont sur

le point de se haïr ad vitam eternam ? En d’autres mots, on peut dire, au moment où je rédige ces lignes,

que ce n’est un amour au présent que dans l’imagination, d’où mon exclamation : « il parle en poète radical

engagé ! »

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Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 68ans‚
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L’athée et le religieux peuvent aller main dans la main s’ils sont spirituels; c’est pour ainsi

dire la conclusion de notre poète et rappeur dont les fans disent de lui qu’il est le Rimbaud de

notre temps... (Je ne connais pas ce poète qui a le vent dans les voiles, mais si la comparaison

tient debout, je le plains, surtout sa mère.)

« Camus, dit-il, ne se réclame pas d’un Dieu. Il est pourtant un être éminemment spirituel. C’est

en ce sens que je peux dire que Sénèque, Camus ou Rimbaud sont juifs, chrétiens, comme ils sont

musulmans. Celui qui sépare la spiritualité de la religion est condamné à s’opposer à celui qui

ne croit pas comme lui. »

Décidément, il parle en poète radical engagé ! Parce qu’un philosophe intègre aurait dans ce cas

défini ce qu’il entend par « spirituel ». Il aurait conclu à son tour qu’il y a plusieurs dispositions

à la spiritualité, partant -une spiritualité athée et une spiritualité religieuse. Et pourquoi pas une

spiritualité animale ! Les éléphants ont bien des cimetières qu'ils visitent régulièrement...(Les

humains, s’entendons dire fréquemment, sont des animaux...)

En tout cas, le philosophe aurait cherché à mettre les points sur les i. Ne sont-ils pas éternellement

condamnés à s’opposer ? Les monothéistes personnalisent le Divin, pourrait-on dire. C’est le contraire

pour les athées. Ils ne veulent pas en tenir compte, de ce Divin. Ils n’acceptent pas l’idée d’un dieu

quelconque.

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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Pour ce qui est d’une spiritualité religieuse, on comprend sans peine la signification.

Pourquoi, en effet, séparer le spirituel du religieux ? On ne comprend pas, cependant,

l’autre partie de la proposition qui sonne comme un oxymore mais qui est simplement un

contre-sens : la spiritualité athée ?

Il est vrai que les temps changent; le sens des mots également. Aujourd’hui on peut lire

des livres d’athées dont le sujet porte exclusivement sur l’âme. Une âme, bien évidemment

déchue de son état originel, immortel et éternel, une âme devenue divisible à souhait et

aussi matérielle que l’objet dont elle constitue métaphoriquement le cœur, comme l’âme d’une

voiture ou de son stylo.

Alors que je lisais cet article à des amis, on me rétorqua que le bouddhisme, athée par définition,

est malgré tout une doctrine spirituelle. Il est vrai que bouddhisme est particulier; c’est pourquoi

on le désigne souvent, et à raison, comme une religion, dans le sens traditionnel qu’on donne à ce

mot. À la base, le bouddhisme, c’est du yoga. Rien d’autre. Et, la preuve, le yoga peut être pratiqué

par les athées, si on veut et si on fait fi de la dimension spirituelle... Cela ressort de ce que les

Grecs appelaient déjà : de la gymnastique.

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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Le mysticisme peut être athée, on peut le concéder. Mais dès que l’on parle de réincarnation,

de Bodhisattvas ou d’un autre monde après la mort, cela n’a plus rien à voir avec les soi-disant

conceptions spirituelles d’un Camus, d’un athée. C’est plutôt jouer avec les mots; c’est les tordre

et les étirer, les faire raisonner en diapason avec une audience qui a payé pour les entendre, pour

boire à satiété l’instant présent, sonore, comme un élixir qui soulage momentanément la détresse

existentielle. Mots minés de sens retourné et figuré, mots volés et violés dirait Jean Paulhan*,

cet art du sophisme est devenu la substance du poète.

laferriere400.jpg

Dany Laferrière

Car la poésie d’aujourd’hui n’échappe pas à cette désolation de la science du langage; quand ça ne

cadre plus, on repart à zéro : on change le masque, le costume, l’habillage et on burine les mots pour

les rendre démocratiques, consensuels : on passe alors du christianisme à l’islam, au bouddhisme ou à

l’athéisme. L’erreur est un marchepied vers le succès (et non vers la perfection, car on ne s’exprime

plus ainsi.) Tout est un, il n’y a pas de bien sans mal; l’un ne va pas sans l’autre. À bien slamer, dans

la tradition d’un Baudelaire ou d’un Rimbaud, on s’exaltera à réciter que le mal est intrinsèque au bien,

il lui est indispensable.

* Les Fleurs de Tarbes ou la Terreur dans les lettres

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Maroudiji Membre 6 485 messages
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Abd Malik ne dira pas ses quatre vérités à l’audience, il ne slamera pas mon refrain :

« Peuple du mensonge

Je m’adresse à vous

Vos maîtres sont des pilleurs

Je vous dénonce ! »

Il ne pousse pas sa révolte jusque là. On ne mort pas la main qui nous nourrit. Mais il tient

à préciser, sursaut monothéiste constitutionnel, pour qu’au moins une chose soit claire : « Je

n’accepte pas qu’on dise que le soufisme est la dimension spirituelle de l’islam. L’islam est

religion et spiritualité. [---] Elles sont inséparables. La maladie de notre temps est de vouloir

les séparer. » Dont acte : pas de secte. Pas de séparation. Pas de différence. Pas de maladie.

Voilà un programme sain, Dieu reconnaîtra les siens !

C’est ce que lui a enseigné le Grec Sénèque : le pratique et l’utile ; « il n’existe qu’un seul

temps sur lequel nous ayons prise, c’est l’instant. [---] J’écoute Sénèque et j’essaye de devenir

le fils de l’instant. » L’instant, c’est du temps : pas pour tourner en rond -mais pour aller de

l’avant, pas le cyclique mais celui qui file comme une flèche, qui sort du néant et qui va, telle

une force métaphysique, spirituelle, insensée, droit en avant...

Régis Fayaette-Mikano, le vrai nom d’Abd Al Malik, vit dorénavant dans l’instant présent. Voici

donc quelqu’un qui a décidé de vivre dans l’instant présent et qui le fait savoir à son public !

Original, non ? :) Mais il lit des enseignements qui datent de deux mille ans : « Quand

Sénèque s’adresse à Paulinus ou à Lucilius, c’est à moi qu’il parle. »

C’était un sourire, bien sûr qu’il n’y a rien d’original à proclamer son désir de vivre dans le

présent. Vivre dans le présent est une tautologie. Il n’y a rien d’original non plus de se dire

athée et religieux, c’est commun de nos jours, une banalité. :dort:

:hi:

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