Les derniers pétales de Rose
Quelque chose cloche avec Rose,
Je n’ai plus peur du lendemain
Pour peu qu’elle me tienne la main ;
Mes sentiments à l’eau-de-rose
Ont cessé leur sauve-qui-peut,
Faut dire que j’aime un peu.
Qu’arrive-t-il tout d’un coup ? j’ai chaud
Et mes tempes perdent les eaux,
Ça doit être un début de fièvre.
Je suis peut-être contagieux,
Il vaudrait probablement mieux
Qu’elle se mêle de ses lèvres.
Mais elle est pendue à mon cou,
Et c’est vrai que j’aime beaucoup.
J’ai les pommettes écarlates,
Je halète, j’ai les mains moites,
Une insolation, sûrement.
Voulant m’éviter un malaise,
Rose me propose une chaise,
M’aide à ôter mes vêtements.
J’ai toute foi en son traitement,
Car je l’aime passionnément.
Ah ! je vois qu’elle aussi étouffe sous ses fringues…
Au risque de passer pour hypochondriaque,
Elle prend pas le temps de les plier, c’est dingue !
(Elle est en général farouchement maniaque),
Je crois bien que je fais une crise cardiaque…
Fausse alerte, je suis vivant, presque pimpant,
Et Rose continue d’effeuiller ses pétales,
Vite ! un linge humide pour mon front galopant,
« Pourquoi tu m’envoies ça ? L’est sec, ton soutif sale. »
Mais attends… c’est pour ça que mon p’tit cœur s’emballe ?
C’est donc ce qu’on appelle être excité ? Flippant !
Quelques instants plus tard… Je disais donc : trippant !
Vient le tour du dernier tissu qu’elle trimbale,
Je fais quoi maintenant ? bof, j’en sais peau de balle,
J’attends qu’elle me souffle une didascalie.
« T’as oublié à la folie.
— Et pas du tout, aussi. Je dirais même surtout, maintenant que tu m’as interrompu.
— Ça fait au moins un quart d’heure que tu tapes plus rien. Tu veux peut-être que je te souffle la fin ?
— Si ça peut t’empêcher de faire la maligne, te gêne pas !
— Allez, pousse-toi, laisse-faire la pro.
— Oublie pas que je fais dans le tous publics !
— Exit les mots bite, couille et niquer, j’ai compris. J’ai le droit à sucer quand même ?
— Oh, putain !
— Je déconne, détends-toi. Moi aussi je sais être subtile quand je veux, alors pète un coup. Tiens, va te chercher une bière pendant que je démarre. Et fais m’en péter une tant que t’es debout, c’est ta tournée ! »
J’attends qu’elle me souffle une didascalie,
Par chance, elle préfère entreprendre à être prise,
Prend ma « question » en main, madame s’est servie,
Pour tout voyage en train, elle a sa place assise,
Descend au septième ciel quand il est desservi.
Comme elle est généreuse, au moins tant qu’amoureuse,
Parfois elle me laisse errer entre ses fesses,
Même si la pratique est un peu douloureuse,
Mais moins que de subir ne serait-ce qu’une messe.
Veni vidi vici, je suis vidé, merci,
Rose aimerait sans doute encore un peu parler,
Pourquoi pas ? mais pas fort, je commence à ronfler,
L’endorphine connait son job, pas de souci,
Au réveil lui dirai : je t’aime à la folie.
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