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Yuccabay

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  • Date de naissance 30/10/1977

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  1. Bonjour à tous, Je n'ai pas pu lire tous vos commentaires car il y en a énormément, mais ce sujet m'intéresse et me touche de prés. Je voudrais vous parler de ma situation pour donner un autre angle de vue. J'ai 40 ans et je suis maman de 2 enfants, divorcée depuis 7 ans pour violences conjugales, en garde alternée et sans pension alimentaire. J'ai fait mes premiers jobs à 16 ans, j'ai eu un bac L à l'époque sans jamais redoubler, puis ensuite j'ai suivi un cursus d'arts plastiques à la Sorbonne car mon rêve était d'être artiste peintre. J'ai grandi dans une famille gagnant correctement sa vie, entourée de gens bien plus aisés j'ai pu constater le fonctionnement et l'état d'esprit des personnes ayant de l'ambition et les moyens de les réaliser. Je ne me suis jamais sentie en accord avec leur façon d'aborder la vie car finalement presque tout était une question d'argent. J'ai dû partir à 18 ans de chez mes parents, j'ai pas mal galéré mais j'ai toujours eu des petits jobs par ci par là en fonction de ce que je trouvais, j'ai fait 100 métiers différents : hotesse, vendeuse, j'ai donné des cours, gardé des enfants, fait des enquêtes dans la rue, animé des activités culturelles, distribué des tracts, collé des affiches, fait du porte à porte bref j'en passe, la liste serait trop longue. À 22 ans j'ai rencontré le père de mes filles, l'entourage aidant j'ai voulu rentrer dans le moule, j'ai enchaîné les missions d'intérim dans l'assistanat et le secrétariat de direction auquel je me suis formée sur le tas, j'ai renoncé à tous mes rêves pour assumer ma famille. Au bilan 10 années de mariage, 2 enfants, jamais aucune aide de l'état, aucune reconnaissance de mon travail de maman, des dettes et des credits, des violences subies chez moi et sur mes lieux de travail. J'ai appris a découvrir la vie en entreprise, les mesquineries, les coups bas, la pression, le manque de compréhension, les calculateurs, les patrons abusifs et non reconnaissants, bref tout un florilège de choses qui m'ont faite dechanter alors que je voulais juste une chose : bien faire. Il m'est arrivé à certains moments de cumuler emploi salarié à plein temps, cours de dessin a des particuliers, gestion de mon auto entreprise de vente par correspondance, mes 2 enfants, ma maison, et toujours des découverts, des dettes et zéro reconnaissance. J'ai fini par divorcer, j'ai bossé dur pour rembourser mes dettes, et un jour j'ai dit stop. J'avais envie de voir mes enfants grandir plutôt que de payer quelqu'un pour s'en occuper, j'avais envie de faire un métier qui me plaisait, et je ne supportais plus le stress. J'ai cessé de travailler en entreprise, et j'ai décidé de reprendre mon métier d'artiste peintre. Et petit à petit j'ai commencé à exposer de plus en plus et a vendre aussi. Pour vivre de son art c'est un très long parcours, la concurrence est rude, et il faut beaucoup de persévérance et de volonté. Je m'accroche mais j'ai dû accepter l'idée de me retrouver à l'ass et de bénéficier d'un complément rsa et diverses aides. Même pour obtenir ces différentes aides ça a été le parcours du combattant. J'ai appris à vivre différemment à consommer moins à dépenser moins à me contenter de moins. Ça ne nous a pas empêché de faire plein de choses avec mes filles mais toujours en faisant attention. Je n'ai plus de télé qui est une pollution pour moi et mes filles donc plus de taxe audiovisuelle, on achète nos vêtements dans des ressources ou chez Tati. On a moins de choses qu'avant mais cette société est si folle que même dans notre cas nous sommes encore débordées par les objets. Nous vivons avec peu mais nous mangeons à notre faim, je n'ai pas de dette, pas de crédit, un petit logement hlm, un petit chien, une voiture, nous consommons tout de même, sortons, allons de temps en temps au ciné ou au resto. Mes filles ne manquent de rien moi non plus. Nous avons des frustrations comme tout le monde, et si je gagnais le smic on en aurais tout autant. Pour rencontrer du monde je fais du bénévolat, d'abord dans une ressourcerie pour trier et réparer les objets, puis dans une association d'aide aux femmes victimes de violence ou j'interviens au niveau administratif et les résultats pour ces femmes sont concrets et donc valorisants pour moi. Je suis plutôt heureuse de ma vie même si j'ai conscience que ma situation m'éloigne de plein de gens. Je voudrais reprendre un petit job on me propose des choses si mal payées que je perdrais financièrement. Alors je réfléchis à quelques petits boulots non déclarés pour arrondir un peu mes fins de mois mes ventes de toiles étant parfois intéressantes mais parfois inexistantes. Je suis donc comme l'ont dit certains une "profiteuse", mais je n'ai plus l'énergie pour affronter un emploi salarié et toutes ses contraintes, après toutes ces années je savoure cette douceur de vivre sans trop de stress même si j'en ai aussi bien sûr. Je n'apprends pas à mes filles à ne pas travailler au contraire je les encourage à se dessiner un avenir mais si possible qu'elles soient heureuses. Je ne revendique rien, je n'ai pas honte, je ne fais pas rien de mes journées et de ma vie, et je n'ai vraiment pas la sensation de profiter de qui que ce soit. C'est juste que nerveusement je ne pourrai pas faire autrement aujourd'hui. J'ai beaucoup de respect pour les "travailleurs" et j'ai bien sûr des ambitions qui se confrontent à la réalité : pour réussir et dépasser les autres il faut parfois certains compromis qui ne sont pas dans ma nature, alors j'essaie d'y arriver autrement sans écraser les fleurs sur mon passage. Voilà c'était mon témoignage, je connais d'autres personnes qui vivent de cette façon et qui ne sont pas des mauvaises personnes. La solidarité commence par l'absence de jugement à l'emporte pièce. Bises à tous.
  2. Bienvenue sur ForumFr Yuccabay

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