On n'écrit pas quand on est heureux, on n'écrit pas nos sourires et notre bonheur, on ne fait que montrer notre vie.
On n'écrit pas quand tout va bien, on écrit son mal-être, on écrit ses douleurs, pas pour se faire plaindre, pour se faire du bien.
Si je trempe la plume, si tu grattes la feuille, c'est que ça déborde. Alors tu éponges, alors tu sors ton bavoir et tu le tâches.
Tu écris ta baisse de courage, tu baisses les bras et tu abandonnes pour un instant, et pour un instant tu te sens bien parce que tu te laisses aller, t'as plus besoin de sourire, t'as plus besoin de parler, t'as plus besoin d'être présent.
T'as juste à pleurer, toi et tes pensées. Et t'aimes ça, parce que c'est tellement facile. Tu sais que tu ne vas pas bien, tu sais que tout n'est pas comme cela devrait être. Tu ne veux plus te battre, toutes façons à quoi bon, laissons le temps agir.
Mais tu n'en parles pas, c'est superficiel, c'est faux, du cinéma, de la comédie, qui tourne au dramatique, qui pue le pathétique, ici tu es heureux, parce que tu crois savoir ce qu'il se passe.
Plus on parle de nos blessures, et plus elles nous suivent. Plus on écrit sur nos plaies et plus elles persistent, plus elles s'ouvrent, plus elles sont douloureuses. La seule issue et de cacher, de mettre tout au fond, de refouler, et de marcher dessus. Ne pas faire l'honneur à ces bêtes noires de nous gâcher notre bonheur. Savoir diriger nos douleurs et se jouer d'elles. La névrose est nécessaire au bon-être.
Et ne plus prendre le temps comme un ennemi mais comme un allié.
La vie est trop courte pour être triste et pour pleurer, la vie est trop courte pour la rancune, la vie est trop courte pour la haine, la vie est trop courte pour toutes ces obligations, mais une poussière nous bouscule, un cailloux nous ébranle.
J'en ai marre de faire ce qu'on nous apprend, de vivre comme on nous apprend à vivre, d'agir comme il est nécessaire d'agir.
Pourquoi gâcher sa vie à se contrarier sans arrêts ? Pourquoi déformer notre nature et n'obéir qu'à la pensée commune ? Tout cela n'a aucun intérêt concret. Avoir une bonne vie, cela ne dépend que des restrictions, des limites qu'on nous fixe.
A une échelle plus réduite, pourquoi se limiter dans nos choix de tous les jours, pourquoi avoir honte de ce que l'on fait, pourquoi être complexé de ce que l'on est ?
J'ai pas envie d'attendre pour vivre comme je le sens.
Je ne permettrai à personne de gâcher ma vie.
Malheureusement la vie s'avère souvent trop courte pour aimer.
L'écriture est un remède incroyable. En général j'écris puis j'efface, je jette.
Ce soir je vais bien.