L'automutilation : la profondeur de la chair
Vendredi 22 Février - 19:06 Problème sous-estimé, l'automutilation touche un grand nombre d'adolescents et de jeunes adultes et sa cause tient tout autant d'un désir de mort que d'un désir de vie. A la fois symptôme d'un mal-être, d'un certain rapport au corps et à la chair, l'automutilation est une marque visible et extérieure de souffrances intérieures.
Problème sous-estimé, l'automutilation touche un grand nombre d'adolescents et de jeunes adultes et sa cause tient tout autant d'un désir de mort que d'un désir de vie. A la fois symptôme d'un mal-être, d'un certain rapport au corps et à la chair, l'automutilation est une marque visible et extérieure de souffrances intérieures. S'entailler les bras avec un cutter, s'arracher nerveusement des boutons imaginaires sur le visage, se ronger les ongles jusqu'au sang, les blessures infligées ont un point commun : satisfaire un trop plein d'excitation via la douleur tout en assurant une certaine maîtrise de ses émotions. Patrice Huerre, psychiatre, explique « en se mutilant, l'adolescent cherche surtout à éprouver son corps et à s'éprouver lui-même. Il a du mal à vivre son corps car celui-ci change continuellement ».
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L'automutilation serait donc une manière de pallier à un mal-être, un mal-être qui précisément questionne l'adolescent quant à sa place dans le monde, c'est à dire la place de son corps dans le Réel. Car le corps (sa peau, ses organes, sa chair, ses os) est une sorte de barrière physique faisant « tampon » entre un monde extérieur et social et un monde intérieur et privé. « Il faut également tenir compte de ce que symbolise la peau. Elle est comme une barrière entre l'intérieur et l'extérieur dont l'adolescent va inconsciemment tester la capacité en se mutilant », rajoute Patrice Huerre. Ce test s'effectuant souvent à l'abri des regards des parents, il n'est pas toujours facile de savoir que l'adolescent s'inflige des blessures (sans parler qu'en général il le cache très bien).
Mais attention, on ne parle pas ici de scarification ou de piercing qui est une manière de faire de son corps un totem, un objet de vénération tribal et pour lesquels il n'y a pas de sang versé. Dans l'automutilation, il s'agit d'éprouver de la douleur tout en se faisant souvent saigner, d'éprouver la « profondeur » de son corps. Comme le dit si bien Paul Valéry « ce qu'il y a de plus profond en l'homme, c'est la peau ». Pourtant, à l'instar de la boulimie ou de l'anorexie, ces blessures pratiquées de manière répétées permettent de contrôler un trop plein d'émotions et d'excitations en les calmant et en les dissolvant dans le plaisir qu'on éprouve en ayant mal.
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Source: Ados.fr