Zelig

Un peu de respect pour ceux qui ont vraiment connu et souffert sous l'URSS. --- Sinon j'ajouterai que j'ai participé (moi et quelques centaines d'autres) aux négociations encadrant plusieurs programmes européens de recherche. Et bien il ne faut pas imaginer que Bruxelles, ce soit le diable. Chaque pays y a ses délégués, eux-mêmes désignés par nos établissements d'origine ou par les ministères concernés. On y discute, on propose et on vote absolument tout. Rien n'est imposé par la force ou de façon autoritaire. J'ai eu affaire à différents commissaires européens, ce sont des gens comme vous et moi, souvent très courtois, et leur rôle dans ce cas se cantonne essentiellement à celui d'arbitre. Les négociations que j'ai connu là-bas étaient beaucoup plus fluides que celles que j'ai connu dans nos propres ministères ou au conseil d'état. Je crois qu'il y a beaucoup de fantasmes et d'ignorance sur ce qui se passe au sein de la Commission Européenne. Beaucoup se font des films. Je ne dis pas que tout soit parfait, sinon nous n'aurions justement pas été dénoncer et renégocier certains points, notamment concernant de nombreux abus et détournements caractérisés de subventions, mais globalement tout est transparent et plutôt démocratique. Si certaines mauvaises décisions sont votées malgré tout là-bas, c'est avant tout de notre faute.

Oui, on assiste à une véritable panique, à un affolement complet outre-Channel sur ce thème. On voit que tu ne suis pas ce qui se passe là-bas en matière de débats. Je te conseille donc humblement d'aller lire leurs médias, y compris les plate-formes qui étaient pro-Brexit et sur lesquelles ça tire dans tous les sens sur le thème que leurs propre presse les a délibérément trompés pour faire la fortunes de quelques oligarques milliardaires spéculateurs -entre autres choses-. Il est vrai que pour les Murdoch et les Soros, ce Brexit c'est un vrai Jackpot. Soros a massivement investi dans les mines d'or et d'argent ces derniers mois histoire de planquer ses avoirs et de se préparer à la chute vertigineuse de la livre, ce n'est pas un hasard. A présent, c'est happy hour, ils peuvent acheter ce qu'ils veulent en Grande-Bretagne puisque ça ne vaut plus rien.

Non, tu ne m'as pas lu correctement. (1) Je préfère être prudent, et je souhaite malgré tout que le RU même hors UE s'en sorte. Je pense à titre personnel que c'est très mal parti, mais je ne suis ni un prophète, ni quelqu'un qui se réjouit du malheur des autres. Je constate seulement que pour l'instant... et bien... leur économie vient de se prendre une énorme claque qui n'a rien à voir avec les variations ordinaires plus ou moins acceptables du PNB, même en cas de krach boursier. Leur monnaie vient de retourner plus de trente ans en arrière... TRENTE ANS. Et ça continue de dévisser. Cela ne me semble pas être un problème de l'ordre d'un simple "poil de cul" pour reprendre ta très croustillante expression. C'est pour l'instant beaucoup plus grave. J'espère cependant que cela va se calmer, car une crise de cette ampleur chez eux, outre qu'elle précariserait des millions d'êtres humains là-bas, aurait également des conséquences chez nous puisqu'en effet, le RU est l'un des principaux partenaires économiques de la France. (2) Non, s'il y a affolement de la part de millions de personnes qui ont voté pour le Brexit, ce n'est pas le fait des médias occidentaux qui crieraient à la catastrophe. C'est exactement le contraire. Les couches populaires britanniques ne lisent pas nos journaux. Or leur journaux A EUX leur annonçait le paradis en cas de victoire du Brexit, et avec une très large majorité et une surreprésentation médiatique dont tu n'as pas idée (la presse anti-Brexit ne représentant même pas le quart du nombre d'exemplaires parus chez les pro-Brexit). Et puis soudainement, même le Sun et le Daily Mail admettent que tous les facteurs économiques vont entrer en récession, que la vie va finalement être beaucoup plus dur pour le pékin britannique lambda. Il n'en avait jamais été question pour ces électeurs jusque-là. C'est pour cela qu'ils se sentent trompés. Jamais ils n'avaient lu cela auparavant, ces articles ne sont parus qu'après que le résultat du référendum ait été acté et seulement à ce moment là. Les ténors politiques du Brexit sont en train d'admettre publiquement qu'ils leur ont grossièrement menti !!! C'est stupéfiant, presque inimaginable !!!!

Je parle de synergie, et la plupart de mes amis en question sont universitaires. Et quitter l'Europe, oui, cela risque de singulièrement compliquer leur métier; que ce soit dans les dotations générales, les conditions de travail, ou la qualité des échanges avec le reste du monde. Il y a des gens formidables à Londres, à l'UCL, au King's College, et le Brexit risque de bousiller une partie de leur travail et de les marginaliser. Tu n'imagines pas tous les avantages de l'UE en matière de fluidité des échanges de personnes et d'informations dans le monde de la recherche. Les programmes Erasmus, toute la convergence des unités d'enseignement et les équivalences de diplômes ne sont pas tombés du ciel du jour au lendemain. Il a fallu les négocier âprement auprès des commissaires européens, et j'ai plusieurs fois fait partie des délégations envoyées sur place. Les pays qui sont hors-UE, même lorsqu'ils sont associés (cas de la Suisse et de la Norvège), ont beaucoup plus de problèmes que tu ne le crois. Leur intégration partielle au programme Léonardo a d'ailleurs été très compliquée, car il aura fallu et il faut toujours tout négocier séparément et sur des critères et des listes distinctes.

C'est l'Ecosse + l'Irlande du Nord + Londres. Que les parisiens n'oublient pas cette ville jumelle qui se trouve à deux heures de chez eux, à un jet de lance-pierre à peine. Deux métropoles de type Alpha+ aussi proches l'une de l'autre, c'est une synergie et une dynamique incroyable. Et je ne souhaite pas que cette synergie soit perdue, pas plus que tous les amis que j'ai là-bas.

Je n'aurais pas dit mieux, contrairement à tous ces militants d'extrême droite qui tiennent mordicus à me faire dire des choses que je n'ai jamais dites ou même pensées. Le vote compte, et nous en sommes tous comptables. Le problème du populisme se situe en amont, et peut-être faut-il des électrochocs comme le Brexit pour vacciner certaines personnes sensibles à ces argumentaires qui détournent trop souvent le sens des questions posées. Beaucoup de personnes Outre-Manche semblent à présent regretter leur vote après avoir découvert dans leurs journaux (précédemment pro-Brexit) de véritables articles concernant les conséquences économiques de leur choix. Certes, c'est triste. Mais je ne pense pas qu'il faille refaire de référendum et bloquer son résultat, aussi absurde et destructeur qu'il puisse dorénavant sembler à ces électeurs se sentant dorénavant floués et trompés. L'histoire verra bien. Si cela se passe mieux que prévu en Grande-Bretagne, tant mieux pour tout le monde. Si cela se traduit en revanche par une crise, peut-être qu'au contraire il y aura beaucoup de choses à en apprendre.

Oui, c'est exactement le problème des référendums. C'est qu'ils sont presque toujours instrumentalisés afin de les transformer en plébiscites, très loin des questions initialement posées. Ce n'est pas un hasard si les régimes populistes ou semi-autoritaires ont souvent abusé démagogiquement de ce genre de propositions afin de se créer une légitimité (ex: Napoléon III ou même l'Italie fasciste); cela n'en faisait pas des démocraties pour autant.

Le cours de la livre sterling continue de chuter (son plus bas cours depuis 31 ans), ce qui vient de faire plonger l'économie britannique de plusieurs rangs dans le monde. Si la parité 1€=1£ est atteinte d'ici quelques mois, comme cela est hélas probable, cela signifiera que PNB britannique sera descendu au même niveau que celui de l'Italie, voire plus bas encore. http://investir.lese....php#xor=CS1-14 ---- Comme résumé par la presse économique britannique, la Grande Bretagne vient tout simplement, en quelques jours à peine, de perdre l'équivalent de plus de 24 années de cotisation pleine à l'UE. Et ce, alors que le camp du "Leave", Farage et Johnson en tête, plastronnaient crânement sur les économies importantes que cette décision allaient entraîner, et sur tout cet argent qu'ils allaient pouvoir réinvestir ailleurs... On pourrait en rire, sauf que par respect et solidarité pour tous mes collègues et amis britanniques qui vont notamment voir leur système de santé public [le NHS] dévasté, je ne préfère pas. Ce qui arrive Outre-Manche n'a en réalité rien de drôle, car au delà de l'aspect économique, il faut songer au coût humain. Et ce sont les gens les plus modestes qui vont être bientôt confrontés aux plus grosses difficultés, ceux-là même qui ont été trompés par toute cette campagne médiatique destinée à les induire en erreur. Les milieux financiers internationaux, en revanche, se délectent de cette situation, ce qui était exactement le calcul cynique fait par Murdoch, George Soros et compagnie, ainsi que plusieurs banques. De cette manière, ils peuvent racheter à bas prix quantité de titres et d'activité pour les revendre ensuite avec de sérieux bénéfices. Toute l'économie britannique risque d'être désormais bradée: c'est open bar pour eux. Déprécier intentionnellement la valeur d'une entreprise ou d'une économie est une tactique hélas classique. Bolloré fait par exemple la même chose avec Canal+: il démolit de l'intérieur une entreprise que pourtant il possède en partie, et ce, afin de pouvoir acheter à vil prix toutes les actions encore détenues par les autres afin, au final, de pouvoir raffermir son emprise quitte ensuite à démanteler et vendre un par un ses différents secteurs d'activité. C'est certes temporaire, mais c'est très efficace. Bernard Tapie ainsi que beaucoup de milliardaires aux pratiques peu morales s'étaient fait une spécialité de ce genre de piraterie moderne.

La question n'était pas seulement de réfléchir, mais d'informer correctement. Ce que tout le monde n'a pas fait. Les médias pro-Brexit, ultra majoritaires et financés par une bande d'oligarques milliardaires défendant leurs intérêts financiers tels que Rupert Murdoch, ont délibérément menti à leurs lecteurs. Ils n'ont jamais parlé d'économie, ils n'ont fait que flatter sans cesse la fibre nationale, jouer sur les émotions afin de court-circuiter la capacité à raisonner correctement de toutes celles et ceux qui tombaient sur ces articles. The Sun et le Daily Mail viennent tout juste, après la victoire du "Leave", de publier enfin des articles un tout petit peu plus détaillés économiquement sur les conséquences CONCRETES liées au fait de quitter l'UE. Ils n'en ont jamais parlé avant. Et leurs fidèles, qui découvrent soudainement tout cela, semblent complètement affolés de comprendre à quel point une bonne partie d'entre eux se sont fait berner. C'est comme "s'ils venaient de se prendre un seau de glace sur la tête" pour reprendre l'expression la plus commentée... Les réactions indignées et agressives de leurs propres lecteurs pleuvent désormais sur les sites des deux tabloïds: http://indy100.indep...ed--Z1772TI4aNW http://indy100.indep...ppy--WySvafrAVZ Et du côté des messages reçus par la rédaction du Daily Mail :

Apparemment en Grande Bretagne, il y a en ce moment une vague de personnes ayant voté "Leave" qui regrettent publiquement les conséquences de leur vote. Beaucoup expliquent qu'ils n'avaient pas vraiment compris l'enjeu, et qu'ils n'ont voté que pour dire "merde" au gouvernement, et qu'ils étaient persuadés que le camp du "Remain" l'emporterait facilement. http://indy100.independent.co.uk/article/leave-voter-regrets-voting-leave-when-he-realises-it-means-were-now-leaving--Z1btq_FnVW "I'm shocked that we actually have voted to leave. I didn't think that was going to happen. My vote, I didn't think was going to matter too much because I thought we were just going to remain." Beaucoup de ces gens avouent qu'ils n'étaient pas forcément contre l'UE et qu'ils ne croyaient pas forcément aux énormes bobards de Farage et Johnson. Non, ils voulaient juste dire "merde" à Cameron et son gouvernement. Et à présent, ils se réveillent avec la gueule de bois en réalisant enfin quel processus ils ont enclenché. ---- A propos des bobards populistes en question, qui témoignent du niveau vraiment ras des paquerettes de la campagne: http://indy100.independent.co.uk/article/8-of-the-most-misleading-promises-of-the-vote-leave-campaign-ranked-in-order-of-preposterousness--WyxD59VO3Nb 1. We aren't going to see a fall in immigration levels No one in the Leave campaign actually gave any target figures, at any time, ever. Conservative MEP Dan Hannan has already said this morning that people expecting immigration to come down will be "disappointed". 2. We aren't going to have an extra £100 million a week for the NHS Nigel Farage has already told reporters today that the Leave campaign shouldn't have claimed that. 3. We aren't going to be able to stay in the single market No other country has a set up like that: both France and Germany have made it abundantly clear that we are not going to be able to have our cake and eat it, ie, take advantage of the free-trade zone without contributing a single penny to it, as Leave says we will. 4. We aren't going to get our sovereignty back Looks like we're going to get a new prime minister by the end of the autumn Conservative party conference. It'll be a short list of two people, nominated by MPs. This unelected leader could then theoretically hold office unopposed until a general election has to be called in three year's time. P.S. We still have the House of Lords. So there's that. 5. We aren't going to save £350m a week The Leave claim that the UK gives £350m a week to the EU has been thoroughly debunked. But it was still emblazoned on their battle bus right up until the end: 6. We won't remain a world leader in research and development UK investment in science and universities has dried up since the recession, whereas the EU gave us £7bn in science funding alone between 2007 - 2013. We're also going to face new barriers to collaboration with European universities and research centres. 7. We aren't going to save £2bn on energy bills Leave promised we could end VAT on household energy bills. While that's possible, it won't save us any money in reality because we rely on imports for so much of our energy. Because the pound has fallen, inflation will go up, which means imports and thus our domestic energy bills will cost up to 12 per cent more than they currently do. 8. We aren't going to be a 'greater' Britain Overnight the UK economy has already slumped from the fifth largest in the world to sixth. More than £200 billion has already been wiped from the value of the UK stock market - or put another way, 24 years' worth of UK contributions to the EU.

Evidemment. L'art n'est jamais innocent. Même le David de Michel-Ange avait une signification politique très précise, à savoir la lutte de la république de Florence contre la puissante famille des Médicis. ---- Je redoute d'être un jour confronté à un monde où l'art serait parfaitement neutre, sans signification particulière sauf éventuellement à chanter les louanges du gouvernement en place. Un monde lisse et prévisible. Ah si, ce monde a existé et je l'ai connu: cela s'appelait l'URSS. ---- Pour ma part, je préfère vivre en France, quitte parfois à être occasionnellement choqué ou dérangé par certaines oeuvres, à ne pas être d'accord avec le message ou le contenu qu'elles expriment et avoir en retour le droit de le dire et de m'expliquer en public. Je ne suis pas d'accord avec le message de cet artiste compte tenu en effet des circonstances particulières de ces derniers mois, mais pour autant je ne vois pas de raison de l'interdire, au contraire (d'autant qu'il s'ait d'une oeuvre temporaire et qui n'a pas dû coûter particulièrement cher au contribuable...). Si l'état ne devait subventionner que des artistes "officiels" ou "politiquement agréé", ce serait perdre de vue la signification même du mot "culture" et la mission du ministère qui y est associé. Et cela reviendrait également à servir la soupe à un business très lucratif dont usent et abusent certains escrocs notoires se faisant justement passer pour des artistes (Koons, Kapoor, McCarthy... etc). La liberté d'expression et de création, y compris et surtout pour les artistes, est un droit fondamental.

-à condition toutefois qu'elles ne menacent pas la république- Ce qui signifie qu'il y a des limites légales claires à ne pas dépasser, même sous une démocratie. Par exemple, les appels à la haine et à la discrimination, l'incitation publique à la fraude, à la corruption etc... Il me semble que nous n'en sommes pas encore là dans le cas de cette fresque, non ?

Au contraire, le mécénat d'état ne doit pas se focaliser exclusivement sur les messages politiques qui l'arrangent ou lui conviennent, au risque sinon de brider cette création et de la faire ressembler à ce qui se passe sous d'autres cieux plus dictatoriaux. En Russie par exemple, l'art est systématiquement instrumentalité et sous contrôle. C'est un art mort. Je préfère vivre dans un pays où ce n'est pas encore le cas, quitte à devoir subir en effet un militantisme avec lequel je ne suis pas forcément d'accord. Je ne suis certes pas d'accord avec le message de fond proposé par cette fresque ou cet artiste, mais le fait que cet artiste puisse s'exprimer comme il l'entend me semble plus important encore, et je pense que l'on doit paradoxalement se battre pour que des opinions contraires aux siennes puissent avoir le droit de s'exprimer -à condition toutefois qu'elles ne menacent pas la république-. We have to agree to disagree.

L'argument historique n'a pas grand sens et ressemble dans ce cas plutôt à un sophisme. https://en.wikipedia.org/wiki/Historian%27s_fallacy Je pourrais vous jouer le même couplet avec des trémolos dans la voix pour m'indigner de la façon dont l'ouest traite désormais Poutine, en vous expliquant que vous oubliez un peu vite le sacrifice des Russes... (blablabla) Ce serait de la récupération politique odieuse et vous n'auriez pas tort de me le rappeler. Et bien ton raisonnement me semble du même acabit.

Sinon, dans ce qui n'aura pas été encore évoqué:

Private joke inside...

Là-dessus, la responsabilité de la génération des baby boomers hédonistes de l'immédiate après-guerre me semble très sévèrement engagée, vu l'égoïsme insatiable dont ils semblent faire preuve quelque soit le pays, et vu la façon dont ils ont privé littéralement de ressources et d'avenir une bonne partie des générations qui les suivent. En France, c'est eux qui détiennent presque tout le patrimoine et presque tout le capital, qui n'ont jamais été aussi mal répartis qu'à présent: il n'y a jamais eu autant de concentration de biens détenus presque exclusivement par une classe d'âge somme toute assez réduite. Et c'est le même problème presque partout ailleurs: ils songent d'abord à leur bien-être plutôt qu'à celui de leurs enfants, qui peuvent littéralement crever la gueule ouverte si nécessaire puisqu'ils semblent estimer que leur propre jouissance passe devant. Et ça, c'est sans aucun précédent. A partir de là, la plupart des modèles politiques anciens se dérèglent. Lorsque je suis arrivé en France, j'ai été sidéré par le comportement de la plupart des familles d'Europe de l'ouest, et l'absence de véritable solidarité familiale ou générationnelle. Simple exemple: lorsque j'explique que j'envoie toujours une bonne partie de mes revenus afin d'aider mes grands-parents à Moscou et que je communique avec eux tous les jours (via Skype), je passe pour un extraterrestre par rapport à mes collègues nés en France. Pour eux (sauf notables exceptions), la famille n'a manifestement plus la même signification: ils ne doivent rien à personne, et leurs parents semblent penser de même. De ce point de vue-là, Todd n'avait pas tout à fait tort concernant ses anciens travaux sur la structure des familles françaises (les nouveaux étant en revanche délirants). Bourdieu aussi avait remarqué très clairement la même tendance, et l'inversion de valeur qui apparaît au sein de la génération née entre 1940 et 1955 au sein des pays occidentaux, et surtout par rapport aux précédentes. A présent, il arrive de manière décalée le même phénomène en Chine et en Corée du sud.

Et à noter également qu'un pétition est en cours afin que Londres se déclare indépendante du reste du pays (quitte à s'associer à l'Ecosse). https://www.change.o...-to-join-the-eu http://www.huffingto...n_10668752.html "Londres est une ville internationale et nous voulons rester au cœur de l'Europe", dit la pétition. "Admettons-le, nous sommes en désaccord avec le reste du pays. Alors au lieu de voter passivement et agressivement les uns contre les autres à chaque élection, rendons le divorce officiel et emménageons avec nos amis sur le continent". ---- Ce n'est pas tout à fait une blague. Car en réalité, plutôt que de parler d'une indépendance formelle, il serait plutôt question de faire du Greater London une espèce de "zone franche" qui rejoindrait à terme l'espace Schengen et la plupart des autres structures européennes. Un projet pas si fou ni si irréaliste que ça, puisqu'il existe bien des exceptions territoriales tout à fait similaires disséminées un peu partout même en Europe. Les londoniens ont leur identité propre, celle d'une métropole cosmopolite attachée à sa diversité culturelle (et aux emplois de la City !). Et ils se sentent apparemment très européens, très proches des "continentaux", et n'ont pas peur ni de l'immigration, ni des polonais, ni de ce genre d'arrivage.

A propos de Boris Johnson, devenu à présent l'une des personnalités les plus clivantes et controversées de son pays: C'est bien malheureux d'en être arrivé là. Encore une fois, je souhaite bon courage au successeur de David Cameron afin de soigner cette nation très profondément divisée et en guerre contre elle même. Plus exactement, le parlement écossais a apparemment le pouvoir de bloquer le Brexit s'il le veut. Sauf que le SNP n'est pas forcément favorable à cette manoeuvre, pour cause de désir de voir un jour l'Ecosse indépendante une bonne fois pour toute... Paradoxe...

Voilà un point de vue qui me semble déjà plus corroboré par l'analyse des votes britanniques, quelque soit l'option choisie (Remain or Leave). Chacun vote très égoïstement et selon son intérêt immédiat, sans souci pour le ou les voisins. Cela ne me semble avoir que peu de rapports avec une éventuelle "grande idée collective", que cela soit celle de l'Europe ou de ce pays que l'on nomme "Royaume-Uni". Les votes purement idéalistes semblent plutôt relever de l'exception statistique. Or le problème pourrait-on objecter, c'est qu'il n'y a pas de démocratie sans un minimum de citoyenneté, sans un minimum de sens civique... Ce qui est de moins en moins simple dans des sociétés de plus en plus divisées et fragmentées par les intérêts personnels.

Ecoute, tu en fais ce que tu veux de ces données. Si elles ne te conviennent pas, libre à toi d'expliquer pourquoi et d'en rappeler, en effet le contexte d'origine. Les graphes du Guardian ne sont en revanche pas basés sur des sondages ou des prévision, mais des résultats complets du vote tel qu'il s'est réellement déroulé. A toi de les interpréter là encore. Mais tu ne peux pas faire comme s'ils n'existaient pas non plus. ---- Pour mémoire, et en espérant que tu les lises correctement et n'inverse pas cette fois-ci le sens des mots:

Je crois que comme plusieurs ici tu extrapoles considérablement sur mon état d'humeur, là où en revanche tu ne fais aucun mystère sur le tien. On ne tape pas sur le messager, je ne fais que publier ou rappeler quelques faits. A vous d'en faire ce que vous voulez et de tenter de comprendre comment on pourrait interpréter ces dernières. C'est toi qui voit des propos désobligeants ou insultants là où il n'y a que des descriptions de graphes, des statistiques, des chiffres ou des articles dûment sourcés. Comme je le répète parfois, tu sais, ce n'est pas de la faute du miroir si l'image qu'il te renvoie ne te convient pas. ---- En l'occurrence, je continue de penser que ton discours soi-disant à gauche est totalement isolé, déconnecté du réel et surtout très peu représentatif de quoi que ce soit à part toi-même, vu que dans le cadre britannique, le Brexit semble surtout provenir d'un électorat traditionnellement conservateur ou d'extrême droite. C'est à dire qu'il me semble que tu projettes beaucoup ton propre ressenti franco-français sur un phénomène qui, s'il présente des similarités avec le reste du monde (grande vague de fond populiste et nationaliste présente dans de nombreux pays européens comme non européens, riches comme pauvres etc), n'en demeure pas moins différent quand même. De ce point de vue, les points de vue des militants ou sympathisants FN de ForumFr me semblent déjà bien plus légitimes que le tien (on préfère généralement l'original à la copie), plus intéressants et plus proches en tout cas de celui constaté parmi les électeurs du Brexit même si là encore, tout n'est pas absolument semblable non plus. Car sans vouloir te provoquer, ce que tu penses ne m'intéresse que très peu. Ce que pensent les britanniques me semble déjà plus pertinent, et je t'invite à lire un peu plus ce que chacun là-bas en a dit par presse interposée.

Dans le cas de ce référendum, la mauvaise foi est apparemment DES DEUX COTES.

Mais je n'ai pas donné mon avis que déjà tu m'accuses... Je livre juste un fait. A titre personnel, je trouve cependant navrante la mauvaise foi tout à fait symétrique dont les deux camps ont fait ou font actuellement preuve. Il est vrai que l'enjeu est certes très important.