MAYERLING

Oui. On se planque tous. On arrête tout. Plus de virus. Et après ? Quand il faudra faire de gros sacrifices, tout le monde rouspètera.

Des personnes qui disent ça, il y en a légion. Mais qui le pensent sincèrement et qui l'appliquent à la lettre, c'est une autre paire de manches. Tout ce que je me rends compte depuis l'arrivée de ce virus et des mesures prises à son encontre, c'est que quasiment chaque individu raisonne en fonction de ce qui l'arrange et de ce qui le dérange. Moi y compris bien sûr. Lorsqu'on pousse les gens dans leurs derniers retranchements en leur donnant des exemples, on s'aperçoit vite que leur belle théorie de solidarité sociale tombe à l'eau. Avant tout, c'est à eux qu'ils pensent.

Voilà ! Et chaque choix est aussi respectable l'un que l'autre.

Le problème, c'est l'atteinte aux libertés individuelles qu'occasionne le confinement. Ce sont des bouts de vie volés. Et que l'on soit jeune ou vieux, c'est pareil. Je ne fais pas de différence.

Mais tu as tout à fait le droit d'avoir envie d'avancer. Comme tu avais tout à fait le droit de vouloir mourir. Ok. Tu n'es pas d'accord, mais je ne changerai pas d'avis. Mais non ! A 66 ans, on ne veut pas avoir des bouts de sa vie volés. On veut vivre à fond les dernières années qu'il nous reste !

Il y a peut-être des cas où c'est pour ça. Perso, ce n'est pas mon cas. Et je peux t'assurer que pour avoir assisté à maintes réunions de l'association, toutes les personnes présentes tenaient quasiment le même raisonnement. Elles veulent toutes mourir plutôt que de traîner dans des souffrances aussi bien physiques que psychiques, de se voir dégradées et surtout de devenir dépendantes. Tu sais, on respecte parfaitement le choix des autres. Nous, ce que l'on veut, c'est que l'on respecte le nôtre. On demande juste de nous aider à partir dans la dignité. On ne demande même pas que ce soit quelqu'un qui le fasse pour nous tant que c'est encore possible. On demande juste à avoir ce qu'il faut. Alors, je sais.... Il peut y avoir des abus.... Non... Si les choses sont claires, il n'y en aura pas.

Mais je n'ai pas peur de la mort. J'ai peur de la souffrance, de la dégradation physique, de devenir dépendante. C'est contre cela que l'on milite. Pas contre la mort.

Bah tu sais, on est comme on est ! Je n'ai jamais été une grande optimiste et les aléas de la vie ne m'ont pas forcément arrangée. Je sais aussi que d'autres sont bien plus à plaindre que moi. J'ai mes peurs, comme tout le monde, je pense. Plus ou moins bien sûr. J'ai une amie qui est terrorisée par le coronavirus. Elle ne sort plus, ne voit plus personne. Elle a une vie de recluse. Ben tu vois, je ne la comprends pas. Et elle, ne comprend pas que j'ai peur du confinement. Et ainsi va le monde !

Hein ??

Ah ça !! Tu as tout à fait raison. Le problème est que les gens inquiets dont je fais partie, ont un peu plus de mal à y arriver.

Mais je m'en fous de mourir chez moi ! Ce que je veux, c'est le droit de mourir dans la dignité, sans souffrir, sans une plus ou moins longue agonie. C'est pour cela que des associations ont été créées. Des associations qui militent pour ça.

Oui. Tout à fait. J'ai peur de devenir encore plus pauvre que ce que je suis. Oui, j'ai peur d'une guerre civile. Je l'avoue. Oui, tu restes chez toi à t'étouffer et à attendre la mort. C'est passionnant comme programme !

Moi non plus.

Je sens que l'on ne va pas se comprendre. On risque d'y passer des pages et des pages. Mais ce n'est pas grave. Je continuerai de militer pour la légalisation de l'euthanasie et du suicide assisté. Ce sont mes convictions profondes et on ne me fera pas changer d'avis.

Quand tu sens que tu t'étouffes, tu fais quoi alors ? Tu attends patiemment que la mort arrive ?

C'est nous qui ne nous en relèverons pas ! Moi, franchement, j'ai bien plus peur de la crise économique et de ses conséquences que du coronavirus ! Pour aller en réa, il faut être en détresse respiratoire.

Bienvenue au club alors ! Moi, c'est pareil. La chaleur m'est de plus en plus insupportable. Je ne vais pas étaler ma vie ici, ni me plaindre, mais si en plus, il me fallait rester confinée chez moi, dans 45 m2, avec 30° dans l'appartement, les volets fermés, je crois que je ne tiendrai pas 2 jours.

Il me semble que lorsqu'on a une déception amoureuse à 16 ans, on peut quand même penser que c'est quelque chose qui ne va pas durer très longtemps. Maintenant, se retrouver paraplégique à 16 ans, voire même plus âgé, je vois mal comment penser que ça ne va pas durer longtemps. Après, qu'il y ait des paraplégiques désireux de lutter contre la mort, je le respecte parfaitement. Moi, ce que je veux, c'est juste que l'on respecte le choix de chacun. Et d'autant plus lorsqu'on avance dans l'âge. Je sais que nous avions discuté du fait que quelqu'un en bonne santé ne survivrait pas longtemps à sa décision de mourir. Je n'étais pas très d'accord avec ça. Se laisser mourir de faim est une souffrance qui peut durer. C'était, si je me souviens bien l'exemple que tu avais donné.

Mais le problème n'est pas là. J'arrive aux urgences avec une forme grave de Covid. Le seul moyen de me sortir de là est la réanimation avec mise sous respirateur. Moi, je sais que je ne veux pas. J'ai fait des directives anticipées en ce sens. Et ben, ça ne fonctionnera pas, car la loi Léonetti ne prévoit pas cela en cas de Covid. Jean EB a raison sur ce point. Du coup, le personnel soignant va faire son boulot et me mettre sous respirateur contre mon gré. Parce que la loi ne l'autorise pas à m'aider à mourir. Il ne prendra pas de risque. Et c'est normal. Autre exemple : J'ai un accident de voiture grave qui me laisse tétraplégique. Je ne veux pas vivre comme ça. Et bien, personne n'est autorisé à m'aider à mourir non plus. Il y a plein d'exemples comme ça.

Mais non !!!! Là tu vas dans l'exagération. Pour moi, la loi Léonetti a encore trop de nuances. Il faut quasiment avoir un pied dans la tombe pour qu'on t'accorde le droit de mourir dignement. Un tétraplégique, par exemple, n'a pas le droit de mourir dignement s'il le souhaite. Entre autres....... Ca dépend de ce que vous avez. C'est bien plus complexe.

Oui. Si quelqu'un n'a vraiment aucune chance. Mais tant qu'il y en a une, on tente et contre le souhait du patient de ne pas vouloir être réanimé. Ce qui pour moi est inadmissible.

Je parle d'une réanimation en cas d'une mise sous respirateur durant 3 semaines avec toutes les séquelles après et qui durent dans le temps.

Voilà ! C'est exactement mon avis. Si on continue comme ça, on s'expose à une grave récession, peut-être même à une guerre civile. Et ce sera bien pire que la Covid. Pour l'instant, c'est relativement calme car beaucoup de personnes ont un immense espoir dans les vaccins. Mais si par malheur ça foire, ça va être un véritable cauchemar. Oui. Bien sûr. Je le sais ça. Mais ma rogne n'allait pas vers l'association, mais vers le gouvernement qui ne légalise pas l'euthanasie et qui ne laisse pas aux personnes qui en ont envie, la possibilité de mourir dignement. Le personnel soignant n'y est absolument pour rien. Bien qu'il y a encore, mais c'est de plus en plus rare, certains médecins qui s'opposent à l'euthanasie. Histoire de religion sûrement.

A l'hôpital, il y a tout ce qu'il faut pour que tu meures paisiblement. Je ne sais pas pourquoi, je sentais que j'allais vous voir arriver sur le forum à cet instant Oui. C'est exactement ce que m'a répondu l'association. Réponse me mettant encore en rogne.

Ah d'accord ! Effectivement, je viens de vérifier. Ce qui m'a induite en erreur est cet article : https://www.varmatin.com/sante/le-port-du-masque-devient-obligatoire-au-lavandou-621947 Vu qu'il date du 22 décembre ! Mais par contre celui-là dit : https://le-lavandou.fr/le-port-du-masque-obligatoire-dans-les-lieux-publics-frequentes/ A moins que le port du masque n'ait plus été obligatoire entre deux périodes ! Je ne sais pas ! Parce que quand tu t'étouffes, si personne ne t'aide à mourir, ça peut-être très long et douloureux.