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Liutprande

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Billets posté(e)s par Liutprande

  1. Liutprande
    Une ode au corps féminin...sous la plume du poète maudit :
    Le Serpent qui danse :
    Que j'aime voir, chère indolente,
    De ton corps si beau,
    Comme une étoffe vacillante,
    Miroiter la peau !
    Sur ta chevelure profonde
    Aux âcres parfums,
    Mer odorante et vagabonde
    Aux flots bleus et bruns,
    Comme un navire qui s'éveille
    Au vent du matin,
    Mon âme rêveuse appareille
    Pour un ciel lointain.
    Tes yeux, où rien ne se révèle
    De doux ni d'amer,
    Sont deux bijoux froids où se mêle
    L'or avec le fer.
    À te voir marcher en cadence,
    Belle d'abandon,
    On dirait un serpent qui danse
    Au bout d'un bâton.
    Sous le fardeau de ta paresse
    Ta tête d'enfant
    Se balance avec la mollesse
    D'un jeune éléphant,
    Et ton corps se penche et s'allonge
    Comme un fin vaisseau
    Qui roule bord sur bord et plonge
    Ses vergues dans l'eau.
    Comme un flot grossi par la fonte
    Des glaciers grondants,
    Quand l'eau de ta bouche remonte
    Au bord de tes dents,
    Je crois boire un vin de Bohême,
    Amer et vainqueur,
    Un ciel liquide qui parsème
    D'étoiles mon cœur !
  2. Liutprande
    La Chevelure
    O toison, moutonnant jusque sur l'encolure!
    O boucles! O parfum chargé de nonchaloir!
    Extase! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure
    Des souvenirs dormant dans cette chevelure,
    Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir!
    La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,
    Tout un monde lointain, absent, presque défunt,
    Vit dans les profondeurs, forêt aromatique!
    Comme d'autres esprits voguent sur la musique,
    Le mien, ô mon amour! nage sur ton parfum.

    J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève,
    Se pâment longuement sous l'ardeur des climats;
    Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève!
    Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve
    De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts:
    Un port retentissant où mon âme peut boire
    A grands flots le parfum, le son et la couleur;
    Où les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire,
    Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire
    D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur.
    Je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse
    Dans ce noir océan où l'autre est enfermé;
    Et mon esprit subtil que le roulis caresse
    Saura vous retrouver, ô féconde paresse!
    Infinis bercements du loisir embaumé!
    Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues,
    Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond;
    Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
    Je m'enivre ardemment des senteurs confondues
    De l'huile de coco, du musc et du goudron.
    Longtemps! toujours! ma main dans ta crinière lourde
    Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
    Afin qu'à mon désir tu ne sois jamais sourde!
    N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde
    Où je hume à longs traits le vin du souvenir?
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