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cas de conscience; direction spirituelle.


Invité vieilledame

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Invité vieilledame
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Invité vieilledame
Invité vieilledame Invités 0 message
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Littérature. Vos écrits. Esssai.

C'est un texte un peu plus long et plus intime que les autres que j'ai postés. C'est un test. Je verrai en fonction des réactions si j'ose encore poster des textes de ce niveau d'intimité, ou bien plus anodins, ou bien encore plus personnels.

"J'ai toujours voulu être une sainte. C'était un mot auquel je donnais le sens de "comblée d'un amour plus grand que tout ce qui est imaginable sur terre". J'étais malheureuse. Je voulais être aimée parce que c'était une garantie de bonheur. C'était tout.

C'était un secret que je gardais bien caché. J'avais honte de cette ambition qui me semblait être le comble de l'orgueil, le comble de la démesure et un tantinet arriéré. Je ne connaissais rien à la spiritualité. Je ne savais pas prier. Méditer évoquait pour moi un simple exercice d'attention rébarbatif. Mais j'ai commencé à lire les mystiques de toutes les traditions, puisque, disait-on, on y parlait d'amour. Puis, un jour, j'ai ouvert les manuscripts autobiographiques de Thérèse de Lisieux. Sa mièvrerie m'agaçait prodigieusement. Mais, il devait bien y avoir quelque chose à trouver dans ce pavé pour qu'elle ait été canonisée et qu'elle soit même lue chez les orthodoxes. Et je suis tombée sur cette phrase : "Vous le savez, ma mère, j'ai toujours désiré d'être une sainte..." J'ai reçu un choc. C'était donc un but tout à fait honorable, mais, bien entendu, à ne dévoiler absolument à personne sous peine de se ridiculiser. Je craignais énormément les moqueries.

Seulement voilà: je n'avais rien d'autre pour me guider que des livres. J'ai commencé à butiner dans toutes les traditions à la recherche d'une sorte de "manuel pour acquérir la sainteté". Mais mes lectures spirituelles, toutes religions confondues, avaient souvent pour effet de me causer plus de cas de conscience qu’elles n’en réglaient.

En voici un exemple :

Je prenais chaque jour le métro pendant que j’étudiais à Paris. J’avais tout juste de quoi survivre et je me passais le plus souvent de manger pour pouvoir m’offrir une sortie spéléo mensuelle avec le club. Un soir, en rentrant des cours, j’ai observé quelques minutes durant une dame âgée, bien mise, le dos contre un mur, qui tendait timidement la main vers les passagers pressés, et qui la retirait aussitôt. Il était évident qu’elle n’était pas habituée à mendier. J’ai pensé qu’elle vivait peut-être du minimum vieillesse, que les grèves à répétition aidant, elle n’avait pas touché son mandat et qu’elle se trouvait à bout de ressources. J’ai sans réfléchir ébauché le geste de mettre la main dans mon sac pour rechercher mon porte-monnaie, mais le souvenir qu’il était vide m’a arrêté. J’avais le cœur serré. Je ne pouvais pas me décider à suivre le flot des voyageurs. Je cherchais désespérément le moyen de lui venir en aide. Je ne voulais pas qu’elle me voie en train de la regarder afin de lui épargner une plus grande honte encore que celle que tout son être disait qu’elle ressentait déjà. J’ai eu envie d’interpeller l’un ou l’autre pour qu’il voie la misère devant laquelle il passait sans la remarquer. Mais je n’ai pas osé. D’une part j’étais bien trop timide pour cela et d’autre part on m’aurait répondu, pensais-je, que je n’avais qu’à lui donner moi-même.

Avant cet épisode, je n’avais jamais eu l’occasion de donner même une piécette à un mendiant. Là où j’habitais, et surtout pendant ces années de ma jeunesse, il n’y avait pas de mendiants. Ce douloureux souvenir s’est longtemps imposé à moi et m’a fait mal des années durant, aussitôt que je m’engageais dans une bouche de métro. Je donnais à partir de ce jour, généreusement, et à chaque quémandeur, même si je n’avais aucune idée de comment je me débrouillerais le lendemain pour acheter un des trois ou quatre tickets de "restau U" que j'utilisais par semaine, ou pour me procurer un nouveau bloc de papier. Si le doute s’insinuait en moi et me laissait penser que "je me faisais avoir en beauté", je donnais quand même. Je préférais courir le risque de donner à qui n’en a pas besoin plutôt que de refuser à qui en a besoin! Je me suis très souvent couchée le soir en ayant encore plus faim que de coutume ! Très certainement, pas mal des mendiants parisiens à qui j’ai donné de mon nécessaire avaient (au moment où je leur ai fait l’aumône) plus que moi. C’était pour moi que je donnais en fait, pas pour eux. Je voulais m’épargner la souffrance que m’avait value le spectacle poignant de la vieille dame du métro.

Puis un jour, j’ai lu chez un des pères vénérés chez les orthodoxes, que celui qui donne à une personne qui va mal utiliser ce don se rend coupable du péché qui sera commis. Donc, si le mendiant auquel je donne est un poivrot, je porte la responsabilité de son ivrognerie. J’ai pris ces paroles très au sérieux parce que j’en respectais l’auteur. Je serais bien en peine à l’heure actuelle de me souvenir précisément qui a écrit cela. J’étais coincée dans un dilemne quotidien, vu que des mendiants, j’en croisais tous les jours : « Si je ne donne pas alors que cette personne souffre de la faim et de la soif, je commets un péché. Si je donne alors que cette personne va dépenser cet argent pour de l’alcool ou de la drogue, je suis coupable aussi ! » Seule la pauvreté absolue, celle qui me laissait les poches complètement vides, me sauvait de ce problème insoluble : c’est avec l’esprit tranquille que celui qui n’a rien ne donne rien.

Dans les années qui ont suivies, j'ai été résolument catholique, histoire de voir où cela me mènerait. Les prêtres auprès desquels j’ai demandé des éclaircissements sur la conduite à tenir dans quantité de situations tout à fait concrètes ne m’ont pas fait de réponses bien convaincantes. La preuve, c'est que je ne m'en souviens plus d’une seule.

Puis J'ai fait la connaissance de "R". J'ai vu en lui le guide que je cherchais depuis près de quatre décennies. Grâce à son extraordinaire faculté de discernement, il sait qui a véritablement besoin. Il y a un clochard à D. qui ne parle à personne. Il vit dans la rue depuis plus de vingt ans. "R" arrête immédiatement sa voiture quand il l’aperçoit. Il va lui parler quelques minutes, l’appelant « son ami ». Il peut même s'asseoir sur le trottoir un instant à côté de lui. Il peut aussi rebrousser chemin, rentrer chez lui et demander à sa femme de cuisiner un plat spécialement pour cet homme et le lui apporte joyeusement encore tout chaud, dans de la vraie vaisselle. Mais il y en a d’autres qu’il ignore. Sa sensibilité et sa faculté d'observation qui ne sont pas diminuées par le bavardage intempestif de ses pensées, lui dictent sans erreur possible la conduite à tenir. Et quand je m'enquiers de la raison de son indifférence, il m'ouvre les yeux et me fait voir ce que je ne voyais pas.

Les livres ne donnent que des conseils géneraux. Ils ne peuvent jamais apporter la réponse parfaitement adaptée à mon problème précis d'aujourd'hui. Celui qui est sorti de l'enfance spirituelle peut conseiller à la perfection celui qui fait ses premiers pas. Et celui qui est né "mûr" explique les choses les plus profondes et les plus obscures si simplement que tous peuvent le comprendre, les plus jeunes comme les plus âgés, les plus cultivés comme les plus ignorants. Se placer sous sa direction nous épargne la torture des "j'aurais dû... J'aurais pu... Il aurait fallu... J'ai commis une erreur... Aurais-je pu faire autrement... Ce n'était pas mauvais mais ça aurait pu être mieux... Si j'avais su... " Et un jour, nous nous rendons compte que nous avons grandi en le côtoyant et que nous l'interrogeons beaucoup moins. De "starets", il est devenu "ami" et une infinie tendresse unis le maître à son ancien élève."

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Membre, Forumeur confit, Posté(e)
Enchantant Membre 15 624 messages
Forumeur confit,
Posté(e)

Curieux, avec les écrits de vieilledame, je l'imagine dans la posture du pêcheur lançant ses appâts littéraire, et moi de m'identifier a celui du petit poisson prêt à croquer dans l'hameçon en y répondant ?

Ai je la berlue ?laugh.gif

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Membre, Posté(e)
le merle Membre 21 509 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)

bonjour

un proverbe dit : l'enfer est pavé de bonnes intentions . pour moi , cela n'à pas de sens . en réalité ,c'est l'intention qui compte le plus .si vous avez donné pour aider un malheureux , vous n'êtes pas responsable de ce qu'il fera de ce que vous lui avez donné .

ce que vous avez fait pour lui vous honore . au diable les critiques ,chacun fait comme il veut .

histoire vrai :

un jour , je passais devant un pauvre assis sur le trottoire . il faisait pitié ,sâle et un peut alcoolisé il avait les stigmates de la misère sur son visage . les gens passaient devant lui en l'ignorent , d'autres lui jetaient un regard méprisent .

je m'arrêtai et lui donnai un billet de vingt euros .il me fit un sourire et mit la main sur son coeur en signe de remerciment.

je lui demandais qu'elles étaient les circonstances qui l'avaient jeté à la rue , car il paraissait avoir 40 ans environs .

je pensais au chômage qui fait des ravages .

il me racontât son histoire .

il avais été marié et père de famille .sa femme emmenait tous les matins leurs petite fille de 9 ans à l'école en voiture puis , elle partait travailler .lui , son métier l'obligeait à faire de nombreuses heures .il partait de bonne heure et rentrait tard .

un jour , sa femme emmenait comme chaque matin leurs petite fille à l'école , elle connaissait très bien la route , mais , ce jour là ,à un carrefour ,une voiture lui refusa la priorité et ce fut l'accident .

sa femme fut tuée sur le coup et sa petite fille décéda pendant sont transfert à l'hôpital.

les gendarmes vinrent lui annoncer la triste nouvelle à son travail .

à partir de cet instant ,sa vie bascula ,il se mit à boire ,perdit son travail et sa maison , il pensa au suicide et devins une épave que beaucoup de passant méprisaient en voyant son état .

voila ,le destin ne fait pas de cadeaux à certains et est parfois trop cruel .

bonne soirée

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Invité vieilledame
Invités, Posté(e)
Invité vieilledame
Invité vieilledame Invités 0 message
Posté(e)

Affreux. Merci Merle pour votre récit.

Il y aurait de quoi raconter si on écoutait l'histoire de chaque sans abri, de chaque réfugié, de chaque personne seule... Et ce serait immanquablement triste.

Curieux, avec les écrits de vieilledame, je l'imagine dans la posture du pêcheur lançant ses appâts littéraire, et moi de m'identifier a celui du petit poisson prêt à croquer dans l'hameçon en y répondant ?

Ai je la berlue ?laugh.gif

Ca marche, puisque vous avez lu.

Bien sûr, on écrit pour être lu. Si personne ne lisais, je ne posterais plus.

Mais j'ai de quoi poster: 15 gros classeurs à ce jour, remplis de tout un tas d'écrits de genres différents. Je reprends en ce moment une sélection faite pour un forum qui a fermé ses portes. Les commentaires ici sont bien différents de ceux que je lisais là-bas. C'est bien aussi. Ici, on commente plus le fond. Là-bas, on commentait plus la forme.

Bonne soirée.

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