Sommeil agité aux pleines senteurs de buis,
Comme un songe éveillé au coeur de la nuit,
Ras de marée qui me ramène vers la plage,
Je surfe sur des vagues immenses, en nage
Cherchant mon souffle, ma respiration.
Quelque chose de mal distingué luit,
Si loin, si proche, petit effort, la Vie?
Une lueur au loin près du rivage,
Je veux l'atteindre pleine de rage,
Cherchant mon souffle, ma respiration.
Je pagaie en vain, m'éreintant à l'infini,
Pour ce bonheur que je devine, j'en frémis,
Si réconfortant à venir, mirage?
Qu'enfin je puisse tourner la page
Cherchant mon souffle, ma respiration.
Encore quelques brasses,soupirs, suffit ?
Touchant au but, tourbillons mirifiques
Sable sous mes pieds, doux, un hommage,
Que de temps à t'attendre, toi beau mage,
Cherchant mon souffle, ma respiration.
Hébétée, je me réveille, comme ivre,
Le palpitant en furie, cognant en sourdine,
Des notes fluides entourées d'images,
Peuplant mon horizon divers personnages
Cherchant mon souffle, ma respiration.
Je ferme les yeux, j'écoute le silence
J'ouvre les yeux, je regarde le noir,
Je me retourne dans mon lit, en transe,
Mon épopée achevée, mon beau miroir.
Cherchant mon souffle, ma respiration...
Je me retrouve dans la cour,sous la véranda
Fait aussi soudain qu'impromptu, que fais je là?
L'instant d'avant je combattais, fier soldat
Contre ces aliens envahisseurs, des malfrats.
Je me retrouve au seuil du lieu de mon enfance,
Abrutie, surprise sur la pierre d'encens
Le soleil est haut, le ciel bleu enchantant
Où sont passés mes soldats combatifs, mes enfants?
Nous peinions, à bout de souffle, éreintés
Et la bataille à notre avantage bien commencée,
Ennemis repoussés, dans les larmes, hébétés,
Sang, sueur, cris de ces monstres assoiffés.
Devant la maison, le calme, le silence
Un bruissement, des petits pas, un souffle de vent
Ma chienne défunte devant moi, arrivant
En ce lieu dormant où rien n'est plus comme avant.
Bruits d'épée, de sabre envahi l'atmosphère,
Feu , explosion, odeur de souffre dans l'air
Mes hommes tombent, transpercés dans cet enfer
Tenant ma position, je recherche la Reine mère.
Flashback, me revoilà encore transportée
Hors de la zone de combat, en plein été
Devant cette grande maison mais interdite d'entrée,
J'attends l'aval d'une présence pour m'y inviter.
Un chuchotement puis patte velue s'enfonce dans mon crâne,
Derrière moi je l'entends me dire que j'aurais nul mal
En ne bougeant pas d'ici ni m'enfuir de cet animal
Immobile, sans réaction, je reste avec elle implantée en mon âme.
Debout près du perron,pour l'infini des temps,
Ne pouvant ni entrer, ni sortir, impuissante,
Sans honneur ni gloire au soleil couchant,
Sous ces fenêtres, un long périble encore m'attend.