Topic trés interressant. Juste quelque petites choses avec lesquelles, je ne suis pas d'accord. Quand tu es au fond du trou, tu ne peux plus demander d'aide.
Je vais prendre un peu de temps et m'investir dans ce dialogue. Et me livrer aussi. Vous donner la vue, des 2 côtés de la lorgnette.
Mon histoire, mon passé aurait du m'emmener au fond de la folie, mais le hasard ou plutôt, ça porte aussi un autre nom: la résilience, à fait que je suis devenue soignante en psy, mais toujours psy non traditionnelle, pourtant dans la fonction publique. Vous en verrez l'importance plus tard.
Infirmière puis et psychothérapeute humaniste dans des projets porteurs d'espoirs, pour aider à soulager la souffrance. Car il s'agit bien de souffrance, dont on parle , tout d'abord. Vous savez ce truc qui vous prends aux entrailles et que l'on masque.
Jeune diplomée à 24 ans, je postule pour un poste dans le 1°hopital de jour de cette immense institution qu'est l'un des plus grands hopital psy de France. Un endroit ou les patients sont considérés comme des êtres à part entière et individués, avec des pathologies diverses et donc des réponses thérapeutiques diverses. Chaque personne est suivie par 2 référents, avec des entretiens, d'au minimum 2 fois par semaine.
J'adore mon boulot, mais trés vite, j'en prends "plein la gueule" lors des entretiens, car trop d'échos avec ma propre histoire. Comment aider, si je ne suis pas au point avec moi-même et ne peux acceuillir la parole et lui proposer un sens, si je ne suis pas au clair avec moi-même. Trés vite, je sens le besoin de faire le point sur moi et d'aller voir, quelle était cette souffrance qui faisait écho en mon être.J'entame une psychothérapie 2 ou 3 ans, je ne sais plus. Le temps de me situer un peu plus et de pouvoir travailler sereinement et correctement. J'entame même plus tard une formation de psychothérapeute, trés longue.
Mais voilà, la grande institution se demande ce que c'est cette structure, ou il faut que les gens soient demandeurs pour être admis, et de plus qui accepte des gens qui viennent d'autres secteurs, du térritoire des autres , qui ne finance pas le projet. On parle donc de non rentabilité, on ferme et on jette les gens dehors. Retournez dans votre secteur, bataille rangées de médecins chefs. Chacun pour soi.
Deuil difficile de cet idéal, mais il faut bien que la vie continue. J'ai encore la chance d'obtenir une place dans une équipe sur un projet innovant et interessant. Quelques années passent et j'éprouve le besoin de découvrir autre chose. On me propose de nouveau un poste hyper interessant, dans un CMP ( centre médico psychothérapique), censé répondre à la demande de tout le monde ( du secteur toujours) et de proposer des réponses diverses, en fonction des pathologies.
La déchéance et la destruction de la psy publique se met en place. Restriction budgétaire, suppression de postes, démissions, l'équipe se retrouve comme une peau de chagrin. Quel terme !!! Les uns lachent aprés les autres. Mais c'est pas grave Mme timine, est là et tient le coup, et court dans tous les sens, joue tout les rôles ( assistante sociale, éducatrice, secretaire," médecin", psychomotricienne, femme de ménage, et même fait le relevé de la cuve à fioul et passe la commande nécessaire )j'en passe et des meilleures.
Mme timine crie au secours, l'institution constate, promet, mais ne fait rien. Mme timine se bat, toujours et tous les jours pour que reste le respect du patient, la qualité du soin etc...Elle répond aux demandes de prise en charge, en disant: liste d'attente, 6 mois, 1 an peut-être. Comment peut-on répondre celà à la souffrance étalée....viols, meurtres, incestes,agressions etc....
Mme timine rentre chez elle de plus en plus découragée, en se disant, ce que j'ai fais aujourd'hui, c'était de la "merde", elle s'énerve, elle qui est d'un calme olympien. Ses proches lui disent, qu'il faut qu'elle arrête, qu'elle se protège, mais Mme timine ne veut pas, ne peut pas abandonner tous ces gens.
Et pourtant un matin, je me lève et c'est fini, j'ai laché la barre ...Burn-out. La plongée vers l'enfer, toujours plus loin, là ou on n'est plus accessible. Et là, c'est l'autre côté du viseur. Il faut bouger ...ben oui, si c'était si simple quand la vie et l'envie vous à quittée, mais quittée complétement,et à laissée juste un grand vide. Une détresse et un chagrin immense. Les insomnies, ou les cauchemars , l'angoisse qui vous dévore de l'intérieur, mais sans même y laisser son nom. Le désespoir et les pulsions suicidaires qui vous obsedent.
En parler, avec qui ?? Qui peut comprendre ça ?? Qui peut acceuillir ça, pas vos proches...ne leur faites pas ça. Entre temps , mais trés tôt dans l'histoire, un putain de diagnostique vous est annoncé, une grosse saloperie qui vous ronge et vous fait souffrir comme c'est pas possible. Une SPA,( non, pas pour les animaux !!), une spondylarthrite ankylosante. Des poussées articulaires à en pleurer malgré les trés fortes doses d'opiacés. Et surtout un champ d'activité qui se restreint de poussées en poussées.
Mais au moins, j'ai la chance d'avoir rencontré un spécialiste( que j'adore) qui traite la douleur morale et la douleur physique, avec qui je peux parler des 2 aspects de cette situation. Comment accepter ne plus pouvoir à certains moments, ne serait ce que tenir un litre de lait, quand on à voyagé, qu'on à la rando dans la peau..Qu'on faisait de l'escalade etc...Comment le moral et le physique s'intrique alors. J'ai le moral, la pèche, des envies, alors je bouge!!!
Pu---n le prix à payer!!! pour avoir désherber 3 m des fleurs que j'aime tant. Alors j'apprends à vivre avec ou plutôt sans. A me dire que demain, ça ira mieux peut-être, et si ça n'est pas demain, peut-être la semaine prochaine.
Alors, voilà, je me suis étendue sur le sujet, mais il y à une chose dont je suis sure maintenant et qui changerait ma façon de travailler: dire à quelqu'un: bouge toi, va voir des amis, secoue toi et bien c'est du BLABLA et je vous le dis de l'intérieur.
Des méthodes, il y en à plein, et il n'y en à pas. Il y en à peut-être une qui vous conviendra à vous, vous seule parce que c'est votre histoire, votre vie, et leur manifestation pathologique. Il n'y à rien à jeter, mais surtout ne conseiller pas à un psychotique d'aller se saouler la g----e avec ses potes, soyez prudent dans vos réponses, vous ne savez pas qui est de l'autre côté du clavier, sonder le terrain d'abord et soyez vigilant, une réponse inadaptée ou qui se voudrait ironique, peut provoquer des dégâts irrémédiables.
Voilà, je vais poster ce message et j'espère ne pas m'en mordre les doigts, car j'aime beaucoup forumfr :).