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Je crois que c'est la crise, pour gaëtan le jeune manant


Whiskeybar

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Whiskeybar Membre 1 message
Baby Forumeur‚
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L'euro passera-t-il outre la crise ? La question est de plus en plus soulevée par de nombreux économistes et quelques hommes politiques, au moment où la devise européenne fête ses dix ans d'existence à travers un marasme économique et financier qui bouleverse la planète. Plus encore, c'est la cohésion européenne qui pourrait être mise à défaut. Lors de la création de l'euro, divers analystes ou euro-sceptiques avaient annoncé que la crédibilité et la solidité de l'euro seraient mises à l'épreuve lors de la prochaine récession économique, période que la monnaie traverse actuellement.

Si la crise peut renforcer les institutions de l'UEM, elle peut aussi en multiplier les risques. En fait, la situation de chaque pays membre de l'UEM évolue de façons diverses et certains leaders politiques nationaux peuvent trouver plus judicieux d'adopter des politiques divergentes de celles des autres membres. Aussi, les différences actuelles entre les taux d'intérêt sur les dettes publiques (des obligations d'état) de la zone euro n'ont jamais été aussi élevés dévoilant ainsi les situations délicates de certains pays comme l'Espagne, l'Italie, la Grèce ou encore l'Irlande et le fait que les investisseurs ne sont pas prêts à financer indéfiniment leurs déficits. En fait, en raison d'un aggravement de la situation économique et financière, ces pays pourraient être amenés à vouloir échapper à la politique monétaire identique pour tous imposée par la monnaie unique. N'ayant pas la maitrise de leur monnaie, ils ne peuvent ni dévaluer pour restaurer leur compétitivité en soutenant leurs exportations, ni émettre des liquidités pour absorber leurs dettes grandissantes.

La crise financière soulève encore un autre problème : l'absence de véritable « prêteur de dernier recours ».La BCE ne dispose en effet pas de fonds suffisants, et n'est pas pourvue d'un statut institutionnel assez développé, aussi n'est-elle pas autorisée à acheter des bons du Trésor que les pays émettent (rappelons en outre que le budget communautaire est infime, équivalent à 1% du PIB). Le scénario du défaut de paiement d'un Etat est envisageable (le Fonds monétaire international a déjà porté secours à la Hongrie et à la Lettonie, même si elles ne possèdent pas la monnaie unique) et si un pays voit ses banques s'écrouler parce que sa banque nationale n'a pas pu leur prêter suffisamment, il pourrait quitter l'UEM pour que cette banque fournisse autant de monnaie locale qu'elle le juge nécessaire.

Pour autant, la sortie d'un pays de l'UEM apparaît compliquée et difficilement réalisable. D'une part parce qu'une telle sortie serait coûteuse étant donné que les dettes publics et privées sont libellées en euros, la dépréciation qui suivrait alourdirait d'autant plus la charge de la dette. D'autre part parce que la sortie n'est pas prévue par les traités et ne pourrait donc se faire sans négociations (les investisseurs pourraient fuir les banques et les marchés d'un pays qui voudrait abandonner l'euro). Mais qu'en sera-t-il vraiment si la situation financière pousse un pays à sortir de l'UEM ? L'avenir donnera raison ou non à la monnaie unique. Renaît alors le débat vieux de dix ans sur la « zone monétaire optimale », théorie de l'économiste canadien Robert Mundell (1960), en particulier sur les chocs asymétriques qui frappent la zone monétaire. La zone euro semble en effet manquer d'intégration financière et monétaire pour accéder à ce statut.

Les marchés, économies et finances européennes qui souffrent, engendrant difficultés sociales et complexes perspectives, impliquent des décisions et solutions rapides, difficultés qui échoient aux acteurs européens. L'Union Européenne, dans un souci de crédibilité (pas de recours au FMI si tant est qu'il en soit en mesure) et de fierté, devra donc faire preuve de solidarité dans les mois et années à venir, afin de se sortir de la crise et d'éviter l'implosion. L'Union, et plus particulièrement la zone euro, seront donc amenées à faire preuve d'une coordination des politiques économiques, monétaires et budgétaires, la crise apparaissant, du point de vu de la gouvernance, comme un nouveau défi pour une Europe en mal d'institutions. Certains proposent un vrai budget européen, des « euro-obligations » qui impliqueraient l'existence d'un gouvernement économique de la zone euro, mais là encore, les divergences subsistent notamment par le refus catégorique mais concevable de l'Allemagne d'une solidarité européennes sur les dettes publiques. Peut-être la crise fera-t-elle office de catalyseur et poussera les dirigeants européens à donner tort au père du monétarisme Milton Friedman qui avait affirmé que la zone euro ne survivrait pas à sa première récession.

Je n'en puis plus, a demain.

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