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KOSOVO


elvucko

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elvucko Membre 3 messages
Baby Forumeur‚
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que pensez-vous sur ce probleme? et pourquoi la france soit pour que la serbie perd le kosovo et la metochie? :o

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Invité j-luc
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Invité j-luc
Invité j-luc Invités 0 message
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Tant que la Fédération de Russie maintiendra son veto, la Serbie ne craint pas grand-chose. On aurait dû faire plus de cas de l'analyse du président V. Poutine concernant le Kosovo. Quoi qu'on pense de l'homme on oublie trop vite que c'est un ancien officier de renseignement.

Je vois mal les occidentaux après leur exercice otanesque et notament les politiques reconnaitre qu'ils ont plongé tête la premiére dans la manip albanaise et qu'ils ont contribué à la création du premier état mafieux aux portes de l'Union.

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Invité j-luc
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Irak-Kosovo :

deux poids, deux mesures

Par CHANTAL DELSOL *

Comment se fait-il que la France, gouvernants et opinion publique mêlés, ait désavoué avec tant d'énergie la guerre d'Irak, alors qu'elle avait appelé de ses v¿ux, puis défendu sans états d'âme la guerre du Kosovo ? Des deux côtés, les arguments invoqués pour intervenir étaient les mêmes : tyrannie affichée, crimes d'Etat, devoir d'ingérence. Milosevic était-il plus odieux que Saddam Hussein ? Personne ne pourrait l'affirmer avec honnêteté. Pourtant, les Français avaient regardé sans broncher les bombes tomber sur Belgrade, tuant forcément des civils au passage, alors qu'ils se sont indignés de voir les images de civils tués à Bagdad. Pendant la guerre du Kosovo, tous les «dégâts collatéraux» semblaient compensés par la grandeur de la finalité : pour renverser un tyran, on peut accepter quelque casse. Pendant la guerre d'Irak, au contraire, les morts, les blessés, même la démolition de monuments sont apparus comme des maux insupportables, que rien n'aurait su justifier.

A première vue, on peut penser que la proximité géographique et culturelle a joué un rôle majeur dans cette différence d'appréciation. Milosevic sévissait en plein milieu de l'Europe : était-il possible de supporter à nouveau des crimes d'Etat sur notre espace même ? Tandis que Saddam Hussein se trouvait à mille lieues ; il appartenait à un autre monde culturel ; face à lui, le droit d'ingérence, et plus encore le devoir d'ingérence, peinait à trouver justification. Si cet argument géographique et culturel avait été invoqué par les Français contempteurs de la guerre d'Irak, il serait intéressant de débattre pour savoir où s'arrêtent les frontières du devoir d'ingérence, si ces frontières existent. Cependant, cet argument n'a jamais été invoqué. Face à la guerre d'Irak, l'argument toujours avancé est le suivant : pas de guerre juste sans l'accord du droit. Or la guerre du Kosovo pouvait-elle être considérée comme «légale» au regard du droit international ? Pas davantage que la guerre d'Irak.

Tous les arguments développés au moment de la guerre du Kosovo ont été soudain retournés. La France défendait le droit d'ingérence et même le devoir d'ingérence contre les tyrans. Elle affirme aujourd'hui haut et fort qu'il faut laisser chaque peuple à ses affaires. Elle était si pressée de libérer les Kosovars que l'aval du droit international ne lui paraissait pas essentiel au regard de la catastrophe humanitaire. Aujourd'hui, elle clame qu'aucun recours à la force ne peut se légitimer sans l'aval du droit international. Elle a défendu le chacun chez soi, la souveraineté des lois positives, et a soutenu qu'un peuple préfère une tyrannie bien à soi plutôt que la liberté venue d'ailleurs. Et comme toujours, elle l'a fait dans un bel unanimisme et un accord sans rides...

Quelle est donc la différence essentielle entre ces deux conflits, qui a engagé les Français dans des attitudes si opposées, à si peu d'années d'intervalle ?

Les Français ont légitimé la guerre du Kosovo tout simplement parce qu'en tant qu'Européens, ils avaient le sentiment que la décision était la leur, même si, sans les Américains, rien n'aurait été possible.

Les Français n'ont pas changé d'avis sur la question du droit d'ingérence depuis le Kosovo. Mais quand la situation voudrait, en bonne cohérence, qu'ils fussent alliés des Etats-Unis, ils sont prêts à renier leurs grands principes sans même paraître s'en apercevoir. Car pour eux, il n'est pas d'allié des Etats-Unis qui ne soit aussitôt leur valet. En France, la guerre d'Irak a été moins une question de politique qu'une question existentielle. Le retournement d'opinion sur les principes laisse voir que la rancune est passée avant les convictions. Plutôt que de servir ses idéaux derrière l'Amérique, la France a préféré les laisser au placard pour afficher sa différence. Comme si son problème unique était désormais d'exister. Preuve que, pour nous, le souci international, ce n'est plus le terrorisme ou les Etats-tyrans, mais la hauteur de notre voix.

La France, pour n'avoir pas à souffrir le rang moyen qui est le sien, et juste pour demeurer le chef de quelque chose, a pris la tête d'une coalition hétéroclite, composée à la fois de pays totalitaires, dictatoriaux ou simplement impérialistes, qui souhaitaient pouvoir mener leurs exactions tranquillement au Tibet, au Liban ou en Tchétchénie, sans devoir rendre de compte à personne, et de pays pacifistes, croyant encore que l'époque des guerres est passée, et que nous allons pouvoir, peuples enfin adultes, remplacer la politique par le droit. Comme il arrive toujours, les premiers instrumentalisaient les seconds, qui n'apercevaient même pas leurs ricanements.

Bien entendu, on peut être agacé par la superbe de l'Amérique, sa piété étalée jusqu'aux champs de bataille, ses simplismes, son manichéisme ballot. Bien entendu on peut, pour de très bonnes raisons, ne pas approuver la guerre d'Irak. Par définition toute entrée en guerre est discutable, comme toute décision politique. On peut penser par exemple que la lutte contre le terrorisme aurait dû commencer par un autre pays plus dangereux.

La France peut mettre en valeur ses désaccords sur les stratégies à adopter depuis le 11 septembre, et fort heureusement elle n'est pas obligée de s'aligner sur les Etats-Unis comme un soldat de plomb. Elle aurait pu refuser dignement de participer à cette guerre. Mais ce tapage autour de grands idéaux, cette haine non dissimulée vis-à-vis de l'empire américain et de ses alliés, ces injures lancées aux pays européens en désaccord... tout cela laissait entrevoir des sentiments assez peu empreints de la noblesse d'âme qu'on peut attendre de son pays, quand on l'aime.

La France pleure d'être devenue une puissance moyenne, et finalement c'est là le noyau et la raison de tout. Pour échapper à cette insignifiance, il nous faudrait d'abord assumer avec réalisme la logique internationale qui nous somme parfois de choisir un allié qui n'est pas notre meilleur ami. Le choix de la neutralité est celui de pays qui ne souhaitent pas jouer un rôle sur la scène du monde ; de pays enfermés sur eux-mêmes, qui veulent seulement bien vivre et non revendiquer une influence, laquelle est si exigeante. Ce n'est pas le cas de la France, qui souhaite jouer un rôle et conserver son influence.

C'est pourquoi, dans un cas de conflit international, la France ne peut demeurer dans l'expectative, il lui faut choisir un camp contre un autre, et si elle récuse l'un des deux camps, c'est qu'elle défend le second. Aussi le déchaînement des passions antiaméricaines a-t-il eu cette conséquence : un tiers de Français souhaitaient la victoire de Saddam Hussein, ou si l'on veut, préféraient une dictature à une démocratie qui nous fait de l'ombre...

Chacun d'entre nous connaît des petits qui veulent se hisser, et transforment leur envie en haine, leur regret en méchanceté. La France va-t-elle devenir ce roquet hargneux qui injurie jusqu'aux qualités de celui dont il voudrait prendre la place ? Mieux vaudrait, passant au-dessus de ses instincts les plus bas, qu'elle endosse son identité de petit pays, et, puisqu'elle souhaite retrouver son influence, qu'elle s'interroge sur elle-même plutôt que d'accuser le monde entier. Le ressentiment n'a jamais structuré aucune politique digne de ce nom.

* Philosophe, auteur de La République: une question française (PUF).

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