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Albert Caraco


Invité seth rotten

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Albert Caraco (1919 - 1971) est probablement, ou tout du moins à ma connaissance, l'écrivain le plus pessimiste et nihiliste de tout le vingtième siècle. Traumatisé par le deuxième conflit mondial, Caraco rédige en l'espace d'une trentaine d'année une somme littéraire énorme, partagée entre littérature et philosophie, porteuse d'un nihilisme déséspéré, souvent rappoché (à tort) de Cioran. Contrairement à l'esthétisme et au second degré mélancolique de ce dernier, Caraco fait preuve d'un désespoir radical, d'une haine viscérale pour l'existence et d'un mépris affiché pour la société. Dans son oeuvre la plus explicite, le très court Bréviaire du Chaos (L'ége d'Homme, Lausanne - publié en 1999), il dresse un portrait sans pitié de l'humanité, de la civilisation et de l'existence. "Nous allons tous mourir, la finalité de l'existence est la mort, tout ce qui va à l'encontre de ce constat et qui s'y oppose, toute forme de justification de la vie est un leurre qui doit être détruit" pourrait parfaitement résumer ce long poème en prose apocalyptique.

Décidé à mettre sa philosophie en application (autre différence avec Cioran), il se suicide en Septembre 1971, après avoir appris la mort de son père, son dernier parent en vie, sa mère étant morte en 1963), comme il l'avait annoncé. Aujourd'hui éditée par la maison d'édition suisse l'ége d'Homme, son travail, effrayante plongée d'une rare lucidité et d'une désarmante franchise dans les profondeurs de la condition humaine résonnent comme le chant du cygne d'une civilisation sur le déclin et d'une existence petit à petit dépouillée de toute illusion de sens.

Il vaut mieux éviter de lire Albert Caraco quand on est sujet à la dépression, inutile de le préciser.

Quelques citations (tirées de l'article Wiki sur le bonhomme) :

« La conservation d'un beau fauteuil m'importe plus que l'existence de plusieurs bipèdes à la voix articulée »

« Les villes, que nous habitons, sont les écoles de la mort, parce qu'elles sont inhumaines »

« Mais à quoi bon prêcher ces milliards de somnambules, qui marchent au chaos d'un pas égal, sous la houlette de leurs séducteurs spirituels et sous le bâton de leurs maîtres ? Ils sont coupables parce qu'ils sont innombrables, les masses de perdition doivent mourir, pour qu'une restauration de l'homme soit possible. Mon prochain n'est pas un insecte aveugle et sourd, n'est pas un automate spermatique. Que nous importe le néant de ces esclaves ? Nul ne les sauve ni d'eux-mêmes, ni de l'évidence, tout se dispose à les précipiter dans les ténèbres, ils furent engendrés au hasard des accouplements, puis naquirent à l'égal des briques sortant de leur moule, et les voici formant des rangées parallèles et dont les tas s'élèvent jusqu'aux nues. Sont-ce des hommes ? Non, la masse de perdition ne se compose jamais d'hommes »

« Nous tendons à la mort, comme la flèche au but et nous ne le manquons jamais, la mort est notre unique certitude et nous savons toujours que nous allons mourir, n'importe quand et n'importe où, n'importe la manière. Car la vie éternelle est un non-sens, l'éternité n'est pas la vie, la mort est le repos à quoi nous aspirons, vie et mort sont liées, ceux qui demandent autre chose réclament l'impossible et n'obtiendront que la fumée, leur récompense. »

« Je n'aime pas la vie et je ne me souviens pas de l'avoir aimée, l'idée que je pouvais mourir fut de tout temps ma consolation et plus le terme approche, plus ma joie s'en augmente, je suis pressé de quitter ce bas monde. »

http://albertcaraco.free.fr/

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