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Jacques Arènes:«Nous naissons tous avec une dette inextinguible»


Yavin

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Jacques Arènes: «Nous naissons tous avec une dette inextinguible»


Dimanche 28 Décembre - 15:25

Pour les psychiatres, la gratitude est une vertu. Mais elle se transforme parfois en dette trop lourde: jusqu'où sommes-nous redevables à nos parents, à nos enfants? Le point avec Jacques Arènes, psychanalyste



Jacques Arènes, psychanalyste et psychothérapeute, chroniqueur à La Vie, s'intéresse à la fois à la vie psychique et à la vie spirituelle. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont «Dépasser sa violence» (Editions de l'Atelier, 2001) et «Le psychanalyste et le bibliste» (Bayard, 2007).

Jacques Arènes, la gratitude, est-ce vraiment utile?
C'est un mot qui semble désuet, un peu naïf, car issu du vocabulaire religieux; «gratitude» renvoie à «action de grâce». Toutefois, la gratitude authentique vient du plus profond de notre être. Il m'arrive de revoir d'anciens patients qui, quinze ans plus tard, me remercient de tout ce que j'ai fait, du changement qui a pu advenir dans leur vie. Qu'ai-je fait pour mériter leur gratitude, concrètement? Je ne le sais pas. Quelque chose est passé - un mot, une phrase, un regard - qu'ils ont accueillie et qui a produit une transformation intérieure, à leur insu. Je crois profondément que la véritable gratitude est une façon de remercier la vie plus qu'une personne donnée, elle exprime la joie d'être vivant. C'est l'antithèse radicale du «je n'ai pas demandé à naître; aussi la vie, le monde, les autres me doivent tout», qui caractérise l'ingratitude absolue.

En général, sommes-nous plutôt des ingrats?
La gratitude suppose une responsabilisation face à sa propre existence: quelle est ma part dans ce qui m'arrive? Persuadé que les autres - mes parents, mon conjoint... - doivent veiller à mon bien-être, il m'est impossible d'accéder à la gratitude. Or nous sommes entrés dans l'ère des victimes, qui estiment que le bonheur leur est dû et qui exigent réparation si ce n'est pas le cas! Je crois que ce registre «victimaire» est attaché à l'illusion infantile que le sort gâte davantage les autres et qu'il devrait toujours y avoir une solution à la souffrance. Je ne nie pas que certains êtres aient subi de terribles préjudices. Ni que se prendre en charge soit facile dans cette société peu solidaire, où l'exclusion survient très rapidement. Toutefois, la croyance que nous méritons d'être par principe plus heureux nous empêche de remercier la vie pour ce qu'elle nous donne. D'ailleurs, se satisfaire de son sort est presque honteux, synonyme de faiblesse, de manque de combativité. Je perçois une sorte de rancoeur, de ressentiment général. L'ingratitude ce n'est pas d'omettre de dire merci. C'est le refus de reconnaître le bien qui arrive dans notre vie. Reconnaître ce qui fut bon fait partie d'une attitude réaliste qui permet aussi de reconnaître les blessures et les échecs: cela est nécessaire pour avancer.


Isabelle Taube
Suite de l'article...
Source: Le Matin
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Membre, 44ans Posté(e)
david79 Membre 40 messages
Baby Forumeur‚ 44ans‚
Posté(e)

"les bienfaits sont agréables tant qu'il semble qu'on peut s'en acquiter;

mais s'ils dépassent de beaucoup cette limite, au lieu de gratitude

nous les payons de haine" Tacite

on ne esperer d'une personne l'éternelle gratitude sans lui donner l'apparence de l'esclavage

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