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Pourquoi Baudelaire, 200 ans après sa mort, fascine toujours.


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Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
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Pourquoi Baudelaire, 200 ans après sa mort, fascine toujours.

Né en 1821, Charles Baudelaire est à la fois un poète génial et un homme insupportable, complexe et torturé. Une étoile noire qui fascine toujours.

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Ernest Feydeau, un de ses contemporains, disait de Baudelaire qu’il « se casse constamment le cerveau pour se rendre absolument insupportable », et qu’il y parvient. Jean Teulé, dans Crénom Baudelaire, paru à l’automne, le présente comme un drogué, perpétuellement fauché, qui ment à sa mère pour lui soutirer de l’argent.

Dandy odieux ? Panier percé ? Poète génial ? Écrivain poussif ? Essayons d’y voir un peu clair, à l’occasion du bicentenaire de ce grand homme et zigue bizarre.

Baudelaire est né le 9 avril 1821. Son père, François, meurt alors qu’il n’a que 5 ans. Sa mère se remarie avec un militaire qui deviendra général. Blessure initiale : il perd l’amour exclusif de sa mère.

« Le plaisir aristocratique de déplaire »

C’est raconté par Teulé, qui étale complaisamment souffrances et débauches. L’audiolivre, lu par Dominique Pinon, s’écoute pourtant avec un vrai plaisir : la voix rocailleuse donne du corps à toutes ces turpitudes, un poil romancées.

Pour plus de sérieux, on peut se plonger dans la passionnante biographie écrite par Marie-Christine Natta, rééditée récemment chez Perrin. Intelligente et savoureuse.

On y découvre le jeune Baudelaire qui s’enthousiasme, au Louvre, pour les peintres espagnols Zurbaran et Goya, à la « férocité bizarre ». Qui méprise les peintures réalistes et guerrières. Qui cultive son dandysme et « le plaisir aristocratique de déplaire ».

 

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Mal assorti à son époque

Un écrivain qui souffre en créant, tout comme Edgar Allan Poe, qu’il a beaucoup traduit. Natta décrit sa « difficulté créatrice », son « souffle poétique assez court », les transitions difficiles, dans les sonnets, entre les quatrains et les tercets (quatre et trois vers). 

Suite de l'article.

 

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Membre, 63ans Posté(e)
K-sos Membre 3 420 messages
Maitre des forums‚ 63ans‚
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Qui fascine ? L'homme ou son oeuvre ? :D

Son oeuvre fascine parce que c'est beau !

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 861 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)

Sur le tableau de Courbet,

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j'ai cherché Jeanne Duval à côté de Baudelaire effacée et réapparue :...

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:)

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Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)
Il y a 1 heure, Blaquière a dit :

Sur le tableau de Courbet,

1200px-Courbet_LAtelier_du_peintre.thumb.jpg.2693f53ebdefe1ec36e126cde33e1c4f.jpg

j'ai cherché Jeanne Duval à côté de Baudelaire effacée et réapparue :...

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:)

Donc résumons la chose, Beaudelaire assis derrière  entrain de lire religieusement dans son coin ,la tête baissée.

Quant à Jeanne Duval c'est celle qui en robe noire avec un grand châle en fleur drapé sur ses épaules en penchant légèrement sa tête sur le côté .

 Pourquoi dis-tu que son portrait a été effacé et réapparue par la suite?Que s'est-il passé exactement ?

Remarques-tu aussi derrière le tableau toute cette foule de  personnage et et en particulier celui qui assis avec un chapeau dandy le regard fixé au sol.

Il se tient prés de lui un crâne humain, non ?Qu'c'est ce que cela représente comme symbole?^^

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Invité Etaine
Invités, Posté(e)
Invité Etaine
Invité Etaine Invités 0 message
Posté(e)

Charles Baudelaire, le poète qui fait du laid du beau, dans une mélancolie lumineuse.

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 861 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)
il y a 27 minutes, goods a dit :

Donc résumons la chose, Beaudelaire assis derrière  entrain de lire religieusement dans son coin ,la tête baissée.

Quant à Jeanne Duval c'est celle qui en robe noire avec un grand châle en fleur drapé sur ses épaules en penchant légèrement sa tête sur le côté .

 Pourquoi dis-tu que son portrait a été effacé et réapparue par la suite?Que s'est-il passé exactement ?

Remarques-tu aussi derrière le tableau toute cette foule de  personnage et et en particulier celui qui assis avec un chapeau dandy le regard fixé au sol.

Il se tient prés de lui un crâne humain, non ? Qu'c'est ce que cela représente comme symbole?^^

C'est ce que raconte Jean Teulé dans la vidéo du début :

 Les relations entre Baudelaire et Jeanne Duval sa Maîtresse et Muse étaient électriques ! Quand elle était présente sur la peinture, il arrivait Que Baudelaire se fâche contre elle et dise à Courbet le peintre : efface-la ! Après il se rabibochaient et il disait remets-la ! Et Courbet la repeignait ! Cela plus sieurs fois, la dernière fois, Courbet a dit : je l'enlève mais je la remettrai plus ! Et il s'y est tenu ! Mais voilà que peu à peu, la peinture du dessous est réapparue par transparence !

Le crâne c'est à peine symbolique : ils sont tous vivants, là et le crâne c'est la mort. Je pense.

 Mais jeanne Duval je crois que ce n'est pas celle avec le châle mais celle à peine visible par transparence que j'ai mise au dessous en gros plan...

(D'après ce que dit Jean Teulé.)

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Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)
il y a 18 minutes, Etaine a dit :

Charles Baudelaire, le poète qui fait du laid du beau, dans une mélancolie lumineuse.

Quel est le poème de Beaudelaire le plus marquant selon vous?

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Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)

On voit mieux son portrait en noir et blanc je trouve .

 

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Invité Etaine
Invités, Posté(e)
Invité Etaine
Invité Etaine Invités 0 message
Posté(e)
à l’instant, goods a dit :

Quel est le poème de Beaudelaire le plus marquant selon vous?

Figurez-vous qu'en postant tout à l'heure, j'aurais voulu accompagner ces quelques mots du poème le plus marquant pour moi, mais il n'y en pas eu qu'un mais beaucoup.

Cependant, en voici un que j'affectionne :

 

Les ténèbres

Dans les caveaux d'insondable tristesse

Où le Destin m'a déjà relégué ;

Où jamais n'entre un rayon rose et gai ;

Où, seul avec la Nuit, maussade hôtesse,

 

Je suis comme un peintre qu'un Dieu moqueur

Condamne à peindre, hélas ! sur les ténèbres ;

Où, cuisinier aux appétits funèbres,

Je fais bouillir et je mange mon coeur,

 

Par instants brille, et s'allonge, et s'étale

Un spectre fait de grâce et de splendeur.

A sa rêveuse allure orientale,

 

Quand il atteint sa totale grandeur,

Je reconnais ma belle visiteuse :

C'est Elle ! noire et pourtant lumineuse.

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Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)
il y a 46 minutes, Etaine a dit :

une mélancolie lumineuse.

 

il y a 8 minutes, Etaine a dit :

C'est Elle ! noire et pourtant lumineuse.

Vous faisiez allusion  à cela lors de votre tout premier message:)

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Invité Etaine
Invités, Posté(e)
Invité Etaine
Invité Etaine Invités 0 message
Posté(e)
il y a 28 minutes, goods a dit :

 

Vous faisiez allusion  à cela lors de votre tout premier message:)

Possible, oui ^^.

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Membre, 53ans Posté(e)
guernica Membre 22 261 messages
Maitre des forums‚ 53ans‚
Posté(e)

parce qu'il parle avec une puissance inégalée et choquante de la vie et de la mort

1821 - 1867

Une charogne

Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;

Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s'élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.

- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !

Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !

 

 

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Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)

Le cadre.

Comme un beau cadre ajoute à la peinture,

Bien qu'elle soit d'un pinceau très vanté,

Je ne sais quoi d'étrange et d'enchanté

En l'isolant de l'immense nature,

Ainsi bijoux, meubles, métaux, dorure,

S'adaptaient juste à sa rare beauté ;

Rien n'offusquait sa parfaite clarté,

Et tout semblait lui servir de bordure.

Même on eût dit parfois qu'elle croyait

Que tout voulait l'aimer ; elle noyait

Sa nudité voluptueusement

Dans les baisers du satin et du linge,

Et lente ou brusque, à chaque mouvement

Montrait la grâce enfantine du singe.

Charles Baudelaire 

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Membre, Posté(e)
Passiflore Membre 19 400 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
Il y a 1 heure, Etaine a dit :

Charles Baudelaire, le poète qui fait du laid du beau, dans une mélancolie lumineuse.

 

Ahem, absolument !

 

Une charogne

Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;

Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s'élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.

- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !

Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !

 

Ah flûte, guernica a déjà posté ce poème.  :give_rose:

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Membre, 53ans Posté(e)
guernica Membre 22 261 messages
Maitre des forums‚ 53ans‚
Posté(e)
il y a 55 minutes, Passiflore a dit :

 

Ahem, absolument !

 

Une charogne

Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;

Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s'élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.

- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !

Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !

 

Ah flûte, guernica a déjà posté ce poème.  :give_rose:

faut dire qu'il est bétonné !!!!

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Membre, 59ans Posté(e)
Ma Poule Membre 213 messages
Forumeur forcené ‚ 59ans‚
Posté(e)

 

il y a une heure, guernica0zo a dit :

parce qu'il parle avec une puissance inégalée et choquante de la vie et de la mort

1821 - 1867

Une charogne

Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;

Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s'élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.

- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !

Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !

 

 

C'est mon poème préféré de Baudelaire mais le poète que je préfère, c'est Rimbaut...

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Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)

Le désir de peindre

Malheureux peut-être l’homme, mais heureux l’artiste que le désir déchire !

Je brûle de peindre celle qui m’est apparue si rarement et qui a fui si vite, comme une belle chose regrettable derrière le voyageur emporté dans la nuit. Comme il y a longtemps déjà qu’elle a disparu !

Elle est belle, et plus que belle ; elle est surprenante. En elle le noir abonde : et tout ce qu’elle inspire est nocturne et profond. Ses yeux sont deux antres où scintille vaguement le mystère, et son regard illumine comme l’éclair : c’est une explosion dans les ténèbres.

Je la comparerais à un soleil noir, si l’on pouvait concevoir un astre noir versant la lumière et le bonheur. Mais elle fait plus volontiers penser à la lune, qui sans doute l’a marquée de sa redoutable influence ; non pas la lune blanche des idylles, qui ressemble à une froide mariée, mais la lune sinistre et enivrante, suspendue au fond d’une nuit orageuse et bousculée par les nuées qui courent ; non pas la lune paisible et discrète visitant le sommeil des hommes purs, mais la lune arrachée du ciel, vaincue et révoltée, que les Sorcières thessaliennes contraignent durement à danser sur l’herbe terrifiée !

Dans son petit front habitent la volonté tenace et l’amour de la proie. Cependant, au bas de ce visage inquiétant, où des narines mobiles aspirent l’inconnu et l’impossible, éclate, avec une grâce inexprimable, le rire d’une grande bouche, rouge et blanche, et délicieuse, qui fait rêver au miracle d’une superbe fleur éclose dans un terrain volcanique.

Il y a des femmes qui inspirent l’envie de les vaincre et de jouir d’elles ; mais celle-ci donne le désir de mourir lentement sous son regard.

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