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Invité Quasi-Modo

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Membre, 39ans Posté(e)
Nathaniel.K Membre 53 messages
Baby Forumeur‚ 39ans‚
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il y a une heure, sera-angel a dit :

Je pense de plus en plus que l on va revenir à l instinctif, l intuitif ..et je le souhaite de tout coeur ..

Donc...taper sur des cailloux avec des os? :smile2:

Concernant la question, plus sérieusement...je suis assez d'accord aussi...Nous vivons une évidente crise de la pensée...mais alors...on commence par quoi?

Les lectures de bouquins de développement personnel, qui ont remplacé celles d'ouvrages de philosophie? (Quand on sait qu'il y a 700 ans, les gens apprenaient à lire avec saint Thomas d'Aquin, et qu'ils le font aujourd'hui avec l'âne Trotro...ça calme!)

Les programmes télé qui ne sont plus de la culture, mais du divertissement, sans compter le cinéma, aussi, qui suit largement cette configuration...Bon, et tant qu'on y est, reparlons de la littérature, hein...parce que lorsque j'entends dire que Marc Levy et Guillaume Musso font partie des "Grands écrivains Français"...et ne font que le confirmer par leurs ventes monstrueuses, alors que Marc Levy n'est jamais à la littérature que ce qu'est Cyril Hanouna à la télévision... Ben, la crise de la pensée, ne parait plus si dingue que ça!

(Le véritable "grand remplacement", au passage, ne serait-il pas justement celui de la culture par le divertissement?)

Quand à nos philosophes et penseurs, desquels parle t-on? De ceux qui sont invités sur des plateaux télé pour disserter de la question du Burkini? Tous pétris dans la suffisance et tendancieux au possible...

On pourrait aussi se pencher du côté du communautarisme (des communautarismes), qui implique une bonne dose d'obscurantisme et de consanguinité...à ce rythme, les QIs tombent à vitesse météorique!

Enfin, à quel moment, par un process externe, sommes-nous incités à penser? À réfléchir?
Jamais...absolument jamais...Cela ne peut venir que de soi...mais ça n'a plus trop la côte aujourd'hui...

Les gens appellent ça "se prendre la tête", vous n'avez jamais remarqué?
 

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Membre, 34ans Posté(e)
Virtuose_en_carnage Membre 6 016 messages
Maitre des forums‚ 34ans‚
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Il y a 13 heures, Quasi-Modo a dit :

La quasi-totalité des problèmes actuels et à venir de l'humanité sont inextricablement liés à une véritable crise de la pensée philosophique, ou de l'incapacité de nos sociétés actuelles à fournir un modèle de la sagesse contemporaine. Comme il est coutume de l'affirmer, surtout à une époque des réseaux et des big data, formant par là la chaîne de gradation de la valeur du savoir (chaque échelon étant nécessaire au passage supérieur) :

"Les données ne sont pas l'information ; l'information n'est pas la connaissance ; la connaissance n'est pas la sagesse."

Nous sommes une civilisation où les données sont massivement collectées, nous en extrayons des informations depuis lesquelles nous tentons de formuler des connaissances. Et la civilisation occidentale qui gouverne le monde n'a jamais produit tant de connaissances. Sans sagesse. Peut-être cela vient-il de l'absence d'une vision globale et cohérente des sciences, nous sommes condamnés à zoomer sur des parties de la toile du grand Architecte (si il existe) sans jamais avoir suffisamment de recul pour voir l'ensemble de la toile et de former une vision globale de l'univers, même si nous disposons de quelques outils opportuns.

Nous attendons toujours le génie universel.

C'est un lieu commun que de rappeler que nos démocraties libérales ne savent plus produire de grands penseurs. Les philosophes, ou bien ignorent les sciences, ou bien les comprennent mal en extrapolant éhontément, voir sont réduits à de simples commentateurs de l'actualité. D'où vient selon vous cette crise de la pensée, qui comme je le répète est devenue incapable de produire de la sagesse, et ce bien que notre modèle de société domine de façon écrasante le monde sans qu'on voie bien comment le modifier ?

Il y a dans le monde une cruelle absence d'idées nouvelles, suffisamment générales et limpides.

C'est toujours le problème de la poule et des œufs. N'a-t-on pas de grands penseurs parce que la société n'en produit pas ou bien parce que la société ne leurs donne pas la parole ? Des grands penseurs, je pense qu'il en existe encore, c'est juste qu'ils n'ont pas la possibilité de s'exprimer et leur pensée ne peut donc pas être diffusée.

Cela dit, il y a aussi un déclin très nette des sciences dans notre monde moderne. Il n'y a pas que la pensée philosophique qui s'écroule, mais toute forme de pensée. Le modèle actuel de la science ne peut rien produire de génialissime car elle est juste inféodée à la production et à l'économie.

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Invité sera-angel
Invités, Posté(e)
Invité sera-angel
Invité sera-angel Invités 0 message
Posté(e)
Il y a 3 heures, Nathaniel.K a dit :

Donc...taper sur des cailloux avec des os? :smile2:

Concernant la question, plus sérieusement...je suis assez d'accord aussi...Nous vivons une évidente crise de la pensée...mais alors...on commence par quoi?

Les lectures de bouquins de développement personnel, qui ont remplacé celles d'ouvrages de philosophie? (Quand on sait qu'il y a 700 ans, les gens apprenaient à lire avec saint Thomas d'Aquin, et qu'ils le font aujourd'hui avec l'âne Trotro...ça calme!)

Les programmes télé qui ne sont plus de la culture, mais du divertissement, sans compter le cinéma, aussi, qui suit largement cette configuration...Bon, et tant qu'on y est, reparlons de la littérature, hein...parce que lorsque j'entends dire que Marc Levy et Guillaume Musso font partie des "Grands écrivains Français"...et ne font que le confirmer par leurs ventes monstrueuses, alors que Marc Levy n'est jamais à la littérature que ce qu'est Cyril Hanouna à la télévision... Ben, la crise de la pensée, ne parait plus si dingue que ça!

(Le véritable "grand remplacement", au passage, ne serait-il pas justement celui de la culture par le divertissement?)

Quand à nos philosophes et penseurs, desquels parle t-on? De ceux qui sont invités sur des plateaux télé pour disserter de la question du Burkini? Tous pétris dans la suffisance et tendancieux au possible...

On pourrait aussi se pencher du côté du communautarisme (des communautarismes), qui implique une bonne dose d'obscurantisme et de consanguinité...à ce rythme, les QIs tombent à vitesse météorique!

Enfin, à quel moment, par un process externe, sommes-nous incités à penser? À réfléchir?
Jamais...absolument jamais...Cela ne peut venir que de soi...mais ça n'a plus trop la côte aujourd'hui...

Les gens appellent ça "se prendre la tête", vous n'avez jamais remarqué?
 

Pourquoi les livres de philo ont ils été remplacés par des livres de développement personnel ?

Pourquoi des écrivains tels que Levy et Musso sont devenus des grands écrivains à succès ?

Tout simplement parce qu à force les contraintes deviennent toujours des renoncements.

Et la renonciation au mouvement intellectuel a été induit par l intellectualisme lui même..

cette renonciation a produit un état de conscience nouveau  chez les individus.. Ils se servent maintenant de leur autorité naturelle.

Les influences extérieures se sont effacées pour laisser la place à l énergie propre. La pensée s est marginalisée, elle est devenue un acte solitaire, parce que la conscience s est élargie.

Dans la Chine ancienne, ils pensaient que ceux qui savaient conduire un char, savaient aussi conduire un Etat..

Indépendants des contingences matérielles ou intellectuelles, des codes sociétaux et des désirs des autres, certains ont déployé leurs ailes et commencé à acquérir une réelle autonomie qu ils revendiquent avec efficacité.

Ils sont libres de leurs actes, ils ne sont plus limités par la bienséance, les codes et par conséquent leurs possibilités ne sont plus limitées non plus.

Ils agissent avec une intelligence aussi c est l intelligence émotionnelle, celle qui est à même de toucher le plus de personnes aussi d où leur succès littéraire.

Puisque dans ce monde il faut être esclaves,  eh bien soyons le d une volonté instinctive et assouvissons nos propres désirs..

Ils se sont sortis de l emprise et des limites d une société et d une situation pleine de contraintes, de clichés, de codes, de dictats, de concessions à faire, d obstacles pour réussir ce que Jung lui même appelait le processus d individuation.

 

Le "grand remplacement" est à tous niveaux. Et celui du divertissement par la culture n en est que la conséquence logique.  

C est la gravité de la situation et l accent qui est mis dessus par nos politiques...la situation cruciale de crise politique actuelle..qui en est à l origine.

Le rire, la distraction sont devenus la seule alternative qui puissent réellement contrebalancer la peur qui règne !

 

 

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 862 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
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Il y a 2 heures, Virtuose_en_carnage a dit :

C'est toujours le problème de la poule et des œufs. N'a-t-on pas de grands penseurs parce que la société n'en produit pas ou bien parce que la société ne leurs donne pas la parole ? Des grands penseurs, je pense qu'il en existe encore, c'est juste qu'ils n'ont pas la possibilité de s'exprimer et leur pensée ne peut donc pas être diffusée.

Cela dit, il y a aussi un déclin très nette des sciences dans notre monde moderne. Il n'y a pas que la pensée philosophique qui s'écroule, mais toute forme de pensée. Le modèle actuel de la science ne peut rien produire de génialissime car elle est juste inféodée à la production et à l'économie.

Je pense parfois qu'on découvrira peut-être dans 100 ou 200 ans voire dans 1000, les grands philosophes, peintres, écrivains, compositeurs d'aujourd'hui....

Mais c'est même pas sûr !

Pourtant je suis sûr qu'ils existent en ce moment....

Sur plus de 7 milliards de gens, il y a nécessairement des milliers et des milliers de gens absolument exceptionnels et géniaux !

Il faut donc imaginer que toutes nos sociétés son construites de telle sorte que ce n'est que ce qui va dans leur sens qui peut apparaître et exister...

Bien sûr des Van Gogh, des douanier Rousseau et des Facteur Cheval, on pu exister... Mais c'est surtout après coup qu'on s'y est intéressé quand leurs œuvres ont pu s'intégrer à titre exceptionnel  au marché financier de l'art...

Imaginez 2 millions de Van Gogh sur terre (je suis sûr qu'ils existent !!!)   Le Marché de l"Art s’effondre !

 Qui y a intérêt ? :smile2:

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
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Il y a 12 heures, Loufiat a dit :

Bravo pour les passages de ce message très clair et même inspirant.

Récemment @zenalpha écrivait que l'idéalisme est sans "altérité expérimentale" et n’aboutit à rien de concret, puis il a concédé : si ce n'est son pouvoir de transformation sur nos propres fonctionnements. J'ai hésité à remarquer que la précision était de taille. Ce n'est pas rien, nos propres fonctionnements - si on veut aller par là.

@Annalevine quant à elle, tourne autour du thème de l'action et moque la "réflexion" et la contemplation.

J'ai eu en tête de les marier, comme ils tombent nez à nez parfaitement au sujet de l'action, sur quelques messages : il n'y a pas d'action hors du champ phénoménal. Et encore leurs écrits montrent qu'ils envisagent le problème que ça pose ; mais pour la plupart d'entre nous, c'est une évidence : il n'y a pas d' "action", et encore moins qui soit d'importance, sinon extérieure et objective, visuelle, quantifiable, etc. Je vois d'ici Annalevine tempêter que je n'ai rien compris à sa philosophie du sentiment et pourtant je suis obligé de remarquer que ce qu'elle désigne c'est toujours et uniquement le champ technique, c'est-à-dire phénoménal (qui tombe sous la loi technique, disons). Et ses réponses sur mon sujet sont parfaitement cohérentes en ce sens. Pourtant, quelque chose doit bien la déranger ou l'inquiéter, pour qu'elle écrive tant à ce sujet.  

Mais dans ton sujet ici, je trouve que tu poses admirablement le problème, en particulier lorsque tu rapportes politique et sagesse. Par contre et sur ce petit passage que j'ai cité, je ne te suis pas. D'abord je ne comprends pas comment la finalité pourrait-elle être hors du champ de la pensée philosophique ?

 

Merci pour ces compliments, que je pourrais d'ailleurs te renvoyer de manière générale car les messages que j'ai pu croiser ici et dont tu es l'auteur me marquent par leur intelligence.

Pour ta question, je pense pour commencer que s'il n'est pas non plus interdit d'aborder la finalité ou le finalisme en philosophie elle demeure souvent une question absente, ou alors dont l'analyse est très naïve.

Le finalisme dont je rappelle qu'il est l'objet d'étude de la téléologie, et qu'il consiste à affirmer que toute chose admet une raison d'être dans une cause finale externe qui leur donnerait leur sens, ne me semble guère plus défendu en tant que tel.

La finalité tel que je l'entends est une forme de finalisme mais seulement pour certains êtres (et non pour tous), comme typiquement les êtres humains (puisque c'est ce qui nous intéresse pour connaître notre rôle ou notre juste place, voir trouver un sens).

Mais la découverte des mécanismes de l'évolution supprime toute référence à la finalité, ou alors cette dernière apparaît deça-delà et localement, par exemple dans le phénomène dit de l'évolution convergente, mais cette dernière reste largement assujettie aux mécanismes causaux habituels.

C'est devenu un fait scientifique que les êtres vivants n'ont pas de finalité (ni rien dans ce monde) ; les bananes n'existent pas pour que les humains les mangent, et les vagues des océans n'existent pas pour faire du surf. Quoique peut-être que les femmes existent pour vider le porte-feuille des hommes !

:smile2:

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
Posté(e)
Il y a 6 heures, sera-angel a dit :

Je ne suis pas d accord .

Je pense que justement c est peut être là que quelque chose va avancer...sortir de personnes qui n étaient pas des scientifiques..des penseurs... Etc,  mais qui avaient juste en leur possession des "outils nouveaux" qui leur a permis de s intéresser et d avoir accès à des choses qui n étaient avant, disponibles qu en cercle fermé, et qui leur étaient interdites.

Je pense de plus en plus que l on va revenir à l instinctif, l intuitif ..et je le souhaite de tout coeur .. un oeil nouveau voit toujours plus de choses ou en tout cas les voit différemment et ça peut faire une très grande différence !

Abandonnons un peu la logique puisqu elle bloque..passons à l intuitif, l instinctif !!!

C est ça qu entendaient les penseurs de la lumière en parlant de devenir maîtres et possesseurs de la nature !! Notre vraie nature!

Au contraire j'ai tendance à me méfier de l'intuition, car elle est sujette à nombre de biais cognitifs et d'illusions que nul ne soupçonne ; en général l'intuition signifie simplement de cesser de réfléchir et de suivre son premier mouvement. C'est parfois calamiteux. Quant à l'instinct je ne vois pas bien, ni en quoi il consiste, ni ce que serait son rapport avec l'intuition.

Outre le fait que les concepts que tu évoques (intuition et instinct) me semblent ou bien obscurs, ou bien calamiteux, je ne vois pas d'autre conséquence de ce que tu proposes que de cesser de réfléchir (est-ce possible ?) et de se laisser porter par le mouvement, mais c'est peut-être parce que je manque d'imagination ?

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
Posté(e)
Il y a 5 heures, Nathaniel.K a dit :

Donc...taper sur des cailloux avec des os? :smile2:

Concernant la question, plus sérieusement...je suis assez d'accord aussi...Nous vivons une évidente crise de la pensée...mais alors...on commence par quoi?

Les lectures de bouquins de développement personnel, qui ont remplacé celles d'ouvrages de philosophie? (Quand on sait qu'il y a 700 ans, les gens apprenaient à lire avec saint Thomas d'Aquin, et qu'ils le font aujourd'hui avec l'âne Trotro...ça calme!)

Les programmes télé qui ne sont plus de la culture, mais du divertissement, sans compter le cinéma, aussi, qui suit largement cette configuration...Bon, et tant qu'on y est, reparlons de la littérature, hein...parce que lorsque j'entends dire que Marc Levy et Guillaume Musso font partie des "Grands écrivains Français"...et ne font que le confirmer par leurs ventes monstrueuses, alors que Marc Levy n'est jamais à la littérature que ce qu'est Cyril Hanouna à la télévision... Ben, la crise de la pensée, ne parait plus si dingue que ça!

(Le véritable "grand remplacement", au passage, ne serait-il pas justement celui de la culture par le divertissement?)

Quand à nos philosophes et penseurs, desquels parle t-on? De ceux qui sont invités sur des plateaux télé pour disserter de la question du Burkini? Tous pétris dans la suffisance et tendancieux au possible...

On pourrait aussi se pencher du côté du communautarisme (des communautarismes), qui implique une bonne dose d'obscurantisme et de consanguinité...à ce rythme, les QIs tombent à vitesse météorique!

Enfin, à quel moment, par un process externe, sommes-nous incités à penser? À réfléchir?
Jamais...absolument jamais...Cela ne peut venir que de soi...mais ça n'a plus trop la côte aujourd'hui...

Les gens appellent ça "se prendre la tête", vous n'avez jamais remarqué?

Je pense que nous sommes sur la même longueur d'onde et que nous nous sommes compris.

J'ai l'impression que les Lumières portaient en elle ce projet un peu fou que la philosophie pourrait devenir populaire et pratiquée par le plus grand nombre. Or c'est exactement le contraire car comme tu le soulignes nous sommes surtout abêtis par les divertissements divers, certains utilisent les drogues ou l'alcool lors de soirées à répétition, comme d'autres utilisent netflix.

C'est selon moi le point faible fondamental de notre système puisque la France post révolutionnaire n'a pas tenu sa promesse d'une élévation du niveau de conscience par l'éducation populaire qui n'est plus qu'un vaste fourre-tout dont plus personne n'arrive à extraire un véritable intellectuel. Car c'est bien la figure de l'intellectuel qui est menacée en plus de la culture.

Peut-être la baisse du niveau est-elle en cause, ou l'enseignement qui est devenu trop académique. Ou peut-être que ce n'est qu'une conjoncture liée à l'histoire de la pensée et au nihilisme dont Nietzsche fût la conscience la plus aigue. Nous allons tout droit vers ce qu'il appelait déjà le dernier homme. En fait nous y sommes peut-être même déjà, et en celà, Nietzsche était un véritable prophète de notre époque.

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
Posté(e)
Il y a 4 heures, Virtuose_en_carnage a dit :

C'est toujours le problème de la poule et des œufs. N'a-t-on pas de grands penseurs parce que la société n'en produit pas ou bien parce que la société ne leurs donne pas la parole ? Des grands penseurs, je pense qu'il en existe encore, c'est juste qu'ils n'ont pas la possibilité de s'exprimer et leur pensée ne peut donc pas être diffusée.

Cela dit, il y a aussi un déclin très nette des sciences dans notre monde moderne. Il n'y a pas que la pensée philosophique qui s'écroule, mais toute forme de pensée. Le modèle actuel de la science ne peut rien produire de génialissime car elle est juste inféodée à la production et à l'économie.

Pour reprendre la phrase que j'ai mise en exergue : "Les données ne sont pas l'information ; l'information n'est pas la connaissance ; la connaissance n'est pas la sagesse."

Nous pourrions nous demander ce qui distingue la donnée de l'information, l'information de la connaissance et la connaissance de la sagesse. Je disais qu'il faut posséder chaque étage pour monter à l'étage supérieur. Mais il faut également disposer d'une notion ou intuition de la sagesse pour chercher la connaissance, comme il faut une intuition de la connaissance pour extraire les informations depuis les données.

C'est drôle voilà que je me mets à reparler d'intuition alors que je déteste ce concept. Finalement l'être humain a besoin de croire qu'il appartient à un ensemble plus vaste qui le transcende pour croire à sa propre valeur et à son destin, mais cela nous est refusé dans notre époque. J'en viens même à me demander si la sagesse n'est pas en soi une illusion, un mythe (un peu comme le bonheur) ?

Intérieurement il sera beaucoup plus facile à vivre de suivre un sentier escarpé de montagne si nous avons une destination précise en vue (p.ex. une randonnée), et ce même sentier sera beaucoup plus difficile à gravir si nous sommes en errance et que nous tuons le temps juste pour avancer sans réel but. Il est dit dans la Bible que le Christ sauve. Dans ce sens précis on ne peut pas dire autre chose que effectivement, le Christ sauve, puisque en donnant au croyant le sentiment d'un projet cosmique ou d'une direction à suivre, il facilite grandement son vécu et son ressenti quotidien. Croire qu'on sera sauvé dans l'au-delà, ou simplement que l'on appartient à un dessein plus global, nous sauve dans cette vie : c'est assez étrange et je trouve enviable cette conviction et la sérénité qui s'en dégage.

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tison2feu Membre 3 032 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Il y a 2 heures, Blaquière a dit :

Je pense parfois qu'on découvrira peut-être dans 100 ou 200 ans voire dans 1000, les grands philosophes, peintres, écrivains, compositeurs d'aujourd'hui....

Mais c'est même pas sûr !

Pourtant je suis sûr qu'ils existent en ce moment....

Sur plus de 7 milliards de gens, il y a nécessairement des milliers et des milliers de gens absolument exceptionnels et géniaux !

Il faut donc imaginer que toutes nos sociétés son construites de telle sorte que ce n'est que ce qui va dans leur sens qui peut apparaître et exister...

Bien sûr des Van Gogh, des douanier Rousseau et des Facteur Cheval, on pu exister... Mais c'est surtout après coup qu'on s'y est intéressé quand leurs œuvres ont pu s'intégrer à titre exceptionnel  au marché financier de l'art...

Imaginez 2 millions de Van Gogh sur terre (je suis sûr qu'ils existent !!!)   Le Marché de l"Art s’effondre !

 Qui y a intérêt ? :smile2:

 

 

 

Mon petit doigt me dit également que ces philosophes existent ! Et la prudence devrait nous inciter à les lire, avant de porter des conclusions hâtives sur le prétendu silence de la philosophie contemporaine quant à sa quête de sagesse.

Pour ne pas me faire enfermer dans le raisonnement suivi par notre ami Quasimodo, je propose de remplacer le mot "crise" par "changement/mutation". Puis, dans un second temps, de remplacer le mot "sagesse" par "éthique".

Nous assistons en effet bien davantage à un changement/mutation des moeurs et des modes de penser/agir plutôt qu'à une "crise" - ce mot ayant l'inconvénient de faire croire à une fin de crise comme la fin d'un épisode (d'où le succès de la croyance, en politique, en la venue de l'homme providentiel, du sauveur, etc.). Il n'y a plus aucun rapport entre la société grecque et la société postmoderne. Le changement est radical. La politique grecque consistait à gouverner une ville, la politique actuelle consiste à gouverner des états dépassant parfois le milliard d'habitants... Nous vivons, de surcroît, dans un monde où les mutations profondes se multiplient à une vitesse exponentielle et où chacun cherche un support à se raccrocher. Le monde grec de l'être, qui s'est imposé depuis 2000 ans, a cédé le pas à celui du devenir héraclitéen.

La sagesse grecque était ce qui qualifiait le comportement d'un individu qui, conformément à une éthique en exercice, alliait la conscience de soi et des autres. Or, n'a t-on pas assisté depuis près d'un demi-siècle à l'éclosion d'ardents défenseurs de l'éthique - non pas théorique, mais pratique - parmi les plus grands philosophes allemands : éthique de la responsabilité (Hans Jonas), éthique de la discussion (Jürgen Habermas) nécessitant un engagement et un dialogue permanent avec autrui, c'est-à-dire un plaidoyer pour une démocratie radicale, attentive notamment à une éventuelle mutation de l'essence même de la technologie (qui avait d'abord servi à améliorer nos organes pour finir par risquer de modifier l'humain et l'espèce humaine toute entière, sous la pression d'adeptes fous de la technologie : les "technofreaks") ?

 

 

 

 

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Invité Quasi-Modo
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Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
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Voici la lecture du passage du dernier homme de Nietzsche ; et il me semble que c'est d'une lucidité déconcertante de manière générale.

 

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Invité sera-angel
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Invité sera-angel
Invité sera-angel Invités 0 message
Posté(e)
il y a 37 minutes, Quasi-Modo a dit :

Au contraire j'ai tendance à me méfier de l'intuition, car elle est sujette à nombre de biais cognitifs et d'illusions que nul ne soupçonne ; en général l'intuition signifie simplement de cesser de réfléchir et de suivre son premier mouvement. C'est parfois calamiteux. Quant à l'instinct je ne vois pas bien, ni en quoi il consiste, ni ce que serait son rapport avec l'intuition.

Outre le fait que les concepts que tu évoques (intuition et instinct) me semblent ou bien obscurs, ou bien calamiteux, je ne vois pas d'autre conséquence de ce que tu proposes que de cesser de réfléchir (est-ce possible ?) et de se laisser porter par le mouvement, mais c'est peut-être parce que je manque d'imagination ?

 

il y a 29 minutes, Quasi-Modo a dit :

Je pense que nous sommes sur la même longueur d'onde et que nous nous sommes compris.

J'ai l'impression que les Lumières portaient en elle ce projet un peu fou que la philosophie pourrait devenir populaire et pratiquée par le plus grand nombre. Or c'est exactement le contraire car comme tu le soulignes nous sommes surtout abêtis par les divertissements divers, certains utilisent les drogues ou l'alcool lors de soirées à répétition, comme d'autres utilisent netflix.

C'est selon moi le point faible fondamental de notre système puisque la France post révolutionnaire n'a pas tenu sa promesse d'une élévation du niveau de conscience par l'éducation populaire qui n'est plus qu'un vaste fourre-tout dont plus personne n'arrive à extraire un véritable intellectuel. Car c'est bien la figure de l'intellectuel qui est menacée en plus de la culture.

Peut-être la baisse du niveau est-elle en cause, ou l'enseignement qui est devenu trop académique. Ou peut-être que ce n'est qu'une conjoncture liée à l'histoire de la pensée et au nihilisme dont Nietzsche fût la conscience la plus aigue. Nous allons tout droit vers ce qu'il appelait déjà le dernier homme. En fait nous y sommes peut-être même déjà, et en celà, Nietzsche était un véritable prophète de notre époque.

Peut on faire confiance à son instinct et son intuition?

Oui !!! Mais à une condition cependant...il faut qu il y ait un changement de forme et de conscience (double polarité de l homme)..il faut de la mesure, de la modération, de la maîtrise de ce désir d instinct et d intuition.

Il faut conserver sa puissance génésique, le pouvoir de se recueillir,(réfléchir avant d agir), pour unifier ces puissances mentales en nous mêmes.

Sortir de l orbite ordinaire, nous inciter à la compréhension et à une vision plus globale, en renonçant à l exaltation des énergies propres 

Lorsque tu luttes contre les constructions, les systèmes, les dogmes, les sectarismes, ton intuition, ton instant s affinent, croissent et ne sont plus figés.

L instinct et l intuition se découvrent, le mental s ouvre et la vraie conscience apparaît 

Peut être que l intellectualisme empêche cela justement..et que l enseignement devenu trop académique en est la cause exactement !

Ce qui est intéressant là, c est que tu as mis dans ton premier commentaire en doute les capacités de l instinct et de l intuition..et le commentaire d après, tu as peut être lâché le contrôle et tu as fonctionné à l instinct et toi même tu en as été étonné.

Comme tu le dis nous sommes abétis par le système...par le tourbillon dans lequel la vue nous plonge...les gens travaillent et malgré cela n arrive plus à boucler les fins de mois..ils sont pris dans les problèmes matériels et savent plus comment subvenir..ils survivent plutôt qu ils ne vivent et tu voudrais en plus de celà, qu en rentrant chez eux ils ouvrent un bouquin de philo ??

 

Les grands penseurs ne faisaient que celà penser..ils n avaient rien d autre à faire..il est donc logique qu ils finissaient par en sortir des idées !

il y a 30 minutes, Quasi-Modo a dit :

C'est drôle voilà que je me mets à reparler d'intuition alors que je déteste ce concept. Finalement l'être humain a besoin de croire qu'il appartient à un ensemble plus vaste qui le transcende pour croire à sa propre valeur et à son destin, mais cela nous est refusé dans notre époque. J'en viens même à me demander si la sagesse n'est pas en soi une illusion,

Oui c est drôle mais super intéressant et ce que tu dis résume ce que je t ai répondu !

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Invité sera-angel
Invités, Posté(e)
Invité sera-angel
Invité sera-angel Invités 0 message
Posté(e)
Il y a 1 heure, Blaquière a dit :

Qui y a intérêt ?

Voilà.. ça aussi c est un début de réponse.  

Qui a intérêt à ce qu il y aient plus de "manuels" que "d intellectuels" ?

Attention hein il n y a rien de péjoratif dans mes deux mots..il faut les comprendre autrement.

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 55ans Posté(e)
zenalpha Membre 19 070 messages
55ans‚ Agitateur Post Synaptique,
Posté(e)
Il y a 16 heures, Loufiat a dit :

Bravo pour les passages de ce message très clair et même inspirant.

Récemment @zenalpha écrivait que l'idéalisme est sans "altérité expérimentale" et n’aboutit à rien de concret, puis il a concédé : si ce n'est son pouvoir de transformation sur nos propres fonctionnements. J'ai hésité à remarquer que la précision était de taille. Ce n'est pas rien, nos propres fonctionnements - si on veut aller par là.

@Annalevine quant à elle, tourne autour du thème de l'action et moque la "réflexion" et la contemplation.

J'ai eu en tête de les marier, comme ils tombent nez à nez parfaitement au sujet de l'action, sur quelques messages : il n'y a pas d'action hors du champ phénoménal. Et encore leurs écrits montrent qu'ils envisagent le problème que ça pose ; mais pour la plupart d'entre nous, c'est une évidence : il n'y a pas d' "action", et encore moins qui soit d'importance, sinon extérieure et objective, visuelle, quantifiable, etc. Je vois d'ici Annalevine tempêter que je n'ai rien compris à sa philosophie du sentiment et pourtant je suis obligé de remarquer que ce qu'elle désigne c'est toujours et uniquement le champ technique, c'est-à-dire phénoménal (qui tombe sous la loi technique, disons). Et ses réponses sur mon sujet sont parfaitement cohérentes en ce sens. Pourtant, quelque chose doit bien la déranger ou l'inquiéter, pour qu'elle écrive tant à ce sujet.  

Mais dans ton sujet ici, je trouve que tu poses admirablement le problème, en particulier lorsque tu rapportes politique et sagesse. Par contre et sur ce petit passage que j'ai cité, je ne te suis pas. D'abord je ne comprends pas comment la finalité pourrait-elle être hors du champ de la pensée philosophique ?

 

Oui, c'est d'ailleurs une séparation qui constitue la force des théories en sciences physique puisque l'idée comme le créateur de l'idée est anecdotique par rapport aux vérifications expérimentales de la théorie qui sont ouvertes à tous. 

En physique, certains ont fait ce pari idéaliste.

Ce sont par exemple les recherches de Penrose, de wheeler ou encore d'Hawking qui donnent à l'observateur un statut purement....creatif

Mais ces théories qui sont à la frontière de la conscience sont hypothétiques ce qui signifie qu'elles ne sont ni rejetées ni accréditées.

On est dans une interprétation forte des formalismes 

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Il y a 5 heures, tison2feu a dit :

La sagesse grecque était ce qui qualifiait le comportement d'un individu qui, conformément à une éthique en exercice, alliait la conscience de soi et des autres. Or, n'a t-on pas assisté depuis près d'un demi-siècle à l'éclosion d'ardents défenseurs de l'éthique - non pas théorique, mais pratique - parmi les plus grands philosophes allemands : éthique de la responsabilité (Hans Jonas), éthique de la discussion (Jürgen Habermas) nécessitant un engagement et un dialogue permanent avec autrui, c'est-à-dire un plaidoyer pour une démocratie radicale, attentive notamment à une éventuelle mutation de l'essence même de la technologie (qui avait d'abord servi à améliorer nos organes pour finir par risquer de modifier l'humain et l'espèce humaine toute entière, sous la pression d'adeptes fous de la technologie : les "technofreaks") ?

Merci pour cette réaction, mais il me semble que la philosophie de Hans Jonas, même si elle prétend sortir du nihilisme, ne me paraît pas pouvoir en sortir véritablement ; ou alors cela se ferait au prix d'un renoncement à la démocratie libérale telle que nous la connaissons. A ce sujet je trouve cet article plutôt bien fait, et très pédagogue en étant rédigé par une spécialiste : https://la-philosophie.com/principe-responsabilite-jonas

En effet comme le rappelle l'autrice de cet article, le principe de responsabilité ne peut pas convaincre tout le monde, et il convaincra certainement encore moins ceux qui pourraient profiter pécuniairement de son absence, comme les gros industriels ou les multinationales. Il deviendrait donc impossible de le faire respecter sans une dérive autoritaire et certainement impopulaire.

En outre il ne paraît pas clair de savoir si, par exemple, les centrales nucléaires seraient autorisées par une éthique à la Hans Jonas, puisqu'une explosion nucléaire pourrait mettre en danger l'humanité à venir suite à un accident. Et jamais nous ne pourrions continuer notre croissance exponentielle sans la source d'énergie que représentent les centrales nucléaires (surtout en France), tandis que les énergies renouvelables ont de bien plus faibles rendements.

Finalement cette philosophie pose bien plus de problèmes qu'elle n'en résoud, mais j'avoue qu'elle reste séduisante.

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tison2feu Membre 3 032 messages
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Il y a 1 heure, Quasi-Modo a dit :

Merci pour cette réaction, mais il me semble que la philosophie de Hans Jonas, même si elle prétend sortir du nihilisme, ne me paraît pas pouvoir en sortir véritablement ; ou alors cela se ferait au prix d'un renoncement à la démocratie libérale telle que nous la connaissons. A ce sujet je trouve cet article plutôt bien fait, et très pédagogue en étant rédigé par une spécialiste : https://la-philosophie.com/principe-responsabilite-jonas

En effet comme le rappelle l'autrice de cet article, le principe de responsabilité ne peut pas convaincre tout le monde, et il convaincra certainement encore moins ceux qui pourraient profiter pécuniairement de son absence, comme les gros industriels ou les multinationales. Il deviendrait donc impossible de le faire respecter sans une dérive autoritaire et certainement impopulaire.

En outre il ne paraît pas clair de savoir si, par exemple, les centrales nucléaires seraient autorisées par une éthique à la Hans Jonas, puisqu'une explosion nucléaire pourrait mettre en danger l'humanité à venir suite à un accident. Et jamais nous ne pourrions continuer notre croissance exponentielle sans la source d'énergie que représentent les centrales nucléaires (surtout en France), tandis que les énergies renouvelables ont de bien plus faibles rendements.

Finalement cette philosophie pose bien plus de problèmes qu'elle n'en résoud, mais j'avoue qu'elle reste séduisante.

Merci à toi également de ne pas avoir tenu rigueur de ma façon critique d'aborder ton topic.

En citant Jonas, ce que je tenais à mettre en avant, c'est que la question morale/éthique - corrélée à la quête de sagesse - a continué de rester tout à fait centrale dans toute la pensée allemande postkantienne du XXe siècle. Avec Jonas, nous sommes encore dans la logique de l'impératif catégorique (morale universaliste), et je comprends bien que cela puisse échauffer quelques esprits critiques. je lirai plus en détail ton lien, mais il faut savoir que le Principe responsabilité est un ouvrage typique de la littérature philosophique allemande, avec des phrases interminables, etc. (J'ai dû sauter de nombreux passages afin que cet ouvrage ne me tombe des mains !), mais le fait est là : compte tenu de la force et de la perénité du questionnement éthique en Allemagne, il me semble abusif de parler de "pensée en crise", ou plutôt d'absence de pensée en quête de sagesse dans le monde occidental.

Toujours dans le prolongement de la pensée postkantienne, le phénomème Jürgen Habermas est de loin le plus parlant, puisque ce philosophe est la grande conscience éthique de l'Allemagne démocratique. Et les débats philosophiques sur la question éthique ont gagné non seulement d'autres pays européens mais aussi l'Amérique latine (Cf. L'éthique de la libération à l'ère de la mondialisation et de l'exclusion, par Enrique Dussel). Habermas reste imperturbable sur la nécessité de l'agir éthique et partisan d'imposer de claires limites à la progression inquiétante des biotechnologies, à la différence d'un autre philosophe allemand, Peter Sloterdijk, qui lui aussi fait le même constat inquiétant mais refuse d'entrer dans un débat éthique, préfèrant privilégier la méditation contemplative quant au devenir humain (vu qu'à ses yeux l'homme est, par rapport au chimpanzé, une anomalie, une "impossibilité biologique qui existe déjà").

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Il y a 1 heure, tison2feu a dit :

mais le fait est là : compte tenu de la force et de la perénité du questionnement éthique en Allemagne, il me semble abusif de parler de "pensée en crise", ou plutôt d'absence de pensée en quête de sagesse dans le monde occidental.

C'est une chose d'être en quête et une autre d'atteindre son but, tout comme l'éthique est distincte de la sagesse. Comme je l'ai déjà écrit, nombre de penseurs prétendent fournir des alternatives, mais dans le fond elles ne résistent pas à la critique et ne sauraient en aucun cas s'imposer à chacun (ce qui est problématique dans un contexte de démocratie libérale).

En effet nous pourrions sinon déjà trouver une réponse possible chez Heidegger par exemple, ou encore chez Wittgenstein, mais ces deux penseurs n'ont jamais achevé leur projet philosophique (à cause de la brièveté de leur vie ou de la difficulté de leur fil d'ariane). Ces deux là étaient donc également "en quête" ce qui ne signifie pas qu'ils aient dépassé le nihilisme pour autant.

En outre la finalité ne me paraît pas claire dans la pensée de Jonas, car il s'agit surtout de fixer des limites à l'action, et non de donner un cap à l'humanité. Ou alors c'est un objectif mais uniquement en négatif. La sagesse me paraît bien loin de telles considérations, peu importe la façon de la concevoir.

PS : Peut-être que nous ne pouvons plus espérer mieux d'ailleurs que d'avoir des pensées "en quête de sagesse" ou "en quête d'éthique".

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Pour être clair envers ceux qui souhaiteraient m'opposer que peut-être quelque part des penseurs anonymes ont dépassé ou vont dépasser le nihilisme, je rappellerai que dans un contexte de démocratie libérale, personne ne pourra plus imposer un cap collectif à la société sans réintroduire une certaine vision de la métaphysique, et donc sans à la fois sortir du libéralisme tout en réinstaurant une espèce de religion d'état dont on peut espérer qu'elle respecterait chacun (mais pas forcément), et qui naîtrait de nulle part en emportant l'adhésion du plus grand nombre.

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Allez, comme je suis de bonne humeur ce soir je vous partage une vidéo philosophico-humoristique sur le nihilisme et l'absurdité (qui sont au coeur de la pensée en crise et complémentent l'analyse) :

 

 

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tison2feu Membre 3 032 messages
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Il y a 3 heures, Quasi-Modo a dit :

C'est une chose d'être en quête et une autre d'atteindre son but, tout comme l'éthique est distincte de la sagesse. Comme je l'ai déjà écrit, nombre de penseurs prétendent fournir des alternatives, mais dans le fond elles ne résistent pas à la critique et ne sauraient en aucun cas s'imposer à chacun (ce qui est problématique dans un contexte de démocratie libérale).

En effet nous pourrions sinon déjà trouver une réponse possible chez Heidegger par exemple, ou encore chez Wittgenstein, mais ces deux penseurs n'ont jamais achevé leur projet philosophique (à cause de la brièveté de leur vie ou de la difficulté de leur fil d'ariane). Ces deux là étaient donc également "en quête" ce qui ne signifie pas qu'ils aient dépassé le nihilisme pour autant.

En outre la finalité ne me paraît pas claire dans la pensée de Jonas, car il s'agit surtout de fixer des limites à l'action, et non de donner un cap à l'humanité. Ou alors c'est un objectif mais uniquement en négatif. La sagesse me paraît bien loin de telles considérations, peu importe la façon de la concevoir.

PS : Peut-être que nous ne pouvons plus espérer mieux d'ailleurs que d'avoir des pensées "en quête de sagesse" ou "en quête d'éthique".

 

J'ai vraiment trop de mal à comprendre ce que vient faire le nihilisme dans notre échange ? Comment peut-on un seul instant suspecter Jonas, et à plus forte raison Habermas, de ne pas avoir "dépassé le nihilisme" alors que ce sont d'illustres héritiers de la pensée des Lumières, en un mot : des humanistes qui n'aspirent qu'au bonheur du genre humain.

Lorsque Habermas s'inquiète de la tournure que risque de prendre actuellement la biotechnologie (possibilité de clônage du genre humain, etc.) rendue incontrôlable par l'économie de marché, il ne fait que rappeler que c'est l'identité de l'espèce humaine toute entière qui est en jeu. Il a très bien pressenti que, dans ces conditions, trop de libéralisme sauvage peut finir par tuer le libéralisme. Ces questions éthiques extrêmement préoccupantes doivent donc être discutées au cas par cas, et c’est librement que tous les citoyens, après plusieurs discussions soumises à des règles précises, reconnnaîtront chaque fois l’autorité d’une idée dans l'intérêt du plus grand nombre.

Alors bien sûr, tu sembles regretter que cette posture philosophique soit négative (ce qui est très différent de "nihiliste" !), mais Habermas ne rejette en aucun cas ni la culture scientifique ni et les humanités en général. C'est même lui qui, à l'instar de Karl-Otto Apel, a réclamé le concept de raison communicationnelle, après s'être basé sur l'observation du discours scientifique (ce concept de raison posant problème en revanche aux tenants mexicains de l'éthique de la résistance).

Sur la question d'un retour à une forme éventuelle de religion d'Etat, eh bien, soit ! Cette question pourrait très bien être soumise à discussion dans l'optique de la discussion habermassienne ! 

Quant à l'éthique de la résistance de Enrique Dussel, que j'ai mentionnée, elle pourrait t'intéresser puisqu'il s'agit d'une éthique théologique :   https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/bitstream/handle/1866/5201/Sejour_Delece_DS__2009_mémoire.pdf?sequence=2&isAllowed=y 

Il faudrait également mentionner l'éthique de l'altérité de Levinas (en projet de lecture...).

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Il y a 9 heures, tison2feu a dit :

J'ai vraiment trop de mal à comprendre ce que vient faire le nihilisme dans notre échange ? Comment peut-on un seul instant suspecter Jonas, et à plus forte raison Habermas, de ne pas avoir "dépassé le nihilisme" alors que ce sont d'illustres héritiers de la pensée des Lumières, en un mot : des humanistes qui n'aspirent qu'au bonheur du genre humain.

Le rapport est pourtant évident : le nihilisme, qui est la marque de notre époque postmoderne, est marqué par une absurdité radicale qui gêne toute tentative de pensée, et tend à nier la pertinence de toute métaphysique possible. Ce n'est pas une simple opinion ou une simple lubie de la pensée : c'est notre condition. Et elle est indépassable puisqu'elle est liée à l'Histoire de la pensée.

Il ne suffit donc pas de lire les bons auteurs ou de penser par soi même pour résoudre ce problème, même si par ailleurs je te remercie de donner quelques références.

Si tu veux comprendre la véritable nature du problème intéresse toi à Heidegger par exemple, notamment lorsqu'il oppose la pensée calculante des Lumières à la pensée méditative. Heidegger avait déjà clairement identifié tout ce dont tu crédites Habermas (p.ex. les dangers de la modernité technique, des biotechnologies, etc.).

Je trouve assez comique la façon dont le problème que je pose, qui est redoutable et redouté par tous les penseurs chevronnés soit balayé d'un revers de la main par un simple appel à lire d'autres auteurs ou chercher de brillants anonymes qui peut-être quelque part auraient résolu la question. C'est signe d'une naïveté profonde, ou bien, ce que je crois plus crédible, d'un manque de recul et de compréhension de la question.

Il y a 9 heures, tison2feu a dit :

Sur la question d'un retour à une forme éventuelle de religion d'Etat, eh bien, soit ! Cette question pourrait très bien être soumise à discussion dans l'optique de la discussion habermassienne ! 

Le sens ou la finalité se découvre et se base sur une conception métaphysique de la transcendance et ne s'invente pas dans un débat politique démocratique, fût-ce au nom de la philosophie politique de Habermas. Non seulement ce serait donc irréaliste (aussi irréaliste que de se construire un totem et de décider seul de le vénérer comme un Dieu) mais le rétablissement d'une religion d'état n'irait pas sans contestations et moultes protestations puisque cela consisterait à introduire et imposer une vision métaphysique officielle, par nature contestable. Les musulmans ou les chrétiens ne renonceront pas à leur Dieu pour adopter une vision religieuse inventée de toute pièce par l'Etat.

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