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Scènes de crime au Louvre


January

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 779 messages
107ans‚ ©,
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J'en étais sûre !! :D

Œdipe ne connaît pas son passé. Mais lorsque Laïos, roi de Thèbes, et Jocaste eurent enfin un enfant, l’oracle de Delphes prédit que celui-ci tuerait son père et épouserait sa mère. Laïos fit percer les pieds de l’enfant et les lia l’un à l’autre au moyen d’une broche de métal. Il confia l’enfant ainsi entravé à un berger à qui il donna l’ordre d’abandonner le garçon dans la montagne pour qu’il y meure. Le berger avait pitié, il confia l’enfant au couple royal de Corinthe, le roi Polybe et la reine Mérope adoptèrent le garçon et le nommèrent Œdipe (en grec cela veut dire « qui a les pieds gonflés »).

Lorsqu’il fut jeune homme, un ivrogne le traita de bâtard. Il interrogea l’oracle de Delphes qui lui fit la prédiction qu’il tuerait son père et épouserait sa mère. Et donc, pensant que son père et sa mère était le couple royal de Corinthe, quitta la ville pour tenter d’échapper à son destin.

On le sait donc, Œdipe partit alors pour Thèbes. A un carrefour, il croisa un homme monté sur un chariot et sa suite. Personne ne voulut céder le passage et une altercation s’ensuivit. L’homme lança son chariot sur Œdipe qui le tua, ainsi que tous les hommes de sa suite, ne laissant qu’un seul survivant.

Il ne le savait pas, mais il avait accompli là la première partie de la prophétie. Non seulement il était un meurtrier, mais un parricide par-dessus le marché et pour aller au bout de tout, un régicide !

Apprenant tout cela, Œdipe réalisa qu’il avait également réalisé la seconde partie de la prophétie, il avait épousé sa mère et ses enfants étaient donc ses frères et sœurs.

La révélation de la vérité entraînera des conséquences funestes. Jocaste se suicide. Œdipe se crève les yeux et prend le chemin de l’exil. De ses enfants, deux se tueront mutuellement et les deux filles connaîtront elles aussi des morts effroyables.

En connaissant toute l’histoire, moi je sais pas vous, mais si répondre comme il faut à l’énigme de la bestiole ça conduit à ça, bah j’préfère me faire bouffer :sleep:

 

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Animatrice, Fille infréquentable, 82ans Posté(e)
Kira Animatrice 27 562 messages
82ans‚ Fille infréquentable,
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Quelle histoire, pas de quoi en faire un complexe mais pas loin :( 

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 779 messages
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:D

Cette salle n°75 est tellement belle qu’on va y rester encore un peu. Regardons cette toile orangée : Clytemnestre hésitant avant de frapper Agamemnon endormi, Baron Pierre-Narcisse Guérin – 1817.

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Encore une tragédie familiale grecque. Aux deux thèmes de l’amour et du pouvoir se mêlent ici d’autres motifs : la vengeance, la trahison, la cruauté et la défiance. La totale quoi… Nous voyons une femme, un poignard à la main, le regard pensif tourné en direction d’un homme qui repose sur son lit. Derrière elle un homme lui parle à voix basse et semble la pousser avec ménagements mais fermeté, vers l’homme endormi. La couleur orange accroît la tension.

La femme est Clytemnestre, reine de Mycènes, et l’homme endormi est son époux, Agamemnon. L’homme qui la pousse à agir est Egisthe, son amant, et usurpateur du trône pendant qu’Agamemnon était parti combattre Troie. Clytemnestre est partagée, son corps est en arrière, la lame du poignard est tournée vers le haut. Elle doute. Son amant lui remet en mémoire toutes les épreuves qu’Agamemnon lui a fait traverser. Il la pousse à en finir, à agir.

Agamemnon était-il un époux abusif et cruel ?

Ecoutons Clytemnestre raconter son histoire : « C’est Agamemnon qui tua mon premier mari, Tantale, et, arrachant à mes bras le fils que j’avais eu de celui-ci, il le frappa contre un rocher et lui donna la mort. Il m’épousa de force, plaça sur ma tête une couronne et ensemença mon ventre fertile. Il me priva d’un fils, mais il me donna trois enfants que j’ai aimés. Aussi commençai-je à l’aimer puisqu’il était le père de mes enfants.

Mais c’était un lâche, un menteur, un général de parade. Il m’annonça qu’il voulait donner notre fille Iphigénie pour épouse à Achille et je fus la plus heureuse des mères. Mais, quand je me rendis à ce que je croyais être ses noces, on m’apprit que ma fille était morte. Son père l’avait sacrifiée aux dieux, il lui avait percé le cœur de sa propre main, pour que les vents, devenus favorables, permettent à la flotte des grecs de voguer vers Troie et d’en ramener Hélène, ma propre sœur. »

En vérité Iphigénie fut sauvée par la déesse Artémis qui, sur l’autel, lui substitua une biche. Mais Clytemnestre l’ignorait…

 

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 779 messages
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Changeons de salle, passons à la n°77. Ici, une toile impressionnante, d’Eugène Delacroix, La mort de Sardanapale.

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Nous sommes devant un crime de guerre. Un despote fait tuer ses gens, il se nomme Sardanapale. Son nom est aujourd’hui plutôt synonyme de débauche mais les choses ne sont pas telles qu’elles apparaissent au premier regard.

La peinture de Delacroix fut présentée au Salon de 1827 et ce fut immédiatement le scandale. Les critiques la rejetèrent en bloc, « plus mauvaise toile du Salon », « erreur du peintre », « rejet des premières règles de l’art », que des gentillesses quoi…

Pour cette scène d’orgie et de meurtre, Delacroix s’est inspiré de l’histoire de l’Assyrie, de Babylone et de l’Empire perse.

Sardanapale vécut au VIIe siècle avant J.-C. et il fut le dernier empereur Assyrien. Il surpassait tous ses prédécesseurs par le luxe et la paresse. Dans son palais de Ninive, il vivait comme une femme, entouré de concubines il tissait la laine, se maquillait, s’efforçait de rendre sa voix féminine et recherchait les plaisirs les plus intenses que peuvent donner les joies de l’amour avec les deux sexes sans se soucier de la disgrâce qu’une telle conduite pouvait jeter sur lui.

Apparemment, ce sont ses mœurs corrompus et sa vie de débauché qui aurait mené Sardanapale à la chute de l’Empire assyrien. Les Mèdes et les Babyloniens se révoltèrent, et après une défaite, s’assurèrent le soutien des Arabes et des armées bactriennes. La ville de Ninive était assiégée et le roi prisonnier dans ses murs. Sardanapale ne fut pas inquiet, il se disait que Ninive ne tomberait que si le Tigre – le fleuve qui entoure la ville – devenait son ennemi, et cela ne pouvait pas arriver.

Raté. Après trois ans de siège, des pluies diluviennes firent déborder le Tigre qui détruisit les remparts et livra la ville aux rebelles.

Alors « il fit dresser dans son palais un immense bûcher sur lequel il plaça son or, son argent et tous ses vêtements royaux ; s’enfermant avec ses femmes et ses eunuques dans une chambre construite dans le milieu du bûcher, il se fit ainsi réduire en cendres avec ses gens et son palais. »

C’est ce moment exact que Delacroix représente. Sardanapale, couché au sommet du tableau, ordonne à ses esclaves et aux officiers du palais d’égorger ses femmes, ses pages, jusqu’à ses chevaux et chiens favoris. Le tableau n’offre aucune issue au regard, comme la situation qu’il représente. Où que nos yeux se posent, nous ne voyons que la violence, la mort, la folie, la peur et le désespoir.

En bas à droite, cette femme qui se fait poignarder, Myrrha, la favorite, les bras en croix sur le lit, est peut être déjà morte, de l’autre côté du lit une femme tente de se pendre avec un rideau, à gauche de Myrrha une femme couvre son visage pour ne pas voir la mort qui s’approche en la personne d’un serviteur, en dessous, un serviteur frappe un cheval aux yeux fous de terreur, même regard pour l’homme qui regarde Sardanapale et tend une main suppliante.

Nous voyons la mort, mais pas une goutte de sang. Celui-ci est symbolisé par le tissu rouge qui divise le tableau en diagonale. Sardanapale est serein et indifférent. Ce visage inexpressif prouve sa nature débauchée et irrationnelle, son despotisme, sa complaisance envers lui-même.

Pourtant, l’histoire que nous raconte le tableau et ses sources diffère de celle que nous racontent aujourd’hui les historiens. Le tableau n’est pas conforme à l’Histoire. Le nom du souverain même est faux, c’est une interprétation grecque du nom assyrien : Assurbanipal, le dernier grand roi des Assyriens. C’était un grand chef militaire et un souverain éclairé.

Alors pourquoi la vérité a-t-elle été déformée à ce point ?? Le coupable est Ctésias de Cnide, un historien et médecin du IVe siècle… Il semble que ses écrits n’aient pas été très rigoureux mais plutôt fantaisiste, et de surcroît, imaginé à la sauce morale grecque, qui condamnait le mode de vie des Orientaux qu’ils considéraient comme des barbares.

 

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Animatrice, Fille infréquentable, 82ans Posté(e)
Kira Animatrice 27 562 messages
82ans‚ Fille infréquentable,
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L'expression "va te faire voir chez les Grecs" prend un autre sens, de nos jours on dirait plutôt "va mourir" 

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 779 messages
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Carrément !

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January Modérateur 59 779 messages
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Un petit tour en salle n°76 où nous trouvons La Mort de Virginie, de Guillaume Guillon – 1828.

Image associée

 

A droite du tableau, une jeune fille vêtue de blanc est soutenue par les bras d’un homme et d’une vieille servante. Sa pâleur, l’abandon de sa posture et la tâche de sang sur sa poitrine, le couteau que tient l’homme vêtu d’une tunique orange ne laissent aucun doute : elle est morte,  assassinée par cet homme.

La sculpture d’une louve nourrissant Romulus nous prouve que la scène se déroule sur le forum de l’ancienne Rome. La foule est choquée et ses mouvements montrent sa colère. Mais la colère n’est pas tournée vers le meurtrier mais contre les deux hommes qui se trouvent sur le piédestal. L’un des deux, vêtu de rouge, est Appius Claudius Crassus, un patricien. Derrière lui se trouve Marcus Claudius, qui fut l’instrument de la mort de la jeune fille.

La victime est Virginia, elle est la fille de Lucius Virginius, centurion romain. C’est l’homme qu’on voit tenir le poignard, il est le meurtrier de sa propre fille. En tuant sa fille, le père a voulu empêcher que la vierge ne soit déshonorée.

La scène se déroule en 449 avant J.-C. Un jour que Virginia, âgée de 16 ans, se rendait à l’école, Appius Claudius Crassus la vit et en tomba amoureux. Il conçut une intrigue pour la posséder. Il exigea de Marcus Claudius qu’il proclame que Virginia n’était pas la fille biologique de ses parents, mais la fille d’une de ses esclaves. A ce titre, il revendiquait la possession de Virginia. Appius Claudius Crassus, en tant que decemvir, était le magistrat juge de l’affaire. Il choisit de rendre le jugement à un moment où le père de Virginia serait retenu sur un lointain champ de bataille, et en parfaite violation de la loi et sans aucun sens de la justice, il attribua à Marcus Claudius la jeune fille de 16 ans. La nuit même elle devait être dans son lit.

Le père de Virginia revenu à temps, demanda à parler une dernière fois à sa fille. Il s’empara d’un couteau et la tua, afin de protéger son honneur et celui de sa famille.

Au milieu de la foule le peintre a représenté une femme, à l’extrême gauche du tableau, qui tient fermement sa fille dans ses bras. Elle ne la protège pas du meurtrier mais des hommes représentant la justice. La foule s’est rangée aux côtés de Lucius Virginius vient de se révolter. Les patriciens, qui la domine, tente de la calmer, et les licteurs tentent de les protéger. Mais ils n’y parviendront pas. Virginius sera arrêté mais rapidement libéré par la foule, qui renversera le régime des décemvirs.

 

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January Modérateur 59 779 messages
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Nous sommes maintenant dans la salle n°77 et nous regardons cette toile de Paul Delaroche, Les Enfants d’Edouard – 1831

Les Enfants d'Édouard - Paul Delaroche - MBA Lyon 2014.jpg

Ce tableau est l’interprétation artistique d’un des événements les plus controversés de l’histoire de l’Angleterre, le destin du roi enfant Edouard V. Un régicide va être commis. Le roi qui va être assassiné est un enfant : c’est Edouard V, 13 ans, qui sera tué ainsi que son frère cadet.

Bien qu’il n’ait jamais été couronné, son règne de 86 jours a débuté à la mort de son père, le 9 avril 1483. Il s’est achevé le 26 juin de la même année, lorsque son oncle Richard, duc de Gloucester, d’abord désigné comme Lord Protecteur du royaume a été couronné roi d’Angleterre sous le nom de Richard III.

Avant le couronnement, les deux enfants ont été emprisonnés à la Tour de Londres et ils ont complètement disparus à la fin de l’été. Bien qu’on ne sache rien de leur sort, leur oncle est fortement soupçonné de les avoir fait assassiner.

Nous pouvons reconnaître Edouard V à la jarretière qu’il porte à la jambe. Il est assis sur le lit dans une pièce somptueusement décorée. Il nous regarde. Il est serein et stoïque. En revanche, la peur se lit ouvertement sur le visage de son frère.

L’angoisse est soulignée par l’épagneul qui dresse l’oreille, la queue entre les jambes et le regard vers la porte où un rayon de lumière s’étale au sol et présente une  ombre, comme des pieds derrière la porte.

Personne ne sait ce que les corps sont devenus après le meurtre. En 1674, des ouvriers découvrirent une boîte en bois enfouie sous un escalier, à trois mètres de profondeur. Elle contenait deux petits squelettes humains. Les scientifiques étudièrent les restes en 1933 et conclurent que les squelettes pouvaient être ceux des enfants assassinés. En dépit de la vivacité de la controverse, et malgré la découverte récente des restes de leur oncle Richard III, aucun test ADN n’a à ce jour été conduit sur les squelettes des deux enfants qui aurait permis de prouver qu’ils seraient ceux des princes assassinés.

Cette histoire nous en rappelle une autre, plus proche de nous, un régicide aussi. Le petit Louis XVII, décédé par suite de mauvais traitements à la prison du Temple. Fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, il ne régna jamais et mourut en prison à l’âge de 10 ans.

 

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 779 messages
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Nous allons maintenant revenir sur un massacre évoqué précédemment. Nous sommes salle n°66, devant une toile d’Alexandre Evariste Fragonard, Scène du Massacre de la Saint-Barthélémy, dans l’appartement de la reine de Navarre. – 1836

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On le sait, c’est l’épisode le plus tristement célèbre des guerres de religion qui virent s’affronter catholiques et protestants entre 1562 et 1598.

En 1572, Catherine de Médicis, reine-mère de France, avait arrangé le mariage de sa fille Marguerite de Valois avec le prince protestant Henri de Navarre, afin de mettre un terme à la guerre civile qui ravageait le royaume depuis dix ans. Ce mariage, condamné par les milieux ultra-catholiques et par le pape, fut quand même célébré, à Paris le 18 août, attirant beaucoup de protestants dans une ville…antiprotestante. Le 22 août, un noble huguenot, l’amiral Gaspard de Coligny, fut victime d’un attentat alors qu’il quittait le Louvre. Les historiens soupçonnent Henri de Guise ou la reine-mère elle-même d’être les instigateurs de l’agression. C’est cette agression qui fut l’amorce des évènements sanglants qui allaient suivre.

Charles IX, sous la pression de ses conseillers et de sa mère, se décida à tuer les chefs protestants pour éviter la reprise de la guerre, et puis tiens non, finalement il décida qu’il allait tuer tous les protestants et comme ça derrière personne ne pourrait l’accuser du crime.

Le tableau montre une scène qui se déroule dans le palais du Louvre, dans la chambre au décor opulent de Marguerite de Valois. La jeune princesse devenue reine de Navarre est réveillée au milieu de la nuit par des coups violents frappés à sa porte. L’homme qui s’écroule près du lit est Téjan, c’est un protestant serviteur d’Henri de Navarre, qu’il cherchait lorsque poursuivi par les soldats catholiques, il a couru jusqu’ici pour sauver sa vie. Un soldat s’apprête à le frapper de la crosse de son fusil. La servante de la reine Margot est prise au milieu du groupe des soldats, et la reine elle, s’est redressée sur son lit, ses joues sont rouges et la blancheur de sa poitrine se laisse voir alors qu’elle intervient avec force en faveur de Téjan, tendant un bras contre le soldat pour l’empêcher de tuer.

La reine demande ce que cet homme a fait pour mériter la mort. Le soldat répond qu’il est protestant et qu’il doit mourir sur ordre du roi. Margot refuse de livrer Téjan, en cela, elle défie les ordres de son frère le roi. On lui prête cette réponse : « Si vous voulez le tuer, il faudra me tuer d’abord. » Evidemment les soldats ne pouvaient pas agresser la reine Margot, princesse de France, catholique, fille et sœur de rois. Ils s’en retournent donc et abandonnent leur proie.

Marguerite de Navarre a joué un rôle important lors de cette folie meurtrière, en abritant beaucoup de protestants dans ses appartements.

 

 

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Invité Petit pois
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Invité Petit pois
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...je ne comprends pas trop le nibard à l'air :mouai: , mais bel oeuvre et belle histoire. :)

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Animatrice, Fille infréquentable, 82ans Posté(e)
Kira Animatrice 27 562 messages
82ans‚ Fille infréquentable,
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À l'origine ça devait être pour le temple :D 

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January Modérateur 59 779 messages
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Nous sommes toujours au même endroit et nous regardons maintenant un autre tableau sur le même thème : Scène de la Saint Barthelemy, de Joseph Nicolas Robert Fleury – 1833

Saint-Barth%C3%A9lemy-Robert-Fleury.jpg

 

Ce tableau représente une scène qui se déroule juste après celle dont nous venons de parler. Dans le groupe des assassins, nous reconnaissons un soldat, un moine et un homme qui porte une croix blanche sur son casque – signe qui permettait de le distinguer les huguenots. Ils ont pénétré de force dans l’appartement d’un protestant, Briou. Les preuves de lutte sont partout. Un sablier, un livre, gisent sur le sol, Briou porte une blessure au front. Briou était le tuteur de François de Bourbon, Prince de Conti, protestant. Nous voyons le prince paniqué qui tente de sauver son précepteur en retenant l’homme qui lève son poignard pour le frapper. Vaine tentative, l’autre assassin va bientôt le transpercer de sa lance.

Briou affronte son sort avec courage et dignité, pas de peur dans ses yeux, il écarte son élève pour qu’il ne reçoive pas les coups qui ne sont destinés qu’à lui seul. Le prince de Conti sera contraint quelques semaines plus tard de se convertir au catholicisme.

Rien ne permettait d’échapper à cette tuerie. Femmes, enfants, même en bas âge, vieillards, furent tués en si grand nombre, leurs cadavres jetés dans la Seine, qu’on raconta qu’on pouvait traverser le fleuve à pied sec en marchant sur les corps sans vie.

 

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January Modérateur 59 779 messages
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Descendons et au rez-de-chaussée avisons ces bronzes de Antoine Louis Barye : Thésée combattant le Minotaure – 1855/74 et Thésée combattant le centaure Biénor - 1877

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Le tueur que nous voyons ici est un héros de la Grèce antique, Thésée. On le voit tuer deux victimes différentes à deux moments différents. La première sculpture nous le montre en train de combattre une créature mi-taureau mi-homme, le Minotaure. Ce monstre vivait en Crète, dans le labyrinthe construit sous le palais de Cnossos, résidence du roi Minos. Ce roi cruel, victorieux d’une guerre contre Athènes, avait exigé de la cité vaincue qu’elle lui livre, tous les neuf ans, sept jeunes filles et sept jeunes hommes qui devaient être dévorés par le Minotaure. Thésée, le fils du roi athénien Egée, navigua vers la Crète et grâce à l’aide d’Ariane, fille du roi Minos, il tua le monstre.

Nous assistons aux dernières minutes du combat. La jambe du monstre ceinture Thésée et sa main agrippe l’épaule du héros tandis qu’il se penche en arrière pour éviter son épée (on dirait un tango mais bon…). L’épée de Thésée va transpercer le crâne du Minotaure et Athènes sera libérée du tribut sanglant imposé par Minos.

La seconde sculpture nous montre Thésée chevauchant une autre créature mythologique, mi-homme mi-cheval, le centaure. Thésée a saisi son adversaire à la gorge et a pris l’avantage. Le centaure va bientôt mourir sous le coup de la massue que brandit Thésée. Mais qu’a-t-il fait ce centaure, pour mériter une mort aussi violente ?

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Les centaures ont été invités au mariage du roi des Lapithes. Pirithoüs, et d’Hippodamia. Thésée, ami de Pirithoüs, était lui aussi invité. Les centaures, buvant du vin pour la première fois, s’enivrèrent rapidement et devinrent agressifs. Ils tentèrent de s’emparer des femmes et notamment d’Hippodamia. Avec Thésée à leurs côtés, les lapithes furent victorieux des centaures et la sculpture nous montre un épisode de ce combat.

(En fait Thésée c’était Dexter à l’ancienne quoi)

 

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January Modérateur 59 779 messages
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Remontons au premier, salle n°76. Alors on va déjà regarder autour de nous et surtout lever les yeux.

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Voyons maintenant cette toile, de Paul Delaroche, intitulée La Jeune Martyre.

Résultat de recherche d'images pour "la jeune martyre delaroche"

La scène est le témoin d’une persécution qui fut conduite au IVe siècle après J.-C. Le corps de cette jeune femme flotte sur le Tibre. Sa robe blanche ondule, ses mains sont attachées. Le tableau est sombre et n’est éclairé que le visage de la jeune fille à la surface du fleuve. L’auréole au dessus de son cadavre indique que nous voyons ici une martyre. A l’arrière plan deux silhouettes se distinguent, un homme et une femme, peut être les parents de la jeune fille, qui montrent des signes de deuil tendent leurs mains vers le ciel.

Nous sommes en 304 après J.-C., époque où les chrétiens subissent la plus impitoyable persécution qu’ils aient connue sous l’empire romain. Nous parlons de la persécution de Dioclétien.

Les quatre empereurs qui dirigent l’empire selon la tétrarchie, Dioclétien, Maximien, Galère et Constance, promulguent une série d’édits , le premier en 303, qui restreignent d’abord les droits des chrétiens pour finalement ordonner à tous les habitants de l’empire de les sacrifier aux dieux romains. Ne pas respecter ces édits était puni de mort. Feu, décapitation (ça y est ça leur reprend ??), noyade, plus de 3000 chrétiens furent tués, jusqu’à ce que l’empereur Constantin promulgue en 313 l’édit de Milan qui mit fin au carnage.

La jeune fille du tableau est une victime de Dioclétien. Le peintre l’a vue en rêve, dans les affres de la fièvre. C’est son ultime œuvre. Il disait lui-même que c’était la plus triste et la plus sainte de toutes ses compositions.

 

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Invité Petit pois
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Révélation

magnifique tableau !

Je quitte ce macabre (mais passionnant)  endroit  pour quelques jours d'air marin, et ma première visite à mon retour sera au Louvre et à sa très douée guide .  f-0-046.gif?w=550

 

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Ah.. Ben petit pois va être déçue d'avoir raté la chute. 

Montons au deuxième étage, salle n°62. C’est un tableau terrible qui nous attend ici. Une toile d’Eugène Delacroix, Médée furieuse -1862

En regardant cette peinture, nous pouvons en sentir la violence.

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Nous voyons les mouvements des personnages, les couleurs, le jeu dramatique de l’ombre et de la lumière et la panique. Une femme entre dans une grotte, ses deux enfants luttant désespérément pour échapper à l’étreinte de ses bras.

Nous nous trouvons devant Médée furieuse comme l’indique le titre du tableau. Folle furieuse. Elle est vêtue de rouge et de noir, les couleurs qui représentent le mal, ses mains se ferment avec force sur ses fils et sur un poignard. Son regard se tourne à droite, ses cheveux noirs flottent dans le vent et sa bouche est ouverte, comme un animal prêt à l’attaque.

Pour ceux qui connaissent son histoire, son nom est synonyme d’infanticide.

Les yeux de l’enfant à la chevelure brune nous regardent, nous implorent ou expriment la confusion. La pointe de la lame touche presque sa peau. Il est pris au piège entre le sein qui l’a nourri et le couteau.

Médée est connue comme une sorcière, une barbare, une femme ayant commis un fratricide et un infanticide. Pourtant, le meurtre de ses enfants repose sur une pure invention, sur l’idée d’un auteur de théâtre qui voulait choquer son public. Le mythe original raconte une autre fin, même si celle-ci n’est pas non plus une fin heureuse. Allez, reprenons l’histoire depuis le début :

Médée était une belle princesse de Colchide, fille du roi Eétès et nièce de la très puissante Circé, celle-là même qui lui enseignera tous les secrets de la magie et des potions. Quand les argonautes arrivèrent à Colchide, Médée tomba amoureuse de Jason. Elle conspira alors contre son propre pays pour l’aider à s’emparer de la Toison d’or. Elle demandait en échange que Jason l’épouse et l’emmène avec lui pour l’aimer éternellement. Jason promit en prenant les dieux à témoin.

Médée utilisa son savoir et ses potions pour aider Jason à surmonter toutes les épreuves imposées par Eétès. Il triompha et s’enfuit de Colchide avec la Toison d’or et Médée. Mais Eétès ne se résigna pas si facilement à le laisser partir, lui et sa propre fille. Il envoya sa flotte aux trousses de Jason. Médée tua alors son frère, dépeça son corps et jeta tous les morceaux dans la mer, et les navires furent contraints d’abandonner la poursuite pour récupérer le cadavre en entier.

Jason et Médée parvinrent à Corinthe où ils vécurent dis. Ils eurent cinq fils et une fille. Les deux garçons que nous voyons sur le tableau sont Merméros et Phérès. Mais malgré son serment, Jason tomba amoureux de Glaucé, princesse de Corinthe. Il annonça à Médée qu’il allait épouser Glaucé, ainsi l’avenir de leurs enfants était assuré puisqu’ils régneraient un jour sur Corinthe. Médée le supplia de revenir sur sa décision mais malgré tous ses arguments, il refusa. Il dit que ce n’était pas Médée qui l’avait aidé, mais Vénus, et il affirma que c’était lui qui l’avait sauvée en lui permettant de s’enfuir pour rejoindre la Grèce civilisée.

Furieuse, elle fit parvenir à la nouvelle épouse de Jason et au père de celle-ci une robe et une couronne d’or enduites de poison. Ils moururent peu après. Jusqu’ici l’histoire est juste, c’est la suite qui ne l’est plus et qui fut inventée. En vérité, ce sont les Corinthiens qui, pour se venger de la mort de leur roi et de sa fille, tuèrent les enfants de Médée. C’est dans la tragédie d’Euripide que Médée tue ses enfants pour se venger de l’homme qui l’a trahie.

Mais cela ne changera en rien la façon dont Médée est perçue par la conscience collective. Conformément à la théorie criminologique de la réaction sociale, une personne perçue comme criminelle dans son environnement social, même si elle ne l’est pas, subira les mêmes conséquences que si elle l’était. C’est cette théorie que l’on voit appliquée ici.

*************************

C'est la fin de notre partage.

Vous êtes maintenant en mesure d'éprouver de la sympathie ou de l'horreur devant les actes de ces criminels, de leur accorder le bénéfice du doute, de les condamner ou de les acquitter. Maintenant, c'est à vous de décider si Médée est une mère monstrueuse ou une étrangère incomprise, Judith une tueuse sadique ou une fille obéissante, si Hérode est coupable du meurtre de quelques enfants ou d'un massacre dont les victimes se comptent par dizaines, si Oreste est, ou non, un tueur-né. 

 

J'espère que ça vous aura plu, tous ceux qui se sont manifestés et tous les autres ;)

 

 

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Animatrice, Fille infréquentable, 82ans Posté(e)
Kira Animatrice 27 562 messages
82ans‚ Fille infréquentable,
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Je le sentais que la fin allait arriver mais pas aussi vite :( 

C'etait super cette visite au Louvre, j'ai appris des choses et j'ai envie de découvrir réellement ce musée même si ça ne sera pas pareil sans toi comme guide. Merci :bisou: 

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 779 messages
107ans‚ ©,
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Merci Summer :)

 

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Invité Petit pois
Invités, Posté(e)
Invité Petit pois
Invité Petit pois Invités 0 message
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Ben voilà....! Heureusement, petit saut matinal pour vivre ce dernier passionnant tableau.

Bravo et merci Jan'.....à bientôt pour de nouvelles aventures culturelles ! :)

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 779 messages
107ans‚ ©,
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A bientôt ! :)

 

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