Malaisant, un mot malaisé à accepter ?

il y a une heure, frunobulax a dit :

En fait, j'ai bien peur d'avoir un peu tendance à penser que l'engouement pour ce mot relèverait probablement d'un effet de mode un poil branchouille ... ou/et, un peu plus "inquiétant", d'une forme de petite paresse intellectuelle consistant à préférer que la signification soit clairement indiquée dans le mot ? 

Si on utilise "embarrassant", on a besoin de connaitre la définition du mot pour savoir que l'on parle bien d'un "malaise en présence d'une situation délicate".
Si on utilise "malaisant", la définition étant déjà clairement dans le mot, on se débarrasse du soucis de réflexion pour savoir ce que ça veut dire.

A vrai dire, j'ai énormément de mal avec cette idée de paresse intellectuelle, pour la simple et bonne raison que, hormis le jugement de valeur inhérent à cette expression, en fait la morphologie dérivationnelle est un réflexe naturel pour tout le monde, et son recours n'a rien à voir avec l'intelligence. 

Et c'est oublier qu'une grande partie de notre vocabulaire est fait de mots dérivés ^^" A la base, embarrassant répond de la même logique : la définition est clairement dans le mot. Dans ce cas, tout le monde est intellectuellement fainéant... 

A moins que, comme moi, vous ayez constaté que le mot embarras était, dans certains groupes, plus rare d'usage, d'où son élimination rapide au profit de "malaisant" 

C'est pas de la paresse, c'est un recentrage sur des racines d'usage plus courant. Un procédé courant de rafraîchissement du vocabulaire. 

Seul le temps pourra nous dire si c'était un effet de mode où si le mot trouve sa place dans notre langue. 

Il y a 1 heure, tison2feu a dit :

Pour nous faire une petite idée du contexte sociolinguistique, nous pouvons taper "malaisant" sur le moteur de recherche du forum.

Ce terme apparaît 7 fois, et il est utilisé par seulement 5 intervenant(e)s, dont deux qui utilisent ce mot à deux reprises, en l'espace de presque deux ans (septembre 2015), et lorsque ce terme est employé, des intervenants demandent à plusieurs reprises le sens de ce mot :

Intéressant. 

Il est vraiment peu fréquent sur FFr, mais il est d'usage massif sur d'autres plate-forme de discussion (le forum JVC, ou bien Discord) où les internautes sont globalement plus jeunes. 

il y a 23 minutes, PLS maker a dit :

A vrai dire, j'ai énormément de mal avec cette idée de paresse intellectuelle, pour la simple et bonne raison que, hormis le jugement de valeur inhérent à cette expression, en fait la morphologie dérivationnelle est un réflexe naturel pour tout le monde, et son recours n'a rien à voir avec l'intelligence. 

Et c'est oublier qu'une grande partie de notre vocabulaire est fait de mots dérivés ^^" A la base, embarrassant répond de la même logique : la définition est clairement dans le mot. Dans ce cas, tout le monde est intellectuellement fainéant... 

A moins que, comme moi, vous ayez constaté que le mot embarras était, dans certains groupes, plus rare d'usage, d'où son élimination rapide au profit de "malaisant" 

C'est pas de la paresse, c'est un recentrage sur des racines d'usage plus courant. Un procédé courant de rafraîchissement du vocabulaire. 

Seul le temps pourra nous dire si c'était un effet de mode où si le mot trouve sa place dans notre langue. 

Intéressant. 

Il est vraiment peu fréquent sur FFr, mais il est d'usage massif sur d'autres plate-forme de discussion (le forum JVC, ou bien Discord) où les internautes sont globalement plus jeunes. 

C'est pas une avancée ça...

j'ai pas parlé d'avancée mais de rafraîchissement  

il y a 12 minutes, PLS maker a dit :

j'ai pas parlé d'avancée mais de rafraîchissement  

Je sais que la canicule "rôde" mais je ne vois pas de rafraîchissement dans ce mot....

Vous avez vraiment besoin d'un rafraîchissement liquide vous....  c'est l'heure d'ailleurs!

il y a une heure, PLS maker a dit :

 Intéressant. 

Il est vraiment peu fréquent sur FFr, mais il est d'usage massif sur d'autres plate-forme de discussion (le forum JVC, ou bien Discord) où les internautes sont globalement plus jeunes. 

Oui, et en fait, lorsque je parlais de "se faire une petite idée sociolinguistique", j'en étais très loin, puisqu'il conviendrait d'étudier le profil de chacun des intervenants en question, leur âge, leur lieu de vie (certains originaires du Québec), leur milieu social, etc.

En tout cas, je te remercie d'avoir créé ce topic sans lequel j'aurais continué de considérer ingénument que ce néologisme en question n'était, au pire, qu'une énième barbarisme rencontré quotidiennement dans la bouche de certains intervenants du forum ou, dans le meilleur des cas, un joli mot québécois utilisé à deux reprises par une intervenante du Québec.

Parce que nous en sommes là : actuellement, la langue française est massacrée à un point tel sur la plupart des forums de discussions qu'il devient désormais impossible de distinguer un barbarisme d'un néologisme ! (Et je prends soin de préciser, cher PLS, que c'est l'amoureux -élitiste, et non plébéien - de la langue française qui parle présentement, et non point le linguiste !!).

C'est déconcertant de constater que lorsqu'on a un brin de vocabulaire (ce qui englobe des mots empruntés à tous les registres de langue , ceci dit) ce  qui est courant pour une amatrice de littérature ,pour quelqu'un qui  a fait des études de lettres, fréquenté la fax de lettres, on nous sorte des arguments massue du genre c'est trop intello (=soutenu) pour nous, tu es un nazi du langage (j'aurais plutôt dit puriste) quand on emploie un terme précis qui fait mouche.

Avec comme argument suprême pour nous convaincre d'utiliser un mot douteux que certains blaireaux du Canada l'emploient  alors tu devrais l'employer (ben non tant qu'à choisir de parler régional je préfère de loin parler marseillais c'est plus "rigolisant"-Tiens,et pourquoi ne créerais je pas un mot à mon tour?!).Qu'on fasse du snobisme autour d'un mot comme si employer certains mots ne convenaient pas à certaines gens alors qu'avec la démocratisation du savoir grâce aux médias il est justement de moins en moins malaisé de rentrer en contact avec des gens de toutes origines sociales .

En revanche si les canadiens emploient un verbe qui nous remplace un angliscime, je prends;ainsi j'aime bien le verbe magasiner qui change de " faire du shopping" qui remplace le vieux "je vais faire les magasins" et j'adopte sans problème:j'ai fait de bonnes affaires en magasinant cet été!

il y a 2 minutes, querida13 a dit :

C'est déconcertant de constater que lorsqu'on a un brin de vocabulaire (ce qui englobe des mots empruntés à tous les registres de langue , ceci dit) ce  qui est courant pour une amatrice de littérature ,pour quelqu'un qui  a fait des études de lettres, fréquenté la fax de lettres, on nous sorte des arguments massue du genre c'est trop intello (=soutenu) pour nous, tu es un nazi du langage (j'aurais plutôt dit puriste) quand on emploie un terme précis qui fait mouche.

Rengainez donc votre complainte, je n'ai jamais dit ça.

Je ne crie au "grammar nazi" que quand je vois quelqu'un recourir à de l'ad grammaticam pour rabaisser, culpabiliser, stigmatiser quelqu'un d'autre. Ca arrive souvent, ce n'est pas vraiment arrivé ici... J'en suis d'ailleurs ravi. 

Par contre, il est assez déconcertant que, pour quelqu'un qui se dit ancienne étudiante de lettres, de ne pas savoir identifier des registres de langue... "Malaisant" est assez marqué, de par son utilisation et ses utilisateurs, dans le registre familier. Au mieux, c'était du registre courant. Des synonymes que vous nous avez égrainés, aucun ne fait parti de ce registre. Je vous l'ai signalé, non pour vous stigmatiser, mais pour vous démontrer qu'il y a des chances pour que ce mot se soit imposé par besoin. 

il y a 8 minutes, querida13 a dit :

Avec comme argument suprême pour nous convaincre d'utiliser un mot douteux que certains blaireaux du Canada l'emploient  alors tu devrais l'employer 

Des blaireaux, hein ? 

Je passe sur cet anathème complètement injuste et dépréciatif, pour vous demander quand est-ce que j'ai essayé de vous convaincre d'utiliser malaisant ??? 

Je critique les tentatives faites par l'Académie pour inflêchir les usages langagiers etde prescrire les usages, c'est pas pour me mettre à faire de même, voyons  Vous serez d'ailleurs bien en peine de prouver vos dires par la citation... 

Si j'avais un objectif, ce serait le suivant : instaurer des tolérances sur les usages des uns et des autres, rappeler que l'apparition d'un nouveau mot n'est pas forcément signe de déperdition dans la langue, et que rabaisser le parler des autres ne mène à rien de bon, pour personne, et encore moins pour la langue. 

Je le répète : je n'ai rien contre les puristes. N'importe qui a le droit d'être puriste, pour lui-même et pour son auditoire, la langue est un sujet qui laisse une part prépondérante à l'affect, et j'ai suffisament été affecté quant à mes propres pratiques langagières pour faire de même à mon tour. Du coup, je n'élève la voix que quand des puristes, qu'ils le soient vraiment ou seulement parce que se présentait l'occasion de rabaisser facilement quelqu'un, se mettent à jouer les inquisiteurs de la langue à coup de remarques stigmatisantes ("retourne à l'école !" "t'as pas d'éducation" "t'es débile"...). 

Suis ringarde et mes filles aussi puisque nous continuons à dire "je vais, ou nous allons, faire les magasins"....

Magasiner...connait pas non plus.....

Le 24/06/2017 à 18:10, PLS maker a dit :

A vrai dire, j'ai énormément de mal avec cette idée de paresse intellectuelle, pour la simple et bonne raison que, hormis le jugement de valeur inhérent à cette expression, en fait la morphologie dérivationnelle est un réflexe naturel pour tout le monde, et son recours n'a rien à voir avec l'intelligence. 

Et c'est oublier qu'une grande partie de notre vocabulaire est fait de mots dérivés ^^" A la base, embarrassant répond de la même logique : la définition est clairement dans le mot. Dans ce cas, tout le monde est intellectuellement fainéant... 

Je parlais bien de "PETITE paresse intellectuelle" (avec des guillemets), évidemment pas de manque d'intelligence.

J'entendais par là que le mot "embarras" pouvant avoir plusieurs sens ...

Incertitude, perplexité de quelqu'un qui ne sait quelle voie choisir.
Gêne, malaise en présence d'une situation délicate.
Situation difficile causée par le manque d'argent.
Difficulté, problème (surtout pluriel).
Personne ou chose qui est source de désagrément, qui constitue une charge, une gêne.

... son utilisation implique donc une petite réflexion consistant à prendre en compte le contexte pour savoir qu'elle situation évoque exactement l'usage du mot "embarrassant".

Tandis qu'avec "malaisant", la signification est déjà clairement contenue dans le mot.

On peut certes considérer cette restriction de sens du terme comme un progrès clarificateur.
Ou se dire que c'est peut être un peu dommage de remplacer chaque sens possible du mot "embarrassant" par un mot spécifique (perplexant ... problémant ... difficultant ... désagrémentant .. ?!) ?